Carnets sur sol

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mardi 29 juillet 2014

Carnet d'écoutes — Die Meistersinger de Wagner par Janowski (PentaTone)


Un petit mot écrit aujourd'hui chez les voisins sur cet enregistrement récent. La rédaction en est un peu désinvolte, pardon, mais la recommandation reste là — et on a peut-être d'autres urgences que de parler de Wagner (non mais !).




Eva Pogner : Edith Haller
Magdalene : Michelle Breedt
David : Peter Sonn
Walther von Stolzing : Robert Dean Smith
Sixtus Beckmesser : Dietrisch Henschel
Hans Sachs : Albert Dohmen
Pogner : Georg Zeppenfeld
Veilleur de nuit : Matti Salminen
Orchestre et Chœurs de la Radio de Berlin (ex-Berlin-Est, voir là pour la distinction piégeuse)


J'ai déjà dit ma perplexité sur le legs PentaTone des Wagner de Janowski : prise de son qui tasse tout dans un médium rond mais sans contraste, et souvent une direction peu ardente, et des plateaux qui, certes, documentent les chanteurs d'aujourd'hui, mais pas sous le meilleur jour de leurs grandes soirées.

Eh bien, à ma grande surprise, rien de tout cela pour ces Maîtres.

¶ La prise de son, limpide, est très belle (même si l'orchestre reste un peu en retrait à mon goût).

¶ Tout avance avec beaucoup d'allant, et de fluidité musicale et dramatique, rien de compassé.

¶ Les chœurs sont les plus beaux de tous les temps, ils mettent la piquette même à Bayreuth.

¶ Le plateau est très beau, et pas forcément comme on l'aurait attendu.

Breedt, quoique un peu retenue par la tessiture basse, fait entendre un beau fruité ; Haller est à la fois belle et expressive, et sa robustesse vocale ne transparaît jamais dans son chant. Sonn chante très bien comme à l'habitude (Walther d'anthologie dans le Tannhäuser de Janowski), même s'il n'a pas complètement l'abattage des meilleurs David. Mais pour quelqu'un qui était plutôt limité, dans les grandes productions discographiques, à des rôles de comprimari, c'est une belle exposition méritée !
J'adorerais entendre Rügamer là-dedans.

Smith, capté trop tard et trop près dans les autres volets, vraiment pas à son avantage, sonne parfaitement dans ce rôle de lyrique assez large, avec une générosité dont il n'est pas coutumier. Ça m'évoque assez ses meilleurs Tristan, tout en étant évidemment plus « dans sa voix ». Même lorsqu'il peut paraître un peu poussif (dans la tierce aiguë ou dans les grands ensembles), le personnage reste joué avec générosité, ce qui lui procure un petit côté dépenaillé finalement parfaitement adéquat – tant que Walther paraissent des rossignols dès leur premier air… –, et particulièrement attachant.
La discographie permet d'entendre d'autres Walther au moins aussi bons, mais parmi ceux en activité, ça se place vraiment parmi les tout meilleurs (beaucoup plus expressif que Botha et Vogt, par exemple… et vu que Heppner s'est retiré, que Seiffert s'est un peu fané… qui fait mieux actuellement ?).

Henschel, proverbialement irrégulier pendant quelques années, semble se maintenir à son plus haut niveau maintenant, et c'est en vrai poète qu'il aborde Beckmesser, en qui il exalte l'intellectuel (puisqu'il s'agit d'un greffier municipal). Il faut vraiment remonter à Kunz pour entendre aussi éloquent.
Couplé avec Dohmen, on se retrouve ainsi avec le seul couple de la discographie (même Edelmann / Kunz ne le fait pas sentir aussi nettement) à inverser les sympathies !

Petite déception avec Zeppenfeld, qui fait très bien sonner sa voix grave, un peu au détriment de l'expression (et des nuances, toujours hautes). Mais que Pogner s'écoute parler, est-ce si grave ?
Je passe sur le clin d'œil très sympa de Salminen en Veilleur, et vient la grande surprise : Dohmen. Je n'aime pas sa voix un peu grasse, cassante, fruste – quand on voit qu'il tient aujourd'hui les rôles de Hotter (dont, pour mémoire, je ne suis pas du tout un inconditionnel confit), ça fait un peu mal. Il est l'un de ceux qui incarnent assez bien la « décadence » du chant lyrique, en particulier wagnérien : il est capable de tenir valeureusement les rôles les plus difficiles du répertoire, mais quand on compare avec les Anciens qui le faisaient aussi, mais avec un beau timbre et des mots généreux, on est un peu frustré par cette machine robuste, mais assez rétive au legato et pas vraiment généreuse musicalement.
Eh bien, dans le genre qui est le sien, Dohmen propose ici un très beau Sachs fruste, peu éduqué, mais crédible, et doté d'une qualité de timbre et d'un sens de la ligne très acceptables.

Seul problème dans cet enregistrement que je place au plus haut de la discographie, le Fritz Kothner de Tuomas Pursio, le pire Appel de la discographie : la voix tremble d'être élargie de force, c'est moche, et surtout complètement à l'encontre du caractère néoclassique et badin de ce moment. On peut supposer que la voix n'était pas bien chauffée, cela s'arrange ensuite sensiblement pour les règles de la Tablature.


Un grand enregistrement wagnérien, donc (il en fallait bien un !), dans ce grand cycle Janowski, qui se place, pour moi, parmi ce que la discographie a de mieux à offrir. Kubelik (distribution idéale et grand esprit d'équipe) reste le premier choix, mais ensuite, entre Janowski, Solti (particulièrement le premier studio, avec Bailey), Karajan (le studio avec Dresde), Jochum, Cluytens… ce sera vraiment une affaire de goût (pour moi, ce sera donc Janowski). Il n'est pas aussi capiteux que Solti ni aussi lyrique (orchestralement) que Karajan, clairement, mais ce n'est pas forcément une faiblesse, tant on sent le naturel de la représentation publique (concert du 3 juin 2011 à Berlin). Plus étonnant encore, certains moments paraissent réellement diaphanes (les moments de tendresse amoureuse, ou l'intense poésie du Prélude du III), ce qui n'est pas si fréquent dans cette partition.


Addendum du 30/07 : Après réécoute de Kubelik, si la distribution reste superlative, la direction, quoique captée avec clarté, n'a pas vraiment la transparence, la qualité d'articulation, ni la palpitation de Janowski, Solti, Karajan ou Jochum. En conséquence, on pourrait très bien considérer Janowski comme la meilleure version, selon les goûts de chacun. Ce n'est pas tous les jours qu'on est tenté de dire cela au pays de la discographie wagnérienne !

dimanche 27 juillet 2014

Musique Ouverte : musique libre de droits en libre accès


N.B. : Cette page est également accessible par le raccourci suivant : http://musicontempo.free.fr/musique-ouverte.html.

1. Un peu d'histoire (récente)

Il y a quelques années, alors que les grands enregistrements des années cinquante commençaient à tomber dans le domaine public, un petit groupe de mélomanes (voir là quelques discussions, dont les dernières), à rebours de la Toile sauvage, avait décidé de mutualiser les enregistrements libres de droit, avec une contrainte : respecter la législation.
Nous avons donc lu les bonnes pages du Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) — du droit français, un des plus protecteurs au monde, donc notre proposition vaut pour une majorité de pays —, et avons stocké nos enregistrements du domaine public sur le forum en question, et rapidement sur le site Musique Ouverte, géré par K-leb.

Il s'avère que le site n'est plus en état de marche aujourd'hui. C'est pourquoi, pour un intérim plus ou moins durable, je me propose de prendre le relais ici.

2. Qu'est-ce qu'un enregistrement libre de droit ou du domaine public ?

Les différents aspects du droit d'auteur (moral et patrimonial) et des droits voisins (des interprètes, protégés différemment), ainsi que leur durée, sont exposés dans cette notule.

Est dit « libre de droit » un enregistrement dont la diffusion n'est plus rétribuée au compositeur et aux interprètes ; soit qu'ils y aient renoncé (amateurs sur YouTube, par exemple), soit qu'il soit tombé dans le domaine public. Est dans le domaine public tout enregistrement dont les droits sont arrivés à expiration : c'est-à-dire qu'on est libre de le reproduire sans rien payer aux artistes.

Vous pouvez en trouver quelques-uns, ainsi que des considérations sur les évolutions du droit d'auteur dans le monde, dans la rubrique Musique, domaine public.

3. Où peut-on télécharger ces enregistrements ?

Ils se trouveront ci-dessous, en commentaires.

Nous n'avons à ce jour, contrairement à l'ancien site, pas de base SQL pour les organiser. Pour trouver un enregistrement, vous devrez utiliser la commande de recherche (ctrl+F sur PC, pomme+F sur Mac) et entrer le nom du compositeur ou de l'interprète pour le trouver dans la page.

4. Comment peut-on contribuer ?

Il suffit de copier votre disque ou votre bande et la mettre sur un hébergeur comme Mega.co.nz, Mediafire, 1Fichier, Uptobox… Vous pouvez ensuite entrer un commentaire sur le site

Étant donné qu'aujourd'hui, avec tous les sites de flux légaux (Musicme et Deezer gratuits, Qobuz à prix très modique) ou semi-légaux (le sulfureux YouTube), on trouve à peu près tout à disposition, il a été choisi de privilégier la qualité sonore. Surtout qu'avec l'entrée dans le domaine public des bandes des années 60, il y a de quoi se faire plaisir avec une vraie qualité CD. C'est pourquoi les formats sans perte (FLAC ou APE), sans être obligatoires, sont particulièrement appréciés.

Avant de proposer un enregistrement, lisez attentivement le CPI ou, à défaut, notre présentation simplifiée des droits d'auteur (et voisins) en France.

Attention notamment à ces points :
¶ La loi française doit être harmonisée avec une directive européenne qui supprime les « années de guerre », mais porte la durée des droits voisins à 70 ans. Attention aux nouvelles parutions, donc.
¶ Pour une bande radio ou une prise sur le vif, il faut vérifier la date de la première mise à disposition du public (les 50 ans courent à partir de là, sauf si 50 ans ont déjà passé). La plupart ont déjà été éditées (ou au contraire publiées tout récemment, donc sans protection), mais ce n'est pas le cas de toutes.
¶ Lorsqu'un texte est utilisé, vérifiez bien les dates du librettiste (voire du traducteur) : une œuvre n'est libre si son texte est encore protégé (Pelléas, par exemple).
¶ Les remastérisations ne sont pas protégées par le droit français, inutile de s'en préoccuper.

5. Alerte ! Un enregistrement sous droits figure dans la liste !

Les contributeurs ne sont pas des juristes — d'ailleurs, avec la meilleure bonne foi du monde, il est possible que mon résumé contienne des approximations. Nul n'est censé ignorer la loi, mais tout est fait pour que la loi reste illisible, tout de même — et encore, le CPI reste plus ou moins intelligible, dans ses principes essentiels, par le profane de bonne volonté.

La liste proposée ci-dessous est régulièrement vérifiée, mais si vous repérez des erreurs, vous pouvez (devez !) nous en faire part en commentaires ou par courriel, afin que nous puissions les retirer.

6. Et les partitions ?

Nous ne nous occupons pas des partitions, puisque le travail est magnifiquement fait par IMSLP, Gallica et quelques autres. En revanche, attention, certains sites suivent la législation de pays plus libéraux (Canada pour IMSLP, bien moins protectrice que la France ou même les États-Unis), vérifiez avant de charger.

Voici donc, en commentaires, la liste des enregistrements proposés à ce jour (certains enregistrements, commentés dans la rubrique Musique, domaine public, n'ont pas encore été reportés) :

jeudi 24 juillet 2014

Carnet d'écoutes — Liszt sur son Steingraeber chez les Wagner — Hitzlberger, Ambronay




La première Lugubre gondole de Liszt.


Épuisé physiquement mais toujours disponible en téléchargement, voilà une petite curiosité. Thomas Hitzlberger jouait Liszt sur son Steingraeber de 1876, livré à Bayreuth chez Riri & Fifille. On dispose déjà d'un certain nombre de témoignages de ce genre, mais il s'agit du premier à oser, sur un clavier qui, pourrait-on croire, n'a pas la fiabilité des nôtres, l'écrasante Sonate en si, longue, exigeante en structure, réceptable de tous les traits, de toutes les polyphonies, de toutes les textures. L'œuvre qui par son chromatisme échevelé, simultanément avec Tristan, fait basculer le XIXe siècle, dès son milieu, dans le XXe.


La facture s'est considérablement améliorée en quelques dizaines d'années, et dans le dernier quart du XIXe siècle, on produit des instruments équilibrés sur tout le spectre — contrairement aux instruments du temps de Chopin, de peu d'amplitude dynamique, et surtout pourvus en médiums, avec des aigus plats et des graves malingres — capables de servir un répertoire exigeant. On pourrait jouer à peu près tout sur les bons Érard et Bechstein de 1900, gagnant en prime une sonorité chaleureuse et un dégradé de couleurs qui font absolument défaut aux mécaniques fulgurantes mais glaciales qui prévalent aujourd'hui — même les Bösendorfer, Bechstein, Fazioli ou Yamaha censés sonner différemment demeurent, avec plus ou moins de qualité d'attaque, plus ou moins de tranchant de timbre, peu ou prou la même chose que les incontournables Steinway.

En 1876, néanmoins, peu de pianos ont cette caractéristique, et contrairement à tout ce qu'on pourrait supposer, l'instrument (remarquablement joué par ailleurs, aucune irrégularité du pianiste sur cette mécanique ancienne) se distingue par des aigus exceptionnellement timbrés, délicatement dorés (au lieu d'arborer cette pureté froide, parfois acide, des instruments d'aujourd'hui), et plus étonnant, par une qualité exceptionnelle de tenue dans les nuances fortes. On ressent l'ampleur, et on ne manque pas non plus de basses – même si le médium reste favorisé.

À rebours, dans les pièces très nues du dernier Liszt comme les Gondoles, on entend le timbre individuel des notes se fendre, si bien que l'on égrène une série de sons individuellement peu homogènes, et, mis ensemble, assez dépareillés. C'est là que la différence de précision d'attaque, pour un pianiste capable de venir à bout de la Sonatensi sans peine, se fait sentir, par rapport aux instruments d'aujourd'hui où l'on peut vraiment maîtriser la forme de chaque entrée de note, et son volume dynamique exact.

Néanmoins, quel instrument extraordinaire… il faut vraiment l'entendre se confronter triomphalement à la grande sonate.

--

Merci à Loïc d'avoir attiré l'attention sur l'existence de ce témoignage précieux.

Hitzberger a gravé plusieurs autres expériences sur instruments d'époque, et même deux Années de Pèlerinage.

mercredi 23 juillet 2014

La devinette du mois : solution


La bonne réponse complète sur les deux extraits a été donnée aujourd'hui par notre vainqueur, L., qui a donc remporté les lots.

Voici le résultat (et le pourquoi) : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2014/07/13/2491-la-devinette-du-mois#c9922.

Carnet d'écoutes — Behind the Lines : Beethoven, Schubert, Schumann, Liszt, Wolf, Mahler, Quilter, Rachmaninov, Ives, Weill, Eisler, Rihm et chansons traditionnelles par Anna Prohaska et Eric Schneider



1. La loi du récital

En général, lorsqu'un jeune artiste est mis en avant par une grande maison, c'est au moyen d'un récital « carte de visite », un portrait généralement tiré d'œuvres très célèbres du répertoire dans lequel le jeune impétrant prétend s'illustrer à l'avenir.

Ceci ne concerne pas les artistes (pas forcément jeunes, d'ailleurs) qui arrivent par la petite porte en gravant des lieder occultes chez CPO ; mais chez les majors, les ambitions de vente sont tout autre : on fait émerger une nouvelle icône potentielle pour un vaste public, pas un honnête musicien qui enregistre le répertoire inédit, et encore moins un passionné de musiques interlopes.

Rares sont ceux, à l'instar d'Angelika Kirchschlager, qui peuvent oser un premier récital composé pour moitié de Korngold et Schindler — Sony ne ferait plus cela aujourd'hui, avec les trois ou quatre artistes de prestige qu'ils ont conservé en guise de nouveautés classiques.

Eh bien, Anna Prohaska le fait chez Deutsche Grammophon, et ce n'est pas la première fois, puisque son premier album (le deuxième étant consacré à l'opéra baroque italien) reposait sur le même principe.

2. La construction du récital

Précisément, on en causait récemment le récital est un genre moins rigide que d'autres, qui peut permettre de le rendre plus mobile, moins formel.

Quelques maquettes possibles :

¶ Le récital fourre-tout, à la gloire de l'interprète.

¶ Le récital autour d'une compositeur ou d'un style : généralement récital Mozart, Rossini, Verdi ou Wagner, récital romantique allemand ou français, récital vériste, récital d'opéra seria (éventuellement consacré à un compositeur ou à un chanteur historique précis). Et puis les récitals de lieder, généralement consacrés à un (jusqu'à trois) compositeur.
C'est le plus fréquent. Plus cohérent que le précédent.

¶ Le récital thématique. Il mélange allègrement les compositeurs et les époques, n'a pas de progression chronologique, éclate les cycles, etc. Il s'agit de la reconstruction d'un objet musical. Il peut être intéressant aussi bien pour le novice (un fil conducteur plus intuitif qu'un style historique) que pour le mélomane aguerri, car ce format est propice à l'inclusion de quelques pièces plus rares.

On peut vraiment discuter des intérêts respectifs des deux dernières solutions : l'un est plus rigoureux, permet de s'immerger dans un style ; l'autre peut présenter un chemin de traverse atypique. En réalité, le récital thématique est surtout intéressant lorsqu'il ménage un parcours cohérent.

Et précisément, c'est là tout le mérite de ce récital Behind the Lines.


3. Deux récitals thématiques d'Anna Prohaska et Eric Schneider

… Car la voix en elle-même n'a rien de particulièrement exceptionnel : ronde, articulée un peu en arrière (qui s'acidifie et se prostre donc – légèrement – dans le haut de la tessiture), très jolie mais ni particulièrement percutante, ni exceptionnellement radieuse. C'est une esthétique, micro aidant, assez à la mode aujourd'hui : Fleming et Gauvin, et dans une moindre mesure des sopranos plus clairs comme Karthäuser et Kühmeier, ont cette sorte de pâte crémeuse, avec des attaques légèrement molles pour les premières (et Prohaska), et au moins une postériorisation audiable (comme un voile chez Karthäuser, comme la source de la projection chez Kühmeier) pour les secondes.
Les habitués de CSS se doutent que ce n'est pas forcément l'esthétique qu'on préfère — plus de liberté, de luminosité, de tranchant, d'antériorité, ne seraient pas de refus.

Bref, ce n'est pas un plaisir glottophile hors du commun qui justifierait cette parution — mais cela, on le sait… le caractère, l'agent, la chance (et le minois) font la différence, même à niveaux musicaux inégaux. Il n'y a pas de justice en la matière, si ce n'est qu'en général le niveau minimum reste très solide. Et c'est tout à fait le cas de Prohaska : bien chanté, avec aisance et goût, ce n'est pas un problème.

Leur premier récital (et absolument le premier pour Prohaska), en 2011, était consacré à la figure des ondines et sirènes. À l'origine, Prohaska voulait un récital narratif, déroulant les différents épisodes d'une histoire… mais l'enchaînement des tonalités n'y était pas propice. Elle a donc opté pour la logique musicale, avec des enchaînements aussi naturels que possibles entre les morceaux. Joli principe, dans lequel défilent pas mal de titres prévisibles, mais aussi quelques surprises plus hardies : Haydn, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Dvořák, Bizet, Fauré, Wolf, Mahler, Debussy… mais aussi Szymanowski, Honegger, et Dowland et Purcell accompagnés (divinement) au luth par Simon Martyn-Ellis. Très vaste programme qui se conclut par l'Ave Maris Stella grégorien.
C'est un très beau projet ambitieux, mais je n'avais pas été complètement comblé — on passe tout de même très vite d'un style à l'autre, les œuvres ne sont pas toutes les meilleures de leurs auteurs, et la cohérence thématique demeure un peu lâche.

Ce dernier récital Behind the Lines, paru en juin de cette année, part d'un principe similaire, mais avec davantage d'ambition et d'achèvement. Le sujet, en rapport avec les commémorations de la Grande guerre, se limite aux paroles de soldat : tous les poèmes sont soit mis dans la bouche de combattants, soit adressés directement à eux. Pas de parcours général et flou sur la guerre et la paix, mais une collection de lettres et de scènes assez complète, depuis l'exaltation du tambour dans Egmont jusqu'à la tendresse crépusculaire de Whitman pour le chant funèbre des vétérans.

Ici aussi, quantité de noms, beaucoup plus originaux, sont convoqués (et plutôt pour des pièces obscures) : Beethoven, Schubert, Schumann, Wolf, Mahler et Poulenc, mais aussi Liszt (pour la rarissime Jeanne d'Arc au bûcher), Rachmaninov, Ives, Quilter, Eisler, Weill et Rihm.

Mais ce qui force l'admiration, c'est avant tout la qualité de l'enchaînement musical : l'ordre n'est pas chronologique ou téléologique, mais dicté par la musique ; tout semble procéder d'un flux unique, parcourant les esthétiques et les poèmes comme on descend une pente régulière. Pourtant, des chansons archaïques aux langages posttonals d'Eisler et Rihm, l'amplitude est vaste. Essayez le tout début de l'album : les fifres d'Egmont semblent directement procéder du chant traditionnel Es geht ein dunkle Wolk herein. Saisissant.

Une très belle promenade, audacieuse, très bien organisée, et très bien réalisée — bénéficiant en particulier de l'accompagnement, merveilleux de rondeur et d'éloquence, d'Eric Schneider.

Très chaleureusement recommandé, une belle expérience, d'une nature peu répandue.

4. Bonus

Comme je sais que des amateurs passionnés de ce mot sont parmi nous, je vous offre cet extrait de l'entretien d'Anna Prohaska pour son récital Sirène :

And there’s yet a further aspect that caught my attention: isn’t it even possible that this discrepancy between life in the sea and life on earth stands for the dichotomy between paganism and Christianity?


Suite de la notule.

samedi 19 juillet 2014

Bedřich Smetana — Dalibor — III : discographie exhaustive



1. Aimez-vous Smetana ?

Étrangement, Smetana conserve auprès du public, même averti, l'image d'un aimable illustrateur de paysages de Bohême — alors même que Má Vlast n'est pas sa seule œuvre passée à la postérité, et que le Premier Quatuor témoigne d'une vision plus audacieuse de la musique, et même d'un langage autrement rugueux.

Aussi, il ne faut pas hésiter à aller fouiner du côté de la musique de chambre (Trio avec piano de facture sérieuse mais très entraînant, Quatuors à cordes très modernes et exigeants), voire de la musique pour piano — au milieu de pièces de danse pour salon, une longue pépite comme Macbeth et les Sorcières offre un tableau dramatique détaillé et saisissant (ou, plus inattendue encore, cette Vision de bal, rhapsodie-polka qui déraille de façon presque apocalyptique).

En opéra, il en va de même : alors qu'on joue surtout Prodaná nevěsta (« La Fiancée vendue »), ses deux autres opéras célèbres, Dalibor et Libuše manifestent un lyrisme d'une chaleur et d'une audace qui excèdent amplement tout ce que Dvořák a pu produire dans le domaine — alors même qu'en ouvrant les partitions, la complexité est nettement supérieure chez le second (mais les opéras de Dvořák épousent effectivement un ton beaucoup plus classique qu'on pourrait l'attendre).

2. Une perle majeure du répertoire

Dalibor, puisque c'est de celui-ci qu'il sera question, se distingue en particulier par une urgence dramatique permanente (alors même qu'il se passe peu de choses dans le texte, assez contemplatif et rêveur), tandis que la veine mélodique se révèle d'une générosité invraisemblable.
D'ordinaire, dans les œuvres regorgeant de hits comme Don Giovanni, Il Trovatore ou Les Pêcheurs de Perles, les grands moments mélodiques s'enchaînent de façon autonome. Ici au contraire, sans qu'il y ait de mélodie qu'on ait envie de rechanter (tout cela est très lyriquement-vocal, avec de grandes courbes, des sauts d'intervalle conséquents ou des tessitures hautes), le flux mélodique de haute volée est continu, tout s'enchaîne en beautés ininterrompues, glissant immédiatement de l'une à l'autre.

À la fois immédiatement avenant et impossible à isoler, presque insaisissable : s'il y a bien un opéra qui décrive l'ineffable, c'est Dalibor.

Le tout dans de très belles couleurs atmosphériques, aussi bien dues à l'harmonie un peu typée, quasiment folklorique, qu'à l'instrumentation délicate, usant de constantes variations de la coloration — par les doublures successives des pupitres, en particulier les bois, au sein de mêmes phrases musicales.

Pour d'autres points de vue sur la matière du livret (attention spoiler) ou sa relation aux théâtres tchèques… lisez CSS. C'est profond, c'est spirituel, c'est gratuit.

3. Discographie commentée de Dalibor

Suite de la notule.

mercredi 16 juillet 2014

Bonté fatale


Après une conversation autour d'un guéridon avec le défunt Klariscope, voilà que nos hardis lutins et autres petites mains à notre solde se sont mis en quête de retrouver cette vieille citation recueillie par Justin Davidson pour un dossier du New Yorker du 21 août 2006, autour de la direction d'orchestre.

C'est une confidence de Carter Brey, violoncelle solo du New York Philharmonic, sur ce que peut être la psychologie d'un orchestre face au chef. Terrifiant.

The worst thing a young conductor can do is get up in front of the New York Philharmonic and say what a pleasure it is to be here. Conductors have to project a very great self-assurance. We [the NY Phil] have an innate sense of how the piece should sound, we know how to make it sound natural, and we’re ready at the drop of the hat to jump in and do that if the conductor loses control. There are conductors whom I’ve manipulated. I’ll push a tempo or pull it back, if I feel there’s no intensity coming from the podium. I don’t have any patience with weak personalities.

C'est-à-dire :

La pire chose à faire, pour un jeune chef, est d'arriver devant le Philharmonique de New York et de dire combien il est honoré d'être là. Les chefs doivent projeter un grand sentiment d'assurance. Nous [le NYP] avons une intuition immédiate sur la façon de faire sonner l'œuvre, nous savons comment la faire sonner avec naturel, et nous sommes prêts à nous y mettre en un instant si le chef perd le contrôle. Il y a des chefs que j'ai manipulés. Je peux pousser un tempo ou le retenir, si je sens une absence d'intensité sur le podium. Je n'ai pas d'indulgence pour les faibles personnalités.

Eh oui.

Le disque du jour – XCVII – Kreisleriana de Schumann par Jenő Jandó (Naxos)


Miracle d'énergie et d'articulation. La netteté absolue, sans sècheresse et la plus grande chaleur (avec une superbe résonance), simultanément.

Dans une discographie tellement prodigue, je ne ressens plus le besoin d'en écouter d'autres versions.

--

Couplé avec un magnifique Faschingsschwank aus Wien (« Carnaval de Vienne »), du même tonnel (même si l'écart avec la concurrence est moins spectaculaire pour cette pièce-ci).

Dans le même genre de fulgurance, il faut acquérir son Quintette en la de Schubert (avec le Quatuor Kodály dans un grand jour). Tout cela étant très différent de ses Beethoven et Liszt qu'on peut trouver un peu secs et légèrement cassants — davantage dans la veine premier-Pollini que dernier-Pollini.

mardi 15 juillet 2014

Gioacchino ROSSINI – Il Turco in Italia – Alden, Minkowski, Aix 2014


Petites remarques à l'emporte-pièce, tout en regardant.

(Je n'y étais pas, mais ça se trouve sur Arte Concert.)

Suite de la notule.

lundi 14 juillet 2014

Contresens


Après avoir programmé (fortuitement, au sein d'un cycle Grétry-Gossec-Méhul) Le Triomphe de la République (bijou roboratif de Gossec), la fantaisie m'a pris d'écouter la Marseillaise donnée ce jour sous la Tour Eiffel.

Suite de la notule.

dimanche 13 juillet 2014

La devinette du mois


Qu'est-ce que c'est ? Quelle est la différence ?

Comme d'habitude, des enregistrements inédits à gagner.


lundi 7 juillet 2014

Robbins & Ratmansky : Salon Chopin, Psyché de Franck


La curiosité a été la plus forte : Psyché de Franck en salle, en entier, et avec un visuel !

Salon et folklore

Je redoutais Dances at a Gathering de Jerome Robbins, mais les extraits m'avaient finalement mis en appétit. Contrairement à ce que je m'étais figuré, il ne s'agit pas du tout de réunions fortuites (un beau sujet que la danse de carrefour), mais d'une félibrée bien organisée.
L'absence de propos narratif facilite finalement les choses (rien ne peut paraître lent, puisqu'il ne se passe rien), et le caractère ouvertement folklorique rend la virtuosité (extrême) plus sympathique. S'il y avait des moments bravoure remarquablement réalisés par Audric Bézard (en violet), assuré et gracieux, et ses partenaires principales Amandine Albisson (en rose) et Laura Hecquet (en mauve, mais en fait exactement de la même couleur), l'esprit du ballet est particulièrement bien résumé par le personnage tonique et espiègle en jaune, remarquablement incarné par les gestes toujours souriants d'Héloïse Bourdon (chouette rôle, vraiment – dans le genre de Lise ou Lyceion).

Le folklorisme « à entrées » se laisse donc très bien regarder, mieux que les interminables numéros décoratifs d'un supposé ballet d'action, et flatte sans doute mes penchants les plus rustiques. Mais, surtout, musicalement, c'est une fête inattendue pour mon premier récital de piano depuis mon installation dans la région – non pas qu'il n'y en ait pas de bons, et avec des programmes invraisemblables, mais il faut bien faire des choix.
Le piano à queue, totalement ouvert, sonne très bien dans Garnier, alors même que les bras de Ryoko Hisayama ne sont pas très vigoureux — les nuances fortes restent toujours très mesurées. Et, surtout, l'absence d'orchestration (Dieu soit loué !) et le mélange sous forme de suite est du meilleur effet : mazurkas, valses, études, et pas forcément les plus célèbres, alternent de façon beaucoup moins monotone que les grands blocs thématiques qu'on entend au concert.

Par ailleurs, je suis assez persuadé que l'absence de cérémonial du concert, le public ne s'intéressant absolument pas à ce qui se passait dans la fosse, détendait quelque part l'atmosphère, et rendait la musique plus palpable. De fait, les appuis étaient un peu carrés, le rubato pas très original, le jeu maîtrisé mais pas fulgurant non plus... très bien, mais on se serait vraiment demandé pourquoi programmer une bonne pianiste en concert lorsqu'on en a tant de superlatifs (et je me demande d'ailleurs quel est le statut de Hisayama : soliste modeste, très bonne accompagnatrice, excellente répétitrice ?). Pourtant, j'ai pris du plaisir comme rarement en entendant un récital de piano... parce que je réentendais ces œuvres pour la première fois depuis dix ans (dernière fois que je les ai jouées, me semble-t-il), mais aussi parce que la musique était là, toute nue, et mise en relation avec des danses (faussement) sommaires. Chopin renvoyé au statut de compositeur de salon, d'ambiance, de support de danse, au moyen de pièces, assez secondaires dans son legs historique, mais très séduisantes.
Je crois, vraiment, que l'attitude d'un public change totalement la façon dont on peut percevoir ce type de moment : si tout le monde avait attendu de juger la pianiste, j'aurais sans doute été moins détendu et aurais pris sensiblement moins de plaisir à cette baignade dans une heure de petit Chopin.

Le public a globalement été respectueux de la musique, attentif à ne pas faire trop de bruit alors qu'un instrument seul jouait... sauf pour le dernier accord : le rideau de scène se baisse lentement sur un accord arpégé de septième de dominante... tout pékin ayant entendu dans sa vie la moindre chansonnette ressent qu'il reste l'accord de résolution. Eh bien non, un oligocéphale démarre le mouvement, et la moitié de la salle emboîte le pas : inutile de dire que même la pianiste n'a pas entendu les dernières notes. Mesdames et Messieurs les mélomanes, Carnets sur sol vous a présenté : le public de ballet.

En revanche, comme chez les glottophiles (mais sans leur hargne négative, avec un côté bon enfant qui est assez sympathique), grande générosité avec les interprètes : Christophe Duquenne (en bleu), qui faisait ses adieux, a eu droit à de généreux rappels.

Psyché de César Franck

À peu près jamais donnée, et très rarement enregistrée dans sa version intégrale d'une cinquantaine de minutes avec chœur (sans basses), le poème symphonique se découpe en sections closes, mais se fonde comme sa Symphonie sur un motif cyclique sans cesse travaillé... assez proche d'ailleurs de la Symphonie. Franck essaie clairement de faire du Tristan (le tournoiement inspiré de « So stürben wir, um ungetrennt » à la fin du grand duo du II), sans en atteindre l'épaisseur, mais la gestion de l'amplification-réduction est remarquable.
L'une de ses plus belles œuvres en tout cas. Mais elle est homogène, et peu prégnante mélodiquement, aussi la présence d'un visuel est-elle fort bienvenue.

Visuellement, la chorégraphie d'Alexeï Ratmansky a le mérite de coller au plus près à la musique, et de ménager, sur une cadence très vive, beaucoup d'événements, parfois simultanés : aucune longueur. L'histoire elle-même est très ramassée, et ses articulations dramatiques à peine survolées : la cause de la haine de Vénus, l'enlèvement de Psyché, les conseils des sœurs, la découverte de l'identité de Cupidon se passent réellement en quelques secondes. Et les tourments de Psyché se limitent à peu près à un solo (pas très spectaculaire ni long).
Ce sont donc plutôt les réjouissances dans le Palais de l'Amour qui sont privilégiées, avec le grand pas de deux sur le grand crescendo de la partition de Franck. Et la scène se conclut sur des baisers d'adieux joliment inspirés (sans servilité) de Canova.

Je me demande à quelle source — l'argument proposé par Franck est lâche, de sorte qu'il peut émaner, fin heureuse exceptée, de n'importe quelle version — a puisé Ratmansky, parce qu'il semble insister sur une dimension humoristique assez étrangère, par principe, à Franck. Les décors volontairement exagérés et naïfs, les bêtes sauvages grotesques, et jusqu'au maintien benêt d'Éros (oui, dans la distribution, c'est Éros et Vénus, ne me demandez pas pourquoi)... j'ai tendance à me figurer qu'il y a du La Fontaine là-dessous, réexploité visuellement dans une veine plus burlesque que subtilement badine. Mais cela tend à expliquer la kitschouillerie volontaire du ballet, pas forcément adéquate, mais de bonne volonté et finalement assez sympathique.

Je voyais pour la première fois Evan McKie sur scène (hors captations), juste à temps avant son départ d'Europe, et je dois convenir qu'il est impressionnant de facilité et de naturel : il y a quelque chose qui, dans l'espression, passe immédiatement la rampe, comme sans médiation. Néanmoins, les gaucheries et caprices de son personnage, dans la peau d'un (très) grand gaillard comme lui, produisaient une impression un peu anguleuse : clairement, ce n'était pas le ballet pour flatter ses capacités athlétiques et expressives.

Chœur Accentus remarquablement lumineux et intelligible, comme à l'accoutumée, et l'Orchestre de l'Opéra, en effectif réduit, mais d'un lyrisme particulièrement généreux sous la baguette de Felix Krieger. Une belle fête musicale, sur des visuels très agréables (et même particulièrement virtuoses chez Robbins), de quoi flatter tous les publics.
Ceux qui n'y étaient pas peuvent les retrouver sur CultureBox.

samedi 5 juillet 2014

Saison 2013-2014 – Bilan statistique et subjectif


Comme chaque année à cette période, il est temps de faire un petit bilan sur la saison passée – cette année exclusivement francilienne, mais pour autant loin de se limiter à Paris.

Vous pouvez retrouver les précédentes saisons, chacune disposant en commentaires de liens renvoyant vers des échos des soirées vues :


A. Liste des spectacles vus

Indiqués par ordre chronologique, avec les liens qui renvoient vers les commentaires sur chacun :

1. Gluck – Alceste – Py, Minkowski (Garnier)
2. Janáček – Věc Makropulos – Warlikowski, Mälkki (Bastille)
3. Grabbe – Hannibal – Sobel (Gennevilliers)
4. Spontini – La Vestale – Lacascade, Rhorer (TCE)
5. Hahn – Prométhée, mélodies – L'Oiseleur des Longchamps (Temple du Luxembourg)
6. Koechlin – Les Chants de Nectaire – Leendert de Jonge (Tentes du Salon d'Automne)
7. Mozart – Così fan tutte – Toffolutti, Schønwandt (Garnier)
8. Mozart, Stravinski, Pintscher – Concerto pour piano n°20, L'Oiseau de feu, Chute d'étoiles – Ph. Jordan (Bastille)
9. Verdi – AidaPy, Ph. Jordan (Bastille)
10. R. Strauss – Elektra – Carsen, Ph. Jordan (Bastille)
11. Corneille – Pompée – Jaques-Wajeman (Abbesses)
12. Lili Boulanger – Mélodies et chœurs – C. Dubois, Les Cris de Paris, Le Bozec (Amphi Bastille)
13. Gouvy, Ravel, Durosoir – Trios avec piano – Trio Hoboken (Invalides)
14. Corneille – Sophonisbe – Jaques-Wajeman (Abbesses)
15. Márquez, Aragão, Costa, Copland par l'Orchestre de Paris et Kristjan Järvi (Pleyel)
16. Poulenc – Chœurs profanes & sacrés – Les Éléments, Suhubiette (Oratoire du Louvre)
17. Goldoni – La Locandiera – Paquien (Théâtre de l'Atelier)
18. Schumann – Manfred – C. Bene, A. Bas, La Chambre Philharmonique, Krivine (Opéra-Comique)
19. Lambert, La Barre, d'Ambruis, Couperin et Charpentier – Airs de cour – Christie (Versailles)
20. Poulenc – Dialogues des Carmélites – Py, Philharmonia, Rhorer (TCE)
21. Mahler – Symphonie n°2 – Ph. Jordan (Bastille)
22. Tchaïkovski – La Belle au bois dormant – Petipa-Noureïev, Karoui (Bastille)
23. Hahn – La Colombe de Bouddha – L'Oiseleur des Longchamps (Temple du Luxembourg)
24. Britten – The Rape of Lucretia – Atelier Lyrique, Le Balcon, M. Pascal (Athénée)
25. Ibsen – Rosmersholm – Timmerman (Kremlin-Bicêtre)
26. Delibes – Lakmé – Les Siècles, F.-X. Roth (Opéra-Comique)
27. Brahms – Chœurs avec orchestre, Symphonie n°2 – Orchestre de Paris, Blomstedt (Pleyel)
28. R. Strauss, Schönberg – Danse des Sept Voiles, Don Juan, Pierrot Lunaire – Sukowa, OPRF, M. Franck (Pleyel)
29. Haydn, Mozart, Sibelius – Symphonie n°82, Concerto n°23, Symphonies 6 & 7 – Pressler, Orchestre de Paris, P. Järvi (Pleyel)
30. Pouchkine – Eugène Onéguine – Vakhtangov, Tuminas (MC93)
31. Ibsen – Vildanden (« Le Canard sauvage ») – Braunschweig (Colline)
32. Debussy – Pelléas et Mélisande – Braunschweig, Orchestre des Champs-Élysées, Langrée (Opéra-Comique)
33. Puccini – Le Villi & airs véristes – ONF, Carignani (TCE)
34. M. Gould, Rangström – Fall River Legend, Fröken Julie – Orchestre Colonne, Kessels (Garnier)
35. Gershwin-Ives-Antheil-Bernstein – Ouverture cubaine, Symphonie n°4, Suite de jazz, Danses symphoniques de West Side Story – Orchestre de Paris, Metzmacher (Pleyel)
36. Rameau – Castor & Pollux (version 1754) – Pichon (Opéra-Comique)
37. Rameau – Platée – Carsen, Christie (Opéra-Comique)
38. Hahn – La Carmélite – CNSM, Molénat (Maurice Fleuret)
39. Monteverdi – L'Orfeo – Mutel, d'Hérin (Massy)
40. Schubert – Die schöne Müllerin – Breslik, Katz (Amphi Bastille)
41. Sondheim – Into the Woods – Blakeley, OCP, Abell (Châtelet)
42. Landi – Airs profanes et sacrés – Šašková, Il Festino (Centre Culturel Tchèque)
43. Rossi, Carissimi, Charpentier, La Guerre, Campra, Charpentier, Couperin – Cantates sacrées, Motets et Sonates pour violon – CNSM, Conservatoire de Palerme (Istituto Italiano di Cultura)
44. Obikhod et chansons traditionnelles russes – Chœur de jeunes filles de Saint-Pétersbourg, Soutchkov (Saint-Louis-en-l'Île)
45. Mompou, Tippett, MacMillan, Connesson, Ingari – Œuvres chorales, Psaume 23 – CNSM (Maurice Fleuret)
46. Campra – Tancrède – Tavernier, Les Temps Présents, Schneebeli (Versailles)
47. Tchekhov – Tри сестры (« Trois sœurs »), en russe – Maly Drama, Dodin (MC93)
48. Classe de lied & mélodie de Jeff Cohen : Marianne Croux, Enguerrand de Hys (Maurice Fleuret)
49. Classe de lied & mélodie de Jeff Cohen : Marthe Davost, Marina Ruiz (Salle d'orgue du CNSM)
50. Schiller – Kabale und Liebe, en russe – Maly Drama, Dodin (MC93)
51. Lecocq – Ali-Baba – Arnaud Meunier, Opéra de Rouen, J.-P. Haeck (Opéra-Comique)
52. Martinů, Kaprálová, Poulenc – Mélodies tchèques et extraits des Banalités – Dagmar Šašková, Vendula Urbanová (Centre Culturel Tchèque)
53. Chopin – L'intégrale des mélodies, dans une nouvelle traduction – L'Oiseleur des Longchamps, Humeau (Temple du Luxembourg)
54. Maeterlinck – Aglavaine et Sélysette – Pauthe (Colline)
55. Bizet, Ravel – Symphonie en ut, Daphnis et Chloé – Balanchine, Millepied, Ph. Jordan (Bastille)
56. Sophocle – Antigone (en grec moderne) – Triantaphylli (Grande salle de l'UNESCO)
57. Œuvres chorales du monde entier – Premier programme de l'ensemble Mångata, avec la partition de Claire Besson (Notre-Dame de Bon Secours)
58. Mendelssohn, Bruckner – Motets – Maîtrise de Notre-Dame de Paris, Chœur de l'Orchestre de Paris, Sow (Notre-Dame de Paris)


B. Commentaires manquants

On pourrait commencer par les spectacles qu'on n'a pas pu voir, pour diverses raisons : Danaïdes de Salieri, Kunqu, Christus am Ölberge de Beethoven avec Toby Spence, Wyschnegradsky, Kabuki, Octuor à vent de Florent Schmitt, les deux concerts Dupont à Pleyel et à l'Amphi Bastille, le concert belcantiste de Diamantine Zirah, Hernani avec mon chouchou Bruno Raffaelli (en Silva), La Chute d'après Camus au Théâtre Darius Milhaud, Pan Tadeusz en biélorusse...

Et puis il y a les quelques spectacles qui n'ont pas été commentés ci-dessus... certains parce que leur richesse programmatique et leur intensité émotionnelle les rend difficiles à présenter.

¶ Les deux concerts de Šašková (42 & 52), fulgurants, avec cette voix toujours focalisée, ce timbre si familier, cette expression raffinée... l'artiste de l'année, comme à chaque fois que je l'entends. En plus, le programme tchèque était d'une originalité et d'une beauté assez suffocantes.

¶ Le concert dédié à l'Obikhod (44), mêlant différentes strates traditionnelles, compositeurs établis, compositeurs de musique sacrée récents, d'une densité spirituelle assez remarquable, et servie par de très jeunes filles (probablement même pas majeures) aux voix accomplies, avec notamment un pupitre grave étonnant.

¶ Les deux concerts de la classe de Jeff Cohen (48 & 49) étaient très intéressants. Pas convaincu (pour diverses raisons) par Marianne Croux, qui m'a semblé peu adaptée à ce répertoire, mais Marthe Davost offrait une maîtrise délicate du genre, et surtout Enguerrand de Hys et Marina Ruiz, tous deux manifestant des qualités hors du commun, certes adaptées au lied, mais qui, si elles sont disciplinées (pour elle, car lui c'est déjà fait) pourront les emmener loin. Parmi des accompagnateurs tous dignes d'éloges se distinguait en particulier Bianca Chillemi, d'une facilité et d'une musicalité assez hors du commun.

¶ Je n'ai pas eu très envie de commenter Ali-Baba de Lecocq, tout simplement parce que ce spectacle transmet du bonheur : habilement et facétieusement transposé, sans longueurs, belle veine mélodique, équilibre dramatique plaisant, d'une écriture musicale toujours plaisante, jamais superficielle... Il n'y a pas forcément beaucoup à en dire (sauf que c'était en plus superbement chanté et très bien interprété sur scène) sur le plan de l'érudition : c'était simplement un excellent moment, à saisir à pleines mains. J'ai vu qu'on trouvait en ligne la bande radio de la RTF (et peut-être aussi la captation de France Mu), n'hésitez pas à jeter une oreille au chœur de présentation des Quarante Voleurs, très savoureux.

¶ C'est un peu l'inverse pour Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck : je me le réserve pour en parler un peu longuement, car l'œuvre aussi bien que les choix d'interprétation, ont beaucoup d'aspects qui méritent considération. Une notule est donc à venir. C'est quand même l'une des rares œuvres du répertoire où l'on puisse être simultanément hilare d'incrédulité et assez séduit, voire ému, par ce qui se passe sur scène.

¶ Enfin, dernier spectacle de la saison si je ne parviens à voir ni Hernani ni Psyché de Franck, les motets de Mendelssohn (pas très bien choisis) et de Bruckner (les plus beaux) par la Maîtrise de Notre-Dame et le Chœur de l'Orchestre de Paris, sous la direction de leur chef commun Lionel Sow.
Bruckner suprêmement interprétés, mais dans un contexte peu favorable l'acoustique de Notre-Dame est peu physique, et reste à l'état de sons un peu lointains (sans être flous, cela dit : ce n'est pas Saint-Sulpice non plus). Et, surtout, l'atmosphère de la Fête de la Musique était vraiment peu propice à ce type d'émotion extatique : gens qui circulent en permanence, se plantent debout au milieu en disputant ceux qui leur font discrètement signe, maniaques des photos avec des bruits permanents d'obturation pendant les ppppp...
Franchement, j'ai trouvé moins difficile de s'imprégner de flûte solo sur les Champs-Élysées, c'est dire.

C. Statistiques : lieux fréquentés

(La mention en gras signifie qu'il s'agissait d'une premier visite comme auditeur. Pour 58 dates, 28 lieux, dont 11 nouveaux. Ce n'est pas si mal, considérant qu'il s'agit d'une cinquième saison dans la région.)

Opéra Bastille IIIII II
Salle Favart IIIII I
Salle Pleyel IIIII
Total salles CNSM IIIII
Palais Garnier III
Théâtre des Champs-Élysées III
MC93, Maison de la Culture de Bobigny III
Temple du Luxembourg III
Espace Maurice Fleuret (CNSM) III
Opéra Royal de Versailles II
Amphithéâtre Bastille II
Théâtre de la Colline II
Théâtre des Abbesses II
Salle Janáček (Centre Culturel Tchèque) II
Châtelet I
Athénée I
Opéra de Massy I
Théâtre de Gennevilliers I
Oratoire du Louvre I
Grand Salon des Invalides I
Centre André Malraux du Kremlin-Bicêtre I
Théâtre de l'Atelier I
Salle d'orgue (CNSM) I
Saint-Louis-en-L'Île I
Hôtel Galliffet (Istituto Italiano di Cultura di Parigi) I
Notre-Dame de Bon Secours I
Tentes du Salon d'Automne I
Grande salle de l'UNESCO I
Notre-Dame de Paris I

Toujours une nette prédominance de l'Opéra de Paris, de l'Opéra-Comique, de Pleyel — normal, les concerts les plus ambitieux ont généralement lieu là, en assez grande quantité. De surcroît, les programmes musicaux très motivants des ballets, cette saison, ont gonflé les scores de l'ONP.

Parmi les changements importants, la disparition totale de la Cité de la Musique (cinq dates l'an passé !) — la faute à des programmes trop disparates, et à l'absence de beaux programmes de lied. Seulement deux concerts à Versailles, parce que, sans mentionner la distance, je ne goûte pas vraiment l'acoustique de l'Opéra Royal ; cela va changer la saison prochaine, vu la richesse et l'audace hallucinantes de la programmation. Cinq dates sont prévues (Les Boréades, Glaucus de Leclair, Cinq-Mars de Gounod, Don Quichotte de Boismortier, Uthal de Méhul !).

Et au contraire l'apparition en force de la MC93 grâce à des programmes linguistiquement audacieux (une épopée russe adaptée en russe, un pièce russe jouée en russe, une pièce allemande jouée en russe, une épopée polonaise adaptée en biélorusse !), ainsi que la part fortement croissante des programmations très motivantes du CNSM, en divers lieux.

Et, comme d'habitude, plusieurs lieux plus ou moins insolites.

La saison prochaine, à part l'Opéra-Comique, Pleyel et la Philharmonie, ce sera le pouvoir à Versailles et aux petites salles : deux à quatre dates à l'Opéra de Paris, deux à quatre dates à la Maison de la Radio, une à deux dates au TCE, une seule date à la Cité de la Musique, peu de choses prévues au Châtelet.

D. Statistiques : genres écoutés

Suite de la notule.

mercredi 2 juillet 2014

Hors du nombril du Monde : opéra en province et à l'étranger en 2014-2015

En tant que spectateur, on a sans doute tendance à faire trop confiance à ses goûts : j'étais déçu de la saison de l'Opéra de Paris (je vais même probablement faire le voyage à Lyon pour voir Rusalka, plutôt que la production locale !), mais en fin de compte, il y a tellement à faire qu'on est bien content que toutes les salles ne proposent pas la même densité que Versailles en chefs-d'œuvres incontournables ou que l'Athénée en dispositifs intrigants.

On se retrouve d'ailleurs face au choix d'explorer à fond un domaine qui nous plaît — dans ce cas, en voyageant un tout petit peu, rien qu'en France, on peut être comblé ! — ou de varier les plaisirs (dans ce cas, le temps manque rien qu'à Paris). Je suis plutôt dans la seconde perspective (il y aura donc Decaux, Menotti, Uthal, Amendoeira et Bobby & Sue), mais pour ceux qui souhaitent plutôt approfondir la première, voici de quoi vous occuper un peu l'année prochaine.

Comme l'an passé, en gras les œuvres peu données et particulièrement intéressantes, en souligné les distributions très alléchantes.

Suite de la notule.

Trop bien


Au sein d'un grand cycle Zinman, quelques frustrations mineures en écoutant son intégrale Brahms.

¶ Étrange qu'il ait consacré autant de temps à des compositeurs qui ne flattent pas ses qualités : quand on voit l'allure folle de ses Beethoven, Schumann ou Richard Strauss, pourquoi se consacrer à des Brahms ou Mahler certes excellents, mais très standards, pas du tout aussi neufs ou absolument enthousiasmés (au sens le plus primitif) ?

¶ Comme tous ses disques RCA, captation d'un peu loin, manquant de netteté et de fermeté... on y perd beaucoup de l'énergie, de la lisibilité et du tranchant extraordinaires qui font la marque de ses interprétations avec la Tonhalle de Zürich.

¶ Dans le grand thème du final de la Première Symphonie, les altos sont si bons qu'on dirait des violons. J'avoue être un peu déçu, on y perd la raucité (voire l'imprécision) qui font la saveur de ce moment — ou un grand thème plein de grandeur et énoncé pour la première fois avec une façon un peu rêche, voire maladroite.

Au demeurant, on peut se précipiter sur n'importe quel disque Zinman / Tonhalle (en particulier la période Arte Nova), que ce soit Beethoven, Schubert, Schumann, Wagner, Brahms, Mahler ou R. Strauss, c'est toujours la garantie de ce qui se fait de mieux en matière d'engagement, de vitalité et de détail. Il n'y a pas suffisamment de cas semblables sur le marché pour s'en priver.

(S'il n'en fallait qu'une, essayez absolument l'intégrale Schumann.)

[Lacoste] Le Festival des Vieilles Gloires


En feuilletant le programme lyrique de province pour la saison à venir — dont les raretés et gourmandises seront proposées ici dans les tout prochains jours —, je suis tombé par hasard sur ce petit bijou.

Au festival de Lacoste (quelque part entre Apt, Forcalquier, Lourmarin, Pertuis, Beaucaire et Carpentras), le 11 juillet de cette année, on pourra entendre Iolanta de Tchaïkovski, avec accompagnement de piano... mais quelle distribution.

Je m'y suis repris à plusieurs fois tant l'attelage disparate paraît sorti du cerveau d'un mélopathe tout à fait décadent, assemblant pêle-mêle :

¶ Les vieilles gloires russes : Irina Bogacheva (née en 1939 !), Elena Obraztsova, Evgeny Nesterenko (qu'on croyait tous retirés), plus l'excellent spécialiste (américain) de ce répertoire Neil Shicoff, lui aussi en assez petite forme actuellement ;

¶ Des chanteurs toujours en activité qui ont eu leur moment de gloire, mais qu'on entend moins ces derniers temps, plutôt dans un genre baroque (Inga Kalna), mozartien (Deborah York) ou belcantiste léger (Élisabeth Vidal) : Laura Claycomb, Joan Rodgers, André Cognet (qui a pas mal d'engagements, mais on ne le voit guère en France)... Pour certaines, le déclin est possiblement amorcées ; pour d'autres, c'est plutôt un effet de mode des programmateurs ou des magazines. Je crains en effet que la période diapasonnable d'Inga Kalna ne soit définitivement passée.

¶ ... et Vito Maria Brunetti, d'une présence extraordinaire dans les minuscules répliques de Gubetta (l'équivalent d'Annina de La Traviata dans Lucrezia Borgia de Donizetti) de l'enregistrement de Perlea et Caballé — vous pouvez entendre la quasi-intégralité du rôle sur cette piste : http://www.deezer.com/track/71838212. Mais c'était en... 1966, à une époque où la voix était de toute évidence déjà mature. Néanmoins, vu sa notoriété déjà extrêmement confidentielle (c'est son intervention la plus célèbre !), je ne vois pas pourquoi ils auraient dépêché un fils ou un neveu dans ce rassemblement d'illustres éclipsés et de grabataires vocaux.

Tout cela ne manifestant pas le moindre début de cohérence stylistique, à part le côté déclinant des voix, dont certaines promettent d'être... impressionnantes.

Le plaisir de frémir d'effroi dans le Théâtre des Carrières me tenterait même assez, je l'avoue.

Je ne pouvais pas ne pas partager cette trouvaille avec les honorables lecteurs de CSS, évidemment.

David Le Marrec

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