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Dialogues des Carmélites de Francis POULENC – Pelléas repeint en gris


C'était un moment de la saison attendu de tous, une œuvre qui ne déçoit jamais pour son potentiel dramatique, mettant en valeur une distribution de feu, et mise en scène par un spécialiste en vogue des allusions chrétiennes.
Tout le monde voulait le voir (et le théâtre était plein comme un œuf, vraiment, comme si on avait joué un grand titre de Mozart, du belcanto ou de Verdi), tout le monde y était, et à peu près tout le monde en est sorti ravi. Les moins convaincus semblent ceux qui ont vu le plus de Dialogues et sont donc susceptible de comparer de près d'autres très belles productions.

1. Une œuvre

D'abord, les Dialogues, c'est immanquable. Quel que soit le style qu'on aime, on y trouve généralement son compte : les amateurs de théâtre sont suffoqués, les amateurs de musiques simples y trouvent une forme d'accompagnement très nu de la déclamation, les amateurs de musiques complexes peuvent y explorer une rare science harmonique, les amateurs de voix y trouvent des moments de bravoure mettant remarquablement en valeur les instruments féminins.

Et tout cela est très loin de l'essentiel de la production de Poulenc, un hapax.

Plusieurs choses me frappent toujours :


Détail d'un cliché de Julian Weyer


La langue très soignée du livret, aucun personnage, fût-ce dans les affres les plus violentes, ne semble se départir de son quant-à-soir ; c'est aussi ce qui fait la couleur très particulière de cette pièce, qui évoque avec tant de force la réserve propre aux communautés religieuses, où l'introspection et l'effusion sont fortement codifiées. En cela, ce texte peut aussi bien être vu comme l'exaltation de l'héroïsme paisible de femmes de foi, qu'en tant que peinture d'un monde de pénitence très noir, rempli de chausse-trappes où la perdition guette tandis que Dieu se dérobe. Une grande part des échanges consiste en réprimandes contre de fausses évidences (résolues par des paradoxes douteux) sur la façon de chercher Dieu, avec un sentiment affolant que l'inverse pourrait tout aussi bien être soutenu sans contredire davantage les Écritures ; ces questions sont volontairement laissées sans résolution – ainsi la controverse de Mère Marie de l'Incarnation avec Madame Lidoine à propos du caractère délibéré ou fortuit du véritable martyre.

¶ Du côté de la musique, la cohérence force l'admiration : la pulsation lente et régulière (il suffit de regarder les violoncelles et contrebasse jouer sans cesse des rythmes de type noire-noire-noire-noire) épouse le train de la vie religieuse, l'accablement de pénitences dont l'objet n'est pas toujours sûr. Les motifs (dont celui qui ouvre l'opéra, l'une des introductions les plus marquantes de l'histoire du lyrique, saillante et irrésistible) mutent avec clarté et élégance au fil des scènes, de pair avec une musique de plus en plus lyrique après le second parloir (celui avec le Chevalier).

¶ En salle, la ressemblance avec Pelléas est frappante, en particulier à cause cet accompagnement qui laisse souvent la voix complètement à nu, et complète à coups de grands accords complexes, sans grandes mélodies évidentes. Et puis les récitatifs omniprésents, la prosodie étrange, la langue anti-naturelle, les riches interludes...
Évidemment, on trouvera beaucoup moins de couleurs dans la musique de Poulenc, très homogène, très grise, parfaitement adaptée à son sujet. Je trouve d'ailleurs la prosodie assez mauvaise (ce qui n'est pas le cas dans Pelléas, malgré sa bizarrerie), très terne, ménageant peu de variations de hauteur, accentuant à côté ou de façon monotone, comme le feraient de mauvais acteurs.
Et puis, au fil de l'œuvre, c'est la cohérence d'ensemble qui subjugue, créant un univers pénétrant et sans discontinuité, qui ne s'achève qu'avec le dernier baisser de rideau. Chaque fois, on commence un peu dubitatif, et on rend les armes sans même s'en rendre compte, jusqu'au bouleversement.

2. Une soirée

La soirée proposée par le TCE était formidable, tout le monde l'a dit et à ce stade des représentations (la dernière, samedi, sera filmée et disponible en ligne), je ne suis pas sûr qu'il y ait grand sens à détailler.

Tout de même : après avoir été aussi désappointé par Olivier Py ces dernières semaines (pour ne pas dire ces dernières années), quel plaisir de contempler une mise en réunissant tout ce qui lui avait manqué pour Idomeneo, Alceste ou Aida. Il est vrai que l'œuvre est forcément payante scéniquement, mais tout de même : les fins rais lumineux façon Tourette du premier parloir, le point de vue de l'âme lors de la mort de la première prieure (attachée sur un lit vertical, comme si le public voyait tout d'en haut), les simples tableaux intermédiaires figurant l'avancée de la Passion avec les accessoires des crèches d'antan...
Contrairement à ce qui posait problème dans ses autres productions, le plateau est sans cesse animé, et particulièrement lorsque le texte est en repos, ne surchargeant jamais, mais ne laissant jamais d'interstice pour la baisse de tension. Les tableaux vivants des interludes sont particulièrement bienvenus. Même la fin étrange, pas du tout figurative, où chaque religieuse, les bras en croix, quitte son arc de cercle pour rejoindre le fond de scène qui figure le firmament, réussit une jolie allégorie qui revient à l'essentiel du propos mystique, au lieu de demeurer centrée sur la poissure des circonstances de l'exécution.

Vocalement, les promesses étaient grandes, et furent complètement tenues.

Au sommet, Anne-Catherine Gillet, remplaçant Sandrine Piau en Sœur Constance, dans une forme digne de ses plus grandes réussites, comme Zdenka, Micaëla ou Colombe : projection glorieuse d'une voix radieuse, très claire et antérieure, pourvue d'un délicieux grelot rapide et d'une diction gourmande, intelligible sur tout le spectre, depuis les graves délicats jusqu'aux aigus puissants. Et l'ingénuité de la voix, la simplicité des manières concentrent une forme d'idéal pour peindre ce beau rôle au plus juste.

Patricia Petibon, étrangement décidée et mobile, offrant une Blanche assez originale, réunit des qualités semblables : le timbre est un peu moins focalisé sur son point de démultiplication, mais sa « nouvelle voix » élargie sonne remarquablement dans le théâtre, tout en conservant cette texture très particulière qui fait le prix de sa diction très séduisante.

Véronique Gens a tout pour Madame Lidoine : l'autorité de la manière, la beauté du timbre, la souplesse des phrasés. Un peu moins intelligible que ses consœurs dans une tessiture plus haute qu'à l'accoutumée, où elle est tout en rondeurs, mais magnifique de bout en bout. Incroyable, l'instrument n'a pas pris une ride en vingt-cinq ans.

Philippe Rouillon (le Marquis de La Force) est un cas intéressant : voix très large, qui claque bien, d'un grain légèrement rugueux, mais pas du tout rocailleux ; parfaitement intelligible lorsque l'orchestre ne le concurrence pas, fin diseur ; et au contraire beaucoup plus épais et « couvert » lorsqu'il faut passer la fosse. On n'entend pas du tout, dans une salle de taille moyenne, les glissements de justesse dûs notamment à l'intensité variable des harmoniques, tels que captés par les micros. Encore une voix magnifique.

Sophie Koch (Mère Marie de l'Incarnation) se situe vraiment aux antipodes de mes canons esthétiques : voix parfaitement homogène, très couverte, timbre un peu terne... Mais la diction est irréprochable, et la propre sévérité de la voix sied à merveille à la silhouette rigoureuse de la seconde mère de Blanche.

J'avais lu du mal sur Topi Lehtipuu en Chevalier de La Force (grêle, diction moyenne), mais, même s'il y aurait eu beaucoup de candidats dotés de plus beaux timbres, de plus grandes voix et parfaitement francophones, son portrait en frère souffreteux, double caché de Blanche, est très convaincant ; ses fragilités sont réussies. Et vont dans le sens de la mise en scène de Py, qui lui fait quitter le parloir avant la fin de l'entretien, Blanche se réconciliant avec lui en son absence, dans une scène d'abandon terrible.

Rosalind Plowright était sans doute, comme on pouvait s'y attendre la moins probante. Hallalisée par la critique depuis des décennies (alors que c'était vraiment une excellente soprane pour le grand répertoire, très sonore mais expressive, et maîtrisée techniquement contrairement à ce que l'on répète à l'envi), elle est moins persécutée depuis qu'elle est « devenue » mezzo ; mais si l'aigu a sans doute décliné pour qu'elle change son répertoire, la voix n'a pas changé, et nous n'entendons pas un alto. D'où les trois voix : sa voix principale de soprane, d'une puissance assez incroyable, comme une pression portée aux murs du théâtre, son grave de soprane, tout à fait audible mais beaucoup moins résonant, et quelques poitrinés çà et là. Le problème est surtout –outre la diction assez inintelligible, mais elle est surtout mauvaise dans la scène de la mort, où elle n'est pas primordiale vu l'atmosphère horrifique qui y règne – que le passage entre ces différents modes d'émission est indépendant de la logique textuelle ou musicale, et peut intervenir au milieu d'un mot, selon la hauteur et la voyelle concernées.
Mais avec ses difformités, cela reste une belle Madame de Croissy... et très en voix, même sans considérer l'état quasi-mortuaire de nombre de ses collègues.

Parmi les seconds rôles, j'ai eu le bonheur d'entendre enfin Matthieu Lécroart en scène (le valet Thierry, le médecin, le geôlier) ; et la densité du timbre, la beauté de l'élocution, tout fait regretter de ne pas l'entendre davantage dans de premiers rôles sur de grandes scènes, même si son répertoire est par ailleurs déjà riche, original (Les Barbares de Saint-Saëns, Charles VI d'Halévy, du baroque français et plein d'autres bonnes choses) et très enviable.
Je suppose que le choix des programmateurs se porte sur des volumes plus larges (alors que le sien est très suffisant, même pour les Verdi un peu lyriques).

Il y avait aussi François Piolino (le Père confesseur), que je révère comme un modèle de voix claire, légère mais très bien projeté, mais il m'a paru plus aigrelet que dans Britten ou Ravel, j'ai été moins saisi que je l'espérais, et j'attends donc de le réentendre dans un rôle qui lui soit plus propice.

Enfin, côté orchestre, la partition n'était pas particulièrement propice à exalter les instrumentistes, donc je n'ai pu que noter la grande sobriété de coloris (dans une partition aux couleurs grises, et de gris homogènes...) entretenue par le Philharmonia et Jérémie Rhorer.

Bref, comme tout le monde, j'étais content.

De toute façon, au terme des Dialogues, il faut faire le difficile pour ne pas être un peu suffoqué.


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Commentaires

1. Le jeudi 26 décembre 2013 à , par Gilles

Pour ma part, j'ai été déçu...

Côté voix, j'ai été très agréablement surpris par Véronique Gens que j'avais trouvée tellement sous-calibrée en Elvira à Bastille. Voix homogène sur toute la tessiture, diction très intelligible. Dommage qu'elle n'ait pas osé les ossias (ossie ?) dans l'air de la prison ; ça ajoute tellement à la situation (et Miss Price ne s'en privait pas !). Petit bémol lié à la mise en scène : je trouve qu'elle manque de chaleur au moment de conforter ses filles dans la prison (ne devrait-elle pas être en train de rassurer chacune d'entre elles ou les mener comme un troupeau) et aussi au moment de la scène finale (que je trouve ratée tout simplement, mais j'y reviendrai).

Je suis toujours aussi impressionné par la voix de Sophie Koch, là aussi très homogène et riche, très sonore. J'ai pourtant l'impression qu'elle s'ennuie dans ce rôle, mais là aussi c'est un reproche qui vise la mise en scène : le spectateur devrait voir tout ce que cette femme cache, sa jalousie, ses affres, son rêve de pouvoir, son ambiguïté...

Lors de la soirée à laquelle j'ai assisté, c'était Sabine Devieilhe qu'on avait appelée à la rescousse. Parfaite dans un rôle au demeurant très payant.

Je ne m'attendais à pas grand-chose de la part de Lehtipuu, donc ce côté-là, pas de déception : volume trop mince, français inégal et rythme approximatif dans la scène du parloir...

Assez d'accord sur le cas Plowright qui me fait penser que, tant qu'à réunir le "casting du siècle", on aurait pu engager une vraie voix grave, Sylvie Brunet par exemple (ou Marie-Nicole Lemieux ?). Comme Crespin avant elle (ça me rappelle aussi Suliotis en Zia Principessa), on sait bien que les sopranes reconverties en soi-disant contraltos de caractère abusent du parlando. Et personnellement, je suis bien plus ému par une voix bien timbrée que par un cri rocailleux qui se veut expressionniste. Ceci dit, belle prestation lorsqu'elle chante de sa vraie voix de soprane qui fait le bonheur de quelques enregistrements de ma CD-thèque.

Et j'ai trouvé Petibon égale à elle-même, c'est-à-dire capable d'une voix moëlleuse (sa nouvelle voix, dites-vous ?) mais aussi se réfugiant dans des effets douteux (sons non vibrés, voix de petite fille) qui, là encore, je suppose, sont faits pour ajouter au caractère du personnage (sa peur, son autisme, sa folie...) mais je n'adhère pas du tout.

Et enfin la mise en scène... J'avais tellement aimé celle que l'Opéra de Paris avait programmée d'abord à Garnier (avec Ozawa) puis à Bastille il y a une quinzaine d'années. Et je sais bien qu'on a parfois du mal à se démarquer d'une première impression, surtout pour une oeuvre aussi forte dramatiquement...

Donc, même si la dernière scène est irrésistible, je n'ai pas été touché par les petits lumières d'un ciel étoilé. a mon sens, il doit y avoir quelque chose de violent, de sec dans le coup de guillotine. Et, même si j'ai perçu des têtes qui tombent en avant, il me semble qu'on est loin du compte. Ne pas mettre Mme Lidoine au milieu du centre me paraît visuellement une erreur. On devrait avoir un effet de trous à chaque départ puis de resserrement, comme les membres d'un groupe qui se soutiennent mutuellement dans l'épreuve. Et puis, pourquoi les révolutionnaires ne sont-ils pas présents ? Blanche n'est-elle pas censée émerger de la foule ? On suppose qu'elle assiste à la mort de ses soeurs, qu'elle hésite longuement avant de se décider d'aller aussi vers la guillotine. Et Mère Marie qui assiste au martyre depuis la scène, n'est-ce pas une fausse bonne idée ? D'abord mettre des chanteurs dans la salle, si c'est aussi amener le public sur scène, c'est aussi l'obliger à participer sans son accord (et je ne parle même pas des spectateurs qui ne pouvaient plus voir que le dos de Sophie Koch ou celui de François Piolino) ; je trouve qu'il y a quelque chose de gênant et visuellement ça n'apporte pas grand chose.

Et puis, ces arbres qu'on déplace ou qu'on découvre ici et là, c'est inutile (et côuteux !). A quoi bon ?

J'ai trouvé vraiment ridicule les pantomimes pendant les intermèdes. Aurait-on peur de laisser la musique jouer sans que rien ne se passe sur scène ? Alors oui, la Cène, la Crèche, bon, pourquoi pas (et encore) ? Mais la première où l'on voit les révolutionnaires avec une roue de carrosse que l'on fait tourner, bof bof.

Et puis, les religieuses qui ont complètement disparu de la scène pendant que Mère Marie explique à l'aumônier sa décision à propos du voeu du martyre. Il est vrai que la musique ne laisse pas beaucoup de temps pour le vote, mais, les laisser hors scène avant le vote, les faire entrer précipitamment pour le vote puis les faire sortir immédiatement après, ça fait beaucoup de mouvement pour un moment censé être solennel. Honnêtement, je n'ai pas vu qui, de Blanche ou de Constance (mais comme toutes ces dames couraient, j'ai des excuses !) a ostensiblement fait non de la tête en passant devant l'aumônier. Si c'est Constance, c'est redondant avec sa révélation deux minutes après. Si c'est Blanche, ça devient confus (ou alors c'est un parti pris d'Olivier Py ?), surtout que, dans le livret, les religieuses se tournent vers Blanche avant le vote lorsque l'une dit qu'on sait bien qu'il y aura une opposition (mais là, comme il n'y a personne sur le plateau, la réplique tombe à plat). Dans tous les cas, il me paraît préférable de ne pas savoir laquelle des deux s'est opposée et laisser planer le doute : ou bien Constance a effectivement dit non, ou bien elle s'est accusée à la place de Blanche, ce qui me paraît tout à fait plausible...

Sinon... au parloir, le Chevalier qui fait sa première (fausse) sortie sans prendre sa valise, c'est peu crédible (ou alors il fait une blague à Blanche ?). Et oui, les metteurs en scène peuvent prendre des libertés, mais faire sortir le Chevalier avant (bien avant) la fin de la tirade de Blanche, ça me paraît du contre-sens (ça fait du Chevalier un goujat qui ne pense qu'à sauver sa peau en laissant sa soeur entre les mains des barbares révolutionnaires, alors qu'assister à une vraie réconciliation qui le verrait comprendre les motivations de Blanche, ou du moins accepter son changement serait plus conforme à l'esprit de l'oeuvre).

D'une manière générale, les relations entre les personnages sont assez peu exploitées sur scène. La relation entre Mère Marie et Mme Lidoine, avant tout, et pas seulement sur la question du martyre, mais aussi (et plus généralement) sur la hiérarchie implicite qui existe dans le couvent entre les religieuses issues d'un milieu noble (Première Prieure et Mère Marie, Blanche aussi bien sûr, mais elle est à part) et celle issues d'un milieu populaire (Mme Lidoine en particulier).

Quant à la vue du dessus du lit de Mme de Croissy, mouais... D'abord, on a déjà vu ça ailleurs (Violetta à l'hôpital, par exemple) et puis, pour moi, ça reste du truc visuel qui vient masquer l'absence d'échanges entre les personnages.

Oui, il y a une sagesse et une étiquette de comportement au couvent et oui, le caractère religieux de l'oeuvre est important, mais c'est oublier toutes les connexions qui existent entre les personnages...

Bref... j'ai quand même pleuré (merci Poulenc) mais ne suis pas du tout convaincu par la "réussite" d'Olivier Py (tiens ! je réécoute la retransmission de France Musique et j'entends un "bouh" après la dernière note !!!). S'ajoute à cela une pointe d'agacement liée à la surcommunication de la presse et du TCE à propos d'une distribution qu'on a mis quatre ans à réunir (metteur en scène compris) qui fait qu'on nous promet un spectacle génial. Parfois un peu d'humilité ne ferait pas de mal :)

2. Le jeudi 26 décembre 2013 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Gilles !

Merci pour ces impressions très détaillées. En fait, plutôt que la médiocrité de la mise en scène, vous montrez plutôt des alternatives (plus évidentes vis-à-vis du texte, je suis d'accord), qu'il serait riche de creuser.

Je n'ai pour ma part pas été renversé par la mise en scène de Py (que j'ai beaucoup aimée, mais je n'ai pas trouvée aussi géniale que d'autres l'ont dit), je ne vais pas donc pas la défendre pied à pied... mais dans l'ensemble, elle servait efficacement l'œuvre et proposait une esthétique cohérente. Vu la puissance qui se dégage du texte et de la musique, ça me va très bien, mieux que la surcharge d'intentions.

Concernant les chanteurs :
=> Gens n'est probablement pas calibrée pour Bastille, puisque c'est une soprane qui est surtout mise en valeur dans ses graves : elle sacrifie la puissance à la clarté et la diction. Mais franchement, dans le cadre du TCE ou de l'Opéra-Comique, c'est toujours très impressionnant.
=> Quand je parle de la « nouvelle voix » de Petibon, c'est la nouvelle voix d'il y a huit ans... lors de son tournant progressif du léger colorature au pur lyrique. Et même si la voix n'est plus aussi finement focalisée que dans le répertoire plus léger, elle a conservé sa grâce particulière, et sans forcer.
=> Lemieux n'est vraiment pas une voix grave, c'est un mezzo qui a beaucoup de talent dans le seria (plutôt des rôles d'alto), mais déjà que dans les rôles mezzo grave d'après 1800, elle est assez courte... Effectivement, Brunet était un bon choix, mais elle était occupée à Bruxelles dans les mêmes dates (... avec Py), et elle venait de le chanter dans une autre maison. Plowright se défendait très bien dans sa sorte d'étrangeté vaguement horrifique, c'est plutôt qu'elle paraissait étrangement en décalage avec un plateau sélectionné pour son français parfait. Dans les mezzos pourvus d'un très bon français, Nadine Denize, Sophie Fournier ou Angela Brower auraient sans doute été plus logiques – quoique, à part pour Denize, ce soit sans doute un peu grave pour elles.

Le fait de mettre des chanteurs dans la salle est juste devenu un effet de mode omniprésent. À vrai dire, à part quand c'est drôle (Armide de Carsen), ou beau musicalement (chœurs des Pêcheurs de Perles de Yoshi Oida dans les couloirs à l'étage pour « Ô nuit d'épouvante ») je trouve ça rarement saisissant, mais ça permet de mêler du conceptuel à peu de frais. Moi, ça ne me révolte vraiment pas – à défaut de m'intéresser.

Bonne soirée !

3. Le mardi 1 avril 2014 à , par Papageno

Bonjour !

Je tenais juste à vous signaler que Mathieu Lecroart était le Rigoletto d'Herblay, il y a deux ans. Un premier rôle verdien donc qu'il colorait d'une palette rarement entendue.

4. Le mercredi 2 avril 2014 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Papageno !

Je n'avais pas vu ça, ce devait être juste avant ma première visite à Roger Barat... Rigoletto dans une petite salle avec un chanteur aussi élégant, j'achète tout de suite.

Encore un qui paye une typologie vocale peu présente dans les premiers rôles : les barytons centraux ou aigus ont surtout des rôles secondaires dans le « grand répertoire ». Il existe pourtant des choses fantastiques pour eux, notamment dans le XXe et le répertoire français, mais ce n'est pas assez joué pour nourrir une carrière et une célébrité, malheureusement.

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David Le Marrec

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