Carnets sur sol

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samedi 25 novembre 2017

Les noms de code des orchestres – III : les Pays-Bas – a) Amsterdam


Dans la perspective de la série amorcée avec le panorama des orchestres berlinois, puis des deux cités nommées Francfort, le moment est venu, dès longtemps promis, de débrouiller certaines de attributions onomastiques étranges (et des histoires tourmentées) des orchestres des Pays-Bas, qui ne figurent pas parmi les plus vilains d'Europe – et contribuent assez généreusement, à la radio comme au disque, à la documentation d'un répertoire qui ne se limite ni à la Hollande, ni à la Batavie.

Beaucoup de noms contre-intuitifs (nationaux alors que leur implantation est locale), d'orchestres partagés entre plusieurs villes, de fusions successives… qui ne rendent pas la lisibilité du patrimoine orchestral néerlandais particulièrement optimale. Ne serait-ce que par goût du jeu, le parcours vaut la peine d'être fait.

Deux institutions irradient depuis les Pays-Bas vers l'Univers : le Concertgebouw (c'est-à-dire « bâtiment des concerts ») et l'Opéra d'Amsterdam. Le premier est une salle symphonique qui accueille l'orchestre du même nom, mais aussi d'autres phalanges importantes (le Philharmonique des Pays-Bas, l'Orchestre de Chambre des Pays-Bas, voire l'Orchestre Philharmonique de la Radio) ; le second n'a pas d'orchestre permanent, et c'est là où l'on commence à s'amuser.



opéra amsterdam
Grande salle de l'Opéra d'Amsterdam, où la proximité est saisissante et l'orchestre visible de partout.



1. La macédoine de l'Opéra d'Amsterdam

Ainsi, pas d'orchestre attitré pour l'Opéra d'Amsterdam, à l'inverse de la plupart des maisons européennes. Pour les villes moyennes, l'orchestre symphonique est aussi l'orchestre du théâtre, mais c'est dans tous les cas un orchestre précis qui fait à peu près toutes les productions – sauf répertoire spécifique appelant des instruments anciens, ou invitation (très) exceptionnelle d'une maison d'opéra partenaire qui amène ses décors, ses costumes, ses chanteurs, son chœur et son orchestre.

Il existe des maisons qui ont une programmation « de festival », avec invitation de forces différentes pour chaque production, comme, en France, Dijon, l'Athénée de Paris ou l'Opéra-Comique, mais ce sont des intitutions qui n'ont pas du tout la taille critique d'un opéra national, ni le même nombre de dates à l'année !

Le concept de l'Opéra d'Amsterdam, qui s'appelle d'ailleurs De Nationale Opera en langue locale, est tout différent : il offre une vitrine à tout le panorama symphonique néerlandais de premier plan.

Rien qu'en observant une seule saison, j'ai ainsi pu relever que participaient :
► le Philharmonique des Pays-Bas (le plus largement : Rigoletto, Forza del destino, Gurrelieder, Tragédie florentineGianni Schicchi, Wozzeck),
► l'Orchestre Royal du Concertgebouw (pour des productions de prestige : Onéguine, Salomé),
► le Philharmonique de Rotterdam (Contes d'Hoffmann, Prince Igor),
► l'Orchestre de la Résidence La Haye (La Bohème et une création de Mohammed Fairouz),
► l'Orchestre de Chambre des Pays-Bas (renfort pour les Gurre),
► l'Orchestre de Ballet (Balanchine, Cranko),
► l'Orchestre National des Jeunes,
► l'ensemble ASKO|Schönberg (ensemble spécialiste, pour les œuvres contemporaines à petit effectif),
► et une invitation de Musicæterna (l'orchestre de l'Opéra de Perm, celui de Currentzis).

Donc une répartition où le Philharmonique national assure certes une large partie du fonds, mais où les grands orchestres du pays interviennent aussi très régulièrement. Assez troublant quand on est habitué à la simplicité de l'orchestre permanent d'opéra.

Mais ce n'est là que la moindre des fantaisies de la nomenclature orchestrale du bas pays.



opéra amsterdam
La grande salle du Concertgebouw, réputée pour son acoustique, un des modèles de toutes les salles en « boîte à chaussure ».



2. Koninklijk Concertgebouworkest

Ou Orchestre Royal du Concertgebouw. (« Royal Concertgebouw Orchestra » sur les disques)

Ville : Amsterdam (850.000 habitants)
Création : 1888
Directeurs musicaux :
→ Kes (1888)
→ Mengelberg (1895)
→ Beinum (1945)
→ néant (1959)
→ Jochum et Haitink (1961)
→ Haitink (1963), avec parmi ses assistants les futurs grands Vonk, De Waart, Spanjaard !
→ Chailly (1988)
→ Jansons (2004)
→ Gatti (2016)
(Et le désormais chef Jaap van Zweden fut violon solo de l'orchestre de 1979 à 1995.)
Labels principaux : Philips, Decca, RCO Live…
Quelques suggestions discographiques : Salve Regina de Rudolf Mengelberg (W. Mengelberg), La Mer (Beinum), Symphonie Fantastique (C. Davis I), Symphonies 3 & 8 de Mahler (Chailly), Des Knaben Wunderhorn (Chailly), Symphonies 38 à 41 de Mozart (Harnoncourt), Don Giovanni (Harnoncourt), Così fan tutte (Harnoncourt), Requiem de Dvořák (Jansons), Symphonies 4, 6 & 7 de Bruckner (Jansons)…

Celui-ci est simple, et n'a pas grand besoin d'intronisation. Au début des années 1880, alors que la capitale ne disposait que de petites salles (et paraît-il mal dotées acoustiquement), décision de bâtir une grande salle de concert, qui suit le patron du Gewandhaus de Leipzig.

Réputé pour sa pâte sonore particulièrement chaleureuse, pour la précision de ses dynamiques (la puissance de la petite harmonie, la capacité de maîtrise des nuances de cordes sont en effet exceptionnelles), pour son niveau de virtuosité quasiment sans égal, il a aussi acquis ses sceptiques, après une succession de directeurs musicaux particulièrement hédonistes (Haitink, Chailly, Jansons, sur une période courant de 1961 jusqu'à 2015 !) qui ont pu le faire ressembler, certains soirs, à un orchestre de démonstration de perfection aux intentions un rien affables.

Et il est vrai que, comme tous les autres orchestres du monde, son profil a radicalement changé, entre les époques Mengelberg et Beinum (de 1895 à 1959), plutôt des partisans du discours que du son, et les suivantes.

Un des orchestres les plus sollicités et enregistrés au monde (un millier de disques, paraît-il, sans compter les rééditions).



opéra amsterdam
Exemple presque caricatural du plan en vignoble, la Grote Zaal du nouveau complexe TivoliVredenburg (cinq salles !) qui a remplacé depuis 2014, à Utrecht, la salle historique (déjà nommée Tivoli) où se produisait l'orchestre de la ville, fusionné en 1985 pour produire le Philharmonique des Pays-Bas.



3. Nederlands Philharmonisch Orkest

Ou Orchestre Philharmonique des Pays-Bas. (« Netherlands Philharmonic Orchestra » sur les disques)

Ville : Amsterdam (850.000 habitants)
Création : 1985
Directeurs musicaux :
→ Hartmut Haenchen (1985)
→ Yakov Kreizberg (2003)
→ Marc Albrecht (2011)
Labels principaux : Capriccio sous Haenchen, PentaTone sous Kreizberg et M. Albrecht, mais aussi Ectetera, Brilliant Classics, Capriole, Orion, Onyx, ICA, Kultur Video…
Quelques suggestions discographiques : Dvořák 6 à 9 (Kzeizberg), Schmidt n°4 (Kreizberg), intégrale Brahms (van Zweden), Ring de Audi-Haenchen en DVD et surtout la série ultérieure en CD (on n'a jamais mieux capté un orchestre !), Arabella de R. Strauss (M. Albrecht), Concerto pour violoncelle n°1 de Kabalevski (Litton)…
[Les Bruckner et Mahler de Haenchen sont très jolis, mais pas forcément ardents ni originaux, Der ferne Klang par M. Albrecht pas très joliment capté ni chanté.]


L'autre grand orchestre symphonique d'Amsterdam est issu de la fusion de trois orchestres antérieurs : le Symphonique d'Utrecht, l'Orchestre de Chambre des Pays-Bas et le Philharmonique d'Amsterdam. Raisons budgétaires – période d'austérité menée par le premier gouvernement Lubbers.


Trois orchestres disparus : un peu d'histoire

Comme ces informations ne semblent se trouver en ligne ni en français ni en anglais, je suis aller fouiner dans le néerlandais et propose à toutes fins utile cette remise en perspective.

Le Philharmonique d'Amsterdam trouve son origine en 1953 dans un festival local, le Mois de l'Art (Kunstmaand), qui donne son nom à la formation : Kunstmaand Orkest. Popularisé par des apparitions télévisées régulières dans les années 50, il prend le nom de Philharmonique d'Amsterdam en 1969.

Il est très actif dans le dialogue avec la sphère soviétique, effectuant plusieurs tournées à Moscou, et même en Lithuanie et Lettonie ; programmant régulièrement Chostakovitch à une époque où il n'était pas autant diffusé de ce côté-là du Rideau.

Très peu de disques : des concertos pour hautbois (non reportés au CD), une Première de Mahler dirigée par Arpad Jóo, et probablement quelques autres bricoles, rien de très marquant ou accessible au public international, donc.

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L'Orchestre Symphonique d'Utrecht était l'un des plus anciens du pays, et disposait d'un palmarès impressionnant. Il est issu d'un orchestre militaire, existant depuis la fin du XVIIIe siècle, associé à une société musicale, qui donnent dès 1847 (et même auparavant, de façon moins formelle) des « Concerts de la ville ». On y a joué Schumann et Brahms, accueilli les solistes Joachim, Wieniawski ou Clara Wieck-Schumann. En 1894, les deux entités fusionnent pour former officiellement l'orchestre.

À la Libération, le rôle de l'Orchestre de la Ville d'Utrecht s'étend aux alentours, et son nom devient Orchestre Symphonique d'Utrecht. [Les sources anglophones en ligne prétendent l'inverse, mais mes sources en langue vernaculaires paraissent bien plus circonstanciées. Incroyable comme l'information disparaît vite sur les orchestres disparus, même récemment.] Bien que l'un des meilleurs du pays, il n'a pas le rayonnement international du Concertgebouworkest ni de la Résidence de La Haye, qui ont accès à l'industrie phonographique pour des enregistrements de prestige, ce qui facilite vraisemblablement sa dissolution en 1985…

Mais tout de même, ce fut l'orchestre de Jan van Gilse (1917-1922), de Carl Schuricht (1937-1939), de Willem van Otterloo (qui a plutôt enregistré avec La Haye, quasiment que des références d'ailleurs) par deux fois, 1937-1949 et 1977-1978, de David Zinman (1971-1974), d'Hubert Soudant (1974-1980).

Déjà entendu quelques bandes de l'orchestre (répertoire néerlandais), mais forcément un peu anciennes pour les comparer aux autres orchestres actuels, et ce n'est pas notre sujet ici. Il existe par ailleurs un certain nombre de disques consacrés au grand répertoire, beaucoup dirigés par Paul Hupperts, le directeur musical d'alors, dont une large part n'a jamais été reportée en CD (dont la généralisation coïncide à peu près avec la dissolution de l'orchestre).

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L'Orchestre de Chambre des Pays-Bas (Nederlands Kamerorkest) a été fondé en 1955, là aussi à l'occasion d'un festival (Holland Festival). C'est toujours le principal orchestre de chambre du pays, puisqu'il continue de donner des concerts (et des enregistrements, chez PentaTone comme le Philharmonique au sein duquel il évolue) sous son nom propre, et figure même toujours sur le logo !

C'est lui qui accompagne les Da Ponte de Wieler-Morabito-Metzmacher dans les DVDs de l'Opéra d'Amsterdam ; il a aussi réalisé des concertos pour piano de Mozart avec Argerich.

Néanmoins, d'un point de vue formel, il fait partie de l'Orchestre Philharmonique d'Amsterdam – je suppose que, tout simplement, une partie de l'effectif doit être commun aux deux formations, puisque le sacrifice d'Utrecht avait pour but de réaliser des économies.


Évidemment, l'immense majorité des concerts du Philharmonique des Pays-Bas sont donnés à Amsterdam – où il doit certes être facile de se rendre, dans les petites distances de la Randstad, mais tout de même –, et la part utrechtoise de sa mission a très vite disparu après la fusion.
D'autres orchestres existent pour combler ce vide : la salle de TivoliVredenburg invite régulièrement le Noord Nederlands Orkest de Groningen, et quelques nouveaux se sont installés en ville, dont l'Orkest von Utrecht (orchestre amateur de bon niveau fondé en 1993, qui recueille les anciens membres d'orchestres d'étudiants de la ville) ou la Nieuwe Philharmonie Utrecht (qui veut donner un orchestre à une ville qui n'en a pas, avec une description un peu ronflante et creuse, mais qui ne figure pas dans les listes officielles).
La ville brille désormais davantage par son festival de musique baroque, où les meilleurs interprètes mondiaux (vraiment les meilleurs plutôt que les plus célèbres !) se réunissent à la fin de chaque été.

J'en reviens au Philharmonique des Pays-Bas actuel.
Orchestre polyvalent, aussi bien de fosse pour un tiers à la moitié de la saison de l'Opéra d'Amsterdam, que symphonique, il occupe aussi le rôle de phalange de radio, qui explore des répertoires exigeants instrumentalement mais plus confidentiels : car l'Orchestre Philharmonique de la Radio est en réalité l'orchestre de Hilversum, et la Radio Kamer Philharmonie (qui n'est ni le Philharmonique des Pays-Bas ici présent, ni le Philharmonique de la Radio qui se trouve donc à Hilversum, ni la Chambre des Pays-Bas…), active de 2005 à 2013 (la formidable vidéo de La Chute de la Maison Usher de Debussy complétée et achevée par Orledge, c'était elle !), a été fusionnée avec l'Orchestre de Chambre des Pays-Bas.

Oui, je vous laisse une seconde terminer votre aspirine et je reviens.

Le son du Philharmonique des Pays-Bas, peut-être en raison de son histoire de fusions successives jamais décidées sur le plan artistique, n'est pas très typé, mais son niveau individuel et collectif le place parmi les formations les plus aguerries d'Europe. Il se caractérise plutôt par une forme de douceur, de refus des couleurs vives (sans être jamais gris), sans doute liée à ce tropisme commun chez ses directeurs musicaux successifs – Haenchen gomme toujours les angles tout en exaltant le chambrisme, Kreizberg est un lyrique exceptionnel qui privilégie les cordes, M. Albrecht n'est pas forcément un despote du beau son…

Pas mon chouchou, mais une belle valeur sûre.



opéra amsterdam
La somptueuse salle Hertz de 550 places pour la musique de chambre dans le nouveau complexe d'Utrecht, TivoliVredenburg. Un peu grande pour une salle de si petite jauge, et peu commode pour la musique vocale, mais assurément très jolie.



Il existe bien sûr d'autres orchestres à Amsterdam, comme celui qui assure les ballets à l'Opéra, mais je vais vous laisser digérer ces bizarreries-là avant de vous exposer que le Symphonique des Pays-Bas ou l'Orchestre Philharmonique de la Radio sont situés dans des villes moyennes, parfois assez distantes du centre…

Prochain épisode, donc : une sélection d'orchestres à suivre dans tous les Pays-Bas. [Et, là, il y a de ces beautés discographiques !]

mercredi 22 novembre 2017

[Opéra] Amours uranistes chez McCarthy : Fellow Travelers de Gregory Spears



En train de préparer le prochain volet des opéras rares donnés cette saison dans le monde, cette fois-ci consacré aux opéras de compositeurs vivants. L'occasion de faire un tour des tendances dans les œuvres créées, qui échappent de plus en plus aux sinueux dispositifs pour happy few (fondés sur des collages de textes illustrant la vie d'un poète d'avant-garde – je n'exagère pas vraiment) qu'on pouvait voir fleurir jusqu'au début des années 2000.

À force de traiter l'opéra de musée mourant, il semble s'être ouvert à d'autres univers – ou bien est-ce simplement qu'avec les bases de données actuelles, à la fois beaucoup plus accessibles et beaucoup plus complètes, on peut mieux se rendre compte de la diversité qui existe par le monde ?

En tout cas, quantité de thèmes beaucoup plus accessibles que d'ordinaire :
histoire récente (JFK),
littérature grand public (le Chat botté en tchèque, Moby Dick, Anne Frank, Lord of the Flies),
littérature fantastique (la Maison Usher, le fantôme de Canterville, deux Dracula, Hercules vs. Vampires [??] et même un Addams Family !),
cinéma (Marnie, L'Ange exterminateur, Solaris, Dead Man Walking, La Reine des Neiges, Max et les Maximonstres !),
bio-ops (Pompadour, Wagner, M. Monroe),
suites d'opéras (Radames, Buoso's Ghost, Figaro Gets a Divorce),
actualité (Fukushima),
faits de société (Alzheimer, prostitution de luxe, cas psychiatriques remarquables…).

Et bien d'autres – beaucoup en tchèque et en langues baltes, étonnamment.

Ça jette un sacré coup de jeune, en tout cas une ouverture vers un public plus vaste que le fer de lance de la culture la plus valorisée, pour peu que la musique suive le même chemin (diversement le cas, comme vous le constaterez le moment venu).
Beaucoup d'œuvres assez réussies là-dedans, en plus.

Certes, j'attends toujours mon opéra de zombies et ses super dialogues, ou mon heptalogie Star Wars.

Je viens donc pour l'occasion d'écouter ce disque qui vient de sortir (le 29 septembre, c'est tout comme). Gros coup de cœur – qu'il est peu probable que la majorité de mes lecteurs partage, j'en conviens d'avance.


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Comme la présentation est un peu longue pour le format prévu (survol de nombreux titres donnés un peu partout), et que je ne vous ai pas nourris depuis une semaine, voici quelques premières impressions.


(Gregory) Spears, Fellow Travelers (Chicago)

→ Amours uranistes entre un jeune diplômé et un officiel sexagénaire du Département d'État, dans l'entourage de McCarthy et l'action anticommuniste américaine. Créé à Cincinnati fin 2016, un beau succès ; il en existe même un disque, chez le label de l'orchestre, Fanfare Cincinnati.

→ Musique purement tonale, à l'accompagnement très étale, au matériau très simple (petites volutes de vent sur aplats de cordes…), avec des accords de quatre sons, la plupart du temps en tonalité majeure, qui permet de se dédier à la conversation en musique (très peu d'ambitus, on comprend tout sans livret !) sans être concurrencé par l'orchestre. Très belles atmosphères, le livret (plaisant sur l'univers administratif et militant) se situe quelque part entre Le Consul de Menotti et un épisode de The West Wing, la romance en prime ; la musique entre la simplicité du musical, Hahn (début de l'acte II de L'Île du Rêve, tout est écrit sur ce patron), Martinů (Juliette, Ariane, Jour de bonté), Barber (plutôt l'Adagio et les moments limpides de Vanessa), Damase (L'Héritière plutôt que Colombe), Adams (les parties les plus simplement mélodiques d'El Niño ou Doctor Atomic)… Beaucoup de formules régulièrement motoriques (façon petit train), de petits rebonds comme les accompagnements de Damase (doublure de piano permanente), et même une petite imitation du début de Rheingold dans le tableau à St. Peter.

→ À l'échelle de l'histoire de la musique, vraiment simplet – surtout en ce que les accompagnements sont repris lorsque revient une situation comparable ! (très beaufinal qui s'enrichit et s'irise légèrement, cela dit)

→ À l'échelle d'un opéra où l'on peut suivre le texte (pas mauvais d'ailleurs), un petit bijou, si l'on aime les couleurs claires, les climats apaisés. Vraiment rien de tourmenté là-dedans, tout est toujours joli. [Ça me parle énormément, mais je conçois très bien qu'on trouve que ça manque de corps.]

→ Quelques extraits, avec un aperçu de la multiplicité des lieux, sur un des interludes instrumentaux (on entend bien la nudité de cette musique apaisés, à défaut de pouvoir vérifier la qualité très réelle de la déclamation-conversationnelle).

(Aaron Blake et Joseph Lattanzi chantent remarquablement.)


mercredi 15 novembre 2017

Les opéras rares cette saison dans le monde – #3 : en allemand





landestheater detmold
Le Landestheater de Detmold (Rhénanie du Nord – Westphalie, 73000 habitants, la taille de Cannes hors saison, moins peuplé que Champigny-sur-Marne ou Béziers…), où l'on jouera l'Élégie pour jeunes épris de Henze.
Comme il est d'usage dans les villes moyennes d'Allemagne, il existe non seulement un opéra (650 places…) mais aussi un orchestre permanent (Orchester des Landestheater Detmold, tout simplement) et une programmation assez ambitieuse : Henze, Adès, Wagner, et le Dracula de Wildhorn (dont je parlerai dans la notule sur les rassemblant les œuvres récentes). Bien sûr Mozart, Puccini et Kálmán, comme partout ailleurs.
Malgré son aspect XVIIIe-pragois, le théâtre, détruit par un incendie en 1912, a été conçu à partir de 1914 et inauguré en 1919 (oui, parfaitement, ça ravage la France et ça se contruit des théâtres néoclassiques).




Avant de lire cette notule :
principe général du parcours ;
¶ programmation en langues russe, ukrainienne, tatare, géorgienne ;
¶ programmation en langues italienne et latine.

Une surprise frappante, en observant la programmation du centre de l'Europe (et jusqu'aux franges les plus slaves comme la Bulgarie, l'Ukraine ou la Moldavie) : les opéras les plus donnés dans le monde, si l'on excepte la poignée d'ultra-tubes évidents (Don Giovanni, La Flûte enchantée, La Traviata, Carmen, La Bohème) sont manifestement Comtesse Maritza et Princesse Czardas de Kálmán !  Car l'opérette de langue allemande (éventuellement traduite) est réellement omniprésente à l'Est, de façon extrêmement massive, l'impression d'avoir lu ces titres dans tous les pays de cette région (jusqu'en Roumanie, en Moldavie, en Ukraine) !

Par ailleurs, cette saison est remarquablement riche en véritables raretés de très haute qualité, et l'avoir épluchée me donne moi-même quelques envies de voyage…

J'ai tâché d'ajouter des liens vers les œuvres, lorsque c'était possible, afin de satisfaire davantage votre immédiate curiosité.



landestheater detmold
Intérieur du Théâtre National Antonín Dvořák d'Ostrava, seconde ville de Moravie et troisième du pays. On y donnera Iphigénie en Aulide de Gluck, manifestement en allemand.



1. Opéras baroques et classiques

Telemann, Pimpinone (Opéra de Chambre de Moscou)
→ Intermezzo comique destiné à occuper l'entracte d'un opéra seria, comme c'était l'usage – et, selon la mode hambourgeoise, à la fois en italien et en allemand. Une intrigue de femme rouée qui veut se faire épouser par un riche vieillard, tout à fait standard. La musique n'en est pas vilaine, sans en être spectaculairement originale.
Extrait.

Gluck, Iphigénie en Aulide, en allemand (Ostrava en Moravie)
→ L'œuvre écrite pour Paris, la première présentée par Gluck. Dauvergne raconte dans ses mémoires qu'à la lecture de la partition, les directeurs étaient persuadés que, s'ils donnaient l'œuvre, ils allaient immédiatement ringardiser tout leur répertoire – ce qui advint, d'où la frénésie d'œuvres nouvelles et d'invitation de compositeurs italiens (Piccinni, Sacchini, Salieri, Cherubini…). C'est évidemment une vision rétrospective (et Gossec utilisait le même langage dans Sabinus donné quelques mois avant), mais elle marque bien l'importance de cet ouvrage dans l'esthétique lyrique française.
→ C'est la première partie de la légende d'Iphigénie (son sacrifice), la plus baroque-française des œuvres de Gluck, avec un aspect beaucoup plus galant, moins hiératique que ses tragédies ultérieures. Cela avait tellement touché la sensibilité du temps que les chroniqueurs rapportent que la salle était en pleurs pour les adieux d'Iphigénie (supposée aller épouser son fiancé Achille, mais que son père livre en réalité au sacrifice pour que les Grecs puissent retrouver des vents et partir pour Troie).
→ Il n'est pas inhabituel, même si moins fréquent qu'autrefois, de traduire Gluck en allemand, sans doute considérant ses origines linguistiques.

Mozart, Die Schuldigkeit des ersten Gebots (an der Wien)
Le Devoir du Premier Commandement, la première œuvre lyrique scénique de Mozart (D.35, à onze ans), est un « singspiel spirituel », c'est-à-dire une pièce de théâtre musical à sujet religieux, pas exactement un opéra.  Un oratorio allégorique où discutent l'Esprit du Christianisme, la Miséricorde et la Justice, occupés à secouer les chrétiens tièdes hors de l'Esprit du monde. Mozart n'a écrit que l'acte I, les deux autres – aujourd'hui perdus – étant confiés à (Michael) Haydn et Adlgasser, ses professeurs.
→ Je n'ai pas de données sur la quantité d'aide reçue de son père et de ses professeurs, mais il s'agit déjà de très belle musique, plutôt le haut du panier de son temps, avec déjà des couleurs harmoniques qui caractériseront Mozart toute sa vie. (Évidemment, musique très vocale et décorative, comme on peut s'y attendre avec le sujet et l'époque. Le Mozart dramaturge de génie n'éclot que plus tard.)

Mozart, La finta giardiniera, en allemand (Baden-Baden)
→ Déjà présenté dans la partie italienne, une œuvre qui revient à la mode, vraiment de la structure à numéro bien faite, mais très décorative. À tout prendre, j'aime davantage la Schuldigkeit !

Mozart & co., Der Stein der Weisen oder Die Zauberinsel (Innsbruck)
→ Œuvre collective (Henneberg largement, mais aussi Schak, Gerl et Schikaneder) sur un livret de Schikaneder, avec une équipe d'interprètes similaire à la Flûte. La partition a été retrouvée en 1996 et enregistrée pour la première fois en 1999.



landestheater detmold
Les Fées de Wagner seront seulement donnée, cette année dans le monde, au Théâtre d'État (bâti de 1879 à 1899) de Cassovie (Košice), deuxième ville de Slovaquie. Ici, la vue enchanteresse des parterres d'eau qui le séparent de la cathédrale.



2. Opéras romantiques

Spontini, Agnes von Hohenstaufen (Erfurt)
→ Rareté des raretés, un Spontini qui figure parmi ses plus importants, mais qui n'existe au disque, sauf erreur, que dans des versions italiennes (mal captées et très molles).
→ Manifestement assez influencé par le genre spectaculaire français pré-grand opéra (beaucoup de points communs avec l'économie d'Olympie), à la fois vocalisant et recourant aux effets dramatiques issus de l'héritage Gluck (trémolos de cordes), avec un goût pour les grands ensembles, les effets de foule, les trompettes solennelles, mais aussi de très beaux élans vocaux…
→ Lien vers la meilleure bande disponible à ce jour.

Weber, Oberon (Budapest)
→ Bien que Weber se soit mis à l'anglais pour pouvoir mettre en musique Oberon, on s'obstine à le donner encore assez souvent en allemand. (Je crois que c'est le cas pour cette production.) Sans hésitation son meilleur opéra de mon point de vue, avec un sens de l'évocation du merveilleux tout à fait remarquable, sensiblement moins bon enfant et formel que le conte du Freischütz. Le quatuor de l'embarquement (le thème le plus virevoltant de l'Ouverture) ou l'invocation des démons marins par Puck sont des moments qui n'ont pas réellement d'équivalent dans l'histoire de l'opéra.
→ Privilégiez le studio Gardiner plutôt que les vieilles versions visqueuses en allemand (ou, si vous la trouvez, la bande de Minkowski à Anvers !).

Schubert, Fierrabras (Milan)

→ Bien qu'on insiste surtout sur l'image d'un Schubert en butte aux échecs lyriques (et, de fait, il le fut – c'est même la source d'autres théories fantaisistes le concernant), Schubert n'était pas du tout un mauvais compositeur d'opéra, au contraire. Tous ses singspiele ne sont pas d'égal intérêt, mais l'opéra avec récitatifs musicaux Alfonso und Estrella (qui débute par l'un des plus beaux airs de baryton jamais écrits, et dont l'un des thèmes est repris dans le Winterreise – n°16, « Täuschung ») est un bijou absolu.
→ Il en va de même pour Fierrabras, véritable pépite : livret étrange mais original (les amours secrètes de la fille de Charlemagne d'une part ; ceux de Roland avec une mauresque dont le père l'a traîtreusement fait prisonnier d'autre part), où le personnage éponyme ne tient que les utilités. Et surtout, une musique qui déborde de beautés comme Schubert seul sait les concevoir, tel le chœur a cappella ineffable des chevaliers prisonniers, la cabalette sauvage de la mauresque courant sauver Roland, de superbes ensembles, plusieurs mélodrames trépidants (car oui, Schubert est un prince du ton épique )…
→ Pourtant, ses opéras sont finalement assez peu donnés (une production d'un d'entre eux de loin en loin…).

Marschner
, Der Vampyr (Budapest)
→ Une des grandes séries estivales de CSS explorait le détail de l'adaptation depuis les soirées littéraires de Byron jusqu'au livret de cet opéra. Musicalement, c'est une œuvre très marquante (Wagner en a décalqué à la fois l'Ouverture et la Ballade d'Emmy pour son Hollandais Volant), à la fois terrible (spoiler : beaucoup d'innocents meurent) et dotée d'étranges sections comiques (les buveurs persécutés par la matrone).
→ L'œuvre est rarement respectée (son mélodrame au clair de lune, où Ruthven guérit de sa blessure mortelle accompagné par une monodie de cor, est rarement donné avec le texte… certaines versions coupent le texte parlé, etc.), pas beaucoup bien jouée (Rieger et surtout Neuhold sont à écouter au disque), mais elle est à connaître, aussi bien pour son importance sur la scène lyrique du temps que pour ses sommets, dont certains inégalés : le grand récitatif où le vampire raconte son sort, comment il est revenu dévorer la petite dernière qui le suppliait (« Tu vois son visage innocent s'incliner, / Tu voudrais au loin fuir, tu ne peux l'épargner ! / Ton démon t'entraîne, ta soif te possède : / Tu dois verser ce trop cher sang ! »). D'un impact, musical comme théâtral, assez inégalé. Et quel texte au cordeau !

Flotow
, Martha à Annaberg (Saxe) et Innsbruck
→ Martha est restée un classique sur les scènes germanophones et, bien qu'on l'ait jouée en France en français, a surtout connu sa fortune là. Une partition assez riche sur un sujet à la Véronique, où une aristocrate joue à la servante ; l'harmonie n'en est pas pauvre, et les ensembles y sont omniprésents (même s'ils tendent à être écrits uniformément en homophonie, chacun débitant sa ligne de croches). Résultat plein de douceur, d'élégance et de jovialité, qui explique sans doute, avec son livret espiègle et familial, aux héros austeniens un peu tombés de leur piédestal.
→ La version Wallberg vaut le détour chez EMI, aisément disponible, superbement captée, belles rondeurs orchestrale et plateau vertigineux : Popp, Soffel, Jerusalem, Nimsgern, Ridderbusch. Que des chouchous. [ par exemple.]


Verdi, I Masnadieri (Volksoper de Vienne)
→ Également donné, en italien, à Monaco, Bilbao et Rome. Présenté dans la notule consacrée à la programmation italienne mondiale.

Wagner, Die Feen à Košice (Slovaquie)
→ Premier essai (achevé, du moins), et un bijou, qui puise à toutes les écoles du temps, aussi bien Weber que Bellini, avec un certain humour et un savoir-faire très impressionnant. Très beaux airs récitatifs ou quasiment belcantistes, superbes ensembles très densément écrits. J'y avais consacré une série au moment de son passage à Paris : place dans le catalogue, livret, influences musicales, innovations majeures, et la mise en scène d'Emilio Sagi.

Wagner, Rienzi (Innsbruck)
→ Le seul ratage lyrique de Wagner. On le décrit souvent comme du mauvais grand opéra, n'en croyez rien : Rienzi ressemble à un seria de Rossini, en deux fois plus long, et sans aucune mélodie (excepté la jolie Prière, mais ça fait pas bien long). Une sorte de pudding très vertical (n'y cherchez pas des trouvailles de contrepoint !), très long, très fade – mais aussi très lourd. Je ne le dirai pas souvent, mais je ne vois pas trop l'intérêt de se forcer à écouter ça.

Offenbach, Die Rheinnixen (Budapest)
→ Ouvrage sérieux en allemand complètement éclipé d'Offenbach, redevenu à la mode en vingt ans, et qui, sans être devenu un standard, est joué quasiment tous les ans quelque part (et plusieurs fois en France). C'est de là que provient la Barcarolle des Contes d'Hoffmann, certes, néanmoins le reste de l'ouvrage est également d'une très belle qualité (pas seulement mélodique).

Suppé, Die schöne Galathée (Plauen-Zwickau)
→ « Opéra comique mythologique » d'après le livret de Barbier & Carré pour la Galathée de Massé. Une jolie opérette.



landestheater detmold
Pour voir Tiefland d'Eugen d'Albert cette année, il faut aller au vaste Opéra de Budapest ou découvrir l'étonnant Opéra de Sarasota, sur la côte Ouest de la Floride. C'est un ancien théâtre de vaudeville, également utilisé comme cinéma, contruit en 1925 dans ce style néo-mexicain, très hacienda-La-Vega – de l'extérieur également.



3. Opéras postromantiques et « décadents »

Cornelius, Der Barbier von Bagdad (Plauen-Zwickau)
→ Toujours donné de loin en loin en Allemagne, même s'il n'est plus autant à la mode (je voix au moin six enregistrements, tous avant 1975 !), supposé dans la veine comique, mais très soigné musicalement, avec des effets orientalisants assez marqués. Pas sans points commun avec Mârouf de Rabaud, dans son genre plus lyrique et plus… allemand.
→ Une vieille version de référence par ici.

Wolf, Der Corregidor (Budapest)
→ Une sacrée rareté. La partition est foisonnante, abstraite, difficile comme du Wolf. Figurez-vous l'harmonie retorse du maître plongée dans un moule dramatique et contrapuntique plus wagnérien, où Wolf aurait mis toute son application. Comme la Pénélope de Fauré, je ne suis pas complètement sûr, à la lumière du seul enregistrement (ancien) trouvéet de la partition piano, que ce soit tout à fait digeste, mais c'est à coup sûr riche et fascinant. Et je ne crois pas que ça ait été donné depuis fort longtemps – ni que ce devienne jamais un hit européen.
→ Une gravure très attirante (Donath, Soffel, Fischer-Dieska) que je n'ai pas encore essayée.

d'Albert, Tiefland (Budapest, Sarasota en Floride)
→ Retour en grâce progressif pour Les Terres basses (même donné à Toulouse en début de saison !), d'un postromantisme aux élans irrésistibles – la descente vers les Terres Basses, c'est de l'ordre de celle chez les Hommes dans Die Frau ohne Schatten de Strauss, à ceci près que le livret est totalement réaliste / vériste, une histoire sordide de berger simplet envoyé épouser la maîtresse (plus ou moins forcée) du potentat local. [Évidemment, ça finit en La maîtresse du roi !  Tout leur sang et le mien ! en mode berger-tueur-de-loups-à-mains-nues.]
→ Plusieurs très belles versions au disque (Zanotelli, Schmitz, Janowski…), au moins dix de disponibles, dont un DVD. Présentation rapide par le passé dans cette notule. Le reste du legs d'Eugen d'Albert n'est pas à négliger, en particulier la formidable Symphonie en fa, qui n'est jamais exécutée en concert, mais a elle aussi été plusieurs fois gravée (au moins trois bonnes versions).

Janáček, Das schlaue Füchslein, version allemande de la Petite Renarde rusée (Aix-la-Chapelle, Hagen, Koblenz)
→ Le meilleur Janáček à mon sens (je ne suis pas le seul), d'assez loin. Probablement le plus coloré, assurément le plus poétique. Celui où l'on entend moins ce côté Puccini chic mais sans mélodies. Et une jolie histoire atypique, qui, issue de vignettes (plus ou moins une bande dessinée, me semble-t-il) parues dans la presse, interroge l'essence de la vie.
→ Assez fréquemment donné en tchèque (y compris sous forme de réductions et arrangements divers – versions de chambre, version en dessin animé…), plus rarement en allemand.

Schreker, Der ferne Klang (Lübeck)
Schreker, Die Gezeichneten (Munich, Komische de Berlin, Saint-Gall)
→ Deux œuvres centrées autour de paraboles artistiques, sur de très beaux livrets du compositeur (surtout la seconde, désormais régulièrement donnée, presque chaque saison, dans les trois principaux pays d'Europe germanophone) qui explorent des formules musicales très riches (contrepoint complexe permanent, superposition d'accords, modulations sophistiquées, etc.) tout en exaltantle détail du texte et sans refuser un lyrisme assez irrésistible. L'écho entre les différents niveaux de lecture et d'écoute les rend tout à fait passionnants, parmi les fleurons de leur époque (années 1910), et Schreker était ainsi perçu jusqu'à sa mise à l'écart par les nazis – qui goûtaient peu le trouble de sa musique et de ses livrets. Ses figures d'artistes errants, criminels et impuissants documentaient assez exactement la société amollie et dégénérée contre laquelle toute leur rhétorique était bâtie.
→ Ce sont ses deux meilleurs opéras. Die Gezeichneten est inapprochable, mais Der ferne Klang reste assez rarement donné, il faut en profiter.
→ Et il en est abondamment question dans le chapitre dédié de Carnets sur sol.

Busoni, Doktor Faust (Osnabrück)
→ Parmi les compositeurs innovants de sa génération, ce Doktor Faust fait partie des rares titres d'opéra à rester peu ou prou à l'affiche au fil des ans. Sans doute grâce au sujet, mais cette vision héritée de Marlowe sans passer par Goethe, sise sur une musique tonale mais qui sent le voisinage de Berg, cherchant de nouvelles possibilités musicales sans renverser la table (Busoni avait théorisé des développements possibles en microtonalité, allant jusqu'à proposer des schémas d'aménagement sur les pianos pour les rendre confcrètement réalisables), ne manque pas de matière ni de qualités. Son principal défaut et que le rythme dramatique n'est pas très effréné, évoluant dans un mystère qui évoque davantage les Scènes de Faust de Schumann que la tension théâtrale la plus spectaculaire du temps. Pour autant, dans ces couleurs ramassées, sombres et discrètes, il se passe réellement quelque chose.

Hubay, Anna Karenina (Bâle)
→ L'œuvre est originellement écrite en hongrois, mais il est très possible, comme cela se fait souvent dans les pays germanophones pour les œuvres rares tchèques ou hongroises (voire les opéras comiques français, pour lesquels il existe toujours une tradition vivace d'interprétation en traduction), qu'elle soit jouée en allemand.
→ HUBAY Jenő (né Eugen Huber) est surtout célèbre comme violoniste ; virtuose, ami de Vieuxtemps, pédagogue, la discographie le documente essentiellement comme compositeur de pièces pour crincrin. Néanmoins, cet opéra, fondé sur une pièce française (Edmond Guiraud), lorsqu'il est écrit en 1914 (mais représenté seulement en 1923), appartient plutôt à la frange moderne, d'un postromantisme assez tourmenté et rugueux. Très intéressante et intense.
→ Hubay a écrit neuf opéras, dont certain sur des livrets assez intriguants : Alienor en 1885 (traduction d'un livret d'Edmond Haraucourt), Le Luthier de Crémone en 1888 (traduction d'un livret de François Coppée et Henri Beauclair), La Vénus de Milo en 1909 (d'après Louis d'Assas et Paul Lindau) et plusieurs inspirés de contes et récits populaires hongrois.
→ Extrait de la version originale ici.

Řezníček, Benzin à Bielefeld (Westphalie)
→ Řezníček appartient à la mouvance des décadents mais sa musique s'apparente souvent à un postromantisme assez formel et opaque, pas très chaleureux. Benzin (pas été donné depuis 2010 à Chemnitz, me semble-t-il) échappe à cela, avec des couleurs orchestrales et des grincements plus caractéristiques, mais j'attends toujours d'être réellement saisi par ce grand représentant du temps, ami de R. Strauss, partagé entre sa formation à Graz et ses succès à Prague et à Berlin.
Court extrait de la production de Chemnitz.

Krása
, Brundibár (Sassari, Linz)
→ Opéra pour enfants (le protagoniste étant un chœur d'enfants), récrit dans les camps pour les prisonniers du camp, où est mis en scène une sorte de croquemitaine dérisoire, de tyranneau vaincu par l'union des enfants et des animaux. Plus simple que le Krása habituel, pas vraiment passionnant en soi, plutôt un témoignage culturel de l'art (et de l'humanité) qui pouvaient survivre dans les camps. La première version en 1938 exalte plus le patriotisme, ai-je lu, que la version de 1943 habituellement donnée, plus tournée vers le retour d'une forme de justice.

Waltershausen
, Oberst Chabert (Bonn)
→ Une merveille. Du postromantisme à la fois généreusement lyrique et très complexe ; très chantant et accompagné d'un orchestre très disert ; à la fois profusif et assez lumineux. Et tout à fait personnel : ce n'est ni du Strauss versant lyrique, ni du Schreker gentil, ni du Puccini germanisé… vraiment un équilibre que je n'ai pas entendu ailleurs, quelque part entre le commentaire orchestral wagnérien et une gestion beaucoup plus directe (italienne ?) de l'action, un lien plus évident entre mélodie vocale et déclamation.
→ Il existe un très beau disque CPO capté à la Deutsche Oper, merveilleusement dirigé par Jacques Lacombe et impeccablement chanté (M. Uhl, Very, Skovhus, tous trois dans un très bon jour) – extrait ici.

Hindemith, Mathis der Maler (Gelsenkirchen)
→ Resté très célèbre grâce à sa suite, une des œuvres les plus enregistrées de Hindemith, et toujours donné de temps à autre, Mathis trace le portrait de la société qui entoure un peintre (anachroniquement) visionnaire, forcément esseulé au milieu des enjeux de la politique – et même de l'amour. Le langage y est riche, mais homogène, sans recherche du spectaculaire, fondé essentiellement sur la recherche harmonique. Sans être complètement austère non plus, un opéra assez regerien, ce que ne dévoile pas complètement la Suite, qui en regroupe les passagesles plus chatoyants (pas forcément les meilleurs, au demeurant, l'opéra me paraît autrement intéressant !).
Hindemith, Cardillac (Florence, Salzbourg, Tallinn)
→ Mâtiné d'enquête policière, ici encore écrit dans une logique qui reste postromantique, un lyrisme réel mais peu expansif, et largement tourné vers la recherche harmonique interne. Déjà donné et même repris à Paris par Gérard Mortier qui avait vivement milité pour cette œuvre…
Hindemith, Neues vom Tage (Schwerin)
→ Opéra « joyeux » (lustige Oper) mettant en scène un couple qui (essaie de) divorcer. Créé en 1929 au Kroll-Oper de Berlin par Klemperer (les wagnériens de l'Âge d'Or seront intéressés de savoir la présence de Dezső Ernster dans la distribution), et retravaillé pour une première napolitaine en 1954 en italien, avec Giuseppe Valdengo dans le rôle du mari, mais aussi Plinio Clabassi… et qui faisait le Quatrième Chef de cuisine (c'est-à-dire le dernier des ténors chantant un chef de cuisine), à votre avis ?  Piero De Palma. Je n'invente rien.
→ L'œuvre est écrite dans un langage étrange, mélange de couleurs néoclassiques, de tonalité sans direction nette influencée par Schönberg… Elle s'ouvre par un magnifique échange de noms d'oiseaux (dans le sens le moins ornithologique possible).

Schoeck, Penthesilea (Bonn)
→ Le Schoeck le plus vindicatif qui soit. Un drame de 1925, d'une heure et quart, qui claque et qui tranche terriblement, très loin du Schoeck poétique des lieder ou des pièces orchestrales, un bel équivalent d'Elektra dans un langage plus intériorisé mais tout aussi dramatique. Un chef-d'œuvre bien connu des amateurs de musiques décadentes, et trop peu représenté sur les scènes.
→ À écouter ici.
Schoeck, Das Schloß Durande (Bonn)
→ Son dernier opéra, de 1943, fondé sur Eichendorff. Rarissime. Et il y a de ces poussées lyriques là-dedans, comme ce duo emblématique !  L'œuvre a peu été redonnée pour des raisons politiques/éthiques évidentes – son association (quoique purement artistique, semble-t-il) avec les artistes nazis avait été assez mal perçue dans sa Suisse natale.

Korngold, Der Ring des Polycrates (Dallas)
→ Premier opéra de Korngold (achevé en 1914, créé en 1916) – c'est-à-dire  avant Violanta et Die tote Stadt. On y entend déjà le lyrisme débordant et l'orchestration rutilante qui font sa marque, même dans cette virvoltante conversation en musique : glissandi de harpe et fonds de célesta et glockenspiel y sont la norme. Un bijou.
→ [Une seule version, chez CPO, superbement distribuée et interprétée par le DSO Berlin, qu'on peut préécouter ici.]
Korngold, Das Wunder der Heliane (Anvers, Berlin)
→ L'opéra qui suit La ville morte (et précède son dernier sérieux, Die Kathrin), nettement plus vénéneux, et au sujet parfaitement décadent, à base d'expériences cruelles, de nudité et de surnaturel. Beaucoup plus tourmenté, moins franchement lyrique que ses autres pièces. La série d'Anvers est finie à présent.
→ [Voyez ici une vidéo certes imparfaitement exécutée, mais mise gracieusement en ligne par le chef.]

Orff, Der Mond (Prague)
Orff, Die Kluge (Prague)
→ Quelle n'est pas la surprise lorsqu'on souhaite découvrir Orff, se disant qu'après tout il avait bien saisi une forme d'essence archaïsante dans ses chansons à boire de moines… et qu'on s'aperçoit qu'il a en réalité tout écrit dans le style des Carmina Burana !  Que ce soient des textes de Catulle ou des actions dramatiques, on y retrouve les mêmes mélodies naïves, les mêmes harmonies brutes, les mêmes grosses doublures orchestrales à coups de cors…
Der Mond (« La Lune ») laisse vraiment affleurer ces répétitions assez pauvres, quasiment pré-minimalistes (sans du tout le même projet de renouvellement, évidemment), tandis que Die Kluge (« La jeune fille avisée »), peut-être grâce à son sujet, réussit un peu plus de légèreté populaire, sans s'abstraire non plus de ces formules. [La jeune fille prévient son père de ne pas remettre le trésor au roi pour ne pas être emprisonné, répond à trois énigmes pour sauver sa propre vie, réussit un jugement de Salomon pour attribuer un petit âne et enferme finalement le roi qu'elle a épousé… Mais l'opéra n'est pas très mobile pour autant. Disons que la musique sied bien aux enfants.]
→ En principe, ce devrait être chanté en langue originale, comme c'est l'usage au Théâtre National de Prague ; néanmoins, je l'ai entendu, donné en ukrainien à Kharkiv en 2015… tout reste envisageable. On peut écouter ici et .


von Einem, Dantons Tod à Magdebourg et Vienne (Staatsoper)
von Einem, Der Besuch der alten Dame à Vienne (an der Wien)
→ Étrange chose que le legs de von Einem. Beaucoup de patrimoine littéraire, déjà  : son Proceß a déjà été remonté et capté, on pourrait faire de même avec Kabale und Liebe ou Jesu Hochzeit – Noces de Jésus avec la Mort (« Tödin »), si j'ai bien suivi, rien de trop blasphématoire.
→ Pour Der Besuch, Friedrich Dürrenmatt a lui-même adapté sa tragi-comédie restée très célèbre (toujours représentée, et il existe même une assez jolie comédie musicale dessus…) ; la musique en est assez conforme aux modèles de Gottfried von Einem (Bruckner et Reger, bien qu'on soit en 1971 !), plutôt traditionnelle mais assez grise – une sorte de Hindemith plus conservateur et plus lyrique.
Dantons Tod, son premier opéra et le plus représenté ou (à l'occasion) enregistré, se fonde (avec l'aide de Boris Blacher) sur le drame de Büchner, et est à mon sens plus réussi – mais encore plus troublant. Au Festival de Salzbourg de 1947, il propose ainsi cet opéra hindemithien, où l'on s'exprime par de grandes tirades lyriques (sur ce texte détaillant parfois la Constitution ou les formes juridiques du procès…) proche des véristes (les lignes vocales n'y sont pas si éloignées d'Umberto Giordano…), tandis que l'orchestre semble parfois partir en ponctuations modernistes autonomes, issues de l'écoute des dodécaphonistes. Certains endroits paraissent très traditionnels quoique peu chaleureux, d'autres touchent à une certaine grâce (le Prélude du procès, et d'une manière générale les interludes). Quelle bizarrerie, entendre des comptes-rendus de réunion du Parti Communiste chantés comme Turandot avec des accompagnements qui s'ébrouent comme du Schönberg dernière manière mais dans un langage qui reste fidèle à Reger !  [Sans parler de Robespierre tenu par un ténor de caractère, quelle fantaisie…]
→ Aucune des éditions que j'ai consultées ne contiennent de livret traduit (uniquement monolingue), aussi cette vidéo d'une mise en scène d'Otto Schenk (remarquablement dirigée par Leitner), qui comporte les sous-titres anglais, pourrait-elle sauver quelques-uns d'entre vous.



landestheater detmold
Le Schleswig-Holsteinisches Landestheater (théâtre du Land du Schleswig-Holstein) de Flensburg – une des villes majeures de la région, même si elle rayonne moins à l'international que Kiel ou Lübeck. Le seul endroit où sera donné Le Grand Macabre de Ligeti cette saison. Parmi les autres théâtres de la ville, il en existe notamment un spécialisé dans les pièces données en danois.



4. Opéras du second vingtième siècle

Menotti, The Consul en allemand (Bremerhaven, Goerlitz, Krefeld, Innsbruck)
→ Un sujet original, qui mêle le sort de la famille d'un opposant politique traqué et l'attente dans le consulat — qui est à la fois le lieu d'une indifférence cruelle, et le terrain propice à toutes les facéties librettistiques. Mélange musical de conversation en musique, de Puccini, de Britten et de plusieurs des veines de Poulenc…
→ Un opéra qui n'est pas majeur sans doute, mais très payant scéniquement. Plus de détail (et des sons) par ici.

B. A. Zimmermann
, Die Soldaten (Madrid, Cologne, Nuremberg)
→ Considéré comme le second Wozzeck du XXe siècle, pour un orchestre encore plus démesuré et un sujet tout aussi sordide, dans un langage similaire d'une atonalité à la fois apparemment sèche et extraordinairement riche en détails. Donné ponctuellement dans les pays d'Europe qui valorisent ce répertoire (de langue allemande essentiellement, en plus du microclimat madrilène, où fut tout de même donné l'autre Wozzeck, celui de Gurlitt).

Ligeti
, Le Grand Macabre à Flensburg (Schleswig-Holstein)
→ L'opéra où triomphent le burlesque et l'absurde. Ça rugit de partout. Grand classique dont l'impact dépend surtout, je crois, des affinités littéraires. Mais on ne fait pas plus vivant et bigarré, du véritable théâtre musical.

Henze, Das Floß der Medusa (Amsterdam)
Henze, Elegie für junge Liebende (Detmold)
Henze, Der junge Lord (Hanovre)
Henze, Pollicino (Cologne)
→ Trois opéras des années 60. Le Radeau de la Méduse (écoutez) explore une atonalité avec des pôles très audibles, comme les quatre premières symphonies du compositeur, beaucoup de parties parlées en sus. Très séduisant dans ce genre-là. L'Élégie (écoutez) s'en rapproche, mais surtout chanté, sans doute moins facile d'accès, et plus intéressé par les agrégats, les volutes vocales : moins direct et dramatique. Le Jeune Lord est écrit dans une atonalité plus libre, plus horizontale, avec des touches orchestrales qui évoquent le cabaret expressionniste – j'aime moins, mais c'est purement une affaire de goût individuel.
Pollicino, plus tardif (1980), est totalement différent, opéra pour enfants, sorte de patchwork alliant l'archaïsme baroqueux, le piano, le xylophone et le célesta.



 
landestheater detmold  landestheater detmold
Le Landtheater de Bremerhaven (le port en aval de Brême) propose seulement un immense parterre et un petit balcon, uniquement de face, dans une boîte capitonnée (qui doit être assez satisfaisante acoustiquement si les matériaux sont à la hauteur). On y jouera Le Consul de Menotti en allemand, tout comme à Krefeld (entre Düsseldorf et Duisburg), qui adopte le même principe, en moins luxueux. Ce patron semble avoir été assez en vogue en Allemagne – c'est aussi celui de la Volksbühne de Berlin, voyez vous-même.



Une saison germanophone extrêmement riche en découvertes, à la fois particulièrement rares et de qualité éprouvés, donc. Peut-être est-ce lié à des impulsions mémorielles pour mettre en valeur les artistes classés comme sous l'étiquette entartete, ou bien à l'abondance de l'offre (et au public, un des plus avertis au monde, il n'y a voir comme le moindre étudiant allemand devient konzertmeister dès qu'il atterrit dans un orchestre universitaire français…). En tout cas, de quoi goûter les plus hauts régals.

Il existe sans doute quantité d'opéras et oratorios baroques en langue allemande, donnés dans des salles qui ne sont pas spécialisées dans l'opéra (je n'ai regardé que les maisons d'opéra, quasiment pas les salles de concert symphoniques), ainsi que bien d'autres productions peut-être données en format radio… La liste des réjouissances était en tout cas fournie !

Une grande quantité d'opéras contemporains est écrite en allemand (l'autre langue massivement utilisée étant de plus en plus l'anglais). J'en parlerai dans la notule consacrée précisément aux œuvres (choisies, car nombreuses, et toutes rares par définition, puisque neuves) de compositeurs vivants. Il y a beaucoup à dire là-dessus, et cette liste est assez révélatrice des tendances à l'œuvre. À bientôt !

mardi 14 novembre 2017

Doux don (déçu) des divins Delage de Dame Devieilhe


Retenu par d'autres contraintes, je ne puis me rendre au concert de Sabine Devieilhe et Les Siècles de soir à la Philharmonie de Paris (20h30) : Mélisande, Poèmes Hindous de Delage, Rossignol de Stravinski, et quelques scènes coloratures françaises.

J'offre mes deux places. Pour être lu à temps, écrivez-moi directement par courriel. davidlemarrec chez online point fr

samedi 11 novembre 2017

2017-2018 [n°22→n°27] – futurisme pianistique russe, Kosky, Leonore, Mahler 2, Lauréats du Conservatoire…


Un peu accaparé au travail (car, oui, je…), je n'ai pu achever la notule de la semaine à temps. J'espère y parvenir dans les prochaines dizaines d'heures, mais dans l'attente, puisque j'ai comme d'ordinaire posté un mot dans mes antres habituels, voici quelques réactions aux spectacles vus depuis dimanche dernier.

Concert n°22 → Futurisme russe, le meilleur de la muique universelle pour piano (Alexander Ghindin dans Roslavets, Lourié, Mossolov, Miaskovski)

Concert n°23 → Leonore (version I, sans les coupures) de Beethoven par Jacobs (avec une superbe faute d'orthographe non modifiable)

Concert n°24 → Die Zauberflöte de Mozart par la Komische Oper (mise en scène Barrie Kosky), distribution B/impaire

Concert n°25 → Extroardinaire audition de la classe de direction du CNSM (Coriolan de Beethoven, Haydn 95) par les Lauréats du Conservatoire, le concert symphonique de l'année… (ou sur Twitter)

Concert n°26 → Mahler 2 par le Philhar' de Radio-France et Mikko Franck, avec en prime Dorothea Röschmann. (ou sur Twitter)

Concert n°27 → Mendelssohn, Grieg, Ibert, Stravinski par Thomas Hengelbrock, l'Orchestre de Paris, les Chanteurs d'Oiseaux et de jeunes musiciens et chanteurs du CNSM : Walpurgis, Peer Gynt, Bacchanale, L'Oiseau de feu. (ou sur Twitter)

Il faudra aussi que je parle des étonnantes Sonates pour violon & piano de Vainberg / Weinberg entendues à la Ferme du Buisson de Noisiel la semaine passée (avec Laurent Wagschal), mais d'abord, je vais tâcher de livrer la notule due.

David Le Marrec

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