Carnets sur sol

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vendredi 22 mars 2024

Premier quart de l'année : les 25 nouveautés qu'il faut essayer



Nous arrivons au premier quart de l'année, l'occasion d'un petit point sur les 25 nouveautés les plus marquantes de la période. Pour mémoire, ma première sélection (impossible de tout relever !) figure là, puis vous trouverez un premier filtrage avec les disques que j'ai pu écouter (si jamais vous avez des questions sur tel ou tel, je peux en parler), et ci-dessus voici donc ma sélection 2024. Pas d'équilibre entre les sections, j'ai simplement mis de côté au fil des semaines les disques auxquels j'aurai vraiment besoin de revenir pour mon plaisir dans les prochaines années.

(Pour mémoire, les coups des cœur nouveautés du dernier trimestre 2023 restent disponibles.)



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A. Opéra & scénique

Jacquet de La Guerre – Céphale & Procris – A Nocte Temporis, Mechelen (Château de Versailles Spectacles).
Une tragédie en musique parmi les plus réussies de l'ère post-LULLYste, très intense dramatiquement (avec une fin vraiment sombre), et d'une grande richesse musicale. Je n'ai pas encore écouté le disque, mais il a été enregistré au moment des représentations auxquelles j'assistais, très convaincants, orchestre particulièrement frémissant et coloré, et solistes impressionnants (Cachet, Mauillon !).

¶ album : Haendel – « Finest arias for base voice, vol. 1 » – Purves, Arcangelo, J. Cohen (Hyperion 2012)
Quelques disques n'ont paru en flux que très tardivement, et apparaissent donc comme nouveautés chez les distributeurs. Je n'ai pas inclus celles de Château de Versailles Spectacles (dont j'ai déjà sélectionné plusieurs belles nouveautés), mais j'ai tout de même cité 5 disques dans ma liste (dont 3 Hyperion) plus anciens que 2024, car ils n'étaient jusqu'ici disponibles qu'en support physique et, pour les abonnés des plates-formes de flux, constituent donc une nouvelle parution. Ou, pour deux d'entre eux, étaient présents mais trop confidentiellement annoncés, je ne les ai vus qu'avec retard et trouverais bien triste de ne pas en faire état pour des raisons aussi médiocrement contingentes.
Voix exceptionnelle (aussi bien dans Haendel que dans Verdi !), dans des airs particulièrement savoureux, des sommets de Haendel que j'ai rarement entendus chantés avec autant de virtuosité, de chaleur et d'éloquence !  Le volume 2, paru en 2018, m'a moins intéressé – airs comme interprétation.

Mlle Duval – Les Génies – Il Caravaggio, Delaforge (Château de Versailles Spectacles)
Dans l'esprit du Destin du Nouveau Siècle de Campra, ballet allégorique où le compositeur montre tout son savoir-faire, cet autre opéra-ballet, par l'énigmatique Mademoiselle Duval (dont on sait fort peu de chose), joue de toutes les possibilités musicales offertes par un format peu soumis à l'intrigue. Tout y est délicieux, dans un goût galant qui n'est pas encore tout à fait du Rameau, conserve l'armature hiératique et héroïque de l'écriture post-LULLYste, et culmine dans ces coloratures furieuses de Zoroastre accompagné de chœurs, en plusieurs occasions.

album : « In the Shadows » – Spyres, Les Talens Lyriques, Rousset (Erato-Warner)
Michael Spyres, non content de parcourir le répertoire le plus élargi de sa génération – en tout cas pour les rôles de ténor très exposés vocalement –, et de conserver sa voix en éclatante santé (elle a énormément évolué, mais ne s'est pas du tout abîmée), propose un nouveau récital ambitieux passionnant : parcourir en quelques airs (très marquants), plutôt rares (et certains même très rares, comme ceux d'Agnes von Hohenstaufen ou Hans Heiling), la distance qui sépare la fin du XVIIIe siècle français jusqu'aux débuts de Wagner.
Des airs héroïques, aux sujets bibliques, historiques, fantastiques, des contes aussi… qui montrent l'étendue du répertoire du premier XIXe siècle (italien, français, allemand), mais aussi les points communs dans la pensée récitative et déclamatoire.
Les Talens Lyriques merveilleux d'articulation, de couleurs, ravivent absolument ce répertoire comme ils l'ont fait pour La Vestale ou les Tragédienne II & III avec Véronique Gens.

Mendelssohn – Athalie – Das Neue Orchester, Spering (Capriccio 2010)
Musique de scène déjà particulièrement intéressante en soi, mais servie ici avec la vivacité de geste et de coloris récurrente chez Spering, tout paraît immédiatement plus dramatique, et la musique révèle des qualités insoupçonnées, du grand Mendelssohn qui sommeillait avant qu'on lui rende ses couleurs !

Borgstrøm – Fiskeren / Der Fischer – Opéra d'Oslo, Terje Boye Hansen (Simax)
Publication d'une représentation qui a une dizaine d'années, pour l'autre opéra du grand compositeur Hjalmar Borgstrøm, dont le chef-d'œuvre Thora på Rimol a souvent été évoqué dans ces pages. Der Fischer, un opéra de 1900 toujours dans un style assez parent du Vaisseau fantôme, perd un peu en saveur en utilisant l'allemand (surtout qu'il est chanté ici avec un très fort accent norvégien), mais conserve cette séduction mélodique, cette nervosité du récitatif, cette fluidité entre scènes (que Wagner devait lui-même à Meyerbeer) et cette tension qui ne se dément jamais. Très belle œuvre, très bien chantée.
Attention cependant, Simax, pour une raison inexplicable, n'a pas inclus le livret de l'opéra dans son coffret !  (Achetez donc en priorité Thora qui dispose du livret bokmål traduit – au moins en anglais et en allemand, de mémoire je crois qu'il y avait aussi français.)



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B. Musique sacrée

¶ LULLYTe Deum, Exaudiat te Dominus – Les Épopées, Fuget (Château de Versailles Spectacles)
Quatrième volume du cycle consacré aux grands motets de LULLY par Stéphane Fuget, commencé par les motets funèbres, et qui culmine ici dans les motets de louange. Une série qui permet de réentendre le corpus avec un instrumentarium, un grain, des couleurs assez nouveaux !  La chaleur du résultat est impressionnante – d'autant que les jeunes musiciens qu'il engage après les avoir encadrés au CRR de Paris sont particulièrement aguerris et investis.
Je ne tiens vraiment pas le Te Deum pour le sommet de LULLY, mais force est d'admettre le carctère jubilatoire du résultat dans ce disque !

Desmarest – Te Deum de Lyon – Les Surprises, Bestion de Camboulas (Alpha)
Première mondiale pour ce second Te Deum de Desmarest, animé, et surtout bien pensé pour la déclamation et riche en couleurs harmoniques (les deux points forts du compositeur). On disposait déjà d'un magnifique Te Deum « de Paris » enregistré par Le Concert Spirituel (Glossa), d'un caractère assez différent – et surtout dans des options interprétatives particulièrement distinctes. Couplé avec une belle version du Te Deum le plus célèbre de Charpentier.

Beethoven – Missa Solemnis – Le Concert des Nations, Savall (Alia Vox)
Pour compléter l'intégrale, une Missa Solemnis dans le même goût : mêmes couleurs très chaleureuses, et quasiment la même tension !  Pour un non spécialiste (et un chef d'orchestre occasionnel), l'intelligence des choix de phrasé et des équilibres frappe. Délice que j'ai réécouté à plusieurs reprises – alors même que j'ai dû écouter la plupart des versions du commerce, où il existe beaucoup, beaucoup de très belles propositions.

Franck – Les Béatitudes – Chœur National Hongrois, Philharmonique de Liège, Madaras (Fuga Libera)
Cet enregistrement constitue une petite révélation, animant les tableaux naguère un peu hiértiques de cet oratorio édifiant. On y entend une variété de situations et un drame qui soutiennent l'attention de bout en bout.

Briggs – Motets (album « Hail, gladenning Light ») – Chœur du Trinity College de Cambridge, Stephen Layton (Hyperion)
Briggs est un grand organiste, titulaire à Gloucester, un arrangeur particulièrement inspiré (sa Cinquième Symphonie de Mahler version orgue est d'une vérité assez stupéfiante), mais aussi un compositeur de qualité, dans un langage typique des compositeurs spécialistes des chœurs du Nord de l'Europe : fermement tonal, mais osant de beaux accords enrichis, des frottements expressifs, des progressions à la fois naturelles et sophistiquées. Ce disque en témoigne avec vivacité !  (« Messe pour Notre-Dame », paru en 2010 chez le même label, faisait valoir les mêmes qualités.)



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C. Musique chorale profane

Mendelssohn – Chœurs masculins – SWR Vocalensemble Stuttgart, Bernius (Carus 2023)
L'incroyable intégrale du Mendelssohn choral, entreprise sur plusieurs décennies par Carus avec Bernius, est parachevée ici (il ne doit plus rester beaucoup de choses à graver ?) par ces deux disques de « lieder » choraux profanes – incluant notamment une chanson à boire mettant en scène Diogène !  Ensemble spécialiste du chant a cappella, particulièrement souple et expressif ici, dirigé par celui qui est probablement le meilleur spécialiste de Mendelssohn de tous les temps.



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D. Musique symphonique

Antoine & Max Bohrer – Grande symphonie militaire – Eichhorn, Hülshoff, Philharmonique de Jena (Iéna), Nicolás Pasquet (Naxos)
Première parution discographique des frères Bohrer, et elle est particulièrement marquante !  Fils d'un trompettiste (& contrebassiste !) de la Cour de Mannheim, nés à Munich dans les années 1780 à deux années d'intervalles, ils sont violoniste et violoncelliste. Leur langage évoque l'opéra comique du temps, avec une grammaire qui reste marquée par le classicisme, mais aussi une versatilité émotive un peu mélancolique, caractéristique du premier romantisme – on pense à Rossini, Hérold et surtout, me concernant, à Pierre Rode !  Ce n'est pas absurde, Rodolphe Kreutzer fut le professeur de violon d'Antoine à Paris.
La symphonie (« militaire » surtout par sa caisse claire liminaire et son ton décidé) est co-écrite par les frères (bien que l'interaction des instruments reste très largement de jouer en homorythmie à la tierce ou à la sixte !), tandis que chacun a écrit le concerto pour son instrument fourni en couplage (très beaux, mais moins prégnants à mon sens).
Sur instruments modernes, mais le Philharmonique d'Iéna a déjà enregistré avec les mêmes Eichhorn et Pasquet les concertos de Pierre Rode avec beaucoup de présence, le résultat est très probant !  Quant à Eichhorn, toujours aussi exceptionnellement sûr, généreux et éloquent, je le trouve vraiment extraordinaire.

Stanford – Verdun – Ulster Orchestra, Shelley (Hyperion 2019)
Je n'ai en réalité pas été passionné également par tout le disque (qui documente cependant un Stanford moins lisse que la majorité de son corpus), mais particulièrement frappé par Verdun, une orchestration de sa Sonate pour orgue n°2. La façon dont la Marseillaise est sans cesse retravaillée et sourd çà et là, sans fanfariser, m'a beaucoup séduit – un sens épique plein de dignité, qui ne cède rien au clinquant.

Sibelius – Symphonie n°4 – Symphonique de Göteborg, Rouvali (Alpha)
Absolument saisi par le grain, l'animation sonore, la tension sourde et continue dans cette symphonie que j'ai souvent entendue étale et morne. Ici, malgré ses longs développements lents, l'œuvre déborde de vie et relâche jamais son emprise. Séduit-saisi.

Adam Pounds – Symphonie n°3 – Sinfonia of London, John Wilson (Chandos)
John Wilson poursuit son incroyable série d'explorations, dans des couleurs variées et des prises de son très flatteuses. (Les volumes Bennett sont à connaître absolument.)
Cette Symphonie n°3 vaut surtout pour son mouvement lent, une « Élégie » en hommage à Anton Bruckner, et qui, dans son langage propre de britannique du XXe siècle (la symphonie date de 2001 mais le style est plutôt celui de la première moitié du XXe), réussit très bien à retrouver le sens de l'instant long, de la plénitude et du contraste qui font le prix des adagios du modèle autrichien.
Le reste des couplages me passionne moins : beau Divertimento de Lennox Berkeley et Le Tombeau de Couperin de Ravel.



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E. Musique de chambre

Donizetti – Quatuors 15,17,18 – Quartetto Delfico (Brilliant Classics 2023)
Donizetti, le maître des ritournelles plates, le paresseux de l'harmonie, l'ignare de l'orchestration… était en réalité un compositeur très doté. Ses meilleurs opéras en témoignent (L'Elisir d'amore pour la versatilité sonore, Maria Padilla pour le sens du geste dramatique, mais aussi Il Diluvio universale…), tandis que ses quatuors attestent d'une réelle technicité de l'écriture, qui ne sacrifie pas à la mélodie facile et ne néglige ni la progression du discours, ni le contrepoint.
Ceux présents sur ce disque, parmi les meilleurs, notamment les 17 & 18 (j'aime beaucoup aussi les 4,5,8 et 14)

Melcer-Szczawiński, Różycki, Stolpe, Górecki – Trios piano-cordes – Apeiron Trio (DUX 2023)
(notule d'origine)
Lourdement handicapé auprès de la postérité par un patronyme composé peu exportable, Melcer-Szczawiński (1869-1928) est quelquefois (et notamment pour ce disque) nommé plus simplement Melcer (à prononcer « Mèltsèr »). Pourtant, il dispose d'atouts proprement musicaux exceptionnels.
Formé aux mathématiques et à la musique à Varsovie puis à Vienne, il devient concertiste, comme pianiste accompagnateur et soliste, tout en remportant pour ses compositions le premier prix lors de la deuxième édition du Concours Anton Rubinstein (1895).
Je suis avant tout frappé par la générosité de ses inventions mélodiques. Ce Trio, que je n'entendais pas pour la première fois, développe quelque chose dans le goût la phrase slave infinie, comme une chanson d'opéra inspirée du folklore, mais dont la mélodie s'étendrait sur un mouvement entier. L'évidence, l'élan, mais aussi la cohérence thématique sont immédiatement persuasifs, et le rendent accessible à tous les amateurs de romantisme tardif, même sans connaissance des normes en matière de structure – sans lesquelles il est plus difficile d'apprécier d'autres figures comme Brahms, mettons. J'ai vraiment pensé très fortement au Premier Trio et au Second Quatuor d'Anton Arenski.
Je ne dois la trouvaille de ce disque du Trio Apeiron qu'à mon exploration systématique du catalogue de certains éditeurs, comme CPO ou, en l'occurrence, DUX, parmi les labels les plus stimulants en termes de découverte de répertoire (de qualité). Nouveauté relative, puisqu'elle date déjà de janvier 2023, mais ne me blâmez pas si l'on ne met pas en tête de gondole les merveilles les plus essentielles – d'autant qu'à part la version chez Arte Préalable en 2020, je n'ai pas vu, à ce jour, d'autre disque intégral pour ce trio, que j'ai simplement connu par son Andante dans la collection « Moniuszko Competition » chez le même éditeur DUX.
Le reste du disque n'est pas beaucoup moins intéressant, incluant une Rhapsodie en trio de Ludomir Różycki (autre figure polonaise capitale, davantage tournée vers la modernité, quelque part entre Melcer et Szymanowski), une très lyrique Romance en duo (violon-violoncelle) d'Antoni Stolpe, et 6 Bagatelles de Mikołaj Górecki (le fils de Henryk) pleines de simplicité.
Un petit tour d'horizon d'œuvres polonaises remarquables, qui élargissent le répertoire du trio, dans une exécution à la fois maîtrisée et intense.

Coleridge-Taylor – Quintettes avec clarinette & avec piano – Nash Ensemble (Hyperion 2007)
Hors pièces éparses, j'ai découvert Coleridge-Taylor tout récemment, avec ses chœurs a cappella par le chœur du King's College, publiés en fin d'année dernière chez Delphian. Et ma découverte me ravit de corpus en corpus, à commencer par la musique de chambre – ses Danses africaines pour violon et piano sont très singulières, ni très romantiques, ni très folklorisantes, dans une invention assez libre et véritablement ailleurs.
Parmi ces découvertes, le Quintette pour clarinette et cordes est en bonne place ; il en existe de multiples versions au disque et sa chaleur, la simplicité de son expression mêlée à une belle construction formelle m'ont tout à fait ravi. Interprétation par ailleurs très belle par le Nash Ensemble, désormais sur les sites de flux grâce à la nouvelle politique d'Hyperion.

Jeanne Leleu – Quatuor piano-cordes, cycle Michel-Ange, etc. – A. Pascal, Hennino, H. Luzzati, Oneto-Bensaïd (La Boîte à Pépites)
Compositrice encore moins documentée, s'il est possible, que les précédentes publications du label (Sohy, Strohl). Le Quatuor piano-cordes manifeste une véritable immédiateté des motifs dans un langage qui reste dans un esprit français marqué par Debussy, élégant, épuré, recherché, mais jamais élusif. Beaucoup de séduction à tous les étages ici, et des interprètes particulièrement chaleureux.
(Les mélodies sont intéressantes mais la diction opaque et le timbre peu varié de Marie-Laure Garnier ne permettent pas d'en prendre toute la mesure ; il est à espérer que ces œuvres puissent vivre désormais, dans des interprétations variées répondant à tous les goûts !)



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F. Mélodies

¶ album « Contes mystiques » : mélodies de Paladilhe, Malibran, Viardot, Holmès, Massenet, Fauré, Lecocq, Widor, Dubois, Diet, Lenepveu, Bonis, Saint-Saëns, Ropartz, Hahn, Poulenc, Maréchal – Enguerrand de Hys, Paul Beynet (Rocamadour)
Un récital parmi les plus intelligents qu'on puisse trouver : parmi toute une époque de la musique française, une collection de prières ou de scènes édifiantes, servies par une collection de grands compositeurs. Le résultat est, forcément, un peu homogène, mais offre un camaïeu de sentiments mystiques qui ressemble à un acte de recherche, illustrant la sensibilité de chacune de ces figures tutélaires.
(Et évidemment chanté au cordeau.)

Beydts – D'Ombre et de soleil, Six Ballades françaises, Le Cœur inutile, Quatre Odelettes, Cinq Humoresques, Chansons pour les oiseaux… – Cyrille Dubois, Tristan Raës (Aparté)
Bonheur d'entendre D'Ombre et de soleil, déchiffré avec plaisir (et étonnement, Beydts étant surtout connu comme compositeur d'opérettes, certes raffinées…) il y a plus de dix ans, renaître ainsi. Et tout le corpus se révèle à la hauteur : ce sont des mélodies très travaillées musicalement, sans mettre le texte au second plan ni se contenter de support à des poèmes ou de jolies mélodies… de véritables œuvres d'art total, finement calibrées, dans un langage qui doit à Fauré mais qui semble aussi regarder vers Schmitt.
Et la bonne surprise est que Cyrille Dubois, que je trouve d'ordinaire très opératique dans le lied (tout est chanté à pleine voix, sans beaucoup de variété de textures et de coloris, comme son intégrale Fauré qui m'a très peu touché), parvient ici à une intimité et une tendresse tout à fait adéquate, tout en conservant son verbe clair et sa voix insolente. Grand disque de mélodie !



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G. Piano solo

Mendelssohn – Intégrale du piano solo – Howard Shelley (Hyperion)
Même si le piano n'est pas le médium où Mendelssohn a le plus fort exprimé sa puissance créatrice, cette somme est l'occasion d'en découvrir d'innombrables facettes (129 pistes, 5h30 de musique !) dans les meilleurs conditions possibles grâce à l'élégance et l'aisance de Howard Shelley, tête de pont du label Hyperion, admiré à juste titre pour la vastitude de son répertoire et la justesse de ses interprétations.
J'ai pu entendre probablement pour la première fois quelques pièces remarquables qui étaient passées sous mon radar (Reiterlied, certains Préludes…), réévaluer jusqu'à certaines Romances sans paroles, et dans des interprétations qui ne réclament pas d'aller ensuite voir ailleurs !  Proposition salutaire.

Schmidt (arr. Kolly) – Chaconne (arr.), Toccata, Romance, Prélude de Choral, Variations & Fugue sur un thème original (arr.) – Karl-Andreas Kolly (Capriccio)
Un rare album de Franz Schmidt pour piano solo, avec en particulier deux pièces orchestrales arrangées par le pianiste. Profiter avec de la Chaconne en ut dièse mineur avec ce luxe de détail, c'est un rare bonheur, se plonger dans les méandres de cette musique sans être tributaire des équilibres d'orchestration, d'interprétation, de prise de son !



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H. Arrangements 

¶ album « Venice » : arrangements de Monteverdi, Strozzi, Dowland, Sartorio, Bach, Vivaldi, Fauré, Britten, Rota, Kurtág, Silvestrov, Eno, Escaich, Kobekin, Shaw… – Anastasia Kobekina, Kammerorchester Basel (Sony)
J'avais déjà beaucoup aimé le disque concept français de Kobekina, « Ellipses » – mais en deux ans, elle est passée de Mirare à Sony !  Ici à nouveau, indépendamment même des qualités exceptionnelles de l'interprète, le programme se révèle particulièrement riche et surprenant, quantité de transcriptions d'œuvres vocales au milieu de quelques concertos et de pas mal de nos contemporains de toutes obédiences, avec beaucoup de variété et de goût.

Chopin (via Sabina Meck, Piot Moss, Leszek Kołodziejski) – « Chopin Project » – Polish Cello Quartet (NFM)
Petite merveille inattendue : des arrangements de Chopin pour quatuor de violoncelles. Ce serait, a priori, une très mauvaise idée – ajouter les pleurnicheries du violoncelle, dans une zone très concentrée du spectre, aux interprétations déjà dégoulinantes de Chopin…
C'est tout l'inverse qui se produit. (notule d'origine)
1) Le choix des pièces est particulièrement intelligent : il inclut évidemment des tubes (Préludes n°4 et n°15, Nocturne opus posthume en ut dièse mineur, Nocturne Op.9 n°2, Valse op.18, Valse-Minute, Valse Op.64 n°2…), mais aussi des œuvres beaucoup moins courues comme le Nocturne en sol dièse mineur (le n°12) et trois Mazurkas – pas les plus célèbres d'ailleurs, mais toutes parmi les plus belles à mon sens. L'occasion de se faire plaisir de façons très différentes, qui ménage à la fois le plaisir de la transformation de la chose connue et des (semi-)redécouvertes.
2) L'arrangement ne sonne pas du tout comme les horribles ensembles de violoncelles (plus larges, il est vrai, octuor souvent) qui s'entassent sur la même zone du spectre… on croirait entendre un véritable quatuor à cordes, d'autant que les interprètes ont une technique et un son merveilleux – l'impression d'entendre une contrebasse dans le grave, un alto dans le médium, un violon dans l'aigu… Si bien que le résultat est particulièrement équilibré et homogène. Les siècles d'expérience dans l'écriture pour quatuor à cordes ont clairement été mises à profit, et nous jouissons d'un festival de contrechants et pizz bien pensés. Les arrangeurs (Sabina Meck, Piot Moss, Leszek Kołodziejski) ont fourni des reformulations très abouties des œuvres originales.
3) Les interprètes sont formidables, on se repaît des couleurs sombres et chaleureuses, des touches de lumière, de la précision immaculée.
4) Surtout, ce disque procure une rare occasion de réentendre Chopin comme compositeur et non comme compositeur-pianiste. Non pas que personne ait jamais pu considérer que Chopin n'était qu'un pianiste, mais l'œuvre qu'il laisse est tellement liée au piano qu'on s'est habitué à entendre des tics pianistiques, des traits (écrits, bien sûr), et que l'instrument ou les modes pianistiques font quelquefois écran à la musique telle qu'elle est écrite. On peut alors, grâce à cette nouvelle proposition, s'abstraire des contingences pour en goûter la substance pure, réinvestie dans d'autres truchements – qui ont aussi leurs contraintes propres, évidemment. Et je dois dire qu'entendre Chopin sans les aspects percussifs du piano, un Chopin caressant, un Chopin plus harmonique (et polyphonique !) que jamais… m'a absolument ravi. Car il est sans conteste, aux côtés de Berlioz (pour l'orchestration) et de Meyerbeer (pour la pensée formelle) le musicien le plus novateur des années 1830 ; personne n'est aussi avancé que lui sur les questions harmoniques. Le libérer du seul piano lui rend d'autant mieux justice.

Bruckner (arr. Hermann Behn) – Symphonie n°7, version pour deux pianos – Julius Zeman, Shun Oi (Ars Produktion)
Absolument enchanté de cette proposition, où les pianos scintillent. Tandis que l'Adagio fonctionne très bien au piano seul (c'est même une œuvre officielle du piano de Bruckner), les mouvements vifs, et en particulier le premier, permettent d'atteindre une qualité vibratoire toute particulière qui rend bien justice à l'œuvre – d'autant plus aidés par les très beaux timbres de ces deux solistes.



Je n'ai pas, par ailleurs, de fétiche particulier de la nouveauté – écouter par thématique est plus stimulant ! – mais cette veille me permet de ne pas laisser passer des enregistrements que j'attendais depuis des temps immémoriaux (Fiskeren, je l'espère depuis 2004 !) ou, plus encore, des compositeurs dont je ne connais même pas le nom. Avec le système de recherche tel qu'il existe sur le web, autant on peut trouver presque tout ce que l'on cherche, autant il est impossible d'accéder à ce dont l'on n'a pas idée de l'existence !  Il n'existe pas de moteur de recherche répondant à « chouettes compositeurs du XVIIe siècle que je ne connais pas ». Il faudrait aller chercher dans des listes puis entrer les noms un à un dans les sites de flux, ce qui serait particulièrement fastidieux – et supposerait que les bases de données concordent, ce qui n'est pas toujours le cas (on exhume parfois des compositeurs sur lesquels il n'y a quasiment pas de documentation aisément accessible).

Je ferai sans doute à un moment le bilan sur mes découvertes discographiques personnelles de ces derniers mois, hors actualité. En attendant, je continue la recension sur les playlists de mon compte Spotify, que vous pouvez librement consulter (et sans doute écouter par fragments ?) avec ou sans abonnement. Vous y trouverez quantité de playlists thématiques attachées à des notules, à des podcasts ou à des genres musicaux, mais aussi la compilation de mes dernières écoutes et de mes derniers coups de cœur (hors nouveautés, donc), et même, lorsque je les remets sur la platine, quelques-uns de mes disques doudous.

dimanche 12 novembre 2023

Le Sturm und Drang musical (& Haydn 39)

dusapin macbeth

Après avoir énormément aimé le volume n°3 de la série « Sturm und Drang » des Mozartists qui vient de sortir (une scène dramatique d'Annibale in Torino de Paisiello, une symphonie de Koželuch très animée, et une page totalement éperdue de l'Alceste en allemand d'Anton Schweitzer !), j'avais été au contraire peu passionné par le n°1 (moins d'œuvres rares, et nettement moins singulières).

Et voilà que je me régale avec le volume n°2 !  Grâce à l'une des meilleures symphonies de Vaňhal, d'abord – celle en ré mineur Bryan D1 –, complètement trépidante et servie par une interprétation nerveuse, mais aussi, plus inattendu, la Symphonie n°39 de Haydn, dont je n'avais aucun souvenir. On imaginerait difficilement meilleur exemple du Sturm und Drang, avec ses sautes d'humeur très marquées et dramatiques, sans pour autant se départir du style et de la forme classique. Car le Sturm und Drang n'est pas du romantisme, c'est plutôt un mouvement lié à la sentimentalité prisée par le XVIIIe siècle, qui met certes l'émotion – y compris négative et/ou paroxystique – au centre de son esthétique, mais du reste avec les codes et les aspirations propres au classicisme, et non en rupture vers des formes nouvelles comme le fait le romantisme. On pourrait presque dire qu'il s'agit d'une couleur, d'un registre (un peu à la manière des auteurs de nouvelles du XIXe siècle qui pouvaient produire des récits tantôt réalistes, tantôt fantastiques ?).



Je trouve que le mouvement, essentiellement présent en littérature et en allemand, n'est pas toujours intuitif à identifier en musique, dans la mesure où celle-ci est toujours en retard par rapport aux innovations littéraires, et surtout qu'à l'oreille, on entend bien qu'il s'agit du classicisme, avec un goût pour les contrastes qui n'est pas incompatible avec ce style. De même que les opéras à sauvetage et autres sujets sentimentaux d'opéra comique ne relèvent pas du romantisme, le Sturm und Drang a son esthétique propre, et ne ressemble pas du tout au dynamitage beethovenien !

Je trouve que cette formidable Symphonie n°39, en plus d'être l'une des plus inspirées du maître, accentue un peu plus fort ces traits et permet de mieux sentir le rapport entre forme classique conservée et alternance d'affects spectaculaire.

(Dans la playlist, je vous ai inclus deux version particulièrement différentes : Ádám Fischer exalte vraiment les silences, les ruptures et les couleurs, et en fin de liste, Ian Page – avec The Mozartists – qui trouve des affects très contemporains dans sa gestion des mélodies.)

lundi 6 novembre 2023

Les nouveautés précieuses de l'automne 2023


Parmi les brassées de nouveautés de ces dernières semaines, et le nombre important de celles que j'ai écoutées, quelques pépites que je vous recommande tout particulièrement – que ma consommation déraisonnable soit au moins utile.

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J'évite autant que possible de prendre du temps de notule pour des remarques un peu éphémères, mais cela vous évitera de rater l'essentiel !

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1. Disques incontournables : les œuvres

Violon solo de Matteis père, Pisendel, Guillemain (avec des paraphrases de la Passacaille d'Armide de LULLY et de la Sicilienne de Pirame & Thisbé de Francœur & Rebel !), Vilsmayr et Biber par Isabelle Faust. Des bijoux, et toujours interprétés avec cette probité musicologique et cette intelligence artistique.

Deux opéras comiques de Duni : Le Peintre amoureux de son modèle et surtout Les deux Chasseurs et la Laitière par les meilleurs spécialistes du genre (Orkester Nord / Martin Wåhlberg). J'ai évoqué le sous-texte leste du second dans cette notule. La musique en est de plus fort plaisante ; tandis que le Peintre me paraît beaucoup plus conventionnel et conforme à ce que je connaissais jusqu'ici de Duni, sans saillances particulières du livret ni de la musique. On a le plaisir d'y retrouver quelques voix idéales pour ce répertoire – Pauline Texier et Jean-Gabriel Saint-Martin, en particulier.

« Sturm und Drang, volume 3 », par The Mozartists. Du Mozart (Adagio & Fugue) et du Haydn (Symphonie n°44 « Funèbre »), mais surtout une scène dramatique d'Annibale in Torino de Paisiello, une trépidante symphonie de Koželuch, et une page totalement éperdue de l'Alceste (en allemand) d'Anton Schweitzer !  Une très belle découverte, je n'avais pas vu passer les précédents volumes chez Signum !

Troisième volume de la série consacrée aux ténors historiques de la tragédie en musique par A Nocte Temporis ; ici Joseph Legros à la fin du XVIIIe siècle : La Borde, Gluck, Piccinni, (Johann Christian) Bach, Grétry, Legros lui-même, Berton, Trial… !  Passionnant parcours dans lequel Reinoud Van Mechelen (dont la voix assez couverte n'incarne pas a priori l'idéal d'époque) se coule avec beaucoup de talent.

Les Quatuors pour harpe et cordes d'Eugène Godecharle, compositeur belge de la seconde moitié du XVIIIe siècle, révélés par le groupe Société Lunaire : des œuvres pleines d'esprit, dont la variété et l'intérêt sans cesse soutenu m'ont impressionné. À mettre au côté des Quatuors avec hautbois de Gassmann ou des duos de violons de Lombardini-Sirmen.

La Messe à double chœur de Rheinberger, un chef-d'œuvre rarement donné, voluptueusement enregistré par PentaTone, et servi par l'inhabituelle texture mate du toujours excellent Chœur de la Radio des Pays-Bas, jamais épais ni désagréablement tendu. Couplage avec de très beaux motets de Mendelssohn.

The Nutcracker and the Mouse King, un pot-pourri Tchaïkovski pour servir une nouvelle version de Casse-Noisette, non pas en ballet, mais pour accompagner le récit inspiré cette fois non de Dumas mais de Hoffmann !  Œuvres sélectionnées par John Mauceri (à partir d'œuvres moins célèbres : Hamlet, The Tempest, Snegourotchka, etc.), en créant des leitmotive, en choisissant les meilleures parties récitatives et dramatiques… ça paraît du bidouillage sur le principe, mais c'est totalement réussi !  Très belle narration aussi par Alan Cumming.

Les œuvres pour violon & piano de Mel Bonis (par Sandrine Cantoreggi & Sheila Arnold), dévoilant une part assez ambitieuse de son legs, du calibre de sa Sonate pour violoncelle et piano.

Coup de foudre pour deux albums Reger, une anthologie Warner (apparemment version abrégée d'une précédente anthologie) qui permet un panorama très complet dans de très belles interprétations, et révèle un Reger bien plus divers et coloré qu'on n'en a l'image.

Et en nouveauté, trois lieder orchestraux qui révèlent un Reger romantique, mais pas postromantique épais comme ses poèmes symphoniques, vraiment un Reger qui verse l'expression à grands flots, à la frontière du décadentisme. Parmi ses toutes plus belles œuvres, et d'un style que je ne lui connaissais pas. De surcroît, articulé avec netteté sur instruments anciens avec Spering, et énoncés par deux excellents spécialistes, Anke Vondung et Tobias Berndt.

Les chants a cappella de Samuel Coleridge-Taylor, un idéal d'élégance évocatrice dans ce répertoire, par l'excellent Chœur du King's College de Londres.

Pour la suite de la série consacrée au Brésilien Claudio Santoro chez Naxos, la Symphonie n°8 est couplée avec le Concerto pour violoncelle. J'y entends beaucoup l'influence de la musique soviétique, et ce n'est pas nécessairement le meilleur volume de la série, mais il y a… les dix minutes des Interactions Asymptotiques, et là l'inventivité et la chaleur des timbres et des strates me ravit absolument, un bijou à chérir.

Quatuors à cordes de compositeurs japonais
: Yashiro, Nishimura, Miyoshi, et les deux « tubes », les Landscape de Takemitsu et Hosokawa – plutôt les pièces les moins abouties et adaptées à la formation. Coup de cœur en particulier pour les Pulses of Light de Nishimura, de l'atonalité très dynamique et conforme à son projet d'évocation !



2. Disques incontournables : les interprétations

Le Requiem de Campra particulièrement frémissant dans cette nouvelle version du Concert d'Astrée (à mon sens la meilleure version discographique à ce jour).

Un Haendel qui est un tube (Dixit Dominus), mais ici exécuté avec mordant (Chœur de la Radio Flamande, Il Giardellino), incroyablement animé.

Encore une version de Scylla & Glaucus de Leclair (la quatrième, et la troisième en moins de 10 ans…), par Vashegyi, et il faut admettre que c'est une proposition tout à fait électrisante, l'Orfeo Orchestra est animé et coloré comme il ne l'avait pas été depuis longtemps, le plateau rayonne (Wanroij, Gens, Dubois qui sont dans un très bon jour, tous très en voix et très en mots). Et l'œuvre, évidemment, très séduisante instrumentalement dans ses nombreux divertissements, et particulièrement saisissante dans l'invocation infernale de l'acte IV et le final rageur de l'acte V. Je ne suis pas partisan de dépenser des subventions et du mécénat pour réenregistrer une œuvre dont on disposait déjà de trois autres excellentes versions, mais quitte à le faire, faites-le avec ce niveau de finition !

Petits ensembles de Mozart avec vents solos par l'électrisant Ensemble MidtVest (leur intégrale Gade est fabuleuse).

Quatuor à cordes n°10
de Beethoven par le Chiaroscuro SQ, d'une intensité rarement entendue, et dont les coloris font honneur au nom de baptême !  Peut-être la plus belle version de ce quatuor que j'aie pu écouter. Le n°13 en couplage (sans la Grande Fugue) est moins singulier et moins superlatif, quoique excellent bien sûr.

Des Impromptus de Schubert épurés, droits et finalement vraiment neufs par Ronald Brautigam (sur pianoforte). Suprême élégance sur les pianofortés cristallins de l'époque de Schubert ; les limites techniques des instruments (par rapport aux Graf des années 1820, comme ceux utilisés par Peter Serkin pour les dernières sonates de Beethoven, parfaitement fonctionnels) permettent très peu d'amplitude dynamique, et donnent l'impression que tout est joué assez fort, mais Brautigam ménage un élan et des phrasés magnifiques, qui renouvellent vraiment l’écoute… (Autre suggestions sur piano d'époque, mais plus ancienne, Dähler, grand coloriste, poète, rhéteur…)

Suite de l'intégrale des Symphonies pour cordes de Mendelssohn, très vive et affûtée (Dogma Chamber Orchestra dirigé par Gurewitsch chez Gold MDG) : le meilleur des deux mondes (tradi / informé). Tempi vifs, attaques tranchantes, plénitude du sostenuto des cordes, ces œuvres de prime jeunesse paraîtraient issues de la meilleure maturité d'un grand compositeur.

Réédition
des Debussy à quatre mains de J.-Ph. Collard et Béroff, lectures claires et ciselées, avec en prime des arrangements orchestraux pour quatre mains (Symphonie en si) ou deux pianos (le Faune, les formidables deux premiers numéros des Nocturnes…).

Feu et couleurs que je trouvais remarquables dans la Phantasie pour trio de Bridge (qui ne m'avait jamais paru aussi passionnant), et feu d'artifice hallucinant dans le pourtant très couru Premier Trio de Mendelssohn !  C'est à tel point que je ne suis pas sûr qu'on ait entendu mieux au disque. Trio Laetitia, avec Deljavan au piano – chez Artalinna.



3. Pépites isolées

Certaines pistes, indépendamment de la sélection ci-dessus, font dresser l'oreille et fascinent durablement.

Je pense par exemple au Thésée de LULLY par les Talens Lyriques (œuvre inégale, mais qui comporte quelques très hauts sommets, tout son acte I en particulier, et le premier enregistrement officiel de qualité qu'on en ait – « ô Minerve savante » assez extraordinaire), à l'arrangement des Variations Goldberg pour violon concertant imaginée par Chad Kelly (interprétation Rachel Podger), aux délicieuses Sonates pour violon & clavecin de Johann Ernst Bach (dont c'était l'anniversaire en 2022), à la transcription du début du III de Siegfried pour piano solo par Juliette Journaux (disque Wanderer chez Alpha, il nous faut davantage de transcriptions de ce calibre !), à l'Ouverture Ein feste Burg de Raff (sa première œuvre orchestrale à me convaincre, il s'y passe beaucoup plus qu'à l'accoutumée) par le Philharmonique de Slovaquie, au Quatuor à cordes Op.11 de Nicolaï Tchénépnine par le Quatuor Michelangelo, ou encore Aux Étoiles, le recueil d'ouvertures françaises fin XIXe publié par le National de Lyon chez Bru Zane (Guiraud, Bonis, Bruneau, Holmès, Sohy, Joncières, Rabaud, et quelques versions extrêmement réussies des tubes de Franck, Duparc, Chabrier, Chausson, Dukas et d'Indy).

On a aussi quelques documents importants qu'il fallait absolument publier, mais qui ne m'ont pas forcément intéressé autant qu'espéré, comme Das Lied von der Glocke d'Andreas Romberg à Duisbourg (important de l'entendre, mais il existait déjà un enregistrement, le chœur est amateur et surtout le compositeur n'a clairement pas le génie de son cousin Bernhard), Ariane de Massenet (il faudra que je réécoute, j'en ai retiré peu d'impressions), et autres belles choses comme La Princesse de Trébizonde d'Offenbach, belle œuvre et belle réussite de l'équipe, mais qui ne me paraît pas aussi incontournable que d'autres disques, puisqu'il s'agit ici d'opérer une sélection…



4. Le goût du sang

Parce que je sais que si vous venez lire une telle notule, c'est moins pour être informés que pour vous repaître de remarques assassines – voici quelques déceptions.

À la vérité, comme je choisis les disques qui m'intéressent, je n'ai pas croisé d'immense ratage, de proposition totalement inintéressante, d'œuvres nulles, d'immondices, ou pis, de Philip Glass.

Néanmoins, quelques propositions n'étaient pas tout à fait à la hauteur des attentes.

Difficile pour les ensembles et chanteurs non spécialistes du répertoire français de réussir à bien l'interpréter, et le nouvel Acis & Galatée de LULLY par l'excellent Sardelli connaît quelques raideurs et monochromies en conséquence – difficile de passer juste après la publication extraordinaire des Talens Lyriques cette même année ; j'y remarque surtout Jean-François Lombard, chanteur exceptionnel qu'on entend trop peu à l'opéra, et dont la technique très singulière (voix mixte, mais avec une forte proportion d'émission de tête) sonne un peu étrangement au disque et en contexte dramatique, il est vrai.

Toujours pas très convaincu par la voix très couverte de Lea Desandre, qui ne correspond (malgré toute sa science du style) pas bien au cahier des charges de l'air de cour (évidemment une nouvelle pour Le doux silence de nos bois est toujours une bénédiction, surtout aussi bien accompagnée).

Vraie déception pour la Belle Meunière de Samuel Hasselhorn, que je suis et admire depuis ses études au Conservatoire. Il a fait évoluer sa technique vers un aspect plus barytonnant… et cela lui permet peut-être davantage de stabilité dans les œuvres avec orchestre, mais éteint aussi la singularité qui faisait son charme. J'en parle plus en détail dans cette notule.

Douloureuse surprise, le disque du Gewandhauschor n'est pas vraiment un arrangement pour chœur (ce qui m'aurait passionné), mais une version du Winterreise pour soliste et accompagnement d'accordéon parfois renforcé de chœurs (qui sonnent assez kitsch, façon chœurs en « hou-hou » de la Fiancée de Cadix). De surcroît le chœur, audiblement amateur, n'est pas le meilleur d'Allemagne… Restent la belle diction de Tobias Berndt et quelques réussites comme « Das Wirtshaus », qui semble vraiment sur le papier le lied le plus conforme à une écriture chorale. Et ici, pas d'accordéon, chœur d'hommes, c'est très beau.

Barbara Hendricks (je fais partie de ceux qui l'ont beaucoup aimée, y compris dans ses emplois les moins attendus comme la mélodie et le lied) a toujours de la voix (bientôt 75 ans !), même si le centre de gravité s'est fortement abaissé. En revanche, manifestement pas de répétiteur de français pour ces cantates et mélodies orchestrales de Berlioz… ça pique, et ça manque de direction, c'est bien dommage. (Alors qu'elle a proposé des enregistrements magnifiques en français, sa Leïla des Pêcheurs de perles avec Plasson par exemple.)

Nouvelle version du Trio de Chausson par le Trio Metral mais… si j'aime assez le piano, je suis frustré par le son des cordes, très « international ». Ce sont de grands musiciens, mais je n'aime pas ce son ample, patiné, homogène pour le répertoire français, où je me sens plus à l'aise avec des attaques franches et un timbre un peu plus acide (du type Stéphanie Moraly, Philippe Koch, Saskia Lethiec, Émeline Concé, Aitor Hevia, Anne Robert…). C'est un peu comme pour l'orgue, j'écouterais très volontiers tout le répertoire avec ce son à la française. Mais au moins pour le répertoire français fin-de-siècle, déjà écrit de façon nébuleuse, j'ai besoin de franchise dans les articulations. Ce n'est donc même pas un jugement sur l'interprétation proprement dite, j'ai vraiment eu peine à entrer dans la proposition pour des affaires de goût – et autant pour la voix je peux argumenter qu'il y a des problèmes de projection, que ce n'est pas efficace pour la diction, autant ici, pas de problème, Nathan Mierdl sait jouer du violon, très clairement…

Deuxième Symphonie de Mahler par Rouvali avec le Philharmonia. Écouté sans doute un peu distraitement, mais dans cette (tout à fait bonne) version, je n'ai pas retrouvé la singularité de ses Sibelius (où les ponts semblaient devenir les thèmes et les thèmes devenir des transitions), et au sein de cette discographie d'une quantité excessive, cela rend évidemment la proposition moins essentielle.

Les Concertos de Jan Novák, pas très saillants… mais je pensais écouter Vítězslav Novák, le grand postromantique tchèque très inspiré, né en 1870, pas ce jeunot né en 1921 !  Je le découvre à l'occasion, mais je l'ai méjugé à l'aune de l'autre. (On voit surtout Novák en gros sur la pochette, ce qui est trompeur. Imaginez qu'on fasse pareil pour Johann Ernst Bach ou Isidore Stravinski !)

La Symphonie « Bretagne » de Didier Squiban, très agréable, mais un peu lisse et consonante sur la durée.

Pas de mauvais disque à signaler, donc. Et quantité d'autres bons disques qui m'ont moins intéressé.



Vous pouvez retrouver ma sélection dans cette playlist, et encore davantage de sélections thématiques sur mon profil Spotify. À bientôt pour de nouvelles découvertes !

lundi 4 septembre 2023

L'agenda de la rentrée 2023


Comme c'est la tradition, en septembre CSS propose un agenda assez vaste de l'offre francilienne – toujours accessible en haut à gauche de toutes les pages du site. Cette année, je me suis vraiment concentré sur le mois de septembre, en relevant les propositions de plus de 100 salles / institutions / ensembles / artistes. Beaucoup de choses très originales, c'est pourquoi je fais un tout petit peu d'éditorialisation pour cette fois.

La tâche étant colossale à moi seul, j'ouvre, pour les mois suivants, le fichier à d'autres contributeurs – je serai ravi de vous inclure si vous m'envoyez un petit message. De manière à pouvoir couvrir le maximum de salles et de dates.



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1. Opéra

Ce n'est pas encore le moment de l'offre pléthorique, uniquement des choses déjà données : Les Boréades de Rameau (TCE) et La Fille de Madame Angot de Lecocq (Favart) dans des distributions similaires à celles déjà entendues, reprise de l'excellent Don Giovanni de Guth une quinzaine d'années après sa création à Salzbourg (que restera-t-il de la direction d'acteurs ?), et début octobre Ariodante de Haendel en version … pas de découvertes majeures en ce début de saison.

Un pas de côté est cependant possible avec le week-end Japon de la Philharmonie : du et du kyōgen (variante supposée comique, mais ce sont en réalité plutôt des œuvres assez lentes, hiératiques et sérieuses, simplement elles évoquent plutôt la vie quotidienne, l'accueil du mari chez sa belle-famille par exemple) du 23 au 26 septembre !



2. Ballet

C'est la reprise du mythique The Season's Canon de Pyte (sur l'arrangement de Max Richter des 4 Saisons), c'est de la musique enregistrée mais il paraît que c'est le ballet qui magnifie le mieux les danseurs de l'Opéra. J'attendais depuis longtemps l'occasion de le voir après en avoir entendu tant de bien unanime – et je serai donc probablement un peu déçu vu les superlatifs entendus au préalable.



3. Symphonique

Berlin, Boston, Tel-Aviv, Vienne, Milan… beaucoup d'orchestres prestigieux de retour à Paris, dans des programmes pas toujours très originaux, mais tout de même quelques pépites à glaner (la pièce contemporaine chez Boston, les variations Mozart de Reger chez Berlin…). Et tout le monde dit le plus grand bien de l'association Vienne-Hrůša.

Les Cloches de Rachmaninov en ouverture de saison pour l'Orchestre de Paris, avec une belle distribution russophone (Peretyatko, Petro, Markov).

Et une courte symphonie contemporaine en ouverture du concert du Peace Orchestra Project – on vous l'a vendu comme un concert Argerich, le concerto à deux pianos de Poulenc a déjà été déprogrammé et son état de santé actuel laisse penser qu'elle ne sera pas là, si jamais ça compte pour vous. Mais le début et le clou du spectacle, c'est la Symphonie n°2 de Nicolas Campogrande, inspirée par la guerre en Ukraine, une jolie symphonie tonale simple, très brève, lumineuse, qui a déjà beaucoup tourné chez les grands orchestres d'Europe. Ça s'écoute très agréablement, c'est de la musique positive et excessivement accessible (sans être plate ni pauvre).



4. Musique de chambre

Quelques concerts assez merveilleux : dimanche 3 septembre à Saint-Merry, Phantasy Quartet de Britten avec hautbois, Trio pour deux violons et alto d'Ysaÿe, et autres raretés de Milhaud, Isang Yun… Très original et gratuit.

Intégrale de la musique de chambre de Schumann à l'Orangerie de Sceaux, le 15 septembre. Ces trios, pourtant largement aussi aboutis que les Sonates violon-piano, sont très rarements donnés en concert, même séparément. Alors les trois !

Et le Festival de duos de piano de Rungis !  Ils invitent plus cette année Anderson & Roe, le meilleur duo de pianistes de tous les temps, incroyablement inventifs,  j'ai parlé à plusieurs reprises de leur travail ici. Leur dernier album (avec des originaux de Mozart) n'est pas le plus intéressant (outre leurs Star Wars Impressions en concert qu'ils n'ont jamais eu le droit de rejouer mais qui ont fait beaucoup pour leur notoriété, l'album When Words Fade a été le sommet), mais ils y adjoignent des réécritures réjouissantes tirées de leur répertoire passé. Et on peut espérer quelques bis croustillants !
On a aussi du Rachmaninov-Medtner à deux pianos et un duo de clavecins (Baumont & Delage !) autour de Le Roux, Couperin, Krebs et Johann Christian Bach !



5. Lied et mélodie


Auprès de jeunes chanteurs de l'Académie du Wigmore Hall, concert (pour 7 chanteurs de toutes les tessitures) de mélodie française (après un an de classes avec Lott et Le Roux !). Programme très attirant : Lalo, Falla, Viardot, Debussy, Duparc, Chausson, Chaminade, Barraine et Cras ! Le mardi 5 septembre à Cortot (15€).

Concert gratuit de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Massy le 26, avec des airs sacrés et profanes de Poulenc.

J'ai aussi repéré, à la Scala Paris, le récital de sortie de disque pour du Schubert accompagné à la guitare et chanté par l'emblématique Maria-Christina Kiehr – chanteuse baroque à la carrière extraordinaire, elle était déjà dans la BO de Tous les matins du monde !  Elle chante désormais dans des tessitures basses, mais l'émission reste très conforme à ce qu'elle était, ce devrait être très beau.

Le clou, ce sera la journée de Royaumont autour du lied postromantique et décadent, le 16 septembre : communications le matin (avec extraits sonores, notamment du Oskar Posa, grand compositeur oublié qu'on programmait à Vienne sur les mêmes concerts que Mahler et Schönberg), et la journée, après maint développement, se clôture sur le récital du spécialiste Christian Immler (qui forme les jeunes à Royaumont) dans Mahler, Schönberg, Zemlinsky, Schreker (les Cinq Chants pour voix grave !) et Robert Gund !  Ça va être dément.



6. Création

Énormément de cycles de création contemporaine sur une seule semaine : à la Scala Paris (11 septembre), à l'Échangeur de Bagnolet (le théâtre !) les 13 et 16, à la Cité de la Musique le 14 (James Dillon), à Royaumont le 17 (compositrices)… !



7. Concours publics

Académie du joué-dirigé organisée par l'Orchestre de Chambre de Paris (8 septembre).

Concours de chant lyrique « Paris Opera Competition » au Théâtre des Champs-Élysées (15 septembre).



8. Glotte

Les 4 derniers lieder de R. Strauss par l'impressionnante Asmik Grigorian (quelle ampleur, quelle aisance !), à la maison de la radio (15 septembre). En revanche Mikko Franck y rejouera la Sixième de Tchaïkovski (pour la sixième fois ?).

Le chœur de la Scala dans les hits de Verdi au TCE (12 septembre).



9. Gratuité

Un certain nombre de concerts gratuits ou au chapeau ; je n'ai pas pu relever toutes les églises et auditions d'orgue de Paris (Saint-Sulpice le dimanche à midi, Saint-Eustache le dimanche à 17h, en général c'est programmé chaque semaine, et de haut niveau), par exemple.

Mais il y a l'ONDIF au Blanc-Mesnil, toute la saison (chaque semaine que Dieu fait, même l'été) de l'Accueil Musical de Saint-Merry, tous les dimanches, extrêmement varié et ambitieux (retour de l'orchestre impermanent de La Haye, qui m'avait impressionné dans l'écrasante Troisième Symphonie de Sibelius !).

Et deux spectacles dans le Parc de Sceaux, les 9 et 10 septembre (dont un superbe programme d'Adélaïde Ferrière aux percussions diverses, mêlant Xenakis, Gerswhin et compositeurs vivants !).



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10. Codes promos

Pour finir, c'est l'apparition de codes promos « Carnets sur sol ». Je n'ai rien demandé pourtant (ni à l'institution, ni en échange), mais le Festival de l'Orangerie de Sceaux m'a contacté pour me proposer une promotion spécifique au site.
Comme les propositions sont assez chouettes – quelques raretés, et d'excellents artistes, dans le cadre incroyable du Parc de Sceaux, une des plus belles choses de toute l'Île-de-France – et les tarifs relativement élevés (tarif unique 35€, pas cher du tout pour un premier rang, mais cher si l'on a l'habitude des dernières catégories), c'est une aubaine que je partage.

[Je précise que je n'y gagne rien – pas de rémunération, de soirée spéciale, d'entretien exclusif… j'ai le droit d'être invité pour le concert qui me tente le plus (intégrale des trios de Schumann, déjà rares en individuel !), mais il est très probable que je ne sois de toute façon pas disponible à cette date. C'est vraiment pour aider le festival et avantage les lecteurs que je prends ce rôle d'intermédiaire.]

Trois concerts sont concernés :

Le jeudi 7 septembre : Jean Baptiste FONLUPT, piano
Giuseppe Verdi (1813-1901) / Franz Liszt (1811-1886)
Ernani, paraphrase de concert S. 432
Danse sacrée et duo final S. 436, transcription de Aïda
Richard Wagner (1813-1883) / Franz Liszt (1811-1886)
Elsas Brautzug zum Münster, de Lohengrin S. 445
Ouverture de Tannhäuser
Igor Stravinsky (1882-1971)
Petrouchka
Sergueï Prokofiev (1891-1953)
Romeo et Juliette, Opus 75 no.10 « Romeo et Juliette avant la séparation »
Maurice Ravel (1892-1937)
La Valse
Avec le code « Carnets sur sol » en appelant la billetterie, vous disposez d’une place offerte pour une place achetée.

Le vendredi 8 septembre : Amaury COEYTAUX (violon solo du quatuor Modigliani), Geoffroy COUTEAU (piano)
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour violon nᵒ 5 en fa majeur, Opus 24
Eugène Ysaÿe (1858 – 1931)
Poème élégiaque en ré mineur, Opus 12
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violon et piano nᵒ 3 en ré mineur, Opus 108
Avec le code « Carnets sur sol » en appelant la billetterie, vous disposez d’une place offerte pour une place achetée.

Le dimanche 17 septembre (à 11h), « Le Carnaval des animaux sudaméricain »
avec Elliot JENICOT comédien (ancien de la Comédie-Française), et l'Ensemble ALMAVIVA, petite mise en scène.
Avec le code « Carnets sur sol » en appelant la billetterie, toute la famille a le droit au tarif enfant.




Avec tout ce choix, vous devriez avoir de quoi occuper les soirées de septembre encore trop chaudes pour profiter du plein air !

lundi 1 août 2022

Les meilleures nouveautés de la mi-2022




Estimés lecteurs,

Je m'apprête à prendre pour quelques jours congé de vous : je suis obligé, afin d'éviter la publicité pharmaceutique des automates russes et l'expression de l'absence de vie d'un troll récurrent ici, de ne pas publier les commentaires tout de suite, mais ils seront  lus avec attention et joie (et obtiendront évidemment une réponse) dès mon retour.

Pour les plus enragés / désœuvrés, je laisse ici un point d'étape sur les écoutes discographiques de l'année déjà pour plus de moitié écoulée. Cela permettra aussi de retrouver les références dans le moteur de recherche du site, plutôt que de devoir jongler avec un hébergeur extérieur (dont personne ne peut prévoir, au demeurant, la persistance).

Avec la sélection « rechercher dans la page », vous pouvez grâce à l'étiquetage retrouver les 79 écoutes du Cycle Ukraine, ainsi que toutes les nouveautés discographiques écoutées (il y en a 215). Vous pouvez aussi copier-coller les cœurs pour retrouver spécifiquement les disques à trois cœurs (le mien est large, il y a 176 disques concernés) ou à deux (319…).

Pour vous mettre en appétit, quelques disques ressentis à ♥♥♥, dont vous retrouverez les commentaires ci-après.



A. Nouveautés

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→ Cardoso, Messes par Simon Lloyd
→ Aumann, Musique de chambre par Letzbor
→ Campra, Le Destin du Nouveau Siècle par Bismuth
→ Schumann Quatuor piano-cordes en ut mineur par le Dvořák Piano Quartet
→ Offenbach, Le Voyage dans la Lune par Dumoussaud
→ Massenet, Mélodies orchestrales par Niquet
→ Saint-Saëns, Phryné par Niquet
→ Fauchard, Œuvres pour orgue, par Fiedhelm Flamme
→ Taneïev, chambre par Spectrum Concerts Berlin
→ Perosi, Trio à cordes n°2 par Roma Tre Orchestra
→ Marinuzzi, Palla de' Mozzi, Grazioli
→ Louis Andriessen, Smit, Pijper et piano à quatre mains du XXe néerlandais par les Jussen
→ Vladigerov, Orchestral Works 3 par Vladigerov
→ Alberga, Concertos pour violon par Swensen
→ Solos de violoncelle par Thibaut Reznicek




B. Nouvelles versions

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→ Haydn, Symphonies par le Basel Kammerorchester
→ Voříšek & Mozart 38 par Blomstedt
→ Beethoven, Symphonies par Le Concert des Nations
→ Schubert, Winterreise par Benjamin Appl
→ Ireland et Liszt, sonates par Tom Hicks
→ Brahms, Concerto pour violon par Degand & Rhorer
→ d'Indy, Chansons & Danses par le Polyphonia Ensemble Berlin
→ Debussy, Pelléas & Mélisande par Les Siècles
→ Sibelius, Symphonie n°7 par Nicholas Collon
→ « Mirages » par Roderick Williams



C. Découvertes personnelles

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→ Rode, Concertos pour violon par Friedemann Eichhorn
→ Dupuy, Ungdom og Galskab par Schønwandt
→ Röntgen, Concerto pour violon en la mineur par Ragin Wenk-Wolf
→ Alfvén par Alfvén
→ Kienzl, Quatuors (et trio) par le Thomas Christian Ensemble
→ Kienzl, Der Evangelimann & Der Kuhreigen
→ R. Strauss, Alpensinfonie par Shipway
→ Ornstein, Sonates par Janice Weber
→ Wirén, Quatuors par le Wirén SQ
→ Maria Bach, musique de chambre par Hülshoff & Triendl (et aussi le disque CPO)
→ Eben, Job par Titterington
→ Alberga, Quatuors



D. Doudous increvables

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→ Grétry, Raoul BB
→ Stenhammar, quatuors par les Gotland SQ, Fresk SQ et Copenhagen SQ
→ Nielsen, Saul og David par Neeme Järvi
→ Verdi, Il Trovatore par Muti 2000
→ Pejačević, Quatuor avec piano et Quintette par Triendl & Sine Nomine SQ
→ Saint-Saëns, Symphonie n°3 par Paul Paray



Cliquez ici pour ouvrir tous les commentaires sur les disques.

Suite de la notule.

mercredi 23 février 2022

Le défi 2022 des nouveautés – saison IV, épisode 2 – nouveau format, Khovanchtchina et Ranz des Vaches


Je poursuis ma quête : partager les écoutes, les notes, les conseils rédigés au quotidien… sans que cela ne prenne tout mon temps de notule disponible.

Après plusieurs années à prendre le temps de les classer et de les mettre en forme, pour un résultat assez massif qui intéresse certains forcenés mais assez peu exploitable pour la plupart des lecteurs, j'imagine, je fais la tentative (sur le modèle fructueux de l'agenda de CSS) d'un format plus souple : en vrac, mais en temps réel, parfait pour grapiller des idées d'écoute. Je mets aussi quelques repères pour que vous trouviez ce que vous cherchez (nouveautés, disques ou œuvres recommandés, etc.).

Ce sera à nouveau un Google Doc, sur ce lien, que je reproduis en haut de la page pour le rendre accessible à partir de toutes les notules du site (« Nouveautés disco & autres écoutes », en haut à gauche en bleu).

Parmi mes derniers coups de cœur : les concertos pour violon de Röntgen et Hubay, le Winterreise d'Appl, un opéra tragique décadent de Kienzl appelé Le Ranz des Vaches, la résurrection réussie d'un opéra de Marinuzzi, chef italien très important de la première moitié du XXe siècle…
Et un gros cycle autour de La Khovanchthina, incluant un grand nombre des versions officiellement publiées.


vignette écoutes publiques de CSS


dimanche 6 février 2022

Le défi 2022 des nouveautés – saison IV, épisode 1 – baroque autrichien, préromantiques danois, concertos surprenants et anniversaires…


lattès

Nouvelle saison !

Devant la quantité d'enregistrements écoutés, et sur lesquels j'écris pour moi-même, je m'interroge toujours sur le format pour les partager au mieux. Je sais que certains camarades ou lecteurs de passage aiment avoir un avis sur les nouveautés, ou des idées d'écoutes – et j'aime assez l'idée qu'au bout de quelques années, on puisse trouver, en cherchant sur le site, beaucoup d'éléments croisés sur beaucoup plus de compositeurs que les entrées habituelles, avec un nom par publication, ne me laisseront jamais aborder sérieusement.

Hélas, mettre en forme mes brouillons prend beaucoup de temps sur mes autres travaux pour CSS, et je cherche, depuis que j'ai débuté ce défi, un moyen de conjuguer la mise à disposition un minimum utilisable et attractive de ces notes… avec un temps raisonnable à y consacrer.

J'ai donc changé, pour cette année, mes notes qui étaient organisées en tableau difficilement exportable sur une page web, au profit d'un format brut qu'il suffit de mettre en couleur et de coller dans une notule. À voir à l'usage (pour vous, ce ne devrait visuellement pas changer grand'chose).



Cycles

Beaucoup de symphonies romantiques germaniques (Loewe, Gade…), un grand cycle danois (Kunzen, Kuhlau, Dupuy, Gade, Heise, Hamerik, Langgaard), un autre consacré à Grétry, beaucoup de Karg-Elert et un gros arrêt sur Kienzl, ce mois-ci. Mais aussi les chorals et le quatuor de Franck, les concertos pour violon de Röntgen, le baroque autrichien et tant d'autres petites choses à explorer.

Énorme coup de cœur en découvrant l'ensemble Ars Antiqua Austria et sa discographie consacrée au baroque et au classicisme autrichiens, avec une vitalité qui m'a immédiatement conquis, alors que la musique instrumentale baroque n'est a priori pas la matrice de mes plus grands frissons.

Et bien sûr ce qu'il faut pour préparer les notules anniversaires (Davaux, Dupuy, Graener, Alfvén, Perosi… mais ça ne réclame pas de se forcer beaucoup !).

J'ai aussi poursuivi à réécouter en boucle le motet Astra Cœli de Jean-Noël Hamal, en découvrant sans cesse de nouveaux détails qui concourent à l'exaltation ressentie à l'écoute. (Écriture orchestrale très précisément pensée pour mettre en valeur, sans y paraître, la tension de la ligne vocale.)



lattès


La légende

Pour gagner du temps, j'ai changé ma légende (au profit de symboles présents par défaut sur un clavier).

Je ne saurais insister assez, à nouveau, sur le fait qu'il ne s'agit en rien d'une note, ni même d'une évaluation de qualité des enregistrements. Ce sont simplement des repères, pour moi d'abord et pour mes lecteurs qui le souhaitent ensuite, pour guider vers ce qui doit être écouté ou réécouté en priorité. Ce sont des indications sur mon ressenti, mes émotions : il y a certains enregistrements techniquement hasardeux que je vais apprécier, et d'autres impeccables qui vont me laisser totalement froid, tout cela étant évidemment pondéré par mon tropisme personnel pour les œuvres jouées, la rareté de la proposition, l'humeur du moment, voire (pour ceux qui y croient) le matériel de reproduction sonore…

Comme mes repères globaux à trois niveaux n'étaient pas toujours parlants pour moi-même (œuvre fabuleuse mais interprétation terne, œuvre terne mais interprétation qui l'exalte…), j'ai conservé les repères à trois niveaux mais les ai répartis entre œuvre et interprétation.

Ce qui donne des symboles, en fin de titre, de ce type : !/+++ **.

! : Très bonnes œuvres.
!! : Œuvres fabuleuses.
!!! : Va changer votre vie.

+ : Très bonne interprétation.
++ : Interprétation particulièrement remarquable.
+++ : Va bouleverser vos perceptions.

* : Très bon disque, à écouter !
** : Disque formidable, à écouter d'urgence !
*** : Vous n'entendrez plus la musique de la même façon.

Il peut exister une décorrélation entre mon ressenti sur l'œuvre / l'interprétation et celui sur le disque en général, ce n'est pas forcément une erreur. Ce peut notamment être tempéré par l'offre discographique : une symphonie de Beethoven (à !!! sur l'œuvre, donc) avec une interprétation à ++, vu l'offre pléthorique, peut très bien avoir une opinion de * sur le disque.

Comme d'habitude, le fait même d'avoir une « récompense » signifie que je recommande le disque. Si je ne suis pas très touché, je mets un « . », ce qui ne veut pas dire que ce soit mauvais, mais que je ne vois pas de plus-value majeure à écouter l'œuvre, l'interprétation ou le disque en question. (Encore une fois, avis purement personnel, je peux tout à fait me tromper, ou simplement ne pas avoir les mêmes attentes que d'autres mélomanes tout aussi valeureux.)  Il existe quantité de disques parfaits, mais je réserve les « *** » pour ceux qui me paraissent changer notre perception, régler la question d'une discographie, faire découvrir un pan du répertoire génial et inexploré, etc. Sinon la plupart seraient à !!!/+++ *** et on ne serait pas très aidé pour choisir ses écoutes.

Si vraiment j'ai trouvé quelque chose de raté (le son sature tout le temps, les interprètes jouent faux, le disque inclut du Philip Glass), je mets ¤ (¤¤, ça n'arrive jamais, il faudrait vraiment que ce soit honteux comme une symphonie de Philip Glass).

En rouge, les nouveautés du mois. En gras, les disques que je recommande tout particulièrement.

Si jamais j'ai omis d'ôter les « ° », ce sont mes repères pour les disques que j'écoute pour la première fois ou pour les nouveautés.

Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.




lattès
(Oui, vous aurez remarqué que ce n'est pas le mois des jolies-pochettes.)




La liste


OPÉRAS FRANÇAIS

Grétry – Céphale & Procris – van Waas (Ricercar) !!!/+++ ***

Grétry – L'Amant jaloux – Celeste Lazarenko, Alexandra Oomens, Jessica Aszodi, Ed Lyon, Andrew Goodwin, David Greco ; Pinchgut Opera, Melissa Farrow (Pinchgut Opera) !!/+ **
→ Compagnie sise à Sydney, qui fait du très beau travail, dont témoigne cette seule version CD de L'Amant jaloux depuis l'antique version Doneux avec Mesplé (disque qui ne rend pas du tout justice à l'écriture orchestrale et au rythme de la comédie, et discutable y compris sur le plan du chant).
→ Ici, les accents ne sont pas parfait, les voix féminines assez opaques et moches, mais l'orchestre dispose du style approprié (ainsi qu'Ed Lyon, bien sûr !), et le rythme tournoyant du drame est pleinement là, ainsi que toutes les beautés instrumentales disposées par Grétry.

Grétry – Raoul Barbe-Bleue – Wåhlberg (Aparté 2019) !!!/+++ ***

Grétry – Guillaume Tell – Opéra Royal de Wallonie, Scimone (Musiques en Wallonie) !!/++ **

Méhul – Uthal – Deshayes, Beuron, Bou ; Les Talens Lyriques, Rousset (Singulares) !!/+++ **

Spontini – Olimpie – Rhorer !/++ **

Hérold – Le Pré aux clercs – Gulbenkian SO, McCreesh !!/+ *

Halévy – La Reine de Chypre – Gens, Dubois, Dupuy ; OCP, Niquet (Singulares) !!/+++ **

F. David – Herculanum – Gens, Deshayes, Montvidas, Courjal (Singulares) !!/+++ **

F. David – Christophe Colomb – Santon, Behr ; Les Siècles, Roth (Singulares) !!/+++ **

Gounod – Le Tribut de Zamora – Holloway, Montvidas, Christoyannis (Singulares) !!/+++ **

Offenbach – La Vie parisienne (version restituée de 1866) – Christian Lacroix ; Devos, Buendia, Briand, Huchet, Mauillon, Leguérinel ; Musiciens du Louvre, Romain Dumas (Arte Concert 2022) !/++ *
→ La (première) mise en scène de Lacroix est peu élégante et peu lisible. Distribution remarquable, mais qui n'est pas dans son meilleur jour : Buendia, Briand, Huchet étrangement en retrait de leurs fulgurances habituelles ; mais Devos et Leguérinel brûlent les planches et chantent remarquablement, tout de même !  Et l'œuvre, malgré le rehaussement supposé par ces numéros perdus et restitués pour la spremière fois, reste tout de même enserrée dans ses trépidations un peu primaires et son livret à la fois peu lisible et peu profond.
→ Mais dans le cadre de ce qu'est La Vie parisienne, une version qui vaut la peine, en particulier pour la qualité des textures et de l'engagement des Musiciens du Louvre !

Massenet – Le Mage (acte I) – Hunold, Aldrich, Lombardo ./+ .

Saint-Saëns – Le Timbre d'argent – Les Siècles, Roth (Bru Zane) !!/+++ **

Debussy – Pelléas & Mélisande – Santoni, Behr, Duhamel, Teitgen ; Les Siècles, Roth (HM 2022) !!!/+++ ***
→ Très convaincu par la lecture orchestrale totalement renouvelée grâce aux instruments anciens, et à la science de gérer individuellement chaque pupitre par Roth. Très belle distribution également, Santoni très « vocale » mais au cordeau, Behr qui n'a jamais été aussi éloquent qu'ici (sans l'impression d'effort articulatoire énorme qui prévaut d'ordinaire chez lui). Un peu moins enthousiasmé par Duhamel, incarnation très homogène, uniment sombre, émission assez en arrière qui le limite dans ses éclats aigus ; mais le timbre reste très beau et l'artiste généreux.
→ Sur les représentations avec Santoni, Teitgen, Les Siècles, j'avais dit quelques mots ici :  https://twitter.com/carnetsol/status/1448542505704755200 .

Hahn – Ô mon bel inconnu – Gens, Dubruque, Dolié ; O Avignon-Provence, (Bru Zane) !/+ *

Lattès – Le Diable à Paris – Tassou, Dubroca, Frivolités Parisiennes (B Records 2021) !!!/+++ ***
→ Quelle merveille, farcie de tubes (essayez le compactage incroyable de moments de caractère dans le final de l'acte I), et interprétée absolument idéalement par des interprètes qui écoutent de couvrir leur voix comme des chanteurs d'opéra (tout en en ayant toute la robustesse !), et font vivre tous les frémissements de ce livret absolument loufoque. (Le Diable, convoqué par deux cheminots en mal de beauté ou d'argent, accepte de rendre les âmes contre un séjour à Paris pour échapper à sa femme.)
→ Nouveauté de l'année dernière dont j'avais déjà fait un autre petit commentaire, déjà très enthousiaste.

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OPÉRAS ITALIENS

(Pierantonio) TASCA –  A Santa Lucia – Derilova, Kapfhammer, Marschall, Paulsen, Wade ; Dessau Anhalt Theater Chorus, Dessau Anhalt Philharmonic, Markus L. Frank (CPO 2022) !!/+ **
→ Dans le goût sonore de Cavalleria Rusticana, une autre histoire terrible de jalousie féminine et d'hommes inconséquents, mais avec davantage de richesse dans la musique, même si la couleur en est très proche. Chanté avec des techniques qui ne sont pas au niveau de ce que nous ont laissé les générations précédentes, avec un italien très international et des voix parfois hululantes (le ténor est quand même très bon), ce reste une expérience réellement intéressante.

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OPÉRAS ALLEMANDS

Loewe – Die drei Wünsche – Klepper, (Jonas) Kaufmann, Hawlata, SWR Stuttgart, Peter Falk (Capriccio 1998) !!/++ **

Abert – Ekkehardt – Kaufmann, Gerhaher (Capriccio) !!/++ **

Kienzl – Der Evangelimann – Donath, Wenkel, Jerusalem, R. Herrmann, Moll ; Radio de Munich, Zagrosek (Warner) !!!/+++ ***
→ Écouté cinq fois ce mois-ci, quelle bien belle œuvre aux élans irrésistibles !  (et servie ici superlativement)

Kienzl – Don Quixote – Mohr (CPO) !!/++ **

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OPÉRAS ANGLAIS

Haendel – Semele – Labin, Skerath, Blondeel, Savinoya, Zazzo, Newlin, (Andreas) Wolf ; Chœur de Chambre de Namur, Millenium Orchestra, García Alarcón (Ricercar 2022) ./+ .
→ Une distribution qui promettait (en particulier Blondeel, Zazzo et A. Wolf), mais malgré l'animation sans reproche de García Alarcón, je trouve l'œuvre toujours assez pâle, et les émissions plutôt blanches et flasques des chanteuses n'aident pas à soutenir l'intérêt. En concert, avec la différenciation visuelle des attitudes physiques, ce devait bien fonctionner, mais disque, tout paraît un peu étale et égal, manquant de l'invention et des couleurs ordinairement dispensées par Alarcón… (Il se met à enregistrer des choses célèbres, rien ne va plus !)

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OPÉRAS SCANDINAVES

Kunzen – Holger Danske – Bonde-Hansen, Rørholm, Elming ; Schønwandt (Dacapo) !!!/++ ***
→ Déjà commenté dans de précédents épisodes, une sorte de Flûte enchantée romantisante en danois, partition assez exceptionnelle.
→ Bissé.

Dupuy – Ungdom Og Galskab (Youth and Folly) – Elming, Cold ; Collegium Musicum Copenhagen, Schønwandt (Dacapo 1997) !!!/+++ ***
→ x5.

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OPÉRAS RUSSES

Moussorgski – Sorochinskaya yarmarka (Sorochintsi Fair) (completed by V. Shebalin) – Ljubljana Opera, Hubad  (Naxos Historical, 1955, réédition ) !!/++ **

Moussorgski – Sorochinskaya yarmarka (Sorochintsi Fair) (completed by V. Shebalin) – Guennadi Troitzki, Antonina Kleschova, Ludmila Belobraguina , Alexei Ousamanov, Iouri Elnikov, Alexander Poliakov, Sergei Troukatchev  ; Choeurs De La Radio De L'U.R.S.S., Orchestre De La Radio De L'U.R.S.S., Yuri Aranovich (vinyle de 1969)
→ Version vraiment empesée...

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RÉCITALS D'OPÉRA

LULLY, Desmarest, Charpentier… – « Passion » – Gens, Les Surprises, Bestion de Camboulas (Alpha 2021) !!!/+++ ***
→ Déjà présenté précédemment. L'air-chaconne d'Astérie dans Circé de Desmarest, petite merveille.

A. Scarlatti, Haendel, Vivaldi, Sorro, Caldara – « A Baroque Tenor : Arias for Annibale Fabbri » – Marco Angioloni, Ensemble Il Groviglio, Stéphane Fuget (Pan classics 2022) !!/+ *
→ Concept habituel de l'album autour d'un interprète historique, ici « Balino ». Beau choix d'airs, vraiment prenants, et inhabituel pour célébrer un ténor dans le seria pré-1750, où ce sont rarement des tessitures mises en valeur.
→ L'accompagnement est remarquablement, plein d'esprit et de vivacité, mais une certaine interrogation concernant le soliste : la voix est belle, mais incomplètement formée (elle sonne encore en partie « parlée »), ainsi que nombre d'excellents étudiants qui doivent encore mûrir. Je m'interroge donc un peu sur la pertinence de graver ceci avec lui ou à ce moment de sa carrière : le disque, lui, ne va pas mûrir, et on est mis un peu mal à l'aise, par moment, par le timbre partiellement formé.

Mozart – airs de Lucio Silla, Mitridate et des Da Ponte « Mozart x 3 » – Elsa Dreisig, Basel KO, Langrée (Erato 2022) !!!/+++ **
→ Programme absolument pas original, mais réalisé avec une qualité de moelleux vocal, de coloration et d'expression tout à fait remarquables. (Voyez en particulier la façon expressive dont Dreisig mixe voix et de tête et de poitrine en descendant dans les médiums !)

Carafa – « Ah! Fermate … Raoul! … Perche non chiusi », acte II de Gabriella di Vergy – Yvonne Kenny, Doghan ; Geoffrey Mitchell Choir, Philharmonia Orchestra, David Parry (Opera Rara) !/+ *
Voir ici.

° Carafa – « Quell'aspetto … quegl'accenti ! », acte III de Gabriella di Vergy – Matteuzzi, B. Ford ; Academy of St. Martin in the Fields, David Parry (Opera rara) !/. *
Voir ici.

Carafa – « L'amica encor non torna » dans Le Nozze di Lammermoor – DiDonato Opéra de Lyon, Minasi (Virgin 2014) !/+ *
Voir ici.
 
Gade – extrait Elverskud (Elf-King's Daughter), Op. 30 – Lauritz Melchior, Studio orchestra (Danacord, publication 1987)
→ Bissé (parce qu'il ne m'en restait rien !).

Youmans, Beydts, Lattès, Hahn, Messager, Yvain, Caryll, Berger, Fourdrain, LeBoy, Hope Temple, Haydn Wood – « Tea for Two » – Decouture, Brocard, Frivol'Ensemble (Naxos 2018) !/. .
→ Deux chanteurs que j'aime beaucoup en concert, mais pour un récital au disque, cela s'avère manquer un peu de brillant. Les arrangements de Michard pour ensemble de chambre sont délicieux.

Corigliano – Air du Ver (des Ghosts of Versailles) – Graham Clark, Met (vidéodiffusion de la production) !!!/++ ***

Corigliano – Air du Ver (des Ghosts of Versailles) – Robert Brubaker, LA Opera, Conlon (DVD Bridge ?) !!!/++ **

Corigliano – Air du Ver (des Ghosts of Versailles) – Brenton Ryan, Jalisco PO, Plácido Domingo (vidéodiffusion d'Operalia, Guadalajara 2016) !!!/+++ ***

Corigliano – Air du Ver (des Ghosts of Versailles) – Tenor Adrian Dwyer, Kelvin Lim au piano (YT, Londres 2017) !!!/+ **

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MUSIQUES DE SCÈNE

Biber – Karneval in Kremsier – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Pan Classics) !/++ *

Édouard Dupuy – Overture to «Youth and Folly» – Swiss Orchestra, Lena-Lisa Wüstendörfer (YT, capté en 2019 à la Tonhalle de Zürich) !!/+ **
https://www.youtube.com/watch?v=UkIfYOeQy4M

ADAM, A.: Jolie Fille de Gand (La) [Ballet] (Queensland Symphony, Mogrelia) (Naxos 2022) ./. .
→ Œuvre assez peu exaltante, vraiment du ploum-ploum bas de plafond pour jarrets ; et par l'orchestre jamais très beau du Queensland, la double peine d'une certaine façon.

Kuhlau & Gade (Elverhøj), Mikel (Les Lanciers), Lange-Müller – « DER ER ET YNDIGT LAND » – Inger Dam-Jensen, Poul Elming, Johannes Soe Hansen, Michael Kristensen ; Radiosymfonikerna du Danemark,  Schønwandt (Dacapo 2007) ./+ .
→ Beaucoup de danses légères dans cette anthologie, qui comporte l'intérêt d'inclure des extraits d'opéras qui ne sont pas disponibles au disque, comme la Petite Christine de Gade (chantée par Elming !) ou Il était une fois de Lange-Müller.

Thrane, Udbye, Haarklou, Ole Olsen, Apestrand, Elling, Borgstrøm, Eggen – « Ouvertures d'opéras norvégiens » – Opéra National de Norvège, Ingar Bergby (LAWO 2021) !!/+ **
→ Écume d'un patrimoine enfoui où se révèlent de véritables personnalités mélodiques et dramatiques (toutes sont de style romantique) – et enfin une seconde version de l'ouverture de Thora på Rimol, le chef-d'œuvre tétanisant de Borgstrøm !
→ Que ne rejoue-t-on cela sur les scènes de Norvège, puis partout ailleurs, fût-ce en traduction ! !!/++

TCHAIKOVSKY, P.I.: Snow Maiden (The) (Snegurochka) (Erasova, Archipov, Vassiliev, Russian State Chorus and Orchestra, Chistiakov) (Brilliant Classics, réédition sous licence 2018) !/++ *
→ Belle version incarnée et plutôt typée, d'une œuvre dans l'ensemble joliment décorative – mais les tourbillons de l'entracte du II restent franchement impressionnant !

Mussorgski – Extraits de La foire de Sorotchinski & La Khovanchtchina – Philharmonia Orchestra, Walter Susskind (réédition BNF)

ALFVEN, H.: Midsummer Vigil / Den forlorade sonen / Bergakungen / Festspel (Alfven, Westerberg) (1954-1957) (Swedish Society)
→ Direction pleine d'humour des danses du Fils prodigue par Alfvén lui-même !

 Lopez, Pitrès – Il était un petit navire, ballet pantomime – Orchestre Robert Lopez (BNF)
→ Musique de scène où la chanson est reprise à l'orchestre en mineur tourmenté !
→ En dématérialisé seulement : https://www.deezer.com/fr/album/13057310 .

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CANTATES PROFANES

Haendel – Apollo e Dafne, Armida Abbandonata – Kathryn Lewek, John Chest, Il Pomo d'Oro, Francesco Corti (PentaTone 2022) !/+ *
→ Armide fonctionne vraiment très bien, et l'accompagnement d'Il Pomo toujours aussi électrisant !  Vocalement, les voix (même John Chest que je trouve pourtant remarquable en salle !) sonnent un peu larges et amollies par rapport à la finesse des lignes écrites, mais tout le mondde tient très bien son rang.

Beethoven – Cantate sur la mort de l'empereur Joseph II, WoO 87 – Mullerova, Adlerová, Voraček, Chadima ; Prague Mixed Choir, South Bohemia Chamber PO, Jiří Petrdlík (Arcodiva) !!/. .
→ Des bouts de Fidelio (notamment la fin du II – hautbois amoureux et réjouissance). Chœur amateur à la technique vraiment sommaire (et pas toujours juste). Vu qu'il y a un peu de choix, autant éviter celle-ci.

Beethoven – Cantate sur la mort de l'empereur Joseph II, WoO 87 – Matthews, Mumford, Banks, Foster-Williams ; SFSO & Ch, Michael Tilson Thomas (SFSO) !!/+ *
→ Très bien.

Beethoven – Cantate sur la mort de l'empereur Joseph II, WoO 87 – Margiono, Verebely, (Ulrike) Helzel, (Clemens) Bieber, Shimell ; Deutsche Oper, Thielemann (DGG) !!/++ **
→ Contre toute attente, la version la plus vivante, d'assez loin. Shimell est particulièrement charismatique dans son grand récit.

Beethoven – Cantata on the accession of Emperor Leopold II – Ch. Schäfer, C. Bieber, von Halem ; Deutsche Oper, Thielemann (DGG) !/+ *

Gade – Erlkönigs Tochter – Junker, Weisser, Danish National Vocal Ensemble, Concerto Copenhagen, Mortensen (Dacapo 2018) !!!/+++ ***

Gade – Elverskud – Elmark, Dolberg, Paevatalu, Tivoli Concert Choir, Tivoli SO, Schønwandt (Dacapo) !!!/+ **

Gade – Elverskud, Échos d'Ossian, 5 mélodies – E. Johansson, Gjevang, Elming ; Danish NRSO, Kitayenko (Chandos) !!!/++ **

Gade – Korsfarerne (Les Croisés) – Rørholm, Westi, Cold ; Canzone Choir, The Camera Choir, Choir 72, Aarhus Music Students Chamber Choir, Aarhus SO, Frans Rasmussen (BIS 1990) !/+ *

Gade – Baldurs drøm, Fruhlings-Botschaft – Rørholm, Elming, Høyer ; Canzone Choir, Helsingborg SO, Rasmussen (Dacapo) !!/++ **

Bliss – Mary of Magdala + Meditations on a Theme by John Blow – Dame Sarah Connolly, James Platt ; BBC Symphony Chorus BBC Symphony Orchestra, Sir Andrew Davis (Chandos) ./+ .

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A CAPPELLA PROFANE

Alfvén – « Choral and Vocal Music » – Orphei Drängar, Robert Sund (BIS 1993) !/+ *
Voir ici.

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SACRÉ

Machaut – Messe de Notre-Dame – Organum, Pérès ./++ *
→ À la corse en effet…

(Manuel) Cardoso – Complete Masses, Vol. 1 – Choir Of The Carmelite Priory London, Simon Lloyd (Toccata Classics 2022) !!!/++ ***
→ Petit bijou de polyphonie Renaissance, particulièrement éloquent.

Pfleger – Sacred Cantatas (cantates latines) – Manfred Cordes (CPO) !!/++ **

Jeremiah Clarke : Ode on the Death of Henry Purcell / Purcell : Music for the Funeral of Queen Mary, Welcome to All the Pleasures… – album « Son of England » – Watson, Tamagna, Thompson, Buffière ; Les Cris de Paris, Le Poème Harmonique, Dumestre (Alpha 2017) !!/+++ **
→ La cantate de Clarke est une merveille de contrepoint souple et éloquent, très touchante !

Lalande – Dies iræ, Miserere, Veni Creator – Ensemble Correspondances, Daucé (HM 2022) !! / ++ **
→ Je n'ai pas vérifié les solistes. À l'oreille, je dirais Weynants, Richardot et Collardelle ?
→ Dommage, alors qu'il reste autant de motets inédits de Lalande, de réenregistrer toujours les mêmes – pas forcément les meilleurs au demeurant, témoin Jubilate Deo omnis terra, enregistré seulement sur un antique disque Erato avec la Grande Écurie dirigée par Colléaux, indisponible depuis des lustres alors que c'est une tuerie de bout en bout !
→ Une fois cette frustration exprimée, on ne peut que reconnaître les qualités de Daucé ici : il privilégie comme toujours la couleur et le climat de recueillement à la rhétorique verbale et au mouvement de danse. Je m'en plains quelquefois (ce n'est pas mon inclination), mais c'est ici superbement réalisé et très adéquat. Parmi les plus belles versions qu'on ait de ces motets, et le Veni Creator, qu'on entend moins souvent, est une petite merveille. On apprécie aussi ces solistes qui ne cherchent pas la singularité appuyée dans le timbre ou l'expression (sauf Richardot évidemment, mais elle se coule dans l'esprit général), comme s'ils faisaient un pas hors du chœur (ce qui est le cas, en réalité, même s'ils ont une carrière de soliste, ils chantent aussi leur partie chorale), ce qui procure une atmosphère d'humilité assez touchante.

Ramhaufski, Hochreither – « Festive Masses for Lambach Abbey » – St. Florianer Sängerknaben, Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Accent) !!/. *
→ Beaux contrepoints lents doublés aux sacqueboutes, même s'il faut supporter les petits braillards à l'autrichienne, pas les plus confortables à écouter !
→ Interprétation un peu discontinue (des 'blancs' entre les blocs orchestraux) et pas très dynamique, un peu déçu d'AAA ici !

Aumann – Requiem – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Pan Classics 2011) !/++ *

Jean-Noël HAMAL – Motets – Scherzi Musicali, Achten (Musiques en Wallonie 2021) !!!/+++ ***
→ (En particulier « Ah! si langet cor » et surtout l'architube coloraturé et tuilé « Miles fortis ».)
→ x10.

Beethoven – Messe en ut – M. Marshall, Wulkopf, Dallapozza ; Radio Bavaroise, Wand (1982, édité par Hänssler Profil en 2007) !!/++ **
→ Seconde version disponible par Wand (il en existe aussi une autre, plus ancienne, de la Radio de Cologne).
→ Concert qui n'est pas le plus gracieux ou le plus précis, mais porté par une force souterraine impressionnante.
 
Beethoven – Messe en ut – Audrey Michael, Bizineche, M. Schäfer, Michel Brodard ; Gulbenkian de Lisbonne, Corboz (Erato, réédition 2006) !!/++ **
→ Toujours cette belle ferveur propre à Corboz, qui emporte l'auditeur.

Beethoven – Messe en ut – Palmer, Watts, Tear, Keyte ; St. John's College Choir Cambridge, Academy of St. Martin in the Fields Orchestra, George Guest (Decca) !!/+ *
→ Petits braillards inclus, effet très étrange.

Beethoven – Messe en ut – Margiono, C. Robbin, Kendall, Miles ; ORR, Gardiner (Archiv, réédition 2015) !!/++ *
→ Hélas prise de son un peu lointaine et bouchée, qui limite le plaisir des instruments anciens.

Beethoven – Messe en ut – van Kampen, Danz, K. Lewis, Michel Brodard – Stuttgart Gächinger Kantorei, Stuttgart Bach Collegium, Rilling (Hänssler) !!/++ *
Toujours très bien mené, beau discours, un peu lisse peut-être par rapport à la réussite absolue de son Christ au Mont des Oliviers (ou de ses oratorios de Mendelssohn).

Loewe – Die Auferweckung des Lazarus – Eva Kirchner, Kammerloher, WDR, Froschauer (Capriccio 1997) !/. *
→ Plus opératique (dans le goût de Genoveva de Schumann), mais difficile de juger de ses qualités dans cette exécution assez molle – très bien chantée en revanche.
→ Couplé avec des chœurs a cappella intéressants, mais là un peu trop mollement exécutés pour pouvoir disposer d'un avis éclairé.

Loewe – Das Sühnopfer des neuen Bundes (Oratorio de la Passion) – Mauch, Malotta, Poplutz, A. Burkhart ;  Arcis-Vocalisten Munich, L'Arpa Festante, Thomas Gropper (Oehms 2019) !!/+++ ***
→ En réalité une Passion, où l'on retrouve toutes les caractéristiques du genre :  Évangéliste en récitatifs, chorals, chœurs d'action, airs solos (très brefs ici), on entend très bien la parenté avec Bach (et les oratorios de Mendelssohn).
→ Très bien écrit dans l'ensemble, beau romantisme apaisé, avec une veine mélodique régulièrement inspirée. On peut aussi relever quelques fulgurances, comme le chœur de libération « Nicht dieser, sonder Barabban ! » ou l'air d'alto « Ach seht, der allen wohlgethan », où l'empreinte du meilleur Bach (chœurs d'action de la Saint-Jean, Es ist vollbracht…) se fait vraiment sentir, mais transcrit dans l'univers sonore de Mendelssohn.
→ Exécution formidable : sur instruments anciens, une couleur de cordes incroyable (l'impression d'une grande lyre à archet…), particulièrement vivant et habité dans son texte (très intelligible), ses situations, ses formules musicales.
→ Bissé.

F. David – Le Jugement Dernier / 6 Motets religieux – Ch Radio Flamande, Brussels PO, Niquet (Singulares) !/+++ *

Moniuszko – « Sacred Choral Music » : Messe en la, motets – Musica Sacra Warsaw-Praga Cathedral Choir, Łukaszewski (DUX) !/+ *

Perosi – La risurrezione di Lazzaro (+ Il gran sasso d'Italia)    – Gavarini, Popescu, Puddu, Camastra, Guidotti ; I Polifonici, Nuova Cameristica di Milano, Sacchetti (Bongiovanni) !/. *

Perosi – La Strage degli Innocenti – Fons Amoris Coro, Carlo Coccia Symphony, Sacchetti (Bongiovanni) !/+ *

Alfvén – Herrans bön (The Lord's Prayer), Op. 15 – Iwa Sörenson, Brigitta Svendén, Christer Solen, Rolf Leanderson ; Stockholm Motet Choir, Storkyrkans Kor, Norrköping SO, Gustaf Sjokvist (Bluebell 1989) !/. *
→ Sorte de vaste motet de 45 minutes.

Paray – Messe pour les 500 ans de la mort de Jeanne d'Arc (Mercury) !/++ *
→ Bissé.

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SYMPHONIES FRANÇAISES

F. David – Symphonie n°3, poèmes symphoniques – Brussels PO, Niquet !/++ *

MESSAGER, A.: Symphony in A major / FAURÉ, G.: Allegro symphonique / FRANCK, C.: Symphonic Variations (Ferey, Orchestre Symphonique du Mans, Gendille) (Skarbo 2001) !!/++ **

Saint-Saëns – Symphonie n°3 – Dupré, Detroit SO, Paray (Mercury) !!!/++ ***
→ Mainte fois.

Saint-Saëns – Symphonie n°3 – Latry, ONF Măcelaru (Erato 2021) !!/+++ **

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AUTRES SYMPHONIES ROMANES

Perosi – Orchestral Music (Suite Venezia) – Bellasi, F. Pavone, Nuova Cameristica di Milano, Orchestra Sinfonica Stabile di Alba, A. Sacchetti (Bongiovanni) !!/. **
→ Très belles œuvres instrumentales, calmes et raffinées, plus subtiles que ses oratorios davantage tournés vers une expression épurée de la foi.
→ Bissé.

Martinucci – Symphonie n°2 en fa – Philharmonia, d'Avalos

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SYMPHONIES GERMANIQUES

Aufschnaiter – Dulcis Fidium Harmonia: symphoniis ecclesiasticis concinnata - opus 4 M. DCC. III – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Arcana 2019) !!!/+++ ***
→ Musique instrumentale jubilatoire, et jouée avec un allant irrésistible !

Haydn – « Haydn 2032, Vol.11 : Au goût parisien » Symphonies 2,24,82,87 – Kammerorchester Basel, Giovanni Antonini (Alpha 2022) !!/+++ ***
→ Oh les doublures de flûtes très grétrystes !  Très vivant et coloré, et la 24 est un délice méconnu !  Vivement recommandé.

Beethoven – Symphonies 6,7,8,9 – Le Concert des Nations, Jordi Savall (Alia Vox 2022) !!!/+++ ***
→ Du même niveau que le premier volume. Peut-être rien de très singulier ou surprenant, mais tout est porté à un tel niveau que c'est possiblement l'interprétation discographique la plus constante en termes de qualité superlative…
→ À distinguer en particulier : la précision et le timbre insolent des cordes (qui résonnent comme si tout était joué sur des cordes à vide, en particulier impressionnant dans les accords !), et le timbalier en furie (mais très musical, comme s'il jouait des thèmes).
→ J'apprécie aussi que malgré son caractère « musicologique » très affirmé, Savall ne cherche pas à remporter les records de vitesse façon Currentzis (ou, en concert, Rousset) : le final de la 7 est pris à un tempo qui permet d'entendre les volutes de cordes, la tension des progressions harmoniques du développement, les allègements poétiques du spectre… et ne se contente pas de faire sonner les accents de trompettes à chaque mesure (si l'on va trop près du tempo indiqué par Beethoven, c'est fatalement ce qui se produit).
→ Un vrai talent aussi, dans le détail, pour faire vraiment sonner les spécificités de texture et de couleur de chaque moment, Beethoven fait beaucoup alterner les masses, et Savall rend ces contrastes avec beaucoup de précision et de poésie.

Schubert – Fierrabras & Symphonie restituée – Venzago (2022) !/++ *
→ Pas une révélation, en particulier la symphonie restituée. Je n'ai pas encore lu les notes d'intention de Venzago pour voir si elles sont aussi fantaisistes de que sa narration fantasmagorique de la véritable Inachevée qui aurait été complète (il y a une notule sur le sujet…). Bonne exécution sinon, mais Venzago a fait mieux – dans l'Inachevée notamment !

Loewe – Symphonie n°1 en ré mineur – Philharmonie de Lorraine, Jacques Houtmann (UMG / DGG) !!/+ **

Gade – Symphonie n°3, Échos d'Ossian – Danish National, Hogwood (Chandos) (!!/++) **

Gade – Symphonies n°2 & 8, In the Highlands – Danish National, Hogwood (Chandos) (!/++) *

Mendelssohn, Meeresstille und glückliche Fahrt / Bruckner, Symphonie n°6 – MDR Leipzig, Rögner (Genuin, publication 2022) !!/+++ ***
→ Couplé avec l'Inachevée, la Pastorale et les Variations Mozart de Reger (tout cela me tente moins). Prise de son incroyable, on retrouve les qualités de fluidité, de clarté et de tension de Rögner, mais magnifiée par les timbres à la fois précis et typés de la Radio de Leipzig, et servie par une prise de son d'une vérité incroyable.

Brahms – Concerto pour violon, Symphonie n°1 – Degand, Cercle de l'Harmonie, Rhorer (NoMadMusic 2021) !!!/+++ ***
→ Formidables couleurs renouvelées, et dans le concerto, ce que tire Degand de cordes en boyaux est tout simplement hallucinant d'aisance et de musicalité. Versions majeures, et très différentes.

Mahler – Symphonie n°9 – Oslo PO, Jansons (Simax) !!!/++ **

Alfvén – Orchestral Music (Alfven Conducts Alfven 1932-1952) : Cantate pour les 500 ans du Parlement Suédois, Symphonies 3 & 4 – Royal Stockholm Philharmonic, Alfvén (Phono Suecia 1997) !!!/+++ ***
→ Versions par Alfvén lui-même, splendidement restaurées et publiées par Phono Suecia (on entend très bien le détail !), je crois qu'elles surpassent tout par leur caractère direct, net et emporté à la fois.
→ Sa longue vie nous permet de l'entendre diriger ses propres œuvres, et de profiter de l'humour avec lequel il dirige les danses du Fils prodigue, ou de la flamme qui habite son interprétation de sa cantate pour les 500 ans du Parlement Suédois, ce que vous trouverez chez lui de plus proche d'un opéra !  Il a aussi été capté dans ses symphonies (3 & 4) avec le Philharmonique Royal de Stockholm. Et je suis frappé de la vivacité de jeu, de la clarté du spectre, de l'exaltation du rebond et des références folkloriques dans la Troisième, avec une sorte d'emphase souriante et volontairement exagérée, comme un personnage d'opéra un peu grotesque qui chante sa chanson avec une pointe d'excès. Absolument délicieux, très différent, et réellement convaincant – probablement le compositeur à m'avoir le plus convaincu dans ses propres œuvres !  Quant à la Quatrième, très cursive (on croirait qu'il dirige Don Juan de R. Strauss, tant l'orchestre fulgure !), elle inclut la participation de la jeune… Birgit Nilsson !
→ Trissé.

Graener – Comedietta – Staatskapelle Berlin, Abendroth (Jube Classics) !!/++ **
Voir ici.

Graener – Œuvres orchestrales, vol.2 : Symphonie en ré mineur, Échos du royaume de Pan, Variations Prinz Eugen – Radiophilharmonie de Hanovre, W.A. Albert (CPO) !!!/+++ ***
Voir ici.
→ Bissé.
→ Prinz Eugen 7 fois.

Graener – Œuvres orchestrales, vol.3 : Comedietta, Variations sur un chant russe – Alun Francis (CPO) !!/++ **
Voir ici.

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SYMPHONIES DES ÎLES BRITANNIQUES

(William) Wordsworth – Symphonie n°7 (Orchestral Music, Vol. 4) – Liepaja SO (Toccata Classics 2022) ./+ .
→ Rien relevé de particulièrement remarquable lors de cette (première) écoute. Il faudrait réeessayer naturellement.

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SYMPHONIES SLAVES

(Moritz) Moszkowski – Orchestral Works, Vol. 3 – Sinfonia Varsovia, Ian Hobson (Toccata Classics 2022) !/++ *
→ Moins exaltant que les deux précédents volumes (que je recommande vivement aux amateurs de romantisme paisible).

Mosolov – Symphony No. 5 & Harp Concerto – Taylor Ann Fleshman, Moscou SO, Arthur Arnold (Naxos 2020) !!/++ **
→ Un délice tout particulier que ce concerto pour harpe très étrange, qui échappe totalement à l'esprit habituel de dialogue et de virtuosité apparente des concertos. J'y reviens souvent.

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SYMPHONIES NORD-AMÉRICAINES

Bernstein – Symphonie n°1 – Arctic PO, Ch. Lindberg (BIS)

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SYMPHONIES SUD-AMÉRICAINES

(Aurelio) Barrios y Morales – « Anthology of His Symphonies » – Orquesta Sinfónica de Coyoacán Nueva Era A.C., Rodrigo Elorduy (Sterling 2022) !!/++ **
→ Petite merveille d'un romantisme doux (et mexicain, mais absolument aucune couleur locale ici).
→ Bissé.

VILLA-LOBOS, H.: Symphonies Nos. 1 'O Imprevisto' and 2 'Ascenção' (São Paulo Symphony, Karabtchevsky) (Naxos 2017) !!/+ *
→ Quadrissé.

VILLA-LOBOS, H.: Symphonie No. 2 – SWR Stuttgart, St. Clair (CPO 2000) !!/+ *

VILLA-LOBOS, H.: Symphonies Nos. 3 'War' and 4 'Victory' (São Paulo Symphony, Karabtchevsky) (Naxos) !/+ *

VILLA-LOBOS, H.: Symphonies Nos. 6 & 7 (São Paulo Symphony, Karabtchevsky) (Naxos) ./+ .

VILLA-LOBOS, H.: Symphonies Nos. 8,9,11 (São Paulo Symphony, Karabtchevsky) (Naxos 2017) ./+ .

VILLA-LOBOS, H.: Symphonie No. 10 (São Paulo Symphony, Karabtchevsky) (Naxos) !!/+ .

VILLA-LOBOS, H.: Symphonie No. 10 – SWR Stuttgart, St. Clair (CPO 2000) !!/+ *

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AUTRES SYMPHONIES

Saygun – Symphonies 1 & 2 – Rheinland-Pfalz State Philharmonic Orchestra, Rasilainen (CPO) ./.  .
→ Toujours aussi peu discursif, vaste, errant, plat.

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POÈMES SYMPHONIQUES

Gade – « King Frederik IX Conducts the Danish National Radio Symphony » : Échos d'Ossian (Dacapo publication 2000)
→ Manque absolu d'entrain, ressemble à une marche militaire empesée, en fait de mystères battus par le vent des Hébrides…

Gade – Échos d'Ossian – Rheinland-Pfalz State Philharmonic Orchestra, Ole Schmidt (CPO 1995)
→ Sonneries très lentes, et équilibres de l'orchestre pas très beaux (ni timbres), mais beaucoup de vie dans les épisodes intermédiaires.

Gade – Échos d'Ossian – National de la Radio Danoise, Hogwood (Chandos) !!!/+++ ***

Arensky – Variations on a Theme of Tchaikovsky, Op. 35a (pour orchestre à cordes) – Moscow Symphony Orchestra, Kerry Stratton (Dorian Sono Luminus) ./. .

Dukas, L'apprenti Sorcier / Tchaïkovski, Casse-Noisette / Bach-Stokowski, Toccata & Fugue en rém – Bernard Herrmann (Decca) !/+ *

Novák – Toman et la Nymphe des bois – Hrůša (Supraphon) **

Novák – Nikotina – Brno PO, Jílek (Supraphon) !!!/++ ***

Ravel – La Valse, Le Tombeau de Couperin, Alborada del Gracioso, Une Barque sur l'Océan… – Stockholm RPO, Oramo (BIS 2022) !/+ *
→ Prise et jeu très clairs, mais je n'y trouve pas la plus-value spectaculaire des couleurs d'Oramo dans Elgar, Nielsen ou Sibelius, sans doute parce que Ravel est suffisamment précisément orchestré pour ne changer qu'à la marge d'une interprétation à l'autre.

Kienzl - Symphonic Variations on the Strassburglied (Zu Strassburg auf der Schanz) from the opera Der Kuhreigen op.109a (1925? pub. 1934) - Stuttgart Radio-sinfonieorchester,  Fritz Mareczek (archive YT)
→ Trissé.

Mantovani – Time Stretch – TM+, Cuniot (æon)

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CONCERTOS

Radolt – Concertos pour luth viennois – Hubert Hoffman, Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Challenge Classics 2008) !!/++ **

Telemann, Platti, Vivaldi & Geminiani – « Concerti all'arrabbiata » – Freiburger Barockorchester, Gottfried von der Goltz (Aparté 2011) ./. .
→ Écouté devant l'enthousiasme d'un compère ici présent, je n'ai à la vérité, comme je le redouté, pas perçu de différence notable avec les autres disques de ce genre : il y a même plus coloré, plus typé, plus virtuose… (Mais il faut dire que les Freiburger d'aujourd'hui, en particulier avec Goltz, me paraissent toujours assez lisses et léchés, pas vraiment ce que j'ai envie d'entendre dans des œuvres qui ne débordent déjà pas de surprises.)

Graupner – Ouvertures et Concertos pour chalumeaux – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Challenge Classics) !/++ *

Dittersdorf – Harp Concerto in A Major – Andrea Vigh, Budapest Strings, Béla Bánfalvi !!/. .

Haendel, Boïeldieu – Concertos pour harpe – Marisa Robles, ASMF, Iona Brown (Decca) !!/. *

Haendel, Dittersdorf, Boïeldieu – Concertos pour harpe – Claudia Antonelli, Innsbrucker KO, Hans Ludwig Hirsch (Arts 2012) !!/+ **

Davaux – Symphonie concertante mêlée d'airs patriotiques – Concerto Köln (Capriccio 1989) !!/+++ **

Davaux – Symphonie concertante mêlée d'airs patriotiques – Le Concert de la Loge Olympique, Chauvin (Aparté) !!/++ **

Dupuy – Concerto pour flûte n°1 – Collegium Musicum Copenhagen, Schønwandt (Dacapo 1997) !!/+++ **
→ Quadrissé.

Dupuy – Concerto pour basson en la mineur – Christian Davidsson ; Sundsvall ChbO, Niklas Willén !/++ *

Dupuy – Concerto pour basson en ut mineur – Sambeek ; Orchestre du Sud des Pays-Bas, Spering (YT) !!!/++ **

Dupuy – Concerto pour basson en ut mineur – Sambeek ; Suède ChbO, Ogrintchouk (BIS 2019) !!!/+++ ***

Bernhard Romberg – Concerto pour flûte en si mineur, Quintette pour flûte et cordes  – John Wion */. .
→ Interprétation à l'ancienne.

Bernhard Romberg – Concertos pour violoncelle 2 & 6, Rondo capriccioso – Raphael Wallfisch, London Mozart Pleyers, (CPO 2022) !/+ *
→ Le meilleur de Romberg est à chercher dans ses duos et surtout dans ses symphonies. Ses concertos, vaillamment gravés les un après les autres par CPO, restent de jolies pièces de virtuosité un peu galante.

Bernhard & Andreas Romberg – Ouverture Mendoza (A.), Ouverture de concert (B.), Violin Concerto No. 3, Cello Concerto No. 2 – Yury Revich, Lionel Cottet, Hofer Symphoniker, Luca Bizzozero
→ Comme toujours, Bernhard deux crans au-dessus.

Brahms – Concerto pour violon, Symphonie n°1 – Degand, Cercle de l'Harmonie, Rhorer (NoMadMusic 2021) !!!/+++ ***
→ Formidables couleurs renouvelées, et dans le concerto, ce que tire Degand de cordes en boyaux est tout simplement hallucinant d'aisance et de musicalité. Versions majeures, et très différentes.

Brahms – Concerto pour piano n°2 – Magaloff, Den Haag, Otterloo (VOX)
→ Déçu, très figé, assez lent, véritables césures entre les phrases, comme si tout le monde se découvrait le jour même de l'enregistrement. J'attendais mieux de cet équipage qui n'a produit que des merveilles !

Brahms – Piano Concertos 1 & 2 – Garrick Ohlsson, Melbourne Symphony Orchestra, Tadaaki Otaka (ABC Classics / MSO Live 2013) !!!/++ *

Röntgen, Amanda Maier, Brahms – Concertos pour violon – Cecilia Zilliacus ; Malmö Symphony Orchestra, Västerås Sinfonietta, Kristiina Poska (dB Productions 2022) !!/++ **
→ Maier est nettement plus marquante dans le beau romantisme simple de ses œuvres de chambre qu'ici. Le concerto en fa dièse mineur de (son mari) Röntgen, dont c'est la seule gravure que je connaisse (il existe un autre très beau concerto, en la mineur, chez Centaur).

Röntgen, Hubay, Chausson – Concertos pour violon : en lam, n°3, poème – Ragin Wenk-Wolf (Centaur 2006) !!!/++ ***
→ Le concerto de Röntgen est en particulier une merveille de caractère, qui vaut bien les grands standards connus. Comme pour ses sonates avec violon, Röntgen se distingue particulièrement avec cet instrument (alors que les concertos pour violoncelle ressemblent à Dvořák en moins exaltant, que les concertos pour piano et surtout les symphonies sont assez plats…).

Tchaikovski – Andante & Finale Op. 79 (arr. S. Taneyev for piano and orchestra) – Hoteev, Tchaikovsky Symphony, Fedoseyev (Hänssler réédition 2021) !/+ *
→ Final vraiment lent, qui ne lui fait pas gagner en légèreté. Sinon, bien sûr très articulé avec du grain, mais vraiment moins grisant que Glemser-Wit.

Tchaikovski – Troisième Concerto, Andante & Finale Op. 79 (arr. S. Taneyev for piano and orchestra) – Glemser, Polish National O Katowice, Wit (Naxos 1996) !!/++ ***
→ Bissé le concerto, trissé l'Op.79.

Boïeldieu, Saint-Saëns, Pierné, Renié – « French Concertos for Harp » – Xavier de Maistre !!/++ *

Sibelius, Stenhammar, Nielsen, Svendsen, (Daniel) Nelson – Romances & danses pour violon & orchestre – Zilliacus, Västerås Sinfonietta, Koivula (Intim Music 2004) !/++ *
→ Pas des chefs-d'œuvre, mais plaisir d'entendre le suraigu qui tinte chez Zilliacus, dans ce répertoire peu couru.

Bruch, Bloch, Ravel, Korngold – Kol Nidrei, From Jewish Life, 2 Mélodies hébraïques, Concerto en ut – Edar Moreau (Erato 2022) !!/+++ **
→ Grande version de Kol Nidrei !  Et réussites partout ailleurs, dont le rare concerto de Korngold. Décidément Moreau, après Offenbach-Gulda, nous offre du neuf de grand intérêt !
→ Bissé.

Mosolov – Symphony No. 5 & Harp Concerto – Taylor Ann Fleshman, Moscou SO, Arthur Arnold (Naxos 2020) !!/++ **
→ Un délice tout particulier que ce concerto pour harpe très étrange, qui échappe totalement à l'esprit habituel de dialogue et de virtuosité apparente des concertos. J'y reviens souvent.


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CHAMBRE : VENTS ET CORDES

Schubert – Octuor + Quartettsatz – Edding SQ, Northernlight (Phi) !/++ *
→ Sur instruments anciens (issus de l'Orchestre des Champs-Élysées, vu le label ?), très vivant et fluide.

Spohr, Beethoven – Nonette, Septuor – Linos Ensemble (Capriccio 1993) !/++ *

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QUINTETTES À CORDES

Gade – Chambre vol.4 : Quatuor en fam, Quintette à cordes en fam, Novelettes clar pia – MidtVest Ensemble (CPO 2019) (!/+++) *

Brahms – Quintette à cordes 1 – Budapest SQ (Sony)

Taneïev – Intégrale des Quintettes – Martinů SQ, Olga Vinokur (Supraphon) !!!/++

Schillings – Quatuor & Quintette à cordes – (CPO) (!!!/+++) ***

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QUINTETTES PIANO-CORDES

Arensky – Quatuors 1 & 2, Quintette piano – Ying SQ (Dorian Sono Luminus) !!!/++ ***
→ Le final du 2 est fondé sur le même thème russe qui sert au couronnement de Boris Godounov et au final du Septième Quatuor de Beethoven. L'intégration de la thématique populaire dans les formes sonates, variations et fugatos est vraiment réjouissante chez Arenski !

TANEYEV, S.I.: Piano Quintet, Op. 30 / Piano Quartet, Op. 20 (Yudina, Beethoven Quartet) (1953-1957) (RCD) !!!/+++ ***
→ Versions très engagée comme on pouvait s'y attendre. En particulier dans les mouvements lents (l'adagio du quatuor, avec ses contrastes volubiles, tétanisants…).

Taneïev – Intégrale des Quintettes – Martinů SQ (Supraphon) !!!/+++ ***
→ Très belle version intense, et quelles œuvres !  La marche obstinée et poétique du quintette avec piano, le premier mouvement foisonnant du quintette à deux violoncelles, l'adagio expansif très intense du quintette à deux altos… !

TANEYEV, S.I.: Chamber Music - Piano Quintet / Piano Quartet / Piano Trio (Zassimova, Breuninger, Krznaric, Heichelbech, Lörcher) (CPO) !!!/++ **
→ Version très allemande, un peu sage mais avec de beaux timbres équilibrées, et non dénuée d'intensité. Œuvres très marquantes (les mouvements lents sont absolument extraordinaires), très au-dessus des quatuors ou des symphonies, à mon sens.

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AUTRES QUINTETTES

Andreas Romberg – 3 Quintettes à flûte, violon, 2 altos, violoncelle – Ardinghello Ensemble (MDG) !/+ *

Dupuy – Quintette pour basson et cordes et la mineur « A Bassoon in Stockholm... » – Agrell (BIS 2016) !/+ *
→ Couplé avec du Berwald.

Baermann, Rejcha – Quintettes avec clarinette – Karl Schlechta, Maggini SQ (SWR Classics Archive, publication 2017) !!/+ **

Brahms – Quintette clarinette & cordes – Budapest SQ (Sony) !!!/++ *

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QUATUORS À CORDES

Haydn – Quatuors Op.1 n°1,2,3,4 – Kodály SQ (Naxos) !!/++ **
Haydn – Quatuors Op.1 n°5,6 + Op.2 n°1,2 – Kodály SQ (Naxos) !!/++ **
Haydn (ou Hoffstetter) – Quatuors Op.2 n°2,5 + Op.3 n°1,2 – Kodály SQ (Naxos) !!!/++ **
Haydn (ou Hoffstetter) – Quatuors Op.3 n°3,4,5,6 – Kodály SQ (Naxos) !!!/++ **

Haydn – Quatuors Op.20 n°5, Op.33 n°5, Op.54 n°2, Op.76 n°6, etc. – Hanson SQ (Aparté 2019) !!/++ **

Haydn – Quatuors Op. 76 n°1,2,3,4,5,6 – Takács SQ (Decca 2004) !!!/+++ ***
→ Bissé.

WOLFL, J.: String Quartets Op.4 1-3 (Authentic SQ) !/+ *

WOLFL, J.: String Quartets, Op. 4, No. 3, Op. 10, Nos. 1 and 4 (Quatuor Mosaiques) (Paladino Music) !/++ *

Beethoven – Quatuor n°8 – Takács SQ (Decca) !!!/++ **

Schubert – Intégrale des  quatuors à cordes – Quatuor Modigliani (Mirare 2022) !!!/+++ ***
→ Beaux sons boisés, élancés au point qu'on croirait presque entendre des vents ; très allant, quatuors de jeunesse traités avec beaucoup de sérieux et d'investissement.
→ Les 14 et 15 sont d'une insolence insensée. Seul le 13 m'a paru sensiblement en deçà des meilleures propositions de la discographie. Le reste saisit. Intensément.
→ Voilà une intégrale qui rejoint, dans un goût plus chaleureux et tendu, la pointe-de-diamant des Diogenes, la lumière exaltée des Leipziger, la netteté des Verdi, parmi les grandes intégrales qui prennent ce corpus au sérieux…
→ Prise de son fantastique, on entend merveilleusement le fondu mais aussi chaque voix très distinctement, ce qui est très rare, même assis au premier rang. Mirare a en outre fait le choix d'une réverbération ample et agréable, avec un petit côté cathédrale qu'on n'a jamais dans une salle de spectacle !
→ Bissé.

Schumann – Quatuors – Modigliani SQ !!/++ **

Gade – Chambre vol.4 : Quatuor en fam, Quintette à cordes en fam, Novelettes clar pia – MidtVest Ensemble (CPO 2019) (!/+++) *

Franck – Quatuor en ré – Danel SQ (CPO) !/+ *

Franck – Quatuor en ré – Petersen SQ (Phoenix) !/+ *

Franck – Quatuor en ré – Zaïde SQ (NoMadMusic) !/. .

Franck – Quatuor en ré – Ysaÿe SQ (Ysaÿe) !/. .

Brahms – Quatuors à cordes 1,2,3 – Budapest SQ (Sony)

Dvořák – Quatuor 8 – Panocha SQ (Supraphon) !!/. .
→ Un peu déçu par la petite placidité et le son pas très typé.

Dvořák – Quatuors 8 & 10 – Albion Quartet (Signum) !!/*
→ Beaucoup de douceur et de musicalité, très réussi.

Dvořák – Quatuors 8 & 11 – Vlach SQ Prague (Naxos) !!/++ **
→ Dans ce qui sont (avec le 9 et le 10) les meilleurs quatuors Dvořák (à mon gré), en tout cas ceux dont les développements soutiennent le mieux l'intérêt et surprennent suffisamment pour ne pas paraître laborieux, très belle surprise que d'entendre, sur un Naxos de cette période, la meilleure maîtrise instrumentale et le son le plus typé de ce rapide parcours discographique !

Arensky – Quatuors 1 & 2, Quintette piano – Ying SQ (Dorian Sono Luminus) !!!/++ ***
→ Le final du 2 est fondé sur le même thème russe qui sert au couronnement de Boris Godounov et au final du Septième Quatuor de Beethoven. L'intégration de la thématique populaire dans les formes sonates, variations et fugatos est vraiment réjouissante chez Arenski !

Perosi – Quatuors à cordes 1 à 3 – Ensemble L. Perosi (Bongiovanni) !!/. **
→ Ça ne joue pas tout à fait juste, et on sent que les musiciens manquent un peu de liberté technique, mais interprétations tout à fait honorables de ce très beau corpus postromantique, riche et bien écrit !

Schillings – Quatuor & Quintette à cordes – (CPO) (!!!/+++) ***

Ginastera n°1, Halffter Ocho Tientos, Bartók n°2 – « Terra » – Cuarteto Quiroga (Cobra Records 2017) !!!/+++ ***

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CHAMBRE : QUATUORS PIANO-CORDES

TANEYEV, S.I.: Piano Quintet, Op. 30 / Piano Quartet, Op. 20 (Yudina, Beethoven Quartet) (1953-1957) (RCD) !!!/+++ ***
→ Versions très engagée comme on pouvait s'y attendre. En particulier dans les mouvements lents (l'adagio du quatuor, avec ses contrastes volubiles, tétanisants…).

TANEYEV, S.I.: Chamber Music - Piano Quintet / Piano Quartet / Piano Trio (Zassimova, Breuninger, Krznaric, Heichelbech, Lörcher) (CPO) !!!/+ *
→ Version très allemande, un peu sage mais avec de beaux timbres équilibrées, et non dénuée d'intensité. Œuvres très marquantes (les mouvements lents sont absolument extraordinaires), très au-dessus des quatuors ou des symphonies, à mon sens.

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TRIOS AVEC PIANO

Beethoven, Ries, Punto, Danzi – « Horn and Piano: A Cor Basse Recital » – Teunis Van Der Zwart, Alexander Melnikov (2022) !!/+++ **
→ Délicieux, entraînant, en particulier Ries et Danzi, avec le pianoforte particulièrement savoureux de Melnikov… Les timbres naturels se fondent remarquablement.

Reinecke – Trios piano-cordes – Trio Hyperion (CPO 2022) !/+ *
→ Assez brahmsiens, en moins aventureux dans la forme et les rythmes (m'a-t-il semblé en première écoute et à l'oreille seule). Le Premier est très beau.
→ Inclut un arrangement pour trio du Triple concerto de Beethoven… on ne perd pas beaucoup en supprimant l'orchestre de toute façon, mais l'œuvre ne se révèle pas plus dense pour autant.

Reinecke – Trios pour clarinette, alto & piano, 3 Phantasiestücke pour alto & piano – Carol Robinson, Pierre Lénert, Jeff Cohen !/+ *

Ernest Moeran – Chamber Music – Fidelio Trio (Resonus Classics 2022) !!/++ **
→ Très belles pièces, très marquées par Fauré et le jeune Debussy pour le Trio, par le Debussy de maturité pour la sonate violon-piano.

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CHAMBRE : PETITS ENSEMBLES BAROQUES

Bertali – Prothimia Suavissima (Sonates à 3 ou 4) – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Arcana) !!/++ **

Aumann – Chamber Music in the Abbey of St. Florian – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Challenge Classics 2022) !!/+++ ***
→ Du baroque viennois, assez différent de ce qu'on entend d'ordinaire, et tout à fait passionnant, dans une interprétation particulièrement vivifiante !

Biber – Sonatae Tam Aris Quam Aulis Servientes (Sonates à 5 ou 8) – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor (Arcana) !/++ *

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CHAMBRE : TRIOS À CORDES

 Bernhard Romberg – Trio à cordes n°1 en mi mineur (1824) – par Christoph Dangel, Katya Polin, Stefan Preyer ./. .
→ Sur instruments d'époque.

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DUOS : FLÛTE-PIANO

Elfrida Andrée, Amanda Maier, Laura Netzel – « Breaking Waves - Flute Music by Swedish Women Composers » – Paula Gudmundson, Tracy Lipke-Perry (MSR Classics 2019) !!

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DUOS À CORDES

Polevá – Gulf Stream dans sa version alto-violoncelle – Катерина Супрун, Золтан Алмаши (YT 2012)
→ Mélange le Prélude de la Première Suite pour violoncelle de Bach avec l'Ave Maria de Gounod (prévu pour se fixer sur le Premier Prélude du Clavier bien tempéré), puis inverse les instruments (violoncelle en harmoniques pour faire l'aigu). Amusant et plaisant, mais la compositrice va autrement loin dans son quatuor piano-cordes paru l'an passé chez Naxos, et vanté ici même !

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DUOS : VIOLON-PIANO (ou continuo)

Pandolfi Mealli – Pandolfi Mealli: Sonate à violino solo (Opera terza) – Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor !/++ *

Koessler – Sonate violon-piano en mim, Airs hongrois… – Wallin, Smirnof (VMS Musical Treasures 2021) !!/++ **

Ernest Moeran – Chamber Music – Fidelio Trio (Resonus Classics 2022) !!/++ **
→ Très belles pièces, très marquées par Fauré et le jeune Debussy pour le Trio, par le Debussy de maturité pour la sonate violon-piano.

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DUOS : VIOLONCELLE-PIANO

Bernhard Romberg – The Complete Cello Sonatas – Hannah Holman, Réne Lecuona (Blue Griffin 2013) !!/++ **
→ Très proche de celles de Beethoven, avec une vituosité plus affichée et un sens mélodique plus séduisant (un peu plus souple, il faut dire qu'on est dans la génération d'après !).

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DUOS : 2 PIANOS

MAHLER, G.: Symphony No. 2 (arr. B. Walter for 2 pianos) (Maasa Nakazawa, Athavale) (Naxos 2016) ./. .
→ Pas grisé par la transcription (on entend le squelette, mais il manque beaucoup de détails et d'effets) ni par l'interprétation (attaques assez épaisses, un peu molles), ni par le résultat global – vraiment pas du tout le même frisson (et je ne suis pas suspect de ne pas donner crédit aux réductions !) que la symphonie d'origine.
→ Pour autant, très intéressant de l'entendre différemment, on y prend beaucoup de plaisir. Curieux d'entendre une transcription mieux faite et surtout une interprétation plus survoltée, plus engagée dans l'évocation symphonique.

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SOLOS : VIOLON

Bach – « Sei solo », 3 sonates & partitas pour violon – Kavakos (Sony 2022) !!!/+

Bach – Sonates & partitas pour violon, volume 1 – F.-P. Zimmermann (BIS 2022) !!!/++

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SOLOS : VIOLONCELLE & VIOLE DE GAMBE

Bach, Abel – Suites pour violoncelle sur viole – Lucile Boulanger (2022) !/++ *

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SOLOS : LUTH, THÉORBE, GUITARE…

R. Ballard – Premier livre de luth – Richard Kolb (Centaur 2019) !!!/+++ ***

J.S. Bach – Sonatas & Partitas For Lute – Hopkinson Smith

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SOLOS : ORGUE

ROSSI, M.: Toccate e correnti (Music for Organ and Harpsichord) (Castagnetti) (Brilliant 2015) !!/++ **
→ Folies chromatiques (et sur tempérament inégal, ça frotte !) des toccate 3 et surtout 7 !

Titelouze, Racquet, L. Couperin, Jullien, Grigny, Corrette – Œuvres pour orgue – Cathédrale de Rodez, Frédéric Muñoz !!!/+++ ***

°Pachelbel – Vol.1 : Musicalische Sterbens-Gedancken, Ciaccona in F Major (POP 15) – Christian Schmitt (CPO)

Pachelbel – Vol.2 : Chaconne en sol – Essl (CPO) !!!/+++ ***

Pachelbel – Vol.3 : 3 Ciaccone – Belotti, J.D. Christie (CPO) !!/+ *

Daquin, Dandrieu, Corrette… – Noëls français pour orgue (Aux grandes orgues de la cathédrale d'Auch) (Stereo Version) – Marie-Claire Alain (BNF) !!/++ **

Franck – 3 Chorals – M.-C. Alain (Erato 1976, réédition Apex) !!/++ **
→ Registration peu éclatante, mais très belle poussée constante, qui tient en haleine !

Franck – 3 Chorals – Saint-Ouen de Rouen, Lecaudey (Pavane Records) !!/+ *

Franck – 3 Chorals – Guillou (Dorian Sono Luminus) !!/++ **
→ Qualité de la registration qui permet une réelle progression marquante !

Franck – 3 Chorals – Latry (DGG) !!/++ **
→ Version aux timbres assez brillants, conduite avec ampleur mais véritable sens de la progression, de grandes respirations amples qui font impression.

Franck – 3 Chorals – Saint-Ouen de Rouen, Joris Verdin (Ricercar) !!/+ *
→ Vif, mais vraiment des fonds bouchés de Cavaillé-Coll, qui gâchent un peu tout…

Töpfer  – Sonate en ré mineur – Die Ladegast-Orgel der St. Johannis-Kirche zu Wernigerode, Reinhardt Menger (FSM 1992) ./¤ .
→ Me fut chaudement recommandé, mais pas beaucoup aimé. J'ai même plutôt détesté le premier mouvement. L'impression que les harmoniques sont beaucoup trop hautes dans les mutations du plein-jeu, pour commencer ?
→ Quant à l'écriture, ce ressemble vraiment à de l'orgue pour organiste, avec les grandes figures inspirées de JS ou CPE, mais lissées par un langage Mendelssohn-Merkel et une forme simple plutôt Dubois. Ça m'évoque assez ce que j'aime pas chez Bach (tous ces intervalles moches de seconde mineure), et vraiment ce que n'aime pas chez les imitateurs de Bach. Un côté pièce de démonstration pour facteur-accordeur.
→ Le mouvement lent est beau, joliment mélodique, entre Widor et Dubois, ni indigne ni très singulier.
→ Dans le dernier mouvement, mêmes problèmes que le premier (en plus je trouve l'ensemble joué très mollement, c'est pas toujours synchronisé entre les mains et les sections, ça bave un peu de partout) : l'instrument, les pseudo-bachismes, les unissons brucknériens mais moches, les résolutions téléphonées… Je retenterai, vraiment pas concluant cette fois !

°ANDRIESSEN, H.: Chorals Nos. 1-4 / Sonata da chiesa / A Quiet Introduction / Offertorio / Thema met variaties (Saunders) (Brilliant 2015) ./. .
→ Une seule pièce marquante, pas le meilleur Andriessen, comme souvent à l'orgue chez les compositeurs non spécialistes.

Karg-Elert – Intégrale de l'œuvre pour orgue vol.1 : Chorale Improvisations Op.65, Livre 6 – Stefan Engels (Proprius) !! **
→ Vraiment du choral retravaillé, très convaincant ! (Et chez certains, comme le n°39, du sacré contrepoint agité !)

Karg-Elert – Intégrale de l'œuvre pour orgue vol.11 : Chorale Improvisations Op.65, Livres 5 & 6 – Stefan Engels (Proprius) !! **
→ De petites merveilles organistiques, belles harmonies dans un style libre qui évoque en effet l'improvisation. Énormément de charme.

Karg-Elert – Intégrale de l'œuvre pour orgue vol.12 : 3 Impressions, Hommage à Haendel, Partita n°1 – Stefan Engels (Proprius 2021) !! **
→ Inclut les monumentales variations d'Hommage à Händel, qui se déploient lentement de façon assez spectaculaire.

Messiaen – Messe de la Pentecôte, Livre d'orgue (Intégrale pour orgue, vol.5) – Rudolf Innig (MDG) !!/+++ ***

Petr EBEN – Job – Howard Lee (récitant), David Titterington (orgue, David Titterington & Howard Lee (Multisonic 1992) !!!/+++ ***

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SOLOS : CLAVECIN

ROSSI, M.: Toccate e correnti – Vartolo (Naxos) !!/+ *

ROSSI, M.: Toccate e correnti (Music for Organ and Harpsichord) (Castagnetti) (Brilliant 2015) !!/ ++ **
→ Folies chromatiques (et sur tempérament inégal, ça frotte !) des toccate 3 et surtout 7 !

Haendel – Intégrale des Suites – Cuckston (Naxos) !/++ **

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SOLOS : PIANO

Beethoven – Sonate 14 (final) – Valentina Lisitsa (YT)

Moussorgski – Tableaux d'une exposition – Valentina Lisitsa (enregistrement 2019, publication YT 2021) !! / +++ ***
→ La façon de timbrer de façon symphonique, de gérer la nudité des grands accords de la Porte de Kiev, est proprement stupéfiante.

Messiaen, Takemitsu, Léon Milo – « … à Olivier Messiaen », pièces pour piano et interludes acousmatiques (« soundscapes ») – Suzanne Kessler (Oehms 2013)
→ Je n'ai pas adoré les interludes acousmatiques, mais la classe bidouillée de Messiaen autour de Pelléas était assez amusante (collages de sections qu'il joue, détournant le texte ; ou encore accord qui résonne à l'infini pendant le cours reprend…), et les trois Regards remarquablement joués !

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MÉLODIES

Mélodies populaires anonymes XVIIe-XIXe – Lefilliâtre, Goubioud, Buffière ; Poème Harmonique, Dumestre (concert Besançon, France Musique 2021) !!!/+++ ***
→ Même programme qu'Aux marches du palais, mais avec Buffière au lieu d'Horvat comme basse, ce qui change les équilibres de façon intéressante (j'aime beaucoup les deux !).

Bonis, Polignac, Holmès, Viardot, Chaminade, Folville, Béclard d'Harcourt, Faye-Jozin, Ferrari – « Ombres », Women Composers of La Belle Époque – Laetitia Grimaldi (BIS 2022) !/++ **

Hahn, Debussy – Mélodies & Chœurs (Études Latines, Damoiselle Élue) – Karg, Brower, Behle, Nazmi ; G. Huber, Chœur de la Radio Bavaroise, Howard Arman (BR Klassik 2022) !!/++ *

Fauré (Mirages), Caplet (5 ballades françaises), Debussy (Beau soir), Ravel (Don Quichotte), Honegger (Petit cours de morale, Saluste du Bartas), Poulenc (2 Apollinaire, Parisiana), Roderick Williams (Les ténèbres de l'amour) – Roderick Williams, Roger Vignoles (Champ Hill Records, 2022) !!/++ ***
→ Quel bouquet incroyable de cycles très rares !  Et de qualité. Et interprétés avec une précision d'intentions remarquable, pas simplement chantés à la volée. (L'œuvre de R. Williams est très convaincante et se fond très bien dans l'esthétique des autres cycles.)
→ Le répétiteur n'a pas bien bossé, il y a quelques mots faux (« qui g(i)eint, qui pleure »). Sinon le français est vraiment bon, et l'artiste toujours aussi marquant. (Le timbre est moins beau en français, je crois.)

Paul Delmet – Chansons – Enguerrand Dubroca, ténor ; Yuko Osawa, piano (émission France Musique 2022) !/+ *
→ Tiré d'une intégrale en cours des chansons de Paul Delmet, abordée d'un point de vue sérieux / lyrique, avec beaucoup de bonheur.

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LIEDER

Kienzl - Lieder - Dagmar Schellenberger, Peter Stamm (CPO 2000) !/++ *

Mélodies viennoises avec petit ensemble – Groissböck (Gramola 2022) !/+ *

Graener – 5 Lieder zu Gedichten von Borries von Munchhausen: No. 3. Der alte Herr – Heinrich Schlusnus, Sebastian Peschko (chez Documents, label japonais)

Graener – Der Rock (d'un cycle de Morgenstern) – Prey (DGG)

Graener – Neue Galgenlieder von Christian Morgenstern, Op. 43b – Herman Wallén, Kristjan Randalu (chez Antes)

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MÉLODIES D'AUTRES NATIONS

Carafa – Calipso (dans il salotto vol.2) – Enkelejda Shkosa, David Harper (Opera Rara)

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CHANSON

« Nénufar, t'as du r'tard » – (Marche officielle de l'Expo coloniale de 1931) !!/++ **
→ Le racisme le plus franc, mais dans sa version souriante, peut-être même pas conscient de lui-même. Au demeurant, j'aime beaucoup cette chanson musicalement, très entraînante (le chœur !)… fascinante aussi : chaque vers mènerait aujourd'hui à de la prison ferme (et non sans fondement !).

album « Germaine Montero chante, vol.1 : Béranger, Bruant, Ducreux » !!/++ **

« Te souviens-tu » – Éric Amado (BNF) ***

album Éric Amado, succès & raretés **

« Ulysses » de Cristina Branco !!/+++ ***

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FOLK

Simon & Garfunkel – « Live From New York City, 1967 » !/++ *
→ Beaux effets du chant à deux en homorythmie, sur accompagnement très sobre.

Bert Jansch – album Bert Jansch !/++ *
→ Sobre et plutôt mouvant et personnel.

Bruce Springsteen – Nebraska !/+ .
→ Un peu rauque et américain mainstream.

Anne Briggs – album Topic ./+
→ Belle voix typée et pincée, mais un peu homogène dans les accompagnements et répétitif. Parties a cappella un peu longues.

Comus – album First Utterance ./.

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ACOUSMATIQUE

Léon Milo, Messiaen, Takemitsu – « … à Olivier Messiaen », pièces pour piano et interludes acousmatiques (« soundscapes ») – Suzanne Kessler (Oehms 2013)
→ Je n'ai pas adoré les interludes acousmatiques, mais la classe bidouillée de Messiaen autour de Pelléas était assez amusante (collages de sections qu'il joue, détournant le texte ; ou encore accord qui résonne à l'infini pendant le cours reprend…), et les trois Regards remarquablement joués !

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lattès

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__Nouveautés à écouter :__
Shostakovich – String Quartets No. 3 & No. 8 – Novus Quartet (Aparté 2022)
philippe pierlot hume meditation
ancerl live
R. Strauss & Reger: Lieder mit und ohne Worte, Georg Michael Grau
Handel: Semele, Choeur de Chambre de Namur, alarcon
Gloria Dresdensis, Dresdner Barockorchester
D'Agincour: Pièces de clavecin, 1733 - Vol. 1, Stéphane Béchy
Araja: Capricci; Pellegrini: Sonatas ; Enrico Bissolo
Pohádka - Tales from Prague to Budapest ; Laura van der Heijden
Beethoven: Rondino & Wind Octet - Mozart: Serenade ; MIB Wind Ensemble
A London Symphony, Lynn Arnold (pour pianos 4M et orgue)
Chapí: String Quartets Nos. 3 & 4 ; Cuarteto Latinoamericano
Arcadelt: Sacred Works ; Josquin Capella
Baroque Christmas Cantatas from Central Germany II ; Anne Stadler
kenins symphonies

__À écouter :__
Ginastera mélodies Milena, Toccata terza de Michelangelo Rossi par francesco cera (tempéraments), Quiroga disco, karg elert piano, Sonate Op. 25 n° 2 (« Vent de nuit »)  de Medtner, Koechlin basson 3 pièces opus 34, dialogos dalmatica & josaphat, töpfer & merkel, rhorer brahms 1, hillborg beast sampler,
Martinů, Foerster & Novák: Cello Concertos par Jiri Barta, Jakub Hrusa, Prague Philharmonia
KODALY: String Quartets Nos. 1 and 2 Label    Hungaroton
chausson concert faust melnikov
- GADE: Echoes of Ossian / Hamlet Overture / A Summer's Day in the Country / Holbergiana Suite
- gade chœurs sacrés chandos 
- gade schiotz https://www.nml3.naxosmusiclibrary.com/catalogue/item.asp?cid=DACOCD456&workId=37665
- gade vilhelm herold https://www.nml3.naxosmusiclibrary.com/catalogue/item.asp?cid=NI7880&workId=37665
- Messe en ut : Beecham, Wand, Corboz, Marriner, Rilling, Tilson-Thomas, Hickox,  Gardiner, Chailly, Gielen…
- octuor schubert nvelles vsns : hoeprich, linos, nordic, Academy of Ancient Music Chamber Ensemble…
- wand
- elming, rorholm, cold, schonwandt, dausgaard…
- bliss marie magdala
- haendel cuckston
- kirchschlager heggie
- Ernst Bacon, Trio avec piano n°2 - Lincoln Trio
- intégrale lalande
- intégrale grétry (messe)
- disco zilliacus
- disco Ragin Wenk-Wolf

__À réécouter :__
- kuhlau, réécoutes Bru Zane, nielsen commotio flamme, toch, brahms quats, messiaen livre,
- SINIGAGLIA, L.: String Quartet Works (Complete), Vol. 1 - String Quartet, Op. 27 / Brahms Variations / Hora Mystica (Archos Quartet), Messiaen: Complete Organ Works Vol. 5
- gade symphs
https://www.nml3.naxosmusiclibrary.com/catalogue/item.asp?cid=CHAN9767&workId=148371
- gade comala
- ROMANTIC HARP CONCERTOS
- Harp Music - REINECKE, C. / SAINT-SAËNS, C. / GERVAISE, C. / PIERNÉ, G. (Middle Ages to the 20th Century) (Michel, Mildonian, Jamet, Storck, Polonska)
- lambert mauillon




lattès




Cette masse de belles parutions récentes ou anciennes devrait vous permettre de patienter quelques semaines avant une prochaine livraison de ce genre ! 

samedi 1 janvier 2022

2021 : Les 10 disques qu'il faut avoir écoutés


Comme point final à notre cycle de l'année autour des nouveautés discographiques (qui sait quelle forme l'entreprise prendra l'an prochain), le moment est venu d'une sélection très courte, qui contraste avec les tentations d'exhaustivité que vous avez pu observer dans l'année.

Mais comme 10, ce serait tellement peu et trop cruel… j'ai commis plusieurs tops 10. Pas un par genre, μηδὲν ἄγαν, vous ne vous y retrouveriez pas.

Ce top 10 général (versions fulgurantes d'œuvres pas trop rabâchées) se double ainsi d'un top 10 d'interprétations exceptionnelles d'œuvres couramment jouées. Après une petite liste par genre des disques ayant atteint la cotation maximale au cours de l'année, il sera triplé par par les 10 disques hors nouveautés que j'ai le plus écoutés en 2021.

C'est parti !




A. Le grand top 10

top 2021

(11, mais Alcione a en réalité paru en 2020, disponible par la suite en numérique, époque à laquelle je l'ai écoutée, début 2021.)

1. Interprétation extraordinaire d'Alcione, issu des représentations à l'Opéra-Comique (qui m'avaient, étrangement, un peu moins marqué). Orchestre composé de la fine fleur des musiciens spécialistes de la tragédie en musique – en fait du Concert des Nations, il y avait beaucoup de membres des principaux ensembles baroques français, Thomas Dunford à l'archiluth en étant le représentant le plus célèbre. Et surtout, Auvity et Mauillon dont la singularité de timbre et l'expressivité verbale suprême magnétisent chaque instant de leur présence.
Le commentaire que j'en avais fait :
Marais – Alcione – Desandre, Auvity, Mauillon ; Le Concert des Nations, Savall (Alia Vox 2021)
→ Issu des représentations à l'Opéra-Comique, enregistrement qui porte une marque stylistique française très forte : dans la fosse, sous l'étiquette Concert des Nations propre à Savall, en réa:lité énormément de musiciens français issus des meilleures institutions baroques, spécialistes de ce style), et un aboutissement déclamatoire très grand – en particulier chez Auvity et Mauillon (qui est proprement miraculeux de clarté et d'éloquence).
→ Le résultat est donc sans rapport avec l'équipe catalane du fameux enregistrement des suites de danses tirés de cet opéra (1993), non sans qualités mais pas du tout du même naturel et de la même qualité de finition (instrumentale comme stylistique).
→ Les moments forts de la partition (la chaconne initiale de Pélée, l'interruption du mariage, le naufrage, le duo de révélation Pélée-Alcione…) s'en trouvent formidablement mis en évidence, et permettent de goûter pleinement le génie mélodique et harmonique de Marais.
→ Le frémissement interne de l'orchestre, magnifié par la prise de son Alia Vox, parachève cet objet incontournable pour les amateurs de tragédie lyrique.
→ Sans comparaison avec le studio Minkowski, pas très bien chanté (Smith-Ragon-Huttenlocher-Le Texier, ce n'est pas la folie…), beaucoup moins coloré et mobile, même s'il s'y trouve de beaux moments de continuo très poétique.

2. Une nouvelle version de Drot og Marsk, opéra politique de Peter Heise, un sommet du romantisme mûr, très riche, aussi bien nourri du sens du drame verdien que de la recherche musicale germanique, un peu le meilleur des deux mondes. Et on ne croule pas sous les opéras en danois dans la discographie – Lulu de Kuhlau se trouve en ligne (bande radio sur YouTube), je ne saurais trop vous recommander cette merveille en attendant une incertaine parution discographique. Superbe version par ailleurs, meilleure que la précédente.
HEISE, P.A.: Drot og marsk (Royal Danish Opera Chorus and Orchestra, Schønwandt) (Dacapo 2021)
→ Superbe drame romantique, dans la descendance tardive de Kuhlau, remarquablement chanté et joué. Tout est fluide, vivant, inspiré, œuvre à découvrir absolument ! (il en existait déjà une version pas trop ancienne chez Chandos)

3. Tout à fait inattendus, ces motets d'un compositeur wallon, dans un goût quelque part entre le Mozart de jeunesse et le meilleur Grétry. L'air de ténor « Miles fortis », agile et épique (dans la veine de Fuor del mar ou de Se al impero, si vous voulez, mais dans une ambiance harmonique et mélodique plus proche des airs de Céphale ou Guessler), a tourné en boucle depuis sa découverte. Je ne m'attendais pas à entendre du simili-seria sacré dans une région secondaire d'Europe produire un résultat aussi jubilatoire !
Hamal – Motets – Scherzi Musicali, Achten (Musiques en Wallonie 2021)
→ Pour moi clairement plutôt du genre cantate.
→ Musique wallonne du milieu du XVIIIe siècle (1709-1778), très marquée par les univers italien et allemand, pas tout à fait oratorio façon seria ,pas tout à fait cantate luthérienne, avec de jolies tournures.
→ Côté dramatique post-gluckiste quelquefois, très réussi dans l'ensemble sous ses diverses influences.
→ Le sommet du disque : l'air héroïque de ténor « Miles fortis » qui clôt la cantate Astra Cœli, d'une agilité et d'une vaillance parfaitement mozartiennes (augmentées d'une grâce mélodique et harmonique très grétryste), et qui pénètre dans l'oreille comme un véritable tube, ponctué par ses éclats de cor et ses violons autour de notes-pivots…
→ Splendide interprétation des Scherzi Musicali, qui ravive de la plus belle façon ces pages oubliées. Mañalich remarquable dans les parties très exposées de ténor, à la fois doux, vaillant et solide.
→ Écouté 7 fois en quatre jours (pas très séduit en première écoute, puis de plus en plus enthousiaste). Comme quoi, il faut vraiment donner leur chance aux compositeurs moins connus, et ne pas se contenter d'une écoute distraite pour décréter leur inutilité.

4. Les Quatuors d'Henri Vieuxtemps, ce sont (certes un demi-siècle plus tard !) les quatuors égarés de Beethoven !  Sens remarquable de la forme, mélodies un peu sévères mais marquantes, c'est à découvrir absolument si l'on aime le gronchon idéaliste dont on a fêté l'anniversaire jusqu'à la mi-saison : il faudrait regarder les partitions de plus près, mais lors des premières écoutes, la qualité ne m'a pas paru sensiblement moindre…
Vieuxtemps – Les 3 Quatuors à cordes –  Élysée SQ (Continuo Classics)
→ Nouveauté fondamentale : trois nouveaux quatuors de Beethoven composés par Vieuxtemps.
→ Je n'aime pas trop le son un peu dépareillé de cet ensemble, mais peu importe vu ce qu'il document ici d'inestimable – il n'existait aucun quatuor de Vieuxtemps au disque. (Même sur YouTube, on pouvait trouver deux mouvements pour dans un concert de conservatoire. Pas davantage.) Merci les Élyséens !

5. L'intégrale de Svetlanov, très typée et d'apparence sale, ne donnait pas la pleine mesure de la singularité des symphonies de Miaskovski, très différentes les unes des autres. Après la réussite de la 21 en 2020, Vasily Petrenko récidive avec la 27, étonnamment intense et lumineuse, et traitée avec un sens du style remarquable – le tout servi par l'un des tout meilleurs orchestres du monde actuellement.
Miaskovski (Myaskovsky), Symphonie n°27 // Prokofiev, Symphonie n°6 – Oslo PO, V. Petrenko (LAWO 2021)
→ Saveur très postromantique (et des gammes typiquement russes, presque un folklore romantisé), au sein d'un langage qui trouve aussi ses couleurs propres, une rare symphonie soviétique au ton aussi « positif », et qui se pare des couleurs transparentes, acidulées et très chaleureuses du Philharmonique d'Oslo (de sa virtuosité aussi)… je n'en avais pas du tout conservé cette image avec l'enregistrement de Svetlanov, beaucoup plus flou dans la mise en place et les intentions…
→ Frappé par la sobriété d'écriture, qui parle si directement en mêlant les recettes du passé et une forme d'expression très naturelle qui semble d'aujourd'hui. L'adagio central est une merveille de construction, comme une gigantesque progression mahlérienne, mais avec les thématiques et couleurs russes, culminant dans un ineffable lyrisme complexe.
→ Bissé Miaskovski.

6. Chansons inspirées par la geste napoléoniennes, particulièrement abouties dans celles arrangées à trois voix. (Et le Tombeau de Joséphine, palimpsestant le Bon Pasteur de Romagnesi, quelle merveille !)
Sainte-Hélène, La légende napoléonienne – Sabine Devieilhe ; Ghilardi, Bouin, Buffière, Marzorati  ; Les Lunaisiens, Les Cuivres Romantiques, Laurent Madeuf, Patrick Wibart, Daniel Isoir (piano d'époque) (Muso 2021)
→ Chansons inspirées par la fièvre et la légende napoléoniennes, instrumentées avec variété et saveur.
→ Beaucoup de mélodies marquantes, de pastiches, d'héroï-comique (Le roi d'Yvetot bien sûr), et même d'hagiographie à la pomme de terre… Le meilleur album des Lunaisiens jusqu'ici, aussi bien pour l'intérêt des œuvres que pour la qualité des réalisations vocales.

7. La Princesse jaune révélée par cette nouvelle interprétation au sommet, mais l'album vaut surtout par les Mélodies persanes dans leur version orchestrale, avec l'excellente idée de mandater six chanteurs différents !  Je ne suis pas forcément convaincu par les techniques des uns et des autres (on entend des limites dans l'ambitus, le timbre, la diction…), mais l'investissement collectif et la beauté de la proposition orchestrale (qui transfigure ce qui est déjà un chef-d'œuvre au piano) réjouit totalement !  Beaucoup écouté.
Saint-Saëns – La Princesse jaune – Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans, Fanyo, Pancrazi, Sargsyan, Estèphe, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse, pas aussi bien servie jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies dans une luxueuse version orchestrale, avec des chanteurs très différents, et chacun tellement pénétré de son rôle singulier !

8. Superbe orgue néerlandais dans du répertoire inédit du XVIIIe français. C'est un peu l'idéal de ce que j'attends de la vie.
Guillaume Lasceux – Simphonie concertante pour orgue solo –  St. Lambertuskerk Helmond, Jan van de Laar (P4Y JQZ 2020)
+ Jullien : suite n°5 du livre I, Couperin fantaisie en ré, Böhm, Vater unser, Jongen Improvisation-Caprice, Franck pièce héroïque
→ Le disque contenant le plus de Gilles Jullien, et une version extraordinairement saillante de la Pièce Héroïque de Franck.
→ Quel orgue fantastiquement savoureux !

9. Peut-être est-ce parce que j'ai une centaine d'heures sur le sujet entre la préparation de la notice du disque, puis celle de la notule, mais après une première écoute polie, j'ai été totalement fasciné par cet univers très différent de ce que l'on connaît du répertoire sacré allemand – ce chœur composé de deux chanteurs !  ces récits reconstitués au moyen de patchworks intertestamentaires !
Pfleger – Cantates « The Life and Passion of the Christ » – Vox Nidrosiensis, Orkester Nord, Martin Wåhlberg (Aparté 2021)
→ Musique du Nord de l'Allemagne au milieu du XVIIe siècle. Œuvres inédites (seconde monographie seulement pour ce compositeur.
→ Plus ascétique que ses motets latins (disque CPO, plus expansif), je vous promets cependant de l'animation, avec ses solos de psaltérion, ses évangélistes qui fonctionnent toujours à deux voix, ses structures mouvantes qui annoncent l'esthétique des Méditations pour le Carême de Charpentier.
→ Par ailleurs, curiosité d'entendre des textes aussi composites (fragments des Évangiles mais aussi beaucoup d'Ancien Testament épars), ou encore de voir Dieu s'exprimer en empruntant les mots d'Ézéchiel et en émettant des notes très graves (mi 1 - ut 1) sur des membres de phrase entiers.
→ On y rencontre des épisodes peu représentés d'ordinaire dans les mises en musique – ainsi la rencontre d'Emmaüs, ou la Cananéenne dont la fille est possédée – écrits en entrelaçant les sources des Évangiles, des portions des livres prophétiques, les gloses du XVIIe et les chants populaires de dévolution luthériens, parfois réplique à réplique…
→ De quoi s'amuser aussi avec le contexte (je vous en touche un mot dans la notice de ma main), avec ces duels à l'épée entre maîtres de chapelle à la cour de Güstrow (le dissipé Danielis !), ou encore lorsque Pfleger écarte sèchement une demande du prince, parce que lui sert d'abord la gloire de la musique et de Dieu. (Ça pique.)
→ Et superbe réalisation, conduite élancée, voix splendides et éloquentes.
https://www.deezer.com/fr/album/213997932

10. Baroque centre-américain de première qualité, tout est ravissant et entraînant ici !
Castellanos, Durón, García de Zéspedes, Quiros, Torres – « Archivo de Guatemalá » tiré des archives de la cathédrale de la ville de Guatemalá – Pièces vocales sacrées ou instrumentales profanes – El Mundo, Richard Savino (Naxos 2021)

→ Hymnes, chansons et chaconnes très prégnants. On y entend passer beaucoup de genres et d'influences, des airs populaires plaisants du milieu du XVIIe jusqu'aux premiers échos du style de l'opéra seria (ici utilisé dans des cantiques espagnols).
→ Quadrissé.

11. Une sorte de dernier Haendel (celui du Te Deum d'Utrecht, de The Ways of Zion, du Messie…), plein de contrepoint très éloquent et généreux – mais pragois.
Brixi – Messe en ré majeur, Litanies – Hana Blažiková, Nosek Jaromír ; Hipocondria Ensemble, Jan Hádek (Supraphon 2021)
→ Alterne les chœurs d'ascèse, finement tuilés, très beau contrepoint qui fleure encore bon le contrepoint XVIIe, voire XVIe… pour déboucher sur des airs façon Messie (vraiment le langage mélodique de Haendel !).
→ Splendides voix tranchantes et pas du tout malingres, orchestre fin et engagé, Blažiková demeure toujours aussi radieuse, jusque dans les aigus de soliste bien exposés !


… j'ai dû exclure d'excellents albums, comme la symphonie de Dobrzyński sur instruments d'époque, la Ferne Geliebte de Nigl, le Winterreise pour sax, théorbe et récitant (!), et j'aurais dû le faire pour Alcione et Lasceux-Jullien, car bien que numérisés (ou simplement écoutés par moi) en 2021, ils avaient été imprimés en 2020. Écoutez tout cela également (peut-être un peu moins le Winterreise, qui est aussi déviant que vous pouvez vous le figurer), ce sont des merveilles.

Je signale aussi ces splendeurs écoutées avec ravissement, mais issues de la Radio :
¶ Verdi, Boccanegra (Gerhaher, Luisi, Operavision)
¶ Wagner, Lohengrin (Pintscher, YT)
¶ Wagner, Rheingold (Ph. Jordan, France Mu)
¶ Wagner, Parsifal en version harmonium et trois solistes (Avro)
¶ Debussy, Pelléas (Roth, France Mu)
¶ Schmitt, Salomé intégrale Altinoglu (YT Radio de Francfort)
Et deux créations contemporaines géniales qui méritent l'inscription au répertoire :
¶ Connesson, Les Bains Macabres (France Mu)
¶ Hersant, Les Éclairs (Operavision)



B. 10 interprétations majeures du grand répertoire

top 2021

Là aussi, quelques exclus dignes d'un détour (les Goldberg de Lang Lang, que je n'attendais décidément pas là, ont été republiées en Deluxe avec des compléments début 2021 mais avaient déjà été publiées au milieu de 2020) pour parvenir à cette sélection.

1. Intégrale inégale, mais les 1,2,4 et Roméo & Juliette sont absolument électrisants, et assez neufs dans leurs choix (pas du tout russes).
Tchaïkovski – Symphonies n°2,4 – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique, en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait, d'une énergie démentielles !
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la thématique folklorique, au demeurant.

2. Moi qui pensais de Mitridate qu'il s'agissait d'une très belle œuvre de jeunesse où surnageaient surtout quelques coups de génie (« Nel grave tormento » !), me voilà totalement passionné par tout ce que j'entends dans cette version.
Mozart – Mitridate – Spyres, Fuchs, Dreisig, Bénos, Devieilhe, Dubois ; Les Musiciens du Louvre, Minkowski (Erato 2021)
→ Cet enregistrement ébouriffe complètement !   Distribution exceptionnelle – en particulier Bénos, mais les autres ne sont pas en reste ! – et surtout orchestre totalement haletant, le résultat ressemble plus aux Danaïdes qu'à un seria de jeunesse de Mozart !

3. Mendelssohn sacré à un-par-partie par Bernius. Ce n'est plus de la musique, c'est de la pornographie conçue pour DLM. Et ça tient ses promesses de netteté, de tension, d'inspiration, de séduction.
Mendelssohn – Te Deum à 8, Hora Est, Ave Maria Op.23 n°2 – Kammerchor Stuttgart, Bernius (Hänssler)
→ Bernius réenregistre quelques Mendelssohn a cappella ou avec discret accompagnement d'orgue, très marqués par Bach… mais à un chanteur par partie ! Très impressionnante clarté polyphonique, et toujours les voix extraordinaires (droites, pures, nettes, mais pleinement timbrées et verbalement expressives) du Kammerchor Stuttgart.

4. Nouvelle intégrale de référence pour Schumann. Il y a tout, Gerhaher excelle particulièrement dans cet univers, et les autres chanteurs sont aussi les meilleurs de leur génération (Rubens, Lehmkuhl…). Inégalé à ce jour.
Schumann – Alle Lieder – Gerhaher, Huber, Rubens, Landshammer, Kleiter, Lehmkuhl, Mitterrutzner… (Sony 2021)
→ Magnifique somme regroupant les cycles Schumann de Gerhaher, parmi les tout meilleurs qu'on puisse entendre et/ou espérer, et permettant de tout entendre, avec bon nombre de nouveautés (tout ce qui n'avait pas été enregistré, et même une nouvelle version de Dichterliebe).
→ Verbe au cordeau, variation des textures, mordant, tension, nuances, c'est la virtuosité d'une expression construite qui impressionne toujours autant chez lui !
→ Les artistes invités, ce n'est pas n'importe qui non plus, ces dames figurent parmi les meilleures liedersängerin de leur génération (Rubens, n'est-ce pas !). Les lieder prévus pour voix de femme sont ainsi laissés aux interprètes adéquates.
→ De surcroît le livret contient des introductions, un classement clair (même une annexe par poètes !) et les textes (monolingues, certes, mais c'est toujours une base de départ confortable pour ceux qui veulent ensuite des traductions).

5. Une interprétation fulgurante de Mahler 8 – Jurowski parvient à transmettre quelque chose de la typicité russe aux timbres du LPO, et Fomina en soprano principale, quelle volupté permanente !  (Elle ne cède sur rien…)
Mahler – Symphonie n°8 – Howarth, Schwanewilms, Fomina, Selinger, Bardon, Banks, Gadd, Rose ; LPO Choir, LSO Chorus, Clare College Choir, Tiffin Boys Choir ; LPO, Jurowski (LPO Live)
→ Quel bonheur d'avoir des sopranos de la qualité de timbre de Schwanewilms et Fomina pour cette symphonie où leurs aigus sont exposés en permanence ! Barry Banks aussi, dans la terrible partie de ténor, étrange timbre pharyngé, mais séduisant et attaques nettes, d'une impeccable tenue tout au long de la soirée.
→ Par ailleurs, le mordant de Jurowski canalise merveilleusement les masses – très beaux chœurs par ailleurs.

6. Approche très différente de l'ordinaire, pour un Schubert murmuré, net, sans épanchements un peu gras, qui met la beauté à nu comme un diamant taillé perd en masse mais gagne en irisation.
Schubert – Quintette à cordes – Tetzlaff, Donderer... (Alpha 2021)
→ Couplé avec le Schwanengesang de Julian Prégardien que je n'ai pas encore écouté.
→ Lecture d'une épure assez fabuleuse : absolument pas de pathos, cordes très peu vibrées, des murmures permanents (quel trio du scherzo ! ), et bien sûr une très grande musicalité.
→ Très atypique et pudique, aux antipodes de la grandiloquence mélodique qu'on y met assez naturellement.

7. La meilleure version du Quatuor de Messiaen que j'aie entendue, tout simplement. D'une simple éloquence, exactement dans le projet, échappant aux expressions un peu solistes des versions de prestige habituelles.
Messiaen – Quatuor pour la fin du Temps – Left Coast Ensemble (Avie 2021)
→ Captation proche et très vivante, interprétation très sensible à la danse et à la couleur, une merveille où la direction de l'harmonie, le sens du discours apparaissent avec une évidence rare !
+ Rohde: One wing
Presler, Anna; Zivian, Eric
→ Très plaisante piécette violon-piano, congruente avec Messiaen, écrite par l'altiste membre de cet ensemble centré autour de San Francisco.

8. Je ne m'attendais pas à trouver ce programme de salon, pas les œuvres qui me touchent le plus, dans ma propre sélection !  Mais le choix des instruments d'époque et la finesse des interprètes magnifie totalement ce répertoire, et l'illusion d'être invité à un petit événement privé est parfaite !
Couperin (Barricades mystérieuses) // Liszt-Wagner (Liebestod) // Chopin (Prélude n°15) // Fauré (Sonate n°1, Après un rêve, Nocturne n°6) // Hahn (À Chloris)… – « Proust, le concert retrouvé » – Théotime Langlois de Swarte, Tanguy de Williencourt (HM 2021)
→ Inclut des transcriptions de mélodies. Très beaux instruments d'époque, belle ambiance de salon. Je n'ai pas eu accès à la notice pour déterminer la proportion de musicologie / d'érudition pertinente dans le propos – souvenirs trop parcellaires de la Recherche pour le faire moi-même.
→ Langlois de Swarte « chante » remarquablement À Chloris ou Après un rêve, tandis que le surlié feint de Willencourt fait des miracles dans Les Barricades Mystérieuses. La Sonate de Fauré est menée avec une fraîcheur et un idiomatisme que je ne lui connaissais pas, aussi loin que possible des exécutions larges et poisseuses de grands solistes plutôt aguerris à Brahms et aux concertos.

9. À nouveau, un opéra que je tenais pour secondaire et qui révèle un potentiel dramatique insoupçonné (le final du II !) dans cette interprétation de feu – et la fête garantie pour tous les glottophiles, vraiment du grand chant d'aujourd'hui !  (Étrangement sur un petit label au réseau de distribution limité, il n'y a vraiment pas de quoi vendre aux admirateurs de Bellini, Rebeka et Camarena, souvent des collectionneurs pourtant ?)
Bellini – Il Pirata – Rebeka, Camarena, Vassallo ; Opéra de Catane, Carminati (Prima Classics)
→ Disque électrisant, capté avec les équilibres parfaits d'un studio (ça existe, une prise de studio pour Prima Classics ?), dirigé avec beaucoup de vivacité et de franchise (Carminati est manifestement marqué par les expérimentations des chefs « musicologiques »), et magnifiquement chanté par une distribution constituée des meilleurs titulaires actuels de rôles belcantistes, grandes voix singulières et bien faites, artistes rompus au style et particulièrement expressifs.
→ Dans ces conditions, on peut réévaluer l'œuvre, qui n'est pas seulement un réservoir à airs languides sur arpèges d'accords parfaits aux cordes, mais contient aussi de superbes ensembles et de véritables élans dramatiques dont la vigueur évoque le final du II de Norma (par exemple « Parti alfine, il tempo vola »).

10. Les pièces courtes post-debussystes de Stravinski regroupées dans une très grande interprétation, suivie par une lecture très marquante du Sacre… !
Stravinski – Feu d'artifice, Scherzo fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps – NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb absolument idéaux pour ces pages.



C. Tour d'horizon par genre

Pour information, voici les nouveaux enregistrements qui ont obtenu la cotation maximale au cours de l'année, et que je recommande donc sans réserve.

OPÉRA
Marais Alcione – Savall
Mozart – Mitridate – Minkowski
Bellini – Il Pirata – Carminati
Verdi – Boccanegra – Auguin
Heise – Drot og marsk – Schønwandt
Saint-Saëns – La Princesse jaune – Hussain
Schreker – Ferne Klang – Weigle
Lattès – Le Diable à Paris – Les Frivolités Parisiennes

RÉCITALS
Salieri & Beethoven – « In Dialogue » – Heidelberg Symphoniker
LULLY, Charpentier, Desmarest, Rameau – « Passion » – Gens, Les Surprises, Camboulas

SACRÉ
Guatemalá
Hamal, motets, Achten
Brixi, Messe en ré
Pfleger
Montigny, Grands Motets
Mendelssohn, Te Deum à 8, Bernius

LIEDER ORCHESTRAUX
Mahler 8 LPO Jurowski
Saint-Saëns – Mélodies persanes – Hussain
Wagner, Mahler, Berg – Lieder – Harteros
Fried – Die verklärte Nacht – Gardner

POÈMES SYMPHONIQUES
Udbye, Thrane, Borgstrøm… Ouvertures d'opéras norvégiens
« Beethoven, si tu nous entends » (pot-pourri / recomposition)
Stravinski – Scherzos, Sacre – NHK, P. Järvi

SYMPHONIES
Mendelssohn Dausgaard
Tchaïkovski 2 & 4 P. Järvi
Saint-Saëns Măcelaru
Miaskovski 27 V. Petrenko
Maliszewski Symphonies

QUINTETTES
Schubert Quintette Tetzlaff Donderer
Lyatoshinsky, Silvestrov, Poleva – « Ukrainian Piano Quintets » – Pivnenko, Yaropud, Suprun, Pogoretskyi, Starodub (Naxos 2021)
Stanford, membres Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin

QUATUORS
Vieuxtemps, Élysée SQ
Rubinstein, Reinhold SQ
Messiaen Fin du Temps, Left Coast Ensemble
Saint-Saëns 1 & 2 Tchalik SQ
Haydn 76 n°1-3 Chiaroscuro SQ

TRIOS
Lazzari & Kienzl
Alnar, Tüzün, Baran, Balcı – Trios piano-cordes (turcs) – Bosphorus Trio (Naxos)

VIOLON
Proust, le concert retrouvé

GUITARE
Roncalli, intégrale par Hofstotter

HARPE
Salzedo, « Christmas Harp » (X. de Maistre)

ORGUE
Arrangements de LULLY par Jarry à l'orgue de la Chapelle Royale
Lasceux-Jullien – « Robustelly » – Jan van de Laar
Karg-Elert – Intégrale pour orgue, vol.12 : 3 Impressions, Hommage à Haendel, Partita n°1 – Steinmeyer de la Marienkirche de Landau/Pfalz, Stefan Engels (Priory 2020)
Eben, Momenti d'organo, Ludger Lohmann

PIANO
Samazeuilh, Piboule
Bach Goldberg, Lang Lang
Chopin Polonaise-Fantaisie, Eckardtstein

LIEDER, MÉLODIES
Schumann, intégrale des lieder, Gerhaher-Huber
Schumann, Frauenliebe und Leben // Brahms, lieder – Garanča (DGG)
Beethoven, Schubert, Britten …– I Wonder as I Wander – James Newby, Joseph Middleton (BIS 2020)
Biarent, Berlioz, Gounod, Bizet, Saint-Saëns, Chausson – mélodies orientales « La chanson du vent » – Clotilde van Dieren, Katsura Mizumoto
Miaskovski – « Œuvres vocales vol. 1 » : Livre Lyrique, 12 Romances d'après Lermontov, Sonate violon-piano – Barsukova, Pakhomova, Dichenko, Solovieva (Toccata Classics 2021)

CHANSONS
Sainte-Hélène, la légende napoléonienne
« Heut' ist der schönste Tag - Tenor Hits of the 1930s »



D. Hors nouveautés, les 10 disques les plus écoutés de l'année

top 2021

Nouveautés
J'ai laissé de côté les nouveautés précédemment évoquées, mais Alcione de Marais, les motets d'Hamal, les Mélodies persanes orchestrales de Saint-Saëns, les chansons de l'album Sainte-Hélène et les motets de Pfleger comptent assurément parmi les albums les plus écoutés de l'année.

Notules et répétitions
Auraient aussi pu figurer les disques énormément écoutés pour écrire des notules (cantates de Pfleger, La mort d'Abel de Kreutzer, les symphonies de B. Romberg, Cristina regina di Svezia de Foroni, Mona Lisa de Schillings, Das Schloß Dürande de Schoeck) ou pour préparer du travail en répétition (Le Déluge de Jacquet de La Guerre, Le bon Pasteur de Romagnesi, Les Diamants de la Couronne d'Auber)… Je me suis dit que c'était une motivation annexe, et surtout que les notules vous avaient déjà laissé le loisir de prendre connaissance de ces œuvres et de ces disques.

Quatuors
Beaucoup de découvertes assez fondamentale cette fin d'année en matière de quatuors, que je vous recommande vivement au passage : Schillings (CPO), Kienzl (CPO), Gade (surtout ceux en ré majeur et mi mineur, CPO vol.5), Vieuxtemps (Quatuor Élysée chez un petit label), Kabalevsky (CPO), Rubinstein (CPO)…

Et voici donc un mot sur la sélection.

1. Le cycle Graener de CPO, en particulier ce volume, et en particulier les Variations sur la chanson populaire à propos de la victoire d'Eugène de Savoie contre les Turcs. Le miroitement instrumental et la motricité irrésisible de ces variations en rendent le procédé à la fois limpide et intriguant… Pour de la griserie pure de la force de la musique, je me le passe encore et encore, des dizaines de fois cette année…
Graener – Variations orchestrales sur « Prinz Eugen » – Philharmonique de la Radio de Hanovre, W.A. Albert (CPO 2013)
→ On ne fait pas plus roboratif… mon bonbon privilégié depuis deux ans que je l'ai découvert par hasard, en remontant le fil depuis le dernier volume de la grande série CPO autour du compositeur (concertos par ailleurs tout à fait personnels et réussis).

2. Parues l'an passé, une grande version des Méditations pour le Carême, chef d'œuvre absolu du XVIIe siècle français : fragments d'Évangiles et de textes vétérotestamentaires, en petites scènes incitant à l'identification, à la réflexion… À un par partie et non en chapelle ici ; les trois chanteurs sont merveilleux.
Charpentier – Méditations pour le Carême – García, Candela, Bazola ; Guignard, Galletier, Camboulas (Ambronay 2020)
→ Avec Médée, le fameux Te Deum et le Magnificat H.76, on tient là la plus belle œuvre de Charpentier, inestimable ensemble de dix épisodes de la passion racontés en latin (et s'achevant au miroir du sacrifice d'Isaac, sans sa résolution heureuse !) par des chœurs tantôt homorythmiques tantôt contrapuntiques, et ponctués de récitatifs de personnages (diversement sympathiques) des Écritures. Merveille absolue de l'harmonie, de la prosodie et de la poésie sonore.
→ Ce que font Les Surprises est ici merveilleux, sens du texte et des textures hors du commun, d'une noirceur et d'une animation dramatique inhabituelles dans les autres versions de cette œuvre, et servi au plus suprême niveau de naturel chanté. Un des disques majeurs du patrimoine sacré français.

3. La musique de chambre d'Arnold Krug, représentant méconnu de l'école allemande.
Arnold Krug – Sextuor à cordes, Quatuor piano-cordes – Linos Ensemble (CPO 2018)
→ Sextuor lumineux et enfiévré, une merveille ! Entre le dernier quatuor de Schoeck et le Souvenir de Florence de Tchaïkovski !
→ Quatuor piano-cordes tout aussi intensément lyrique, avec quelque chose de plus farouchement vital, d'un romantisme qui ne se cache pas. Splendidement tendu, une autre merveille qui vous empoigne, tendu comme un arc dans le plus grand des sourires !
→ Une des mes grandes découvertes chambristes récentes !

4. De même pour Koessler. Je me suis biberonné à ces deux disques de chambre pendant des semaines…
Koessler – String Quintet in D Minor / String Sextet (Frankfurt String Sextet) (CPO 2007)
→ Très bien écrit ! Riche contenu d'un romantisme assumé, qui peut rivaliser avec les grands représentants de second XIXe !

5. Le rondeau final du concerto de Hummel, le thème B du premier mouvement de Dupuy, en qui l'on sent immédiatement le compositeur dramatique… ineffables moments, qui ont fait plus d'un converti au basson ces derniers mois !  Le meilleur bassonniste vivant est accompagné par le meilleur orchestre de chambre actuel dirigé par le meilleur hautboïste vivant.
Édouard Dupuy – Concerto pour basson – van Sambeek, Swedish ChbO, Ogrintchouk (BIS 2020)
→ On peut donc faire ça avec un basson ! Cette finesse (changeante) de timbre, cette netteté des piqués, cette perfection du legato, j'ai l'impression de découvrir un nouvel instrument. J'aurais aimé la Chambre de Suède un peu moins tradi de son (comme avec Dausgaard), mais je suppose que le chef russe a été formé à un Mozart plus lisse (ça ploum-ploume un peu dans les basses…).
→ Quand au Dupuy, c'est une petite merveille mélodique et dramatique qui sent encore l'influence du drame gluckiste dans ses tutti trépidants en mineur, une très grande œuvre qui se compare sans peine aux deux autres ! Le thème B du premier mouvement (d'abord introduit à l'orchestre par un duo clarinette basson), quelle émotion en soi, et quel travail de construction au sein du mouvement – l'emplacement formel, l'effet de contraste des caractères…
→ Un des disques les plus écoutés en 2020, pour ma part ! Le thème lyrique et mélismatique du premier mouvement est une splendeur rare. Et ces musiciens sont géniaux (meilleur bassoniste du monde, meilleur orchestre de chambre du monde, dirigés par le meilleur hautboïste du monde…).

6. Cette chaconne en ut, à la française, mais développé avec une science allemande, a un pouvoir incroyable – elle est en réalité reconstituée par Michael Belotti, l'un des organistes de l'intégrale. Découverte en entrant pour la première fois à Saint-Robert de la Chaise-Dieu, cet été. Ce qui suscita une vaste notule.
Pachelbel – Complete Organ Works, Vol. 2 – Essl, Belotti, J.D. Christie (CPO 2016)

7. Là aussi, peut-être est-ce ma contribution à l'entreprise, mais Raoul Barbe-Bleue mûrit en moi, et ses tubes (comme Grétry écrit toujours magnifiquement pour les basses : Guessler, Céphale, Raoul !) résonnent de plus en plus fréquemment dans mes appartements.
Grétry – Raoul Barbe-Bleue – Wåhlberg (Aparté 2019)
→ Voyez la notule.

8. Grosse crise batave, et en particulier cycle Diepenbrock, dont beaucoup d'enregistrements ont été collectés chez Etcetera au moment de l'anniversaire, pour les 150 ans de sa naissance en 2012. Au sommet, cet Hymne aan Rembrandt (par Westbroek !).
Diepenbrock – Anniversary Edition, vol.4 – Westbroek, Beinum, Haitink, Spanjaard… (Etcetera 2021)

9. Le concert débute dans quelques instants. Je croise un visage connu. « Vous savez, j'ai enfin retrouvé la trace d'une très belle symphonie postclassique, d'un certain Jakub Goła̧bek. Je vous le recommande. » Écoute le soir même. Énorme coup de cœur, écriture très vivante par un ensemble sur instruments anciens très impliqué. Et couplé avec un des miraculeux concertos pour clarinette de Karol Kurpiński, dans sa meilleure version.
Golabek, Symphonies / Kurpinski, concerto pour clarinette – Lorenzo Coppola, Orkiestra Historyczna (Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une langue classique déjà très émancipée.

10. & 11. Deux versions merveilleuses, l'une historique et l'une moderne, les deux complètement abouties, de ce chef-d'œuvre de lyrisme plein d'élan et de finesses – pourquoi ne joue-t-on que l'aimable Maskarade ?  Je ne peux plus m'en passer.
Nielsen – Saul og David – Jensen (Danacord)
Nielsen – Saul og David – N. Järvi (Chandos)

12. Une grande personnalité musicale découverte grâce aux judicieux conseils de l'insatiable Mefistofele. (Ne cherchez pas en ligne, Hyperion ne fait pas de diffusion en flux, « gratuite » comme payante.)
Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands, Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant, qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi dans les pièces vocales. Bijoux.

13. Certes, on est en retard en Angleterre, mais en plus de ses très beaux opéras réunissants les différents goûts européens, Macfarren a aussi commis, au milieu du XIXe siècle, des symphonies très réussies qui doivent beaucoup à Beethoven et Weber.
Macfarren – Symphonies 4 & 7 – Queensland PO , W.A. Albert (CPO)
→ Écriture qui doit encore beaucoup à Beethoven et Weber, d'un très beau sens dramatique, trépidant !
→ Orchestre un peu casserole (timbres de la petite harmonie vraiment dépareillés), mais belle écriture romantique.




En attendant que les nouveautés refleurissent après cette brève trève, ou simplement pour vous nourrir du suc du meilleur, voilà qui devrait vous tenir occupés jusqu'à la prochaine publication !  La suite des anniversaires peut-être ?  L'écrasante génération 1872 nous attend !

En 2022 nous les fêterons dignement. Veuillez donc rester vivants, s'il vous plaît.

mercredi 15 décembre 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 8 – Suédois à noms français, Tchèques & Lettons à noms allemands, Wallons à noms arabes, Polonais à noms polonais


lattès

Un mot

Cette huitième livraison sera aussi, selon toute vraisemblance la dernière de l'année.

J'ai trop tardé, occupé à documenter les anniversaires (gros travail à venir, pour l'immense génération 1872 !), à publier les nouveautés et les écoutes. Conclusion : non seulement je les documente en décalé, mais chaque semaine, je dois repousser la publication impossible de l'ensemble des écoutes… La mise en forme prend trop de temps, il faudra que j'agisse sur ce point.

Aussi, pour l'instant, à part les quelques non-nouveautés que j'ai relevées en début de notule, je me contente dans cette livraison de mentionner les parutions récentes.

Tout cela se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la porte.

(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de données brutes, qui prennent déjà quelques heures à vérifier, réorganiser et remettre en forme.)



Cycles

J'ai moins écouté de nouveautés, à force de revoir toujours passer les mêmes œuvres, les mêmes genres musicaux… Non pas qu'il n'y ait pas (beaucoup !) de nouveautés dignes d'intérêt, comme vous verrez, mais considérant l'ampleur de ma consommation, aller fouiller dans le fonds préexistant ménage davantage de satisfactions.

Plusieurs découvertes marquantes hors des publications toutes fraîches, donc : les œuvres sacrées de (Jean) Mouton, le luth de Robert Ballard, le Stabat Mater de Domenico Scarlatti (l'une des rares survivances de son œuvre hors clavier), l'orgue de Lasceux, les œuvres vocales de Cartellieri et Schürmann, le Quatuor Scientifique de Rejcha (j'étais passé à côté au disque, le concert m'a dessillé), les symphonies de Goła̧bek, les motets du wallon Jean-Noël Hamal (écoute en boucle de Miles fortis, une bonne quizaine de fois en deux semaines), les quatuors de Kienzl (quel sens simultané de la mélodie et de la structure !)…

J'ai aussi mené des cycles méthodiques de découverte : les concertos et opéras de Dupuy le Suédois, les poèmes symphoniques et les quatuors de NovákKarg-Elert (ce n'est pas le plus célèbre de son catalogue qui est le plus enthousiasmant !), tout ce qu'on trouve de Biarent, Lipatti (ses compositions), l'orgue intégral de Leighton, Eben (Job, bon sang !)…

Je me dis que je devrais plutôt faire tout de bon une notule par cycle, ou reprendre le principe du disque de la semaine, pour ne pas ensevelir mes lecteurs… et avoir du temps à consacrer à d'autres sujets.

lattès


La légende

Les vignettes sont au maximum tirées des nouveautés. Beaucoup de merveilles réécoutées ou déjà parues n'ont ainsi pas été immédiatement mises en avant dans la notule : référez-vous aux disques avec deux ou trois cœurs pour remonter la trace.
(Un effort a été fait pour classer par genre et époque, en principe vous devriez pouvoir trouver votre compte dans vos genres de prédilection.)

J'indique par (nouveauté) ou (réédition) les enregistrements parus ces dernières semaines (voire, si j'ai un peu de retard, ces derniers mois).

♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.

(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.




lattès



A. Opéra

Beaucoup de titres, et quelques révolutions dans l'interprétation de l'opéra italien.

nouveautés
Rossi – Ézéchias (YT)
→ Cantate, rare évocation directe du règne d'Ézéchias, auquel on vient de consacrer une notule. Et une cantate plutôt bien écrite. (Pas sûr de recommander la version, qui sonne un peu comme la Foire au chapon.)

Rameau – Platée – Beekman, Auvity, Mauillon ; Les Arts Florissants, Christie (HM 2021)
→ Belle version qui privilégié souvent le ton élégiaque sur la couleur – pas nécessairement mon Rameau, et pas très bien capté (on entend vraiment la sècheresse du théâtre, le changement d'emplacement des comédies), ce n'est pas une révélation par rapport à l'histoire récente de l'interprétation de l'œuvre.
→ En revanche la distribution époustoufle : Auvity, Beekman et Mauillon, stupéfiants de projection naturelle en salle, et monstres d'abattage !
→ Parution en somme bienvenue, considérant que la plupart des versions marquantes ont été vidéodiffusées (et pas toujours en DVD).

♥♥ Rameau – Acanthe & Céphise – Devieilhe, Wanroij, Dubois, Witczak ; Les Ambassadeurs & La Grande Écurie, Kossenko
→ Incroyable ouverture, d'une profusion assez folle, réellement un inédit et un inouï. L'intrigue est par ailleurs plus sympathique que la plupart des galanteries du genre, avec quelques moments un peu plus typés tragédie en musique, et le chœur final est magnifique. Le reste demeure dans les étiages habituel des joliesses ramistes. (Orchestre magnifique.)

Beck – L'Île déserte – (CPO 2021)
→ Diction difficile à suivre, style instrumental peu français (dans la conception et surtout l'exécution) ; musique de Beck comme souvent assez peu marquante : essai méritoire de redonner vie à cette figure de la vie musicale bordelaise (que je n'ai jamais beaucoup admiré jusqu'ici), mais pas un disque bouleversant.

♥♥♥ Mozart – Mitridate – Spyres, Fuchs, Dreisig, Bénos, Devieilhe, Dubois ; Les Musiciens du Louvre, Minkowski (Erato 2021)
→ Cet enregistrement ébouriffe complètement !   Distribution exceptionnelle – en particulier Bénos, mais les autres ne sont pas en reste ! – et surtout orchestre totalement haletant, le résultat ressemble plus aux Danaïdes qu'à un seria de jeunesse de Mozart !
→ Bissé.

Mayr – L'amor conjugale – Santon, Pérez, Agudelo, Rimondi, Gourdy, Fournaison – Opera Fuoco, David Stern (Aparté 2021)
→ La portée du projet m'a échappé : un opéra bouffe du rang, sans grandes saillances, interprété par d'excellents chanteurs un peu hors de leur zone de confort (Santon, très grande musicienne, mais pour du joli dans ce genre, la voix est vraiment trop large, grise et vibrée ; Gourdy et Fournaison, chanteurs que j'adore en salle, mais peu flattés par les micros), et présentés sur une pochette Mondrian (mais pourquoi donc ?).
→ Au demeurant, Opera Fuoco est toujours épatant, vivant, coloré… (Mais pourquoi jouer ceci plutôt qu'autre chose ?)
→ Il y a eu des représentations de lancement, auxquelles je n'ai pu me rendre, peut-être des reprises à venir, à essayer pour tester sur pièce, dans une véritable configuration dramatique ?

♥♥♥ Bellini – Il Pirata – Rebeka, Camarena, Vassallo ; Opéra de Catane, Carminati (Prima Classics)
→ Disque électrisant, capté avec les équilibres parfaits d'un studio (ça existe, une prise de studio pour Prima Classics ?), dirigé avec beaucoup de vivacité et de franchise (Carminati est manifestement marqué par les expérimentations des chefs « musicologiques »), et magnifiquement chanté par une distribution constituée des meilleurs titulaires actuels de rôles belcantistes, grandes voix singulières et bien faites, artistes rompus au style et particulièrement expressifs.
→ Dans ces conditions, on peut réévaluer l'œuvre, qui n'est pas seulement un réservoir à airs languides sur arpèges d'accords parfaits aux cordes, mais contient aussi de superbes ensembles et de véritables élans dramatiques dont la vigueur évoque le final du II de Norma (par exemple « Parti alfine, il tempo vola »).

Moniuszko – Le Manoir hanté – Poznan (Operavision 2021)
→ L'œuvre, pourtant emblématique, ne m'a jamais convaincu, ni dramatiquement (que c'est lourdaud, ce passage obligé par tous les invariants des opéras comiques d'Auber…), ni musicalement (vraiment plat à mon sens). Halka mérite plus de considération, malgré le livret pesantissime (très triste et difficile à endurer aujourd'hui), et surtout ses très belles cantates, chroniquées cette année dans le cadre des nouveautés.

Franck – Hulda – Philharmonique de Fribourg, Bollon (Naxos 2021)
→ Enfin une intégrale de l'œuvre !  Je l'attendais depuis longtemps, bien que la lecture (rapide) de la partition ne m'ait pas révélé de merveilles cachées (que c'est consonant pour du Franck !).
→ Intégrale hélas servie par des chanteuses aux voix opaques et trémulantes – et à l'accent impossible. Le ténor et le baryton sont tout à fait bons.
→ Toujours l'énergie, le relief et la transparence exemplaires de Fabrice Bollon avec Fribourg, qu'on avait tant admiré pour ses Magnard.
→ L'œuvre n'est pas du grand Franck : orchestre opaque, mélodies peu marquantes, bien moindre audace harmonique qu'à son ordinaire, comme s'il se coulait de façon malaisée à la fois dans la simplicité de l'opéra et le modèle monumental de l'opéra postwagnérien.
→ Son sens dramatique est par ailleurs remarquablement inhibé (alors que le livret est plutôt exubérant, à la façon de La Tour de Nesle de Dumas !) : lors de l'assassinat terrible qui marque le point culminant de l'œuvre, la musique ne signale rien, même pas un silence. Au disque, on ne s'aperçoit de l'événement que parce que les personnages le disent. La musique ne s'est pas agitée d'un pouce.
→ Bientôt donné dans de bien meilleures conditions par Bru Zane. Mais l'œuvre est longue et pas nécessairement convaincante : je suis curieux du résultat.

♥♥ Smareglia – Il Vassallo di Szigeth – Cerutti (Bongiovanni 2021)
→ Très proche de l'esprit de Verdi, et très bien écrit. (Avec un décalage temporel très conséquent : né en 1854 !). L'interprétation n'est pas parfaite, comme toujours chez Bongiovanni, mais on les remercie de documenter ces pans si mal servis de la musique vocale italienne (leur grand cycle Perosi !).

Guiraud, Saint-Saëns & Dukas – Frédégonde – Kim, Sohn, Romanovsky, Opéra de Dortmund (vidéo officielle 2021)
→ Ouvrage collectif achevé par Saint-Saëns à la mort de Guiraud, conformément aux dernières volontés de celui-ci, et en partie orchestré par le jeune Dukas, une histoire terrible de reine mérovingienne.
→ En lisant / jouant la partition il y a quelques années, j'avais été saisi par l'intérêt de la chose… mais l'orchestration en semble assez opaque, et chanté dans un français aussi incompréhensible et des voix aussi opaques, on passe vraiment à côté. J'attends impatiemment la venue à Tours dans une distribution francophone !

Puccini-Matuz – acte II de Turandot, pour 2 flûtes, violon, violoncelle, piano – Gergely Matuz & Friends (YT 2021)
→ Ce n'est pas un disque, mais une nouvelle parution tout de même, très attendue, le nouvel enregistrement d'un acte intégral d'opéra par Gergely Matuz (qui a déjà publié le I de Tristan, les II & III du Crépuscule !).
→ Moins de transcriptions des lignes vocales que pour Tristan ou le Crépuscule. Le piano aussi, produit un effet moins chambriste que la version 2 flûtes + quatuor + contrebasse. Pour finir la matière musicale, riche mais très tournée vers le pittoresque simili--oriental, est moins intéressant en tant que telle.
→ Donc une belle transcription jouée de façon enthousiaste, mais pas prioritaire par rapport à ses autres réalisations !

♥♥♥ Hersant – Les Éclairs – Lanièce, E. Benoit, Bouchard-Lesieur, Rougier, Heyboer ; Aedes, Philharmonique de Radio-France, Matiakh (Operavision 2021)
→ Une création mondiale et diable de chef-d'œuvre. J'en dis plus par là.

Monteverdi – Il Ritorno d'Ulisse in patria – Zanasi, Richardot ; Gardiner (SDG 2018)

♥♥ LULLY – Alceste, actes I & II – Malgoire (Auvidis, réédition Naïve)
→ La focalisation de la voix de Sophie Marin-Degor est miraculeuse !

♥♥♥ LULLY – Alceste, actes I & II – Rousset (Aparté)
→ Un des meilleurs disques de tragédie en musique, œuvre comme exécution.

♥♥♥ LULLY – Isis, acte IV – Rousset (Aparté)

Campra – Tancrède – Schneebeli (Alpha)
→ Déçu par l'interprétation à la réécoute, vraiment sage et même un peu terne. (Malgoire c'était bien mieux, malgré le vieillissement du style !)

Marais – Alcione (Prologue, acte I) Minkowski (Erato)
Les voix, c'est un peu le musée des horreurs… Ce Minko-là, contrairement par exemple à son Phaëton, a pas mal vieilli – tandis que l'Alcione de Savall est au contrairement un accomplissement stupéfiant.

Georg Caspar Schürmann – Die getreue Alceste
– Zumsande, Karnīte, Müller, Harari, Ludwig, Drosdziok, Grobe, Heinemeyer, Barockwerk Hamburg, Hochman (CPO)
→ Du seria écrit comme de la cantate sacrée à l'Allemande, avec quelques chœurs à la française. Agréable.

Grétry - Richard Coeur de Lion, acte I - Doneux
→ Il faut écouter le disque de Versailles pour bien se rendre compte de la qualité (épatante) de l'œuvre, ici c'est un peu malaisé.

Mozart – Il re pastore – Harnoncourt
→ Pas passionnant ça.

Mozart – Lucio Silla – Harnoncourt
→ Comme à chaque fois : belles intuitions mélodiques, mais que c'est ennuyeux tout de même, sur la longueur. Et Harnoncourt, aux phrasés courts, manque un peu de couleurs et de « reprise » dramatique. On attend toujours une version émérite comme le Mitridate de Minkowski (ou même de Rousset).
→ Même vocalement, je trouve que ces voix assez opaques, un peu geignardes, ne font qu'accentuer l'impatience de l'auditeur que je suis.
→ (Ce reste néanmoins probablement, vu l'état sinistré de la discographie, le meilleur disque qu'on puisse trouver pour cet opéra…)

♥♥ Mozart – Der Schauspieldirektor – Harnoncourt

♥♥ Mozart – Thamos – Harnoncourt

¤ Beethoven – Fidelio, « Mir ist so wunderbar », « Das Gold » – Klemperer
→ Réécouté pour donner tort à un ami qui en disait le plus grand bien. Effectivement, le soleil s'est couché avant qu'on atteigne le second accord. (Et ce n'est même pas de la lenteur intense ou détaillée…)

♥♥♥ Beethoven – Fidelio – Altmeyer, Jerusalem, Nimsgern, Adam ; GdHsLeipzig, Masur (Sony)
→ Quel orchestre rond et savoureux à la fois !  Quelle distribution de feu !  (Jerusalem plane sur le rôle, Adam rayonne comme toujours dans les rôles de basse, et les seconds rôles sont fabuleux.)

♥♥♥ Beethoven – Fidelio, « Mir ist so wunderbar » –  Marzelline (Lucia Popp), Leonore (Gundula Janowitz), Rocco (Manfred Jungwirth) & Jaquino (Adolf Dallapozza). Leonard Bernstein conducting the Chor und Orchester  der Wiener Staatsoper, 1978 (DVD DGG 1978)

Beethoven – Fidelio, final du I – Marie McLaughlin, Gabriela Benačková, Neill Archer, Josef Protschka, Monte Pederson, Robert Lloyd ; ROH, von Dohnányi (DVD Arthaus 1991)
→ Il existe deux Fidelio de Dohnányi dans le commerce ! Le CD avec Ziesak-Schnaut-Protschka-Welker-Rydl (qui fait vraiment envie), et le DVD de la même année, avec McLaughlin-Benačková-Protschka-Pederson-Lloyd.
→ Le CD est depuis longtemps difficile à trouver, hélas (du moins en flux) : je n'ai pas pu essayer – alors que Ziesak, comment rêver mieux ici ?
→ Le DVD est très bien, même si Dohnányi n'y est pas dans ses soirs les plus colorés / mordants. Lloyd est un peu impavide, mais Benačková tient très bien sa partie, et Pederson est absolument terrifiant – l'insolence vocale mais aussi la posture en scène, jeune, arrogant, cruel.

E.T.A. Hoffmann – Dirna  – German ChbAc Neuss, Goritzki (CPO)
→ Mélodrame orchestral à plusieurs personnages, bien fait, sans se distinguer particulièrement.

♥ E.T.A HOFFMANN Liebe und Eifersucht – Seller, Simson, Specht, Martin, Wincent, Ludwigsburg Castle Festival Orchestra, Hofstetter
→ Singspiel joué avec beaucoup de vie par Hofstetter. Bonne œuvre.

♥♥ DUPUY – Ungdom Og Galskab / Flute Concerto n°1 – Collegium Musicum de Copenhague, Schønwandt (Dacapo 1997)
→ Sorte de singspiel suédois du romantisme encore classicisant, dans une veine volontiers emportée et avec de très beaux ensembles, sorte d'équivalent nordique aux opéras avec dialogues de Méhul.
→ Trissé.

♥♥ Foroni – Elisabetta, regina di Svezia – Göteborg (Sterling)
→ Pour la notule.
→ Bissé.

OFFENBACH, J.: Grande-Duchesse de Gerolstein – Ligot (Valentini-Terrani, Censo, Allemanno, Orchestra Internazionale d'Italia, Villaume) – Trio de la conspiration (Dynamic)

HUMPERDINCK, E.: Hänsel und Gretel (Sung in Italian) (Jurinac, Schwarzkopf, Streich, Panerai, Palombini, Ronchini, Karajan)
→ Chouette version qui sonne bien en italien. Panerai y est tellement charismatique !  (Évidemment, Scharzkopf sonne toujours aussi bouchée et Jurinac très homogène et fondue.

Stockhausen – Michaels Reise – MusikFabrik, Rundel (Arte à Cologne)
→ (Je préfère l'acte I de ce Donnerstag de Licht, mais c'est quand même bien beau.)




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B. Récital d'opéra

Des récitaux originals, mais aucun qui ne m'ait pleinement convaincu par son propos ou sa réalisation.

nouveautés
Monteverdi, landi, Belli, Telemann, Haendel – « Orpheus Uncut » – Vox Nidrosiensis, Orkester Nord, Wåhlberg (Aparté 2021)
→ Objet étrange, fait de bouts d'œuvres sans être un récital individuel. La qualité du son de l'ensemble se retrouve, l'inventivité de Wåhlberg également, mais j'avoue ne pas avoir bien compris le projet (je n'ai pas accès à la notice).
→ Je crois à la vérité que j'ai surtout été gêné par l'accent en italien (l'accent bokmål de Stensvold lui procure une couleur très singulière et touchante en allemand, mais en italien, la distance est vraiment trop grande).

Lulier, Bononcini, Caldara…
« Maria & Maddalena » – Francesca Aspromonte, I Barocchisti, Diego Fasolis (PentaTone 2021)
→ Répertoire un peu tardif pour la voix d'Aspromonte, qui peut être si expressive dans le XVIIe, mais paraît tout de suite poussée et blanchie, aux voyelles beaucoup moins différenciées, lorsqu'il faut donner dans un répertoire plus « vocal ». Dommage, elle ferait fureur dans un récital Cavalli-Rossi-Legrenzi à base de grands récits (quelle Euridice de Rossi ce fut !)…

Anna Netrebko
dans Wagner (Tannhäuser, Lohengrin, Tristan), Verdi (Don Carlo, Aida), Tchaïkovski (Pikovaya Dama), Puccini (Butterfly), Cilea (Lecouvreur), R. Strauss (Ariadne)… – « Amata dalle tenebre » – Scala, Chailly (DGG 2021)
→ Récital sans aucune cohérence thématique, juste des airs que Netrebko a peu chantés et qu'elle avait manifestement envie d'essayer. Ce n'est pas un problèpme en soi et le résultat est fort probant, mais l'interprétation n'est peut-être pas assez marquante pour donner envie de réécouter.
→  La voix reste toujours aussi grande (et peu articulée), intéressant surtimbrage grave en russe, plus étrange viscosité en allemand…
→ Se distingue tout de même l'Isolde d'un moelleux, d'une ductilité, d'une facilité assez extraordinaires. (Comme on a l'habitude de ne pas y avoir des mots très détaillés, on ressent surtout les avantages ici !)

♥♥ Arne Tyrén (basse) : Dupuy (opéra suédois), Bartolo Nozze en suédois, Rocco Fidelio, Magnifico Cenerentola en suédois, Fille du Régiment duo patriotique en suédois (Bluebell)
→ Voix magnifique et versions traduites éloquentes.




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C. Ballet & musiques de scène


nouveautés
AUBER, D.-F.: Overtures, Vol. 1 - Le maçon / Leicester / Le séjour militaire / La neige (Czech Chamber Philharmonic Orchestra, Pardubice, D. Salvi)
AUBER, D.-F.: Overtures, Vol. 2 - Le concert à la cour / Fiorella / Julie / Violin Concerto (Čepická, Czech Chamber Philharmonic, Pardubice, Salvi)
AUBER, D.-F.: Overtures, Vol. 3 - La Barcarolle / Les Chaperons Blancs / Lestocq / La Muette de Portici / Rêve d'Amour (Moravian Philharmonic, Salvi)
♥♥ AUBER, D.-F.: Overtures, Vol. 4 - Le duc d'Olonne / Fra Diavolo / Le Philtre / Actéon / Divertissement de Versailles (Moravian Philharmonic, Salvi)
♥♥ AUBER, D.-F.: Overtures, Vol. 5 - Zanetta / Zerline (Janáček Philharmonic, Salvi)
→ Je ne suis d'ordinaire pas très enthousiaste devant les regroupements d'ouvertures : isolées de leur contexte dramatique, assez semblables quand on constitue des disques autour d'un même compositeur, et surtout en général pas le meilleur de l'œuvre intégrale. Pour Auber, il en va un peu autrement : ses ouvertures sont très bonnes, et si la forme en est assez régulière, la typicité mélodique peut véritablement varier assez fortement de l'une à l'autre.
→ Elles sont ici interprétées avec une bonne rigueur stylistique, sans empâtement, et cela permet aussi de découvrir quelques pépites, comme ce Divertissement de Versailles où l'on entend la Passacaille d'Armide de LULLY, l'orage liminaire d'Iphigénie en Tauride ou encore « La Victoire est à nous » de La Caravane du Caire de Grétry !  De beaux ballets (tirés d'opéras) dans le volume 5 : de belles pièces (légères, certes), et de belles découvertes !

♥♥ Lord Berners – A Wedding Bouquet, Luna Park – RTÉ, Kenneth Alwyn (Marco Polo 1996 réédité Naxos 2021)
→ Réjouissante fantaisie vocale, où s'expriment les consonances loufoques de Berners. Réédition très bienvenue.

♥  Benda – Medea – Bosch

♥♥ Benda – Medea – Prague ChbO, Christian Benda (Naxos)
→ Cf. notule.




D. Cantates profanes




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E. Sacré


nouveautés
Tůma – Requiem & Mirerere – Czesh Ensemble Baroque O (Supraphon 2021)
→ Pas du tout dans le goût du Brixi (adoré dans la précédente livraison) : on est bien plus tard, au milieu du XVIIIe siècle, dans un univers qui évoque bien pus Pergolèse. Et l'interprétation n'a pas non plus l'acuité des meilleurs ensembles tchèques.
→ Bon disque, mais clairement pas mon univers, trop proche du seria.

♥♥♥ Jean-Noël HAMAL – « Motets » – Scherzi Musicali, Achten (Musiques en Wallonie 2021)
→ Pour moi clairement plutôt du genre cantate.
→ Musique wallonne du milieu du XVIIIe siècle (1709-1778), très marquée par les univers italien et allemand, pas tout à fait oratorio façon seria ,pas tout à fait cantate luthérienne, avec de jolies tournures.
→ Côté dramatique post-gluckiste quelquefois, très réussi dans l'ensemble sous ses diverses influences.
→ Le sommet du disque : l'air héroïque de ténor « Miles fortis » qui clôt la cantate Astra Cœli, d'une agilité et d'une vaillance parfaitement mozartiennes (augmentées d'une grâce mélodique et harmonique très grétryste), et qui pénètre dans l'oreille comme un véritable tube, ponctué par ses éclats de cor et ses violons autour de notes-pivots…
→ Splendide interprétation des Scherzi Musicali, qui ravive de la plus belle façon ces pages oubliées. Mañalich remarquable dans les parties très exposées de ténor, à la fois doux, vaillant et solide.
→ Écouté 7 fois en quatre jours (pas très séduit en première écoute, puis de plus en plus enthousiaste). Et largement une douzaine de fois dans ces deux semaines depuis parution. Comme quoi, il faut vraiment donner leur chance aux compositeurs moins connus, et ne pas se contenter d'une écoute distraite pour décréter leur inutilité.

Henri HARDOUIN : Four-Part A Cappella Masses, Vol. 2 (St. Martin's Chamber Choir, Krueger) (Toccata Classics 2021)
→ Nettement moins bien chanté que le premier volet, je ne sais pourquoi (ça sonne presque amateur cette fois-ci, alors que c'était très bien dans le volume 1 de 2013, que j'ai écouté conjointement).
→ Messes a cappella rares de la seconde moitié du XVIIIe siècles, très dépouillées et marquant déjà le désir du retour au plain-chant qui explose dans les années 1820-1830.
→ Belle musique dépouillée, vraiment conçues pour la prière.

Verdi – RequiemNorman, Baltsa, Carreras, Nesterenko ; BayRSO, Muti (BR Klassik)
→ Voix évidemment impressionnantes (le grain de Baltsa, le fondu de Norman…), mais interprétation orchestrale un peu blanche (le son de la Radio Bavaroise…) accentuée par la mollesse d'articulation de Muti, typique de sa période d'avant les années 90 bien avancées…
→ Il demeure cependant une raison puissante d'écouter cet enregistrement le Libera me de Norman, dans sa meilleure voix enveloppante, d'une intensité saisissante, d'une urgence à peine soutenable.
→ Bissé le Libera me.

Stanford – « Stanford & Howells Remebered », Magnificat à double chœur en si bémol, Op. 164 – The Cambridge Singers, John Rutter (Collegium 2020)
→ Voix un peu grêles d'enfants et jeunes gens, pour une œuvre dont les volutes enthousiastes, en contraste avec des sections recueillies, évoquent furieusement Singet dem Herrn ein neues Lied, le motet le plus allant et pyrotechnique de Bach.
→ Curieux d'entendre cela dans de meilleures conditions sonores !

♥♥♥ MOUTON, J.: Missa Dictes moy toutes voz pensées (Tallis Scholars, Phillips)
→ Fabuleux disque, très organique, des Tallis Scholars (Gimell 2012), très loin de leurs approches autrefois plus désincarnées – basses rugissantes, contre-ténors caressants, entrées nettes, texte bien mis en valeur.
→ Cf. notule.

♥♥ Claude Goudimel – Psaumes, Messe – Ensemble vocal de Lausanne, Corboz (Erato)
→ Grand compositeur de Psaumes dans leur traduction française, à l'intention des Réformés. Dans une langue musicale simple, plutôt homorythmique, très dépouillée et poétique.
→ Au disque, une version un peu fruste chez Naxos. La lecture de Corboz en revanche, pour chœur de chambre assez fourni, a très bien résisté au temps et permet de saisir les beautés de verbe et d'harmonie de la chose. (Couplé avec sa messe, très intéressante également.)
→ Cf. notule.

Monteverdi – Il Ritorno d'Ulisse in patria – Zanasi, Richardot ; Gardiner (SDG 2018)

BENEVOLI, O.: In angusita pestilentiae (Cappella Musicale di Santa Maria in Campitelli di Roma, Betta)
→ Disque consacré à la Messe « In angusita pestilentiæ » (messe des tourments de la peste !), intéressant dans son propos, mais un peu laborieusement exécutée (voix pas toujours belles, captation pas très claire, rythmes très rectilignes comme si l'on jouait de la musique du XVe…).

Johann Ernst BACH II : Passionsoratorium – Schlik, Prégardien, Varcoe ; Das Kleine Concert, Hermann Max (Capriccio)

♥♥♥ Jean GILLES – Requiem – Mellon, Crook, Lamy, Kooij, La Chapelle Royale Choir, Herreweghe (HM)

♥♥ Campa – Requiem – Malgoire

Georg Caspar Schürmann – Cantates – Bremen Weser-Renaissance, Cordes (CPO)
→ Dans le goût de Bach, assez réussi.

Bach – Cantate BWV 68, dont le « choral » air Ach, bleib bei uns, Herr Jesu Christ – Schlick, Limoges, Coin
→ Dans l'esprit de l'Erfühllet de la BWV, cette fois avec violoncelle piccolo. Très belle volutes.
→ Le reste de la cantate me passionne moins

♥♥ (Domenico) Scarlatti – Stabat Mater – Immortal Bach Ensemble; Baunkilde, Lars; Ducker, Michael; Meyer, Leif; Schuldt-Jensen, Morten (Naxos 2007)
→ Écrite à 10 voix réelles, une merveille aussi éloignée que possible de l'épure de ses œuvres pour clavier. Une des rares survivances de son legs sacré (largement détruit lors du tremblement de terre de Lisbonne).
→ À un par partie !

Haendel – Theodora HWV 68 – Gabrieli Consort, Gabrieli Players, Paul McCreesh (Archiv)
→ Très bien côté exécution, mais l'oeuvre toujours aussi molle et peu prenante.

HARDOUIN, H.: Four-Part A Cappella Masses, Vol. 1 (St. Martin's Chamber Choir, Krueger) (Toccata Classics 2021)
→ Nettement mieux chanté que le second volet paru tout récemment, je ne sais pourquoi.
→ Messes a cappella rares de la seconde moitié du XVIIIe siècles, très dépouillées et marquant déjà le désir du retour au plain-chant qui explose dans les années 1820-1830.
→ Belle musique dépouillée, vraiment conçues pour la prière.

♥♥ Hugard, Messe ; Lasceux, pièces pour orgue ; Hardouin, Domine salvum – Desenclos Accentus, Equilbey (Naïve 1998)
→ Univers du dépouillement archaïque

CARTELLIERI, A.C.: La Celebre Natività del Redentore (Spering) (Capriccio)

♥♥ Cartellieri – Gioas, re di Giuda – Detmolder ChbO, Gernot Schmalfuss (MDG 1997)
→ Cf. notule.

Perne – Messe des solennels mineurs (Kyrie), extrait de « Polyphonies Oubliées : Faux-bourdons XVIe-XIXe » – Ensemble Gilles Binchois, Maîtrise de Toulouse, Vellard (Aparté 2014)

♥♥ Perne – trois pistes réparties sur deux disques, le Kyrie de la Messe des solennels mineurs chez Aparté (programme passionnant de l'ensemble Gilles Binchois consacré à ce renouveau XIXe du plain-chant, à faux-bourdon), et Sanctus & Agnus Dei (messe non précisée) en complément du disque Boëly de Ménissier dans la collection « Tempéraments » de Radio-France. On y entend pour l'un la simplicité archaïsante, pour l'autre la maîtrise contrapuntique de cette écriture. Rien de particulièrement saillant en soi, mais la démarche me paraît tout à fait fascinante, un écho à l'épopée de Félix Danjou – le disque de Ménissier est d'ailleurs le seul à ma connaissance où l'on puisse aussi entendre sa musique !

♥♥ Liszt – Requiem  – Ferencsik (Hungaroton)
→ Cf. notule.

Liszt - Requiem R488 – Gruppo Polifonico "Claudio Monteverdi"
→ Voix qui flageolent…

♥♥ Stanford – Requiem & extraits de The Veiled Prophet of Khorassan – RTÉ, Leaper & Colman Pearce (Marco Polo 1997)
→ Terne jusqu'à l'Offertoire, qui éclate en fugues très parentes du Deutsches Requiem de Brahms. Sanctus diaphane qui prend son expansion de façon très réussi !

♥♥♥ Howells, Pizzetti, Puccini – les Requiem – Camerata Vocale Freiburg, Toll (Ars Musici 2010)
→ A cappella, aux inspirations grégoriennes, à la prévalence prosodique et aux nombreux enrichissements harmoniques imprévus, le Requiem de Pizzetti est un petit bijou (absolument pas italianisant) ; encore surpassé dans ce genre par celui de Howells, d'une sobre profusion absolument délectable.
→ Celui de Puccini ne contient que les cinq minutes d'Introitus, moins marquant.
→ Timbres et incarnation splendides.

Howells – Requiem – Vasari Singers, Jeremy Backhouse (Signum)
→ Interprétation assez lisse.

EBEN, P.: Choral Music (In Heaven) (Jitro Czech Girls Choir, Skopal) (Navona Records 2019)
→ Jolies psalmodies.




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F. Autres chœurs

nouveautés
♥♥ Franck – Chœurs « De l'autel au salon » – Chœur de Chambre de Namur, Lenaerts (Musiques en Wallonie 2021)
→ De réelles pépites dans cette anthologie, avec des chœurs qui vont du décoratif charmant à l'ambitieux chromatique. Le tout accompagné sur piano et harmonium – d'époque !
→ Hélas, ce chœur émérite est capté étrangement, donnant presque l'impression d'entendre les timbres un peu dépareillés et écrasés d'un ensemble amateur – alors que je sais de source sûre, les ayant entendus très souvent, que c'est un des excellents chœurs de l'aire francophone. Ce n'est toutefois pas au point de gâcher l'écoute et la découverte, loin s'en faut !

Pizzetti – 3 composizioni corali + 2 composizioni corali – Chœur de la Radio Nationale Danoise, Stefan Parkman (Chandos 1991)
→ Chœur un peu baveux, prise de son aussi. Œuvres atypiques intéressantes, mais pas du tout la même intensité que le Requiem (a cappella, aux inspirations grégoriennes, à la prévalence prosodique et aux nombreux enrichissements harmoniques imprévus).





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G. Symphonies


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♥♥ Pavel Vranický / Paul Wranitzky –  Orchestral Works, Vol. 3 : Ouvertures, Symphonies Op.25 en ré « La Chasse » et Op.33 en ut  – Cz Chb PO Pardubice, Marek Stilec (Naxos 2021)
→ Volume beaucoup plus accompli que les précédents, des œuvres plus marquantes (l'énergie de la Symphonie en ré !) et une interprétation beaucoup plus concernée et frémissante que les assez placides parutions précédentes. Rend bien mieux compte de la qualité d'écriture de P. Vranický, même si le plus singulier de son œuvre reste à remettre au théâtre avec son Oberon.

♥♥♥ Mendelssohn – Symphonies 1 & 3 – SwChbO, Dausgaard (BIS)
→ Pas nécessairement de surprise, après être passé récemment entre les mains de beaucoup de propositions extrêmes (comme Heras-Casado ou Fey), mais on retrouve le fouetté et le moelleux simultanés qui faisaient tout le sel de l'intégrale (assez idéale) de Dausgaard chez Beethoven, avec le même orchestre. Grand sens du discours, des couleurs, véritable mordant, mais aussi plénitude permise par l'orchestre traditionnel (qui joue comme un ensemble spécialiste). Le meilleur de tous les mondes à la fois.

Bruckner – Symphonie n°2 – Philharmonique de Berlin, Paavo Järvi (Berliner Philharmoniker 2021)
→ Comme on pouvait s'y attendre : très fluide, superbes transitions remarquablement amenées dans un univers où ce peut paraître assez contre-intuitif, mais un certain manque de contrastes à mon goût pour soutenir pleinement l'attention (et rendre justice à l'écriture de Bruckner).

♥♥ Tchaïkovski – Symphonie n°1, Capriccio italien, Valse d'Onéguine – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ Très pudique, retenu et dépouillé, beaucoup de charme (et absolument pas russe), paradoxalement. (Le solo de hautbois du II, au lieu de décoller par son lyrisme, semble rester à sa place comme on murmurerait un poème.
→ L'agogique est vraiment carrée pour de la musique russe (alors que Järvi est d'ordinaire l'empereur des transitions extensibles), les timbres restent très tenus aussi, mais la conception tient très bien ce parti pris inattendu.
→ Le final renoue avec les qualités motoriques entendues dans la n°2 et dans Roméo. Idem pour celui du Capriccio italien.
→ La Valse d'Onéguine est jouée avec une insolence inusitée, comme un véritable morceau de concert. (Ce sens dramatique fait rêver à ce que pourrait produire Järvi en dirigeant un opéra de Tchaïkovski ou Rimski…)
→ Bissé.

Tchaïkovski – Symphonie n°3, Polonaise d'Onéguine, Marche du Couronnement  – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ Là aussi, un peu carré mais bel éclat (avec un orchestre droit et peu coloré), très réussi dans son genre même si moins grisant que les meilleurs volumes.
→ Bissé.

♥♥♥ Saint-Saëns – Intégrale des Symphonies – O National de France, Macelaru (Warner 2021)
→ Après avoir trouvé que Măcelaru rendait ces œuvres complètement fascinantes, je me demandais si le coffret paru ce jour tiendrait la rampe en face des souvenirs de concert.
→ OUI. Totalement. Limpidité, poésie, tension, on a vraiment le meilleur de tous les mondes à la fois, beaux timbres et clarté, charpente et élan…
→ Voilà qui remet ces symphonies à leur niveau réel, pas toujours avisément orchestrées pour mettre en valeur un matériau qui est en réalité de haute volée – et Măcelaru rééquilibre précisément les aspects par lesquels les autres, même les meilleurs comme Martinon, restaient modérément enthousiasmants.

♥♥ Walton, Vaughan Williams – Symphonie n°1 pour piano à quatre mains (arr. H. Murrill)  +  Crown Imperial (arr. H. Murrill)  // Suite pour piano à 4 mains – Lynn Arnold (2021)
→ Fabuleuse expérience de vivre la radiographie des rythmes et harmonies riches et complexes de l'une des plus belles symphonies du XXe siècle !

Florence PRICE : Symphony No. 3 / The Mississippi River / Ethiopia's Shadow in America (ORF Vienna Radio Symphony, Jeter)
Beaucoup de thèmes folkloriques, mais j'ai davantage été frappé par l'aspect rhapsodique de la pensée que par la structure, cette fois. Moins luxueux et moins architecturé, j'ai l'impression, que la version Nézet-Séguin.

Walter Werzowa-Beethoven – Beethoven X : The AI Project – Cameron Carpenter, Bonn Beethoven O, Kaftan (Modern Recordings 2021)
→ Construction par une intelligence artificielle d'un scherzo et d'un rondeau final pour une symphonie imaginaire de Beethoven.
→ Amusant sur le principe, peu convaincant dans les faits : on retrouve des caractéristiques (le pom-pom-pom-pom de la Cinquième, comme il y en a beaucoup, rejaillit nécessairement dans l'algorithme), l'orchestration est plutôt bien imitée… mais il manque toutes les idées, les ruptures, le sens de la mélodie ou de l'événement, qui émanent ordinairement du compositeur. Ici, une jolie pièce décorative et finalement prévisible… qui ne cadre pas vraiment avec ce que l'on attend de Beethoven.
→ Je n'ai pas compris l'inclusion d'un orgue concertant dans le rondeau final, ni le pourquoi de la seconde (« edited ») version, le livret n'étant pas disponible sur les sites de flux que j'ai consultés. Mais on s'éloigne d'autant plus de Beethoven, clairement.
→ Bissé.




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H. Poèmes symphoniques & Ouvertures


nouveautés
MacMillan – Larghetto pour orchestre – Pittsburgh SO, Honeck (Reference Recordings 2021)
→ Très doux, jolies tensions harmoniques simples. Manque un peu de reprise rythmique.
→ Couplé avec une Quatrième de Brahms que je n'ai pas eu le temps d'écouter. (Mais Pittsburgh-Honeck, ce doit être vraiment excellent.)




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I. Lied orchestral


nouveautés
Messiaen – La Transfiguration, Poèmes pour mi, Chronochromie – Daviet, BayRSO, Nagano (BR Klassik)
→ Pas très enthousiaste sur la grisaille (proverbiale à mon sens) de l'orchestre. Et la Transfiguration, c'est assez peu passionnant. Pas les meilleurs Poèmes ni Chronochromie non plus, même si très léché dans la direction.





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I. Concertos


nouveautés
Aubert, Leclair, Quentin, Exaudet, Corrette - Concertos pour violon - Ensemble Diderot, Pramsohler (Audax 2021)
→ Le son de l'Ensemble Diderot reste toujours aussi étroit et pincé, vraiment du violon soliste sur boyau accompagné par un tout petit ensemble aux timbres un peu stridents, mais c'est là un beau tour d'horizon du concerto français – où j'ai hélas avant tout remarqué Leclair (et le coucou Corrette, qui fait comme toujours son nid dans les mélodies des autres…).

Hoffmeister, Stamitz & Mozart - Concertos pour alto - Mate Szucs, Anima Musicæ ChbO
→ Inclut une transcription du concerto pour clarinette. Interprétation tradi pas très exaltante. Le concerto de Hoffmeister se tient, celui de Stamitz ne m'a pas paru très dense.

PRATTÉ – Œuvres pour harpe concertante : Grand Concert / Theme and Variations on a Swedish Folk Tune / Souvenir de Norvège – Constantin-Reznik, Norrköping Symphony, D. Musca (BIS 2021)
→ Très intéressant legs (avec de la véritable musique incluse) à la harpe.
→ Trissé.





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J. Musique de chambre

nouveautés
♥♥ Caix d'Hervelois – « Dans les pas de Marin Marais » – La Rêveuse
→ Superbe parcours qui révèle un compositeur de premier intérêt, varié et expressif – la viole de gambe sans l'aspect méditatif et sombre qui caractérise Marais et surtout Sainte-Colombe. Une expression plus ouverte et avenante, que j'ai été surpris de voir développée avec un matériau d'aussi bonne qualité !

GYROWETZ, A.: String Quartets, Op. 42
, Nos. 1-3 (Quartetto Oceano) (OMF 2021)
→ Ceux, composés à peine plus tôt, parus chez CPO m'avaient bien davantage convaincu, dans une veine à-peine-postérieur-à-Mozart.

Pleyel – Quatuors 10,11,12 – Pleyel Quartett Köln (CPO 2021)
→ Quatuors d'un classicisme tardif, toujours de très bonne facture et très bien servis !  L'intégrale se poursuit au même niveau d'excellence.

Draeseke – Quatuor n°3
, Scène pour violon & piano, Suite pour 2 violons - Constanze SQ (CPO 2021)
→ Belles œuvres, sans saillances majeures, mais bien écrites. Petite déception par rapport au volume précédent, qui m'avait hautement réjoui.
→ Bissé.

Henri Bertini – Nonette, Grand Trio – Linos Ensemble (CPO 2021)
→ Belle musique romantique pour ensemble, toujours impeccablement réalisée par le Linos Ensemble.

♥♥♥ LYATOSHINSKY, SILVESTROV, POLEVA – « Ukrainian Piano Quintets » – Pivnenko, Yaropud, Suprun, Pogoretskyi, Starodub (Naxos 2021)
→ Trois petites merveilles – en particulier Poleva, à la fois d'une fièvre postromantique et tout à fait tendu harmoniquement comme il se doit se son temps. Liatochinsky se révèle contre toute attente le plus sage des trois.

KLEBANOV, D.L.: String Quartets Nos. 4 and 5 / Piano Trio No. 2 (ARC Ensemble)
→ Début du Quatuor n°4 fondé sur le le Carol of the Bells, dans un traitement très minimaliste et tintinnabulant (forcément), qui débouche sur un esprit beaucoup plus swingué, très intéressant, persuasif et séduisant. Le reste m'a moins impressionné.
→ Bissé.




K. Bois solos




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L. Cordes à main


nouveautés
♥♥ Salzedo, Tchaïkovski, Hasselmans – « La Harpe de Noël » – Xavier de Maistre
→ En réalité de belles paraphrases et variations, virtuoses et assez denses musicalement, autour de thèmes célèbres. Pas un disque de bluettes sirupeuses, de véritables qualités musicales indubitablement. Beaucoup de compositions et d'arrangements de Salzedo.




lattès




M. Violon

(solo ou accompagné)

nouveautés
PADEREWSKI, I.J. / STOJOWSKI, S.: Violin Sonatas (Pławner, Sałajczyk) (CPO 2021)
→ Beau romantisme passionné et très, très bien joué et capté.
→ Bissé.

Maija EINFELDE – Sonate pour violon solo , Sonates violon-piano 1,2,3 – Magdalēna Geka, Iveta Cālīte (Skani 2021)
→ Monographie consacrée à la compositrice lettonne du XXe siècle. J'y entends d'abord de la musique « de violoniste », virtuose et pas exagérément personnelle, trouvé-je. Mais le final de la Sonate pour violon solo impressionne par sa calme virtuosité et par le creusé de son ton.
Geka formidable évidemment, mais ce n'est pas le répertoire qui met le plus en valeur sa sensibilité.




N. Violoncelle




lattès
(Pas nécessairement intuitif de prime abord : le disque Lasceux-Jullien chez le fameux label P4Y-JQZ.
On a bien le droit de mettre les pochettes qu'on veut et de nommer son label chacun à son goût…)





O. Orgue & clavecin


nouveautés
Orgues de Sicile (collection « Orgues du monde », vol. 1) – Arnaud De Pasquale (HM 2021)
→ Orgues dont le tempérament est très typé, mais dont il faut vraiment voir le clavier unique, étroit et branlant, pour apprécier toute la saveur. Aussi, par rapport au disque, qui ne met pas beaucoup en avant cet aspect (je ne sais quelle en est la raison technique), la vidéo promotionnelle qui montre le cliquetis de la traction mécanique du Speradeo de 1666 de l'église San Pantaleone à Alcara Li Fusi est assez incroyable.

♥♥♥ Guillaume Lasceux – Simphonie concertante pour orgue solo –  St. Lambertuskerk Helmond, Jan van de Laar (P4Y JQZ 2020)
+ Jullien : suite n°5 du livre I, Couperin fantaisie en ré, Böhm Vater unser, Jongen Improvisation-Caprice, Franck pièce héroïque
→ Le disque contenant le plus de Gilles Jullien, et une version extraordinairement saillante de la Pièce Héroïque de Franck.
→ Quel orgue fantastiquement savoureux !

♥♥ Bruckner – Psaume + Symphonie n°2 (Arr. E. Horn for Organ) – Hansjörg Albrecht (Oehms 2021)
→ Le Psaume se prête très bien à la transcription, magnifique, et la Deuxième symphonie est le premier Bruckner joué par H. Albrecht où je ne trouve pas les possibilités d'un clavier sans attaques dynamiques différenciées, sans plans finement réglables, frustrantes. Magnifiques couleurs et atmosphères, cela fonctionne à merveille dans cette symphonie, celle au ton le plus insolent et l'une des structure les plus simples du corpus, j'ai l'impression (je l'aime beaucoup).

Saint-Saëns – Complete Music for Organ – Michele Savino (Brilliant Classics 2021)
→ À écouter d'un bloc, un peu difficile vu la pudeur du corpus. (On connaît mieux les grandes Fantaisies, plus ambitieuses…)

♥♥ Oscar Jockel, Bruckner – Bruckner-Fenster II, Symphonie n°1 (Arr. pour orgue, Erwin Horn), 3 Pièces pour orchestre, Marche en ré mineur – Hansjörg Albrecht (Oehms 2021)
→ Moins intéressant que la symphonie n°2, le résultat paraît plus statique, mais le planant et dense Bruckner-Fenster m'a tout à fait réjoui !

♥♥ Petr Eben – Anthologie d'orgue : 4 Danses bibliques, Variations sur Le bon roi Venceslas, des extraits de Musique dominicale, Faust et Job – Janette Fishell (Pro Organo 2020)
→ Œuvres formidables, mais pour Job, allez impérativement voir du côté de David Titterington avec Howard Lee en récitant (chez Multisonic).

♥♥ Petr EBEN – Momenti d'organo, Festium omnium sacrorum, De nomine Ceciliæ, In conceptione immacaculatæ BMV, Arie Ruth, 4 Danses bibliques –Michiko Takanashi, Ludger Lohmann (Pan Classics 2021)
→ Les pièces vocales sacrées sont un peu figées dans leur prosodie minutieuse, en revanche les Momenti d'organo sont des merveilles de tonalité stable mais très enrichie, qui n'est pas sans parentés avec l'univers de Messiaen (en moins radicalement autre, bien sûr).

♥♥ Hugard, Messe ; Lasceux, pièces pour orgue ; Hardouin, Domine salvum – Desenclos Accentus, Equilbey (Naïve 1998)
→ Univers du dépouillement archaïque.




lattès




P. Piano·s


nouveautés
Fanny Mendelssohn-Hensel – Piano Sonatas – Gaia Sokoli (Piano Classics 2021)
→ Jolies sonates équilibrées, qui ne cherchent pas les grands contrastes dramatiques, et très bien exécutées.

Dora Pejačević
6 Phantasiestücke, Blumenleben, Walzer-Capricen, 2 Esquisses pour piano, 2 Nocturnes, Sonate – Ekaterina Litvintseva (Piano Classics 2021)
→ Piano postromantique assez standard, pas du tout du niveau de son incroyable musique de chambre, même si la Sonate finit par culminer en un beau lyrisme.
→ Interprétation et captation tout à fait valeureuses.

♥♥ Walton, Vaughan Williams – Symphonie n°1 pour piano à quatre mains (arr. H. Murrill)  +  Crown Imperial (arr. H. Murrill)  // Suite pour piano à 4 mains – Lynn Arnold, Charles Matthews (Albion Records 2021)
→ Fabuleuse expérience de vivre la radiographie des rythmes et harmonies riches et complexes de l'une des plus belles symphonies du XXe siècle !

Mariotte Sonate en fa#m, (Didier) Rotella Étude en blanc n°2, Ravel Prélude 1913, Jacquet de La Guerre Suite en ré mineur – Andrew Zhou (Solstice 2021)
→ Première occasion d'entendre le Mariotte, crois-je, au disque !  Pas du tout aussi singulier que les Impressions urbaines ou même les Kakémonos, loin aussi du richardstraussisme de sa Salomé…mais tout de même un beau postromantisme enrichi.
→ La pièce de Rotella en hommage à Ravel est très réussie. En revanche, l'exécution de la suite pour clavecin d'ÉCJdLG souffre vraiment de toutes les difficultés liées au piano (agréments très lourds, staccato peu gracieux, tempérament égal particulièrement plat), sans que l'interprète parvienne à résoudre tous ces problèmes.
→ Prise de son difficile, dans un petit espace et acide, surtout pour le Jacquet de La Guerre et le final du Mariotte.





lattès




Q. Airs de cour, lieder & mélodies…


nouveautés
♥♥ Bousset, Leclair, Fedeli, Naudé l'Aîné, Pinel, Lambert, anonymes… – « Vous avez dit Brunettes ? » – Les Kapsber'girls (Alpha 2021)
→ Programme fascinant consacré à ces pièces tendres et pastorales appelées Brunettes, et dont plusieurs recueils ont paru au début du XVIIIe sièce chez Christophe Ballard.
→ Refusant la prononciation restituée et favorisant au maximum le naturel des textes, l'ensemble propose une lecture extrêmement persuasive de ces pièces. La voix de la soprane (Alice Duport-Percier), douce, se marie merveilleusement à l'émission beaucoup plus tranchante de la mezzo (Axelle Verner), alliance inhabituelle (d'ordinaire inversée) qui permet une intelligibilité maximale de la musique et du texte – de surcroît, les solos révèlent des voix intrinsèquement sublimes.
→ Seule frustration, la prise de son très sèche d'Alpha, trop proche des chanteuses, qui relègue et écrase l'accompagnement, toutc en atténuant le fondu de leurs voix qui fait merveille en concert (j'étais à celui de lancement Salle Colonne, l'équilibre était bien meilleur même sans être au premier rang).

Beethoven – Irish Songs – Maria Keohane, Ricercar Consort, Philippe Pierlot (Mirare 2021)
→ Accompagnées à la harpe plutôt qu’au piano, avec violon sur boyaux, interprétation atypique de ces beaux chants traditionnels arrangés par Beethoven.

♥♥ Schubert – Die schöne Müllerin – Andrè Schuen, Daniel Heide (DGG 2021)
→ Très belle version. Des efforts pour être expressifs à tous les moments-clefs ; qualité d'articulation de la part des deux artistes. J'aime beaucoup la façon dont ils caractérisent précisément chaque moment de chaque lied.
→ Mais tout de même deux réserves pour ma part.
a) la transposition pour baryton rend la partie de piano un peu épaisse et poisseuse, on perd un peu en charme, malgré le grand soin des nuances ;
b) la substance de la voix du baryton. Dès que c'est fort, la l'instrument est poussé, et la couverture est exagérée (de francs [eu] pour des [è]...). En revanche toutes les nuances douces sont absolument merveilleuses, pour ainsi dire inégalée.
→ Ce n'est pas la lecture que je trouve la plus personnelle ou qui me touche le plus, il y a potentiellement de petites réserves techniques sur la voix, mais sur le plan artistique, l'interêt de l'interprétation, une grande version !

♥♥ Thorsteinson, Schumann – Lieder (en islandais + Op.39) – Andri Björn Róbertsson, Ástríður Alda Sigurðardóttir (Fuga Libera 2021)
→ Remarquable interprétation de Schumann, une voix aux belles moirures graves. Les lieder islandais souffrent de la comparaison avec Schumann (plus jolis que dramatiques, un peu lisses), possiblement aussi de ma maîtrise linguistique bien moindre.

Edouard Lassen – Lieder, mélodies – Reinoud van Mechelen, Anthony Romaniuk (Musiques en Wallonie 2021)
→ Un grand succès de son temps. Très doux, très simple, très réussi. Et le fondu de la voix de Mechelen se déploie idéalement dans ce contexte romantique.

♥♥♥ Biarent, Salvador-Daniel, Fourdrain, Berlioz, Gounod, Bizet, Saint-Saëns, Chausson – mélodies orientales « La chanson du vent » – Clotilde van Dieren, Katsura Mizumoto (Cyprès 2021)
→ Plusieurs véritables raretés dont les 8 Mélodies de Biarent, Alger le soir de Félix Fourdrain ou l'entêtante Chanson mauresque de Tunis de Francisco Salvador-Daniel !  Belle sélection de pièces très persuasives.
→ Interprétation par un mezzo capiteux mais à la diction précise, la voix sonne très « opéra » mais se coule remarquablement dans les exigences de l'exercice.

♥♥ Debussy, Rihm, Strauss, Schönberg – Ariettes oubliées (+ mélodies de jeunesse), 3 Hölderlin, Mädchenblumen, Op.2 – Sheva Tehoval, Daniel Heide (Cavi 2021)
→ Superbe voix, légèrement pincée, à l'aigu facile, aux graces clairs et naturels, le tout dans un français impeccable.

♥♥ Schumann, Barber – Schöne Wiege meiner Leiden, I Hear an Army – John Chest, Hans Adolfsen (VocalCompetition YT, 2016)

♥♥ FARWELL, A.: Songs, Choral and Piano Works (« America's Neglected Composer) (W. Sharp, Arciuli, Dakota String Quartet)
→ Compositeur nord-américain qui a mis à l'honneur la musique traditionnelle amérindienne en en insérant des thèmes arrangés dans sa musique. D'après la notice, il souffre  aujourd'hui des thématiques débattues autour de l'appropriation culturelle pour être remis à l'honneur. Il est vrai que sa musique est de grand intérêt, conçues avec un très beau métier et une belle inspiration personnelle ; vu son peu de notoriété initial, la plus grande difficulté réside sans doute d'abord là.




lattès




Je crois que vous avez là encore de quoi vous laisser surprendre… en attendant d'éventuelles présentation de cycles hors nouveautés, avec des exploration encore plus enthousiasmantes !  (En ce moment même, Alfvén 2 par Svetlanov et la Radio Suédoise, quelle Épiphanie !)

À très bientôt pour de nouvelles aventures autour des anniversaires, d'éditoriaux, de suggestions de découvertes ou de petites découvertes « pédagogiques »… ce n'est pas sûr encore !

(Ne mourez pas s'il vous plaît.)

dimanche 3 octobre 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 7 : Brixi, Wölfl, Florence Price, Miaskovski, Marais à l'opéra, tout Schumann, Mahler bricolé, Lipatti compositeur…


Un mot

Comme pour les précédents épisodes : petit tour des nouveautés que j'ai écoutées – et j'en profite pour partager les autres disques entendus durant cette période, parce qu'il n'y a pas que le neuf qui vaille la peine.

Un mois et demi (de calme été, en plus) s'est seulement écoulé, mais la somme accumulée est à nouveau assez considérable – alors même que j'ai passé beaucoup plus de temps au concert, et pas encore écouté bon nombre de nouveautés… que de disques à parcourir !  Je vous fais la visite ?

Parmi les trouvailles de la période, vous rencontrerez des versions extraordinaires d'œuvres déjà connues : Alcione de Marais, le Quintette à cordes de Schubert, (tous) les lieder de Schumann, La Princesse jaune de Saint-Saëns, ses Quatuors, son Second Trio, Roméo & Juliette de Tchaïkovski, Le Sacre du Printemps, Mahler relu de façon grisante par le Collectif9… mais aussi des portions mal connues du répertoire (quoique de très haute volée !), comme la musique sacrée (pragoise) de Brixi, les concertos pour piano de Wölfl, les pastiches et arrangements de Karg-Elert, les symphonies de Florence Price, les mélodies de Miaskovski ou celles de Dinu Lipatti !

Tout ceci se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la porte.

(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de données brutes, qui prennent déjà quelques heures à vérifier, réorganiser et remettre en forme, je n'ai pas le temps de tout peaufiner si je veux aussi écrire d'autres notules un peu plus denses côté fond.)

miaskovski


La légende

Les vignettes sont au maximum tirées des nouveautés. Beaucoup de merveilles réécoutées ou déjà parues n'ont ainsi pas été immédiatement mises en avant dans la notule : référez-vous aux disques avec deux ou trois cœurs pour remonter la trace.
(Un effort a été fait pour classer par genre et époque, en principe vous devriez pouvoir trouver votre compte dans vos genres de prédilection.)

Cette fois-ci, j'ai regroupé et encadré les nouveautés au début de chaque section, pour faciliter le repérage sans briser la disposition par genre.

♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.

(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.




alcione




A. Opéra


nouveautés
♥  Monteverdi – L'Orfeo – Ensemble Lundabarock, Höör Barock, Ensemble Altapunta, F. Malmberg (BIS 2021)
→ Belle version, douce, bien dite, pas très typée.

♥♥ Monteverdi – L'Orfeo – Contaldo, Flores, Bridelli, Quintans, Salvo Vitale ; ChbCh de Namur, Cappella Mediterranea, García Alarcón (Alpha 2021)
→ Des choix originaux, beaucoup de vie, mais un certain manque de voix marquantes. J'aime beaucoup les chanteurs, mais ils manquent un peu de charisme dans une discographie saturée de propositions très fortes (seule Quintans s'élève nettement au-dessus de ses standards habituels).
→ Orchestralement en revanche, de très belles trouvailles d'alliages, de tempo, de phrasé... quoique le tout soit un peu lissé par une prise de son avec assez peu de relief et de couleurs.
→ Aurait pu être très grand, et mériterait en tout cas grandement d'être entendu en salle !

♥♥♥ Marais – Alcione – Desandre, Auvity, Mauillon ; Le Concert des Nations, Savall (Alia Vox 2021)
→ Issu des représentations à l'Opéra-Comique, enregistrement qui porte une marque stylistique française très forte : dans la fosse, sous l'étiquette Concert des Nations propre à Savall, en réa:lité énormément de musiciens français issus des meilleures institutions baroques, spécialistes de ce style), et un aboutissement déclamatoire très grand – en particulier chez Auvity et Mauillon (qui est proprement miraculeux de clarté et d'éloquence).
→ Le résultat est donc sans rapport avec l'équipe catalane du fameux enregistrement des suites de danses tirés de cet opéra (1993), non sans qualités mais pas du tout du même naturel et de la même qualité de finition (instrumentale comme stylistique).

Paer – Leonora – De Marchi (2021)
→ Musique d'opéra bouffe encore très marquée par les tournures de Cimarosa et Mozart. Pas nécessairement de coups de génie, mais l'ensemble est constamment bien écrit, bien chanté et exécuté avec chaleur : il mérite le détour.

Bellini – I PuritaniCoburn, Brownlee, Zheltyrguzov, Kaunas State Choir, Kaunas City Symphony, Orbelian (Delos 2021)
→ Brownlee toujours impressionnant, mais moins d'éclat en vieillissant évidemment. Coburn très virtuose, voix bien ronde et dense, un peu lisse et égale pour moi (où sont les consonnes ?), mais objectivement très bien chantée. Le reste m'impressionne moins, même mon chouchou Orbelian, assez littéral et au rubato pas toujours adroit.

Wagner – Tristan und Isolde – Flagstad, Suthaus, Covent Garden, Furtwängler (Erato, resmatering 2021)
→ Bonne version, très studio (donc comme toujours vraiment pas le meilleur de Furtwängler, d'une toute autre farine sur le vif avec Schlüter, et Suthaus en feu), où l'on peut surtout se régaler du Tristan de Suthaus, remarquablement ample et solide, mais aussi beau diseur.

♥♥♥ Saint-Saëns – La Princesse jaune – Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans, Fanyo, Pancrazi, Sargsyan, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse, pas aussi bien servie jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies dans une luxueuse version orchestrale, avec des chanteurs très différents, et chacun tellement pénétré de son rôle singulier !

Debussy – Pelléas & Mélisande – Skerath, Barbeyrac, Duhamel ; Querré, Baechle, Varnier ; ONBA, Dumoussaud (Alpha 2021).
→ Lecture très traditionnelle, plutôt « épaisse » de tous les côtés : orchestre un peu ample et tranquille, interludes en version courte, voix très lyriques (Skerath comme toujours ronde, en-dedans, opaque ; Barbeyrac chante à pleine voix ; Duhamel expressif mais un peu monochrome), j'ai surtout aimé Querré en Yniold, l'illusion de l'enfant est assez réussite avec cette petite voix droite.
→ Belle version dans l'ensemble, mais très opératique, peu de finesses textuelles ou de coloris nouveau à se mettre sous la dent.

Holst – The Perfect Fool – R. Golding, P. Bowden, M. Neville, Mitchinson, Hagan, BBC Northern Singers and Symphony, Ch. Groves (réédition Lyrita 2021)

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

Landi – La morte d’Orfeo – Elwes, Chance, van der Meel, van der Kamp ; Tragicomedia, Stubbs (Accent, réédition 2007)
→ Dans la veine des premiers opéras, assez statiques harmoniquement, mais beaucoup d’ensembles (chœurs homorythmiques, duos ou trios plus contrapuntiques…) viennent rompre la monotonie.
→ Plateau vraiment délicieux de voix claires, délicates, mélancoliques.

Marais – Alcione – Minkowski (Erato)

Campra – Tancrède – Schneebeli (Alpha)
→ Déçu à la réécoute, vraiment sage et même un peu terne. (Malgoire c'était bien mieux, malgré le vieillissement du style !)

Desmarest – Vénus & Adonis – Rousset (Ambroisie)

♥♥ Francœur & Rebel – Pirame & Thisbé – Stradivaria, D. Cuiller (Mirare)

Berlioz – Les Troyens (en italien), entrée d'Énée – Del Monaco, La Scala, Kubelik (Walhall)
→ Oh, « marque » l'aigu de « le dévorent ». Et essentiellement métallique, pas très impressionnant / insolent / expressif. Orchestre pas ensemble, solistes non plus, prosodie italienne qui oblige à quelques irrégularités de ligne.

Berlioz – Les Troyens, entrée d'Énée – Giraudeau, RPO, Beecham (Somm)
→ Chant léger et impavide, très étonnant (comme un personnage secondaire de Cocteau…), et le RPO à la rue (bouché, la peine).

¤ Berlioz – Les Troyens (actes I, II, V) – Davis I (Philips)

♥♥♥ Verdi – Stiffelio (acte II) – Regio Parma, Battistoni (C Major)
→ La version sans faute de ce bijou trop peu joué. Comme Traviata, un drame de mœurs contemporain (l'adultère de la femme d'un pasteur).

♥♥♥ VERDI, Rigoletto (en allemand) (Coertse, Malaniuk, De Luca, Metternich, Frick, Vohla, Cologne Radio Chorus and Symphony Orchestra, Rossi) (1956) (Walhall édition 2007)

♥♥♥ Verdi – Il Trovatore (I,II) – Bonynge

♥♥♥ Verdi – Il Trovatore (I,II,III) – Muti 2000

Verdi – Le Trouvère (en français) – Martina Franca

♥♥ Verdi – Un Ballo in maschera (en allemand) – Schlemm, Walburga Wegner, Mödl, Fehenberger, DFD (libre de droits)
→ Günther Wilhelms en Silvano, remarquable. Voix franches et bien bâties, orchestre très investi et aux inflexions très wagnériennes.

♥♥ VERDI, G.: Otello (Sung in German) [Opera] (Watson, Hopf, Metternich, Cologne Radio Chorus and Orchestra, Solti) (1958)
→ Hopf en méforme, Solti pas aidé par l'orchestre non plus.

♥♥ Foroni – Elisabetta, regina di Svezia – Göteborg (Sterling)
→ Démarre doucement, mais des élans conspirateurs remarquables !

Gounod – Romeo et Juliette (en suédois) –  Björling, Allard, d'Ailly ; Opéra de Stockholm, Grevillius (Bluebell)

♥♥♥ Nielsen – Saul og David (acte IV) – Jensen (Danacord)

♥♥♥ Nielsen – Saul og David – N. Järvi (Chandos)
 
Peterson-Berger – Arnljot – Brita Ewert, Bjorck, Einar Andersson, Ingebretsen, Gösta Lindberg, Leon Björker, Sigurd Björling, Sven Herdenberg, Sven d'Ailly ; Royal Swedish Opera, Nils Grevillius
→ Un peu sec-discursif pour de l'opéra essentiellement romantique. Pas bouleversé. Mais quelle équipe de chanteurs !




gens




B. Récital d'opéra

Une très belle livraison de nouveautés sur le mois écoulé, avec des propositions de répertoire très originales et construites !

nouveautés
♥♥♥ Lully, Charpentier, Desmarest – extraits d'Armide, Médée, Circé… – Gens, Les Surprises, Camboulas (Alpha 2021)
→ Formidables lectures, de très grandes pièces (cet air-chaconne de Circé de Desmarest, dans l'esprit de l'entrée de Callirhoé, mais en plus long !), Les Surprises à leur meilleur, un chœur de démons nasal à souhait (les individualités de ce chœur de 8 personnes sont fabuleuses, de grands chanteurs baroques y figurent !), le tout agencé de façon très variée et vivante, et servi par la hauteur de verbe et geste de Gens… un récital-merveille !

« Jéliote »Mechelen, A Nocte Temporis, Mechelen (Alpha 2021)
→ Encore une belle réussite de Mechelen et son ensemble, autour d'une autre haute-contre historique – programme et exécution peut-être un peu moins originaux et marquants que pour le premier, mais vraiment recommandé.
→ Approche musicologique intéressante de se fonder sur un interprète précis, comme tant de récitals d'opéra seria l'ont fait, et renouvellement (même si moindre cette fois) des airs habituellement enregistrés.

Destouches (Marthésie), Philidor (Les Amazones), Cavalli, Viviani, Vivaldi, Schurmann… – « Amazone » – Léa Desandre (+ Gens, Bartoli), Ensemble Jupiter, Thomas Dunford (Erato 2021)
→ Beau récital vivant, d'où se détachent surtout pour moi, sans surprise, les pièces françaises (notamment les généreux extraits de Marthésie, qu'on est très heureux d'entendre pour la première fois !).
→ J'ai mainte fois dit que je trouve le timbre très fondu pour une voix aussi peu fortement projetée, et que j'aime davantage de franchise dans le verbe, mais la maîtrise du coloris et l'agilité sont irréprochables et l'interprète très engagée.

♥♥ Mozart, Méhul, Spontini, Rossini, Adam, Verdi, Offenbach, Wagner, Leoncavallo, Lehár, Ravel, Orff, Korngold… – « Baritenor »Michael Spyres, Philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (Erato 2021)
→ Déception partagée par les copains geeks-de-musique : ce n'est pas un récital de répertoire spécifique à cette catégorie vocale – selon les époques et les lieux, peut désigner aussi bien des ténors sans aigus (Licinius de La Vestale), que des barytons à aigus (Figaro du Barbier de Séville) ou des ténors aigus et agiles disposant d'une inhabituelle extension grave (Zampa d'Hérold, absent de ce disque). Dans cet album, on entend donc énormément de tubes des répertoires pour ténor aussi bien que pour baryton, pas nécessairement écrits pour baryténor.
→ Cette réserve formulée (on a tout de même Ariodant de Méhul et Lohengrin dans la traduction de Nuitter), le tour de force demeure très impressionnant (le véritable timbre de baryton saturé d'harmoniques pour la cantilène du Comte de Luna !) et ménage quelques très heureuses surprises, comme les diminutions aiguës dans l'air du Comte Almaviva de Mozart (tirant vraiment parti de la tessiture longue pour proposer quelque chose de différent mais tout à fait cohérent avec le style) ou pour le Figaro du Barbier (l'imitation des différentes voix qui appellent Figaro, de la femme à la basse, quelle amusante jonglerie !). Et tout de même beaucoup de rôles de barytons aigus (Danilo, Carmina Burana), ainsi que de ténors graves (Lohengrin), mais aussi, pour bien prouver que la voix n'est pas ternie, de ténors aigus (Le Postillon de Longjumeau).
→ Autre atout, le parcours (certes arbitraire puisque mélangeant ténors et barytons…) est construit de façon chronologique, on fait une petite balade temporelle au spectre très large, ce qui est très rare dans les récitals.
→ À écouter, donc, pour les amateurs de voix (qui seront très impressionnés) plutôt que pour les défricheurs de répertoire.
→ Partiellement bissé.

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

Gabrielli – extrait de S. Sigismondo, re di Borgogna – Bartoli, Andrés Gabetta, Sol Gabetta, Cappella Gabetta (Decca)
→ Quadrissé.
→ Avec instruments solistes. Pas très marquant, mais tout ce qu'on a au disque de ses opéras…

♥♥♥ Schlusnus dans Don Pasquale, Onéguine, Prince Igor (tout en allemand)
→ Chante Onéguine avec des nuances de lied… délectable ! Igor pas très épique.
→ Bissé

♥♥♥ Josef Metternich, « Rare and Unreleased Recordings (1948-1957) » (Andromeda)
→ Tout en allemand : Onéguine, Trovatore, Otello, Lortzing, Traviata, Arabella, Parsifal…
+ https://www.youtube.com/watch?v=v-WmSm50Nd8 (la perfection vocale…)




berners




C. Ballet & musiques de scène


nouveautés
♥♥ Arenski (Arensky) – Nuits égyptiennes (Ėgipetskiye nochi, Egyptian Nights), Op. 50 – Moscou SO, Yablonsky (Naxos réédition 2021)

Lord BernersBallet de Neptune, L'uomo dai baffi – English Northen Philharmonia, Lloyd-Jones (Naxos 2021)
+ arrangements pour orchestre de Philip Lane : 3 Valses bourgeoises, Polka (avec le Royal Ballet Sinfonia)
→ Toujours cette belle musique excentrique de Berners, quelque part entre la musique légère et la sophistication, comme une rencontre improbable entre Minkus et Schulhoff, le tout dans un esprit très proche de la musique légère anglaise.
→ Trissé.

♥♥♥ Stravinski – Feu d'artifice, Scherzo fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb absolument idéaux pour ces pages.
→ Bissé le Sacre, trissé les ouvertures.

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

Franck – Hulda, Op. 4 : le ballet allégorique – OP Liège, Arming (Fuga Libera 2012)
→ Du Franck plutôt décoratif, marqué par des modèles absolument pas wagnériens (le ballet à la française, avec un côté rengaine quasiment britannique dans le rondeau final !). Le reste de l'opéra n'est pas non plus le plus audacieux de Franck, mais il sera bientôt donné et enregistré dans les meilleures conditions par Bru Zane !
→ Couplé avec une très belle version tradi de la Symphonie.

♥♥ Stravinski – Petrouchka, Les Noces – Ančerl
→ Avec Žídek et Toperczer notamment !

Stravinski – Les Noces (en français) – Ansermet (Decca)




anniversaires




D. Cantates profanes


nouveautés
♥ Purcell – Birthday Odes for Queen Mary – Carolyn Sampson, Iestyn Davies… The King's Consort, Robert King (Vivat 2021)
→ Excellentes versions, très bien captées, qui valent en particulier pour les instrumentistes très vivement engagés. Joli plateau vocal également.
→ (Pour autant, je ne suis pas trop certain de vouloir vous encourager à financer le label autoproduit d'un abuseur d'enfants. J'ai longuement hésité avant d'écouter moi-même ce disque, alors que j'ai toujours énormément aimé le travail artistique de R. King. La séparation entre l'homme et l'œuvre me paraît problématique lorsque l'homme est vivant et en activité : on promeut le talent au-dessus d'être un humain décent, on excuse la destruction de vies au nom de ses qualités pour nous divertir, on remet potentiellement l'agresseur en position de prestige, d'autorité et de récidive. Bref : c'est un bon disque, mais si vous voulez l'écouter volez-le s'il vous plaît.)
→ [Tenez, je commettrai sans doute un jour une notule où je partagerai mon sentiment d'homme blet sur cette affaire de séparation de l'homme et de l'œuvre, sous un angle différent de la traditionnelle opposition « il est méchant il faut détruire son œuvre  » / « il est bon dans son domaine c'est tout ce qui m'intéresse ». Mon opinion a grandement évolué sur le sujet depuis ma naïve jeunesse, et je me pose quelques questions sur nos réflexes mentaux en la matière, que je partagerai à l'occasion.]




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E. Sacré


nouveautés
Zácara da Teramo – Intégrale (Motets, Chansons édifiantes) – La Fonte Musica, Michele Pasotti (4 CDs, Alpha 2021)
→ Musique du XIVe siècle, dont la langue me paraît hardie pour son temps (ou sont-ce les restitutions?), mais trop loin de mes habitudes d'écoute pour que je puisse en juger – j'ai beau faire, je me retrouve un peu comme les wagnériens devant LULLY, je n'entends que le nombre limité de paramètres expressifs et pas assez les beautés propres de ces musiques à l'intérieur de leur système. Pas faute d'avoir essayé.
→ Belles voix, assez originales, ni lyriques, ni folkloriques, vraiment un monde à part très intéressant et avec des timbres très typés (mais pas du tout clivants / étranges).

♥♥♥ Brixi – Messe en ré majeur, Litanies – Hana Blažiková, Nosek Jaromír ; Hipocondria Ensemble, Jan Hádek (Supraphon 2021)
→ Alterne les chœurs d'ascèse, finement tuilés, très beau contrepoint qui fleure encore bon le contrepoint XVIIe, voire XVIe… pour déboucher sur des airs façon Messie (vraiment le langage mélodique de Haendel !).
→ Splendides voix tranchantes et pas du tout malingres, orchestre fin et engagé, Blažiková demeure toujours aussi radieuse, jusque dans les aigus de soliste bien exposés !

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

♥♥♥ Grégorien : Chants de l'Église de Rome VIe-XIIe s. – Organum, Pérès (HM)
→ Quelle sûreté de réalisation ! (et toujours ces beaux mélismes orientalisants)

♥♥♥ Dufay – Motets isorythmiques – Huelgas (HM)

Allegri – Miserere – A sei voci (Naïve)

♥♥ Titelouze – Messe – Les Meslanges, van Essen (Paraty 2019)

♥♥ CAPUANA, M.: Messa di defonti e compieta / RUBINO, B.: Messa di morti (Choeur de Chambre de Namur, García Alarcón) (Ricercar 2015)
→ bissé Capuana, trissé Rubino
→ Pas du niveau des Vêpres du Stellario, mais riche et stimulant !

♥♥♥ Du Mont – Cantica sacra – Boterf, avec Freddy Eichelberger à l'orgue Le Picard de Beaufays (1742) (Ricercar)

♥♥♥ Mendelssohn : Te Deum in D Major, MWV B15 ; Stuttgart KmCh, Bernius (Hänssler 2021)
→ Nouveau de cette année, génial (du Mendelssohn choral à un par partie !), mais déjà présenté la semaine de sa sortie lors d'une précédente livraison. Je n'encombre donc pas cette notule-ci.

♥♥♥ Danjou, Kyrie & Gloria // Perne, Sanctus & Agnus Dei // Boëly, pièces d'orgue – Ens. G. Binchois, F. Ménissier (Tempéraments 2001)
Danjou !!  J'étais persuadé que ça n'existait pas au disque. Passionnant de découvrir ça.

Saint-Saëns, Oratorio de Noël ; Ziesak, Mahnke, James Taylor, Deutsche Radio Philharmonie, Poppen (YT 2008)
→ Très épuré, sulpicien, contemplatif. Joli, et dans une interprétation de tout premier choix (quels solistes !).

♥♥ Braunfels : Große Messe – Jörg-Peter Weigle (Capriccio 2016)
→ D'ample ambition, une œuvre qui ne tire pas Braunfels vers du Bruckner complexifié comme son Te Deum, mais vers une véritable pensée généreuse et organique, dotée en outre de fort belles mélodies.

♥♥ Milhaud – Psaume 121 – RenMen





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F. A cappella profane


nouveautés
Hutchings, Meadow, Hopkins, Sigurdbjörnsson, Jóhannsson, Owens, Arnalds, Lovett, Rimmer, Gjeilo, Barton, Desai, Guðnadóttir, O'Halloran, L.Howard – « Infinity » Voces8 (Decca 2021)
→ Bascule toujours plus profonde dans la musique atmosphérique, avec ces pièces (elles-mêmes des arrangements) qui pour beaucoup ressemblent à du Whitacre en plus gentil. Mais réussi dans son genre, et particulièrement concernant les quelques pièces qui excèdent un peu ce cadre avec des harmonies plus recherchées (Sigurdbjörnsson).





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G. Symphonies


nouveautés
Saint-George – Symphonie en sol, Symphonies concertantes – CzChbO Pardubice, Halász (Naxos 2021)
→ Plutôt mieux que d'habitude, assez charmant même, mais toujours aussi aimable et peu marquant, vraiment de la musique décorative, réutilisant exactement les tournures de son temps. Ni plus ni moins.
→ Amusant : Naxos écrit Saint-Georges à la française, alors que son nom s'écrit Saint-George – tandis que le Wikipédia anglais écrit aussi Saint-Georges, en référence à son probable père.
→ Bissé. (Parce que j'étais occupé pendant ma première écoute, pas parce que c'est génial.)

♥♥ (Cipriani) Potter – Symphonie n°1, Intro & rondo « à la militaire », Ouverture Cymbeline – BBCNO Wales, Howard Griffiths (CPO 2021)
→ Très belles œuvres du jeune romantisme britannique, l'ouverture pour Cymbeline de Shakespeare en particulier !
→ Trissé.

♥♥ Bruckner – Symphonie n°4 (les trois versions) – Bamberg SO, Hrůša (Accentus Music 2021)
→ Passionnant choix de confronter les différentes versions, dans une lecture assez traditionnelle (contrastes limités, couleurs assez fondues, transitions plutôt lissées) mais détaillée, lisible et toujours vivante.
→ Parmi les belles choses à repérer : dans la première version, 1874, l'écriture est beaucoup plus continue (les grands unissons sont ici harmonisés, avec un aspect beaucoup plus continu et brahmsien que j'aime beaucoup, moins étrange en tout cas), en particulier dans le premier mouvement. Et dans le final, amusante marche harmonique sur figures violonistiques arpégées qui fleure bon sa Chevauchée des Walkyries.
→ Dans le premier mouvement de la deuxième version, 1878, bel éclat majeur très lumineux, plus du tout dans l'esprit majesté-de-voûtes-romanes, très réussi. La progression vers le dernier climax du final est aussi très réussie, implacable apothéose.

♥♥ Tchaïkovski – Symphonie n°6, Roméo & Juliette – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ Beaucoup plus proche de la rectitude de leur Cinquième que du fol engagement de leurs 2 & 4.
→ Le développement du premier mouvement reste impressionnant (et le timbre pincé du hautbois solo délectable), mais le reste manque un peu de pathos à vrai dire, cette musique en a d'ordinaire suffisamment, mais tout paraît un peu peu germanisé et distancié ici, malgré l'investissement audible de toutes les parties.
→ La marche-scherzo n'est absolument pas terrifiante mais danse avec sourire et délectation, culminant dans le très bel éclat (purement musical) de son climax. Surprenant, mais assez convaincant.
→ Roméo et Juliette absolument pas russe non plus, mais la netteté au cordeau, la différenciation des timbres y a quelque chose de tout à fait grisant – purement musical ici encore, plutôt que passionné ou narratif. J'aime beaucoup, bien plus proche des qualités des 2 & 4.

Saint-Saëns – Symphonie n°1, Concerto pour violoncelle n°1, Bacchanale – Astrig Siranossian, Philharmonique de Westphalie méridionale, Nabil Shehata (Alpha 2021)
→ Pas très emporté par ce disque : soliste pas particulièrement charismatique (et capté un peu en arrière), orchestre peu coloré, plutôt opaque, très tradi… la Symphonie est jouée avec vie, mais rien qui change nos vies, je le crains.

Saint-Saëns – Symphonies Urbs Roma & n°3 – Liège RPO, Kantorow
→ À nouveauté pour cette intégrale Kantorow, pas de révolution dans la perception des œuvres, mais une exécution de bonne tenue – un peu épaisse pour ce que peuvent réellement produire ces symphonies, néanmoins.

♥♥♥ Mahler – Symphonie n°8 – Howarth, Schwanewilms, Fomina, Selinger, Bardon, Banks, Gadd, Rose ; LPO Choir, LSO Chorus, Clare College Choir, Tiffin Boys Choir ; LPO, Jurowski (LPO Live)
→ Quel bonheur d'avoir des sopranos de la qualité de timbre de Schwanewilms et Fomina pour cette symphonie où leurs aigus sont exposés en permanence !  Barry Banks aussi, dans la terrible partie de ténor, étrange timbre pharyngé, mais séduisant et attaques nettes, d'une impeccable tenue tout au long de la soirée.
→ Par ailleurs, le mordant de Jurowski canalise merveilleusement les masses – très beaux chœurs par ailleurs.
→ Trissé.

♥♥ Florence Price – Symphonies 1 & 3 – Philadelphia O, Nézet-Séguin (DGG 2021)
→ Symphonies d'un compositeur qui cumulait les handicaps de diffusion, et cumule à présent les motivations de programmation : femme et afro-américaine !
→ Le langage de la Première se fonde largement sur des thèmes issus du gospel et utilisés comme motifs qui se diffractent et évoluent à travers l'orchestre, au sein d'une orchestration aux couleurs variées, d'un beau lyrisme qui ne cherche jamais l'épanchement, d'une construction qui ne suspend jamais le plaisir d'entendre de belles mélodies, jusque dans les transitions.
→ La Troisième m'a paru moins vertigineuse : plus lisse et continue, moins motorique et générative, davantage tournée vers les mélodies (qui sonnent un peu plus populaires que gospel cette fois). Très beau dans son genre postromantique, très bien écrit, mais moins neuf et saisissant.
→ Avec la fluidité propre à Nézet-Séguin et les timbres miraculeux de Philadelphie, c'est un régal absolu, qui rend justice à un corpus réellement intéressant et riche musicalement, et simultanément très accessible !  Qu'attendons-nous pour programmer ces œuvres en concert, surtout avec la mode de la réhabilitation des minorités culturelles ?  Sûr que ça plairait d'emblée à un vaste public.
→ Trissé.

(Malcolm) Arnold – Concerto Gastronomique, Symphonie n°9  – Anna Gorbachyova-Ogilvie, Liepaja Symphony Orchestra, John Gibbons (Toccata Classics 2021)
→ La Symphonie n°9, véritable épure, n'est pas sans charme, et interprétée avec charisme (quels magnifiques solistes !).
→ Le Concerto Gastronomique aurait pu être amusant, mais il reproduit surtout des formules à la Arnold (les accords de cuivres à l'harmonique décalée et enrichie pour le Fromage, vraiment rien de figuratif ou de propre à son objet…).


Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :


1) Baroques & classiques

Wilhelm Friedmann Bach – Symphonies (fk 67 « dissonante » et fk 66 avec ricercar) & Harpsichord Concertos – Ensemble Arcomelo, Michele Benuzzi (La Bottega discantica 2008)

♥♥ Corrette – Symphonies de Noëls – La Fantasia, Rien Voskuilen (Brilliant)
→ Réjouissant de bout en bout !


2) Classiques

♥♥ Richter – Symphony No. 53 in D Major, "Trumpet Symphony"
London Mozart Players - Orchestra ; Bamert, Matthias - Conductor (Chandos 2007)

Johann Stamitz – Sinfonia Pastorale – Hogwood (Oiseau-Lyre)
+ symphonie en ré Op.3 n°2
→ Avec les thèmes plein de parentés.
→ Bissée.

♥♥♥ Gołąbek, Symphonies / Kurpiński, Concerto pour clarinette – Lorenzo Coppola, Orkiestra Historyczna (Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une langue classique déjà très émancipée.


3) Deuxième romantisme

♥♥♥ Tchaïkovski – Symphonies n°2,4 – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique, en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait, d'une énergie démentielles !
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la thématique folklorique, au demeurant.
→ (bissé la n°2)

♥♥ Tchaïkovski – Symphonie n°3 – Göteborg SO, Neeme Järvi (BIS)
→ Bissé.


4) XXe siècle

Schnittke – Symphony No. 1 – Tatyana Grindenko, Lubimov, Russian StSO, Rozhdestvensky (Chandos)
→ Atonal libre pas très beau.

Schnittke – Symphony No. 3 – Radio Berlin-Est, V. Jurowski (Pentatone)
→ Proche de la 4 (que j'aime énormément), en plus morne. Pas palpitant.




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H. Poèmes symphoniques


nouveautés
E. von Dohnányi – Ouverture de Tante Simona, Suite en fa#m, American Rhapsody – ÖRF, Paternostro (Capriccio 2021)
+ Leo Weiner – Serenade pour petit orchestre en fam
→ Belles œuvres, très consonantes et confortables dans leur postromantisme peu retors. Capriccio continue aussi bien de documenter les grandes œuvres ambitieuses du répertoire germanique chez Rott, Braunfels ou Schreker que d'explorer des œuvres moins mémorables, mais très bien bâties malgré leur ambition moindre.

♥♥♥ Stravinski – Feu d'artifice, Scherzo fantastique, Scherzo à la Russe, Chant Funèbre, Sacre du Printemps NHK SO, Paavo Järvi (RCA 2021)
→ Splendide version très vivante, captée avec beaucoup de relief physique, contenant quelques-uns des chefs-d'œuvre de jeunesse de Stravinski (parmi ce qu'il a écrit de mieux dans toute sa carrière, Feu d'artifice et le Scherzo fantastique…), ainsi qu'une version extrêmement charismatique et immédiatement prenante du Sacre du Printemps.
→ Järvi semble avoir tiré le meilleur de la NHK, orchestre aux couleurs peu typées (même un brin gris, ai-je trouvé en salle), mais dont la discipine et la solidité permettent ici une insolence et un aplomb absolument idéaux pour ces pages.
→ Bissé le Sacre, trissé les ouvertures.

Takemitsu – A Way a Lone II, Toward the Sea II, Dreamtime, « 1982 historic recordings) – Sapporo SO, Iwaki Hiroyuki (1982, DGG 2021)
→ Pour mesurer à quel point les orchestres japonais ont progressé… On peut trouver interprétations bien plus avenantes de ces belles œuvres (ou chef-d'œuvre, pour Toward the Sea II).
→ Complété par une heure de discours de Takemitsu, en japonais.

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

Weber – Ouvertures – Hanover Band, Roy Goodman (Nimbus 2000)
→ Assez décevant : capté de très loin, plans peu audibles, pas beaucoup de gain de timbres ou d'énergie avec les instruments d'époque.

Humperdinck – Rhapsodie mauresque – Gewandhaus Leipzig, Abendroth (réédition numérique Naxos)

Marx – Eine Frühlingsmusik, Idylle & Feste im Herbst – Radio-Symphonieorchester Wien, Wildner (CPO)
→ Comme la symphonie, en plus simple.




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I. Lied orchestral


nouveautés
♥♥♥ Saint-Saëns – La Princesse jaune – Wanroij, Vidal ; Toulouse, Hussain (Bru Zane 2021)
+ Mélodies persanes (Constans, Fanyo, Pancrazi, Sargsyan, Boutillier…)
→ Ivresses. Des œuvres, des voix.
→ Révélation pour ce qui est de la Princesse, pas aussi bien servie jusqu'ici, et délices infinies de ces Mélodies dans une luxueuse version orchestrale, avec des chanteurs très différents, et chacun tellement pénétré de son rôle singulier !

Vladigerov – Mélodies symphoniques – Bulgarie NRSO, Vladigerov (Capriccio 2021)
→ Moins séduisant et singulier, pour moi, que ses concertos ou symphonies, mais encore une fois du très beau postromantisme, très bien écrit, qui mérite d'être enregistré, réécouté, programmé en concert…

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

♥♥ Mahler – Das Lied von der Erde Kaufmann,Vienna Philharmonic, Nott (Sony 2017)
→ Kaufmann chante ténor et baryton à la fois. Les deux sont très bien, et Nott fait frémir Vienne plus que de coutume, avec des couleurs particulièrement fines et évocatrices, que l'orchestre se donne peu souvent la peine de produire !





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J. Concertos


nouveautés
♥♥♥ WÖLFL, J.: Piano Concertos Nos. 2 and 3 / Concerto da camera (Veljković, South West German Chamber Orchestra Pforzheim, Moesus) (CPO 2021)
→ Déjà beaucoup aimé, sorte de Mozart un peu plus tardif, dans ses Sonates (disque de Bavouzet par exemple), Wölfl confirme ici une véritable personnalité, et soutient remarquablement l'intérêt dans un genre d'essence décoratif – à l'oreille, le n°2 en mi, on dirait vraiment un Mozart perdu écrit pendant la série des concertos post-n°20 !
→ Bissé.

SPERGER, J.M.: Double Bass Concertos Nos. 2 and 15 / Sinfonia No. 30 (Patkoló, Kurpfälzisches Kammerorchester, Schlaefli)
→ Chouette, mais pourquoi toujours privilégier l'aigu pour un concerto d'instrument se distinguant au contraire par son extension grave ?

Saint-Saëns – Pièces rares pour violon et orchestre – Laurenceau, Orchestre de Picardie, Benjamin Lévy (Naïve 2021)
→ Essentiellement des Romances très lyriques, pas très passionné par leur contenu musical pour ma part, mais j'admire beaucoup le travail de pionnière de Geneviève Laurenceau (ancienne konzertmeisterin du Capitole de Toulouse), au service de compositeurs comme Magnard, Durosoir, Smyth, R. Clarke… Son très robuste et plein, pas du tout typé français, solidité et élan à toute épreuve.

Rubinstein: Piano Concertos Nos. 2 & 4 – Schaghajegh Nosrati, Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Róbert Farkas (CPO 2021)
→ Un peu déçu en réécoutant ces œuvres, du concerto pour piano romantique très tourné vers le piano, qui perpétue un modèle post-chopinien, même si l'orchestre n'est pas sans intérêt.

Saygun, Işıközlü, Erkin, Kodallı… TURKISH PIANO MUSIC (THE BEST OF) (Biret, Güneş, Saygun, G.E. Lessing, Şimşek, Tüzün) (Idil Biret Archive 2021)
→ Œuvres vraiment pas fabuleuses sur la première œuvre du coffret : des concertos pour piano très difficiles à jouer, mais musicalement, un mélange d'orientalismes et de musique classique très formelle (quoique complexe), pas très mélodique ni riante. Le disque de trios piano-cordes turcs sorti cette année (chez Naxos) était autrement stimulant sur la production locale !

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

1) Pour piano

Hummel: Piano Concerto No. 2 in A Minor – Hough, B. Thomson (Chandos)
→ Très sympathique, là aussi vraiment un cousin chopinien ; j'en retiens surtout le beau solo de clarinette du final et son beau thème secondaire (le soin mélodique échappe toujours à l'automatisme, chez Hummel, tout de même l'immortel auteur du plus beau final de concerto pour basson de tous les temps !), mais ce reste globalement du concerto pour piano brillant, où le contenu musical n'entre qu'en seconde ligne par rapport à un quatuor ou une symphonie.

Thalberg – Concerto pour piano – Ponti
→ Assez formellement Thalberg, pas de grande surprise.

♥♥♥ Liszt – Totentanz – Berezovsky, Philharmonia, Wolff (Teldec)
→ Totalement fulgurant, parfait, surnaturel… le jeune Berezovsky était incroyable, d'une insolence proprement démoniaque.

♥♥♥ Henselt – Concerto pour piano Op.16 en fa mineur – Michael Ponti, Philharmonia Hungarica, Othmar Mága (VOX, réédition Brilliant Classics)
→ Très proche de Chopin dans les formules pianistiques, mais doté d'un orchestre très généreux, très bien écrit, qui puise à une tradition beaucoup plus luxuriante (Meyerbeer ?). Splendide et grisant, dans son genre lyrique mais travaillé !

Pierné – Concerto pour piano – Ponti
→ Très virtuose évidemment, de la musique très sérieuse qui contraste avec son final fondé sur la répétition inlassable de « Mets tes deux pieds en canard » de La Chenille qui redémarre.

♥♥♥ d'Albert – Concerto pour piano n°2Ponti
→ Quel beau lyrisme décidément !

Roussel – Concerto pour piano – Ponti

Sinding – Concerto pour piano – Ponti

BORTKIEWICZ, S.: Piano Concertos Nos. 2 and 3, "Per aspera ad astra" (Doniga, Janáček Philharmonic, Porcelijn) (Piano Classics 2018)

SCHNITTKE, A.: Piano Concerto / Concerto for Piano and String Orchestra / Concerto for Piano 4-hands and Chamber Orchestra (Kupiec, Strobel) (Phoenix 2008)
→ Version dotée d'un équilibre singuier du piano, plus intégré / symphonique. Pas celle que j'aime le plus, mais très belle, dans cette sélection de concertos considérables du XXe siècle !


2) Pour violon

♥♥ Tchaikovsky – Violin Concerto in D Major – Gitlis, Vienne SO, Hollreiser (VOX)
→ Impressionnant et ébouriffé, et l'orchestre est vraiment très bien, dynamique, présent, précis (contre toute attente vu la date, le chef et les conditions de non-répétition).
→ En revanche Gitlis, ce son très appuyé, ces effets qui bifurquent dans tous les sens, le rubato qui déborde en avant en arrière, j'entends trop que c'est du violon, ça me distrait de la musique.
→ Mais impressionnant d'insolence (la qualité parfaite du timbre avec un suraigu pas du tout tiré, surnaturelle), à connaître !
→ Orchestre splendide, ça ne ressemble pas du tout à un son viennois d'ailleurs, de l'excellente charpente à l'allemande, pas très coloré mais limpide sur tout le spectre, et avec vie et précision.

♥ Tchaïkovski – Concerto pour violon – Dumay, LSO, Tchakarov (EMI)
→ Beau, simple, un peu lent.

♥♥ Tchaïkovski – Concerto pour violon – Julia Fischer, Russie NO, Kreizberg (PentaTone 2006)
→ Sobre, doux, net, voilà qui tire davantage vers la poésie de la page. Et la culture russe de l'orchestre (quoique l'un des moins typés du pays) facilite les bonnes couleurs environnantes.

Tchaïkovski – Concerto pour violon – Hahn, Liverpool PO, V.Petrenko (DGG 2011)
→ Assez affirmatif, mais sobre, réussi ! Tempo très retenu.

Tchaïkovski – Concerto pour violon – Hudeček, S. de Prague, Bělohlávek (Supraphon)
→ Un peu gras pour ce que j'espérais d'un son tchèque au violon, pas mal de rubato quand même, et Bělohlávek toujours plutôt mou…
→ Est très bien, mais ne répond pas à mon espérance de netteté un peu acide en allant me tourner vers Supraphon !

¤ Tchaïkovski – Concerto pour violon – Radulović, Borusan Istanbul PO, Sascha Goetzel (DGG 2017)
→ Puisqu'on m'en a dit le plus grand mal, j'écoute. Je l'avais adoré avant la notoriété, dans une vidéo de rue où il était pris en train de livrer une insolente et hautement pensée Chaconne de la Partita n°2 de Bach… Peu écouté depuis ses grands succès, vu son positionnement cross-over sur des tubes un peu retravaillés, ce qui m'intéresse moins.
→ Je découvre qu'il est carrément passé chez DGG, chez certains ça va la vie !
→ L'orchestre n'est pas le meilleur du monde (je trouve d'ailleurs qu'il sonne très oriental, comme s'il jouait du Saygun ou plutôt du… Say, ça n'aide pas ;
→ Côté goût, ce n'est pas affreux, mais en effet ça s'alanguit dans tous les sens, le tempo et le phrasé bougent sans cesse, c'est sur-interprété en permanence, je ne suis pas fan.
→ Et côté son, un peu tiré, oui, comme une voix qu'on voudrait pousser trop fort, il y a plus précis et plus timbré sur le marché – j'entends chaque année les plus aguerris jouer ça à la Philharmonie, je suis un peu blasé côté virtuosité extrême.
→ En somme pas horrible du tout, mais clairement je ne vois pas trop l'intérêt d'écouter ça vu l'offre délirante sur ce concerto.

Tchaïkovski – Concerto pour violon – Ehnes, Sydney SO, Ashkenazy (Onyx)
→ Très policé et propre, pas très palpitant, et pas assez effacé pour être seulement poétique.
→ Impression persistante que le violon sonne fort tout le temps.

♥♥ Tchaïkovski – Concerto pour violon – Sarah Christian, Bremen KmPh, Rhorer
→ Accompagnement très net, interprétation très réussie (quoique, comme souvent, beaucoup de rubato superflu pour moi).

+ Borgstrøm – Concerto pour violon – Eldbjørg Hemsing, Wiener Symphoniker, Olari Elts (BIS 2018)


3) Pour autre chose

Telemann – Concertos pour vents (TWV 44:43, 51:D2, 51:D7, 52:d1, 52:e1, 53:D5) – Hoeprich & friends, Musica Antiqua Köln, Goebel
→ Joli son d'orchestre, de la première (deuxième) génération d'ensembles baroques, pour des compositions peu trépidantes.

♥♥♥ P. Vranický, Haydn – Concertos pour violoncelle en ut – Enrico Bronzi, Orchestra di Padova e del Veneto, Enrico Bronzi (Concerto Classics)
→ Meilleure version du Haydn ! Cet orchestre, qui s'est imprégné de modes de jeu musicologiques au moins depuis Maag, propose des sonorités capiteuses tout en conservant le moelleux des instruments traditionnels. L'insolence, les trépidations de joie, la rêverie y sont portées au plus beau degré.

♥♥♥ Gołąbek, Symphonies / Kurpiński, Concerto pour clarinette – Lorenzo Coppola, Orkiestra Historyczna (Institut Polonais)
→ Absolument décoiffant, des contrastes qui évoquent Beethoven dans une langue classique déjà très émancipée.

Bacewicz – Concerto pour alto – Kamasa, Varsovie PO, Wisłocki (LP sur YT)
→ Un peu trop soliste pour mon goût. Atmosphère tourmentée.





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K. Musique de chambre

nouveautés
♥♥ Beethoven – Quatuors 12 & 14 – Ehnes SQ (Onyx 2021)
→ Version très aboutie, aux timbres superbes, issue d'un cycle en cours autour des derniers quatuors de Beethoven.
→ Bissé.

♥♥♥ Schubert – Quintette à cordes – Tetzlaff, Donderer... (Alpha 2021)
→ Couplé avec le Schwanengesang de Julian Prégardien que je n'ai pas encore écouté.
→ Lecture d'une épure assez fabuleuse : absolument pas de pathos, cordes très peu vibrées, des murmures permanents (quel trio du scherzo ! ), et bien sûr une très grande musicalité.
→ Très atypique et pudique, aux antipodes de la grandiloquence mélodique qu'on y met assez naturellement.

Hummel & Schubert: Piano Quintets – Libertalia Ensemble (CPO 2021)
→ Très beau quintette (avec piano et contrebasse) de Hummel, énormément de très belles choses là-dedans.
→ La version de la Truite n'est pas du tout le plus exaltante du marché, un peu grise par rapport aux versions très engagées et typées qu'on peut trouver par ailleurs (Kodály-Jandó, Immerseel, etc.).

PAGANINI, N.: String Quartet No. 3 / Duetti Nos. 1, 2, 3 (Pieranunzi, Falasca, Fiore, Leardini, Carlini) (CPO 2021)
→ Jolies œuvres aimables, bien jouées.

♥♥ Saint-Saëns, Rameau, LisztTrio piano-cordes n°2, Pièces de clavecin en concert (Suites 1 & 5), Orpheus (arrangement) – Trio Zadig (Fuga Libera 2021)
→ Un des tout meilleurs trios en activité (probablement le meilleur que je connaisse moi), avec en particulier des cordes d'un charisme extraordinaire.
→ Lecture assez traditionnellement lyrique-germanique de Saint-Saëns, avec un son très peu français, misant davantage sur une sorte d'audace virtuose, où chaque motif à chaque instrument est ciselé et immédiatement présent et mélodique. Cette attitude dynamise beaucoup cette page, déjà très belle.
→ Étonnante association avec un Rameau version trio romantique (très réussie) et cette transcription du poème symphonique de Liszt.
→ Trissé pour le Saint-Saëns, bissé pour le reste.

♥♥♥ Saint-Saëns – Quatuors 1 & 2 – Tchalik SQ (Alkonost Classic)
→ Lecture très consciente stylistiquement, et ardente, de ces quatuors magnifiant à la fois la contrainte formelle et la beauté de l'invention… ce jeune quatuor a évolué de façon assez fulgurante ces dernières années. (Son intégrale Hahn est fabuleuse aussi.)

(réédition)
♥♥♥ Mahler, Bertin-Maghit & Hersant – « No Time for Chamber Music » (extraits arrangés de Mahler) – Collectif9 (2018, réédition Alpha 2021)
→ Réédition de cet album d'une formidable inventivité, réutilisant dans des contextes nouveaux (et pour effectif chambriste comme l'indique le nom de l'ensemble !) des thèmes issus de l'œuvre de Mahler. Fascinant de contempler ces mélodies connues se mouvoir selon des chemins imprévus, et le tout exécuté à un niveau instrumental assez hallucinant, recréant un orchestre complet rien qu'avec leurs textures de cordes.
→ Totalement jubilatoire.
→ Trissé.

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

GabrielliSonate con trombe e violini  – Cappella di San Petronio, Sergio Vartolo (Tactus)

♥♥ Schubert – Quintette piano-cordes en la – Anima Eterna Brugge, Immerseel (ZZT)

Hummel, Bertini – Quintette piano-cordes, Sextuor piano-cordes (MDG)
→ Hummel bissé.
→ Très belle version très bien captée. Meilleure que celle qui vient de sortir chez CPO (et couplage Bertini plus intéressant qu'une version moyenne de Schubert, évidemment…).

Wyschnegradsky - String quartet №2
→ Intéressant, à défaut de réellement séduisant.




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L. Violon

(solo ou accompagné)

nouveautés
Saint-Saëns – Pièces de caractère pour violon & piano – Fanny Clamagirand, Vanya Cohen (Naxos 2021)
→ On y retrouve les grands standards (Danse macabre, Rondo capriccioso, Havanaise…) et des pièces rares, où l'on peut profiter du son extraordinairement capiteux et flûté (produire un timbre aussi chantant, aussi peu « frotté » avec un violon relève du petit miracle) et de la musicalité de Clamagirand, qui impressionne beaucoup depuis quelques années déjà.
→ Pas de révélations particulières parmi les pièces moins célèbres, à mon sens.

♥♥ E. Andrée, Bonis, SmythSonates pour violon, « First Ladies » – Annette-Barbara Vogel, Durval Cesetti (Toccata Next 2021)
→ Décidément, quelques figures féminines commencent à solidement émerger, au moins dans le domaine de la mélodie et de la musique de chambre (et plus simplement du piano d'intérieur) !
→ Trois grandes compositrices… je n'ai pas été aussi impressionné par Bonis que par sa Sonate violoncelle-piano, mais Smyth me frappe à nouveau par sa typicité, sa façon de tisser le matériau folklorique dans les formes savantes… Très réussi.
→ De surcroît très bien joué, par une spécialiste de ce genre de bizarrerie – plusieurs disques Hans Gál à son actif !

Kreisler + divers arrangements et pièces virtuoses ou de caractère – « 12 Stradivari » – Janine Jansen, Antonio Pappano (Decca 2021)
→ Surtout intéressant pour son projet : réunir pendant 10 jours 12 stradivarius, dont certains plus joués depuis des années, ou jamais enregistrés, et concevoir un programme qui mette en valeur leurs caractéristiques ou le lien avec leurs possesseurs historiques. Le tout par une seule interprète.
→ Le projet est excitant mais le résultat, comme je pouvais m'y attendre (considérant ma sensibilité), reste assez peu exaltant : 1) on perçoit certes des nuances de timbre, mais le son d'un violon dépend avant tout de la personne qui joue sur le violon ; 2) le répertoire de pièces pittoresques n'est franchement pas passionnant si l'on n'est pas passionné du violon en soi, si l'on ne le regarde pas comme une épreuve d'athéltisme à travers des haies et balses obligées ; 3) le son adopté par Janine Jansen est uniformément très intensément vibré et assez dégoulinant, très loin de la sobriété légère qui fait son intérêt en tant qu'interprète – elle refuse en général les soulignements excessifs et les effets de manche, tandis que ce disque semble (un peu artificiellement) renouer avec cette tradition.

Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

(réécoute nouveauté)
♥♥♥ Il Sud: Seicento Violin Music in Southern Italy ; œuvres de Falconieri, Montalbano, Trabaci, Pandolfi, Leoni, Mayone ; Ensemble Exit, Emmanuel Resche-Caserta (Passacaille 2020)
→ Œuvres rares à la veine mélodique généreuse et aux diminutions expansives, dans une interprétation pleine de couleurs (assise sur orgue positif et théorbe, remarquablement captés), avec un violon solo à la fois chaleureux et plein d'aisance. Un peu grisant.

Messiaen – Thème & Variations – Alejandro Bustamante, Enrique Bagaria (Columna Music)
→ Accords réguliers très marqués dans le style harmonique Messiaen, soutenant un violon plus lyrique.




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M. Violoncelle

(solo ou accompagné)

Frescobaldi, Ortiz, Vitali, Galli, Degli Antoni – Canzoni pour violoncelle(s) et basse continue – Cocset, Les Basses Réunies, Cocset (Alpha)
→ Quel son, quels phrasés !

♥♥ Gabrielli – Ricercari – Cocset (Agogique)
+ Vitali – Passacaglia

Bach – Suites pour violoncelle 1, 3 – Bruno Cocset (Alpha)
→ Vraiment différent, très vif et très droit. Manque de danse et de saveurs harmoniques pour moi, mais dans son genre fulgurant et droit au but, convaincant !




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N. Orgue

nouveautés
♥♥ Karg-Elert – Intégrale pour orgue, vol.12 : 3 Impressions, Hommage à Haendel, Partita n°1 – Steinmeyer de la Marienkirche de Landau/Pfalz, Stefan Engels (Priory 2020)
→ Les Impressions sont d'un postromantisme très conservateur et peu saillant, mais la Partita tire au contraire le meilleur du pouvoir des atmosphères.
→ Quant aux variations-hommage à Haendel, elles montrent une maîtrise ludique d'organiste pour tout ce qui est des diminutions et de la registrations.
→ Superbe orgue riche et généreux, superbement registré et capté.


Et les écoutes / réécoutes hors nouveautés :

1) Baroque XVIIe & louisquartorzien

Arauxo – Libro de tientos y discursos de musica practica, y theorica de organo (extraits) – Francesco Cera (Brilliant Classics 2018)

♥♥♥ Titelouze, Buxtehude, Pachelbel, Marchand, Boyvin, Corrette, Dandrieu… – Livres d'orgue sur les orgues du Jura franco-suisse  vol.1 – Delor, Baillot, Béraza, Meylan (Phaïa 1999)
→ Très belles orgues baroques françaises (Dole, Champagnole, Orgelet) ou suisse (Le Sentier), très typées. Et l'archaïsme de Titelouze, le grandiose de Marchand, le lyrisme de Boyvin, la fantaisie de Corrette & Dandrieu… Aussi des pièces d'Allemands, dont Buxtehude et (Georg) Böhm.
→ Un coffret totalement jubilatoire pour les amateurs d'orgue français, à connaître absolument !

Pachelbel – Œuvres pour orgue – Saint-Bonaventure de Rosemont à Montréal, Bernard Lagacé (Arion)
→ Captation très crue, pas très agréable.

♥♥ Pachelbel – Orgue vol. 2 – Essl & friends (CPO)
→ (Dont l'incroyable chaconne en sol, ♥♥♥.)

Pachelbel, Froberger, Muffat – « Organ Music Before Bach » – Kei Koito (DHM)

♥♥♥ Boyvin – Premier and Second livre d'orgue : Suites Nos. 1-8, « French Organ Music from the Golden Age, Vol. 6 » –  Bolbec, Ponsford (Nimbus)
→ Toujours aussi opératique ce Boyvin !

♥♥ André Raison  – Livre d'orgue – Ponsford à Saint-Michel en Thiérache (Nimbus)
→ Volume 3 de son anthologie française.

♥♥ Grigny, Lebègue – Orgue, motets – Ensemble Gilles Binchois, Nicolas Bucher (Hortus)
→ Sur l'orgue de l'abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu.

♥♥ Grigny – Les Hymnes – Lecaudey (Pavane)
→ Sur l'orgue Tribuot de Seurre.
https://www.deezer.com/fr/album/5407331

♥♥♥ Grigny – Le Livre pour orgue, avec alternatim – Vox Gregoriana, Mikkelsen

¤ Muffat – Œuvres pour orgue vol. 1 & 2 – Haselböck (Naxos)
→ Orgue blanc terrible.


2) XVIIIe siècle

♥♥♥ Dandrieu – Laissez paître vos bêtes – Maîtrise du CMBV, Jarry (CSV 2019)
→ Tube personnel, sur l'orgue de la Chapelle Royale de Versailles avec cet alternatim de la Maîtrise du CMBV !  (Il figure sur plusieurs notules de CSS.)

♥♥♥ Daquin – Nouveau Livre de Noëls – Gellone, Falcioni (Brilliant Classics)
→ (Première écoute intégrale du Livre ? Variations en réalité.)
→ Saveur extraordinaire, très pincée, acide, colorée, de l'orgue de Saint-Guilhem.

♥♥ Daquin – Nouveau Livre de Noëls – Bardon & St-Maximin

♥♥ Daquin – Nouveau Livre de Noëls – Baumont & Thiérache

♥♥ Daquin – Nouveau Livre de Noëls – Dom Bedos & Mouyen

♥♥ CorretteOffertoire La St François sur l'orgue Dom Bedos / Quoirin de Sainte Croix de Bordeaux (YT 2012)
09 - Dialogue sur les grands jeux - Paul Goussot (YT 2018)
→ Quel orgue !

♥♥ Balbastre – Noëls & pièces formelles – Rabiny-Maucourt-Puget (1781-1869-1953) de Saint-Félix-Lauragais, Pauline Koundouno-Chabert (Psalmus)
→ Pas la plus mobile des interprétations (pour cela, il y a Chapuis & Tchebourkina à Saint-Gervais !), mais le programme est très intelligemment conçu, avec son alternance de pièces formelles et de Noëls, qui évite toute lassitude… et l'orgue a des couleurs à la française réjouissantes !
→ Il existe de toute façon peu de grands recueils Balbastre, et celui-ci est l'un des plus plaisants !


3) XIXe siècle

♥♥♥ Schumann – Esquisses, Études, Fugues (orgue) – Rothkopf (Audite)
→ Trissé. (cf. notule sur ce disque)

♥♥ LISZT, F. / SCHUMANN, R. / MENDELSSOHN, Felix, Blanc, Albert Alain (Orgues du Jura Franco-Suisse, Vol. 2) (M.-C. Alain, Camelin, Champion, Lebrun, Leurent)
→ La Procession prise sous l'orage, quelle chose étonnante (figurative et réjouissante), à défaut d'être profonde musicalement !  Albert Alain est en revanche particulièrement ennuyeux, appliqué, sinistre.
→ Sur ces orgues aux timbres très typés français, les Mendelssohn-Schumann-Liszt prennent une saveur extraordinaire !


3) XXe siècle

Reger : Introduction, Passacaille et Fugue en mi mineur, Op. 127 – Gerhard Weinberger (CPO)
→ Quelle œuvre de la pleine démesure : l'élève (fantasmatique) de Fauré et de Wagner écrivant de la musique tonale (ce qu'il en reste) à l'époque de Wozzeck… Quelque chose dans cet esprit : vagabondage harmonique, certains accords très riches et dissonants, ambiance très sombre et pesante, Passacaille qui évoque davantage Berg que Brahms… le contrepoint, l'enharmonie et les errances tonales partout.
→ C'est monumental – quoique un peu sérieux et discipliné pour être réellement jubilatoire, me concernant. Mais très intéressant, effectivement au bout de la logique de Reger !
→ Très bien capté et phrasé.,

KARG-ELERT, S.: Organ and Piano Music - Poesien +  Silhouetten + arrangement de la Suite de Pelléas de Sibelius – Konttori-Gustafsson, Lehtola (Toccata Classics 2017)
→ La Suite de Pelléas fonctionne vraiment bien (l'orgue enveloppant, le piano mordant).
→ De belles choses dans les Silhouetten, quoique vraiment tradis.

REUCHSEL, E.: Promenades en Provence, Vols. 1-3 / Bouquet de France (extraits) – cathédrale St Louis (Missouri), Simon Nieminski
→ Les progressions figuratives sont beaucoup plus frappantes en vrai, mais ce disque sans éclat particulier a au moins le mérite rare de documenter un florilège de ce catalogue tout à fait digne d'intérêt. Je ne garantis cependant pas l'émotion à l'écoute de l'objet disque – je n'y suis pas parvenu.

Messiaen – L'Ascension – Innig (MDG)
→ Un peu sombre pour le lyrisme et les couleurs de cet opus.

♥♥ Messiaen – Livre saint Sacrement– Innig (MDG)
→ Très sobre et sombre, marche vraiment bien.

♥♥ Messiaen – Messe de la Pentecôte, Livre d'orgue – Innig (MDG)
→ Lecture très accessible, le Livre d'orgue (que je n'avais pas encore essayé dans cette intégrale) est même franchement réussi et échappe tout à fait au formalisme moche que j'y percevais d'ordinaire… !

♥♥ Florentz – Laudes, Prélude de l'Enfant noir, Debout sur le soleil, La Croix du Sud – Roquevaire, Thomas Monnet (Hortus 2014)
→ Très beau dans le style Messiaen, et assez sobre.
→ Trissé.




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O. Piano·s


(quatre mains)

nouveautés
(réédition)
SCHUMANN, R.: Arrangements for Piano Duet, Vol. 3 - Manfred (excerpts) / Symphony No. 3 / Overtures (Eckerle Piano Duo) (Naxos 2015, réédition 2021)
→ Intéressant (Manfred en particulier !), mais exécution vraiment molle. À retenter en d'autres mains.

Chausson, Ropartz, Massenet, Alkan, Chaminade, Godard – Pièces françaises à quatre mains, « Four Hands for France » – Stephanie McCallum, Annie Helyard (Toccata Classics 2021)
→ On retrouve Stephanie McCallum, déjà sur un de mes disques de l'Île Déserte (Dans l'ombre de la Montagne etles Préludes à danser pour chaque jour de la semaine de Ropartz), pour un programme qui, comme l'on pouvait s'y attendre, reste plutôt léger. Même Chausson, le tourmenté et modulant Chausson écrit de la bluette bien consonante, qui évoque davantage un décalque très assagi des Jeux d'enfants de Bizet que le langage d'Arthus ou de ses Maeterlinck… Les Ropartz aussi sont en deçà, à mon sens, du legs pianistique du compositeur. [Tout l'inverse des Allemands, donc, qui sont souvent meilleurs dans les configurations quatre mains / deux pianos.]
→ Très beau projet, mais je n'y ai trouvé rien d'essentiel pour ma part, je ne me sens pas de le recommander spécifiquement dans l'abondance de parutions…

KARG-ELERT, S.: Organ and Piano Music - Poesien +  Silhouetten + arrangement de la Suite de Pelléas de Sibelius – Konttori-Gustafsson, Lehtola (Toccata Classics 2017)
→ La Suite de Pelléas fonctionne vraiment bien (l'orgue enveloppant, le piano mordant).
→ De belles choses dans les Silhouetten, quoique vraiment tradis.


(deux mains)

Schumann, R.: Pedal Piano Music (Complete) - Studies, Op. 56 / 4 Sketches, Op. 58 / 6 Fugues On B-A-C-H (par Martin Schmeding, sur piano d'époque)
→ Rare disque sur un piano-pédalier d'époque. Pas forcément un plaisir au demeurant : piano limité (et peu fiable, d'après le pianiste).
→ En sus, jeu très carré, pas très poétique.

♥♥ Liszt – Vallée d'Obermann – Bolet
→ Toujours pas bouleversé par l'œuvre (souvent un peu univoque, le piano de Liszt).

Peterson-Berger – Improvisations au piano, mélodies – Peterson-Berger
→ Décoratif.

♥♥ Langgaard: Afgrundsmusik (Music of the Abyss), BVN 169 – Berit Johansen Tange
→ Ces inclusions soudaines de motifs brefs complètement dans le langage de Messiaen sont assez folles !




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P. Airs de cour, lieder & mélodies…


nouveautés
STROZZI, B.: Ariette a voce sola / Diporti di Euterpe / Sacri musicali affetti (La voce sola) (Dubinskaitė, Canto Fiorito) (Brilliant 2021)
→ Pas le plus édifiant corpus de son siècle, mais joliment écrit et très bien chanté.

♥♥♥ Schumann – Alle Lieder – Gerhaher, Huber, Rubens, Landshammer, Kleiter, Lehmkuhl… (Sony 2021)
→ Magnifique somme regroupant les cycles Schumann de Gerhaher, parmi les tout meilleurs qu'on puisse entendre et/ou espérer, et permettant de tout entendre, avec bon nombre de nouveautés (tout ce qui n'avait pas été enregistré, et même une nouvelle version de Dichterliebe). Il manque une poignée de lieder présents dans l'intégrale Hyperion, mais sinon, même les lieder en duo et les liederspiele à 4 y sont, tous !
→ Verbe au cordeau, variation des textures, mordant, tension, nuances, c'est la virtuosité d'une expression construite qui impressionne toujours autant chez lui !
→ Les artistes invités, ce n'est pas n'importe qui non plus, ces dames figurent parmi les meilleures liedersängerin de leur génération (Rubens, n'est-ce pas !). Les lieder prévus pour voix de femme sont ainsi laissés aux interprètes adéquates.
→ De surcroît le livret contient des introductions, un classement clair (même une annexe par poètes !) et les textes (monolingues, certes, mais c'est toujours une base de départ confortable pour ceux qui veulent ensuite des traductions).

Duparc, Saint-Saëns, Fauré, Chausson, Ibert, Ravel – Mélodies « Aimer à loisir » – Boché, Durham, Fanyo, Timoshenko (B Records 2021)
→ Issus de leur résidence Royaumont (interrompue par certain perturbateur microscopique de votre connaissance), quatre mini-récitals de duos piano-chant de jeunes artistes, où se distingue particulièrement, sans surprise, Kaëlig Boché, exceptionnel diseur – même si la voix est hélas peu phonogénique par rapport à son intérêt en salle !  Pour entendre Axelle Fanyo à son meilleur, allez d'abord entendre sa dernière Mélodie persane qui vient de paraître en couplage avec La Princesse jaune !

♥♥ (Dinu) Lipatti, Enescu, (Violeta) Dinescu – « Hommage à Dinu Lipatti  », Cycles de mélodies françaises (+ un lied de Dinescu) – Markus Schäfer, Mihai Ungureanu (Drever Gaido)
→ Quelle belle surprise que ce disque, qui documente pour la première fois les mélodies (on dispose que de quelques autres œuvres du disque) de Lipatti ! 
→ Je croyais à une réédition de ses interprétations de Chopin, j'ai failli passer mon chemin et puis j'ai vu le nom de Markus Schäfer, interprète vivant… Bien m'en a pris !
→ Les Marot d'Enescu (remarquablement naturels et riches à la fois) sont couplés avec les Verlaine de Lipatti (un peu plus ouvertement complexes et appliqués, prosodiquement moins exacts, mais très intéressants musicalement). Très belle découverte !
→ Hélas, sur le plan de la réalisation, il faut se contenter d'un français à très fort accent, Schäfer fait ce qu'il peut avec générosité, mais ce n'est clairement pas équivalent à un grand disque de mélodiste aguerri.
→ La longue pièce de Dinescu qui conclut est beaucoup plus ancrée dans le contemporain, mais très vivante et d'une expression assez naturelle malgré les effets. Une belle réussite.

♥♥♥ Miaskovski (Myaskovsky)– « Œuvres vocales vol. 1 » : Livre Lyrique, 12 Romances d'après Lermontov, Sonate violon-piano – Barsukova, Pakhomova, Dichenko, Solovieva (Toccata Classics 2021)
→ Quelle belle surprise que ce corpus, dans le goût généreux, d'un postromantisme enrichi, de ses premiers quatuors (on peut penser au langage traditionnel mais évolué des 4 & 5 !), et très bien servi. → Un très beau jalon du répertoire russe (soviétique en l'occurrence, mais ce sonne plutôt russe).

♥♥♥ Hahn – Trois jours de vendange – Théruel (YT)
→ L'idéal de la mélodie, l'idéal du chant aussi.

Debussy – Mandoline, Le Tombeau des Naïades – Fleming, Thibaudet (Decca)
→ Très intensément dits (comme peu l'osent !), avec un style étrange (plein de changements de timbre, du glissando à tout va…).

Peterson-Berger – Improvisations au piano, mélodies – Peterson-Berger
→ Décoratif.




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Si vous suivez mon exemple, je devrais vous tenir occupés quelques jours encore, le temps que je fournisse une notule digne de ce nom. D'autant que beaucoup de ces disques (à 2 ou 3 cœurs) méritent amplement d'être écoutés plus d'une fois !  Ainsi que ceux des épisodes précédents.

Puissiez-vous, estimés lecteurs, jouir des beautés de la musique retrouvée, tandis que l'Automne – et peut-être les Variants – s'empare doucement de nos vies en extérieur.

mardi 17 août 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 6 : Glazounov, Sibelius, Messiaen, des Polaks radieux aux Fridolins inconnus, femmes fugueuses, crincrin archaïque du mezzogiorno


Un mot

Toujours la brève présentation des nouveautés (et autres écoutes et réécoutes) de la dernière période écoulée : juin, juillet – et le plus clair d'août.

Pendant ces deux mois et demi, beaucoup de Glazounov, de Sibelius, de Messiaen et de compositrices (découverte émerveillée de Charlotte Sohy, largement du niveau de Chausson, ou de Louise Adolpha Le Beau, réévaluation franche de Lombardini Sirmen, Jaëll et Bonis…) – mais aussi des cycles « musiques de scène de Sullivan », « violon sud-italien du XVIe s. » (écouté tous les disques contenant du Montalbano, le plus souvent une piste par disque…), « germains inconnus qui font de la musique de chambre passionnée ».

Tout cela se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la porte.

(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de données brutes, qui prennent déjà quelques heures à vérifier, réorganiser et remettre en forme.)

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La légende

Les vignettes sont au maximum tirées des nouveautés. Beaucoup de merveilles réécoutées ou déjà parues n'ont ainsi pas été immédiatement mises en avant dans la notule : référez-vous aux disques avec deux ou trois cœurs pour remonter la trace.
(Un effort a été fait pour classer par genre et époque, en principe vous devriez pouvoir trouver votre compte dans vos genres de prédilection.)

J'indique par (nouveauté) ou (réédition) les enregistrements parus ces dernières semaines (voire, si j'ai un peu de retard, ces derniers mois).

♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.

(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.




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A. Opéra

(nouveauté)
♥♥ LULLY, J.-B.: La naissance de Vénus [Ballet] (Cachet, Tauran, Bré, Auvity, Estèphe, Les Talens Lyriques, Rousset) (Aparté 2021)
→ Peu de chant, pas d'action, pas non plus le LULLY le plus vertigineux, mais les interprètes y font des merveilles : élégance suprême des danses, et quelle distribution incroyable, la tendresse de Cachet, l'astringence de Tauran, le mordant incroyablement savoureux d'Estèphe…

Haendel – Rinaldo – Mallon
→ Un peu tranquille à l'usage. Mais beau.

Haendel – Giulio Cesare in Egitto – Esswood, Murray, Harnoncourt
(airs de César, Sextus)
→ Vraiment carré et métronomique. Couleurs « authentiques », mais beaucoup moins souple que Leitner… !

♥♥♥ HANDEL, G.F.: Giulio Cesare in Egitto [Opera] (Sung in German) (Popp, Ludwig, Berry, Bavarian Radio Chorus, Munich Philharmonic, Leitner)
(airs de César, Ptolémée & Sextus)
→ Version tradi pleine de mots et de vie, je l'adore celle-ci.

♥♥♥ Haendel – Giulio Cesare in Egitto – Murray, Karnéus, Robson ; Bavarian State Orchestra ; Bolton (Farao Classics)
(airs Cesare, Sesto & Tolomeo)
→ Remarquablement vif, et chanteuses merveilleuses (Karnéus !). Murray a vieilli mais s'en tire très adroitement !
→ Trissé la sélection !

Haendel – Serse – Murray, Kenny, Robson, Chiummo ; Bavarian State Orchestra ; Bolton (Farao Classics)
(airs choisis, 1h)
→ Plus sec et figé.

♥♥ Haendel – Serse – Fagioli Kalna Genaux Aspromonte… ; Il Pomo d'oro (DGG)

♥♥♥ Carl Heinrich Graun (c.1703 - 1759).Cleopatra & Cesare. Jacobs (HM)
→ Du seria hypertrophié avec grands airs de 10 minutes, dont certains d'une inspiration grisante !

♥♥♥ Rameau – Castor & Pollux (version 1737) – Christie

♥♥ Rameau – Castor & Pollux (version 1754) – Pichon

Mozart – Don Giovanni, final acte I – Bonynge
→ Dans cette veine moelleuse orchestralement et luxueusement chantée, j'avoue que, pour ma part, ce n'est vraiment pas la version qui me convainc le plus. (Je serais plutôt du côté de Solti LPO 78, malgré Weikl et Sass qui ne sont pas la grâce même.)
→ Lecture tout de même globalement très lente, avec un orchestre qui surexpose les cordes (l'English Chamber n'a toujours été chambriste que de nom…), une prise de son fortement réverbérée et qui repousse tout le monde un peu en arrière (si vous parvenez à entendre les lignes individuelles dans l'Engloutissement, je vous admire…), et bien sûr des chanteurs très « globaux » dans leur approche musicale et verbale.
→ Ce n'est même pas Sutherland qui est la pire (au moins elle s'investit expressivement) : Lorengrar ne fait vraiment pas d'efforts de ce point de vue, étalant sa splendide voix homogène avec, à mon sens, beaucoup moins de sens dramatique qu'à l'ordinaire, et d'une manière générale, le sens précis du mot et la situation n'est pas particulièrement souligné – non que ce soit du tout mauvais, mais dans une discographie aussi pléthorique, quitte à distinguer une version, j'attends une qualité d'engagement / de prégnance particulière.
→ À cela s'ajoute l'incongruité de certaines associations : les duos Bacquier-Horne, où la seconde (malgré toute la qualité de timbre et la féminité soulignées par Francesco) semble vouloir dévorer le premier, dont le timbre et les manières un peu trop franches évoquent davantage un pauvre bougre des rues qu'un aristocrate manipulateur et enjôleur, finit par verser dans une veine de comique probablement imprévue.
→ J'aime cependant beaucoup Krenn, dans un grand jour d'élégance, et Monreale, Masetto très charismatique !
→ Et puis je sais que ça intéresse peu en général, surtout pour Mozart (j'ai l'impression que c'est davantage un critère pour Verdi en général), mais l'italien n'est vraiment pas très bon… Sutherland, Lorengrar, Gramm, c'est assez terrible de faire ça…
→ Pour autant, j'aime bien cette version, très bien chantée (si l'on met de côté la question, pas négligeable du tout, de la langue), avec des personnalités fortes. Mais elle ne m'apporte pas autant qu'à vous, clairement. Dans ce genre un peu tranquille, j'aime bien davantage Lombard avec la Radio Suisse Italienne (Forlane 98) : les chanteurs y sont moins proméminents, mais la qualité de langue et le frémissement fin autour du texte et des situations y est, de mon point de vue, davantage réussi.

♥♥ Mozart – Don Giovanni, final acte II – Currentzis (Sony)
→ Très rapide et furieux, à défaut d'être creusé.

Mozart – Don Giovanni, final acte II – Malgoire (Auvidis 98)
→ Vraiment sec, voix courtes. Sans lieto fine.

♥♥ Mozart – Don Giovanni, final acte II – Radio Suisse Italienne, Lombard (Forlane 98)
→ Assez lent et doux, mais finement articulé par les chanteurs (Kotcherga formidable).

(nouveauté)
Beethoven – Fidelio – Davidsen, Elsner, Kränzle, Zeppenfeld ; Landshammer, Groissböck ; Ch Radio Leipzig, Dresden PO, Janowski (PentaTone 2021)
→ Lecture très tradi, pas aussi ardente que les meilleurs Janowski. L'ensemble me paraît un brin épais considérant ce qu'on peut attendre de ce chef à la tête d'un excellent orchestre (mais dont les spécificités ont peut-être baissé pendant les 30 ans où il a peu enregistré?).
→ Vocalement, solide, mais ce n'est pas non plus la fête : Davidsen, Elsner et Landshammer ne sont pas très expressifs. Les trois clefs de fa crèvent les baffles par leur présence et leur inspiration, et le Chœur de la Radio de Leipzig (le meilleur au monde, devant la Radio de Berlin ex-Est ?) ravit absolument. Mais au sein de l'offre très riche, ce n'est pas l'enregistrement à découvrir prioritairement.

♥♥♥ Verdi – Luisa Miller – Moffo, Bergonzi, MacNeil, Cleva (RCA)
→ La version la plus extraordinaire qui soit – mais l'œuvre reste assez moyenne, malgré le tournant qu'elle affirme dans l'esthétique verdienne.

♥♥♥ Verdi, Stiffelio, Battistoni (C Major)
→ La grande version d'un Verdi majeur (le plus mal connu peut-être des Verdi majeurs…).

♥♥♥ Verdi – Il Trovatore – Frittoli, Urmana, Licitra, Nucci ; La Scala, Muti (2000)
→ Orchestralement, fabuleuses atmosphères, finition et pensées extrêmes – de très loin le meilleur disque de Muti, avec son antique Sacre du Printemps où il dirige Philadelphie !

(nouveauté)
♥♥♥ Verdi – Simone Boccanegra – Amarillli Nizza, Fraccaro, Gezim Myshketa, Frontali, F. Furlanetto ; Palermo, Philippe Auguin (Dynamic 2021)
→ Frontali toujours aussi miraculeux de tenue vocale et de verbe haut, plus de vingt ans que ça dure ! Très bel entourage (Fraccaro toujours fruste, mais ça marche bien, et la vaillance est là !).
→ Extraordinaire Paolo de Myshketa, mordant et mordoré…
→ Prise de son Dynamic pour une fois décente, on sent la prise faite dans le théâtre, mais le confort d'écoute reste tout à fait valable.
→ Une grande version !

SULLIVAN: Macbeth / King Arthur / Merry Wives of Windsor – RTÉ, Penny (Naxos 1992)

♥♥ Sullivan – The Pirates of Penzance – Sinclair, R. Lewis, Pro Arte Orchestra, Sargent (EMI)
→ Sinclair rules !  (Richard Lewis aussi.)

♥♥ Massenet – Werther – Etcheverry, actes II & III

(nouveauté)
♥♥ Messager – Passionnément – Gens, Santon, Car, Huchet, Noguera ; É. Dupuis ; Münchner Rundfunkorchester, Stefan Blunier (Bru Zane 2021)
→ Délicieuse suite de couplets (il manque le texte parlé, hélas), qui parle parfois sans détour du corps (« J'ai lu, dans la sainte Écriture » traite largement de la gravité et des seins…), sur une musique élégante et charmante, du chic français. Musicalement un peu interchangeable, sans doute, mais toujours très agréablement mélodique.
→ Très belle équipe, même si les voix féminines sonnent un peu « grand », manquant peut-être un peu de malice dans l'expression.

♥♥♥ NIELSEN – Saul og David – Jenseni (Danacord)
→ Très belle veine épique, remarquablement chantée, voilà un opéra qui frémit, palpite, s'épanche, et dans une langue musicale riche mais calibrée pour le drame – on ne reconnaît les bizarreries de Nielsen qu'à quelques doublures de bois et tournures harmoniques, sans quoi le compositeur s'efface vraiment au profit du drame !
→ Voix incroyables, franches et riches, orchestre très mobile et habité comme toujours avec Jensen, un très grand nielsenien malgré son âge !
→ Bissé.

♥♥♥ Stephan – Die ersten Menschen – Ronge, Nimsgern, Rickenbacher (CPO)
→ Œuvre considérable, interprétation fulgurante.

(nouveauté)
♥♥♥ Marcel Lattès – Le Diable à Paris – Tassou, Dubroca, Laulan, Mossay, P.A. Dubois, Les Frivolités Parisiennes, Dylan Corlay (B Records 2021)
→ Réjouissante loufoquerie qui mêle la bluette, les intrigues d'infidélité et le pacte diabloque, dans une musique d'opérette chargée de clins d'œil (à Berlioz, Gounod…), vivement mélodique et très entraînante. Belle réussite qui avait été préparée pour la scène avant la Fin du Monde – cela s'entend !
→ Une fois de plus, Tassou, Dubroca et P.A. Dubois sont miraculeux, et l'orchestre de toute première qualité, extrêmement engagé et convaincu.

(nouveauté)
Spyridos SAMARA .: Mademoiselle de Belle-Isle [Opera] (Simos, Christoyannis, Maropoulos, Kontos, Kaval Choir of Sofia, Pazardzhik Symphony, Fidetzis) (Naxos 2021)
→ Opéra en français, très conservateur et aimable, dans le goût du romantisme très mesuré et à flux continu de La Carmélite de Hahn.
→ Intrigue à la Cour de France, autour de la figure de Richelieu.
→ Bons chanteurs, orchestre clairement pas dans les premiers de la classe.

(nouveauté)
Abdi – Hafez – Mohammad Motamedi, Babak Sabouri
Haleh Seyfidazeh, NSO Ukraine (Naxos 2021)
→ Malgré l'usage de l'instrumentarium occidental, c'est bel et bien un opéra en arabe, et chanté avec une technique d'émission et une ornementation mélismatique typiques d'une toute autre culture que celle de l'opéra europée. Je n'ai pas été très touché, faute de repère sans doute – ou est-ce un moyen terme intrinsèquement peu convaincant ?
→ Bravo en tout cas, une fois de plus, à Naxos qui documente courageusement ces raretés qui peineront probablement à trouver leur public !

Adès – Powder Her Face – Almeida Ensemble, Adès (EMI)




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B. Récital

♥♥♥ Haendel – « Svegliatevi nel core » de Giulio Cesare – Bolton, Leitner, Jacobs, Minko…

♥♥♥ Gounod – Air du poison – Barrabé

♥♥ Vocal Recital : Berglund, Joel - RANGSTRÖM, STENHAMMAR, WAGNER  / MUSSORGSKY, M.P. / BRAHMS / ROSSINI, G. / MOZART (Recordings) (1937-1961) (Bluebell 2007)
→ Tout chanté en suédois.

♥♥♥ Opera Arias : Björker, Leon - MOZART, W.A. / WAGNER, R. / VERDI, G. / RANGSTROM, T. / ATTERBERG, K. (Great Swedish Singers) (1934-1959)
→ Voix splendide et naturelle, encore plus que Berglund !  Et tout est chanté en traduction suédoise !
→ (Bissé.)

♥♥ Korngold – Pierrots Tanzlied – Hampson

♥♥♥ Orff – Carmina Burana, « Dies, nox et omnia »
versions Gerhaher-Rattle, Ormandy, Cognet-Kuentz, Tézier-Shanghaï…
→ La tessiture extrêmement haute permet d'entendre les barytons sans cravatage, quel plaisir… devraient chanter tout le temps ainsi… on s'aperçoit qu'ils en ont la technique, en plus !




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C. Ballet & musiques de scène

Mozart – Ouverture Lucio Silla – Harnoncourt

Hervé – Ouverture de Mam'zelle Nitouche (version Fernandel)

(réédition)
♥♥ SULLIVAN, A.: Incidental Music - Merchant of Venice (The) / Henry VIII / The Sapphire Necklace: Overture (RTÉ Concert Orchestra, A. Penny) (Naxos 1992, réédition 2021)
→ Remarquablement réussi, et vraiment nourrisant pour de la musique de scène. De beaux pastiches (celui de Donizetti dans la Barcarole du Marchand de Venise !), et servi par la Radio Irlandaise au sommet – les solos de clarinette sont incroyables !

(réédition)
♥♥ SULLIVAN, A.: Île Enchantée (L') [Ballet] / Thespis: Ballet Music (RTÉ Concert Orchestra, Penny) (Marco Polo, réédition Naxos 2021)
→ Quelle remarquable veine mélodique !  Et rien de vulgaire, malgré la simplicité. Orchestre ici encore magnifique.

(nouveauté)
♥♥♥ Thrane, Udbye, Haarklou, Ole Olsen, Apestrand, Elling, Borgstrøm, Eggen – « Ouvertures d'opéras norvégiens » – Opéra National de Norvège, Ingar Bergby (LAWO 2021)
→ Écume d'un patrimoine enfoui où se révèlent de véritables personnalités mélodiques et dramatiques (toutes sont de style romantique) – et enfin une seconde version de l'ouverture de Thora på Rimol, le chef-d'œuvre tétanisant de Borgstrøm ! 
Que ne rejoue-t-on cela sur les scènes de Norvège, puis partout ailleurs, fût-ce en traduction !

Nielsen: Moderen (The Mother), Op. 41, FS 94 (version for choir and orchestra) – Odense Symphony Orchestra; Delfs, Andreas (Dacapo)

(réédition)
♥♥ Stravinski – Ballets russes – Les Siècles, Roth (Actes Sud, réédition HM 2021)
→ Très belles versions très précises et animées, sur les instruments de facture française de l'époque !
→ On gagne un peu en grain, mais à cette date, la différence de timbre et d'équilibre n'est plus très spectaculaire par rapport aux entreprises musicologiques opérées sur le XIXe siècle.




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D. Sacré

(nouveauté)
♥♥♥ Montigny – Grands motets : « Surge propera », « Salvum me fac Deus » – Ensemble Antiphona, Rolandas Muleika (Paraty 2021)
→ Beaucoup de couleurs instrumentales et harmoniques, du beau contrepoint, et une exécution qui a le sens de la danse !

♥♥♥ Haendel – Te Deum & Jubilate d'Utrecht – Rademann (Carus)

(nouveauté)
Verdi – Messa da Requiem – Várady, Milcheva, Cupido, Ghiuselev ; ÖRF, Segerstam (1980, Orfeo 2021)
→ Direction assez calme, exagérant peu les contrastes. Superbe chœur de radio, délicat et expressif. Solistes moins plaisants, en particulier les hommes peu gracieux – quand aux femmes, l'émission paraît parfois légèrement poussée, ce n'est pas leur meilleur soir.
→ Très bonne version, mais dans une mer d'excellentes…

Borgstrøm – Jesus in Gethsemane, Die Nacht der Toten – Norrlandsoperaen, Terje Boye Hansen (Simax 2010)

♥♥♥ Schmitt – Psaume 47 + Salomé – ORTF, Martinon

♥♥ Poulenc – Stabat Mater – Petersen, Cambreling




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E. A cappella

(nouveauté)
♥ DESENCLOS, A. / LANGLAIS, J.: Gregorian Meditations, Requiem, Messe solennelle… (University of Southern California Thornton School of Music Chamber Singers, Scheibe) (Centaur 2021)
→ Motets de Desenclos et une nouvelle version de son méditatif requiem post-fauréen (post-ropatzien ?)  et très marqué par le grégorien.

(nouveauté)
♥ Schnittke – Concerto pour chœur, Trois Hymnes sacrées – Chœur National d'Estonie, Putninš (BIS)
→ Voix un peu rauques (à la finnoise si l'on veut, mais les chœurs finlandais ne sont justement pas comme cela…), belle interprétation énergique bien captée dans ces tons de brun un peu homogènes. (J'aimerais des voix plus colorées / typées ou au contraire plus diaphanes.)
→ L'œuvre de Schnittke, assise sur toute une tradition de chant orthodoxe (quoique le compositeur soit catholique, que la composition date des années 1980 en Russie soviétique et que ses poèmes soient profanes…), s'augmente de frottements harmoniques et de modulations soudaines assez fabuleux – une très belle œuvre du XXe choral !

♥ Bo Holten : chœurs de Macfarren et d'aujourd'hui.




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F. Symphonies


mortensen

1) Baroques & classiques

(nouveauté)
♥♥ J.S. Bach: Orchestral Suites Nos. 1-4, BWV 1066-1069 (versions d'origine) – Concerto Copenhagen, Lars Ulrik Mortensen (CPO 2021)
→ Très colorées et affûtées, ces lectures rehaussent d'ardeur et de chatoyance ces suites monumentales. Encore une éclatante réussite de Mortensen !

(nouveauté)
♥♥ Haydn – Symphonies 6,7,8 « Les heures du jour », volume 10 de l'intégrale « Haydn 2032 » – Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (Alpha 2021)
→ Début incroyable du lever du jour !  Ce voile brumeux déchiré par la lumière crue et réchauffante… assez incroyable de suggérer si bien cela en musique.
→ Pour le reste, parmi les grandes versions de ces trois symphonies, cinglantes mais sans sécheresse, colorées sans excès d'effets.

♥♥ Mozart – Symphonies 19 à 30 – Pinnock
→ Mentions spéciales aux 19 (vraiment du très bon Mozart) et 29 !

Mozart – Symphonie n°35 – Brüggen

♥♥ Mozart – Symphonies 35,39,41 – RPO, Beecham (50 à 55, domaine public)
→ Adoré la 35, c'est vif, net, avec un son ample et confortable qui manque parfois aux ensembles sur instruments d'époque. On sent bien dans les traits que les cordes n'ont pas le même niveau qu'aujourd'hui, mais l'ensemble est propre et très vivant.
→ Dans les 39 et 41, ça sentait davantage son âge ai-je trouvé : structures moins sensibles, lenteurs, épaisseurs. Et pas le même wit.

(nouveauté)
♥ Pavel Vranický / Paul Wranitzky: Orchestral Works, Vol. 2 : Ouverture, Symphonies – Cz Chb PO, Pardubice, Marek Stilec (Naxos 2021)
→ Jolies œuvres où l'on sent un peu de la force mélodique de Vranický, et bien interprétées sur un orchestre tradi pas très colorées… Mais je n'ai pas eu l'impression d'être confronté aux œuvres qui font sa grandeur.


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2) Premier romantisme

(nouveauté)
C. Stamitz – Symphonies, dont « Le Jour variable » – Die Kölner Akademie, Michael Alexander Willens (CPO 2021)
→ Cette symphonie à titre est en effet très marquée par le style français, et permet de replacer (comme Knecht !) la Pastorale de Beethoven dans un environnement stylistique naturel & figuraliste contemporaion.
→ Entrée pastorale réutilisant les mêmes ponctuations ornithologiques que Beethoven, orage peu paroxystique, nuit suspendue, chasse très figuratives (avec sections de cors autonomes très imitatives), joli ensemble.

♥♥ Orchestral Music - BEETHOVEN, L. van / BRAHMS, J. / GLINKA, M.I. / GLUCK, C.W. / MUSSORGSKY, M.P. (Dresden Philharmonic, H. Kegel)

(nouveauté)
Beethoven – Symphonie n°3, Coriolan – Ensemble Cristofori, Arthur Schoonderwoerd (Cavi 2021)
→ Avec son ensemble à un par partie qui avait révolutionné les équilibres des concertos pour piano de Beethoven (que j'avais adorés ainsi acides, secs, nerveux, colorés), Schoonderwoerd s'attaque à l'Héroïque. Moins convaincu par le résultat : par rapport aux autres versions sur instruments anciens, moins de prise de risque dans le tempo et d'originalités dans les effets. Le manque d'ampleur des cordes à 1PP se fait sentir aussi pour l'ambitus expressif face aux vents. Plaisant, mais pas du tout neuf / essentiel.

Ries – Symphony No. 5 in D Minor, Op. 112 – Zürich Chamber Orchestra, Howard Griffiths (CPO)
→ Avec motif type Beethoven 5.

(nouveauté)
Schacht: Symphonies, Vol. 2 – Evergreen Symphony Orchestra, Gernot Schmalfuß (CPO 2021)
→ Toujours réjouissant orchestre, dans ces symphonies d'un classicisme finissant. Le menuet de la symphonie en sol est absolument ravissant, un bijou qui pépie si joliment !

♥♥ Frøhlich: Symphony in E-Flat - Gade: Symphony No. 4 National  de la Radio Danoise, Hogwood (Chandos 2013)

(nouveauté)
♥♥ Kurpiński, Dobrzyński & Moniuszko – Élégie, Symphonie n°2, Bajka – Wrocław Baroque O, Jarosław Thiel (NFM)
→ Jeune romantisme fougueux de haute qualité, interprété sur instruments d'époque, avec un feu exemplaire… Jubilatoire de bout en bout !

♥♥ Gade – vol. 3, Échos d'Ossian, Symphonies – Radio Danoise, Hogwood (Chandos)

(nouveauté)
♥♥ FARRENC, L.: Symphonies Nos. 1 and 3 (Insula Orchestra, Equilbey)
→ Lecture très dramatique sur instruments d'époque, l'occasion de réévaluer sérieusement le legs symphonique de Farrenc, jusqu'ici mal servi par des orchestres & chefs qui n'en maîtrisaient pas nécessairement le style.
→ On n'y découvre pas, à mon sens, une œuvre de tout premier intérêt comme le sont les symphonies de Dobrzyński ou Macfarren, mais il s'agit d'œuvres de belle facture, davantage dans l'air du temps que celles que nous avons l'habitude d'écouter, et qui ont tout pour contenter l'auditeur – hors, peut-être, la veine mélodique immédiate et la surprise.
→ L'avantage de mettre à l'honneur les compositrices est de forcer, mécaniquement, à

♥♥♥ Macfarren – Symphonies 4 & 7 – Queensland PO (int-1), W.A. Albert (CPO)
→ Écriture qui doit encore beaucoup à Beethoven et Weber, d'un très beau sens dramatique, trépidant !
→ Orchestre un peu casserole (timbres de la petite harmonie vraiment dépareillés), mais belle écriture romantique.
→ (Quadrissé.)


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3) Deuxième romantisme

Sullivan – Pineapple Poll (arr. C. Mackerras) + Symphonie en mi « Irish » – Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, Lloyd-Jones (Naxos 2007)
→ Réorchestration de la matière d'un opéra, pour en faire un ballet.
→ Symphonie pas forcément passionnante sur le plan de la forme ou de l'orchestration, mais quelles belles mélodies, à nouveau !  (le final en particulier)
→ Ici aussi, très bel orchestre (hautbois !), bien capté.

(nouveauté)
Boëllmann – Symphonie en fa majeur, Variations symphoniques & Quatre pièces brèves – Henri Demarquette, Mulhouse SO, Patrick Davin (Fuga Libera 2021)
→ Symphonie romantique, avec des doublures alla Franck ajoutées. Plaisant.
→ (Bissé.)

(nouveauté)
Bruckner – Symphonie n°3, version originale de 1873 – Bergen PO, Dausgaard (BIS 2021)
→ Très vif à nouveau, minimisant le vibrato mais aussi les ruptures, Dausgaard file – amenuisant peut-être les contrastes cette fois. Pas totalement convaincu par le résultat : certes le spectre est allégé et les grands thèmes du I prennent bien vie, mais l'absence de ruptures audibles brouille un peu l'appréhension du fonctionnement même de ces symphonies (juxtaposition / contamination de thèmes disjoints et encyhaînés sans transitions).

(réédition)
♥♥ Bruckner – Symphonie n°6 – Radio de Berlin-Est, Rögner (Eterna, Berlin Classics, réédition 2021)
→ Fidèle à ses conceptions très allantes et naturelles, pleines de clarté de lisibilité, Rögner livre ici un Bruckner particulièrement fluide et avenant, pas du tout menaçant, mais toujours tendu vers l'avant – il tient remarquablement la tension, témoin sa Troisième de Mahler quasiment sans égale de ce point de vue, arche unique ininterrompue…

Mayer: Symphony No. 5 - Mendelssohn-Hensel : Hero und Leander - Le Beau: Piano Concerto, Op. 37 – Katia Tchemberdji, Berlin ChbSEns, Jurgen Bruns (Dreyer Gaido 2010)
→ Hors Mendelssohn-Hensel, courte cantate plutôt bien faite, des œuvres pas forcément enthousiasmantes, assez lisses. (Déçu que Le Beau, géniale dans la musique de chambre, me laisse tomber comme cela !)

Tchaïkovski – Symphonie n°4,5,6 – Sanderling & Mravinski (DGG mono)
→ Assez raide, surtout Mravinski, sans la tenue implacable de la version stéréo plus célèbre.

Tchaïkovski – Symphonie n°6 –  Karajan 77 (DGG)
→ Pour les timbales de son scherzo-marche… La version tient par ailleurs assez bien !

♥♥ Tchaïkovski – Symphonie n°6 – Moravian PO, Lawrence Golan (Albany)
→ De très loin la version la plus rapide du final. Je l'aime beaucoup.

Glazounov – Symphonie 1 – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)
→ Vraiment pas passionnant, surtout par rapport aux 5 & 6, comme œuvres, même avec Fedoseyev !

♥♥ Glazounov – Symphonies 2,3 – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)
→ La 2 vraiment plus marquante et animée, avec en effet des influences allemandes spécifiques !
→ Son scherzo est incroyablement proche du I de Saint-Saëns 3 !

♥♥♥ Glazounov – Symphonies 4,5,6 – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)
→ Les bijoux de la série, avec des thèmes russes typés irrésisitibles (notamment la 4, mais le sommet de générosité lyrique est contenu dans la 5 !). Version totalement électrique, qui sublime l'orchestration très traditionnelle de Glazou.
→ 4 bissée

♥♥♥ Glazounov – Symphonies 5,6,7 – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)
→ Incroyable de transformer à ce point ce corpus un peu lisse en une telle générosité mélodique pleine d'urgence !

Glazounov – Symphonie 7 – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)


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4) Postromantisme & décadents

¤ Mahler – Symphonie n°9 – OPRF, Haenchen (Vidéo France Mu)
→ Je n'ai pas noté de commentaire, je suis surpris de ne pas avoir aimé à ce point… Erreur de mise en forme peut-être.

♥♥♥ Magnard – Symphonies 1,2,3,4 – Ph. Fribourg Suisse, Bollon (Naxos)
→ Réécoute des Magnard de Bollon. Toujours la même révélation – la forme germanique peut-être, mais ici éclate la dette envers le folklore français !

♥♥ Sibelius – Symphonies 1 & 4 – LSO, Collins (Decca)

Sibelius – Symphonie n°2 (en entier) – LSO, C. Davis (RCA)
→ Belle prise de son et des bois superbes (en effet, un petit côté distancié émotionnellement, mais non sans chaleur pour autant). Je ne suis pas sûr que ce ne soit pas la version qui m'ait laissé dubitatif il y a quelques années, d'ailleurs (les cordes y sont d'une articulation parfois un peu large).
→ Un peu lourd sur la durée, malgré les qualités exceptionnelles de la petite harmonie et du timbalier !

Sibelius – Symphonie n°2 (mvt I) – Boston, C. Davis (Philips)
→ Un peu hiératique, mais beau creusé des contrebasses.

¤ Sibelius – Symphonie n°2 (mvt I) – LSO, C. Davis (LSO Live)
→ Les défauts de la précédente version y semblent plus accentués (moins belle prise de son, bois moins séduisants, tempi apparemment plus lents, et cordes vraiment baveuses). La moins bonne des trois versions Davis.

♥♥♥ Nielsen – Symphonie n°2 – Tivolti Concert Hall SO, von Garaguly
→ Électrisant !  Mais seulement trouvé le premier mouvement, dans un coffret…

♥♥♥ Nielsen – Symphonies 2 & 6 – Stockholm RPO, Oramo (BIS)

Sibelius – Symphonies 2,5 – Rai Torino & Cleveland ; Rodzinski
→ Belles lectures, assez dynamiques pour leur époque – mais l'on a eu plus coloré, ardent et en place depuis.

♥♥ SIBELIUS, J.: Symphonies Nos. 3 and 5 (Kajanus Conducts Sibelius, Vol. 3) (1928, 1932)

♥♥ Sibelius – Symphonies 3,6 – Pittsburgh SO, Maazel (Sony)

♥♥♥ SIBELIUS, J.: Symphonies Nos. 4 and 6 / The Swan of Tuonela (Leipzig Radio Symphony, Kegel, Berlin Radio Symphony, Berglund) (Berlin Classics)

Sibelius – Symphonie n°6 – LSO, C. Davis (RCA)

Bax – Symphonie n°2 – BBCSO, Goossens (Lyrita)
→ Lyrita, décidément les meilleures prises de son / restaurations pour la musique symphonique britannique. Rien ne se compare à leur naturel et leur présence physique !

¤ Stravinski – Sacre du Printemps – OPRF, Franck (Vidéo France Mu)
→ Vraiment lisse, dommage, Mikko Franck ne semble plus beaucoup proposer de challenges à son orchestre (répertoire comme recherche esthétique).

RIISAGER, K.: Symphonic Edition, Vol. 1 (Aarhus Symphony, Holten) - Symphony No. 1 / Danish Pictures (Da Capo)

♥♥ Rubbra – Symphonie n°6 – Philharmonia, Norman Del Mar (Lyrita)
♥♥ Rubbra – Symphonie n°8
→ Remarquablement bâties et persuasives.

Rubbra – Symphonie n°2 – Handley  (Lyrita)
Rubbra – Symphonie n°7 – Boult (Lyrita)
→ Beaucoup plus sombres.

Rubbra – Symphonie n°3 – Philharmonia, Norman Del Mar (Lyrita)
Rubbra – Symphonie n°4 – Philharmonia, Norman Del Mar (Lyrita)
→ Moins marqué. Accumulation ?

(nouveauté)
Furtwängler: Symphonie n°1 en si mineur – Württembergische Philharmonie Reutlingen, Fawzi Haimor (CPO 2021)
→ L'interprétation et la prise de son permettent enfin de rendre justice aux compositions de Furtwängler, de façon favorable. Moins brucknérien et confus qu'il y paraissait, malgré la vastitude de dimensions et la disparité des attitudes (parfois Bruckner, parfois R. Strauss…) : il manque une inspiration mélodique pour séduire, certains mouvements paraissent l'application un peu formelle de grands principes sans contenu dont l'urgence frapperait, mais l'ensemble n'est pas dépourvu de qualités (en particulier le grand premier mouvement généreux et plein de climats divers et mêlés).

Barber – Symphonies n°1 & 2 – Detroit SO, N. Järvi (Chandos)
→ Bonnes œuvres, pas particulièrement prégnantes, mais moins grises que dans mon souvenir (il faut dire que Bruno Walter & Columbia, pour le relief et la chatoyance…).

(nouveauté)
♥♥ Maliszewski – Symphonies 1,2,3,4, ouvertures et poèmes symphoniques – (DUX 2021)
→ Postromantisme très sobre et lumineux, mais garni d'arrières-plans (on songe beaucoup aux 3 & 4 de Sinding), d'une tension et d'un renouvellement remarquables. Interprétation trépidante, totalement au niveau.
→ Délectable et enthousiasmant, chaleureusement recommandé… encore un carton pour DUX !


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5) Autres écoles du XXe siècle

♥ Bo LINDE –  Symphonies Nos. 1 and 2 / Pensieri sopra un cantico vecchio – « Orchestral Works, Vol. 3  » – Gävle SO, Peter Sundkvist (Swedish Society)




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G. Poèmes symphoniques

♥♥ Holmès – Polonia, interlude de Ludus pro Patria (Naxos)

♥♥♥ Glazounov – Marche en mi bémol – RTV Moscou, Fedoseyev (Denon)
→ Petit bijou roboratif !

Sibelius – Suite de Pelléas, Rakastava, Tapiola, Luonnotar… – Davidsen, Bergen PO, Gardner (Chandos 2021)
→ Jolie lecture un peu lisse. Rien à voir avec la palpitation de leur Troisième Symphonie ! (vidéo de concert aisément trouvable)
→ Je recommande plutôt N.Järvi-Göteborg pour la suite, et Vänskä-Lahti pour la musique de scène intégrale.
→ Pas encore écouté Tapiola et Luonnotar.

♥ Adolphe Biarent (1871-1916) – Poème Héroïque, Rapsodie Wallonne, Contes d'Orient (Diane Andersen : piano ; Pierre Bartholomée) (Cyprès 2009)

(réédition)
♥♥♥ Holst – The Planets – Chicago SO, Levine (DGG, réédition 2021)
→ La version la mieux captée, et l'une des plus abouties sur le plan de la tension, des textures, de la lisibilité. Que vous désiriez du cinéma ou de la haute vue musicale, la proposition répond à toutes les attentes !

Delius –  « Orchestral Works, Vol. 3 » – Brigg Fair (An English Rhapsody w. orch de studio) // Koanga, Act II: La Calinda (arr. E. Fenby) // Delius: Hassan, Act V: Closing Scene: We take the Golden Road to Samarkand // Irmelin Prelude // Delius: Appalachia (Variations on an Old Slave Song) – LPO, Beecham (1928, 1938, remastering Naxos)
→ Plaisant. Son un peu ancien. Œuvres pas forcément saillantes.

(nouveauté)
Goldmark: Symphonic Poems, Vol. 2 – Bamberger Sphkr, Fabrice Bollon (CPO 2021)
→ Beaux épanchements postromantiques, en particulier le Prélude de Götz von Berlichingen.
→ (Bissé.)

(nouveauté)
R. Strauss – Eine Alpenfinsonie – Radio de Berlin (ex-Est), V. Jurowski (Pentatone 2021)
→ Une nouvelle belle version (où l'on retrouve le travail des bois à la russe de Jurowski).

♥♥ Riisager – Le paradis des fous (et autres) – Hardenberger, Helsingborg Symphony, Dausgaard (Dacapo)

♥♥♥ Bo LINDE –  A Merry Overture / Musica concertante / Suite variee / Suite boulogne – « Orchestral Works, Vol. 2  » – Gävle SO, Peter Sundkvist (Swedish Society)
→ La Musica concertante, quel Chosta exubérant, sur un versant riant et jubilatoire !
→ Tout bissé.
→ Trissé Musica concertante.
→ Suite Boulogne, néoclassicisme de la meilleure eau !

Messiaen – Chronochromie – Muraro, SWR-FBB, Cambreling
Messiaen – La Ville d'En-haut – Muraro, SWR-FBB, Cambreling
Messiaen – Le Réveil des oiseaux – Muraro, SWR-FBB, Cambreling
♥♥♥ Messiaen – Oiseaux exotiques – Muraro, SWR-FBB, Cambreling

Messiaen – Un Vitrail et des Oiseaux – Yvonne Loriod, Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Karl Anton Rickenbacher (DGG)

♥♥♥ Márquez – Danzón n°2 – Simón Bolivar O, Dudamel (YT)




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H. Lied orchestral

(nouveauté)
♥♥♥ Wagner, Berg, Mahler: Orchesterlieder – Anja Harteros, Münchner Philharmoniker, Valery Gergiev (Münchner Philharmoniker 2021)
→ Alors que je ne tiens pas Harteros en haute estime : jeu impavide, timbre légèrement poisseux, projection limitée, sens des mots minimal… aussi bien en retransmission que sur le vif, j'ai rarement été conquis.
→ Et pourtant ici, superbement capté, sertie dans un orchestre chatoyant mais que la science de Gergiev maintient aéré, elle semble se couler avec un naturel incroyable dans le lied décadent, avec une jutesse de l'expression et une aisance vocale qui me stupéfient. Peut-être les plus belles versions que j'aie entendues pour les Wesendonck (Delunsch exceptée évidemment) et les Frühe-Lieder !
→ Les Rückert sont plus étranges, mais intéressent par leurs options vocales originales, eu égard au pas de côté y proposant une voix de soprano. Um Mitternacht irradie remarquablement !

♥♥ H. Andriessen: Miroir de peine - Berlioz: Symphonie fantastique – Stotijn, Zuidnederland PO, Dmitri Liss (Fuga Libera)
→ La plainte d'Andriessen sur ses grands aplats de cordes est très impressionnante, et jouée avec une présence vibrante par tous les interprètes.
→ La Fantastique a l'air très belle aussi, mais j'avoue ne pas avoir eu la fantaisie de l'explorer sérieusement cette fois-ci.

(nouveauté)
♥ H. Andriessen – Miroir de peine, variations orchestrales, concertos – Roberta Alexander, PBChbO, Porcelijn ; Th. Fischer (Brilliant 2021)
→ Hors le Miroir remarquablement chanté, encore mieux que dans la version Stotijn, œuvres vraiment pas parmi les plus brillantes d'Andriessen.




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I. Concertos

Haendel – Concerti Grossi Op.3 – Minkowski
→ Superbe son, très vivant, plus intéressant que l'opus 6 plus formel (plein d'arrangements d'opéras ou d'imitations du style dramatique).

Haendel – Concerti Grossi Op.6 – Il Giardino Armonico, Antonini
→ La version la plus vivante de ce corpus, qui reste assez formel et empesé à mon gré… Rendez-nous Vivaldi !

Haendel – Concerti Grossi Op.6 – Harnoncourt
→ Vraiment œuvre pas du tout réjouissante.

♥♥ Vivaldi – 8 Concertos sur instruments anciens – I Musici di San Marco, Alberto Lizzio (BCD / Arabesque / Vienna Master Series 1988…)
→ Enregistrement frauduleux sous pseudonyme très diffusé pour les budget labels… (J'aime cependant beaucoup la sélection, et l'exécution, par un ensemble croate j'ai l'impression, est très réussie, surtout pour la date !)

Vivaldi: Concerti per oboe (Concerti per strumenti a fiato, Vol. 2) – par Ensemble Zefiro, Alfredo Bernardini (Naïve)

♥♥ VIVALDI, A.: Bassoon Concerto, RV 495 / Cello Concerto, RV 416 / Nisi Dominus / We Are the Ocean (Jupiter, Dunford) (Alpha 2018)

Vivaldi – Concerti grossi (RV 571…) 
♥♥ Les Ambassadeurs / Kossenko
♥♥ Ancient Music / Hogwood
♥♥ Fioritura (Centaur)

♥♥♥ Du Puy, Weber, Mozart – Concertos pour basson – van Sambeek, SwChbO, Ogrintchouk (BIS)
→ On peut donc faire ça avec un basson ! Cette finesse (changeante) de timbre, cette netteté des piqués, cette perfection du legato, j'ai l'impression de découvrir un nouvel instrument. J'aurais aimé la Chambre de Suède un peu moins tradi de son (comme avec Dausgaard), mais je suppose que le chef russe a été formé à un Mozart plus lisse (ça ploum-ploume un peu dans les basses…).
→ Quand au du Puy, c'est une petite merveille mélodique et dramatique qui sent encore l'influence du dramatique gluckiste dans ses tutti trépidants en mineur, une très grande œuvre qui se compare sans peine aux deux autres !  Le thème B du premier mouvement (d'abord introduit à l'orchestre par un duo clarinette basson), quelle émotion en soi, et quel travail de construction au sein du mouvement – l'emplacement formel, l'effet de contraste des caractères…
→ (Bissé.)

♥♥♥ Hummel – Concerto pour basson – Kuuksmann (Estonian Record Productions 2015)
→ Grande version, assez roots, du génial concerto de Hummel.

Hertel – Concertos pour harpe – Kurpfalzisches ChbO, Kevins Griffiths (CPO 2017)

(nouveauté)
♥♥ Hertel – Concertos pour violoncelle, orgue ; Symphonies – B. Messerschmidt, Merseburger Hofmusik, Michael Schönheit (CPO 2021)
→ Belle veine mélodique et bel élan (en particulier dans le concerto pour violoncelle en la mineur, à essayer !

Beethoven – Concertos 1,4,5 – Lubin, Ac Ancient Music, Hogwood (Oiseau-Lyre / Decca)
→ Captation étrange avec le piano très audible et décorrélé du spectre (les ingénieurs ont eu peur que l'équilibre soit différent de d'habitude ?). Orchestre qui ne sonne pas si typé que cela.
→ Jolie lecture pas très originale.

Beethoven – Concertos 1,4,5 – Levin, ORR, Gardiner (Arkiv)
→ Piano là aussi assez aigrelet, mais très belle finition orchestrale très vivante.

♥♥♥ Beethoven Concerto piano n°3,4,5,6 : Schoonderwoerd, Cristofori (Alpha 2014)
→ Toujours aussi surprenant et exaltant !

♥♥ Beethoven Concerto piano n°5 : Bellucci
→ Beaucoup d'effets de décorrélation agogiques, un peu sophistiqués pour l'époque ?  Très beau, mais un peu poseur par moment, à la réécoute.

(nouveauté)
Beethoven – Concertos pour piano – Zimerman, LSO, Rattle (DGG 2021)
→ Certes musicologiquement informé, mais plongé dans une sorte d'impavidité un peu uniforme. Très joliment décoratif, mais il me semble que l'impact émotionnel de ces œuvres mérite davantage.

(nouveauté)
Beethoven – « Fiedelio », extraits de Fidelio arrangés pour violon & orchestre par Franz Hummel – Elena Denisova, Russian NO, Alexei Kornienko (Sony 2021)
→ Bien vu, les doubles cordes pour les émissions en force au début de « Gott ! welch dunkel hier » ou « Abscheulischer ! wo eilst du hin ? ».
→ Sinon, vraiment pas le même panache qu'avec des voix, et orchestre très lisse. Pas prioritaire.

♥♥♥ Offenbach – Concerto pour violoncelle – Moreau, Les Forces Majeures

Le Beau:  Piano Concerto in D Minor, Op. 37 + Mendelssohn-Hensel:  Hero und Leander – Tchemberdji, Katia; Berlin Chamber Symphony Ensemble; Bruns, Jürgen  (Dreyer Gaido 2003)

Borgstrøm – Concerto pour violon – Eldbjørg Hemsing, Wiener Symphoniker, Olari Elts (BIS 2018)
→ Une jolie œuvre de l'immense compositeur d'opéra romantique.

(nouveauté)
KAPRÁLOVÁ: Waving Farewell / Suite en Miniature / Piano Concerto (Phan, Amy I-Lin Cheng, University of Michigan Symphony, Kiesler) (Naxos 2021)

Chostakovitch – Concerto pour violon n°1 – Eldbjørg Hemsing, Wiener Symphoniker, Olari Elts (BIS 2018)
→ Aucun souvenir de ce concerto-là.
→ Oh, mais pas mal, dans l'esprit du premier trio, très lyrique et passionné, beaucoup moins tourmenté.

♥♥♥ Bo LINDE –  Concertos pour violon & violoncelle – « Orchestral Works, Vol. 1  » – Karen Gomyo, Kliegel, Gävle SO, Peter Sundkvist (Swedish Society)
→ Musicalité fabuleuse du concerto pour violon. Celui pour violoncelle un peu en deçà, comme toujours…
→ Bissé.

(nouveauté)
Nikolai Kapustin – Concerto pour piano n°4, Double Concerto – Frank Depree, Kammerorchester Heilbronn, Scaglione (Capriccio 2021)
→ Emprunts massifs au jazz discursif (et à Chopin pour le reste).

(nouveauté)
Anna Clyne, DANCE // Elgar, Cello Concerto – Inbal Segev, LPO, Marin Alsop (Avie 2020)
→ Écouté seulement Clyne. Une fois de plus, autant c'est très bien écrit en sonne bien en salle, autant l'art de Clyne paraît comme réduit par le disque, perdant en détails et en impact : essentiellement mélodique, très tradi-planant, agréable musique de fond peu nourrissante.  Les parties rapides mobilisent davantage l'héritage « technique », comme ces doubles cordes redoutables du II.




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J. Musique de chambre


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1) Formations diverses

(réécoute nouveauté)
♥♥ Michl – Quatuors basson-cordes – Hoadley, The Hall String Trio (Naxos 2020)
→ Contribution très inspirée à ce format galant : de véritables progressions, et une veine mélodique de grande qualité !

(nouveauté)
♥♥ Dubois – Musique de chambre avec hautbois ou quatuor à cordes : Quintette hautbois-piano-cordes, Méditation, Quatuor en mi bémol, Méditation-pière, petits rêves d'enfants (Lajos and Leo Lencsés, Surgik, Dubois, Váradi, Renie Yamahata, Parisii Quartet, Budapest Strings) (Toccata  2021)
→ Reprise les pièces pour Quatuor par les Parisii déjà publiées par la SWR. Nouvelle version du Quintette pour hautbois, bien réussie, avec le son très nasillard de Lencsés.
→ La Méditation-prière est très « Méditation de Thaïs » (en mieux, avec cette fausse simplicité diatonique inimitable, typique de Dubois).
→ Le Quatuor n'est pas mémorable, mais le Quintette est absolument à connaître – je recommande pour ma part la version du Trio Hochelaga & Friends, chez ATMA, mais ce disque fait très bien l'affaire !

(nouveauté)
LANGGAARD, R.: Music of the Abyss (Asmussen, Esbjerg Ensemble) (Da Capo 2021)
→ La Musique des Abysses, pièce pour piano arrangée par A.G. Madsen pour effectif de chambre, avec son xylophone obstiné en mode 2 (on nage vraiment dans le Messiaen !), est un objet chambriste et répétitif, de dimension symphonique, d'une insolence assez impensable.
→ Pour le reste du disque, de la musique de chambre assez plaisante et décorative (quoique toujours étrange), comme le ravissant Septuor que la précédente version Da Capo avait illustré par un portrait champêtre académique de jeune fille devant des blés…
→ Les timbres ne sont d'ailleurs pas magnifiques (cor pâteux notamment) – j'avais un meilleur souvenir de la version antérieure.
→ Les mélodies avec chanteuse sont assez réussies (et très bien chantées). Le reste du corpus, plus néo , moins touchant à mon gré, mais les cheminements lents et retors de l'Humoreske ne manquent pas d'intérêt.


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2) Sextuors & quintettes, à cordes

Brahms – String Quintet No. 2 in G Major, Op. 111 – Quatuor Voce, Berthaud (Alpha)

Brahms – String Quintet No. 2 in G Major, Op. 111  – P. Fouchenneret, Okada, Berthaud, Boisseau, Salque, Levionnois (B Records 2018)

Brahms: Clarinet Quintet in B Minor, Op. 115 (version for viola and string quartet) – David Aaron Carpenter, membres Berliner Phkr (Ondine)
→ Pas convaincu, alto sonne malingre(ment ?). Belles cordes douces.

♥♥ KÖSSLER, H.: String Quintet in D Minor / String Sextet (Frankfurt String Sextet) (CPO 2007)
→ Très bien écrit ! Riche contenu d'un romantisme assumé, qui peut rivaliser avec les grands représentants de second XIXe !
→ (Bissé.)

♥♥♥ Arnold Krug – Sextuor à cordes, Quatuor piano-cordes – Linos Ensemble (CPO 2018)
→ Sextuor lumineux et enfiévré, une merveille ! Entre le dernier quatuor de Schoeck et le Souvenir de Florence de Tchaïkovski !
→ Quatuor piano-cordes tout aussi intensément lyrique, avec quelque chose de plus farouchement vital, d'un romantisme qui ne se cache pas. Splendidement tendu, une autre merveille qui vous empoigne, tendu comme un arc dans le plus grand des sourires !
→ Une des mes grandes découvertes chambristes récentes !  (Une notule y a même été consacrée en début d'année…)
→ (Bissé.)



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3) Quatuors à cordes


LOMBARDINI SIRMEN, M.L.: String Quartets Nos. 1-6 (Accademia Della Magnifica Comunità)
→ Quatuors de 1769, et déjà très aboutis.
→ Grande chambriste, il faut absolument connaître ses duos pour deux violons, dans le goût français, absolument enthousiasmants et roboratifs !
→ (Bissé.)

♥♥♥ Bacewicz – Quatuor 4 violons – Kinetic (YT 2016, à Houston)
→ Ces rémanences folklorisantes adaptées dans la manière la plus hardies et complexe qui soit, quelle merveille !
→ https://www.youtube.com/watch?v=RaEcs1ZQoVk

(nouveauté)
♥♥ Jurgis Karnavičius: String Quartets Nos. 3 & 4 – Vilnius String Quartet (Ondine 2021)
→ Les 1 & 2 ont paru récemment, et ont été très favorablement commentés ici même. (Je les ai, comme souvent, davantage aimés que les suivants.)
→ Postromantisme tantôt sombre tantôt lumineux, avec un sens mélodique fort et de jolis effets de structure (violoncelle solo en mineur vs. quatuor complet en majeur, etc.).


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4) Quintettes piano-cordes

Saint-Saëns (1835-1921) – Piano Quintet in A minor, Op.14 – Take 5 Piano Quintet (YT 2016)
Widor (1844-1937) – Piano Quintet in D major, Op.68 – Take 5 Piano Quintet (YT 2016)

Widor (1844-1937) Piano Quintet in D major, Op.68, final – Fine Arts SQ (Naxos)

Bacewicz – Quintettes piano-cordes, Sonate piano n°2 – K. Zimerman (DGG)
→ Quintette 1 assez sinistre, pas forcément très distinctif dans son catalogue. Sonate 2 plus originale, là aussi très tourmentée.
→ Quintette 2 beaucoup plus défragmenté et expressif, qui a passé une bascule stylistique !

♥♥♥ Pejačević:  Piano Quintet in B Minor, Op. 40 – Sine Nomine SQ, Triendl


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5) Quatuors piano-cordes

♥♥♥ Louise Adolpha Le Beau - Piano Quartet Op.28 -  Irina Puryshinskaja (pno), Berit Cardas (vl), Klaus Christa (vla), Björg Vaernes Lewis (cl) – (YT 2020)
→ Du grand beau romantisme allemand, remarquablement bâti !
→ À écouter ici.

Fauré – Piano Quartets – Mozart Piano Quartet (MDG)
→ Très fondu, un peu mou.

♥♥♥ Fauré – Piano Quartets – Quartetto Fauré di Roma
→ Merveilleuse énergie directrice qui ne dédaigne pas les halos colorés…

♥♥♥ Arnold Krug – Sextuor à cordes, Quatuor piano-cordes – Linos Ensemble (CPO 2018)
→ Sextuor lumineux et enfiévré, une merveille ! Entre le dernier quatuor de Schoeck et le Souvenir de Florence de Tchaïkovski !
→ Quatuor piano-cordes tout aussi intensément lyrique, avec quelque chose de plus farouchement vital, d'un romantisme qui ne se cache pas. Splendidement tendu, une autre merveille qui vous empoigne, tendu comme un arc dans le plus grand des sourires !
→ Une des mes grandes découvertes chambristes récentes !  (Une notule y a même été consacrée en début d'année…)
→ (Bissé.)

Bonis – Piano Quartets – Mozart Piano Quartet (MDG 2008)

♥♥ Dora Pejačević: Piano Quartet in D Minor – Quatuor Sine Nomine; Triendl, Oliver (CPO)
→ (Bissé.)


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6) Trios piano-cordes

♥♥ Le Beau –  « Kammermusik » : Trio, sonate violon, sonate violoncelle – Bartek Niziol, Denis Severin, Tatiana Korsunskaya (MDG 2014)
→ La densité, le naturel !

(nouveauté)
♥♥ Piano Trios (Russian) - DYCK, V. / STERNBERG, C.von / YOUFEROV, S. (History of the Russian Piano Trio, Vol. 5) (Brahms Trio)
→ Nouveau (et apparemment dernier) volume de la série, tellement surprenante et fertile en découvertes, pour un trio qui a pris le nom de Brahms…
→ Un peu hiératique Vladimir Dyck. Sternberg regarde lui du côté de Beethoven. La découverte exaltante est vraiment du côté de Youferov, aux affects bouillonnants.
→ Aucun ne m'a ébloui sur la forme, je remarque un goût appuyé chez les trois pour des formules un peu massives plutôt que le contrepoint, mais l'ensemble de ces découvertes produit un tableau assez charmant.

♥♥ Magnard – Piano Trio in F Minor / Violin Sonata in G Major – Laurenceau, Hornung, Triendl (CPO)
→ Merveille, et à quel niveau ! (lyrisme de Laurenceau, et comme Hornung rugit !)

TURINA: Piano Trio No. 2 / LINDE: Sonata a 3 / BEN-HAIM: Variations on a Hebrew Melody / Chosta Trio 2 – Garcia Trio (Caprice 1998)





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K. Bois solos

(réédition)
♥♥ Corrette, Boismortier, Devienne, Ozi – Sonates pour basson – Danny Bond (Accent réédition 2021)
→ Parution en coffret de cette somme du basson français XVIIe-XVIIIe par Danny Bond, merveille sur merveille (avec un petit moins pour Ozi, pédagogue mythique mais compositeur moins marquant).

Koechlin – Œuvres pour flûte et clarinette (sonate 1, album de Lilian…) – (Hänssler)

♥♥ Koechlin – Œuvres pour flûte et clarinette (sonate 1, album de Lilian…) – (Koch)
→ La Première Sonate est très touchante, vraiment le Koechlin modal et lumineux de la sonate pour violon !




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L. Cordes grattées

(nouveauté)
Da Milano – « Nobilissimo Istromento : Virtuoso Lute Music of the Italian Renaissance » – Luca Pianca (2021)
→ Pianca merveilleux toujours, dans ce beau corpus d'Italie du Nord !

(nouveauté)
Heitor Villa-Lobos – Tristorosa, Préludes pour guitare… – Günter Herbig
→ Le célèbre chef d'orchestre joue ici de la guitare… électrique. Pas très convaincu par l'intérêt ni le résultat, mais c'est amusant.




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M. Violon

(solo ou accompagné)

(réécoute nouveauté)
♥♥♥ Il Sud: Seicento Violin Music in Southern Italy ; œuvres de Falconieri, Montalbano, Trabaci, Pandolfi, Leoni, Mayone ; Ensemble Exit, Emmanuel Resche-Caserta (Passacaille 2020)
→ Œuvres rares à la veine mélodique généreuse et aux diminutions expansives, dans une interprétation pleine de couleurs (assise sur orgue positif et théorbe, remarquablement captés), avec un violon solo à la fois chaleureux et plein d'aisance. Un peu grisant.

(nouveauté)
♥♥ Montalbano – Sinfonia 2  "Zambiti" – Jérôme van Waerbeke,  Arnaud De Pasquale (HM 2021)
→ Waerbeke épatant. Et cette musique fulgurante aussi.
→ Tiré de « Organ Recital: De Pasquale, Arnaud - CAVAZZONI, M.A. / PASQUINI, E. / STROZZI, G. / VINCI, P. (Organs of the World, Vol. 1: Orgues de Sicile) »
→ Le reste de l'album (sauf le Frescobaldi avec violon & cornet à bouquin et la villanelle de D'India avec Perrine Devillers) est assez lisse, du fait de l'orgue aux timbres blancs et de la registration essentiellement en plein-jeu. Un peu déçu. Il n'y avait pas d'orgue sicilien plus typé à disposition ?

Montalbano – Sinfonia Prima: Arezzo //  Sinfonia Quarta: Geloso, in « EARLY ITALIAN CHAMBER MUSIC - Works for Recorder and Basso Continuo » – Dan Laurin, Masaaki Suzuki (BIS)
→ Sonne clairement mieux au violon qu'à la flûte à bec soprano… Mais toujour belle matière musicale.

(nouveauté)
Sénaillé & Leclair – « Générations », Sonates pour violon et clavecin – Langlois de Swarte, Christie (HM 2021)
→ Œuvres un peu sombres et plaintives pour nourrir ma (faible) inclination pour le genre. On admire néanmoins l'enrichissement du répertoire discographique, le sens du style souverain de Langlois de Swarte et l'aisance aristocratique de Christie sur chaque note !

♥♥ Beethoven – Sonate violon-piano n°10 – Pierre Fouchenneret, Romain Descharmes (Aparté 2016)
→ Superbe son de violon, d'un tissu magnifique. Pour le reste, il y a plus abouti dans la conception, mais je ne trouve pas ces sonates vertigineuses de toute façon : je suis mauvais juge.

(nouveauté)
♥♥♥ Couperin (Barricades mystérieuses) // Liszt-Wagner (Liebestod) // Chopin (Prélude n°15) // Fauré (Sonate n°1, Après un rêve, Nocturne n°6) // Hahn (À Chloris)… – « Proust, le concert retrouvé » – Théotime Langlois de Swarte, Tanguy de Williencourt (HM 2021)
→ Inclut des transcriptions de mélodies. Très beaux instruments d'époque, belle ambiance de salon. Je n'ai pas eu accès à la notice pour déterminer la proportion de musicologie / d'érudition pertinente dans le propos – souvenirs trop parcellaires de la Recherche pour le faire moi-même.
→ Langlois de Swarte « chante » remarquablement À Chloris ou Après un rêve, tandis que le surlié feint de Willencourt fait des miracles dans Les Barricades Mystérieuses. La Sonate de Fauré est menée avec une fraîcheur et un idiomatisme que je ne lui connaissais pas, aussi loin que possible des exécutions larges et poisseuses de grands solistes plutôt aguerris à Brahms et aux concertos.

(nouveauté)
GADE, N.W.: Violin Sonatas Nos. 1-3 (M.-E. Lott, S. Speidel)
→ Accompagnements vraiment personnels !

(nouveauté)
Respighi, Dohnányi, Szymanowski, Brahms – « Incandescence », Sonates pour violon (n°3 Brahms) – Stéphanie Moraly, Romain David (Aparté 2021)
→ J'adore ces deux artistes (Moraly est peut-être la violoniste que je porte le plus au pinacle…), mais j'avoue ne pas avoir adhéré, moins à cause de l'interprétation que des œuvres, typique de violon romantique-larmoyant-abstrait qui me touche très peu. J'ai redécouvert le genre de la sonate violon-piano avec les compositeurs français (dont Ropartz, grâce à Stéphanie Moraly précisément !) ou francophiles, et je ne parviens toujours pas à adorer ces sonates de Brahms, même par ces artistes d'exception – qui, me semble-t-il, ne renversent pas non plus la table ici. Navré. :(




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N. Violoncelle

(solo ou accompagné)

♥♥♥ GABRIELLI, D.: Cello Works (Complete) (Hidemi Suzuki, E. Balssa, Naoya Otsuka)
→ Une des rares versions de ce momument de la naissance du violoncelle, très inspiré en soi et formidablement exécuté.

♥♥ LE BEAU, L.A.: 4 Pieces for Cello and Piano / 3 Pieces for Viola and Piano / Cello Sonata (U. Koch, Blees, M. Bergmann) (SWR Music)

Kapustin: Works for Cello – Christine Rauh (SWR Music 2016)
→ À nouveau très (soft) jazz, duos avec du xyolophone. Des allures d'improvisation permanente. Réussi sans être très marquant – vraiment du jazz standard, auquel je suis plus sensible dans le flux de l'improvisation.




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O. Orgue & clavecin

(réédition)
♥♥ Louis, François, Armand-Louis Couperin – Pièces pour le clavecin – Leonhardt (Philips, réédition Decca 2021)
→ Proposition très différente de son album tardif chez Alpha (d'une ascèse presque raide, propice aux rêveries), Leonhardt aborde ici le répertoire français avec une forme de franchise qui voisine à la fulgurance, osant les traits les plus affûtés et les phrasés les plus dégingandés, le tout tenu par cette absence audible de sourire. Très étrange et très convaincant.

(réédition)
¤ Bach, J.S.: Organ Works – The Mono Cycle 1947 - 1952 – Helmut Walcha (Archiv, réédition 2021)
→ Voilà bien un disque que je n'aime pas : les articulations vieillies sur un orgue blanchâtre, pour ne pas dire gris béton, tout est figé dans une lumière blafarde… Je sais que beaucoup y sont attachés, mais n'ayant pas d'attaches émotionnelles particulières avec la musique d'orgue de Bach, je me soucie peu d'y entendre des obstacles supplémentaires.
Il existe beaucoup d'excellentes intégrales, même en restant dans le tradi (Preston ou Vernet par exemple).

Bonis: L'œuvre pour orgue – Georges Lartigau (Saint-Amans de Rodez) (Ligia)
→ Toujours travaillé, mais masqué par une certaine pudeur. Ressemble beaucoup à l'orgue de son temps, mais outrepasse clairement l'académisme.

♥♥♥ Messiaen, L'Ascension pour orgue, Thiry (La Dolce Volta)




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P. Piano·s

(deux pianos)

(nouveauté)
Cecil Coles, Gustav Holst: – « Piano Music » – James Willshire (Delphian 2021)
→ Gentil. Très bien joué en revanche, beau son et phrasés vivants !

(nouveauté)
Maciejewski (& Bach) – Transcriptions for 2 Pianos, Vol. 2 (Organ Concerto in A Minor, BWV 593, etc.) – Rajs & Kepinski (Accord 2021)
→ Chouettes transcriptions riches, denses, naturelles, qui respirent bien !

(un piano)

(nouveauté)
Chopin – Nocturnes – Planès
→ Le Pleyel d'époque sonne fort tout le temps, le manque de nuance qui en découle me frustre assez. Dommage, il existe beaucoup de versions sur de bons instruments, et Planès est un grand artiste rompu à l'exercice…

(nouveauté)
♥♥♥ Chopin, Polonaise-Fantaisie ; Schumann, Davidsbündertänze – Severin von Eckardtstein (Artalinna 2021)
→ Pour un Chopin façon diamant – avec un très beau travail sur les résonances, particulièrement pertinent pour la Polonaise-Fantaisie !
→ La prise de son permet d'entendre la résonance de la salle, très belle expérience.
→ Usage particulièrement intelligent du rubato, fabuleux dans le Chopin – il m'apparaît davantage superflu et contourné dans le Schumann (que j'aime plus droit).

Messiaen – Les offrandes oubliées + Fantasie Burlesque + Pièce pour le tombeau de Paul Dukas + Rondeau + Prélude + La fauvette des jardins – Austbø (Naxos 2002)

Messiaen – Préludes – Håkon Austbø (Naxos 1999)
+ Études de rythme
+ Cateyodjaya
→ Préludes très debussystes !

(réédition)
♥♥♥ Messiaen – 20 Regards sur l'Enfant Jésus – Peter Serkin (RCA, réédition 2020)
→ Comme toujours avec Serkin, pas forcément les timbres les plus intelligents, mais une fine inelligence du discours assez passionnante à suivre, toujorus tendue vers l'avant.

♥♥♥ Messiaen – 20 Regards sur l'Enfant Jésus – John Ogdon (Decca)
→ Douceur et émotion contenue, dans cette lecture très aboutie.

♥♥♥ Messiaen – 20 Regards sur l'Enfant Jésus – Håkon Austbø (Naxos)
→ Assez lente et moelleuse, mais très différenciée, l'intégrale la plus agréable à écouter sur la longue durée.

♥♥♥ Messiaen – Visions de l'Amen – Ralph van Raat, Håkon Austbø (Naxos 2012)

♥♥♥ Messiaen – Catalogues d'oiseaux – Håkon Austbø (Naxos)

Boulez – Prélude, Toccata & Scherzo – Ralph van Raat (Naxos 2020)
+ d'autres œuvres de jeunesse : fragment, psalmodies, etc.

♥ Ronald Stevenson – Fugue on Chopin – Ronald Stevenson (archive son inédite, YT)
→ Thème liminaire de la Quatrième Ballade.

(nouveauté)
Grigori FRID – Œuvres pour piano – Elisaveta Blumina (Grand Piano 2021)
→ Surtout des pièces très tonales et décoratives (il faut dire que le disque contient essentiellement des extraits de son Album pour les Enfants), pas de hauts chefs-d'œuvre à en attendre… et en tout cas assez éloignée de sa manière moins tonale (quoique très polarisée et accessible) et uniment légère, dans ses œuvres de plus vaste ambition.




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Q. Airs de cour, lieder & chanson jazz…

(nouveauté)
♥ Sigismondo d’India: Lamenti & sospiri – Mariana Flores, Julie Roset, Cappella Mediterranea, Leonardo García Alarcón (Ricercar 2021)
→ Enfin des nouveautés pour ce compositeur majeur du tournant du XVIIe siècle, toujours d'une éloquence élancée et d'un sens mélodique très supérieur à la norme du temps !
→ Servi par les princes du genre…

N. Boulanger, Holmès, Viardot, Malibran, Vieu… – mélodies « From a Woman's Perspective) – Katherine Eberle
→ Diction peu claire, mais programme particulièrement intéressant !

♥ N. Tcherepnin – mélodies (japanese lyrics, oceanic suite, fairy tales… – Elena Mindlina, David Witten (Toccata Classics 2014)

Messiaen – Vocalise-Etude – Nathalie Manfrino, Marie Vermeulin (DGG)
→ Très mélodique et consonant-lyrique, presque du Rachmaninov ou du Glière…

(réédition / réassemblage)
♥♥♥ Midnight Jones (Norah Jones)

(réédition / réassemblage)
♥ Late Night Jones
→ Pas passionnantes reprises, même si la versatilité de la voix impressionne grandement.

(réédition / réassemblage)
Classic Jones
→ Pas passionnantes reprises, même si la versatilité de la voix impressionne grandement.

(nouveauté)
♥ Lou Tavano : album « Uncertain Weather » (2020)
→ Très belle voix en technique soufflée, compositions joliment intimes et planantes, mais un peu répétitives dans chaque morceau (même cellule à l'infini).




lattès




Une très belle livraison, en deux mois de demi, que de mondes parcourus, que de découvertes, que de nouveautés qui changent notre vision de l'histoire de la musique et de l'état du répertoire ! 

L'aventure se poursuit, prochainement, que ce soit en compagnie de la Bible musicale, de la découverte discographique du répertoire par décennies, de la programmation des opéras du monde – ou peut-être, prochainement, une notule sur la technique vocale !

Puissiez-vous échapper, estimés lecteurs, aux folies de ce Crépuscule de la Civilisation – qu'elles ne soient pas pour vous une Fin du Monde.

mercredi 2 juin 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 5 : opéras et symphonies des Pays-Bas, du Danemark et de Russie


Un mot

Toujours la brève présentation des nouveautés (et autres écoutes et réécoutes) du mois écoulé. Je laisse une trace pour moi, autant vous donner des idées d'écoutes…

J'attire ce mois-ci votre attention en particulier sur les symphonies de Dobrzyński, Gade, Dopper, Zweers, Vermeulen, Miaskovski (dont viennent de paraître coup sur coup deux très grandes interprétations)… et sur les opéras danois de Kunzen, Kuhlau, Heise et Nielsen !

Tout cela se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la porte.

(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de données brutes. J'espère reprendre les notules de fond bientôt, pour l'instant le travail, les concerts, les musées et l'exploration du territoire me prennent un peu trop de temps.
Néanmoins, je thésaurise à propos des opéras du monde et des programmations locales, pour vous emmener vers de nouvelles contrées sonores !)

piboule

La légende


Rouge : œuvres du cycle danois
Orange : œuvres du cycle néerlandais
Bleu : œuvres du cycle russe

* : Nouveauté (paru en 2021 ou depuis moins d'un an)
♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.

(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.



piboule



A. Opéra

♥ *Monteverdi – Orfeo – D. Henschel, Schiavo, Prina, Auvity, Sabata, De Donato, Abete… Arts Florissants, Christie (Dynamic, Madrid 2008)
→ Extrêmement vif, avec une belle distribution (mais Prina a vraiment vieilli, les tubages et la justesse sont devenus un peu trop audibles), pas la version la plus vertigineusement poétique, mais une belle réussite pour les Arts Flo qui n'ont pas toujours été à leur meilleur dans les opéras de Monteverdi.

♥ “La Clémence de Titus” de Mozart par l'Opéra Royal de Wallonie (YT)

♥♥♥ Kunzen – Holger Danske – (Dacapo)
→ Une œuvre très parente de l'Oberon de Pavel Vranický, une sorte de Flûte enchantée réussie, qui annonce le ton des chefs-d'œuvre de Kuhlau. Petite merveille.

¤ Gouvy – Iphigénie en Tauride – La Grande Société Philharmonique, Joachim Fontaine (CPO)
→ Livret galant décevant, et distribution impossible (français et style) qui ne permet pas de profiter de l'œuvre.

Rejcha – Lenora –  Magdalena Hajossyova, Vladimír Doležal, Věnceslava Hrubá-Freiberger, Pavel Kamas ; Ch Philharmonie Tchèque, Prague ChbO, Lubomi Matl (Supraphon 2000)
→ Écriture assez épaisse, longue, et peu spectaculaire (hors le début de la cavalcade) inspirée de la Lénore de Bürger.

*Bellini – Il Pirata – Irina Kostina, Dmitry Korchak, Pavel Yankovsky ; Victoria Agarkova, Novaya Opera, Andrey Lebedev (Operavision 2021)
→ Temporalité lente, pas de couleur locale. Beaux ensembles en guise de final qui apportent un peu de relief. Belle distribution, plus robuste qu'électrisante, mais belles voix bien faites.

Kuhlau, Elverhøj – National de la Radio Danoise, Frandsen.
→ Nettement moins bien que Lulu, mais cool quand même, et puis considéré comme un point de départ historique de la musique nationale danoise (assez arbitrairement, il y a pléthore d'excellente musique danoise avant ça !

♥♥ Kuhlau – Lulu – Danish NSO, Schønwandt (Radio danoise via YT)
→ Toujours une merveille que ce jeune romantisme passionné et exceptionnellement inspiré. Un des très très grands opéras du début du XXe siècle.

*Verdi – Attila – Plamen Kartaloff ; Radostina Nikolaeva, Daniel Damvanov, Ventselav Anastasov, Orlin Anastasov ; Opéra de Sofia, Alessandro Sangiorgi (Operavision 2021)
→ Représentation très tradi en plein air. Mixage façon pop, voix captées de très près. Pourtant, on sent bien la projection limitée (les aigus ne claquent pas), les voix ne claquent pas (malgré la beauté des graves), même les Bulgares sont donc affectés par le changement de placement (les aigus de la soprane et des clefs de fa sont assurés sans difficulté mais poussés, voilés, sans impact).

♥♥ Gade – Baldurs drøm, Op. 117 – Rørholm, Elming, Hoyer ; Helsingborg SO, Frans Rasmussen (ClassicO 2004)
→ Sorte d'oratorio au sujet païen. Romantisme dépouillé, assez réussi. Rørholm vraiment déclinante (un peu aigre). Elming splendide. Helsingborg alors un peu opaque.

♥♥♥ Bruch – Die Lorelei – Kaune, Mohr, Rootering ; Ch Ph de Prague, Radio de Munich, (CPO)
→ Véritable sens dramatique (finals schumanniens épatants), et splendide distribution, de ce qui se fait de mieux pour ce style dans cette génération.

♥ *Moniuszko – Halka – Chmura (Naxos 2021)
→ Versant sérieux du legs de Moniuszko (son autre œuvre la plus célèbre, Le Manoir hanté, étant un opéra comique dans le style d'Auber).
→ Livret hautement tragique, d'une fille trompée et abandonnée qui sombre au plus profond de l'outrage subi et du désespoir.
→ Meilleure distribution que celle (au sein de la même production) proposée sur Operavision, mieux captée aussi. Belle version au bout du compte, même l'orchestre paraît sensiblement plus avenant.

♥♥ Heise – Drot og marsk – DR TV 1988 (YT)
→ Splendide opéra romantique, plein de sublimes épanchements (sobres), dont j'ai déjà parlé lors de la récente parution de la version Schønwandt :
→ Superbe drame romantique, dans la veine de Kuhlau, remarquablement chanté et joué. Tout est fluide, vivant, inspiré, œuvre à découvrir absolument !  (il en existait déjà une version pas trop ancienne chez Chandos)
→ Ici, version de la (radio-)télévision danoise.

♥♥ Peter HEISE – Tornerose + Bergliot –  Helle Charlotte Pedersen, Michael Kristensen, Milling + Rørholm ; Helsingborg SO, Frans Rasmussen (Dacapo 2000)
→ Cantates dramatiques très réussies et nourrissantes, et très bien chantées (Milling majestueux, Rørholm très expressive).
→ Bissé.

♥ *Verdi – Otello – Stoyanova, Kunde, C. Álvarez ; Liceu, Dudamel (UER via France Musique, 2021)
→ Très belle version parfaitement chantée (la voix de Kunde a blanchi, mais le panache et l'assurance restent là !) et dirigée avec beaucoup de fluidité et d'insolence.

♥♥♥ *Wagner / Hugo Bouma – Parsifal, acte III – Marc Pantus (Amfortas, Gurnemanz), Marcel Reijans (Parsifal), Merlijn Runia (Kundry + synthétiseur + guitare électrique), Daan Boertien (piano), Dirk Luijmes (harmonium), direction Andrea Friggi (NPO Radio 4, 2021)
→ L'acte III de Parsifal, joué le Vendredi Saint, avec harmonium, piano, synthétiseur et guitare électrique. Parmi les chanteurs, le merveilleux et charismatique Marc Pantus.

♥♥♥ Wagner – Parsifal, acte III – Meier, Hofmann, Estes, Sotin ; Bauyreuth 1985, Levine (Philips)

♥♥♥ *Rimski-Korsakov – Les opéras – diverses versions historiques (réédition Hänssler 2021)
→ Des versions merveilleuses de l'Âge d'or, très bien restaurées, pour un panorama complet des opéras disponibles au disque…

♥♥ *Rimski – Pskovityanka – Pirogov, Shumilova, Nelepp, Pirogov ; Bolshoi, Sakharov (Profil)

♥ Saint-Saëns – Samson & Dalila – Ludiwg, King, Weikl ; Radio de Munich, Patanè (RCA)
→ Étonnament bien chanté et sobre, et ampleur des prises RCA avec le feu et les couleurs de Patanè !
→ King parvient à ouvrir ses voyelles à la française de façon très convaincante ; Ludwig, quoique trop couverte, conserve une ductilité et une distinction assez rares dans ce rôle.
→ Ce n'est pas très français, mais ce n'est pas du tout difforme, c'est vraiment très bien.

*Puccini – Tosca – Stockholm (vidéo Operavision 2021)
→ Sacristain allemand excellent, joli ténor suédois assez clair, doux et élégant, baryton polonais totalement cravaté, impossible.

♥♥♥ Debussy – Pelléas & Mélisande – Devieilhe, Andrieux, Alvaro ; Pelléas O, Benjamin Lévy (TCE 2018, captation pirate)

♥♥♥ *Debussy – Pelléas & Mélisande – Santoni, Todorovitch, Behr, Duhamel, Teitgen ; Les Siècles, Roth (Operavision 2021)
→ Lecture orchestrale assez inédite, même par rapport aux autres versions sur instruments anciens : que de grain, de couleurs, ces cordes très peu vibrées mais très intenses, qui offrent une tout autre vision du spectre orchestral !  Dirigé avec esprit de surcroît, Roh n'a pas son pareil pour se servir des parties intermédiaires d'ordinaire peu audibles, les faire évoluer et bâtir de véritables progressions.
→ Vocalement, superbe. Santoni s'adapte très bien à un répertoire moins héroïque qu'à son habitude, Behr (dont l'émission paraît souvent embarrassée) n'a jamais chanté avec autant de naturel, Duhamel trouve dans Golaud un terrain qui favorise davantage ses atouts d'artiste que ses limites de projection.
→ Une grande version, donc, qui paraîtra en CD et qui viendra la saison prochaine à Paris (Théâtre des Champs-Élysées) !

♥♥♥ NIELSEN: Saul and David – Gjevang, Lindroos, Augland, Danish NSO, N. Järvi (Chandos 1990)
→ Très belle veine épique, remarquablement chantée, voilà un opéra qui frémit, palpite, s'épanche, et dans une langue musicale riche mais calibrée pour le drame – on ne reconnaît les bizarreries de Nielsen qu'à quelques doublures de bois et tournures harmoniques, sans quoi le compositeur s'efface vraiment au profit du drame !
→ Splendidement chanté.

♥ *Nielsen – Maskarade – Schønwandt (Dacapo 2015, réédition 2021)
→ Belles voix graves, direction un peu lisse pour une œuvre qui n'est pas du tout du Nielsen d'avant-garde.

♥♥♥ *Schreker – Der ferne Klang – Holloway, Koziara ; Frankfurter Museumorchester, Weigle (Oehms 2021)
→ Couleurs orchestrales et virtuoses impressionnantes, les deux héros admirablement chantés ; Schreker a rarement été servi avec un tel éclat, pour son opéra le plus réussi après Die Gezeichneten !

♥ Bartók – Le Château de Barbe-Bleue (en français) – Gilly, Lovano, Ansermet (bande de 1950, Malibran)
→ Très étrange élocution, malgré le charisme de Lovano. La musique aussi, mal captée, perd beaucoup de ses couleurs, de son étrangeté, seuls les tutti sont véritablement impressionnants. (Et pour les glottophiles, le contre-ut est remplacé par un petit cri.)

♥ WILLIAM GRANT STILL: "Highway One, USA" (1963) (Albany 2005)
→ Histoire familiale afro-américaine, aux récitatifs très simples et aux jolis chœurs, pas de l'immense musique, mais un petit drame très opérant !  (J'en parlerai plus en détail.)

♥♥ Rybnikov – Juno & Avos (1979) – (vidéo Rostov 2009)
→ Très varié (chœurs contemporains, cordes lyriques, mélodrames, guitares électriques et batteries…), très réussi pour cette histoire d'amour simple et tragique entre un explorateur russe et une quasi-infante californienne, inspirée d'un grand poème de Voznesensky (puisant librement au journal de bord du personnage, réel).
→ Donné cette saison à Ioshkar-Ola.

♥♥ *Dashkevich – Revizor – Opéra d'Astrakhan (vidéo du théâtre de 2020)
→ Très conservateur et consonant, d'après l'histoire de Gogol où la population d'une petite ville de Russie croit reconnaître le contrôleur de l'Empereur dans un jeune homme exigeant arrivé à l'auberge, et le couvre de faveurs. Joli opéra très accessible, production reprise encore ces jours-ci à Astrakhan. (J'en parlerai bientôt plus en détail.)

♥♥♥ *Connesson – Les Bains macabres – Buendia, Hyon, Dayez, Buffière ; Frivolités Parisiennes, van Beek – Compiègne 2020 (diffusion France Musique 2021)
→ Toujours une merveille de naturel, sur un livret passionnant d'Olivier Bleys, et réussissant le rendu choral de l'armée de spectres… À la fois amusant, riche musicalement, très fluide, et plein de surprises. Chef-d'œuvre d'aujourd'hui, que j'espère voir tourner longtemps sur les scènes.



B. Récital

♥♥♥ *Certon, Janequin, Cambefort, Lully, Destouches, Vivaldi, Rameau, Gluck, Grétry, Cherubini, Rossini, Ginestet, Comte de Chambord, Madoulé, Debussy – extraits : « 500 ans de musiques à Chambord » – Karthäuser, Gens, Richardot, Gonzalez-Toro, Bou, Boutillier ; Vanessa Wagner, Parnasse Français, Doulce Mémoire, Les Talens Lyriques, Rousset (France 3)
→ Vaste répertoire (entrecoupé d'éléments historiques sur la présence de la musique à Chambord !), dont des raretés (Destouches) voire des inédits (Ginestet), avec une ardeur folle et des chanteurs de première classe…

♥♥♥ *Sainte-Hélène, La légende napoléonienne – Sabine Devieilhe ; Ghilardi, Bouin, Buffière,  Marzorati  ; Les Lunaisiens, Les Cuivres Romantiques, Laurent Madeuf, Patrick Wibart, Daniel Isoir (piano d'époque) (Muso 2021)
→ Chansons inspirées par la fièvre et la légende napoléoniennes, instrumentées avec variété et saveur.
→ Beaucoup de mélodies marquantes, de pastiches, d'héroï-comique (Le roi d'Yvetot bien sûr), et même  d'hagiographie à la pomme de terre… Le meilleur album des Lunaisiens jusqu'ici, aussi bien pour l'intérêt des œuvres que pour la qualité des réalisations vocales.

YT Gwyn Hughes Jones  Nessun Dorma 2008, Che Gelida Manina 1996
→ Tôt dans sa carrière, timbre très blanc et voix manifestement peu puissante : ne promet pas trop pour son Calaf la saison prochaine à Bastille…



C. Sacré

♥♥♥ *Castellanos, Durón, García de Zéspedes, Quiros, Torres – « Archivo de Guatemalá » tiré des archives de la cathédrale de la ville de Guatemalá – Pièces vocales sacrées ou instrumentales profanes – El Mundo, Ricahrd Savino (Naxos 2021)
→ Hymnes, chansons et chaconnes très prégnants. On y entend passer beaucoup de genres et d'influences, des airs populaires plaisants du milieu du XVIIe jusqu'aux premiers échos du style de l'opéra seria (ici utilisé dans des cantiques espagnols).
→ Quadrissé.

*Jacek Różycki: Hymns – Wrocław Baroque Ensemble (Accord 2021)
→ Zut, je croyais qu'il s'agissait de l'excellent postromantique décadent Ludomir, et j'avais hâte de découvrir ces motets a cappella… À la place, du joli baroque un peu standard, façon grands motets (alternance solistes vocaux et chœur), dans des harmonies post-monteverdiennes… petit choc déceptif évidemment.

♥♥♥ Charpentier – Méditations pour le Carême – García, Candela, Bazola ; Guignard, Galletier, Camboulas (Ambronay)
→ Avec Médée, le fameux Te Deum et le Magnificat H.76, on tient là la plus belle œuvre de Charpentier, inestimable ensemble de dix épisodes de la passion racontés en latin (et s'achevant au miroir du sacrifice d'Isaac, sans sa résolution heureuse !) par des chœurs tantôt homorythmiques tantôt contrapuntiques, et ponctués de récitatifs de personnages (diversement sympathiques) des Écritures. Merveille absolue de l'harmonie, de la prosodie et de la poésie sonore.
→ Ce que font Les Surprises est ici merveilleux, sens du texte et des textures hors du commun, d'une noirceur et d'une animation dramatique inhabituelles dans les autres versions de cette œuvre, et servi au plus suprême niveau de naturel chanté. Un des disques majeurs du patrimoine sacré français.

Charpentier – Méditations pour le Carême
version MIDI de CaRpentras →
Christie → splendeur (vrai travail verbal)
Jeune Chœur de l'Abbaye → choix intéressants (tempo ajustable !), beaux solos
Niquet →

♥♥ Purcell – Come Ye Sons of Arts Away + Funérailles + Hail Bright Cecilia – Gardiner (Erato)
→ Œuvres brillantes et poignantes (ces Funérailles, à la hauteur de leur réputation !), interprétées d'une façon qui a vieilli (beaucoup de cordes et de fondu tout de même, peu de nerf et et de couleur), mais qui conserve un pouvoir de conviction considérable !

♥ *Pavel Vranický – Symphonie en ut Couronnement, Symphonie en si bémol, Ouvertures « Orchestral Works, Vol. 1 » –  CzChbPO Pardubice, Marek Štilec (Naxos 2021)
→ Belles œuvres, mais pas les plus fulgurantes de P. Vranický (il y a vraiment des merveilles du niveau de Mozart…), dans une interprétation tradi réussie mais qui n'offre pas nécessairement le plein potentiel de vitalité de ces pages. Curieux de la suite de l'exploration, vu comme on a peu de ce corpus. En espérant des résurrections plus nombreuses et par des ensembles plus spécialistes.

♥♥ Kunzen – Alleluia de la Création, Symphonie en sol mineur, Ouverture sur un thème de Mozart –  Radio Danoise, Peter Marschik (Dacapo)
→ Très belle célébration que cet Alleluia, aux contours assez personnels.
→ Symphonie un peu plus banale, du Mozart en mineur (mais plutôt ses moments les moins électrisants), peut-être en raison de l'interprétation tradi qui manque un peu de relief.

Paisiello – Musiche per la settimana santa – Mi-Jung Won (Bongiovanni 2016)
→ Pas particulièrement poignantes pour leurs sujets, mais bien écrites et variées.

Paisiello – Requiem (Missa defunctorum) – Zedda (VM Italy 2001)
→ Chœur moyen (amateur assez bon ou pro pas bon ?), mais œuvre intéressante, assez distanciée, comme une véritable Messe, hors de sa clausule recueillie et pathétique.

♥ Paisiello – Messe en pastorale pour le premier consul – Prague SO, Chœur de la Radio Tchèque (Multimedia San Paolo 2008)
→ Superbes dialogues hautbois / clarinette et voix (Tectum Principium !). Et les ensembles de solistes magnifiques aussi. Tout cela navigue entre classicisme et jeune romantisme d'une pièce à l'autre, entre Mozart et le style Empire…

♥♥ Berlioz – Messe Solennelle – Donna Brown, Viala, Cachemaille, Monteverdi Choir, ORR, Gardiner (Philips 1994)
→ La folie pure de ce Resurrexit.

HALLÉN, A.: Missa solemnis (Forsström, Helsing, Olsson, Thimander, Erik Westberg Vocal Ensemble, Westberg)
→ Longue (65 minutes) et sobre (accompagnement d'orgue seul) messe, très consonante mais dotée d'une réelle personnalité, épousant réellement les caractères de la messe sans sacrifier la tendreté mélodique. Recommandé !

♥♥ Puccini  – Messa di Gloria – Carreras, Ambrosian Singers, New Philharmonia, Scimone
→ Version chouchoute !

Puccini  – Messa di Gloria – Alagna, LSO Ch, LSO, Pappano
→ Chœur vraiment lointain et flou, malgré la belle lancée (et trompette très très en avant du spectre).

Puccini  – Messa di Gloria – Gulbenkian O, Corboz
→ Chœur un peu épais et césuré.

♥♥ Diepenbrock – Missa in Die Festo, « Anniversary Edition, Vol. 8 » – Men of the Netherlands Radio Choir / Deniz Yilmaz / Leo van Doeselaar (Etcetera 2012)
→ Pour ténor, chœur masculin et orgue.
→ Splendide Agnus Dei final, avec intervention poignante et jubilatoire du ténor.

♥ *(Rudolf) Mengelberg – Magnificat – Annie Woud, Concertgebouworkest, Jochum (Philips, réédition Decca 2021)
→ Très bel alto ; composition un peu sérieuse par rapport au délicieux Salve Regina enregistré par (Willem) Mengelberg.
→ (couplé avec une réédition de la Création de Haydn par Jochum)

♥ Poulenc – Gloria, Litanies Stabat – Petibon, OP, P. Järvi (DGG)

♥ Poulenc – Gloria, Stabat – Battle, Tanglewood, Boston SO, Ozawa (DGG)

♥♥ Hendrik Andriessen (1892-1981) – De Veertien Stonden : voor strijkorkest, koor en declamatie (1941-1942) – Gerard Beemster
→ Un chemin de croix dépouillé et prégnant.



D. A cappella

♥♥♥ *Mendelssohn – Te Deum à 8, Hora Est, Ave Maria Op.23 n°2 – Kammerchor Stuttgart, Bernius (Hänssler)
→ Bernius réenregistre quelques Mendelssohn a cappella ou avec discret accompagnement d'orgue, très marqués par Bach… mais à un chanteur par partie !  Très impressionnante clarté polyphonique, et toujours les voix extraordinaires (droites, pures, nettes, mais pleinement timbrées et verbalement expressives) du Kammerchor Stuttgart.
→ Bissé

(Daniël) De Lange – Requiem – PB ChbCh, Uwe Gronostay
→ Requiem for mixed double choir, and double quartet of soloists, written in 1868, quand à Paris se passionne pour Palestrina et Sweelinck.
→ Dépouillement impressionnant, mais aussi chromatisme intense.

♥ *Escher – Concerto pour orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel, Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden – Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des rééditions, je suppose), avec quelques belles inspirations d'un postromantisme assez simple.

♥♥ *De Wert, Rihm – chœurs a cappella, dont 7 Passion-Texte : « In umbra mortis » – Cappella Amsterdam, Reuss (PentaTone 2021)
→ Quelle délicieuse idée que de tisser la polyphonie franco-flamande du XVIe siècle avec l'œuvre la plus rétro- du Rihm choral : entrelacement de techniques et d'esprits similaires, deux très grands corpus chantés avec la clarté immaculée qu'imprime volontier Reuss à ses chœurs.

♥ Caplet, Botor, Gouzes, Szernovicz, Dionis du Séjour, JM Vincent, Kedrov, du Jonchay Perruchot, anonymes…–  Chœurs liturgiques a cappella « Misericordias in Aeternum » – Chœur du Séminaire Français de Rome, Hervé Lamy (Warner 2016)
→ Ce n'est vraiment pas mal chanté (dans son genre de voix semi-naturelles). Essentiellement psalmodié, donc sans doute plutôt à destination d'un public catholique fervent, mais très beau, un peu la version francophone de la liturgie de saint Jean Chrysostome…
→ Peu de compositions ambitieuses en réalité, malgré le nom de Caplet glissé au milieu.

♥♥ *Zaļupe, Dzenitis, Vasks,  Ešenvalds, Milhailovska, Pūce, Marhilēvičs, Šmīdbergs, Einfelde, Ķirse, Aišpurs, Sauka Tiguls, Jančevskis – Chœurs a cappella «  Aeternum : Latvian Composers for the Centenary of Latvia » – State Choir Latvija, Māris Sirmais (SKANI 2021)
→ Superbe parcours parmi le fin du fin des compositeurs choraux lettons du second XXe siècle, en général des atmosphères plutôt planantes avec de jolies tensions harmoniques.
→ L'ensemble du disque est magnifique, en particulier Mihailovska et Aišpurs – juste un brin trop d'homogénéité sur la durée, peut-être.




E. Ballet

♥♥♥ *Adam – La Filleule des Fées (ballet complet) – Queensland SO, Andrew Mogrelia (Marco Polo 2001, réédition Naxos 2021)
→ Œuvre très généreuse et jouée avec beaucoup de style, beaucoup de matière musicale et de veine mélodique, sans la facilité de numéros uniquement conçus pour la cinétique, un des ballets les plus homogènes musicalement et les plus propres à être enregistrés – vraiment une œuvre à découvrir ! 

♥♥ FRANCK, C.: Psyché (version for choir and orchestra) / Le Chasseur maudit / Les Éolides (RCS Voices, Royal Scottish National Orchestra, Tingaud)

♥♥ *N. Tcherepnin:  Le pavillon d'Armide, Op. 29 – Moscow Symphony Orchestra; Henry Shek (Naxos 2021)
→ D'une générosité très tchaïkovskienne.

♥♥♥ TCHEREPNIN, N.: Narcisse et Echo [Ballet] / La princesse lointaine (Ein Vokalensemble, Bamberg Symphony, Borowicz) (CPO 2020)
→ Bissé.



F. Symphonique

♥♥♥ *Kurpiński, Dobrzyński & Moniuszko – Élégie, Symphonie n°2, Bajka – Wrocław Baroque O, Jarosław Thiel (NFM)
→ Jeune romantisme fougueux de haute qualité, interprété sur instruments d'époque, avec un feu exemplaire… Jubilatoire de bout en bout !
→ (Quadrissé.)

♥♥ *Beethoven – Symphonie n°3 – Les Siècles, Roth (HM 2021) ♥ Méhul ouverture Les Amazones
→ Comme pour la Cinquième, spectre sonore très vertical, on y entend véritablement un orchestre français postgluckiste, avec ses grands accords dramatiques – et des timbres particulièrement saillants et savoureux, quoique la prise de son soit un peu froide.
→ Cette approche se réalise inévitablement un peu au détriment de l'architecture, à mon sens, mais d'une part Roth souligne remarquablement la thématique, d'autre part son soin des parties intermédiaires (dont les nuances dynamiques évoluent sans cesse !) est tel que tout palpite et passionne en permanence.
→ De surcroît, la gradation d'intensité est très pensée et construite, si bien que la récapitulation et la coda du premier mouvement atteignent un degré de tension inédit par rapport à l'ensemble des développements antérieurs.
→ Travail très important sur les détachés, qui conservent l'esprit de danse de la contredanse variée finale, quitte à casser le flux enveloppant de cordes et à fragmenter le spectre.
→ Les Amazones sont marquantes, jouées avec une crudité et une stridence qui impressionnent (acoustique très différente de la symphonie, on entend que ça n'a pas été enregistré au même endroit !).

♥♥ *Beethoven – Symphonie n°7 – MusicAeterna, Currentzis (Sony 2021)
→ Lecture très linéaire et vive : elle exalte, comme leur Cinquième, davantage la poussée cinétique que la structure générale.
→ Le résultat est très convaincant, plein de vivacité, mais ressemble tout à fait à la norme actuelle des interprétations vives et sèches des ensembles sur instruments anciens, sans personnalité supplémentaire particulièrement visible.
→ On retrouve en outre les manques de couleur du côté des bois, très effacés la plupart du temps – alors que d'autres versions « post-baroqueux », sans disposer de moins d'énergie, parviennent aussi à exalter structure et couleurs.
→ Petite réserve aussi dans la construction de l'Allegretto: le climax est réussi mais se trouve parasité par l'exagération des figures d'accompagnement (assez mécaniques de surcroît) qui, au lieu d'agiter le thème, semblent prendre sa place : soudain l'on entend les « coutures » au lieu du propos, c'est un peu étrange à ce degré.
→ À l'inverse, les effets de crescendo-zoom sur les sforzando du final sont plutôt réussis, de même que les volutes d'alto forcenées avant la reprise finale du thème sur secondes mineures de contrebasses.
→ Au demeurant, version énergique, élancée, réjouissante, je ne me suis pas ennuyé un seul instant !  (La réserve provient surtout de la discordance entre le niveau de la prétention du chef / de l'objet d'une part, celui du résultat d'autre part : car on n'y trouvera rien de subversif / neuf / définitif, juste une remarquable version dans l'immensité d'autres.)
→ Du coup vous pouvez plutôt choisir une version plus contrastée, avec des couleurs en sus, ou simplement avec couplage d'une seconde symphonie…

♥♥ Beethoven – Symphonie n°7 – SwChbO, Dausgaard (Simax)
& Egmond ouv & msq de sc très réussi !

♥♥ Beethoven – Symphonie n°7 – ORR, Gardiner (Archiv)

♥♥♥ Romberg, B.H.: Symphonie n°3 (Kolner Akademie, Willens) (Ars Produktion 2007) → Symphonies contemporaines de Beethoven (1811, 1813, 1830), qui en partagent les qualités motoriques et quelques principes d'orchestration (ballet des violoncelles, traitement thématique et en bloc de la petite harmonie, sonneries de cor qui excèdent Gluck et renvoient plutôt à la 7e…).  → Je n'avais encore jamais entendu de symphonies de l'époque de Beethoven qui puissent lui être comparées, dans le style (et bien sûr dans l'aboutissement). En voici – en particulier la Troisième, suffocante de beethovenisme du meilleur aloi !
→ Bissé.
→ (Voir la notule correspondante dans la série « Une décennie, un disque ».)

♥♥ GOUVY, L.T.: Symphonies Nos. 1 and 2 – German Radio Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic Orchestra, Mercier (CPO)
→ Même genre, très réussi, toujours animé (on entend bien le contemporain de Schubert et Verdi).
→ Bissé.

♥♥ Gouvy – Symphonie n°2, Paraphrases Symphoniques, Fantaisie Symphonique – Württembergische Philharmonie Reutlingen, Thomas Kalb (Sterling 2014)
→ Bissé.

♥♥ GOUVY, L.T.: Symphonies Nos. 3 & 5 – German Radio Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic Orchestra, Mercier (CPO)
→ Bissé.

♥♥ GOUVY, L.T.: Symphony No. 4 / Symphonie brève / Fantaisie Symphonique (German Radio Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic, Mercier) (CPO 2013)
→ Romantisme remarquablement domestiqué, Onslow en mieux.
→ Bissé.

♥♥♥ Gade – Symphonies 1 & 5 (vol.4) – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme élancé !

♥♥ Gade – Symphonies 7 & 4 (vol.2) + Ouv. Op.3 – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme élancé !

♥♥♥ Gade – Symphonies 2 & 8 (vol.1) + Allegretto + In the Highlands – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme élancé !

♥♥♥ Gade – Symphonies 3 & 6 (vol.3) + Echos d'Ossian – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme élancé !
→ Bissé.

Gade – Symphonie n°1,8 – Stockholm Sinfonietta, Neeme Järvi (BIS)

♥♥♥ Bruch – Symphonie 1 (vo) – Bamberger Symphoniker, Trevino (CPO 2020)

♥♥ Richard Hol (1825-1904) ; Symphony No. 1 in C minor (1863)
Den Haag Residentie Orkest ; Matthias Bamert
→ Contrasté et farouche, du très beau second romantisme !

Richard Hol (1825-1904) ; Symphony No. 4 in A minor (1889)
Den Haag Residentie Orkest ; Matthias Bamert
→ Plaisant, sombre sans être très tendu, pas excessivement marquant en première écoute.

♥ *Brahms – Symphonie n°2, Ouverture Académique – Gewandausorchester Leipzig, Blomstedt (PentaTone 2021)
→ Comme pour la Première, interprétation très apaisée, lente et creusée, de ces symphonies. Ceci fonctionne moins bien, à mon sens, pour cette Deuxième, dont les difficultés intrinsèques ne sont pas vaincues en secondant ses aspects les plus tranquilles – et l'on perd en éclat jubilatoire du côté du final.

BRUCKNER, A.: Symphony No. 4 in E-Flat Major, WAB 104, "Romantic" (1888 version, ed. B. Korstvedt)  (Minnesota Orchestra, Vanska)     (BIS)

♥ Bruckner 6 BayRSO Eichhorn

Bruckner 7 BayRSO Eichhorn

♥♥ Tchaïkovski  – Suites n°1, n°4 – Tchaikovsky NO, Fedoseyev (Blue Pie 2014)
https://www.deezer.com/fr/album/557141

Tchaikovsky:  Suite No. 2 in C Major – Białystok Symphony Orchestra, Marcin Nałęcz-Niesiołowski (DUX 1999)
→ Audiblement slave, mais sans la souplesse et le moelleux des ensembles russes.

♥♥♥ *Tchaïkovski  – Symphonies n°2,4  – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique, en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait, d'une énergie démentielles ! 
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la thématique folklorique, au demeurant.
→ (bissé la n°2)

Dvořák:  Holoubek (The Wild Dove), Op. 110
Netherlands Philharmonic Orchestra; Kreizberg, Yakov
(PentaTone)
→ Pas particulièrement passionné, malgré l'article qu'on m'en fit. Belle œuvre rhapsodique un peu discrète. (Tapiola version Dvořák ?)

*Saint-Saëns: Symphony No. 1 in E-Flat Major + Symphonie en la
Liège Royal Philharmonic; Kantorow, Jean-Jacques (BIS)
→ Petite déception : malgré la qualité habituelle de ces artistes, pas extraordinairement distinctif – le potentiel de ces symphonies, réel mais difficile à mettre en valeur, n'est pas véritablement révélé.
https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/stravinsky-concerto-pour-piano-et-vents-bertrand-chamayou-et-l-orchestre-national-de-france-95316

♥ *Saint-Saëns – Symphonies – Malmö SO, Soustrot (Naxos, réédition 2021)
→ Parmi le choix discographique, le meilleur possible, mais les œuvres demeurent un peu lisses dans cette lecture… ces symphonies attendent encore d'être pleinement révélées, elles sont, malgré les doublures schumanniennes qui les rendent peu avenantes au disque, un potentiel considérable.
→ Autre avantage de Soustrot : inclut la symphonie non numérotée en la, et celle sous-titrée « Urbs Roma » !

♥♥♥ Kalinnikov – Symphonie n°1 – Ukraine NSO, Kuchar (Naxos)
→ Quel emploi extraordinaire du folklore ukrainien, dans une forme évolutive et tendue de bout en bout malgré ses tendances rhapsodiques !
→ Bissé.

Rimsky-Korsakov:  Fantasia on Serbian Themes, Op. 6 (second version, 1887)
Rimsky-Korsakov:  Symphony No. 3 in C Major, Op. 32 (second version, 1886) – Malaysian PO, Bakels (BIS)
→ Pas ébouriffant côté œuvres, et interprétation aussi peu slave que possible, bien tranquille et posée.

Rimski-Korsakov – Suite tirée de Kitège – Russian NO, Pletnev (PentaTone)

♥ Paine – Symphonie n°2

♥♥♥ Liadov, poèmes symphoniques / N. Tchérépnine, La Princesse lointaine + Prélude du Palais enchanté / Rimski, Suite du Coq d'or – Russian NO, Pletnev (DGG 1996)
→ Liadov déjà bien riche, mais Tchérépnine, rencontre entre Rimski, Ravel et Stravinski !  (Et Rimski a aussi des aspects de l'Oiseau de feu ici…)
→ Très belle interprétation très engagée, plus typée que ce qu'est devenu cet orchestre !

♥ N. Tcherepnin – Le Royaume enchanté – Saint Petersburg Academic Symphony Orchestra, Victor Fedotov

Tcherepnin, N.: Tati-Tati / Janssen, W.: Symphonic Paraphrases On Chopsticks (Columbia Symphony, Janssen) par Werner Janssen (1951, publié par Naxos)
→ Gentilles pièces décoratives, jouées un peu en déchiffrage de façon pas très idiomatiques.

Tcherepnin: Le Pavillon d'Armide, Op. 29 - Enchanted Kingdom, Op.39 - Rimsky-Korsakov: The Golden Cockerel – Saint Petersburg Academic Symphony Orchestra, Victor Fedotov
→ Belle version idiomatique, qui n'exalte pas nécessairement les raffinements de l'œuvre (mais plutôt ses mélodies).

♥♥ N. Tcherepnine Palais Enchanté – Russian NO, Pletnev

♥ Pierné – Suites de Ramuntcho – Philharmonique de Lorraine, Houtman (BIS 1988)
→ Très plaisant.
& Concerto pour piano (avec son joli thème de final « la chenille qui redémarre »)

*Mahler – Symphonie n°9 – Berliner Philharmoniker, Haitink (Berliner Philharmoniker 2021)
→ Lecture un peu séquentielle, son très vibré, de l'adagio final, où j'aime davantage de poussée organique et moins d'apprêt de son. (Mais je ne suis pas un grand amateur de Haitink pour cette raison…) Les basses manquent vraiment de poids dans la progression chromatique pour me saisir tout à fait (prise comme ouatée, de quand est la prise ?  je n'ai pas accès à la notice), et elles ne parviennent pas à imprimer de couleur nouvelle face à ce mur de cordes très vibrées…
→ Joli élan (éphémère) du climax.

Mahler 9 – Düsseldorf, Ádám Fischer
    → Très beau et fluide mais peu de mystère.
& Boston SO, Ozawa
    → Cordes un peu épaisses…
& Solti Chicago
    → Aucun mystère, très rentre-dedans d'emblée.
& Masur NYP
    → Son d'orch un peu brillant, brise de son en zoom peu agréable
& Barshai / Moscou SO
    → Fin et souple, beaucoup d'atmosphère, superbe prise de son.

Suk – Fantastické scherzo, Op. 25 (arr. G. Sebesky for wind ensemble) (excerpt) Douglas Anderson School of the Arts Wind Symphony; Shistle, Ted (Mark Records)

♥ SUK, J.: Fantastické scherzo (Prague Philharmonia, Hrůša) (Supraphon)

♥♥♥ Suk – Zrani  – Komische Oper, K. Petrenko (CPO 2008)
→ Quels déferlements de vagues décadentes, tellement ardent et tourmenté, une merveille absolue très inattendue décidément (et cette version en exalte la tension et la modernité). Le V (« Résolution ») est une merveille d'une densité à peine soutenable.

♥♥ Johan Wagenaar - Sinfonietta : for orchestra in C Major, Op. 32 (1917) Radio Symphony Orchestra ; Conductor: Eri Klas
→ Commence comme du postromantisme assez naïf, et soudain cet adagio, c'est plus le Ruhevoll ou l'Adagietto de Mahler que du Brahms !

♥♥♥ Zweers, (Daniël) De Lange – Symphonies n°1 –  (Sterling)
→ Beaucoup plus naïf et romantique-lumineux que les deux symphonies suivantes de Zweers.
→ De Lange est vraiment étonnant, avec des couleurs qui évoquent le début d'Antikrist de Langgaard, tout en restant parfaitement tenu dans du romantisme qui évoque plutôt les héritiers de Schubert que le XXe siècle !  Très belle symphonie, au demeurant !

♥♥ Zweers – Symphony No. 2, Suite from the Incidental Music for Vondel's "Gijsbrecht van Aamstel" ; Ouv Saskia – Radio Filharmonisch Orkest Holland / Netherlands Radio Symphony Orchestra, Hans Vonk (Sterling)
→ Beau postromantisme simple mais frémissant.
→ Marche harmonique du duo d'amour de Vertigo présente dans le premier mouvement de la Suite de Vondel !
→ Bissé.

♥♥ Sibelius: Symphony No. 2 – BBC Philharmonic Orchestra; Storgårds (Chandos)

♥ Sibelius: Symphony No. 3, Yevgeny Mravinsky/Leningrad P.O. 1965
→ Assez rude, comme une symphonie soviétique de guerre…

Sibelius – Symphonie n°5 – Islande SO, Sakari (Naxos)
→ Prise de son hélas un peu lointaine blanchissante pour cette belle version, pas très urgente mais fort bien construite. (C'est surtout la Septième qu'il faut absolument découvrir dans cette intégrale !)

Sibelius – Symphonie n°5 – SWR Fribourg & Baden-Baden, Rosbaud (SWR Klassik)
→ Lecture très germanique, un peu carrée, qui manque à mon sens un peu de flou et de plans – le final manque même l'effet de l'appel de cors, rejeté au loin… Méritoire de jouer du Sibelius en ce temps et en ces contrées, mais pas du grand Rosbaud, je le crains.

♥ *Sibelius – Symphonies & œuvres orchestrales – Hallé O, Barbirolli (Warner, réédition 2021)
D'après mes souvenirs :
→ Orchestre clairement peu familier de ce type d'écriture, à une époque où le niveau instrumental n'était pas du tout comparable à ce qu'est l'essentiel de la discographie… mais Barbirolli y fait des propositions qui, musicalement, peuvent être passionnantes et très fines (n°3 par exemple). À découvrir pour ouvrir des horizons, à défaut du produit fini.

*Sibelius – Hallé Orchestra; Barbirolli, John (Warner réédition 2021)
En réécoutant :
→ Lent, son assez sale, pas convaincu non plus par la construction.

♥♥ Sibelius: Symphony No. 7 - Royal PO, Beecham (Angel / EMI / Warner)
→ Beaucoup de finesse et de saveur dans la gestion des épisodes.

♥♥ Sibelius: Symphony No.7, Yevgeny Mravinsky  Leningrad P.O. 1977 à Tokyo
→ D'une netteté d'articulation, d'une puissance de construction absolument admirables. Beaucoup plus stable et lisible que le Sibelius vaporeux habituel – c'est écrit ainsi, il faut dire ! 

♥♥♥ Sibelius: Symphony No.7, Yevgeny Mravinsky  Leningrad P.O. concert de 1965 à Leningrad
→ Même conception, mais capté de façon bien plus proche et détaillée, encore meilleur !

*Richard Strauss: Eine Alpensinfonie, Op. 64 / Tod und Verklärung, Op. 24 // par Vasily Petrenko, Oslo Philharmonic Orchestra (Lawo 2020)
→ Pas ébloui : très bien, mais il existe beaucoup mieux capté, beaucoup plus urgent ou coloré, etc.

♥♥♥ R. Strauss – Eine Alpensinfonie – São Paulo SO, Shipway (BIS)
→ Hallucinante image sonore d'une ampleur et d'un détail qui étreignent immédiatement. On entend énormément de contrechants, et quelle tension permanente !  Gigantesque, et tellement approprié ici, quel livre d'images !
→ bissé le début
♥ Fantaisie Symphonique sur Die Frau ohne Schatten

♥♥ R. Strauss – Eine Alpensinfonie – SWR BB & F, Roth (PentaTone)
→ On entend remarquablement les détails, en particulier les lignes de bois dans les tutti et de harpe, rarement audibles. Image assez frontale au demeurant, mais l'énergie et le détail l'emportent !
→ Bien plus impressionné qu'en première écoute il y a quelques années.

Scriabine  Symphonie n°1  Oslo PO, V. Petrenko
→ Encore ces splendides couleurs acidulées, mais l'œuvre paraît hésiter entre beaucoup de chemins sans jamais se décider.

♥♥♥ Hausegger – Natursymphonie – WDR, Rasilainen (CPO)

♥♥ Hausegger – Barbarossa & Hymnen an die Nacht – Begemann, Norrköping SO, Hermus (CPO)
→ Barbarossa toujours pas fabuleux, hymnes très beaux, Begemann splendide.

♥♥♥ Hausegger – Ausklänge, Dionysische Fantasie, Wieland der Schmidt – Bamberg SO, Hermus (CPO)

♥♥ Diepenbrock – Die Vögel, Suite Marsyas, Hymne violon-orchestre, Electra, Die Nacht (Linda Finnie), Wenige wissen (Homberger), Im grossen Schweigen (Holl) – Den Haag RO, Vonk (Chandos 2002)
→ Les lieder orchestraux sont tellement plus intéressants que ses poèmes symphoniques (un peu lisses) !

*Braunfels – Don Gil (Prélude), Divertimento, Ariels Gesang, Sérénade en mib – ÖRF, Bühl (Capriccio 2021)
→ Postromantisme plutôt standard, pas très marquant. Pas du tout le grand Braunfels de la Messe ou le plaisantin subversif des Oiseaux…
→ Plaisante Sérénade toutefois.

♥♥♥ Dopper – Symphonie n°2 – La Haye RO, Bamert (Chandos)
→ Enthousiasmante suite d'airs populaires très exaltants. Répétitions un peu simple des thèmes, mais des fugatos réguliers pour pimenter et le tout est très entraînant… ce serait parfait pour une première écoute en salle !
→ Interprétation vive et généreuse, une surprise venant de Bamert qu'on a connu plus mesuré !

Dopper – Symphonie n°3 « Rembrandt », Symphonie n°6 « Amsterdam » – La Haye RO, Bamert (Chandos)
→ Sympa, mais ni grande forme ni grands thèmes.

♥♥ Dopper:  Ciaconna gotica
R. Mengelberg:  Salve Regina
H. Andriessen:  Magna res est amor 
Röntgen:  Altniederlandische Tanze, Op. 46
    & Franck:  Psyche, M. 47, Part III: Psyche et Eros
Jo Vincent, Concertgebouworkest, Mengelberg (réédition Jube Classic 2014)

♥♥♥ Matthijs Vermeulen (1888-1967) ; Symphony No. 1 'Symphonia carminum' (1914) ;  Rotterdam, Roelof van Driesten
→ Grand postromantisme très coloré et boisé, lumineux et intense. Grande profusion de plans, de grains, langage foisonnant dans être oppressant, une très grande réussite.
→ Trissée.

♥♥ *Walton – Symphonie n°1 – LSO, Previn (RCA, réédition 2021)
→ Grande version de cette symphonie grisante, où se retrouvent les qualités habituelles de Previn à son meilleur : fluidité, beauté mélodique, naturel, élan.
→ (Mes références personnelles restent cependant plutôt Ed. Gardner, Bychkov et C. Davis.)

♥♥♥ Walton – Symphonie n°1 – LSO, C. Davis (2006)
→ Plutôt que la pure motricité (impressionnante !) de cette pièce, Davis y exalte la couleur, et le climat. On y gagne formidablement sur tous les plans !  (quels solos de hautbois, de cor anglais…)  On suit ainsi bien mieux la logique interne de l'œuvre.

♥♥ Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands, Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant, qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi dans les pièces vocales. Bijoux.
→ Bissé.

♥♥♥ Graener – vol. 1 : Comedietta, Variations sur thème populaire russe, Musik am Abend, Sinfonia breve – Hanovre RPO, W.A. Albert

♥♥♥ Graener – vol. 2 : Symphonie, Aus dem Reiche des Pan, Variations sur Prinz Eugen – Hanovre RPO, W.A. Albert
→ Trissé.

♥♥ Pejačević –: Symphony in F-Sharp Minor, Op. 41 / Phantasie concertante (Banfield, Rheinland-Pfalz State Philharmonic, Rasilainen)
→ Symphonie expansive et persuasive, riche !  Pas du tout une musique galante.

(Jan) Koetsier – Symphonie n°2 (avec voix) – Concertgebouworkest
→ Sorte de louange entre Mahler 8, Martinů 4, les concertos de Poulenc et le Te Deum de Bruckner.

Voormolen – Arethuza – Concertgebouworkest (série anniversaire de l'orchestre)

Voormolen – Sinfonia – Concertgebouworkest, Mengelberg

Voormolen – Eline – La Haye, Bamert (Chandos)

Hendrik Andriessen (1892-1981) – Ballet-suite : voor orkest (1947) – Netherlands SO (Enschede), Porcelijn

(Hendrik) Andriessen – vol. 2 – PBSO (Enschede), Porcelijn (CPO)

♥♥ *Escher – Concerto pour orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel, Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden – Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des rééditions, je suppose), avec quelques belles inspirations d'un postromantisme assez simple.

♥♥♥ Myaskovsky: Symphony No. 6 in E-Flat Major – Göteborg SO, Neeme Järvi (DGG)
→ Très belle symphonie, jouée avec la générosité de N. Järvi, toujours à son meilleur avec Göteborg et dans le répertoire russe et soviétique… Il y réussit le ton épique avec une réelle élégance dans la grandeur. Le final qui développe de façon conjointe les thèmes de la Carmagnole et Ça ira est particulièrement jubilatoire !
→ Final dans sa version avec chœur (trissé).

Myaskovsky: Symphony No. 6 in E-Flat Major – Orchestre Académique d'État de l'URSS, Svetlanov (Melodiya)
→ Hélas, ici les cuivres masquent terriblement le spectre sonore, on y perd toute la beauté des trames secondaires, et le final se change en chanson paillarde assez univoque.

Myaskovsky: Symphony No. 6 in E-Flat Major – Slovaquie RSO, Stankovsky (Marco Polo)
→ Orchestre souvent employé en cacheton, dont on sent le déchiffrage (le tempo prudent, la fébrilité de ces aigus qui sortent trop fort à la flûte), mais le tout est réalisé avec honnêteté et entrain. À choisir, j'y entends mieux les détails que chez Svetlanov.

Myaskovsky: Symphonies 1 & 13 – Orchestre des Jeunes de l'Oural (Naxos)
→ Bien écrites, décemment exécutées, mais rien ne m'a saisi ici. Du postromantisme modernisé qui apparaît, a moins dans cette interprétation, beacoup plus interchangeable.

♥♥♥ *Miaskovski (Myakovsky), Symphonie n°21 // Prokofiev,  Symphone n°5 – Oslo PO, Vasily Petrenko (LAWO novembre 2020)
→ Symphonie de Miaskovski à mouvement unique, flux continu très naturel d'influences très diverses, moments étales mais aussi ultralyrisme post-tchaÏkovskien (presque du R. Strauss russisé), cors pelléassiens, ineffable clarinette façon Quintette de Brahms, qui plane soudaine seule…
→ Je n'avais jamais remarqué ainsi les parentés de la Cinquième de Prokofiev avec la Symphonie de Franck (et un peu le Poème de l'Extase, ce qui est mieux documenté), frappant au milieu du premier  mouvement !  La thématique cyclique est marquante également.
→ Impressionnant son de corde au vibrato irrégulier, terriblement soviétique !  De même pour les vents qui sifflent et les cuivres d'une acidité qui outrepasse la tradition nordique… on croirait entendre une bande moscovite des années soixante. Quel pouvoir sur le son ! 
→ Bissé Miaskovski.

♥♥ MYASKOVSKY, N.: Symphony-Ballad No. 23 / Symphony No. 23 (1941-1945: Wartime Music, Vol. 1) (St. Petersburg State Academic Symphony, Titov) (Northern Flowers 2009)
→ Très accessible Symphonie-Ballade, et beau folklore convoqué dans la Symphonie n°23, d'un style assez rétro-, plutôt Glazounov (en bien plus saillant) que soviétisant ! 

Miaskovski (Myaskovsky), Symphonies n°24 & 25 – Moscou PO, Yablonsky (Naxos)
→ La 24 légèrement sombre, la 25 au contraire marquée par des chorals de folklore !
→ Lecture assez vivante, mais la prise de son relègue le détail un peu loin (Naxos d'il y a un certain temps), cordes et bois pas toujours justes (!), on peut magnifier mieux ces partitions.

MYASKOVSKY, N.Y.: Symphonies Nos. 15 and 26 / Overture in G Major (Kondrashin, Nikolayev, Svetlanov)
→ Final de la 26 d'une simplicité sautillante et sans arrière-plan désespéré, absolument ravissant !

♥♥♥ *Miaskovski (Myaskovsky), Symphonie n°27 // Prokofiev, Symphonie n°6 – Oslo PO, V. Petrenko (LAWO 2021)
→ Saveur très postromantique (et des gammes typiquement russes, presque un folklore romantisé), au sein d'un langage qui trouve aussi ses couleurs propres, une rare symphonie soviétique au ton aussi « positif », et qui se pare des couleurs transparentes, acidulées et très chaleureuses du Philharmonique d'Oslo (de sa virtuosité aussi)… je n'en avais pas du tout conservé cette image avec l'enregistrement de Svetlanov, beaucoup plus flou dans la mise en place et les intentions…
→ Frappé par la sobriété d'écriture, qui parle si directement en mêlant les recettes du passé et une forme d'expression très naturelle qui semble d'aujourd'hui. L'adagio central est une merveille de construction, comme une gigantesque progression mahlérienne, mais avec les thématiques et couleurs russes, culminant dans un ineffable lyrisme complexe.
→ Bissé Miaskovski.

Miaskovski (Myaskovsky), Symphonie n°27 – Moscou StSO, Polyansky (Chandos)
→ Belle lecture, mais les détails sont bien moins audibles, les cordes gagnent, pas du tout la finesse de diamant et l'intensité de V.Petrenko-Oslo !   L'adagio paraît même ici un brin sirupeux / filmique / complaisant, alors que les harmonies et les figures complexes de bois sont audiblement riches.

♥ *(Marcel) Poot – Symphonies 1,2,3,4,5,6,7 – Anvers PO, Léonce Gras + Belgian RT NPO, Hans Rotman + Moscou PO, Frédérice Devreese + Belgian NRSO, Franz André (Naxos, réédition en coffret en 2021)
→ (Mis en couleur, mais il est en réalité flamand, précisons.)
→ Joli corpus, la 1 d'un postromantisme aux brusques simplicités néoclassiques, la 4 très marquée par l'orchestration et l'esprit de Chostakovitch, la 7 d'une bigarrure tourmentée assez persuasive…
→ Bissé la 7.

♥ *Skalkottas – 36 Dances grecques, The Sea Suite, Suite Symphonique n°1 – Athènes StO, Stefanos Tsialis (Naxos 2021)
→ Danses polytonales étonnantes, Suite néoclassique, Mer figurative et généreuse, mais tout en pudeur, sans chercher l'emphase, très réussie.
→ (Privilégiez cependant le précédent volume Skalkottas, plus essentiel.)

♥ *Takemitsu – Requiem pour cordes, Far Calls, How Slow the Wind, A Way a Lone II, Nostalghia in Mémory of Andrei Takovskij… – Suwanai, NHK, P. Järvi (RCA 2020)
→ Une bonne version (pas très colorée : pas le point fort de Järvi, ni surtout de cet orchestre, ni de ces œuvres précises de Takemitsu) d'œuvres pas parmi les plus chatoyantes ni passionnantes de Takemitsu (œuvres pour cordes essentiellement), à part How Slow the Wind (qui n'est pas son meilleur, mais contient les jolies échelles modèles de Tree Line ou Rain Coming).

♥ *Gerald BARRY – The Eternal Recurrence – Britten Sinfonia, Thomas Adès (Simax 2021)
→ Couplé avec les 7,8,9 de Beethoven que je n'ai pas essayées (les autres volumes étaient très bien, mais la concurrence est telle que…). En revanche le couplage avec des œuvres de Barry tout au long du cycle est vivifiant !
→ On retrouve le goût de Barry pour ces accords tonals utilisés sans réelle fonction, en forme de gros blocs un peu errants tandis que la ligne vocale de la soprano semble traditionnelle, presque sucrée. Très plaisant. (Je n'avais pas le texte pour suivre, je ne peux pas dire pour l'instant si c'était simplement joli ou vraiment saisissant.)

Dalbavie – Concertate il suono – OPRF (Densité-21 RF 2007)

♥ Dalbavie – Ciaccona – OP, Eschenbach (Naïve)

♥ *Dalbavie – La source d'un regard  – Seattle SO, Morlot (Seattle SO Media 2019)
→ Très belle évolution progressive d'étagements sonores.



G. Lied orchestral

♥♥ Hausegger – Barbarossa & Hymnen an die Nacht – Begemann, Norrköping SO, Hermus (CPO)
→ Barbarossa toujours pas fabuleux, hymnes très beaux, Begemann splendide.

♥♥♥ Diepenbrock – « Anniversary Edition, Vol. 2 » (Etcetera 2012)
Die Nacht – Janet Baker / Royal Concertgebouw Orchestra
Hymne an die Nacht 'Gehoben ist der Stein' – Arleen Augér / Royal Concertgebouw Orchestra
Hymne an die Nacht 'Muss immer der Morgen' – Linda Finnie / The Hague Philharmonic
Im grossen Schweigen – Robert Holl / The Hague Philharmonic
→ Splendides pièces généreuses, variées, lyriques, tourmentées, persuasives. Du décadentisme encore très romantique, petites merveilles.
→ Trissé.

♥♥♥ Diepenbrock – Reyzangen uit Gysbrecht van Aemstel (extraits) + Hymne aan Rembrandt + Te Deum + Missa in die festo – Westbroek (Etcetera 2013)

♥♥ Diepenbrock – Reyzangen uit Gysbrecht van Aemstel (intégral) + Hymne aan Rembrandt – Westbroek (Composers Voice 2005)
→ Première écoute du Aemstel intégral.
→ Bissé.

Diepenbrock – Die Vögel, Suite Marsyas, Hymne violon-orchestre, Electra, Die Nacht (Linda Finnie), Wenige wissen (Homberger), Im grossen Schweigen (Holl) – Den Haag RO, Vonk (Chandos 2002)
→ Les lieder orchestraux sont tellement plus intéressants que ses poèmes symphoniques (un peu lisses) !

DIEPENBROCK, A.: Orchestral Songs (Begemann, St. Gallen Symphony, Tausk) (CPO 2014)
→ Moins séduit, à la réécoute (et malgré le charisme de Begemann), par rapport aux autres lieder enregistrés par Chandos avec Finnie, Homberger et Holl.

♥♥ Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands, Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant, qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi dans les pièces vocales. Bijoux.
→ Bissé.



H. Concertos

♥ *Vivaldi – Concertos pour basson – Azzolini (Naïve 2021)
→ Basson savoureux, très bel ensemble spécialiste, superbe veine mélodique aussi, de l'excellent Vivaldi !

♥ Antonín Vranický Concerto pour deux altos, Rejcha « Solo de Cor Alto », Vorišek Grand Rondeau Concertant pour piano violon violoncelle, Beethoven concerto pour violon en ut (fragment), dans la série « Beethoven's World » – Radio de Munich, Goebel (Sony)
→ Suite de l'incroyable parcours de Goebel qui documente des compositions concertantes et orchestrales de contemporains de Beethoven, avec des pépites (Clément, Romberg, Salieri…). Ici, très beau double concerto de Vranický, grandes pièce de Rejcha aux belles mélodies…

♥♥ Reicha Symphonie concertante pour 2 violoncelles, Romberg Concerto pour deux violoncelles, Eybler Divertisment – ( série « Beethoven's World ») – Deutsche Radio PO, Goebel (Sony)
→ Très beau, programme hautement original (dans la collection où j'avais déjà loué les Concertos pour violon de Clément et qui vient de publier Salieri-Hummel-Vořišek), mettant en valeur des jalons considérables du patrimoine.
→ Un Reicha virtuose : un violoncelle faisant des volutes graves, l'autre énonçant de superbes mélodies – celle du premier mouvement évoque beaucoup Credeasi misera.
→ Un Romberg au mouvement lent plus sombre, inhabituellement tourmenté (sans agitation pourtant), se terminant dans un rondeau aux rythmes de cabalette et dont la mélodie invite à la danse. 
→ Un Eybler trompettant, musique de fête.
→ Interprété avec une finesse de timbre et un élan absolument délectables.

Romberg (Bernhard) – Concertos pour violoncelle 1 & 5 – Melkonyan (CPO)
→ Le 5 a un côté symphonies de Mozart en mineur. Mais tout ça n'est pas particulièrement passionnant en soi.

♥♥ Bruch – Doubles concertos (2 pianos + alto & clarinette), Adagio apassionato, ouv Lorelei – ÖRF, Howard Griffiths (Sony 2019)

♥ PIERNÉ, G.: Orchestral Works, Vol. 2 - Fantaisie-ballet / Scherzo-caprice / Poème symphonique (Bavouzet, BBC Philharmonic, Mena)
→ Belle version de ces œuvres plaisantes.

♥ Pierné – Suites de Ramuntcho – Philharmonique de Lorraine, Houtman (BIS 1988)
→ Très plaisant.
& Concerto pour piano (avec son joli thème de final « la chenille qui redémarre »)

♥♥♥ van Gilse – Tanzskizzen – Triendl, PBSO Eschede, Porcelijn (CPO)
→ Bissé.

♥♥ Graener – vol. 3 : Concerto pour piano.  – Triendl, Radio de Munich, Alun Francis (CPO 2015)

Chostakovitch – Concerto pour violoncelle n°2 – Arto Noras, Radio Norvégienne, Rasilainen (Finlandia / Apex)
→ Tellement mieux que le Premier Concerto, dans version élancée et très bien jouée, mais demeure assez peu exaltant pour ma sensibilité…

Voormolen – Concerto pour deux hautbois – La Haye, Bamert (Chandos)
→ Néoclassique sympa.

♥ Klami : The Cobblers on the Heath (Ouverture) / Thème, 7 Variations & Coda Op.44 avec violoncelle solo – J.-E. Gustafsson, Lahti SO, Vänskä (BIS)
Et aussi : Kalevala Suite (sombre mais pas la plus fluide et colorée)

♥♥♥ Klami : Cheremissian Fantasy, Sea Pictures, Kalevala Suite ; Noras, Helsinki PO, FinRSO (Finlandia 1992)
→ Atmosphères entre Sibelius et Ravel assez mereilleuses. Très belles interprétations typées et savoureuses. (Découverte pour la Fantaisie.)

♥ Nyman, Piano Concerto – Lenehan, Ulster Orchestra, Yuasa (Naxos)
→ Vraiment beau dans ses consonances, ses ondoiements et ses jolies évolutions harmoniques. Mais tout le temps pareil – et identique à ses autres œuvres également.

Khodosh – Concerto pour piano & orchestre
→ D'un néoclassicisme aux éclats un peu circassien, assez amusant. Son opéra comique d'après L'Ours de Tchekhov, représenté en ce moment même à Donetsk, fait envie – n'étaient les obus.




I. Quatuors

*Józef Elsner –  « Trois quatuors du meilleur goût polonois » Op. 1  – Mikołaj Zgółka & friends (NFM, Accord 2021)
→ Première parution de ces beaux quatuors de style encore classique, dans une exécution avec cordes en boyaux – ce qui rend souvent, à mon sens, l'audition moins confortable, et distraite par les inégalités de timbre.
→ Même si la veine mélodique n'est pas la plus immédiate par rapport à nos références Haydn-Mozart, de soudaines bifurcations harmoniques font assurément lever l'oreille en de nombreuses occurrences.
→ Je serais très curieux de réentendre ce corpus interprété selon différentes autres options (plus de structure, plus de chair ou plus d'élan), je suis convaincu de son potentiel.

♥ *Hérold, d'Ollone, Rabaud – Quatuors – Hermès SQ (Chaîne YT de Bru Zane 2021)
→ Trois rarissimes quatuors, d'où se détachent en particulier les affects généreux du Rabaud, assez éloigné de son style orchestral plus hardi – alors qu'Hérold est y au contraire sur son version le plus sérieux et ambitieux.
→ Son très peu typé français de ce jeune ensemble, un peu trop de fondu et de vibrato pour moi, peut-être.
→ Super entreprise en tout cas que de jouer ces raretés, et de surcroît de les diffuser – le Palazetto n'étant pas l'endroit le plus commode d'accès au monde.

♥ Anton Reicha: Trois quatuors – Quatuor Ardeo (2014 | L'empreinte Digitale)
→ bissé

♥♥ GADE, N.W.: Chamber Works, Vol. 5 - String Quartet in D Major / String Quintet in E Minor / Fantasiestücke clarinette piano (Ensemble MidtVest) (CPO)

♥ *La Tombelle – Quatuor en mi – Mandelring SQ (Audite 2021)
→ Gloire aux Mandelring qui ont pris l'habitude d'enregistrer des quatuors rares en complément des œuvres (ou cycles d'œuvres) célèbres qui enregistrent !  Œuvre de salut public, d'autant que ce sont des quatuors entiers qu'ils gravent, très bien choisis, et exécutés au plus haut niveau !
→ De surcroît, ici, Bru Zane n'avait pas gravé, dans on anthologie de 3 CDs, ce quatuor (juste celui avec piano).
→ Pas bouleversé par la pudeur de cet opus : ni très mélodique, ni très sophistiqué, une sorte de Ravel en sourdine. Peut-être joué avec moins de transparence et une plus franche véhémence ?  Car il existe des moments franchement passionnés qui pourraient peut-être se trouver davantage mis en valeur avec un jeu plus « à l'allemande ».
→ (couplé avec le Ravel, pas écouté)

Bosmans Strijkkwartet (1927) , Utrecht SQ
→ Très français… et très court.

♥♥ KUNC, B.: String Quartet, Op. 14 / LHOTKA, F.: Elegie and Scherzo / SLAVENSKI, J.: String Quartet No. 4 (Sebastian String Quartet) (CPO)
→ Bissé.



J. Chambre

♥♥ *Sommer (1570–1627)  Der 8. Psalm // Fontana (1571–1630) Sonata 16 // Buonamente (1595–1642) Sonata seconda // Pachelbel (1653–1706) Canon & Gigue // Torelli (1658–1709) Sonata a 3 violini // Fux (c1660–1741) Sonata a 3 violini //  Louis-Antoine Dornel (1685–1765) Sonate en quatuor // Giovanni Gabrieli (c1555–1612) Sonata XXI con 3 violini // Purcell Three parts upon a ground & Pavane // Schmelzer (1620–1680) Sonata a 3 violini // Baltzar (c1631–1663) Pavane // Hacquart (c1640–a1686)  Sonata decima –
« Sonatas for three violins », Ensemble Diderot, Johannes Pramsohler (Audax 2021)
→ Je n'avais pas été enthousiasmé ni par les œuvres, ni par le son des principaux albums (très originaux) de l'ensemble, mais ici, ces sonates à violons multiples se révèlent remarquablement fascinantes !
→ bissé.

♥♥♥ *Jacchini, Gabrielli, Lulier, A. Scarlatti, Bononcini – Sonates pour violoncelle « The Italian Origins of the Violoncello » – Lucia Swarts +  Zomer , Richte van der Meer (cello), Siebe Henstra (harpsichord) (Mountain Records 2015-2021)

♥♥♥ *Roncalli – Intégrale de la musique pour guitare (baroque) : les 9 Sonates – Bernhard Hofstötter (Brilliant 2021)
→ Superbe massif très vivant, des suites de danse en réalité, dont la mobilité séduit grandement, en particulier la Passacaille en la mineur de la Cinquième Sonate, reprenant des basses connues des LULLYstes.
→ Interprétation très allante, prise de son confortable.

♥ Ritter – Quatuors avec basson – Paolo Cartini, Virtuosi Italiani (Naxos 2007) → Très joliment mélodique. Moins riche et virtuose que Michl.

♥ *ROMBERG, B.: Sonatas for Harp and Cello, Op. 5, Nos, 1, 2, 3 (Aba-Nagy, Szolnoki) (Gramola 2020)
→ Existe aussi en violoncelle-piano et en violon-piano, avec approbation du compositeur. Beaux thèmes séduisants, presque opératiques, du violoncelle, souple élégance de la harpe, très belles pièces de salon.
→ Captation avec un petit déséquilibre en faveur du violoncelle (la harpe est un peu retranchée vers l'arrière), probablement monté en boyaux considérant le timbre un peu plaintif.

♥ *Rejcha –  Octet, Op. 96 and Variations for Bassoon & String Quartet – Consortium Classicum (CPO 2000)

♥ *Onslow – Quintettes à cordes n°23 & 31 (vol.4) – Elan Quintet (Naxos)
→ Beaux quintettes sobres et touchants, du bon Onslow bien joué.

♥ Bruch: String Octet in B-Flat Major, String Quintet in A Minor & Piano Quintet in G Minor – par Ulf Hoelscher Ensemble (CPO)

♥ *Saint-Saëns – Sonates violoncelle-piano, violon-piano, Suite violoncelle-piano, piécettes, arrangements… –  Tanaka, Fouchenneret, Bartissol, Wagschal (3 CDs Ad Vitam 2021)
→ Clairement pas le sommet du legs de Saint-Saëns (quelle distance par rapport à l'ambition des quatuors à cordes ou avec piano !), mais de plaisantes œuvres très peu jouées, servies par des interprètes rompus à ce répertoire.

♥♥♥ *Stanford  – Quintette piano-cordes, Fantasies – membres de la Radio de Berlin, Nicolaus Resa (Capriccio 2021)
→ Une des grandes œuvres les plus inspirées du (très inégal) Stanford.

♥♥ *Labor – Sonates violon-piano, violoncelle piano, Thème & variations (cor-piano) – Karmon, Mijnders, Vojta, Triendl (Capriccio 2021)
→ Nouveau volume Labor, qui confirme le chambriste considérable qu'il est !  Plus lumineux et apaisé que son fascinant Quatuor piano-cordes.
→ Trissé.

♥ *BEACH, A. / PRICE, F.B.: Piano Quintets / BARBER, S.: Dover Beach (American Quintets) (Kaleidoscope Chamber Collective)
→ Très belles pièces tradis, avec des épanchements traditionnels des mouvements lents pour ces formations, d'une très beau métier !

♥ Koechlin – Sonate à sept – Lencsés, Parisii SQ (CPO 1999)
→ Sorte de pièce concertante pour hautbois. Pastoralisme un peu lent et bavard, sorte de Milhaud réussi.

♥♥ *Escher – Concerto pour orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel, Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden – Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des rééditions, je suppose), avec quelques belles inspirations d'un postromantisme assez simple.

♥♥ *Klami –  Quatuor piano-cordes, Sonates violon-piano &  alto-piano – Essi Höglund, Ero Kesti, Sirja Nironen, Esa Ylonen (Alba 2021)
→ Beau corpus, très pudique (que d'aération, de respirations, de silences à tour de rôle dans ce Quatuor !), très beaux timbres et phrasés (le violon d'Essi Höglund en particulier).



K. Flûte solo

♥ *Koechlin – Les Chants de Nectaire – Nicola Woodward (Hoxa 2021)
→ Ni aussi nette et virtuose que Balmer, ni aussi poétique et souplement articulée que de Jonge, cette quatrième intégrale du monumental chef-d'œuvre universel de la flûte solo (4h), inspiré d'un jardinier musicien (un ange caché dans La Révolte des Anges d'Anatole France…), ne change pas nécessairement la donne. Je recommande vivement d'écouter Leendert de Jonge dans ces pages – la famille Koechlin le recommande également pour son respect des nuances écrites et de l'esprit général.
→ Mais, il est formidable de pouvoir comparer les lectures, et quitte à écouter n'importe quelle version, plongez-vous, oui, dans ce chef-d'œuvre incroyable !



L. Théorbe

♥♥♥ Visée : Chaconne en la mineur, Monteilhet

♥♥♥ Bach – Suites 1,2,3 pour violoncelle (version théorbe) – Monteilhet 1 (EMI 2000)
→ Tellement de mordant et de résonance ici (rien à voir avec les suites 4 à 6 chez ZZT, plus ouatées et lisses).



M. Harpe

♥♥ *Casella Sonate pour harpe // D  Scarlatti Kk 135 // Bach toccata ut mineur // Debussy Ballade pour piano // Zabel fantaisie sur Faust –  « Ballade » – Emily Hoile, harpe (Ars Produktion 2021)



N. Violoncelle·s

♥♥♥ Bach – Suites pour violoncelle 3,1,4,6… – Lucia Swarts (Challenge Classics 2019)
→ De (très) loin la version la plus enthousiasmante que j'aie entendue sur instrument ancien !  Du grain en abondance, de la couleur partout, et un mordant exceptionnel…
→ Possiblement la version qui soutient le plus mon intérêt sur la durée, aussi, alors que je fatigue assez vite avec ces Suites, que je trouve moins nourrissantes que son corpus pour violon…

Bach, Bourrée de la Suite n°3 pour violoncelle : Swarts, Maisky DGG, Maisky live w. Argerich, Monteilhet

♥ B. Romberg – Sonata for 2 Cellos in C Major, Op. 43, No. 2 – Ginzel & Ginzel (Solo Musica)



O. Piano·s

♥ *Brillon de Jouy – The Piano Sonatas Rediscovered –  Nicolas Horvàth (Grand Piano 2021)
→ Très plaisant classicisme finissant / premier romantisme, pas particulièrement personnel, mais écrit sans aucune fadeur (et finement joué).
→ (Je découvre a posteriori qu'il s'agit d'une compositrice.)

Gouvy – L'œuvre pour deux pianos – (Bru Zane)
→ Agréable. Rien de très saillant en première écoute.

♥♥ Kurtág – Játékok à quatre mains – M. & G. Kurtág (DVD)
→ Une autre vision (que le disque, le concert et mes propres doigts, jusqu'ici) avec cette version vidéo de ces délectables miniatures !

♥♥ *Griffes, Crumb, Carter, Glass, Shimkus – « America 1 » – Vestard Shimkus (Artalinna 2021)
→ Panorama à la vaste diversité de langages et de touchers. L'impressionnante Sonate de Griffes conserve beaucoup de gestes (de structure, de virtuosité, même de tonalité) issus du patrimoine, et donne une très belle occasion à Shimkus de montrer l'étendue de sa palette d'attaques et de textures.
→ Le sommet de l'interprétation se révèle sans doute dans l'incroyable diversité d'inflexions et de phrasés dispensés dans (l'insupportable) Glass, tout en trémolos lents de tierces mineurs, d'une pauvreté emblématique – mais le pianiste y impressionne.
→ Récital très original et cohérent, un petit monde à parcourir.



P. Clavecin

♥♥ *J.-Ph. Rameau, Claude Rameau, Claude-François Rameau, Lazare Rameau, J.-F. Tapray – Pièces pour clavecin « la famille Rameau » – Justin Taylor (Alpha 2021)
→ Inclusion du frère, du fils et du neveu Rameau, ainsi que de variations brillantes des années 1770 de Tapray sur Les Sauvages. Parcours passionnant au cœur du temps et des proximités.
→ Frémissante interprétation, très discursive et vivante, pleine de replis et d'inaglités sans la moindre affèterie, sur un clavecin remarquablement choisi et réglé…



Q. Orgue

♥♥ *Casini, Casamorata, Maglioni – « Florentine Romantic Organ Music  » – orgues de Corsanico et Sestri Levante, Matteo Venturini (Brilliant 2021)
→ Musique de pompe assez festive et extravertie (les clochettes intégrées !), de la musique rare, où l'on retrouve des tournures mélodiques typiquement italiennes, et jouée avec beaucoup de générosité et de clarté. Pas le sommet du bon goût, mais un aspect rare de la musique italienne à découvrir dans de très bonnes conditions !

*Edvard Grieg: Alfedans – arrangements des Danses norvégiennes & Pièces lyriques – Marco Ambrosini (Nyckelharpa), Eva-Maria Rusche (orgue) (DHM 2021)
→ Très amusante couleur locale et jolies danses, bien réadaptées aux instruments !



R. Airs de cour, lieder…

♥ *Rasi, Del Biado, Da Gagliano, Caccini, Peri, Falconieri, Gesualdo, D'India, Monteverdi – Soleil Noir – Gonzalez Toro, I Gemelli (Pierrard, Dunford, Papadopoulos), Gonzalez Toro (Naïve 2021)
→ Beau parcours intimiste dans le répertoire d'un ténor historique du premier baroque.

♥♥ *Schubert – Die Winterreise – DiDonato, Nézet-Séguin (DGG)
→ Grande et belle surprise : DiDonato utilise ici la partie la plus colorée de sa voix, trouvant de très belles textures qui échappent à l'aspect « opéra ». Le vibrato rapide et la beauté du phrasé entretiennent une véritable atmosphère expressive, digne des grandes lectures d'un cycle pourtant conçu (et plus facile à chanter) pour voix d'homme.
→ L'allemand n'est pas tout à fait naturel, la couverture vocale reste importante sur certaines voyelles… cependant l'expression (davantage, finalement, que la beauté bien connue de la voix) l'emporte sans hésiter – et sans la mollesse qu'on pouvait redouter d'un instrument conçu pour des répertoires réclamant davantage de largeur et de fondu d'émission.
→ En fin de compte, une lecture vraiment différente, qui ne m'est pas apparue comme une jolie version d'une chanteuse d'opéra, mais véritablement comme une proposition singulière et aboutie du cycle.

♥ *Gisle Kverndokk – Så kort ein sommar menneska har (mélodies en bokmål et anglais) – Marianne Beate Kielland, Nils Anders Mortensen (Lawo 2021)
→ Belles mélodies simples et prégnantes, incluant un cycle Shakespeare en VO. Toujours belle et douce voix de mezzo de Kielland.

♥ *Mozart-Spindler – Arrangements pour hautbois et orchestre : Concerto pour flûte et harpe, airs de concert, Exsultate jubilate – Albrecht Mayer, Kammerphilharmonie Bremen, Albrecht Mayer (DGG 2021)
→ Disque-démonstration pour Albrecht Mayer, l'emblématique hautboïste solo du Philharmonique de Berlin

♥♥ *Wagner, Pfitzner, R. Strauss – lieder « Im Abendrot » – Matthias Goerne, Seong-Jin Cho (DGG 2021)
→ Goerne a vieilli et la prise de son très rapprochée et réverbérée cherche à créer un effet d'ampleur qui correspond assez mal à celle (réelle) qu'il manifeste en salle. Elle souligne les défauts, les sons légèrement blanchis, les petites gestions du détimbrage sur certaines voyelles… Très étrange spectre sonore très brouillé, assez déplaisant.
→ En revanche, programme original et interprétation prenante, avec la « longueur d'archet » impressionnante et le legato infini de Goerne, son sens de l'atmosphère…
→ Cho est comme toujours assez froid, et ne déploie pas exactement des moirures symphoniques (pour autant, ça s'écoute très bien).
→ Malgré l'amoindrissement de l'instrument, c'est donc un disque marquant, une fois que l'on a surmonté l'étrangeté de la prise de son.

♥♥ *Wiéner, Chantefleurs // Milhaud, Catalogue des fleurs // Satie, Honegger, Lili Boulanger – « Fleurs » – Loulédjian, Palloc (Aparté 2020)
→ Délicieuse adaptation musicale des miniatures de Desnos par Wiéner, servie avec une versatilité et une grâce rares.



S. Chanson

♥ *Horace Silver, Duke Elligton, Norah Jones… – « Midnight Jones » – Norah Jones (UMG, réédition 2020)

♥♥♥ Norah Jones – Comme Away With Me – Norah Jones (Blue Note 2002)

♥♥♥ Norah Jones – Don't Know Why – Norah Jones (Blue Note 2002)
→ Bissé.

♥♥ Cocciante-Plamondon, Notre-Dame de Paris « Belle » (versions française, grecque, russe, italienne, coréenne, espagnole, néerlandaise, polonaise)
→ Seul moment de valeur dans cette pièce particulièrement peu exaltante (intrigue, versification, musique, rien ne réussit), le trio des soupirants réussit une forme poétique originale et une thématique musicale très prégnante. Un des plaisirs de ce genre de production à succès est de pouvoir en explorer les versions en diverses langues, de découvrir les choix de re-versification (particulièrement difficile ici, ça joue beaucoup de mots-outils français !), d'observer les différences d'émission vocale selon les langues… 
→ L'italienne trouve des alternatives vraiment stimulantes à la VF. (et particulièrement bien chantée par les deux ténors graves)



guatemala



Beaucoup de notules un peu plus ambitieuses avaient empêché la publication, ces derniers mois, des disques écoutés récemment… C'est chose faite.

Un peu épais sans doute, mais en naviguant entre les astérisques des nouveautés, les parcours nationaux colorés et les petits ventricules palpitants de mes recommandations, vous devriez attraper quelques pépites que j'ai été très impressionné de pouvoir découvrir, après tant d'heures d'écoutes au compteur !

mardi 6 avril 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 4 : cycles Pfleger, Cherubini, Schubert 13, Kreutzer, Dupuy, jeune Verdi, meilleurs Offenbach, Mahler-Tennstedt, Tapiola, femmes, Polonais, concertos pour violon, duos de piano, quatuors avec harmonium…


Toujours la brève présentation des nouveautés (et autres écoutes et réécoutes) du mois écoulé. Je laisse une trace pour moi, autant vous donner des idées d'écoutes…

heise

Conseils

Opéra

Trois opéras très peu présents au disque :
Les Feſtes d'Hébé de Rameau dans leur version révisée de 1747 ;
Drot og marsk de Heise, généreux opéra romantique suédois ;
Constellations d'Efrain Amaya d'après la vie de Miró (2012).

Hors nouveautés, retour aux fondamentaux : Isis de LULLY, La mort d'Abel de Kreutzer (six fois…), les meilleurs Verdi de jeunesse dans leurs meilleures versions (Oberto, Nabucco, Alzira, Stiffelio et sa refonte Aroldo… ne manquait qu'Il Corsaro !), Tristan de Wagner dans une version ultime (C. Kleiber, Scala 1978), les deux meilleurs Offenbach comiques (Barbe-Bleue et Le roi Carotte), Barbe-Bleue de Bartók en japonais, Saint François d'Assise de Messiaen dans la souple version Nagano !


Récitals


♦ Romances, Ballades & Duos, parmi les œuvres les plus touchantes de Schumann, par les excellents spécialistes Metzer, Vondung, Bode et Eisenlohr.
♦ Un autre cycle de Jake Heggie : Songs for Murdered Sisters.
♦ Yoncheva – disque au répertoire très varié, culminant dans Dowland et surtout une chaconne vocale de Strozzi éblouissante.
♦ Piau – grands classiques du lied symphonique décadent (dont les R. Strauss).

Hors nouveautés : j'ai découvert le récital composite de Gerald Finley avec le LPO et Gardner, tout y est traduit en anglais.


Sacré

♦ Cantates de la vie de Jésus par Pfleger, objet musical (et textuel) très intriguant.
♦ Couplage de motets de M.Haydn et Bruckner par la MDR Leipzig.

Hors nouveautés : Motets latins de Pfleger (l'autre disque), motets latins de Danielis (merveilles à la française), Cherubini (Messe solennelle n°2 par Bernius, aussi l'étonnant Chant sur la mort de Hayndn qui annonce… Don Carlos !), Messe Solennelle de Berlioz (par Gardiner), Service de la Trinité et Psaumes de Stuttgart de Mantyjärvi.


Orchestral

Hors nouveautés : Cherubini (Symphonie en ré), Mahler par Tennstedt (intégrale EMI et prises sur le vif), Tapiola de Sibelius (par Kajanus, Ansermet, Garaguly, plusieurs Berglund…), Pejačević (Symphonie en fa dièse)


Concertant

Hors nouveautés : concertos pour violon de Kreutzer, Halvorsen, Moeran, Harris, Adams, Rihm, Dusapin, Mantovani. Concertos pour hautbois de Bach par Ogrintchouk. Concerto pour basson de Dupuy par van Sambeek.


Chambre

♦ Trios de Rimski et Borodine, volume 3 d'une anthologie du trio en Russie.
♦ Pour deux pianos : Nocturnes de Debussy et Tristan de Wagner arrangé par Reger.
♦ Meilleure version de ma connaissance pour le Quatuor pour la fin du Temps de Messiaen par le Left Coast Ensemble (musiciens de la région de San Francisco).

Hors nouveautés : Matteis (disque H. Schmitt et disque A. Bayer), Bach (violon-clavecin par Glodeanu & Haas, souplesse garantie), Rondo alla Krakowiak de Chopin avec Quintette à cordes, disques d'arrangements du Quatuor Romantique (avec harmonium !) absolument merveilleux, Messiaen (Quatuor pour la fin du Temps par Chamber Music Northwest).
Et pas mal de quatuors à cordes bien évidemment : d'Albert, Smyth (plus le Quintette à cordes), Weigl, Andreae, Korngold, Ginastera (intégrale des quatuors dans la meilleure version disponible)…


Solo

♦ Récital de piano : Samazeuilh, Decaux, Ferroux, L. Aubert par Aline Piboule.

Hors nouveautés : clavecin de 16 pieds de Buxtehude à C.P.E. Bach.


La légende
Du vert au violet, mes recommandations…
→ * Vert : réussi !
→ ** Bleu : jalon considérable.
→ *** Violet : écoute capitale.
→ ¤ Gris : pas convaincu.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)


piboule

Liste brute suit :




Nouveautés : œuvres

Rameau – Les Feſtes d'Hébé (version de 1747) – Santon, Perbost, Mechelen, Estèphe, Orfeo Orchestra, Vashegyi (radio hongroise)
→ Premier enregistrement de la version remaniée de 1747, très vivement animée par Vashegyi (davantage tourné vers l'énergie cinétique que la couleur). Des réserves fortes sur Santon ici (vibrato vraiment trop large, instrument surdimensionné), en revanche Estèphe (mordant haut et verbe clair) exhibe l'un des instruments les mieux faits de toute la scène francophone.
Audible sur la radio hongroise avant parution CD dans quelques mois…

Rimski-Korsakov, Cui, Borodine – Trios piano-cordes (« Russian Trio History vol.3 ») – Brahms Piano Trio (Naxos 2021)
→ Élan formidable du Rimski. Très beau mouvement lent lyrique de Borodine.

Brahms, Sonate à deux pianos // Wagner-Reger, Prélude et mort d'Isolde // Debussy, Nocturnes – « Remixed » –  Grauschumacher Piano Duo (Neos 2021)
→ Splendides timbres, textures et couleurs du duo. Ainsi transcrits, Tristan et les Nocturnes constituent une approche originale, et marquante.

Koželuch : Concertos and Symphony par Sergio Azzolini, Camerata Rousseau, Leonardo Muzii (Sony 2021)
→ Avec un son de basson très terroir.

Pfleger – Cantates « The Life and Passion of the Christ » – Vox Nidrosiensis, Orkester Nord, Martin Wåhlberg (Aparté 2021)
→ Musique du Nord de l'Allemagne au milieu du XVIIe siècle. Œuvres inédites (seconde monographie seulement pour ce compositeur.
→ Plus ascétique que ses motets latins (disque CPO, plus expansif), je vous promets cependant de l'animation, avec ses solos de psaltérion, ses évangélistes qui fonctionnent toujours à deux voix, ses structures mouvantes qui annoncent l'esthétique des Méditations pour le Carême de Charpentier.
→ Par ailleurs, curiosité d'entendre des textes aussi composites (fragments des Évangiles mais aussi beaucoup d'Ancien Testament épars), ou encore de voir Dieu s'exprimer en empruntant les mots d'Ézéchiel et en émettant des notes très graves (mi 1 - ut 1) sur des membres de phrase entiers.
→ On y rencontre des épisodes peu représentés d'ordinaire dans les mises en musique – ainsi la rencontre d'Emmaüs, ou la Cananéenne dont la fille est possédée – écrits en entrelaçant les sources des Évangiles, des portions des livres prophétiques, les gloses du XVIIe et les chants populaires de dévolution luthériens, parfois réplique à réplique…
→ De quoi s'amuser aussi avec le contexte (je vous en touche un mot dans la notice de ma main), avec ces duels à l'épée entre maîtres de chapelle à la cour de Güstrow (le dissipé Danielis !), ou encore lorsque Pfleger écarte sèchement une demande du prince, parce que lui sert d'abord la gloire de la musique et de Dieu. (Ça pique.)
→ Et superbe réalisation, conduite élancée, voix splendides et éloquentes.

SCHUMANN, R.: Lied Edition, Vol. 10 - Romanzen und Balladen / Duets (Melzer, Vondung, Bode, Eisenlohr)
→ Superbe attelage pour les lieder en duo de Schumann, de petits bijoux trop peu pratiqués.

Michael Haydn, Bruckner – Motets – MDR Leipzig, Philipp Ahmann (PentaTone 2021)
→ La parenté entre les deux univers sonores (calmes homorythmies, harmonies simples) est frappante. La couleur « Requiem de Mozart » reste prégnante chez M. Haydn. Très beau chœur rond et tendre.

Monteverdi, Ferrabosco, Cavalli, Strozzi, Stradella, Gibbons, Dowland, Torrejón, Murcia, traditionnel bulgare… – « Rebirth » – Yoncheva, Cappella Medeiterranea, García Alarcón (Sony 2021)
→ La voix est certes devenue beaucoup plus ronde et moins focalisée, mais le style demeure de façon impressionnante, pas le moindre hors-style ici.
→ Accompagnement splendide de la Cappella Mediterranea, parcourant divers climats – l'aspect « ethnique » un peu carte postale de certaines pistes, façon Arpeggiata, étant probablement le moins réussi de l'ensemble.
→ Le disque culmine assurément dans l'ineffable chaconne de l'Eraclito amoroso de Mlle Strozzi, petite splendeur. . Come again de Dowland est aussi particulièrement frémissant (chaque verbe est coloré selon son sens)… !

Samazeuilh, Le Chant de la Mer // Decaux, Clairs de lune // Ferroud, Types // Aubert, Sillages – Aline Piboule (Printemps des Arts de Monte-Carlo 2021)
→ Déjà célébrée par deux fois dans des programmes français ambitieux chez Artalinna (Flothuis, Arrieu, Smit, Fauré, Prokofiev, Dutilleux !), grand retour du jeu plein d'angles d'Aline Piboule dans quatre cycles pianistiques français de très haute volée :
→ le chef-d'œuvre absolu de Decaux (exploration radicale et approche inédite de l'atonalité en 1900),
→ première gravure (?) du Ferroud toujours inscrit dans la ville,
→ lecture ravivée de Samazeuilh (qui m'avait moins impressionné dans la version ATMA), et
→ scintillements argentés, balancements et mélodies exotiques fabuleuses des Sillages de Louis Aubert  !
→ bissé

PÄRT, A.: Miserere + A Tribute to Cæsar + The Deer's Cry, etc. – BayRSO, œsterreichisches ensemble fuer neue musik, Howard Arman (BR-Klassik 2021)
→ Belle version de belles œuvres de Pärt – pas nécessairement le Balte le plus vertigineux en matière de musique chorale, mais sa célébrité permet de profiter souvent de ses très belles œuvres, servies ici par ce superbe chœur.

Michał BERGSON – Piano Concerto / Mazurkas, Polonaise héroïque, Polonia!, Il Ritorno,  Luisa di Montfort [Opera] (excerpts) – Jonathan Plowright au piano, Drygas, Kubas-Kruk ;  Poznan PO, Borowicz (DUX 2020)
→ Le père d'Henri – principale raison d'enregistrer ces œuvres pas majeures.
→ Concerto très chopinien (en beaucoup moins intéressant). La Grande Polonaise Héroïque, c'est même du pillage de certaines tournures de celle de Chopin… (en beaucoup, beaucoup moins singulier)
→ L'Introduction de Luisa di Montfort est écrite sur le thème « Vive Henri, vive ce roi galant », plus original et amusant. Mais ensuite : cabalette transcrite pour clarinette, on garde donc juste la musique belcantiste pas très riche et la virtuosité extérieure, sans le théâtre.
→ Il Ritorno, une petite pièce vocale en français, galanterie ornementale virtuose parfaitement banale de 4 minutes. Pas enthousiaste.
→ Première déception chez DUX !  (mais au moins c'est rarissime et plutôt bien joué… donc toujours une découverte agréable)

Efrain AMAYA – Constellations [2012] – Young, Kempson, Shafer ; Arts Crossing Chb O, Amaya (Albany 2020)
→ Très tonal, sur jolis ostinatos, déclamation sobre pour trois personnages, un opéra inspiré par la vie (et les opinions) de Joan Miró. Il y discute de ses ressentis d'artiste (sur Dieu, dans le premier tableau…)  avec sa femme, parfois en présence de sa fille silencieuse. Également quelques échanges avec un oiseau, muse du peintre (incarné par la chanteuse qui fait l'épouse), et entre l'épouse et l'esprit de la maison.
→ Même le final, lorsque la famille fuit tandis que les bombes se mettent à pleuvoir sur le village, sonne plutôt « oh, regarde la télé, c'est absolument dément ce qu'ils font, tu y crois toi ? ».
→ Ce n'est pas du drame très brûlant, mais tout ça est très joli et délicat, assez réussi. À tout prendre beaucoup plus satisfaisant que ces opéras qui, en voulait être simultanément un laboratoire musical ou poétique, ne sont tout simplement pas opérants prosodiquement et dramatiquement – devenant vite mortellement ennuyeux. Choix peu ambitieux ici, mais plutôt séduisant.

STANCHINSKY : Piano Music (A Journey Into the Abyss) (Witold Wilczek) (DUX 2021)
→ Impressionnant pianiste, très découpé et enveloppant à la fois !
→ Le corpus en est ravivé (pièces polyphoniques, nocturne, mazurkas). Mais le plus intéressant demeure les Fragments, absents ici.

STANCHINSKY : Piano Works (Peter Jablonski) (Ondine 2021)
→ A beaucoup écouté Chopin... Très similaire dans les figures et l'harmonie, à la rigueur augmenté de quelques effets retors typés premier Scriabine.
→ Les Fragments sont plus intéressants que les Sonates et Préludes ; beaucoup plus originaux et visionnaires, plus scriabiniens, voire futuristes.
→ Pianiste assez lisse.

HEISE, P.A.: Drot og marsk (Royal Danish Opera Chorus and Orchestra, Schønwandt) (Dacapo 2021)
→ Superbe drame romantique, dans la veine de Kuhlau, remarquablement chanté et joué. Tout est fluide, vivant, inspiré, œuvre à découvrir absolument !  (il en existait déjà une version pas trop ancienne chez Chandos)

HEGGIE, J.: Songs for Murdered Sisters (J. Hopkins, J. Heggie)
→ Toujours dans le style fluide et très bien pensé rhétoriquement de Heggie. Songs très bien chantées.



Nouveautés : versions

Bach: 'Meins Lebens Licht' - Cantatas BWV 45-198 & Motet BWV 118 – Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (Phi 2021)
→ Approche très douce et caressante, comme voilée… Agréable, mais on peut faire tellement plus de ce corpus !
→ (Déçu, j'ai beaucoup lu que c'était ultime…)

Messiaen – Quatuor pour la fin du Temps – Left Coast Ensemble (Avie 2021)
→ Captation proche et très vivante, interprétation très sensible à la danse et à la couleur, une merveille où la direction de l'harmonie, le sens du discours apparaissent avec une évidence rare !
+ Rohde:  One wing (Presler, Anna; Zivian, Eric)
→ Très plaisante piécette violon-piano, congruente avec Messiaen, écrite par l'altiste membre de cet ensemble centré autour de San Francisco.

R. Strauss, Berg, Zemlinsky – Lieder orchestraux : Vier letzte Lieder, Morgen, Frühe-Lieder, Waldesgespräch – Piau, O Franche-Comté, Verdier (Alpha 2021)
→ Beau grain de cordes (pas du tout un fondu « grand orchestre », j'aime beaucoup), cuivres moins élégants.
→ Piau se tire très bien de l'exercice, même si captée de près (et pour ce format de voix, j'aime une articulation verbale plus acérée), très élégante et frémissante.

Verdi – Falstaff – Raimondi, OR Liège, Arrivabeni (Dynamic)
→ Raimondi vieillissant et éraillé, mais toujours charismatique. En revanche, tout est capté (y compris le très bon orchestre) atrocement, comme rarement chez ce label pourtant remarquable par ses prises de son ratées : on entend tout comme depuis une boîte sous la fosse, les chanteurs sont trop loin l'orchestre étouffé, c'est un carnage.
→ À entendre pour la qualité des interprètes, mais très peu agréable à écouter.

Beethoven:  König Stephan (King Stephen), Op. 117 (revised spoken text by K. Weßler) – Czech Philharmonic Choir, Brno; Cappella Aquileia; Bosch, Marcus (CPO 2021)
+ ouvertures de Fidelio
→ Version très informée et sautillante, avec un récitant (à défaut du texte d'origine) ce qui est rarement le cas.


heise




Autres nouvelles écoutes : œuvres

Offenbach – Le roi Carotte – Pelly, Lyon (vidéo France 3)
→ Les sous-entendus grivois les plus osés que j'aie entendus sur une scène d'opéra… Formidable composition étonnamment libre pour du Offenbach, livret d'une ambition bigarrée assez folle, une petite merveille servie au plus haut niveau (Mortagne, Beuron, Bou !).
→ Grand concertato des armures qui évoque Bénédiction des Poignards, superbe quatuor suspendu d'arrivée à Pompéi, impressionnante figuration des chemins de fer…

Danielis – Motets – Ensemble Pierre Robert, Desenclos (Alpha)
→ Petites merveilles à la française de ce compositeur wallon ayant exercé en Allemagne du Nord, où – à Güstrow notamment – il s'est illustré par ses frasques, insultes, caprices, chantages au départ…
→ Interprétation à la française également, d'une sobre éloquence, comme toujours avec Desenclos.
→ Bissé.

Buxtehude, Böhm, Weckmann, J.S. Bach, C.Ph. Bach, W.F. Bach – Vom Stylus phantasticus zur freien Fantasie – Magdalena Hasibeder sur clavecin 16’ de Matthias Kramer (2006) d’après un clavecin hambourgois (vers 1750) (Raumklang 2013)
→ Impressionnante majesté du clavecin doté d'un jeu de seize pieds (au lieu du huit-pieds traditionnel), capté de façon un peu trouble. Mais la superbe articulation de M. Hasibeder compense assez bien ces limites. Un pont entre deux esthétiques de l'affect différentes, sur un rare modèle reconstitué.

Moeran – Concerto pour violon – (Lyrita)
→ Lyrique, atmosphérique, dansant, très réussi. Mouvements lents encadrant un mouvement rapide très entraînant et bondissant.
+ Rhapsodie en fa# avec piano (aux formules digitales très rachmaninoviennes)
+ Rhapsodie en mim pour orchestre, très belle rêverie !

Roy Harris & John Adams: Violin Concertos – Tamsin Waley-Cohen, BBC Symphony Orchestra, Andrew Litton (Signum)
→ Deux concertos très vivants et colorés, où l'orchestre jou sa part.
→ Bissé.

Halvorsen – Concerto pour violon  – Henning Kraggerud, Malmö SO (Naxos 2017)
→ Très violonistique, mais beaucoup des cadences simples et sens de la majesté qui apportent de grandes satisfactions immédiates.

Rihm, Gedicht des Malers – R. Capuçon, Wiener Symphoniker, Ph. Jordan
+ Dusapin, Aufgang – R. Capuçon, OPRF, Chung
+ Mantovani, Jeux d'eau  – R. Capuçon, Opéra de Paris, Ph. Jordan
→ Mantovani chatoyant et plein de naturel, Rihm lyrique et privilégiant l'ultrasolo et le suraigu, Dusapin plus élusif.

Svendsen: Violin Concerto in A major, Op. 6 / Symphony No. 1 in D major, Op. 4 – Arve Tellefsen, Oslo PO, Karsten Andersen (ccto), Miltiades Caridis (symph) (Universal 1988)
→ Timbre d'une qualité surnaturelle… Sinon belle plénitude paganino-mendelssohnienne, et plus d'atmosphères que d'épate.
→ Symphonie plus naïve, en bonne logique vu le langage.

Matteis – False Consonances of Melancholy – A. Bayer,  Gli Incogniti, A. Bayer (ZZT / Alpha 2009)
→ Très beau disque également, mais de consonance plus lisse.

Matteis – Ayrs for the Violin – Hélène Schmitt (Alpha 2009)
→ Œuvres magnifiques, déjà tout un art consommé de doubles cordes notamment, mais toujours avec poésie.

Saint-Saëns – Suite pour violoncelle et orchestre – Camille Thomas, ON Lille, A. Bloch (DGG 2017)
→ Suite d'inspiration archaïsante mais extrêmement romantisée, très réussie.
+ des Offenbach arrangés

Boccherini, Couperin-Bazelaire, Frescobaldi-Toister, Monn-Schönberg – Concertos pour violoncelleJian Wang, Camerata Salzburg (DGG 2003)
→ Boccherini G. 482 en si bémol, plein de vie. Le reste du corpus est moins marquant, surtout Monn, assez terne. Très belle interprétation tradi-informée.

PabstTrio piano-cordes (« Russian Trio History vol.2 ») – Brahms Piano Trio (Naxos)
→ Bissé. Beau Trio à la mémoire d'A. Rubinstein, bien fait, mais je n'ai pas été particulièrement saisi.

Dupuy:  Flute Concerto No. 1 in D Minor – Petrucci, Ginevra; Pomeriggi Musicali, I; Ciampi, Maurizio (Brilliant Classics 2015)
→ On y retrouve les belles harmonies contrastées et expressives propres à Dupuy, mais l'expression galante et primesautière induite par la flûte n'est pas passionnante.

Édouard Dupuy – Bassoon Concerto in A Major – van Sambeek, Sinfonia Rotterdam, Conrad van Alphen (Brilliant 2012)
→ Orchestre hélas tradi-mou. Belle œuvre qui mériterait mieux, quoique en deçà du gigantesque concerto en ut mineur…

KreutzerViolin Concerto No. 14 in E Major – Peter Sheppard Skærved, Philharmonie Slovaque de Košice ; Andrew Mogrelia (Naxos 2007)
→ Quelle grâce, on pense à Du Puy ! 
+ n°15, Davantage classicisme standard, mais interprétation très belle (quel son de violon, quelle délicatesse de cet orchestre tradi !) qui permet de se régaler dans les moments les plus lyriques.
(Arrêtez un peu de nous casser les pieds avec Saint-George et faites-nous entendre du Clément et du Kreutzer, les gars !)

Kreutzer:  42 Etudes ou caprices – Masayuki Kino (Exton 2010)
→ Vraiment des études de travail, certes plutôt musicales, mais rien de bien passionnant à l'écoute seule, si l'on n'est pas dans une perspective technique. Un disque pour se donner des objectifs plutôt que pour faire l'expérience de délices musicales…
→ (mieux qu'Aškin et E. Wallfisch, paraît vraiment difficile à timbrer)

Marschner ouv Vampyr, Korngold fantaisie Tote Stadt, R. Strauss Ariadne Fantaisie, Meyerbeer fantaisie Robert le Diable – « Opera Fantasias from the Shadowlands » – Le Quatuor Romantique (violon, violoncelle, piano, harmonium) (Ars Produktion 2010)
→ Arrangements passionnants qui ne se limitent pas aux moments instrumentaux les plus évidents mais parcourent l'œuvre (le pot-pourri d'Ariadne est particulièrement exaltant !), et dans un effectif typique de la musique privée de la fin du XIXe siècle, un ravissement – qui change radicalement des disques qu'on a l'habitude d'entendre.
→ Trissé.

Wagner – Wesendonck, extraits de Rienzi, Lohengrin, Meistersinger,  Parsifal – « Operatic Chamber Music » – Suzanne McLeod, Le Quatuor Romantique (violon, violoncelle, piano, harmonium) (Ars Produktion 2013)
→ À nouveau des arrangements qui (échappent un peu moins aux grands tubes mais) renouvellent les équilibres sans déformer l'esprit ni l'impact des œuvres. Très persuasif !

Tchaïkovski, Casse-Noisette (extraits), Waldteufel Patineurs, Humperdinck ouverture Hänsel & Noëls traditionnels allemands – « CHRISTMAS MUSIC - A Late Romantic Christmas Eve » – (Elena Fink, Le Quatuor Romantique) (Arsk Produktion 2010)
→ Encore un délice…

BRAHMS, J.: Piano Quintet become String Quintet, Op. 34 (reconstructed by S. Brown) / WEBER, J.M.: String Quintet in D Major (Divertimenti Ensemble) (Cello Classics 2007)
→ Belle œuvre de Weber (Joseph Miroslav).
→ Transformation réussie du Quintette avec piano en quintette à cordes, les contrastes et les effets rythmiques demeurent vraiment de façon convaincante – davantage que dans la version Sonate pour deux pianos, pourtant de la main de Brahms !

Mantyjärvi – Service de la Trinité, Psaumes de Stuttgart et autres motets – Trinity College Cambridge, Layton
→ Excellent exemple de la belle écriture chorale de la baltique, avec une progression harmonique simple, des accords riches, un rapport éttroit au texte, une lumière intense.

Smyth – Quatuor en mi mineur – Mannheim SQ (CPO)
+ quintette à cordes
→ Œuvres remarquablement bâties, avec une belle veine mélodico-harmonique de surcroît. Le Quintette (de jeunesse) plus marqué par une forme de folklore un peu rustique, le quatuor plus sophistiqué (peut-être encore meilleur).

Bosmans – Quatuor –
→ Bien bâti, particulièrement court.

Honneur à la patrie (Collection "Chansons de France") – Chants patriotiques – Thill, Lucien Lupi, Dens, Arlette Deguil, Legros, Roux, Michèle Dorlan… (Marianne Melodie 2011)

Cherubini, Galuppi, Clementi, Bonazzi, Busi, Canneti… – Sonatas for two organs – Luigi Celeghin, Bianka Pezić (Naxos 2004)
→ Cherubini avec des marches harmoniques alla Bach, Galuppi tout bondissant en basses d'Alberti… quelles étranges choses. Assez sinistre sur ces pleins-jeux blanchâtres (pourtant des orgues italiens de 1785), pièces pas passionnantes…   et l'effet de dialogue est complètement perdu au disque (la matière musicale seule ne paraît pas justifier l'emploi de deux organistes.
→ Seul Cherubini m'a un peu intéressé, par sa tenue et son décalage avec l'habitude. Sinon, l'arrangement par Francesco Canneti du grand concertato à la fin du Triomphe d'Aida est un peu divertissant et tuilé, à défaut de subtil.

CherubiniSciant gentes – Keohane, Maria; Oitzinger, Margot; Hobbs, Thomas; Noack, Sebastian; Stuttgart Chamber Choir; Hofkapelle Stuttgart; Bernius, Frieder (Carus 2013)
→ Gentil motet sans éclat particulier, bien joué sans électricité excessive non plus.

CherubiniChant sur la mort de Haydn, Symphonie en ré – Cappella Coloniensis, Gabriele Ferro (Phoenix 2009)
→ Début de la mort de Haydn contient pas mal d'éléments du début de l'acte V de Don Carlos !  Culture sacrée commune aux deux, ou souvenir de Verdi ?

Cherubini
Pimmalione – Adami, Berghi, Carturan, Ligabue, RAI Milano, Gerelli (libre de droits 1955)

Cherubini – Les Abencérages – Rinaldi, Dupouy, Mars ; RAI Milan, Maag (Arts)
→ Quelques variations (orchestrales !) sur la Follia en guise de danses de l'acte I.
→ Ne semble pas génialissime (récitatifs médiocres en particulier), mais joué ainsi à la tradi-mou avec une majorité de chanteurs à fort accent et plutôt capté, on ne se rend pas forcément compte des beautés réelles… M'a évoqué le Cherubini-eau-tiède d'Ali Baba et de Médée, eux aussi très mal servis au disque…

Cherubini – Messe Solennelle n°3 en mi (1818) // 9 Antifona sul canto fermo 8 tona // Nemo gaudeat  – Ziesak, Pizzolato, Lippert, Abdrazakov ; BayRSO, Muti (EMI)
→ Mollissime. Il y a l'air d'y avoir de jolies choses, mais Muti, pourtant sincère amoureux de cette musique, noie tout sous une mélasse hors style.
→ Quand même la très belle découverte du motet Nemo gaudeat, très belles figures chorale, curieux de réentendre cela en de meilleures circonstances…

Bartók, Le Château de Barbe-Bleue (en japonais) – Ito, Nakayama, NHK Symphony, Rosenstock (1957, édité par Naxos)
→ Pas très typé idiomatiquement en dehors du Prologue, mais très bien chanté et joué, beaucoup d'esprit !

Górecki:  String Quartet No. 3, Op. 67, "Pieśni śpiewają" ( … Songs Are Sung) – DAFÔ String Quartet (DUX 2017)
→ Aplats et répétitions, pas aussi détendant que son Miserere ou sa Troisième Symphonie, clairement, mais dans le même genre à temporalité lente et au matériau raréfié.
→ Premier mouvement un peu sombre, le deuxième est au contraire un largo en majeur, en grands accords lumineux et apathiques, les deux scherzos intermédiaires apportant un brin de vivacité, jusqu'au final largo, plus sérieux et prostré. Assez bel ensemble, plutôt bien fait (mais très long pour ce type de matière : 50 minutes !).

CHOPIN : Rondo alla Krakowiak (Paleczny, Prima Vista Quartet, Marynowski) (DUX 2015)
→ Réjouissante version accompagnée par un quintette à cordes, pleine de saveur et de tranchant par rapport aux versions orchestrales forcément plus étales et arrondies – et ce même du côté du piano !



Autres nouvelles écoutes : interprétations

Chabrier, ouverture de Gwendoline, España, Bourrée fantasque, Danse villageoise / Bizet, Suite de l'Arlésienne  / Lalo Ys ouverture / Berlioz extraits Romé / Debussy Faune / Franck Psyché extts / Pierné Cydalise extts, Ramuntcho extts, Giration, Sonata da Camera – Orchestre Colonne, Pierné (Malibran)
→ Quelle vivacité, quel élan !  Et le son est franchement bon pour son temps.

Berlioz – Messe Solennelle (Resurrexit) – ORR, Gardiner (vidéo 1993)
→ La folie pure.

Messiaen – Saint François d'Assise – Hallé O, Nagano (DGG)
→ Quel naturel par rapport à Ozawa !  On sent que la partition fait désormais partie du patrimoine et que son discours coule de source.

Walton – Concerto pour violon – Suwanai (Decca)
→ Toujours son très beau son, mais l'œuvre me laissant assez froid…

Mahler – Symphonie n°5 – LPO, Tennstedt  (EMI)
→ Tourbillon dément.  Même l'Adagietto est d'une tension à peine soutenable.

MONN, G.M.: Cello Concerto in G Minor (arr. A. Schoenberg) (Queyras, Freiburg Baroque Orchestra, Müllejans) (Harmonia Mundi)
→ Un peu aigre comme son d'orchestre pour du classicisme, serait sans doute très bien dans une œuvre intéressante mais ici…

Saint-Saëns, Berlioz – « French Showpieces (Concert Francais)  » – James Ehnes, Orchestre symphonique de Québec, Yoav Talmi (Analekta 2001)

Bach – Oboe Concertos – Alexei Ogrintchouk, Swedish ChbO (BIS 2010)
→ Quel son incroyable, et quel orchestre aussi…

Verdi Oberto (version originale), acte I – Guleghina, Stuart Neil, Ramey ; Saint-Martin-in-the-Fields, Marriner (Philips)
→ Tire beaucoup plus, joué ainsi, vers Norma et le belcanto plus traditionnel. Plus formel, moins stimulant.
→ Avec Marriner, les formules d'accompagnement restent de l'accompagnement. Et même Ramey semble un peu prudent, composé. (Manque d'habitude de ces rôles en scène, probablement aussi : la plupart n'ont dû faire que ce studio.)

Verdi – Oberto – Dimitrova, Bergonzi, Panerai ; Gardelli (Orfeo)
→ Grande inspiration mélodique et dramatique pour ce premier opéra. Distribution qui domine ses rôles !  Et des ensembles furibonds étourdissants !

♥  Verdi – Alzira – Cotrubas, Araiza, Bruson, Gardelli (Orfeo)
→ De très très beaux ensembles… Un des Verdi les moins joués, et vraiment sous-estimé.

Sibelius – Symphonie n°2 – Suisse Romande, Ansermet (Decca 1962)
→ Belle version pleine d'ardeur, avec des timbres toutefois très aigrelets. Tout ne fonctionne pas à égalité (le mouvement lent manque peut-être un peu de plénitude et de fondu ?), mais la toute fin est assez incroyable de généreuse intensité.

Sibelius – Tapiola – Helsinki PO, Berglund
→ Un peu rond, mais rapide et contrasté, extrêmement vivant !
+ Kajanus
→ Orchestre limité et problématique (justesse, disparité de timbres), mais élan irrésistible, conduite organique du tempo, saveur des timbres !

Messiaen – Quatuor pour la fin du Temps – Chamber Music Northwest (Delos 1986)

Messiaen – Quatuor pour la fin du Temps
– Jansen, Fröst, Thedéen, Debargue (Sony)
→ Très soliste, manque un peu de cette fièvre commune (trop facile pour eux ?). Même Thedéen, mon idole d'éloquence élégance dans Brahms, paraît un peu forcer son timbre.

Verdi – Nabucco (extraits en allemand) – Liane Synek, Lear, Kónya, Stewart, Talvela ; Deutsche Oper Berlin, H. Stein (DGG)
→ Version très bien chantée (en particulier le ferme mordant de Stewart et la tendreté de Lear).
→ Les extraits sont étrangement choisis (pas d'ensembles, pas d'Abigaille hors sa mort !).

Verdi – Aroldo – Vaness, Shicoff, Michaels-Moore ; Maggio Firenze, Luisi (Philips 2001)
→ Distribution, orchestre, captation de luxe pour  cette refonte de Stiffelio, dans le contexte plus consensuel des croisades. Les meilleurs morceaux (le grand ensemble du duel à l'acte II, l'air du père au début du III…)  sont cependant conservés, à l'exception du prêche final, hélas. (La version Aroldo de la fin Deest non seulement musicalement fade, mais aussi dramatiquement totalement ratée.)
→ Meilleure version disponible au disque pour Aroldo, à mon sens.
→ bissé

Schubert – Quatuor n°13 – Diogenes SQ
+ Engegård (plus vivant)
+ Ardeo (un peu gentil)
+ Takacs (vrai relief, son grand violon)
+ Terpsycorde réécoute (instruments anciens)
+ Mandelring (belle mélncolie)
+ Chilingirian SQ (autant leur Quintette est fabuleux, autant ce quatuor, épais et mou me déçoit de leur part)

Sibelius – Tapiola – Suisse Romande, Ansermet
→ Ce grain incroyable, cette verdeur, cette clarté des timbres et du discours !
(+ Davis LSO, très bien)
(+ Berglund Radio Finlandaise, contrastes incroyables !)

Cherubini – Medea acte I – Forte, Antonacci, Filianoti ; Regio Torino, Pidò
→ Toujours aussi mortellement ennuyeux… et malgré Pidò (il faut dire que la distribution n'aide guère…).

Debussy, œuvres à deux pianos  –  Grauschumacher Piano Duo (Neos 2021)

récital : Weber (Euryanthe), Wagner (Tannhäuser, Meistersinger), Verdi (Otello), Tchaïkovski (Iolanta), Bizet (Carmen), Adams (Doctor Atomic), Turnage (The Silver Tassie)… en anglaisFinley, LPO, Gardner (Chandos 2010)
→ Très beau récital très varié et original, splendidement chanté sur toute l'étendue des tessitures et des styles…
+ réécoute de l'air d'Adams avec BBCSO & Adams (Nonesuch 2018)
Quel tube immortel !

Haendel – Jephtha (disco comparée)
Gardiner, c'est plutôt un de ses disques tranquilles (mous). Pas du niveau de son Penseroso par exemple.
Biondi est très bien mais attention, il utilise un orchestre moderne, les cordes sont en synthétique et très ronde même si ça vibre peu, couleurs des vents plutôt blanches aussi, et on entend que les archets sont modernes, ça n'a pas le même tranchant à l'attaque : c'est très bien pour un orchestre pas du tout spécialiste, mais vu qu'on a du choix au disque, n'en attends pas un truc comparable à ses enregistrements de Vivaldi.
Budday sonne un peu écrasé, Grunert plutôt triste. Même Christophers n'est pas très électrique.
Creed reste un peu tranquille, mais un des plus animés et équilibrés en fin de compte.
Harnoncourt a un peu vieilli, mais ça a le grain extraordinaire et l'engagement du Concentus des débuts… Il faut voir sur la longueur ce que ça donne, mais l'effet Saül n'est pas à exclure !  En tout cas, c'est nettement la plus habitée, je trouve. (Avec Biondi, mais instruments modernes…)

Schumann – Szene aus Goethes Faust, « Mitternacht » – Jennifer, Vyvyan Fischer-Dieskau ;  ECO, Britten (Decca)
+ réécoute Harding-BayRSO <3
+ réécoute Abbado-Terfel
+ réécoute Wit-Kortekangas
+ réécoute Harnoncourt-Concertgebouw
(avec partition d'orchestre)

Smetana:  Má vlast – Bamberg SO, Hrůša (Tudor 2016)
→ Beaux cuivres serrés, superbes cordes, grand orchestre assurément et par la légèreté de touche d'un habitué du folklore. Ensuite, je trouve toujours cette œuvre aussi univoque, faite de grands aplats affirmatifs, sans discours très puissant, une suite de grands instantanés grandioses. À tout prendre, dans le domaine du mauvais goût pas toujours souverainement inspiré, l'Alpestre de Strauss m'amuse autrement !




Réécoutes : œuvres

LULLY – Isis (actes III, IV) – Rousset

Pierné – Cydalise & le Chèvre-pied – Luxembourg PO, Shallon (Timpani)
→ Très joli, dans le genre de Dapnis (en plus rond). Le sujet versaillais n'induit pas vraiment d'archaïsmes. Très beau ballet galant et apaisé.

Pierné – La Croisade des Enfants (en anglais) – Toronto SO, Walter Susskind
→ Un peu lisse, en tout cas joué / chanté ainsi.

Pierné – L'An Mil – Peintre, ON Lorraine, Mercier (Timpani)
→ Aplats vraiment pauvres des mouvements extrêmes, mais ce scherzo de la Fête des Fous et de l'Âne est absolument extraordinaire, et illustre de façon éclatante le génie orchestratoire de Pierné – certains éléments, comme l'usage des harmoniques de violon pour créer des résonances dynamiques, sont abondamment réutilisés dans L'Oiseau de feu de Stravinski…

Moulinié: Le Cantique de Moÿse – par les Arts Florissants, William Christie (HM)
→ Toujours pas convaincu par cet corpus qui regarde bien plus vers la Renaissance et la polyphonie assez austère que vers les talents extraordinaires de mélodiste que manifesta par ailleurs Moulinié.

Pfleger – Motets latins – CPO

Kreutzer – La mort d'Abel – Droy, Bou, Pruvot ; Les Agrémens, van Waas (Singulares 2012)
→ six fois

Édouard Dupuy – Concerto pour basson – van Sambeek, Swedish ChbO, Ogrintchouk (BIS 2020)
→ Un des disques les plus écoutés en 2020, pour ma part !  Le thème lyrique et mélismatique du premier mouvement est une splendeur rare. Et ces musiciens sont géniaux (meilleur bassoniste du monde, meilleur orchestre de chambre du monde, dirigés par le meilleur hautboïste du monde…).

Ginastera – Quatuors 1,2,3 – Cuarteto Latinoamericano (Brilliant)
→ Folklore et audace de l'harmonie, des figures… du Bartók à l'américaine (australe).

ANDREAE : String Quartets Nos. 1 and 2 / Divertimento (Locrian Ensemble) (Guild)

Weigl – Quatuors 7 & 8 – Johann Christian Ensemble (CPO)

d'Albert – Quatuors – Sarastro SQ (Christophorus)

Joni Mitchell – Blue (1975)
→ La parenté avec la pensée du lied schubertien me frappe à chaque fois…

PEJACEVIC, D.: Symphony in F-Sharp Minor, Op. 41 / Phantasie concertante (Banfield, Rheinland-Pfalz State Philharmonic, Rasilainen)
→ Symphonie expansive et persuasive, riche !  Pas du tout une musique galante.

Cherubini Messe solennelle n°2 en ré (1811) – Ziesak, Bauer ; Stuttgart Klassische Ph, Bernius (Carus)
Qui tollis a l'aspect de volutes du début du Songe d'Hérode chez Berlioz (source de sa parodie). Et puis marche harmonique très impressionnante.
→ Dans le Sanctus / Benedictus, Hosanna en contraste, façon Fauré, très réussi.
→ Spectre orchestral qui respire beaucoup, réussite de Bernius.

BACULEWSKI, K.: String Quartets Nos. 1-4 (Tana String Quartet) https://www.nml3.naxosmusiclibrary.com/catalogue/item.asp?cid=DUX1238

DOBRZYŃSKI, I.F.: String Quartet No. 1 / MONIUSZKO, S.: String Quartets Nos. 1 and 2 (Camerata Quartet) (DUX 2006)
→ Beau romantisme simple, où se distingue surtout le Premier de Moniuszko.



Réécoutes : versions

Offenbach – Barbe-Bleue (duos de l'assassinat au II, entrée et duel de BB au III)
versions Pelly (Beuron), Cariven (Sénéchal), (Legay), Campellone (Vidal), Harnoncourt
« Le ciel, c'est mon affaire » (Zampa)
« Non dans un vain tournoi, mais au combat mortel » (Robert Le Diable)
« Le ciel juge entre nous » (Les Huguenots)

Mahler – Symphonie n°3 – LPO, Tennstedt (Ica, concert de 1986)

Verdi – La Forza del Destino (adieux et duel de l'acte III) – Del Monaco, Bastianini, Santa Cecilia, Molinari-Pradelli (Decca)
→ Quel verbe, quelles voix, quel feu !
→ (bissé)

Bach – Sonates violon-clavecin – Glodeanu, Haas (Ambronay 2007)
→ Merveille de souplesse, d'éloquence, la pureté et la chair à la fois.

Mahler – Das Lied von der Erde – K. König, Baltsa, LPO, Tennstedt  (EMI)
→ Un peu plus terne, manque de cinétique, un peu décevant. Les couleurs mordorées de Baltsa sont un peu inhibées par son allemand qui paraît moins ardent que son italien ou son français.

Offenbach – Barbe-Bleue (acte III) – Collart, Sénéchal, Peyron… Cariven

Mahler – Symphonie n°2 – Soffel, LPO, Tennstedt  (EMI)
→ Très très bien, mais pas aussi singulier / tendu / abouti que le reste de l'intégrale. Quand même le plaisir de profiter des frémissements de Soffel dans un tempo d'Urlicht ultra-lent.
→ On entend tout de même remarquablement les détails, les doublures, l'ardeur individuelle aussi (quelles contrabasses !). Le chœur chante avec naturel aussi, voix assez droites qui sonnent à merveille ici.

Mahler – Symphonie n°1 – LPO, Tennstedt  (EMI)

Mahler – Symphonie n°4 – Popp, LPO, Tennstedt  (EMI)
→ Excellent aussi.

Mahler – Symphonie n°3 – Wenkel, LPO, Tennstedt  (EMI)
→ Tellement tendu de bout en bout, et très bien capté !

Verdi – Nabucco – Souliotis, Prevedi, Gobbi ; Opéra de Vienne, Gardelli (Decca)
→ Chœur superbement articulé. Splendide distribution. Pas l'accompagnement le plus ardent, mais un sens du pittoresque qui n'est pas dépourvu de délicatesse.

Verdi – Nabucco – Theodossiou, Chiuri, Ribeiro, Nucci, Zanellato ; Regio Parma, Mariotti (C Major)
→ La version moderne idéale de l'œuvre, fouettée et dansante à l'orchestre (vraiment conçue sèche comme un os, aucune raison d'empâter ces harmonies sommaires conçues pour le rebond), chantée avec un luxe et une personnalité très convaincants.

Verdi – Stiffelio – Regio Parma, Battistoni (C Major)
→ La version sans faute de ce bijou trop peu joué.  Comme Traviata, un drame de mœurs contemporain  (l'adultère de la femme d'un pasteur).

Rott  – Symphonie en mi – Radio de Francfort, P. Järvi (RCA)
→ La superposition des deux thèmes du I est vraiment génialissime… et que de traits qui tirent le meilleur de Bruckner et annoncent le meilleur de Mahler !

Korngold – Quatuor n°3 – Flesch SQ (ASV / Brilliant)
Korngold – Quatuor n°2 – Brodsky SQ ()
Korngold – Quatuor n°1 – Franz Schubert SQ (Nimbus)

Verdi:  Aida: Act II Scene 2: O re pei sacri numi (Il Re, Popolo) – Hillebrand, Nikolaus; Bavarian State Orchestra; Muti, Riccardo (Orfeo)

Wagner – Tristan, acte III – Ligendza, Baldani, Wenkoff, Nimsgern, Moll ; Kleiber Scala 1978 (MYTO)






Autres nouvelles parutions à écouter

Suite de la notule.

samedi 6 mars 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 3 : LULLY, Biber, Rameau, Cherubini, Meyerbeer, Dubois, Karnavičius, Hahn, Tauber, Pejačević, Schmitt, Heggie…


À nouveau, brève présentation, communication de mon tableau d'écoutes commenté, et en texte brut son contenu en corps de notule. (Je vous renvoie donc au tableau pour la mise en page la plus lisible.)

Le fichier est ici : format ODS (Open Office) ou XLS (Microsoft Office).

Que retenir des parutions de février ?  (Et de quelques découvertes personnelles hors actualité.)

cherubini faniska borowicz DUX

Opéra
→ Sacrée surprise de la versatile Faniska de Cherubini ;
→ parution moderne (et réussie) d'Ô mon bel inconnu de Hahn ;
→ coffret Orfeo d'opéras rares (Don Giovanni de Gazzaniga, Djamileh de Bizet, Armida de Dvořak, Šarká de Fibich, Thérèse de Massenet, La Bohème de Leoncavallo…) dans des versions pas ultimes mais qui restent abouties ;
Dardanus de Rameau dans une nouvelle version Vashegyi étonnamment stimulante (peut-être la meilleure parue pour cet opéra) ;
Aida parisienne de Verdi sur Arte (remarquablement jouée-chantée, avec Radva Regina) ;
Alimelek de Meyerbeer (certes une déception quant à l'ambition très limitée de la partition, un peu son Abu Hassan à lui).
♦ Hors nouveautés, je me suis régalé en découvrant enfin le Sigurd de Reyer intégral (autrement que sur mon piano), sans coupures : grâce à Nancy (Chaslin, avec notamment Bou en Gunther !), capté sur les genoux et transmis par un amis.
♦ Et réécouté quelques indémodables classiques personnels : Céphale & Procris de Grétry (van Waas), Léonore de Gaveaux (R. Brown), Les Diamants de la Couronne chef-d'œuvre de tout Auber (Colomer), L'Aiglon d'Ibert-Honegger (Nagano).

Récitals
Deux disques incluant des cycles de Jake Heggie qui paraissent à quelques semaines d'intervalle (Songs from the Violins of Hope, Songs for Murdered Sisters), peu après le cycle statuaire avec Jamie Barton.
Remarquable pot-pourri de sucreries tudesques des années 1930, interprétées splendidement (c'est radieux, mais c'est sobre) Mitterrutzner et Poppen.

Sacré
Motets funèbres de LULLY dans la luxueuse interprétation de Fuget, essayant une tension installée dans un fondu orchestral. (Réécoute dans la foulée de García-Alarcón, dont le caractère expansif, déclamatoire et contrasté me séduit considérablement plus.)
Aussi réécouté le Requiem de Foulds et la deuxième Missa Solemnis de Cherubini (par Rilling), deux petites merveilles de l'art sacré.

Orchestral
Tout le monde a loué avec raison la Neuvième de Beethoven par Pittsburgh & Honeck. Parution également sur la chaîne YouTube de la Radio de Francfort de la version originale (deux fois plus longue) de la Tragédie de Salomé de Schmitt, chaleureusement exécutée par Altinoglu.
    Hors nouveautés, je me suis plongé dans la Symphonie en fa dièse de Pejačević, compositrice qui sait charpenter un discours, petite merveille. Et puis je me suis émerveillé de l'art de Hannu Lintu que je connaissais mal (aussi bien dans Vieuxtemps que dans Sibelius), j'ai totalement réévalué les Nielsen de Kuchar (en réalité très vivants et d'une très bonne finition), et ai découvert quelques versions marquantes de Tapiola (A. Davis & Bergen, Lintu & Radio Finlandaise, Rosbaud & Berlin…).
    Et quelques réécoutes de bijoux : Beethoven 9 par Mackerras et l'Age of Enlightenment (on ne fait pas plus net et ardent), Nielsen par Jensen (première intégrale enregistrée, mais d'une ardeur et d'une fermeté d'exécution qu'on n'atteint à nouveau que dans les versions les plus récentes !), les 3 symphonies de Madetoja, Älven (« Le Fleuve ») d'Atterberg (pendant à l'Alpestre de R. Strauss), et la grisante monographie Cecil Coles, pleine de beautés subtiles et très diverses.

Chambre
Simples et beaux Quatuors de Karnavičius. Parution d'un trio avec piano de Pejačević, pas très marquant en soi, mais l'occasion d'aller retrouver dans le fonds CPO son Quintette avec piano et son Quatuor piano-cordes, des merveilles qui ne sonnent en rien galants / mélodiques / limités au divertissement de salon ; de la musique formellement ambitieuse, quoique généreuse mélodiquement. Bijoux.
Autres belles publications, une nouvelle version du Quintette avec hautbois de Dubois (avec Triendl – un peu sérieuse, mais réussie) et une anthologie Santiago de Murcia qui étonne par son choix de pousser l'aspect « improvisé », paraissant réalisé au débotté comme une séance de flamenco.
    Hors nouveautés, plongée dans les sonates pour deux violons, originales et denses, de Leclair (car…) et dans le cycle du Rosaire de Biber par Manze & Egarr, version musicologiquement respectueuse, mais très confortable, sans recherches extrêmes sur le son, et remarquablement phrasée. Très confortable quand on n'est pas d'emblée dans son univers parmi la musique instrumentale baroque d'Europe centrale.

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La légende
Du vert au violet, mes recommandations…
→ * Vert : réussi !
→ ** Bleu : jalon considérable.
→ *** Violet : écoute capitale.
→ ¤ Gris : pas convaincu.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Liste brute :




Nouveautés : œuvres

** HEGGIE, J.: Songs for Murdered Sisters (J. Hopkins, J. Heggie)
→ En cours d'écoute.

** KARNAVIČIUS, J.: String Quartets Nos. 1 and 2 (Vilnius String Quartet) (Ondine 2021)
→ De la tonalité très stable, mais remarquablement écrite, un peu la suite logique des quatuors de Stenhammar. Je ne sais si ça conservera sa fraîcheur à la réécoute, mais grisant (et très accessible) à la découverte !  (1913-1917)
→ Le Quatuor de Vilnius se montre assez fulgurant ici – et généreusement capté.

** Cherubini – Faniska – K. Adam, Poznan PO, Borowicz (DUX 2021)
→ L'œuvre débute comme de l'opéra belcantiste, avec ses rigidités… mais du Cherubini, donc un sens véritable de la déclamation (incluant grands ensembles et mélodrame !), des chœurs très marquants et personnels (le renforcement des cors dans « Di queste selve » !), des efforts d'orchestration patents… Et quand on arrive au final de l'acte I, qui évoque très fortement Fidelio (Faniska a été commandée en 1805, l'année de la première représentation du Beethoven), on se dit qu'on n'a pas commis beaucoup d'opéra italien aussi personnel, composite et exaltant que celui-ci, puisant à toutes les inspirations nationales simultanément !  Les cavatines belcantistes, la grande déclamation à la française, le soin tout germanique de l'orchestration et de la matière musicale pure (l'Introduction du II !) …
→ Comme toujours chez Dux ou avec Borowicz, interprétation pleine de style et de vie, au plus haut niveau. (DUX est l'un des meilleurs labels au monde, peut-être même celui dont la qualité, aussi bien des œuvres retenues que de l'exécution, n'est jamais prise en défaut).

* Thalberg –  L'art du chant appliqué au piano, Op. 70 – Paul Wee (BIS 2021)
→ Belle initiative de graver plutôt l'ensemble que des morceaux choisis comme souvent. Beau son de piano bien timbré et lyrique.
→ Thalberg, ici comme ailleurs, fait plutôt dans la transcription littérale : les mélodies sont utilisées en entier, les répétitions de l'original respectées, un thème accompagné reste un thème accompagné, il ne faut pas du tout en attendre les mutations opérées par Liszt. Dans ce cadre, c'est bien écrit pour le piano et tout à fait plaisant à entendre – mais écouter ça au disque quand on peut avoir les opéras entiers (ou quelquefois des arrangements originaux), ça paraît moins indispensable que lorsque c'était le sel moyen de découvrir ou de faire écho à une soirée.
[Par ailleurs, quand on peut jouer pour soi les réductions piano de ces opéras, le bénéfice d'écouter quelqu'un d'autre jouer les réductions de Thalberg n'a pas un intérêt incommensurable.]

* PEJAČEVIĆ – Trio en ut – trioW (Stefan Welsch, Ingrid Wendel, Katharina Wimmer) (Naxos 2020)
(tiré du disque « Unerhörte Schätze, Musik von Komponistinnen », pas encore écouté)
→ Très vivant postromantisme, très réussi. Mais il faut surtout découvrir le Quatuor avec piano (et le Quintette) chez CPO !

*** Schmitt – La Tragédie de Salomé, version complète originale – Radio Francfort, Altinoglu (YT HRSO)
→ Version pour petit orchestre, qui contient deux fois plus de musique (notamment tout le liant dramatique entre les danses). Œuvre majeure, interprétée ici avec chaleur et couleur.
(Au disque, on n'a que la belle version Davin chez Marco Polo, mais avec le moins chatoyant Philharmonique de Rhénanie-Palatinat).
https://www.youtube.com/watch?v=fmRCZQ2vID4

Biber, Bernhard, JM Nicolai, Fux – Requiem, motets, Sonates – Vox Luminis, Freiburg Baroque Consort, Meunier (Alpha 2021)
→ Cordes rares et très étroites, ce n'est pas fabuleusement chaleureux à écouter, pour mon goût. Le contraste avec le beau chœur (pour autant pas dans son meilleur répertoire / jour) est un peu frustrant.

* Eklund:  Symphony No. 3, "Sinfonia rustica", 5 « Quadri », 11 « Piccola »  –Norrköping SO, H. Bäumer (CPO 2020)
→ 3 : Postromantisme sombre, quelque part entre entre les aplats simples de Schjelderup, les bizarres tintements de la Sixième de Nielsen, les menaces de Chostakovitch (on y entend très clairement le début et la fin de la Cinquième…). Il ne faut pas s'attendre à du pastoralisme ici
→ 5 : Sensiblement même esprit (avec des bouts de la folie d'Hérode chez R. Strauss, mêmes lignes ascendantes bancales de trompettes folles ).

Alfano – Risurrezione – (Dynamic)
→ Opéra vraiment peu exaltant, bâti de façon très prévisible, peu de contrastes ni de couleurs orchestrales. Quand on compare aux symphonies (et encore davantage à la musique de chambre d'Alfano), tout ceci paraît particulièrement incompréhensible.
→ Sans avoir jamais été convaincu qu'il s'agissait d'un chef-d'œuvre, je trouve cette dernière version, quoique très bien chantée, particulièrement peu colorée orchestralement.

Respighi – transcriptions de Bach (Prélude & Fugue, Passacaille & Fugue en utm, Chorals) et Rachmaninov (Études-tableaux) – OPR Liège, Neschling (BIS 2021)
→ Pas très subtilement orchestré, orchestre pas splendide non plus… mais le Choral du Veilleur fonctionne très bien.

** Hahn – Ô mon bel inconnu – Gens, Dubruque, Dolié ; ON Avignon-Provence, Samuel Jean (Bru Zane 2021)
→ Interprétation orchestrale pleine de d'élan, naturel général des interactions, prise de son extrêmement confortable… une œuvre-légère délicieuse qui fonctionne parfaitement ici, ravivée avec esprit.
→ Belles voix pas complètement idéales : l'émission de Gens paraît vraiment  molle pour le registre comique, Dubruque n'a pas énormément de séduction timbrale, Dolié couvre toujours beaucoup trop (toutes les voyelles sont modifiées, fermées, le timbre artificiellement assombri) – pour autant, c'est lui qui manifeste le plus de sensibilité dans l'incarnation de son texte, très réussie.

* MEYERBEER : Wirth und Gast, oder Aus Scherz Ernst [Opera] (Alimelek) (Kobow, Woldt, Stallmeister, Württembergische Philharmonie Reutlingen, Rudner) (Sterling 2021)
→ Un nouveau Meyerbeer en allemand, comme on n'en entend guère, par une superbe équipe (Reutlingen !) et le librettiste du Vampyr ! 
→ Sympathique Singspiel (dont l'ambiance a quelque chose d'une Zauberflöte ou d'un Oberon de Weber qui aurait entendu Rossini et Boïeldieu). C'est agréable, mais rien à voir, jusque dans la langue proprement musicale (les harmonies, les rythmes, l'orchestration, les mélodies, la prosodie…) avec ce qu'il produit pour l'Italie (qui est moins bien) et pour la France (qui est infiniment plus personnel).



Nouveautés : versions

* Liszt – Réminiscences de Norma
(+ Sonate en si + Sonnets des Années de Pélerinage, non écoutes) – Grosvenor (Decca 2021)
→ Très ferme toucher, traits très bien articulés… Capté avec un peu de dureté. Manque un peu de couleur pour mon goût. La maîtrise technique fait toutefois la différence dans le final, absolument flamboyant, où l'abondance de traits ne rallentit en rien l'énonciation de la mélodie du bûcher. Bravo.

*** Tauber, Hans May, Carste, Grothe, Ernst Fischer, Winkler, Cottrau, Stolz, Sieczynski, Kalman, De Curtis, Ralph Erwin, Spolianski, Karl Böhm, Marini, Tosti, Capua – « Heut' ist der schönste Tag - Tenor Hits of the 1930s »Martin Mitterrutzner, German Radio Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic. C. Poppen (SWR Classic 2021)
→ Sobre (malgré tout) accompagnement de l'excellent Poppen, et voix splendide de cet élégant ténor ferme, plutôt léger mais assez glorieux, ne négligeant pas l'art (sacrilège) du fading !  Superbe album dans ce genre, si l'on n'a pas peur du sirop (moi un peu, on se lasse vite).

* Weber – Der Freischütz (extraits !) – van Oostrum, Barbeyrac, Baykov ; Skerath, Immler ; Insula Orchestra, Équilbey (Erato)
→ Quelle étrange chose, un disque de 80 minutes qui ne contient que les moments de bravoure (ouverture, pantomime de la fonderie, airs), pas de dialogues et très peu d'ensembles… mais complété par un DVD documentaire sur la production. Pourquoi faire ?
→ Dommage, production très réussie (incluant la magie, très adéquate ici), couleurs superbes (et individualités musiciennes !) de l'orchestre sur instruments, très beau plateau (Agathe en particulier). Cela méritait une diffusion de l'intégrale…

* MURCIA, S. de: Baroque Guitar Music (Entre dos almas) (Stefano Maiorana) (Arcana 2021)
→ Jeu très généreux et mélismatique, évoquant davantage une improvisation de flamenco. Accord surprenant (quel tempérament utilisé ?), jeux de distorsion, bruits de caisse…

** Verdi – Aida – Radvanovsky, Kaufmann, Tézier ; Opéra de Paris, Mariotti (Arte Concert 2021)
→ Amants absolument merveilleux, souples et nuancés tout en restant glorieux. Orchestre très bien mis en valeur par Mariotti. Entourage impeccable. Un plaisir.

** Rameau – Dardanus version de 1744 – Wanroij, Santon, Dubois, Christoyannis, Dolié ; Orfeo O, Vashegyi (Glossa 2021)
→ Vocalement, vraiment pas ce que je voudrais entendre ici (Dolié outrageusement couvert, Christoyannis en petite forme, peut-être à cause de la tessiture basse du rôle), à l'exception de Dubois qui, avec son timbre grêle et perçant, rayonne à sa façon.
→ Mais l'excellente surprise vient de Vashegyi qui, malgré des couleurs un peu grises, insuffle une véritable animation, même aux récitatifs plus convenus et aux airs longs. Contrairement à ses autres Rameau et aux pastorales un peu dénervées qu'il a faites ces dernières années, un véritable sens dramatique se déploie. Peut-être bien la meilleure version de Dardanus à ce jour, si l'on considère l'effet d'ensemble !

** Beethoven – Symphonie n°9 – Pittsburgh SO, Honeck (Reference Classics 2021)
→ Très allégé et informé, extrêmement vif dans le premier mouvement, interprétation très tendue, pleine de détails d'orchestration, d'explosions, de fièvre !  Du vrai Beethoven.
→ Le final est très beau, mais m'accroche moins, trop de timbre, de maîtrise peut-être.

* LULLY – Dies iræ, De Profundis, O Lachrymae – Les Épopées, Fuget (Château de Versailles)
→ Captation également disponible en vidéo chez Arte. → Son très profond d'un vaste orchestre, solistes ***** (Lefilliâtre, Auvity, Goubioud, Mauillon, Arnould, Brès…). Sur le choix esthétique, un peu difficile de passer après les mêmes motets l'an dernier par Millenium Orchestra et García Alarcón : chez Fuget tout est très fondu (et poisse un brin, acoustique de la Chapelle Royale aidant), là où la respiration, la discontinuité, l'éclat, la déclamation triomphante prévalaient de façon saisissante chez Alarcón (de loin le plus beau disque de grands motets de LULLY, il faut dire – qui avait marqué le millésime 2020).
→ La vidéo, très bien filmée, apporte un supplément en voyant tout ce monde frémis à l'unisson !




Nouveautés : rééditions

** Gazzaniga (DG), Bizet (Djamileh), Dvořák (Armida), Fibich (Šarká), Massenet (Thérèse), Leoncavallo (La Bohème) – « Opera Rarities » – (Orfeo)
→ Coffret contenant ces œuvres intégrales (passionnantes) dans de belles versions (pas les meilleures, certes). Il doit cependant manquer les livrets, certains se trouvent en ligne (mais pas sûr pour La Bohème et à peu près sûr que non, hors monolingue, pour Armida.





Autres nouvelles écoutes : œuvres

** PEJACEVIC, D.: Symphony in F-Sharp Minor, Op. 41 / Phantasie concertante (Banfield, Rheinland-Pfalz State Philharmonic, Rasilainen)
→ Symphonie expansive et persuasive, riche !  Pas du tout une musique galante.

* VIEUXTEMPS, H.: Violin Concerto No. 4 (Hahn, Bremen Deutsche Kammerphilharmonie, P. Järvi) (DGG 2015)
→ Final exceptionnellement virtuose. Un peu plus superficiel musicalement aussi, trouvé-je.

*** Pejačević – Quintette piano-cordes, Quatuor en ut, Quatuor piano-cordes  – Sine Nomine SQ, Triendl (CPO 2012)
→ Quintette : Belles modulations, beau lyrisme du mouvement lent, dernier mouvement virevoltant !  Postromantisme enrichi de recherches début XXe chez cette compositrice croate.
→ Beau quatuor à cordes apollinien.
→ Quatuor piano-cordes : très marqué par Debussy et Fauré, une petite merveille très frémissante et prenante, à rapprocher par exemple de ceux de Chausson et Fauré (n°1).
→ Cordes du Sine Nomine pas fabuleuses (manquent vraiment de fermeté et de mordant, grincent un peu).

*** Reyer – Sigurd (version intégrale) –  Bou ; Opéra National de Lorraine Nancy, Chaslin (bande pirate sur les genoux)
→ Première présentation de l'œuvre sans coupures ! 

* Cherubini:  Mass in A Major de 1825 pour le Couronnement de Charles X – Cologne Radio Chorus; Cappella Coloniensis; , Gabriele Ferro (Capriccio)

* Emilie Mayer – Quatuor piano-cordes – Mariani PiaQ (CPO 2017)
→ Chouette. Manque quand même d'un petit quelque chose de marquant.

* Foulds – Le cabaret Overture // Pasquinades symphoniques // April-England // Hellas // 3 Mantras – LPO, Wordsworth (Lyrita 2006)
→ Des choses sympathiques, mais globalement surtout marquant du côté des Mantras.

Rangström – Symphonies n°3 & 4  – Norrköping SO, Mikhaïl Jurowski (CPO)
→ La 3 : sombre ostinato et structure simple favorisant la mélodie simple, je pense à Libertas venit de Hendrik Andriessen, petite merveille… mais en moins prégnant.
→ La 4 : là encore de grands aplats pas très complexes structurellement malgré une harmonie travaillée. Pas totalement séduit par cette alternance de blocs en pleins et en creux, un brin sommaire (et en tout cas, dans ses effets de contraste, peu propice au disque).

* Rangström – Intermezzo Drammatico – Norrköping SO, Mikhaïl Jurowski (CPO)
→ Simple mais persuasif et personnel. Par moment un côté danses de Salomé chez Schmitt…

FOULDS, J.: Dynamic Triptych / April England / April England / The Song of Ram Dass (Donohoe, City of Birmingham Symphony, Oramo)
→ Aimable, galant, moins nourrissant que l'autre monographie.

** LECLAIR, J.-M.: Sonatas for 2 Violins (Complete) - Opp. 3 and 12 (Ewer, LaMotte) (Dorian Sono Luminus 2014)
→ L'opus 3 n°1 est celui qui figure, sur la gravure-portrait de Leclair tirée d'un pastel… Après avoir passé en revue ses partitions, j'ai fini par trouver l'extrait assez substantiel qui apparaissait dans ses mains…
→ Ce n'est pas la seule raison pour laquelle écouter ces duos qui font figure de sonates en trio sans basse continue !

LECLAIR,
J.-M.: Sonatas for 2 Violins, Op. 3, Nos. 1-6 (Hoebig, Stobbe) (Analekta 2018)
→ Un peu lourd.

* Rangström – Symphonie n°1 – Norrköping SO, MIkhaïl Jurowski

** FOULDS, J.: 3 Mantras / Mirage / Lyra Celtica / Apotheosis (City of Birmingham Symphony, Oramo)
→ Très varié et réussi. Les Mantras en particulier, ou la Lyra qui inclut un soprano sans texte. Même la concertante (avec violon) Apotheosis me touche beaucoup (l'élan majestueux au centre de son Andante !).

*** Foulds – World Requiem – BBC SO, Botstein (Chandos)
→ Très varié et expansif, remarquable écho (moins idiosyncrasique, certes) au War Requiem.



Autres nouvelles écoutes : interprétations

** Cherubini – Missa solemnis n°2 en ré mineur – Rilling (Hänssler)
→ Très bel ensemble remarquablement écrit, comparable au style de ses requiems (riches en prosodie, travaillés sur la déclamation et au besoin le contrepoint), mais avec des solistes très bien mis en valeur. Le tout joué avec la rondeur et la rhétorique dramatique formidable de Riling.
* Meyerbeer – « Meyerbeer in France » – Thébault, Pruvot, Sofia PO, Talpain (Brilliant 2016)
→ Très beau disque (cette précision d'articulation orchestrale dans du Meyerbeer, c'est pas tous les jours !). Pruvot magnifique, Thébault plus problématique (timbre peu dense, aigus un peu criaillés).
→ Les extraits choisis sont pour large part de l'ordre décoratif, pas nécessairement le meilleur du compositeur, mais joli voyage néanmoins, atypique !:

* Leroy Anderson, Typewriter Concerto
→ Dans le style Wolf-Ferrari…

* Vieuxtemps:  Violin Concerto No. 5 in A Minor, Op. 37, "Gretry": –  Corey Cerovsek ; Lausanne Chamber Orchestra :  Lintu, Hannu (Claves 2008)
→ L'Adagio cite le duo d'amour Isabelle-Alonze de l'acte II ?  D'où le nom ?
→ Superbe version pleine de vie.

* Sibelius 5, Radio Finlandaise, Lintu (DVD)
→ Très beau, remarquable progression, mais quelques moments qui manquent d'angle, d'ampleur, de relance épique – en particulier les appels de cor du dernier mouvement, étrangement allentis et lissés, ce qui ne manque pas de grâce, mais un peu d'apothéose comme ce l'est usuellement… Néanmoins, splendide final sur le bout des pieds, très étonnant.

* BIBER – Sonates du Rosaire – Manze, Egarr (HM 2004)
→ Superbement phrasé, version HIP sans trop d'acidité / aridité, assez confortable pour moi qui ne suis pas toujours à l'aise avec cette ensemble monumental que j'ai peut-être tort d'écouter d'une traite… Variations et traits de virtuosité (écrits par Biber) impressionnants.
→ La Présentation au Temple, le jeune Jésus préchant, le Christ au Pilier, Crucifixion me touchent tout particulièrement… Version ou maturation de ma part, l'impression d'enfin accéder à l'œuvre !
 
*** Sibelius:  Tapiola – Radio Finlandaise, Berlin, Rosbaud (Ondine)
 
* Sibelius:  Tapiola – Radio Finlandaise, Lintu (Ondine)

* Williams – Star Wars VII – CD de la BO
→ La qualité a bien baissé. Hors le thème de Rey, très réussi, vraiment de la tapisserie sage et de la fanfare pétaradante. Dommage, quelle distance avec l'art consommé des IV et V.

CHERUBINI, L.: Mass No. 2, "Messe Solennelle" en ré mineur (Wiebe, Jungwirth, Orrego, Friedrich, Munich Motet Choir, Munich Symphony, Zobeley)
 
** Sibelius:  Tapiola, Op. 112 – Royal Stockholm Philharmonic Orchestra; Davis, Andrew (Finlandia)
 → Très belle surprise, très belle couleur. Toujours un peu extérieur à l'œuvre répétitive et très cordée.

** Nielsen – Symphonie n°2 – Janáček PO Ostrava, Kuchar (Brilliant)
→ En réalité vraiment très bien, nerveux, belle finition, j'avais beaucoup sous-estimé cette intégrale je crois.

Nielsen
– Symphonie n°1 – Stockholm RPO, Tor Mann (fin 40s début 50s)
→ Pas en place, orchestre dépareillé, tout le monde joue comme il peut cette musique hautement inusuelle, sous l'étiquette « Nielsen's Prophet in Sweden »… Je ne suis pas sûr de détester complètement (quelle typicité des bois, tout de même !), mais c'est clairement très loin des standards professionnels qu'on attend désormais (voire des bons amateurs d'aujourd'hui…).

* Sibelius – Symphonie n°7, Tapiola – Atlanta SO, Spano (ASO Media)
→ Étonnante lecture frontale et voluptueuse, avec un sens dramatique primaire, un côté verdien – qui rappelle l'énergie communicative de ses incroyables récentes symphonies de Bruch. Dans Sibelius, c'est exotique mais pas du tout inopérant.

* Sibelius – Symphonie n°5 – Berliner Philharmoniker,  Rattle (Berliner Philharmoniker)
→ Très vivant. Un excellent souvenir de la version vidéo (assez ultime), assez étonné par les timbres plus étroits ici (cordes délibérément sèches, mais trompettes un peu nasillardes, étonnant). Bois toujours aussi vertigineux.
+ final Maazel Pittsburgh, Karajan Philharmonia, Karajan Berlin, Bernstein Vienne

* Sibelius – Symphonie n°4 – Berliner Philharmoniker,  Rattle (Berliner Philharmoniker)
→ Étrangement, je ressens un petit manque de soyeux des cordes ici. Mais l'ascétisme, la transparence, les couleurs, sont magnifiques.

* Sibelius – Symphonie n°7, Océanides, Symphonie n°5 – LSO, C. Davis (LSO Live)
→ Tiré de la troisième intégrale de Colin Davis, la seconde avec le LSO.
→ La Septième, malgré des cuivres un peu massifs par endroit, se distingue par sa remarquable suspension et sa cinétique permanente. Son large, typiquement du dernier Davis. La Cinquième manque un peu de folklore à mon gré, évidemment, mais sans comparaison avec ses deux précédentes intégrales plutôt conformistes et ternes.

* Sibelius – Symphonie n°6 – Berliner Philharmoniker,  Rattle (Berliner Philharmoniker)
→ Cordes droites, peu vibrées, étonnant début très résonant quoique soyeux. Manque un peu de tension sur la durée pour moi, j'en avais un meilleur souvenir (d'après la version vidéo : je découvre sa déclinaison CD).

Sibelius – Symphonies n°3 – Stockholm RPO, Ashkenazy (Exton)
→ Oh, un peu décevant ici, niveau plus juste de l'orchestre que ce qu'il est habituellement, ou que la concurrence.

Sibelius – Symphonies n°2,3 + Night Ride & Sunrise – Radio Finlandaise, Saraste (RCA)
→ Intégrale de studio antérieure à l'intégrale Finlandia, elle vient d'être rééditée après une longue indisponibilité.
→ Autant je trouvais la version Finlandia structurellement singulière, exaltant les transitions en une sorte de nuage permanent (plutôt que d'appuyer sur la mélodie), autant je trouve cette lecture beaucoup plus traditionnelle et assez peu grisante : comme pour Salonen, les timbres captés par RCA paraissent vraiment mats et sans résonance. À côté de l'explosion des couleurs dans les grandes versions récentes (Oramo, Rattle, Storgårds…), c'est un peu frustrant, et en tout cas pas vraiment indispensable.

* Lully – Dies iræ, Te Deaum – Allabastrina, E. Sartori (Brilliant)
→ Spectre sonore à l'italienne (peu de corps dans les parties intermédiaires, respiration du spectre), qui fonctionne très bien, avec beaucoup d'élan et de solennité.




Réécoutes : œuvres

** Kreutzer – La mort d'Abel – Droy, Bou, Pruvot ; Les Agrémens, van Waas (Singulares 2012)
→ trissé

*** Coles – Fra Giacomo…

*** HONEGGER, A. / IBERT, J.: Aiglon (L') [Operetta] (Gillet, Barrard, E. Dupuis, Guilmette, Lemieux, Sly, Montréal Symphony, Kent Nagano) (Decca 2016)

*** Foulds – World Requiem – Charbonnet, Wyn-Rodgers, Skelton, Finley ; Hickox (Chandos)

*** Auber – Les Diamants de la Couronne – Colomer (Mandala)
→ Sommet du livret haletant (merci Scribe) et d'une musique divertissante pourtant pleine de modulations, d'ensembles travaillés, de surprises… Un des plus beaux opéras comiques jamais écrits. (Peut-être même le plus beau en langue française…)  Distribution fabuleuse et orchestre audiblement passionné. Mise en scène tradi pleine de vie.

** Gaveaux – Léonore ou l'amour conjugal – Mc Laren, Richer, Côté, Lavoie ; Opéra Lafayette, Ryan Brown (bande-son du DVD Naxos 2019)

*** Grétry – Céphale & Procris (actes I & II) – van Waas (Ricercar)

** Madetoja – Symphonies 1 & 3 + Suite Okon Fuoko – Helsinki PO, Storgårds (Ondine)
→ Bissé.

*** Madetoja – Symphonie n°2 – Helsinki PO, Storgårds (Ondine)

** Atterberg – älven – Hanovre, rasilainen (CPO)



Réécoutes : versions

* Rameau – Dardanus – Edda-Pierre, Gautier, van Dam, Soyer ; Leppard (Erato)

* Rameau – Dardanus – Arquez, Richter, Buet, Fernandes, Devieilhe, De Negri ; Pygmalion, Pichon (Alpha)

*** Beethoven – Symphonie n°9 – Enlightenment Mackerras (Signum)

* Sibelius – Symphonie n°5 – NZSO, Inkinen (Naxos)
→ Vraiment une très belle exécution, le meilleur volume de cette excellente intégrale. Dernier mouvement très réussi (à part la perte de tension à la fin du mouvement), premier mouvement doté de très belles couleurs et de très beaux équilibres, même si certains accompagnements paraissent un peu plats et certaines syncopes un peu inconfortables.

* Nielsen – Symphonie n°3 – Ireland NSO, Leaper (Naxos 1995)
→ Intégrale que j'adore, parmi les moins luxueuses orchestralement, mais d'un esprit et d'une tension assez fous, parmi les meilleurs. Pas à son sommet dans la Troisième plus étale, qui appelle davantage la volupté sonore, mais toujours ces merveilleuses qualité.

Nielsen – Symphonie n°3 – BBCPO, Storgårds (Chandos)
→ Contrairement à son Sibelius, je trouve leur Nielsen beau mais assez froid, cherchant plus la maîtrise et la chatoyance que l'esprit. Même un peu frustré par cette Troisième.

** Nielsen – Symphonie n°1 – Radio Danoise, Jensen (Naxos, remastering 1952)
→ Splendide restauration pour une version remarquablement maîtrisée, au trait fin et nerveux, bâtie avec grande clarté et sens des progressions, pourvue de belles couleurs… parmi les plus convaincantes de la discographie, malgré son âge vénérable (sachant que les propositions réellement satisfaisantes pour Nielsen sont presques toutes arrivées à partir de la fin des années 90…).
→ Je n'en avais pas du tout un souvenir aussi enthousiaste !

Nielsen – Symphonie n°1 – LSO, Ole Schmidt
→ Bien, mais vraiment en deçà du potentiel de cette musique.

*** LULLY – Dies iræ, De Profundis, Te Deum – Junker, Wanroij, Auvity, Lenaerts, Buet ; Millenium O, Alarcón (Alpha 2019)




Autres nouvelles parutions à écouter

→ GRAUPNER, C.: Easter Cantatas (Jerlitschka, S. Hübner, J. Hill, Capella Vocalis Boys Choir, Pulchra Musica Baroque Orchestra, Bonath)
→ Schulhoff Intégrale des Lieder. Sunhae Im, soprano ; Tanja Ariane Baumgartner, mezzo-soprano ; Hans Christoph Begemann, baryton ; Britta Stallmeister, soprano; Klaus Simon, piano ; Delphine Roche, flute ; Myvanwy Ella Penny, violon ; Filomena Felley, alto ; Philipp Schiemenz, violoncelle .
→ clarinette copland bernstein rozsa orchid
→ étienne richard fabien armengaud
→ Jake Heggie: Songs for Murdered Sisters Joshua Hopkins
→ HEISE, P.A.: Drot og marsk (Royal Danish Opera Chorus and Orchestra, Schønwandt)
→ frid quintet
→ beethoven aquileia
→ breath angels
→ Stanchinsky: Piano Works Peter Jablonski
→ Antti Auvinen & Sampo Haapamäki: Choral Works Helsinki Chamber Choir 
→ Michael Jarrell: Orchestral Works Tabea Zimmermann
→ John Mayer & Jonathan Mayer: Orchestral Works Sasha Rozhdestvens
→ kontski piano sonatas anna parkita
→ daniel jones symphs 3 5 lyrita thomson
→ Bergson: Orchestral Works Jonathan Plowright
→ vlagiderov cctos
→ Holmboe quats vol. 1 nightingale SQ
→ carte postale royaumont bunel
→ tempesta di passaggio : solo pour cornetto
→ gál 'hidden treasures' lieder inédits immler deutsch
→ british music strings I pforzheim
→ schnittke daniel hope
→ kalafati piano
→ respighi transcriptions
→ eccles semele
→ maconchy , lefanu, swayne « relationships » violon piano
→ alex freemann, requiem (BIS)
→ Cesti, La Dori
→ hasse enea in caonia
→ ruders, nørgård, violoncelle solo
→ Grigory Krein piano
→ F.G. Scott piano
→ worgan harpsichord julian perkis chez toccata
→ Goldmark vol 2, mokranjac piano, the laundy grondahl legacy, graun orchestral, trattamento dell'harmonia, platti chamber, marx mosè
→ farkas chamber, braga santos, chamber 3, telemann christmas cantatas CPO, jenner piano
→ Johan Nepomuk David : intégrale des trios à cordes (David-Trio), chez CPO.
→ fra diavolo strade napoli
→ Schulhoff Flammen very vermillion billy
→ stikhina salomé  https://www.youtube.com/watch?v=YU0jlgd9Pas
→ clair-obscur piau
→ kopatchinskaja (plaisir illuminés)
→ ballades vinnitskaya
→ fanciulla foster
→ musicalische exequien
→ haydn 76 chiaroscuro
→ buxtehude par Les Timbres
→ locatelli concertos violon gringolts helsinki baroque
→ catoire chambre & concerto, triendl
→ messiaen 20 regards chen
→ beethoven solemnis jacobs
→ ariadne botha schmeckebecher
→ telemann ouvertures, orfeo barockorchester
→ telemann concerti camerata köln
→ josquin 7e livre, visse
→ weinberg 2,5,6 arcadia SQ
→ nouvel an 2021 muti
→ bagatelles beethoven feltsman
→ boffard beethoven berg boulez
→ krieger 12 sonates en trio
→ pettersson symph 12 lindberg



Projets d'écoutes ou réécoutes pour les semaines à venir

tout DUX, tout CPO

Jēkabs Jančevskis - Chœurs
Mäntyjärvi - Chœurs
Foulds - Quatuors
SEHS

heggie violins of hope
pejavevic symph réécoute

vieuxtemps cctos vcl CPO
vieuxtemps cctos vln davin

nielsen jensen
nielsen kuchar
nielsen bernstein

« Flury. Son quatuor No. 5 est bien ficelé dans une optique assez traditionnelle, le No. 6 possède un II d'une grande mélancolie et déploie un cœur suspendu dans le III à fondre. Le No. 7 est peut-être le plus intéressant, qui démarre en fugue à quatre voix avant de virer à une pièce romantique tout en pizzicatti. Ces deux derniers sont couplés avec une suite pour orchestre à cordes assez déconcertante (III), variée (Atterberg dans le II, marche instable dans le IV) qui ne manque pas de sel. Le quintette pour piano, bien que souvent d'un sentimentalisme parfois caricatural, n'aura pas dépareillé avec les pièces ultra-lyriques écoutées récemment. Plaisir sûrement coupable mais plaisir malgré tout. »

« Plus ancien et susceptible de te plaire, Bargiel. Le deux premiers quatuors évoquent Beethoven, respectivement opus 18 et 59, les troisièmes et quatrièmes sont plutôt d'obédience Schumann/Brahms/Mendelssohn (même si j'ai pensé aux gémissements utilisés par Onslow au début du No. 4). Plus sophistiqués, moins immédiats en ce qui me concerne, avec un pathos un peu forcé parfois, mon goût désordonné ne doit pas empêcher d'y trouver maintes satisfactions. Mais c'est bien son octuor, d'une noirceur incroyable, qui m'a cueilli et que j'enjoins d'essayer sans attendre. Sa symphonie est au menu prochainement, je ne saurais rien en dire à l'heure actuelle.  »

« Blackford, des choses passionnantes dans tous les registres. En musique de chambre, ses Hokusai Miniatures aux atmosphères variées et particulièrement évocatrices. À l'orchestre, outre sa réorchestration du Carnaval de Saint-Saëns et sa propre symphonie pour animaux qui mange à tous les râteliers (de Rautavaara à Williams), son concerto pour violon Niobe avec des vrais morceaux de Banks et de Szymanowski m'a fortement convaincu. »

(vous aurez reconnus les conseils personnalisés de Mefistofele)

hausegger, graener

cherubini messes

lintu

goetz quintette triendl

wolf-ferrari (segreto, etc.)

respighi vetrata, metamorphoseon
Den Utvalda rangström nylund schirmer

cctos violon : st-sns, godard, vieuxtemps, graener goetz, børresen

vieux temps hahn, vcl cctos

scriabine symph 1

FOULDS, J.: Dynamic Triptych (Shelley, Royal Philharmonic, Handley)

foulds chambre quartetto intimo

nielsen bo holten vocal

leclair

kirchner quatuor piano

CHAYNES, C.: Visions concertantes / 4 Poèmes de Sappho (Mesplé, Ponce, Trio à cordes Français, Toulouse Chamber Orchestra, Armand)
Rangström : Havet sjunger, Bön till natten, Partita

RANGSTRÖM, T.: Sånger (Hagegard, Scheja)

elisir : dalla benetta De Marchi, valletti bruscantini gavazzeni, bonney winbergh panerai ferro, gigli taddei gavazzeni,
Jules Massenet (1842-1912) :

Le Carillon, ballet ; Richard Bonynge, National Philharmonic Orchestra (Decca, avril 1983)

Opéra Oleg Prostitov "Ermak"
stanford R. Williams
gubaidulina quat 1
tichtchenko 4,3
schnittke rubackyte
Lokshin - Variations for piano - Maria Grinberg, piano
schoeck piano ritornelle
jacques mercier sony
adamek https://www.youtube.com/watch?v=xOPdjCxHJ8A
requiem verdi, gounod (+ mors et vita)
krug https://www.youtube.com/results?search_query=arnold+krug
lully alarcón
hartmann rickenbacher nimsgern n°2
bax avec pttn, rott avec pttn
Jekabs Jančevskis : Aeternum and other works (Jurģis Cābulis /Riga Cathedral Choir School Mixed Choir)
Jaakko Mäntyjärvi : Choral music (Stephen Layton / Choir of Trinity College Cambridge)
→ boutsko : i]Nuits blanches[/i] ([i]Белые ночи[/i]
lebendig begraben nagy
ina boyle
diamants couronne paul paray
zaderatski : sonates, préludes
→ keuris laudi, michelangelo, antologia…
→ roy harris symph 3, symph 5, ccto violon
→ Alexander KASTALSKY (1856-1926), Requiem for Fallen Brothers (1914-1917)
→ Musgrave Helios, ina boyle
Tournemire : Symphonie Sacrée (van der Ploeg)
→ børresen ccto vln par garaguly
→ weber : mélodies italiennes, lieder
diogenes SQ
CPO
kalliwoda 2, kalliwoda 5 spering
kallstenius 1
kozeluch moisè in egitto
Maconchy, compositrice Symphony for double string orchestra
Lajtha: Symphonie n°1/Pasquet
→ reinecke dornröschen
→ Let There Be Cello
→ Bainton 3, Ruth Gippz 4
→ consortium classicum (moscheles, tribensee)
→ DUSSEK, J.L.: Piano Sonata, Op. 43 / MOSCHELES, I. / CRAMER, J.B. / HUMMEL, J.N. / KALKBRENNER, F.: Variations on Rule Britannia (M. MacDonald)




(Notule réalisée les yeux pleins de roman auvergnat et provençal. Parce que la vie de certains a du style.)

mercredi 10 février 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 2 – contemporains de Beethoven (inspirés en plus) : Gossec, Salieri, A. Romberg, Druschetzky, Dotzauer, A. Vranický, Vorišek, Rejcha…


Cette fois-ci, je tente d'inclure mes commentaires (au format brut, pour gagner quelques heures de mise en page) dans la notule en plus de renvoyer vers le tableau – considérant que la précédente livraison n'a suscité aucune réaction, j'en déduis que le format était moins pratique. Pour autant, je souhaite conserver mon temps de notulage pour les sujets gourmands en énergie que j'ai décidé de favoriser cette année. Donc pas d'apprêts, mais le contenu brut en annexe du corps de notule, en plus du tableau mis en page que vous pourrez toujours récupérer.

Que retenir de la seconde moitié de janvier et de la première de février ?

andreas_romberg_symphonies_phion

Beaucoup de contemporains de Beethoven remarquablement en verve : Gossec (La Nativité), Salieri (Armida), A. Romberg (Symphonies 1 & 2), Quatuors hautbois-cordes de Dotzauer (et Druschetzky), concertos d'Antonín Vranický (deux altos), Rejcha (cor), Vorišek (triple), un rare de Beethoven (violon en ut).

Côté interprétations, de très belles versions de symphonies de Haydn (Gardino-Antonini), Beethoven (n°3, ONDIF-Scaglione), Sibelius (n°3, Bergen-Gardner), de motets de Josquin (Stile Antico), d'airs sacrés divers (Rebeka), d'arie verdiane (Tézier). Et même une nouvelle version du Quintette avec hautbois de Dubois, par Triendl !

Hors nouveautés, je me suis régalé des Victoria de The Sixteen (pureté, souplesse, expression verbale, résonance !), des lieder chambristes bizarres de Schoeck, des mélodies et poèmes symphonies de Cecil Coles, de la musique symphonique de Heiniö.

Et puis dans mes réécoutes, Corrette (le Phénix), Vaňhal (Double concerto pour bassons), Kreutzer (La mort d'Abel), Ropartz (Requiem) et tant d'autres choses.

Le fichier est ici : format ODS (Open Office) ou XLS (Microsoft Office). J'espère qu'il vous sera lisible et utile.

La légende
Du vert au violet, mes recommandations…
→ * Vert : réussi !
→ ** Bleu : jalon considérable.
→ *** Violet : écoute capitale.
→ ¤ Gris : pas convaincu.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

Liste brute :




Nouveautés : œuvres

** A. Romberg – Symphonies 1,2 + Ouv Die Großmut der Scipio – Gelderland & Overijssel O, Kevin Griffiths (CPO déc. 2020)
→ Très belles œuvres postclassiques, d'une grande fluidité, pourvues de belles intuitions mélodiques.
→ Kevin Griffiths est beaucoup plus convaincant que l'autre Griffiths qui officie chez CPO avec une tendance à l'interprétation tradi un peu trop prononcée. Bel orchestre aussi, plein de moelleux, et splendidement capté comme toujours chez CPO.
→ Écouté six fois de suite.

** Gossec – Nativité (La) / Christe Redemptor / Messe des Morts – Ex Tempore, Les Agrémens, Mannheimer Hofkapelle, Heyerick (CPO 2021)
→ Palpitations pastorales de l'Aurore dans Céphale & Procris. Un des airs du Triomphe de la République en est repris.
→ Un peu déçu par le Requiem, déjà pas du niveau de sa haute réputation à mon sens, et assez peu saisissant dans cette interprétation à la fois sèche et très aérée.

* Lalande – Les Fontaines de Versailles + Concert d'Esculape – Boston Early Music Festival Vocal & Chamber Ensemble, O'Dette, Stubbs (CPO 2021)
→ Fontaines : Œuvre sympathique et interprétation un peu formelle comme souvent chez les baroqueux de Boston. Pas prioritaire, mais agréable découvertes.
→ Esculape : Débute par une ouverture-chaconne, et réjouissances assez plaisantes (« Chantons » façon Prologue d'Armide). Musicalement du moins, car le texte reste de la pure louange.

Saint-Saëns – Music for Wind Ensemble (Royal Air Force College Band, Märkl) (Naxos 2021)
→ Marches diverses, arrangées pour orchestre d'harmonie. Du Saint-Saëns pittoresque ranscrit sans cordes, donc. Sympa.

* Friedrich Dotzauer, Charles Bochsa, Georg Druschetzky, Alessandro Rolla, Johann Christian Bach, Mozart Quatuors avec hautbois, « Around Mozart :. A Journey Through the Golden Age of the Oboe Quartet » – Quartetto Bernardini (Arcana 2021)
→ Assez strident hautbois (d'époque, j'ai l'impression), œuvres assez légères et pas très nourrissantes. Celle qui retient vraiment mon attention est due à Dotzauer, plus dense.

Alkan – Paraphrases, Marches & Symphonie for Solo Piano, Op. 39 – Mark Viner (Piano Classics 2021)

** « Passacaglia della vita » – Cembaless (Naxos 2021)
→ Passacailles vocales espagnoles, italiennes, allemandes, avec grande générosité de percussions. Absolument délicieux !

** Antonín Vranický Concerto pour deux altos, Rejcha « Solo de Cor Alto », Vorišek Grand Rondeau Concertant pour piano violon violoncelle, Beethoven concerto pour violon en ut (fragment), dans la série « Beethoven's World » – Radio de Munich, Goebel (Sony)
→ Suite de l'incroyable parcours de Goebel qui documente des compositions concertantes et orchestrales de contemporains de Beethoven, avec des pépites (Clément, Romberg, Salieri…). Ici, très beau double concerto de Vranický, grandes pièce de Rejcha aux belles mélodies…

** Salieri – Armida – Ruiten, Valiquette, Iervolino, ashley Riches, Les Talens lyriques, Rousset (Aparté 2021)
→ Enchaînements très fluides et tournures assez originales et vivantes, encore un opéra personnel et réussi du meilleur compositeur de son temps !
→ Puissamment original dans le cadre formel italophone d'alors, laissant les airs à da capo au profit d'une réelle continuité du discours musical, faisant la part belle aux ensembles.
→ Belle distribution (Renaud comme Armide sont tenus par des sopranos !), en particulier le baryton Ashley Riches extrêmement charismatique (et très très beau vocalement).



Nouveautés : versions

* Debussy  – Pelléas – Eröd, Keenlyside ; Marelli, Vienne, Altinoglu (2012, diffusion en flux de l'Opéra 2021)
→ Très bon français d'Eröd et de tout le plateau (Keenlyside un peu court en médiums graves pour Golaud). Pas très convaincu par certains détails de la mise en scène qui a servi aussi avec Bernard Richter – la grotte dans la barque est sympathique, mais la fin du duo d'amour du IV gâché par l'attente du coup fatal de Golaud, sans rien de la course éperdue.

** Verdi – Airs pour baryton – Tézier, Bologne, Chaslin (Sony 2021)
→ Très beau et maîtrisé. Reste la réserve du petit empâtement et de la couverture un peu épaisse à mon goût (et du vibrato un brin blanchi par endroit), mais vraiment très belle tenue vocale (mordant, patine…), et assez expressif, sur une sélection intéressante (Ford, Renato, Macbeth notamment).
→ Très impressionné aussi par l'engagement verbal, pas si fréquent dans un récital, et pas vraiment le point fort de Tézier d'ordinaire. Ici tout semble très vécu, comme mûri.

* Dubois – Quintette avec hautbois, Quatuor piano-cordes – Schilli, Karmon, Kreynacke, Spahn, Triendl (CPO 2021)
→ Une nouvelle version de ces deux bijoux !  Un brin sérieuse, un peu froide peut-être, mais habitée et très réussie. (Je reste très marqué par la version des Hochelaga, très, très souvent écoutée.)

** Sibelius – Symphonie n°3, Valse triste – Bergen PO, Gardner (Vimeo de l'orchestre, 2021)
→ Élégance, ardeur, lisibilité, couleurs épatantes… c'est grand, et je veux l'intégrale !

** Josquin des Prez  – « The Golden Renaissance: » : Missa Pange Lingua, motets – Stile Antico (Decca)
→ J'avoue ne toujours pas être passionné par les messes de Josquin, mais le Salve Regina à 5 qui ouvre le disque est une petite merveille !
→ Conduite suprême et incarnation frémissante, qui mettent véritablement en valeur la fluidité et la nécessité  des enchaînements chez Josquin. Enthousiasmant !

Wagner – Walküre I, Parsifal II, Tristan Prélude & mort – DeYoung, O'Neill, ONDIF, Scaglione (NoMadMusic 2021)
→ Très engagé, mais en morceaux. Et il existe mieux dans cet exercice qui met en valeur les orchestres très virtuoses.

** Beethoven – Symphonie n°3 – ONDIF, Scaglione (NoMadMusic 2021)
→ Toujours grisant d'entendre le moindre archet de fond de pupitre entrer avec autant de passion dans la corde et la musique… tout l'orchestre palpite sans cesse !  Il existe conceptions plus originales, radicales, orchestres plus chatoyants et virtuoses… mais ce frémissement-là, c'est assez unique. Raison pour laquelle ce sont mes chouchous en concert… et il s'avère que cela s'entend très bien au disque !

* Schubert – Die Winterreise – Roderick Williams, Iain Burnside (Chandos 2021)
→ Dernier volume de la série de cycles de lieder gravés par les deux compères : après une Ferne Geliebte et une Meunière invraisemblablement naturelles et poétiques, un fin et frémissant Chant du Cygne, voici un Voyage d'Hiver qui me déçoit un peu – les saveurs paraissent fades, l'allemand pas parfait non plus. Peut-être ne fallait-il pas se forcer à boucler le cycle (mais on l'aurait regretté si on n'avait pas entendu ?).
→ Belle version quoi qu'il en soit, mais absolument pas prioritaire.

* Debussy  – Pelléas – Charvet, Richardot, Huw Montague Rendall, Courjal, Teitgen ; Ruf, Opéra de Rouen  (Facebook, YouTube 2021)
https://www.youtube.com/watch?v=6f8Q5sLHtbs&t=27s
→ Distribution incroyable sur le papier.
→ Assez déçu, je l'avoue. Le son n'est vraiment pas bon (compression, mais prise et mixage pas terribles non plus). Orchestralement, ça paraît un peu naviguer à vue, sans grande ligne de force. Et Charvet assez terne et lisse, Courjal surtout une voix splendide (mais sans doute sa prise de rôle – il mûrira, tu verras), Richardot aussi assez couverte, pas à fond dans le mot…
→ J'ai adoré Huw Montague Rendall en Pelléas, dans la veine des Pelléas assez graves, un vrai rayonnement. Et Teitgen merveilleux comme toujours. → Mais globalement assez déçu – même visuellement, j'avais adoré la mise en scène au TCE, et là je n'y comprends rien, tout est filmé de près, on ne voit pas où on est, qui fait quoi…

** Haydn  – « Haydn 2032, Vol. 9: L'Addio », Symphonies 15, 35, 45 –  Il Giardino Armonico, Antonini (Alpha 2021)

** « Credo » – Marina Rebeka (Prima Classics 2021)
→ Florilège de prières d'origines très diverses (messes, opéra, baroque, pastiches XXe, patrimoine romantique…), chantés avec le timbre capiteux et la maîtrise souveraine qui sont ceux, bien documentés, de Rebeka. Même le Pie Jesu de Fauré, chanté par une voix aussi immense, fonctionne bien, à rebours de tout ce qu'on peut imaginer du style juste.




Autres nouvelles écoutes : œuvres

* Schönberg, Schilkret, Tansman, Milhaud, Castenuovo-Tedesco, Toch, StravinskiGenesis Suite – Berlin RSO, G. Schwarz (Naxos 2004)

Gounod – Mors et Vita – Plasson (EMI)
→ Très peu prosodique, suite de grands aplats un peu arbitraires et pas très mélodiques. Décevant.

Gounod – Requiem / Messe chorale sur l'intonation de la liturgie catholique – Einhorn, Immler ; Lausane Instrumental and Vocal Ensemble, Corboz (Mirare 2011)
→ Simili grégorien, assez terne et sinistre.

** Victoria – Motets & Requiem – The Sixteen, Harry Christophers (CORO)
→ Très belles œuvres polyphoniques mais non dépourvues d'expression verbale.
→ Interprétation : pureté et souplesse, très expressif, pur, résonant, une splendeur !

* Wolf-Ferrari, Suite Concertino // Otmar Nussio, Variations sur un thème de Pergolèse // Donatoni Concerto // Rota Concerto – Christopher Millard (Basson), CBC Vancouver O, Mario Bernardi (CBC)
→ Concertos italiens pour basson volontiers rétro.

Johann Nepomuk David – Four String Trios, Op. 33 No. 1-4 David-Trio (with Lukas David, Subylle Langmaack & Clemens Krieger)  (Sedina 2000)
→ Encore hindemithien, mais ici un peu simple et sinistre à la fois. Pas mon truc.

Johann Christian Bach  – Concertos pour basson (Capriccio)
→ Bien faits, sans être bouleversants, et interprétation tradi pas très tendue.

** Corrette – Le Phénix – chez Turnabout

Boismortier
– Concerto pour basson – Niquet (Naxos)
+ vieille version Edmund LaFontaine chez Orion
→  Très jolies figures un peu scolaires à nos oreilles, pour un ensemble très court (7 minutes). Début de l'exercice du concerto.

Heiniö – Riddaren och draken (Le Chevalier & le Dragon) – Juntunen, Hellekant, Turku PO, Söderblom (BIS)
→ tribal post-orffien. Mouais.

** Heiniö – Vuelo de alambre, Possible Worlds – Mattila, Turku PO, Mercier (Finlandia)
→ J'aime beaucoup !  Joli lyrisme un peu dégingandé pour Vuelo de alambre, et profusion charmante de tonalité élargie avec pas mal d'atmosphère et de danse pour Possible Worlds. Très réussi !

* Heiniö –  Champignons à l'herméneutique (flûte et guitare) – Melanie Sabel, Stepan Matejka (Castigo 2006)
→ Très sympathique. Et quel titre !

Couperin – Concerto for 2 Bassoons in G Major – George Zukerman, Jurgen  Gode, Württemberg Chamber Orchestra of Heilbronn, Jörg Faerber
+ Devienne:  Quartet in C Major, Op. 73, No. 1
+ Corrette:  Concerto in D Major, "Le Phenix" (double ccto)

* Devienne – Quartets, Op. 73 / Duos Concertants for Bassoon and Cello (Thunemann, Zehetmair, Zimmermann, Henkel) (Claves 1987)
→ Très plaisant.

Devienne – Bassoon Concerto No. 4 in C Major – Slovak Chamber Orchestra, Bohdan Warchal (CPO 1992)
→ Agréable. Pas majeur.

* Howard Blake – String Trio, Op. 199 – Edinburgh Quartet (Naxos 2011)
→ Franc et animé, très chouette.
→ bissé.

*** Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands, Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant, qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi dans les pièces vocales. Bijoux.
→ Bissé.

*** Schoeck – Das stille Leuchten, Wandersprüche, Gaselen, Sommernacht, Unter Sternen – N. Berg, English Chamber Orchestra, Griffiths (Novalis)
→ Cycles avec petit ensemble, très étrange, en particulier les délicieux Wandersprüche sur Eichenforff (ténor, clarinette, cor, piano, percussions).
→ Bissé.

* Schnittke – Symphonie n°4 – Rozhdestvensky (CDK 2016)
→ Les aplats superposés, les cloches, ténor solo très proche d'Alfvén 4, tout cela est délicieux.



Autres nouvelles écoutes : interprétations

Donizetti – L'Elisir d'amore, final du I – Ricciarelli,  Carreras, Nucci, Trimarchi, RAI Chorus and Symphony Turin, Scimone (Philips)
→ Voix un peu lourdes, orchestre très peu spirituel. Mais quand même de grands chanteurs… !

* Donizetti – L'Elisir d'amore, final du I – Gueden, Di Stefano, Capecchi, Corena ; Maggio Musicale,  Molinari-Pradelli (Decca 1955)

** Donizetti – L'Elisir d'amore, final du I – Ruffini, La Scola, Frontali (Naxos 1996)

* Donizetti – L'Elisir d'amore, final du I – Peters, Bergonzi, Guarrera, MET, Schippers (Sony)

Schönberg, Schilkret, Tansman, Milhaud, Castenuovo-Tedesco, Toch, Stravinski Genesis Suite – Los Angeles Janssen SO, Werner Janssen (Warner)
→ A vraiment vieilli comme son. Schwarz tellement plus naturel aussi dans la conduite !

* Beethoven – Sonate pour piano n°4 – Jandó

* Mozart – Sonate 13 K.333 Sib – Jandó (Naxos)
→ Généreux et élancé, mais difficile en venant d'une verison (pourtant moins sophistiquée dans l'interprétation) sur pianoforte.

* Mozart
– Sonate 13 K.333 Sib – Brautigam (BIS)
→ Très bien.
+ Fantaisie en ut mineur

Schubert – Doppelgänger, Erlkönig – Souzay, Jacqueline Robin (1950, réédition Naxos)

** Beethoven, Schubert , Liszt – Ferne Geliebte, Müllerin, Schwanengesang, Liebestraum… (en russe) – Kozlovsky, P. Nikitin (Aquarius)
diverses versions Passacaglia della vita

Beethoven – Symphonie n°5 – ONDIF, Scaglione (NoMadMusic 2018)
→ Assez sec, pas fan.
→  Très sec, ça file droit sans beaucoup d'impact dramatique, et la prise de son siphonne toute la résonance. Ça regarde du côté baroqueux, mais sur instruments modernes, sans beaucoup de couleurs, avec zéro réverbération, le résultat est surtout que ça file droit.
→ C'est très bien, mais pas vraiment marquant vu l'offre discographique.

Corrette : Concerto « Phénix  »
→ versions BNF, Les Voix Humaines, Foulon, + réécoute Turnabout…

** Morales – Requiem –  Musica Ficta; Raúl Mallavibarrena (Cantus)

*** Victoria – Requiem – The Sixteen, Christophers (Coro)

** Victoria – Requiem – Tallis Scholars (Gimell)

* Bruckner – Symphonie n°7 – Radio Bavaroise, Jansons (BR Klassik 2020) 
→ Le détail de chaque phrasé est fascinant, tout est au cordeau, enfle, reflue, vit dans chaque geste. En revanche l'architecture générale manque vraiment de nerf, la nécessité du la grande arche échappe un peu. En particulier dans le mouvement lent assez atone et décoratif, très peu tendu…
+ début Jochum Dresde, Inbal Tokyo Met , Blomstedt Leipzig, Rögner

** Schnittke – Concerto pour piano & cordes  –  Emma Schmidt, Badische Staatskapelle Karlsruhe, Günter Neuhold (Antes)
→ Piano un peu métallique, mais bien découpé. Orchestre aussi peu russe que possible, mais toujours cet élan propre à Neuhold, malgré des cordes pas vraiment voluptueuses !

*** Hérold, Auber – Ouvertures de Zampa et des Diamants de la Couronne – Detroit SO, Paray (Mercury)
→ Deux des toutes plus belles ouvertures du répertoire français, avec une netteté, une alacrité et une prise de son assez démentes !

*** Schmidt – Symphonie n°2  – Wiener Philharmoniker, Leinsdorf
→ Pour un Schmidt viril et rayonnant, non sans délicatesses (ce début tendre !), merveilleuse version.

*** Debussy – Pelléas – Kožená, Gerhaher, Finley, Fink, Selig ; LSO, Rattle (LSO Live)
→ Comme ça file, avec tension et transparence. Irrésistible !  Et quelle distribution idéale… Finley à la fois d'une plénitude vocale immense et d'un finition verbale extraordinaire. Gerhaher très subtil et original, sans un pouce de mièvrerie. Kožená un peu arrondie, mais dans un français toujours parfait.
→ Malgré la prise de son qui rejette l'orchestre un peu loin (et opaque), ce que font le LSO et Rattle est un miracle de transparence, l'impression d'entendre chaque instrument, chaque motif, énormément de textures et de couleurs… Le cinquième acte, diaphane comme du dernier Sibelius, est particulièrement au-dessus de toutes les autres versions… !  (incluant Rattle lui-même avec Berlin dans les années 2000)
→ J'avais adoré la vidéo avec Berlin pour un concert mis en espace par Sellars, quelques semaines avant la session du LSO, mais je crois que dans ce disque tout est encore à un degré de variété et de naturel supérieurs !

*** Haendel – Concerto pour orgue n°13 – Ghielmi, Divina Armonia, Ghielmi (Passacaille 2012)
→ Vie, couleurs, textures, passionnant !
+ Koopman / Amsterdam Baroque : très détaché et orné, jeux de registration ++
+ Tachezi / CMW / Harnoncourt : registration aigrelette  et orch un peu mince qui a un peu vieilli +
+ Ghielmi / Divina Armonia : là, vraiment des couleurs orchestrales, une pensée complète.  +++

** Haendel – Concerto pour orgue Op.7 n°4 – Asperen, Enlightenment, Asperen (Virgin-Erato 2013)
→ Orchestre un peu tradi (avec couleurs qui évoquent périodes plus tardives), mais articulation organistique splendide et registration d'une limpidité merveilleuse.
→ Le plus beau des concertos pour orgue de Haendel, avec l'emprunt à la Tafelmusik de Telemann.

Haendel – Concertos pour orgue Op.4 – Lindley, Northern Sinfonia, Bradley Creswick (Naxos)
→ Totalement lisse et tradi, ça a pas mal vieilli, mais se laisse écouter.




Réécoutes : œuvres

** Kreutzer – La mort d'Abel – Droy, Bou, Pruvot ; Les Agrémens, van Waas (Singulares 2012)
→ bissé

* Ropartz – Requiem – Piquemal
→ Assez déçu à la réécoute. Un peu lisse (harmonies gommées par le chœur amateur ?).

* Vaňhal – Double concerto pour basson – Saraste (BIS)
→ Essentiellement écrits à la tierce (ou alors agilité de l'un sur les tenues de l'autre), pas très virtuosement composé, mais bien fait et agréable.



Réécoutes : versions

** Donizetti – L'Elisir d'amore, final du I, final du II – Cotrubas, Domingo, Wixell, Evans ; Covent Garden, Pritchard (Sony)

*** Bruckner – Symphonie n°6 – Sk Dresden, Jochum (EMI)
→ Le premier mouvement et le mouvement lent figurent parmi les sommets de tout Bruckner, malgré la réputation modeste de cette symphonie.  Immense interprétation, où les cuivres stridents impressionnent et où les cordes douces et homogènes se couvrent de gloire !

*** Bruckner – Symphonie n°5 – Sk Dresden, Jochum (EMI)
→ Pas le plus vif ni le plus précis dans les attaques de pupitres, mais pour ce qui est d'exposer les plans et la logique cinétique des phrasés, on est au sommet !
+ début Herreweghe, Inbal Tokyo Met, Eichhorn

*** Rott  – Symphonie en mi – Radio de Francfort, P. Järvi (RCA)
→ Avec partition pour la première fois. La superposition des deux thèmes du I est vraiment génialissime… et que de traits qui tirent le meilleur de Bruckner et annoncent le meilleur de Mahler !

** Mozart
– La Clemenza di Tito – Rebeka, DiDonato, Villazón ; COE, Nézet-Séguin (DGG 2017)
→ Très vive et belle version.




Projets d'écoutes ou réécoutes pour les semaines à venir

rosaire biber
Opéra Oleg Prostitov "Ermak"
stanford R. Williams
gubaidulina quat 1
foulds
tichtchenko 4,3
schnittke rubackyte
Lokshin - Variations for piano - Maria Grinberg, piano
schoeck piano ritornelle
jacques mercier sony
adamek https://www.youtube.com/watch?v=xOPdjCxHJ8A
requiem verdi, gounod (+ mors et vita)
krug https://www.youtube.com/results?search_query=arnold+krug
lully alarcón
hartmann rickenbacher nimsgern n°2
bax avec pttn, rott avec pttn
Jekabs Jančevskis : Aeternum and other works (Jurģis Cābulis /Riga Cathedral Choir School Mixed Choir)
Jaakko Mäntyjärvi : Choral music (Stephen Layton / Choir of Trinity College Cambridge)
→ boutsko : i]Nuits blanches[/i] ([i]Белые ночи[/i]
lebendig begraben nagy
ina boyle
diamants couronne paul paray
zaderatski : sonates, préludes
→ keuris laudi, michelangelo, antologia…
→ roy harris symph 3, symph 5, ccto violon
→ Alexander KASTALSKY (1856-1926), Requiem for Fallen Brothers (1914-1917)
→ Musgrave Helios, ina boyle
Tournemire : Symphonie Sacrée (van der Ploeg)
→ børresen ccto vln par garaguly
→ weber : mélodies italiennes, lieder
diogenes SQ
CPO
kalliwoda 2, kalliwoda 5 spering
kallstenius 1
kozeluch moisè in egitto
Maconchy, compositrice Symphony for double string orchestra
Lajtha: Symphonie n°1/Pasquet
→ reinecke dornröschen
→ Let There Be Cello
→ Bainton 3, Ruth Gippz 4
→ consortium classicum (moscheles, tribensee)
→ DUSSEK, J.L.: Piano Sonata, Op. 43 / MOSCHELES, I. / CRAMER, J.B. / HUMMEL, J.N. / KALKBRENNER, F.: Variations on Rule Britannia (M. MacDonald)




(Notule réalisée entre deux promenades dans la neige fraîche et beaucoup de meurtres d'Abel.)

mercredi 20 janvier 2021

Le grand tour 2021 des nouveautés – épisode 1 : Emilie Mayer, Salieri, Fesca, Gade, Rott, Rubinstein, Fried retransfiguré, Schreker, Kienzl, Lazzari, Jeral… et même du bon Donizetti


Cette année, envie de favoriser des notules soit de fond, soit un peu plus transversales, en tout cas avec une valeur ajoutée par rapport à la simple recension au fil des parutions, qui doivent rester simplement un à-côté…

Envie de poursuivre les séries «  une décennie, un disque » (1580-1830 jusqu'ici, et on inclura jusqu'à la décennie 2020 !), « les plus beaux débuts de symphonie » (déjà fait Gilse 2, Sibelius 5, Nielsen 1…), « au secours, je n'ai pas d'aigus »… Envie de débuter une série au long cours autour de la mise en musique d'épisodes bibliques (avec pour but de pouvoir couvrir le maximum de moments illustrés par des compositeurs), et peut-être même de convertir cette notule sur les causes de l'étrangeté prosodique de Pelléas dans un format vidéo… !

Dans le même temps, je trouve dommage d'écouter autant de disques, de suivre les nouveautés, d'explorer les raretés… et de ne pas leur faire de publicité.

Je cherche encore le format adéquat.

Pour cette première livraison de l'année, donc, j'ai fait le choix de partager mon tableau brut, incluant tous mes relevés.

Je vous laisse y naviguer. De gauche à droite, trois types d'écoutes : nouveautés, découvertes personnelles, réécoutes. Inclut aussi ma programmation à venir et le relevé de quelques nouveautés pas encore essayées. Les items les plus récents figurent en haut, et vous pouvez remonter le temps en descandant dans le tableau – les cases grises avec les numéros indiquent la limite du dernier relevé, comme cela vous saurez jusqu'où aller.

En résumé depuis la fin de décembre ? 

lazzari_kienzl_jeral_trios_cpo.jpg


De fantastiques disques de musique de chambre :
Bach (Sergey Malov, Solo Musica), 6 Suites pour cello di spalla,
Fesca (Quatuor Amaryllis, CPO),
Gade (Midvest Ensemble, CPO),
Emilie Mayer (Mariana Klavierquartett, CPO), Quatuors piano-cordes beaucoup plus intéressants que ses symphonies, pour documenter la première femme à vivre professionnellement de ses compositions ;
Rubinstein (Quatuor Reinhold, CPO),
Reger, une version superlative du Quintette clarinette-cordes et du Sextuor à cordes (Quatuor Diogenes, CPO)
Kienzl / Lazzari / Jeral (Trios par le Thomas Christian Ensemble, CPO),

de belles parutions d'opéra :
Rossi, Orfeo, imparfaite mais intéressante nouvelle version (Sartori, Glossa),
Haendel de Zaïcik & Le Consort, très plaisant,
Beethoven & Salieri « in Dialogue » (dont je viens de faire une notule : fragments d'oratorios par les Heidelberger Symphoniker, chez Hänssler),
Donizetti, Il Paria (Elder, Opera rara), superbe version d'un Donizetti tout particulièrement réussi mélodiquement, avec de très beaux ensembles,
♦ la bande son du Ring de Jordan, dont il faut entendre l'Or du Rhin exceptionnel,

un peu de symphonique :
♦ une belle nouvelle version de la Symphonie en mi de Rott (Gürzenich, Ward, Capriccio), qui réussit admirablement les variations finales,
Fried, Korngold et Schönberg autour de la Nuit Transfigurée, seconde version discographique du chef-d'œuvre de Fried (Rice, Skelton, BBCSO, Gardner, Chandos),
♦ une belle interprétation un peu lisse d'œuvres mineures de Schreker (Bochum, Sloave, CPO),
♦ la bizarre mais plaisante Symphonie en sol de Gulda (mélangeant orchestre symphonique et orchestre de danse).

… Et un délectable « Le Coucher du Roi » avec des pièces de Visée, LULLY, Lalande, Charpentier, Couperin (Monnié, Mauillon, Roussel, Rignol, CVS).

Du côté de mes découvertes personnelles hors nouveautés, des déceptions chez le Draeseke symphonique, un bonheur variable chez Korngold, beaucoup d'enthousiasme pour les quatuors de Dittersdorf, les symphonies de Reinecke, le Grand Septuor de Kalkbrenner (son Sextuor piano-cordes aussi), le Quatuor piano-cordes de Georg Schumann (les Trios sont beaux aussi), les très bizarres Wandersprüche de Schoeck (ténor, clarinette, cor, piano et percussions), une quasi-hystérie pour le Quintette et le Sextuor de Koessler (ainsi que sa musique chorale, du niveau de Brahms !), sans parler de la musique de chambre de Krug immédiatement présentée par une notule !
Vous y rencontrerez aussi les étranges « meilleurs classiques » façon cross-over, le violon de Brahms interprété sans vibrato, l'Ouverture 1812 avec réels canons en plein air…

Quant aux réécoutes, que dire ?  Les habitués : la musique de chambre de Michl, Schoeck, Tarkmann, les symphonies de Messieurs Fesca, B. Romberg, Macfarren, Bruch, d'Indy, Georg Schumann, Alfvén…

Le fichier est ici : format ODS (Open Office) ou XLS (Microsoft Office). J'espère qu'il vous sera lisible et utile.

La légende
Du vert au violet, mes recommandations…
→ Vert : réussi !
→ Bleu : jalon considérable.
→ Violet : écoute capitale.
→ Gris : pas convaincu.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)



(Les disques, quelle bénédiction du Ciel.)

mardi 29 décembre 2020

Le disque de la semaine #1 : Arnold Krug


Je m'interroge sur la façon de continuer à partager mes écoutes sans que cela ne prenne sur le temps de travail et de mise en forme pour des notules un peu plus approfondies. Peut-être simplement mettre régulièrement à jour le tableau et le laisser à disposition ?

En attendant, envie de partager un grand coup de cœur cette semaine. Découverte de la musique de chambre d'Arnold Krug  (1849-1904), dont je vais tâcher de dire le moins possible pour ne pas empiéter sur les notules que je tâche de finir depuis quelque temps déjà… Hambourgeois qui étudia à Leipzig (avec Reinecke) et Berlin, puis qui exerça dans sa ville natale et ailleurs en Allemagne (le Sextuor à cordes a été proposé à un concours dresdois de 1896).

Et quel Sextuor, lumineux et enfiévré, qui évoque à la fois la plénitude des accords d'ouverture du dernier Quatuor de Schoeck et surtout, l'élan et la lumière du Souvenir de Florence de Tchaïkovski !

Le Quatuor pour piano et cordes est tout aussi intensément lyrique, avec quelque chose de plus farouchement vital, d'un romantisme avoué. Splendidement urgent lui aussi, une autre merveille qui vous empoigne, tendu comme un arc dans le plus grand des sourires !

À découvrir absolument si ce type de caractère vous sied.

krug_sextuor.jpg
(Lien pour écouter gratuitement (hors mobiles) et légalement.)

C'est à ma connaissance l'unique disque documentant ce compositeur qui fit pourtant les beaux jours des concerts allemands à la fin du XIXe siècle et jusque dans les années 30.

Fabuleuse exécution, nette comme du diamant, enthousiaste comme des amateurs tout émerveillés de leur trouvaille, par le Linos Ensemble (qui ne dispose pas que de vents extraordinaires !). CPO 2018 – qui en doutait ?

mardi 22 décembre 2020

Le défi 2020 des nouveautés – épisode 16, l'ultime livraison : ferne Geliebte, Lysistrata, la relève du chant, CoViD fan tutte, symphonistes japonais, Kevlar


Je suppose peu de nouveautés le jour même de Noël, et elles sont donc pour cette dernière bordée, vendredi dernier, quasiment à l'arrêt hors quelques millièmes réenregistrements beethoveniens.

Du fait de l'enfermement et du délai un peu plus long de publication, la liste est devenue un peu épaisse. J'essaie de la subdiviser mais espère qu'elle demeurera lisible (suivez le rouge pour les nouveautés, les 2 ou 3 cœurs pour les albums exceptionnels).

winterreise_nawak.jpg

Du vert au violet, mes recommandations… en ce moment remplacées par des .
♦ Vert : réussi !
♦ Bleu : jalon considérable.
♦ Violet : écoute capitale.
♦ Gris : pas convaincu. ♠
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

En rouge, les nouveautés 2020 (et plus spécifiquement de l'automne).
Je laisse en noir les autres disques découverts.
En gris, les réécoutes de disques.




1. OPÉRA

nouveautés CD

OPÉRA ITALIEN


♥♥ Monteverdi – Orfeo – Boden, Pass à Amsterdam (YT)

♥♥ Monteverdi – Orfeo – Auvity, Wilder, Arts Flo, Agnew (YT)

♥♥♥ Rossi – Orfeo, acte I – Pichon
→ Tellement étonnant qu'en salle, Bridelli marque plus qu'Aspromonte !

Vivaldi – Farnace « Gelido in ogni vena » – Maggio Musicale, Sardelli (Dynamic)

♥♥ Graun – Cleopatra e Cesare (acte I) – Jacobs

Salieri – Armida (air) – Rousset (Aparté 2021)
→ En avant-première en flux… Juste deux pistes, l'Ouverture et un air. Jolie écriture dramatique. Évidemment loin du ravissement de ses opéras français… ou même de ses délicieux bouffes – mais pour du seria, on sent tout de même l'empreinte de Gluck et du goût français, ce qui est un avantage pour garantir un peu de ma patience. Exécution pleine d'ardeur des Talens Lyriques, tout de même bien hâte de découvrir cela (à défaut d'avoir entendu le concert de mai).

Mozart – Il Sogno di Scipione – Boncompagni, Fenice, Sardelli (Operavision 2020)
→ Mozart seria de jeunesse : statique et ennuyeux. Sardelli apporte un peu de tranchant à l'orchestre de la Fenice, qui reste toujours assez terne et à la peine, depuis tant d'années… (je ne l'ai jamais entendu vraiment bon, je crois)

Mozart – Le Nozze di Figaro – McLaughlin, Mattila, Gallo, Pertusi ; Mehta (Sony)
→ Tradi un peu lisse, mais duo comtal chouette.

Mozart – DG – Fuchs, Leonard, Sly, Nahuel Di Pierro ; Rhorer (YT)

♥♥ Mozart – Così – Behle, Priante, Lhote, Lyon, Montanari (YT)

Verdi – La Traviata, « Fragment » (acte III jusqu'à Addio del passato) – MusicAeterna, Currentzis
→ Tout à fait lunaire : récitatifs totalement étirés comme s'ils étaient des airs en largo, voix artificiellement réverbérées et gonflées, un délire très révélateur de sa conception purement musicale (et narcissique…) de l'opéra.
→ Ce n'est pas moche du tout, mais ça ne ressemble plus à grand'chose, en tout cas pas à un opéra de Verdi (mais j'aime assez).
→ Je ne comprends pas le quart d'heure (du moins bon passage de l'opéra, en plus). Vendu en dématérialisé ?  Teasing pour une intégrale qui prend son temps ?  Chute d'une intégrale avortée mais monétisable ? « Single long » ? Marché numérique ?

♥♥♥ Verdi – Simone Boccanegra – Homoki ; Rowley, Jorijikia, Nicholas Brownlee, Gerhaher, Fischesser ; Zürich, Luisi (Arte 2020)
→ Direction d'acteurs formidable, et l'usage de ce simple décor tournant qui nous mène de coursive en antichambre… Homoki à un sommet de maturité.
→ Orchestre mordant, N. Brownlee fabuleux. Rowley assez pharyngée mais expressive comme une actrice au temps du Code Hays.
→ Très content d'entendre chanter Verdi comme Gerhaher.

Verdi – Aida, début inédit de l'acte III – Scala, Chailly (euroradio)
→ 100 mesures coupées avant la création. Moment suspendu de prières douces aux registres étagés, très réussi, à comparer à l'ambiance du temple avant « Nume custode e vindice ». Méritait d'être entendu, et mériterait d'être systématiquement joué.
→ (en revanche, vocalement, quoique tout à fait honnête, ça laisse vraiment entendre la crise du chant verdien – alors que dans les autres répertoires, l'opéra se porte vraiment bien…)

♥♥ Verdi – Otello – Torsten Ralf & Stella Roman - Dio ti giocondi (Met, 1946)



OPÉRA FRANÇAIS

♥♥♥ Lully – Isis – Rousset

♥♥♥ Lully – Armide (acte I) – Herreweghe II (HM)

♥♥♥ Lully – Armide (actes I, III, IV & V) – Rousset (Aparté)


♥♥ Mozart – La Flûte enchantée en français – M. Vidal, Scoffoni, Lécroart, Lavoie ; Le Concert Spirituel, Niquet (France 5)
→ Très vivante version raccourcie et en français, dans une distribution française de très grand luxe.

Rossini – Le Barbier de Séville (en français) – Berton, Giraudeau, Dens, Lovano, Depraz, Betti, Pruvost ; Opéra-Comique, Gressier (EMI 1955)

♥♥ Boïeldieu – La Dame Blanche – Jestaedt, Buendia, Ratianarinaivo, Hyon, (Yannis) François, Les Siècles, Nicolas Simon (France 3)
→ Les qualités de charisme vocal de Buendia et Ratia souffrent de la retransmission (un peu proche des voix, on entend les aspérités, les micro-défauts), mais quand on les connaît, on mesure le bonheur incommensurable qu'aurait été cette série de représentations itinérantes… Voix franches (superbe découverte de Yannis François également, baryton-basse clair et avec de vrais graves riches !), chaleur des instruments d'époque… La mise en scène n'est pas passionnante, mais le bonbon est très apprécié !

♥♥ Offenbach – M. Choufleuri – Mesplé, Rosenthal (EMI)
→ Avec des citations de Nonnes qui reposez, de bouts de Verdi, thème du premier numéro du Freischütz…

♥♥ Offenbach – Ba-ta-clan – avec Corazza
→ Très bonne musique, même si d'une certaine façon sans texte !

♥♥♥ Bizet – Carmen – Angelici, Michel, Jobin, Dens ; Opéra-Comique, Cluytens (réédition The Art Of Singing 2014)
♥♥♥ Bizet – Carmen – Horne, McCracken Bernstein (DGG)



OPÉRA ALLEMAND

Mozart – Zauberflöte – Della Casa, Simoneau, Berry ; Opéra de Vienne, Szell
→ Orchestre très imprécis et hésitant, peu frémissant. Della Casa un peu surdimensionnée dans le legato. Berry alors très clair. 

♥♥♥ Wagner – Lohengrin – Bieito ; Miknevičiute, Gubanova, Alagna, Gantner, Pape, Berliner Staatsoper, Pintscher (Arte Concert)
→ Splendide orchestre et chœurs (et surpris par le lyrisme et la tension de Pintscher dont j'avais un très mauvais souvenir dans le « grand répertoire »), splendide distribution.
→ J'attendais évidemment Martin Gantner, l'une des voix les mieux projetées du marché (ça paraît nasal et étroit en captation, mais en salle, c'est une proximité et d'une expressivité miraculeuses). Telramund pas du tout noir, très clair et concentré, très convaincant dans un genre absolument pas canonique.
→ Roberto Alagna chante un allemand de grande qualité ; toutes les voyelles sont un peu trop ouvertes, mais ceci va de pair avec la clarté caractéristique de son timbre et la générosité jamais en défaut de son médium. Un régal de bout en bout, élocution limpide et splendeur vocale. Le second tableau de l'acte iII le voit se fatiguer, et les aigus deviennent vraiment blancs et métalliques, le médium un peu plus aigre. Tout le reste se montre à la fois original et très marquant.
→ La mise en scène de Bieito m'a paru laide, sans propos clair ni animation scénique, sans cohérence psychologique ni lien avec le sujet. Sans parler de son tic de faire trembler ses personnages pendant vingt minutes , récupéré de la pire idée de son Boccanegra… Dire que ce fut un si grand metteur en scène… Trop d'engagements. Trop d'empâtement.

Wagner – Götterdämmerung, Janowski I : prologue.
→ assez scolairement égrené, mais super prise de son. chanteurs valeureux mais déjà un côté « déclin ».

Schoeck – Vom Fischer un syner Fru, Op. 43 – Harnisch, Dürmüller, Shanaham , Winterthur, Venzago (Claves 2018)
Harnisch en-dessous de ses standards, Dürmüller un peu dépassé, Venzago un peu froid, version décevante d'une œuvre qui a déjà bien moins de saillances que le Schoeck habituel (son principal intérêt étant d'être composée directement sur le vieux dialecte allemand).La version Kempe-Nimsgern est à privilégier.

♥♥ Schoeck – Massimilia Doni – Edith Mathis, G. Albrecht
→ Décadentisme consonant dans le goût de Venus et Das Schloß Dürande, en plus lyrique et plus basiquement dramatique, comme mâtiné de Verdi.

Dusapin – Faustus – Nigl (extrait)



OPÉRAS D'AUTRES LANGUES

♥♥ Mozart & Minna Lindgren – Covid fan tutte – Mattila, Hakkala, Opéra de Helsinki, Salonen (Operavision 2020)
→ Così (plus Prélude de Walküre et air du Catalogue) en très condensé (1h30), sur un texte finnois inspiré de nos mésaventures pandémiques. Point de départ dramaturgique : Salonen vient diriger la Walkyrie et la situation sanitaire impose le changement de programme.
→ Tout y passe : les opinions rassurantes ou cataclysmiques, les avis contradictoires, les (inter)minables visios, la détresse de la mauvaise cuisinière, la doctrine des masques, les artistes désœuvrés… Parfois avec beaucoup d'esprit (« Bella vita militar » pour la mission papier hygiénique), par moment de façon confuse ou un peu plate (la vie des sopranos).
→ Les récitatifs sont changés en dialogues menés par « l'interface utilisateur », sorte de directrice de la communication hors sol.
→ Hakkala (Alfonso) fantastique, Mattila remarquablement sa propre caricature, avec toujours un sacré brin de voix (les poitrinés rauques en sus).
→ Globalement, un jalon de notre histoire s'est écrit – on aurait pu creuser davantage quelque chose de cohérent, avec les mêmes éléments, ménager une arche qui soit un peu moins une suite de moments dépareillés… Pour autant, le résultat est la plupart du temps très amusant, et marquera le souvenir artistique de la Grande Pandémie des années 2020 pour les archéologues du futur – du moins si notre éphémère technologie numérique n'a pas tout laissé disparaître…

Moniuszko – Halka – Paweł Passini ; Mych-Nowika, Piotr Fiebe, Golinski ; Poznan, Gabriel Chmura  (Operavision 2020)
→ Pas fabuleux vocalement (aigus blancs de la soprano et du ténor, bon baryton). Superbes scènes de ténor, mais œuvre vraiment ennuyeuse dramatiquement : Halka reste debout trahie, son comparse le lui explique longuement, et c'est l'essentiel, malgré le terrible condensé de tragédie contenu dans la pièce.
→ Musicalement peu fulgurant aussi, quoique moins gentillet que le Manoir hanté.

♥♥ Hatze – Adel i Mara – Zagreb 2009 (YT)

Britten – A Midsummer Night's Dream – M.-A. Henry, Montpellier (Operavision 2020)
→ Belle version d'une œuvre aux belles intuitions mais qui patine un peu, à mon sens, dans le formalisme de ses duos et ensembles intérieurs (livret très bavard, également).




2. MUSIQUE DE SCÈNE / BALLETS

nouveautés CD

Marais – Suites à joüer d'Alcione – Savall (Alia Vox)
→ Bien mieux que le concert. (Mais ces suites ont-elle un grand intérêt isolées?)

♥♥♥ Rameau – Hippolyte (Prélude du III) dans « Tragédiennes » #1 – Talens, Rousset

Piron
– Vasta – Almazis (Maguelone 2020)
→ Pas très séduit, ni par le texte (vraiment plat, comparé aux pièces grivoises de Grandval qui m'amusent assez), ni par les musiques (pas passionnantes, et textes assez pesants aussi).
→ Musicalement, pas séduit non plus par les timbres instrumentaux. Dommage, c'était très intriguant.
→ Il existe une lecture très vivante de la Comtesse d'Olonne de Grandval en complément d'un disque de ses cantates, je recommande plutôt cela pour se frotter à ce type de théâtre leste.

Cannabich – Electra – Hofkapelle Stuttgart, Bernius (Hänssler 2020)
→ Mélodrame dans le style classique, très réussi et ici très bien joué et dit (par Sigrun Bornträger).

Wagner – Die Meistersinger, ouverture – Vienne, Solti

Tchaikovsky –  The Tempest, Op. 18 – Orchestra of St. Luke's; Heras-Casado (HM 2016)

♥♥ Humperdinck – « Music for the Stage » : Das Wunder, Kevlar, Lysistrata…  – Opéra de Malmö, Dario Salvi (Naxos)
→ Très belle sélection de scènes d'opéras et autres œuvres dramatiques, variées, pleines de la naïveté et de l'emphase pleine de simplicité propres à Humperdinck. Extrêmement persuasif, délicieux, très bien joué. Hâte de découvrir ces œuvres intégrales désormais, une très belle ouverture vers cet univers encore chichement documenté !  (Et la générosité accessible de cette musique plairait à un vaste public, a fortiori en Allemagne dont l'imaginaire populaire est une référence récurrente…)




3. RÉCITALS VOCAUX

nouveautés CD

Haendel, Vivaldi… – « Queen of Baroque » – Cecilia Bartoli (Decca 2020)
→ Pot-pourri de différents disques. Très bons, mais autant profiter des programmes cohérents. Si jamais vous voulez comparer les orchestres et les répertoires, pourquoi pas.

Salieri, Strictly private, Heidelberg SO (Hänssler)
→ Lecture nerveuse d'airs et duos très spirituels, qui évoquent les Da Ponte mozartiens, un délice.

Rossini – « Amici e Rivali » – Brownlee, Spyres, I Virtuosi Italiani, Corrado Rovaris (Erato 2020)
→ Impressionnant Spyres en baryton et bien sûr en ténor (même si le coach d'italien devait être covidé, à en juger par certains titres). Brownlee a perdu de son insolence, mais pas de sa clarté et de son moelleux.
Superbe attelage, pour un répertoire purement glottique qui n'a pas forcément ma prédilection d'ordinaire, accompagné par un orchestre très fin (instruments d'époque ?) et discret, petit effectif, cordes sans vibrato.

Gounod, Bizet, Tchaïkovski, Puccini – « Hymnes of Love » – Dmytro Popov
→ Pas fini, ça a l'air bien. Mais la rondeur de la voix est davantage conçue pour le répertoire slave que pour l'éclat des spinti.

Massenet par ses créateurs (Malibran 2020)
→ Scindia par Jean Lasalle
→ Salomé par Emma Calvé
(ouille)





4. MUSIQUE SACRÉE

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Un disque mystérieux (Aparté 2021)…
… de cantates luthériennes du Schleswig, totalement inédites – pour lesquelles je viens d'écrire une notice le nez plongé dans des interpolations vétérotestamentaires tirées de la Bible de Luther, et qui devraient paraître en fin d'année prochaine. (Avec des textes d'époque très denses, des chanteurs très éloquents et un continuo imaginatif, pour ne rien gâcher.)

Pfleger – Cantates sacrées en latin & allemand – Bremen Weser-Renaissance, Cordes) (CPO)
→ Splendide !  Entre Monteverdi et Bach, un côté très Steffani… Airs quasiment tous à deux voix !

♥♥♥ Steffani – Duetti di camera – Mazzucato, Watkinson, Esswood, Elwes, Curtis… (Archiv)

Legrenzi  – Compiete con le letanie e antifone della Beata Vergine – Nova Ars Cantandi, Giovanni Acciai (Naxos 2020)
→ Un des plus grands compositeurs du XVIIe siècle, Legrenzi excelle dans toutes formes d'audace, un contrepoint riche et libre, une harmonie mouvante, une agilité qui préfigure le seria du XVIIIe siècle…
→ Première gravure discographique de ces Complies Op. 7, la dernière prière du jour. Superbes voix franches et articulées… sauf le soprano masculin, très engorgé, vacillant, inintelligible, qui tranche totalement avec le reste et distrait assez désagréablement. Étant la partie la plus exposée, le plaisir est hélas un peu gâché.

Bach – Cantates format chambre – Nigl

Haendel – Dixit Dominus – Scholars Baroque (Naxos)
→ Première fois cette version en entier. Génial 1PP.

Haendel – Dixit Dominus
Réécoutes et nouvelles écoutes : Gardiner-Erato, Scholars Baroque, haïm, Toll, Fasolis, Creed Alte Musik, Öhrwall Drottningholm, Zoroastre Rochefort, Meunier, Parrott, Minkowski, Chistophers-Chandos, Christophers-Coro, Rademann, Dijkstra, Gardiner-Decca, Bates, Preston.

du baroque à Satie – « War & Peace, 1618-1918 » – Lautten Compagney (DHM 2018)
→ Amusant mélange (avec la Gnossienne n°3 revisitée par cet ensemble baroque), plaisant et bien interprété (avec une soprano au fort accent britannique).

Pergolesi – Stabat Mater – Galli, Richardot ; Silete venti, Toni (La Bottega Discantica, 2016)

Borodine – Requiem (arr. Stokowski) – BBC Symphony Chorus, Philharmonia Orchestra, Geoffrey Simon (Signum 2020, réédition)
→ Cinq minutes de paraphrase sur le thème grégorien, avec des harmonies typiques de l'avant-garde russe du second XIXe. Les doublures pizz-bois alla Godounov sont incroyables !
+ Suite Prince Igor, Petite Suite…




5. CONCERTOS

nouveautés CD

Rejcha – Symphonies concertantes flûte-violon, puis 2 violoncelles  – Kossenko, Stranossian, Coin, Melknonyan ; Gli Angeli Genève, MacLeod (Claves 2020)
→ Flûte-violon : aimable. Entre le son un peu aigrelet des solos sur instruments d'époque (pas faute d'aimer ces quatre artistes pourtant) et la progression harmonique très traditionnelle, les mélodies vraiment banales, je n'y trouve pas le grand Rejcha que j'aime. Joli mouvement lent tout de, qui débute par violon et flûte seuls.
→ La symphonie à deux violoncelles est bien plus intéressante, en particulier le premier mouvement inhabituellement varié (dont le premier fragment thématique est similaire à celui de Credeasi misera) et le final assez foisonnant. Mais pour cette œuvre, le disque Goebel-WDR (aux couplages passionnants) de cette même année 2020 m'avait davantage convaincu.

B. Romberg – Cello Concertos Nos. 1 and 5 (Melkonyan, Kölner Akademie, Willens) (CPO 2016)
→ Décevant, du gentil concerto décoratif et virtuose, rien à voir avec ses duos de violoncelle, très musicaux et variés !

Lalo, Ravel  – Symphonie espagnole ; La Valse, Tzigane & Bolero – Deborah Nemtanu, Pierre Cussac, La Symphonie de Poche, Nicolas Simon (Pavane 2017)
→ Sympathique, mais la partie concertante et le mixage permettent moins d'apprécier l'exercice que dans le disque Beethoven.

Elgar – Concerto pour violoncelle – Johannes Moser, Suisse Romande, Manze (PentaTone 2020)
→ Très sérieux et dense, nullement sirupeux, avec un orchestre à la belle finesse de touche, qui fait entendre le contrechant avec netteté.
→ Parution du seul concerto, uniquement en numérique (avant un futur couplage en disque physique ?).

♥♥♥ Schmidt, Stephan – Symphonie n°4, Musique pour violon & orchestre – Berlin PO, K. Petrenko (Berliner Philharmoniker 2020)
→ Interprétations très fluides et cursives, dans la veine transparente du nouveau Berlin issu de Rattle, vision assez lumineuse de ces œuvres à la taciturnité tourmentée.

Hisatada Otaka : Concerto pour flûte (version orchestre) – Cheryl Lim, Asian Cultural SO, Adrian Chiang (YT 2018)
→ Décevante orchestration : les harmonies sont noyées dans des jeux de cordes très traditionnels (et un peu mous), on perd beaucoup de la saveur de la verison Op.30b avec accompagnement de piano, à mon sens.

♥♥ Mossolov, Concerto pour harpe, Symphonie n°5 – Moscou SO (Naxos)
→ Très festif, très décoratif, très « Noël », cet étonnant concerto pour harpe que je n'aurais jamais imaginé une seconde attribuer à Mossolov !
→ Dans la Symphonie, on entend surtout des chants populaires traités en grands accords. Joli, mais pas très fulgurant par rapport à sa période futuriste.

♠ Lubor Barta – Concerto pour violon n°2 1969 – Ivan Straus, Otakar Trhlik (1969)




6. SYMPHONIES & POÈMES ORCHESTRAUX

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SYMPHONISTES GERMANIQUES

♥♥ Beethoven / Robin Melchior  – « Beethoven, si tu nous entends » – La Symphonie de Poche, Nicolas Simon (Klarthe 2020)
→ Jubilatoire blind-test pot-pourri dont les développements sont (très bien !) récrits. Le tout étant joué pour quatuor, contrebasse, flûte, clarinette, clarinette basse, saxhhorn baryton, accordéon, harpe et percussions… !
→ Il m'a fallu quelques secondes pour retrouver le fantastique mouvement lent du Concerto n°5 ainsi transfiguré… dont la cadence de harpe débouche sur les pointés du mouvement lent de la Quatrième Symphonie !  Mazette.
→ Ou encore la fin sur une boucle minimaliste autour du thème de l'Ode à la Joie.
→ Par des musiciens de très très haute volée, la densité sonore et l'engagement individuel comme collectifs sont exceptionnels.
→ La fièvre de la nouveauté s'empare de nous en réécoutant Beethoven pour la millième fois.

Haydn – les Symphonies Parisiennes – Orchestre de Chambre de Paris, Boyd (NoMadMusic 2020)
→ Petite frustration en première écoute : attentivement, j'y retrouve tout l'esprit (quel sens de la structure !) de cette association formidable, mille fois admirée en concert… Mais à l'écoute globale, j'entends plutôt l'épaisseur des timbres d'instruments modernes, comme une petite inertie – alors qu'ils jouent sans vibrato, et pas du tout selon le style tradi !
→ Quelque chose s'est perdu via le micro, la prise de son, l'ambiance du studio… Pincement au cœur, je les adore en concert, mais à côté des nombreuses autres propositions discographiques « musicologiques », ce n'est pas un premier choix.

A. Romberg – Symphony No. 4, "Alla turca" – Collegium Musicum Basel, K. Griffiths (CPO 2018)

♥♥♥ B. Romberg – Symphonies Nos. 2 and 3 / Trauer-Symphonie (Kolner Akademie, Willens) (Ars Produktion 2007)
→ Symphonies contemporaines de Beethoven (1811, 1813, 1830), qui en partagent les qualités motoriques et quelques principes d'orchestration (ballet des violoncelles, traitement thématique et en bloc de la petite harmonie, sonneries de cor qui excèdent Gluck et renvoient plutôt à la 7e…).
→ Je n'avais encore jamais entendu de symphonies de l'époque de Beethoven qui puissent lui être comparées, dans le style (et bien sûr dans l'aboutissement). En voici – en particulier la Troisième, suffocante de beethovenisme du meilleur aloi !

Brahms
– Symphonies – Pittsburgh SO, Janowski (PentaTone 2020)
→ Très tradi, sans doute impressionnant en vrai connaissant l'orchestre et le chef, mais pas très prenant au disque par rapport à la pléthore et à l'animation enthousiasmante des grandes versions. Assez massif, peu contrasté et coloré, pas très convaincu (vu l'offre) même si tout reste cohérent structurellement et inattaquable techniquement.
→ Tout de même très impressionné par la virtuosité de l'orchestre : rarement entendu des traits de violon aussi fluides, les cuivres sont glorieux, la flûte singulièrement déchirante…

Brahms – Symphonie n°3, lieder de Schubert orchestrés, Rhapsodies hongroises, Rhapsodie pour alto – Larsson, Johnson, SwChbO, Dausgaard (BIS)

Mahler – Totenfeier – ONDIF, Sinaisky (ONDIF live)
→ Cet entrain, ces cordes graves !

Nielsen – Symphonie n°1 – LSO, Ole Schmidt (alto)
→ Très énergique, mais trait gras.

Nielsen – Symphonie n°1 – LSO, C. Davis (LSO Live)

♥♥ Nielsen – Symphonie n°1 – BBC Scottish SO, Vänskä (BIS)

♥♥♥ Nielsen – Symphonie n°1 – Ireland NSO, Leaper  (Naxos)

♥♥♥ Nielsen – Symphonies n°1,2,3,4,5,6 – Stockholm RPO, Oramo (BIS)
→ Lyrisme, énergie mordante, couleurs, aération de la prise… une merveille, qui magnifie tout particulièrement la difficile Sixième Symphonie !

Mahler – Symphonie n°5 – Boulez Vienne (DGG)
→ Un peu terne et mou, du moins capté ainsi.

Schmidt – Symphonies – Frankfurt RSO, Paavo Järvi (DGG)
→ Au sein de ce corpus extraordinaire, voire majeur, le plaisir d'entendre une version qui s'impose d'emblée comme colorée, frémissante, captée avec profondeur et détails, par un orchestre de première classe, et surtout articulée avec ce sens incroyable des transitions qui caractérise l'art de Järvi. Chacune des symphonies en sort grandie. Indispensable.

Graener – Variations orchestrales sur « Prinz Eugen » – Philharmonique de la Radio de Hanovre, W.A. Albert (CPO 2013) → On ne fait pas plus roboratif… mon bonbon privilégié depuis deux ans que je l'ai découvert par hasard, en remontant le fil depuis le dernier volume de la grande série CPO autour du compositeur (concertos par ailleurs tout à fait personnels et réussis).




SYMPHONISTES SLAVES

Tchaïkovski – Symphonie n°5, Francesca da Rimini – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2020)
→ Ébloui en salle par le génial sens des transitions organiques de Järvi, où chaque thème semblait se verser dans l'autre (avec l'Orchestre de Paris), je le trouve ici plus corseté, plus raide. Je ne sais quelle est la part de la différence de culture des orchestres (Zürich a toujours eu un maintien assez ferme) et d'écoute un peu distraite au disque au lieu de l'attention indivisée en salle sur tous les détails splendides. Peut-être la prise de son un peu lointaine et mate, aussi ?  Mais ce fonctionnait très bien avec les Mahler de Bloch…
→ Très belle lecture pas du tout expansive, très sobre et détaillée, en tout état de cause.
→ Francesca da Rimini confirme cette impression d'interprétation très carrée – on y entend encore l'orchestre de Bringuier !

Borodine – Symphonie n°1 – URSS SO, Svetlanov
→ Là aussi, des thèmes populaires, quoique plus tourmentés. Pas très développé mais grand caractère.
→ bissé

Borodine – Symphonie n°2 – Royal PO, Ashkenazy (Decca 1994)

Balakirev, Kalinnikov – Symphonies n°1 – Moscou PO, Kondrachine (Melodiya)
→ Foisonnement de thèmes folkloriques !  Interprétation pas si typée…

Kalinnikov – Cedar and Palm - Bylina - Intermezzos - Serenade & Nymphs –
The Ussr Symphony Orchestra, Evgeniy Svetlanov, (Svetlanov 1988)

Novák – Suite de la Bohême méridionale + Toman & la Nymphe des Bois – Moravian PO Olomouc, Marek Štilec (Naxos 2020)
→ Généreux slavisme qui a entendu Wagner. Le grand poème Toman de 25 minutes est une très belle réussite, qui culmine dans des élans richardstraussiens irrésistibles.
→ Bissé.

Vladigerov – Symphonies 1 & 2 – Radio de Bulgarie, Vladigerov (Capriccio)
→ Le partenariat Capriccio avec les Bulgares se poursuit !  J'avais beaucoup aimé ses concertos pour piano…



SYMPHONISTES BRITANNIQUES & IRLANDAIS

Bax – Symphonie n°2 – LPO, Myer Fredman (Lyrita)

Scott – Symphonie n°3 « The Muses » – BBCPO, Brabbins (Chandos)
→ Debussyste en diable (le chœur de Sirènes…), de bout en bout, et très beau.
+ Neptune
→ Très debussyste aussi, remarquablement riche (un côté Daphnis moins contemplatif et plus tendu). Splendide.

Scott – Symphonie n°4 – BBCPO, Brabbins (Chandos)

Kinsella – Symphonies Nos. 3 and 4 – Ireland NSO, Duinn (Marco Polo 1997)
→ étagements brucknériens à certains endroits.

♥♥ Kinsella :
Symphony No. 5, "The 1916 Poets":  – Bill Golding, Gerard O'Connor, ; Ireland RTÉ National Symphony Orchestra; Colman Pearce
Symphony No. 10 – Irish ChbO, Gábor Takács-Nagy (Toccata Classics)
→ n°5 : avec basse et partie déclamée. Très vivant.
→ n°10 : Néoclassicisme avec pizz et percussions prédominantes, très dansant. Vrai caractère, très beaux mouvements mélodiques ni sirupeux ni cabossés.



SYMPHONISTES JAPONAIS

Hisatada Otaka – Sinfonietta pour cordes 1937 – Sendai PO, Yuzo Toyama
→ Assez lisse.

Hisatada Otaka – Suite japonaise (1936, orch. 1938) –  Shigenobu Yamaoka
→ Orchestration de la suite piano.

Hisatada Otaka – Midare pour orchestre – NHK, Niklaus Aeschbacher (1956)
→ Un peu néo, du xylophone, du romantique un peu univoque, avec un côté mauvaise imitation occidentale du japin, à la fin de la pièce. Mitigé.

Akira Ifukube - Symphonie concertante avec piano (1941)  –Izumi Tateno, Japon PO, Naoto Otomo
→ Du planant sirupeux fade, pas trop mon univers.

Akira Ifukube – Ballata Sinfonica (1943)  – Tokyo SO, Kazuo Yamada (1962)
→ Entre Turandot et l'Oiseau de feu, en plus simple (tire sur Orff).
→ (bissé par curiosité trois jours plus tard)

♥ Yasushi Akutagawa – Prima Sinfonia 1955 – Tokyo SO, Akutagawa
→ Étonnant, et très riche, pas du tout sirupeux (pas mal de Mahler et de Proko, mais dans un assortiment personnel). J'aime beaucoup.
→ Pas du tout dans le genre du symphonisme japonais post-debussyste ou, horresco referens, post-chopinien.




7. MUSIQUE DE CHAMBRE

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SONATES
♥♥♥ J. & H. Eccles, Matteis, Daniel Purcell – « The Mad Lover » – Langlois de Swarte, Dunford (HM 2020)
→ Les Matteis et (Henry) Eccles sont fulgurants !  Quelle musique rare, sophistiquée et jubilatoire ! Dunford improvise avec une richesse inouïe et la musicalité de Swarte emporte tout.

Rossini, Castelnuovo-Tedesco… – « Rossiniana » (pour violoncelle & piano) – Elena Antongirolami (Dynamic 2020)
→ Toutes sortes de variations & paraphrases, très sympa.

Mendelssohn – Les 3 Sonates violon-piano – Shlomo Mintz, Roberto Prosseda (Decca 2020)
→ Violon très baveux, dont le timbre s'altère au fil des phrasés, je n'aime pas du tout. Et conception générale assez figée… voyage dans le passé (et pas forcément chez les meilleurs). Pas du tout aimé.

♥♥♥ Gédalge, Marsick, Enescu – Sonate violon-piano n°1 / Poème d'été / Sonates 1 & 2 – Julien Szulman, Pierre-Yves Hodique
→ Œuvres très rares, incluant celles des professeurs d'Enescu, lui dédiant leurs nouvelles œuvres alors qu'il n'a que seize ans ! 
→ Martin-Pierre Marsick, son professeur de violon, écrit clairement de la « musique d'instrument ».
→ En revanche André Gedalge, assistant (et véritable professeur officieux) de la classe de composition de Massenet puis Fauré, nous livre un vrai bijou, écrit dans une veine mélodique un peu convenue, mais où tout effet est pesé – et pèse –, avec un sens de la structure remarquable (quels développements !). La superposition en décalé des thèmes, dans le faux scherzo, est un coup de maître assurément.
→ Pas très séduit par la Sonate n°2 d'Enescu : trop de complexités, une expression contournée qui déborde de partout dans l'harmonie ultra-enharmonique, le rythme (premier mouvement en 9/4, à quoi bon), sa fin nue anticlimactique. Plus de complexité pour moins d'effet…
→ Car la n°1, au contraire (à 16 ans !) manifeste une générosité mélodique et un lyrisme très emportés, certes pas du tout subversifs, mais focalisés dans une forme maîtrisée qui en accentue le caractère profusif, jusqu'aux bouts de contrepoint du final !
→ Interprètes de premier choix (Julien Szulman, qui finit une thèse sur Enescu au CNSM, vient d'être nommé violon solo au Philharmonique de Radio-France), avec un violon au son assez international, dense, d'une virtuosité immaculée et chaleureuse, sise sur la musicalité attentive, exacte et subtile de Pierre-Yves Hodique.

Dupuis  – Sonate violon-piano – Prouvost, Reyes (En Phases)

♥ Hisatada Otaka – Concerto pour flûte version avec piano – Miki Yanagida, Takenori Kawai (YT 2016)
→ Captation sèche qui ne fait pas épanouir toute la poésie de la pièce. Mais plus convaincant qu'à l'orchestre, clairement, avec ses très belles couleurs debussystes.



DUOS

♥♥ Rameau – Suites à deux clavecins tirées des Indes, Zoroastre… – Hantaï, Sempé (Mirare)

♥♥ A. Romberg & B. Romberg – Duos for violin and cello – Barnabás Kelemen, Kousay Kadduri (Hungaroton 2002)
→ Interprétation très tradi, pas très exaltante, de ces duos remarquablement écrits, quoique moins fascinants que ceux pour violoncelle.
→ Les variations finales du troisième duo Op.1 sont écrites sur le premier air d'Osmin de l'Enlèvement au Sérail !
→ Quant au premier duo d'Andreas Romberg, il se fonde sur « Se vuol ballare » des Noces de Figaro ; le second, sur « Bei Männerm », le duo Pamina-Papageno…

A. Romberg & B. Romberg – Duo for Violin and Cello in E Minor, Op. 3, No. 3 – Duo Tartini (Muso 2019)

Wagner – Götterdämmerung final par Tal & Groethuysen sur deux pianos (Sony)
→ Chouette initiative, mais manque un peu de fièvre.

Fauré, Widor, Dupré, D. Roth, Falcinelli, Mathieu Guillou, J.-B. Robin – « L'Orgue chambriste, du salon à la salle de concert » –Thibaut Reznicek, Quentin Guérillot (Initiale 2020)
→ Beau programme (en particulier Roth, intéressé aussi par l'inattendue Sonate de Dupré), beau projet, où je découvre un violoncelliste au grain extraordinaire, Thibaut Reznicek, sacré charisme sonore !

Hisatada Otaka – Midare capriccio pour deux pianos – Shoko Kawasaki, Jakub Cizmarović (YT 2015)



TRIOS

Beethoven – Trios Op.1 n°3 et Op.11, arrangement anonyme pour hautbois, basson et piano – Trio Cremeloque (Naxos, octobre 2019)
→ On perd clairement en conduite des lignes et en nuances, avec les bois. Mais très agréable de changer d'atmosphère.

♥♥ B. Romberg:  3 Trios, Op. 38:  – Dzwiza, Gerhard; Fukai, Hirofumi; Stoppel, Klaus (Christophorus 2007)
→ Étonnant effet symphonique de ces trois cordes graves !

Tchaïkovski-Goedicke – Les Saisons – Varupenne, Trio Zadig (Fuga Libera 2020)
→ La redistribution de la matière pour piano seul à trois instruments (dont le piano…) n'est pas la chose la plus exaltante du monde (mélodies au violon, piano simplifié…), mais c'est une occasion d'entendre un des meilleurs trios de l'histoire de l'enregistrement dans un répertoire qu'ils servent merveilleusement – hâte qu'ils gravent le Trio de Tchaïkovski, qu'ils jouent mieux que personne.
→ Et en effet, (Ian) Barber particulièrement en forme, Borgolotto toujours d'une présence sonore impérieuse, Girard-García un peu sous-servi par l'encloisonnement dans un disque, mais on sent toute son élégance néanmoins. D'immenses musiciens à l'œuvre, on l'entend.

Saint-Saëns – Violin Sonata No. 1, Cello Sonata No. 1 & Piano Trio No. 2 – Capuçon, Moreau, Chamayou (Erato 2020)
→ Surtout impressionné par le grain et la présence de Moreau, saisissants. Le son très rond / vibré de Capuçon convient un peu moins bien à Saint-Saëns (surtout la Sonate) qu'aux Brahms et Fauré où il a fait merveille avec sa bande !

♥♥ Magnard – Piano Trio in F Minor / Violin Sonata in G Major – Laurenceau, Hornung, Triendl (CPO) 
→ Merveille, et à quel niveau !  (lyrisme de Laurenceau, et comme Hornung rugit !)

♥♥♥ Clarke – 3 Mvts for 2 violins & piano / Sonates violon-piano : en ré, fragments en sol / Trio Dumka / Quatuor– Lorraine McAslan, Flesch SQ, David Juriz, Michael Ponder, Ian Jones… (Dutton Epoch 2003)
→ Le trio à deux violons et surtout la Sonate en ré sont des sommets de la musique de chambre mondiale, d'une générosité incroyable, et sises sur une très belle recherche harmonique qui doit tout à l'école française.

♥♥ Graener – Trios avec piano – Hyperion Trio (CPO 2011)
→ Lyrique et simple pour la musique aussi tardive, ce fait remarquablement mouche !  (Plus proche de Taneïev que des décadents allemands.)



QUATUORS À CORDES

Beethoven, Quatuor n°1 / Bridge, Novelettes / Chin, Parametastrings – « To Be Loved » – Esmé SQ (Alpha)
→ Très vivante version de l'excellent n°1 (enfin, dans l'ordre d'édition) de Beethoven. (Testées en salle : énergie folle dans le n°11.)
→ Pépiements sympas de Chin.

♥♥♥ Beethoven, Quatuor n°3, Orford SQ (Delos)
→ Superbe détail.
+ Cremona, Takács, Bartók, Jerusalem, Belcea

♥♥♥ Beethoven, Quatuor n°4, Orford SQ (Delos)
→ Pas très tendu, mais remarquablement articulé !
+ Quatuor n°15 : là aussi pas un sommet émotionnel, mais j'aime beaucoup certe individualisation extrême des voix !

♥♥ Arriaga – Quatuors – La Ritirata (Glossa 2014)
→ Très belle lecture sur instruments anciens. Reste un corpus bien plus mineur que ses œuvres orchestrales, d'un jeune romantisme encore assez poliment classique.
→ Le rare Tema variado en cuarteto est en revanche une petite merveille !

♥♥♥ Stenhammar : Quatuors 3 & 4 – Stenhammar SQ (BIS)

♥♥♥ d'Albert – Quatuors – Sarastro SQ (Christophorus)

♥♥ Weigl String Quartet No. 3 // Berg Op.3 – Artis SQ (Orfeo)
→ Richesse et véhémence remarquables de ce corpus sans comparaison avec les pâles symphonies !  Parmi les très grands quatuors du premier XXe siècle.
→ Le Berg est vraiment très beau, d'une tonalité tourmentée.

Weigl
– 5 Lieder pour soprano & quatuor Op.44, Quatuor n°5 – Patricia Brooks, Iowa SQ (NWCRI 2010)
→ Son ancien.

♥♥ Weigl String Quartets Nos. 1 and 5 (Artis Quartet) (Nimbus)
→ Richesse et véhémence remarquables de ce corpus sans comparaison avec les pâles symphonies !  Parmi les très grands quatuors du premier XXe siècle.

♥♥ Weigl – String Quartets Nos. 7 & 8 – Thomas Christian Ensemble (CPO 2017, parution en dématérialisé le 3 juillet 2020)
→ Weigl est donc un grand compositeur… mais certainement pas de symphonies !  Ces quatuors, plus sombres, mieux bâtis, d'une veine mélodique très supérieure et d'une belle recherche harmonique, s'inscrivent dans la veine d'un postromantisme dense, sombre, au lyrisme intense mais farouche, à l'harmonie mouvante et expressive. Des bijoux qui contredisent totalement ses jolies symphonies toutes fades. (On peut songer en bien des endroits au jeune Schönberg, à d'autres à un authentique postromantisme limpide mais sans platitude.)
→ Aspect original, le spectre général est assez décalé vers l'aigu : peu de lignes de basses graves, et les frottements harmoniques eux-mêmes sont très audibles aux violons, assez haut. avec pour résultat un aspect suspendu (le Quatuor de Barber dans le goût des décadents autrichiens…) qui n'est pas si habituel dans ce répertoire.

♥♥ Weingartner – Quatuor n°5, Quintette à cordes –  Sarastro SQ, Petra Vahle (CPO)
→ Rien trouvé de très saillant, à réessayer encore ?
→ trissé. toujours rien.

♥♥♥ Hahn – Quatuors à cordes, Quintette piano-cordes – Tchalik SQ, Dania Tchalik (Alkonost 2020)
→ Encore un coup de maître pour l'élargissement répertoire avec le Quatuor Tchalik !  La sophistication souriante de la musique de chambre de Hahn, où le compositeur a clairement laissé le meilleur de sa production (particulièrement dans ces œuvres, ainsi que dans le Quatuor piano-cordes qui manque ici), se trouve servie avec une ardeur communicative.
→ Le déséquilibre antérieurement noté entre violon I & violoncelle très solistes d'une part (les frères), petite harmonie très discrète d'autre part (les sœurs) s'estompe au fil des années vers un équilibre de plus en plus convaincant. Et toujours cette prise de risque maximale, au mépris des dangers.
→ Grandes œuvres serives de façon très différente des Parisii :(qui étaient plus étales et contemplatifs, plus voilés, moins solistes, très réussis aussi).
→ Saint-Saëns, Hahn, Escaich… en voilà qui ne perdent pas leur temps à rabâcher le tout-venant !  (Merci.)
→ Bissé.

Novák – Quatuor n°3 – Novák SQ (SWR Classic Archive, parution 2017)
→ Très folklorisant et en même temps pas mal de sorties de route harmoniques, sorte de Bartók gentil. On sent la préoccupation commune du temps.

♥♥♥ Scott – Quatuors 1,2,4 – Archeus SQ (Dutton Epoch 2019)
→ Très marqués par l'empreinte française (on y entend beaucoup Debussy, le Ravel de Daphnis également), des bijoux pudiques, d'une sophistication discrète et avenante. Un régal absolu !

♥♥ Bridge, Holst, Goossens, Howells, Holbrooke, Hurlstone –  « Phantasy » – Bridge SQ (EM Records)
→ Goossens impressionnant. Howells frémissant…



AUTRES QUATUORS

Ritter – Quatuors avec basson – Paolo Cartini, Virtuosi Italiani (Naxos 2007)
→ Très joliment mélodique. Moins riche et virtuose que Michl.

B. Romberg:  Variations and Rondo, Op. 18 – Mende, Trinks, Pank & piano (Raumklang 2012)
→  Très beau postclassique.



QUINTETTE

Bax – Quintette avec piano – Naxos

♥♥♥ Scott, Bridge – Quintette avec piano n°1 / en ré mineur – Bingham SQ, Raphael Terroni (Naxos 2015)
→ Beau Quintette de Bridge, splendide de Scott, avec son premier mouvement très… koechlinien-2 !
→ Bissé Scott.



SEXTUOR ET AU DELÀ

♥♥♥ Weingartner – Sextuor pour quatuor, contrebasse & piano / Octuor pour clarinette, cor, basson, quatuor & piano – Triendl (CPO)
→ Complètement fasciné par le Sextuor pour piano et cordes (la pochette dit Septuor à tort). Un lyrisme extraordinaire.
→ bissé

Chabrier – Souvenirs de Munich (arrangement David Matthews pour ensemble) – Membres du Berlin PO, Michael Hasel (Col Legno 2009)
→ Doublures étranges qui accentuent le côté foire de ces réminiscences de Tristan façon quadrille.

Roussel, Koechlin, Taffanel, d'Indy, Messager, Françaix, Chabrier, Bozza, Tansman – musique française pour vents et piano – V. Lucas, Gattet, Ph. Berrod, Trenel, Cazalet (solistes de l'Orcheste de Paris), Wagschal (Indésens 2020)
→ Joli ensemble, pas le meilleur de la production chambriste française (excepté les extraits de la Suite de d'Indy), avec des timbres assez blancs, il existe plus exaltant ailleurs même si le projet est très beau et mérite d'être salué !



HORS DES FRONTIÈRES

♥♥ de Mey – Musique de table – James Cromer, Corey Robinson, Gregory Messa (vidéo culte d'Evan Chapman)




8. SOLOS

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Froberger – Œuvres pour orgue – Temple Saint-Martin de Montbéliard, Coudurier (BNL)

Folías par Frédéric Muñoz à l'orgue de Guimiliau –  https://www.youtube.com/watch?v=EX8OSpPboz4 (YT 2017)
→ Superbe orgue XVIIe en état de jeu. Pourquoi ne s'en sert-on pas davantage pour les enregistrements, plutôt que des instruments contemporains de la composition (qu'il y avait moins de probabilité de pouvoir jouer à l'époque, car en petit nombre), voire postérieurs ?

Gabrielli, Biber, Young – « Jacob Stainers Instrumente » – Maria Bader-Kubizek, Anita Mitterer, Christophe Coin (Paladino 2020)
→ La Partita 6 de l'Harmonia artificiosa-ariosa est marquante par son vaste air à variations de 13 minutes et son langage un peu original.
→ La parenté des traits de (Domenico) Gabrielli avec les figures des Suites pour violoncelle de Bach reste toujours aussi frappante. (Coin fait merveille dans ce grand solo.)  Elles sont assez bien documentées au disque, ce sont des bijoux.

♥♥ Gabrielli – Œuvres complètes pour violoncelle – Hidemi Suzuki, Balssa, Otsuka (Arte dell'arco 2012)
→ Quels solos bachiens, en plus rayonnants !
→ Bissé.

♥♥ Giuliani – Le Rossiniane – Goran Krivokapić, guitare (Naxos 2020)
→ Réellement des arrangements (virtuoses) de grands airs rossiniens, en particulier comiques (Turco, Cenerentola…), très bien écrits (quel symphonisme !) et exécutés avec une rare qualité de timbre et de phrasé.

Bach, Chorals / Elgar, Sonate 1 / Lefébure-Wély Boléro / Karg-Elert 3 Impressions / John Williams, 3 arrangements de Star Wars – Nouvel orgue de la cathédrale Saint-Stéphane de Vienne, Konstantin Reymaier (DGG 2020)
→ Splendides Bach pudiques sur jeux de fonds, une transcription de Williams réussie, les frémissements du trop rare Karg-Elert, un joli Elgar sérieux inattendu… Superbe récital.





9. MADRIGAL, AIR DE COUR, LIED & MÉLODIE

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MADRIGAL & AIR DE COUR

♥♥♥ Monteverdi – Combattimento – Beasley & Regenc'hips en concert (YT)

Lanier, Ramsey, Jenkis, Banister, Lawes, Webb, Hilton… – « Perpetual Night » – Richardot, Correspondances, Daucé (HM 2018)
→ Ni les œuvres ni la manière ne me font dresser l'oreille, je l'avoue. Très rond, confortable, contemplatif, le tout manque vraiment d'arêtes, d'événements.

♥♥ Jacquet de La Guerre – Le Déluge – Poulenard, Verschaeve, Giardelli, Guillard (Arion)

Monteverdi, Purcell, Haendel – « Guerra amorosa » – Nigl, Pianco, Ghielmi (Passacaille 2012)

♥♥ Cerutti, Auletta, Tartini, Mayr, anonymes – « Il Gondoliere veneziano » – Holger Falk, Nuovo Aspetto (WDR 2020)
→ Varié et réjouissant, chanté avec verve !

Steffani, Vivaldi, Hahn, Satie… – « Eternity » Kermes & Gianluca Geremia, théorbe (Simone Kermes 2020)
→ Très joli album planant et délicat, sur son propre label. 30 minutes de musique, un format uniquement dématérialisé je suppose.



LIEDER ORCHESTRAUX

♥♥♥ Schubert – An Schwager Kronos (orchestration Brahms)
→ Monteverdi Choir ♥
→ Schroeder, AMSO, Botstein (horriblement engorgé)
→ Steffeb Lachenmann, Brandenburger Pkr, gernot Schulz (mou et pas ensemble)
→ Johan Reuter, SwChbO Dausgaard (orch en folie) ♥♥♥

♥♥♥ Schubert – «  Nacht und Träume » (orchestrations de Berlioz, Liszt, Reger, R. Strauss, Britten) – Lehmkuhl, Barbeyrac, Insula O, Equilbey (Warner 2017)
→ Splendidement chanté, accompagné sur instruments d'époque, un régal.
→ bissé

♥♥ Schubert – Lieder orchestrés par Max Reger – Ina Stachelhaus, Dietrich Henschel, Stuttgarter Kammerorchester, Dennis Russell Davies (MDG 1998)

Schubert – Lieder orchestrés (Liszt, Brahms, Offenbach, Reger, Webern, Britten…) – von Otter, Quasthoff, COE, Abbado (DGG 2003)
→ Orchestrations pas nécessairement passionnantes en tant que telles, même si entendre Schubert dans ce contexxte dramatisé fait plaisir. (Les Webern sont franchement décevants.) 
→ Splendide orchestre (même si direction un peu hédoniste), von Otter un peu fatiguée mais fine, Quashoff à son faîte.
→ Étonnement : les attaques de l'orchestre sont de façon récurrente désynchronisées des chanteurs (pas mal de retards, quelques-fois de l'avance). Typiquement, Die Forelle, Ellens Gesang…
On parle d'Abbado, du COE, de von Otter qui a chanté du R. Strauss à la scène, je ne sais pas trop comment / pourquoi c'est possible. (Je ne vois pas à quoi ça sert si c'est volontaire, pour moi ça ressemble au chef qui attend le phrasé de la chanteuse mais qui réagit un peu tard.)
Peut-être est-ce que l'attaque est au bon endroit mais que le gros du son parvient plus tard. (Mais justement, en principe c'est anticipé par les musiciens, les contrebasses attaquent toujours avec un peu d'avance pour cette raison.)

♥♥♥ Fried – Die verklärte Nacht – Ch. Rice, Skelton, BBCSO, Gardner (Chandos 2021)
Chef-d'œuvre absolu du lied orchestral décadent, tout en vapeurs, demi-teintes et éclats aveuglants, cette Nuit transfigurée bénéficie à présent d'une seconde version, aux voix très différentes (Rice plus charnue et timbrée, Skelton plus sombre) et à la direction très lyrique. Je conserve ma tendresse pour Foremny qui privilégie le mystère initiatique plutôt que les couleurs orchestrales (et la clarté éclatante de Rügamer dans la transfiguration est un bonheur sans exemple !), mais disposer d'un second enregistrement, et de niveau aussi superlatif, est absolument inespéré – et quoique dès longtemps attendu.
→ Parution en janvier 2021, mais les chanteurs ont déjà fait fuiter sur les comptes YouTube respectif la plupart des pistes vocales…
→ (déjà écouté une dizaine de fois)

♥♥♥ Fried – Die verklärte Nacht – Foremny
→ (réécouté à peu près autant de fois le mois passé…)

♥♥ Schoeck – Nachhall – Arthur Loosli, ChbEns Radio de Berne, Theo Loosli –  (Jecklin 2015)
→ Tout est plus clair, l'orchestre (moins dramatique, certes), le chant…

♥♥ Schoeck – Nachhall – Hancock, AmSO, Botstein (AmSO)
→ Splendide ambiance de fin du monde mélancolique.

♥♥♥  Fefeu & Gérard Demaizière – L'An 1999 – François Juno (RGR 1979)
→ et diverses parodies (version metal, version symphonique, version épique…), voire son interprétation imaginaire de Quelque chose en nous de Tennessee…



LIED & MÉLODIE

Schubert, Spohr, Weber, Giuliani – Lieder arrangés  avec guitare – Olaf Bär, Jan Začek (Musicaphon 2007)

♥♥ Beethoven – Lieder (An die ferne Geliebte) – Bär, Parsons (EMI 1993)

♥♥♥ Beethoven, Schubert, Britten… – « I Wonder as I Wander » – James Newby, Joseph Middleton (BIS 2020)
→ Splendide voix de baryton-basse, mordante, clairement dite, sensible aux enjeux dramatiques, aussi à l'aise dans la demi-teinte a cappella des Britten que dans la gloire mordante des poèmes les plus expansifs. Grand liedersänger très à son aise ici, et une fois de plus très bien capté par BIS.

♥♥♥ Beethoven ferne Geliebte, Schubert, Rihm – « Vanitas » – Nigl, Pashchenko (Alpha)
→ Accompagné sur piano d'époque.
→ Emporté d'emblée par les mots et le phrasé de cette ferne Geliebte ; splendeur de cette voix claire et souple, adroitement mixée et extraordinairement expressive (Beethoven !).
→ Concentration et la clarté de cette voix assez incroyables, on dirait un représentation de l'époque glorieuse des années 50-60, j'entends la concentration du son des très grands ténors d'autrefois (quelque part entre Cioni et Tino Rossi pour l'allègement délicat).
→ (Mais je ne comprends pas pourquoi il est noté baryton, c'est assez clairement un ténor pour moi, même s'il chante dans des tessitures centrales… Peut-être l'équilibre harmonique de la voix est-il différent en personnel.)
→ Et tout cela lui permet une finesse d'expression assez extraordinaire. (Rihm très réussis, je ne suis pas sûr que cet univers un peu raréfié m'aurait autant séduit sinon !)

♥♥ Schubert – Die junge Nonne
→ Ameling, Baldwin ♥♥
→ Ludwig, Gage

♥♥ Mahler – Wundherhorn – Gerhaher, Huber (RCA)

Mahler – Ruckert-Lieder / Des Knaben Wunderhorn– Bauer, Hielscher (Ars Musici 2003)
→ Voix vraiment claire, manque d'assise et d'incarnation pour une fois !

♥♥ Schoeck – Notturno – Gerhaher, Rosamunde SQ
→ Gerhaher très peu vibré, un peu sophistiqué, mais remarquable. Le grain du quatuor est fantastique.

Mitterer – Im Sturm – Nigl, Mitterer (col legno 2013)
→ Très mélodique (et le naturel de Nigl !), sur poèmes romantiques, avec bidouillages acousmatiques un peu stridents (trop proches dans la captation, on reçoit tout dans les oreilles sans distance) mais pas déplaisants.
→ Beaucoup de citations (Ungeduld de la Meunière), quasiment de l'a cappella avec des effets atmosphériques autour… Fonctionne très bien grâce à l'incarnation exceptionnelle de Nigl !




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LISTE D'ÉCOUTES à faire – nouveautés

→ reich eight lines
→ philippe leroux : nous par delangle (BIS)
→ Ch Lindberg
→ kontogiorgos, kaleidoscope pour guitare
→ adiu la rota
→ australian music two pianos « the art of agony »
→ elisabetta brusa ulster O
→ rossini matilde di shabran passionart O
→ haydn messe st tolentini naxos

→ vivaldi argippo eura galante
→ fürchtet euch nicht
→ letters chamber choir ireland
→ stanford chamber somm
→ alcione Marais
→ arte scordatura
→ trios alayabiev glinka rubinstein, brahms Trio (naxos)
→ martynov : utopia
→ boesmans & cornet à bouquin

→ asperen louis couperin
→ tabarro puccini janowski jagde
→ quartetto cremona : italian postcards
→ dmytro popov hymns of love
→ gurrelieder thielemann
→ Schubert: Lieder (orchestrations de Mottl, Britten, Liszt, Brahms, Berlioz, Strauss, Reger, Webern...)/Barbeyrac, Lehmkuhl, Equilbey
→ mahler lied erde bloch

(plus tous les autres des listes précédentes…)



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LISTE D'ÉCOUTES à (re)faire – autres

→ Christie Combattimento
→ symphs Romberg
→ Bruch symphs
→ legrenzi sedecia
→ legrenzi missa lauretana
→ LEGRENZI, G.: Concerti musical per uso di chiesa, Op. 1 (Oficina Musicum Chorus, Favero)

→ GOOSENS, E.: Violin Sonata No. 1 / HURLSTONE, W.: Violin Sonata in D Major / TURNBULL, P.: Violin Sonata in E Minor (Mitchell, Ball)
→ Chamber Music - LALLIET, C.-T. / POULENC, F. / RACHMANINOV, S. / RAVEL, M. (Trio Cremeloque)
→ BACH, C.P.E.: Oboe Concerto, Wq. 164 and 165 / Solo, Wq. 135 (Ebbinge, Amsterdam Baroque Orchestra, Koopman)
→ wellesz symph 1
→ alwyn symph 3
→ křenek symph 2
→ oratorium fanny
→ farrenc sextuor & trio
→ schoeck notturno bär
→ froberger moroney org robert-dallam de lanvellec

→ lebendig begraben

→ bax 2 lloyd ou lyrita

→ rééd rückert minton boulez
→ coin
→ mosaïques SQ der Beeth

→ Blancrocher - L’Offrande. Pièces de Froberger, Couperin, Dufaut et Gaultier:
→ forqueray intégral devérité & friends, rannou…

→ schoeck nathan berg griffiths) + opéras
→ lalande laudate
→ bär gelibte

→ Lamia de Dorothy Howell

→ vivaldi baiano cctos clvcn
→ holger falk + nigl + newby

→ Lugansky franck debussy

→ Rawsthorne McCabe, Hoddinott,  Mathias.   Bate et Benjamin, coles. swayers.
→ Solemnis gardiner

→ A. Rawsthorne, Symphony No. 2
→ reutter op.58,56,jahreszeiten
→ Robert Simpson, Symphonie n°9, Bournemouth SO, Vernon Handley.
→ rubbra ccto pia
→ Coles : je réécoute les Four Verlaine Songs pour la dixième fois aujourd'hui, c'est véritablement renversant.
→ e préfère moi aussi la No. 2 de Boughton et pas qu'un peu,

→ stephan sieben saiteninstrumente, horenstein ensemble ( et suite pour quatuor de butterworth)
→ Michel dens
→ Goublier - Mélodies lyriques populaires (6) : baryton, choeurs, et Orchestre - Michel Dens - HD

→ The Primrose Piano Quartet : Hurlstone, Quilter, Dunhill, Bax
→ BRITISH PIANO QUARTETS : Mackenzie, Howells, Bridge, Howells, Stanford, Jacob, Walton (The Ames Piano Quartet)
→ Viola Sonatas, Idylls & Bacchanals : McEwen, Maconchy, Bax, Jacobs, Rawsthorne, Milford, Leighton (Williams/Norris)

(plus tous les autres des listes précédentes…)




… et voici pour la dernière livraison de l'année 2020, deux ans complets de traque aux pépites nouvelles – et il y en a beaucoup, même en mettant l'accent sur les répertoires délaissés ou les interprétations hors du commun !

Je n'ai pas encore décidé si je poursuivais l'aventure en 2021 : je fais ce repérage pour moi-même, mais la mise en forme lisible prend à chaque fois plusieurs heures, et j'ai plusieurs séries de notules que j'aimerais davantage achever, poursuivre ou débuter. Je me disais que ce pouvait être utile, puisque j'écoute beaucoup et laisse des traces écrites, mais en fin de compte, devant la masse, je crains de noyer mes lecteurs plus que de les éclairer. Et cela suppose aussi que mon agenda soit gouverné par les parutions plutôt que par ma fantaisie (ce qui n'est pas bien).

Ce qui est sûr, c'est que je n'aurai pas le temps de faire la remise des prix des disques de l'année. Ce serait absurde de toute façon : même en choisissant un disque par genre et par époque, je serais obligé de trancher de façon parfaitement arbitraire. Il y a beaucoup de choses à découvrir, avec leurs commentaires à chaque fois, aussi je vous invite, si vous souhaitez façonner votre propre bouquet, à remonter la piste du chapitre correspondant dans CSS, et à faire votre choix parmi les disques mentionnés en bleu-violet ou 2-3 cœurs !

Si jamais vous vous interrogiez sur la conclusion l'année Beethoven, j'ai ici commis une petite suite de tweets où je relève ce qui m'a paru marquant, en classant par genre – et en incluant les disques traitant des contemporains, puisqu'il y a eu beaucoup de parutions majeures autour de Salieri / Rejcha / B. Romberg / Hummel / Moscheles que vous seriez fort avisés de ne pas négliger… (En revanche, il y eut extrêmement peu de raretés du catalogue de Beethoven à proprement parler.)

Belles explorations à vous, et à bientôt, sous d'autres formats sans doute !

mardi 17 novembre 2020

Le défi 2020 des nouveautés – épisode 15 : trios de référence, cycle RVW, Garanča apprivoisée, diamants brésiliens, Charpentier ultramontain, Verdi gallican


L'enfermement favorisant l'exploration discographie, une nouvelle et prompte livraison s'imposait.

winterreise_nawak.jpg

Du vert au violet, mes recommandations… en ce moment remplacées par des .
♦ Vert : réussi !
♦ Bleu : jalon considérable.
♦ Violet : écoute capitale.
♦ Gris : pas convaincu. ♠
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

En rouge, les nouveautés 2020 (et plus spécifiquement de l'automne).
Je laisse en noir les autres disques découverts.
En gris, les réécoutes de disques.



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OPÉRA


Haendel – Rinaldo – Aspromonte, Galou, Luigi De Donato ; Accademia Bizantina, Dantone
→ Déçu par cette lecture assez terne d'un des plus beaux seria de Haendel : Dantone a toujours été  un accompagnateur probe qu'un inventeur de textures, mais ici, sans le renfort du drame, c'est assez frustrant. D'autant plus qu'Aspromonte blanchit terriblement dans le seria (c'est dans le XVIIe déclamatoire qu'elle fait merveille), que Galou est dans un jour peu propice (ou bien est-ce l'aspect héroîque du rôle, à rebours de sa personnalité vocale ?)… il n'y a que Luigi De Donato qui, comme d'habitude (cf. le récent Samson d'Alarcón dans la livraison précédente, n°14), impose présence et mordant charismatiques. Dommage, l'œuvre mérite vraiment une discographie abondante et il y a encore de la place pour de nouvelles propositions…

[vidéo en direct de l'Opéra-Comique] : Rameau, Hippolyte & Aricie, Pichon (avec Elsa Benoit, Mechelen, Brunet…)
→ Orchestre splendide (ampleur, couleurs, énergie), œuvre toujours aussi peu passionnante pour moi, livret misérable, et voix qui vibrent quand même beaucoup pour ce répertoire (Benoit était fulgurante dans la Dame Blanche).

♥♥♥ Auber – Les Diamants de la Couronne – Raphanel, Einhorn, Arapian, Médioni ; Colomer (Mandala)
♥♥♥ Auber – Les Diamants de la Couronne – Raphanel, Einhorn, Arapian, Médioni ; Colomer (vidéo de la même production, Compiègne)
→ Sommet du livret haletant (merci Scribe) et d'une musique divertissante pourtant pleine de modulations, d'ensembles travaillés, de surprises… Un des plus beaux opéras comiques jamais écrits. (Peut-être même le plus beau en langue française…)  Distribution fabuleuse et orchestre audiblement passionné. Mise en scène tradi pleine de vie.

♥♥ Donizetti – Lucia di Lammermoor (Sextuor) – Rost, Ford, Michaels-Moore, Miles, Hanover Band, Mackerras
→ Ma version chouchoute (instruments anciens, vivacité)… version française exceptée évidemment.
Autres écoutes :
López-Cobos (Caballé, Carreras, Ramey)
Bonynge (Sutherland, Pavarotti, Milnes)

♥♥♥ Verdi – Rigoletto (extraits en français) – Robin, Michel, Maurice Blondel, Dens, Depraz, Noguera ; Opéra de Paris, Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ Des fulgurances et des étrangetés dans la traduction… étonnant comme le mot juste qui éblouit alterne avec les laborieuses maladresses prosodiques (ou affadissements inutiles du sens). Exécution foudroyante.
→ trissé

♥♥ Verdi – Traviata (extraits en français) – Robin, Finel, Dens ; Opéra de Paris, Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ Le livret est assez mutilé par les pudibonderies fadissimes de la traduction, mais entendre cette qualité de chant et d'incarnation demeure inestimable, et dans un français sublime.
→ trissé

Verdi – Le Trouvère (extraits en français) –  Juyol, Laure Tessandra, Poncet, Dens ; divers orchestres, Delfosse / Etcheverry / Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ bissé

Verdi – Aida – Milanov, Thebom, Del Monaco, London, Hines ; Met, Cleva (Pristine)
→ Surtout remarquable par l'ardeur orchestrale (et bien disciplinée pour le Met de l'époque !). Mais si l'on veut le Del Monaco le plus sonore et glorieux, clairement la bonne adresse – je l'aime davantage, plus fragile et approfondi, plus tard.

Verdi – Aida (extraits en français) – Irène Jaumillot, Élise Kahn, Poncet, Borthayre (x2), Koberl ; Orchestre inconnu, Robert Wagner (Marianne Mélodie publication 2013)
→ bissé

♥♥ Verdi – Otello (extraits en français) – Jeanne Segala, Thill, José Beckmans ; Opéra de Paris, François Ruhlmann (Marianne Mélodie publication 2013)
→ trissé

♥♥ Offenbach – Barbe-Bleue – Séchaye, Vidal, Félix… ;  Opéra de Rennes, Campellone (plan fixe d'archives)

♥♥♥ Offenbach – Barbe-Bleue – Mas, Beuron, Mortagne ; Pelly, Opéra de Lyon (vidéo France 2, diffusion 2020)

Prokofiev – Guerre & Paix – Markov, Stanislavsky… (vidéo du Stanislavsky 2020)
→ Pas la soirée la plus voluptueuse musicalement ni inspirée scéniquement, mais très belles voix des jeunes premiers.



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MUSIQUE DE SCÈNE / BALLETS

Delibes – Ballets Sylvia, La Source, Coppélia – N. Järvi (Chandos)
→ Pas le plus marquant de Delibes, mais contenu de ploum-ploum plutôt magnifié par le grand geste unifiant de Järvi.

Grieg – Peer Gynt, les 2 Suites – Bergen PO, Ruud (BIS)
→ Un peu déçu à la réécoute, pas aussi singulier et coloré – ou bien était-ce davantage le cas dans la musique de scène totale par les mêmes ?

♥♥ Schmitt – Oriane & le Prince d'Amour, Tragédie de Salomé, Musique sur l'eau, Légende – Susan Platts, Nikki Chooi ; Buffalo PO, Falletta (Naxos 2020)
→ Passionnant ensemble de raretés (des premières ?) de Schmitt. Outre l'incontournable suite de Salomé (les pas d'action sont supprimés et le tout réorchestré pour très grand orchestre), que je trouve admirablement interprétée par Buffalo-Falletta, dont je n'avais pas de tels souvenirs d'excellence et de style (plus massifs et moins finement articules), on y rencontre la précieuse Oriane, une mélodie avec orchestre qui tire un réel profit des qualités de sophistication et de naturel conjugués dont peut faire preuve Schmitt !

Vaughan Williams – Job – Bergen PO, Andrew Davis (Chandos 2017)
→ Moins intéressé dans cette version (par rapport à Hallé-Elder présenté dans la livraison n°14), plus lisse, plans moins détaillés pour une œuvre déjà étale et homogène.



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MUSIQUE SACRÉE

Beretta, Merula, Cazzatti, Giambelli, Benevolo, Cavalli, Charpentier – Messes à chœurs multiples – Correspondances, Daucé (HM)
→ Il manque hélas les deux plus belles pièces de la tournée de concerts (de Legrenzi, évidemment), mais pour le reste, ce tour de la moitié Nord de l'Italie autour des messes et motets à chœurs multiples est un enchantement : découverte de traitements variés, du plus hiératique (Cavalli évidemment, toujours le dernier de la classe celui-là) aux irisations de Beretta. Rarissime, passionnant, très convaincant.
→ Le résultat semble avoir beaucoup mûri depuis les concerts de 2017 (entendu pour ma part dans l'acoustique peu favorable de la Seine Musicale) : j'avais été frustré par le choix de Daucé de magnifier les coloris au détriment de la danse dans ce Charpentier (qui n'est déjà le meilleur de son auteur en termes d'audace et de personnalité)… alors qu'ici, avec encore plus de chatoyances (infinies, réellement), l'impression de mobilité n'est jamais prise en défaut. Grand disque, même pour la version du Charpentier.

♥♥♥ Charpentier – Méditations pour le Carême – Camboulas (Ambronay)
→ Déjà présenté. Et notule en préparation.

♥♥♥ Campra – Exaudiat te Dominus, De Profundis – Christie (Erato)
→ Tantôt guerrier, tantôt tendrement méditatif, un chef-d'œuvre servi par les meilleurs !

♥♥♥ Beethoven – Missa Solemnis – Hanover Band, Kvam (Nimbus)

Berlioz – L'Enfance du Christ, arrivée à Saïs – Graham, Le Roux ; OSM, Dutoit (Decca)
→ Sympa, mais il existe tellement mieux.

Mendelssohn – Church Music, Vol. 2 - Vom Himmel hoch / Ave maris stella / Te Deum in D Major (Bernius) (Carus)
→ Un peu servilement du néo-Bach, sur cet album. Chœur et orchestre de Bernius un peu plus ternes qu'à l'habitude aussi.

♥♥ Mendelssohn – Church Music, Vol. 3 - 3 Psalms / Christus / Kyrie in D Minor / Jube Domine / Jesus, meine Zuversicht (Stuttgart Chamber Choir) (Carus)

Mendelssohn – Church Music, Vol. 6 - Psalm 115 / O Haupt voll Blut und Wunden / Wer nur den lieben Gott lasst walten (Bernius) (Carus)

♥♥♥ Mendelssohn – Chœurs sacrés Op. 39, 115, 116, Te Deum, Herr sei gnädig… Vol.7 – Bernius (Carus 2006)
→ Collection de merveilles riches et épurées… un sérieux candidat pour la livraison 1830 d' « Une décennie, un disque ».

Bruckner – Motets – Chœur de la Radio Lettonne, Kļava (Ondine 2020)
→ Belle version où l'on retrouve à la fois les motets bien connus et les sopranos mêlant voix lyriques et techniques droites « de cristal », caractéristiques de la Radio lettonne.
→ Belles lectures apaisées, même si ma préférence va à des chœurs encore plus ecclésiaux (St Mary's d'Édimbourg, cathédrale de Bergen) ou dotés de courbures plus généreuses (Collegium Vocale de Gand) – par exemple.



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CONCERTOS

Mozart – Concertos pour hautbois et basson – Koopman
→ Très beau et fin, même si désavantagé par la facture qui lime l'impact des solistes et les places toujours à la frontière du refus d'obstacle !

♥♥ Martinů – Concertos pour violon 1 & 2 // Bartók, Sonate pour violon solo – F.P. Zimmermann, Bamberg SO, Hrůša (BIS)
→ Le premier d'un postromantisme tourmenté (comme « soviétisé »), le second typique des coloris orchestraux néoclassique. Pas du niveau des concertos pour violoncelle, mais change considérablement des habitudes. La virtuosité n'y empêche pas la musicalité, a fortiori avec Zimmermann qui ne cherche pas la chatoyance facile et mise tout sur l'élan irrésistible de son discours !
→ Pas particulièrement marqué par Bamberg-Hrůša-BIS, pourtant tiercé de chouchous, mais j'ai peu écouté ces œuvres, je ne mesure pas nécessairement à quel point ils en tirent le meilleur.
→ (J'ai distraitement écouté le Bartók, désolé.)

John Williams – Concerto pour basson – Robert Williams, Detroit SO, Slatkin (Naxos single)
→ Sans être le chef-d'œuvre ultime, l'un des tout meilleurs concertos pour basson.




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SYMPHONIES & poèmes orchestraux

Schubert – intégrale des Symphonies – Chamber Orchestra of Europe, Harnoncourt (ica / COE, publié en 2020 mais capté en 1988)
→  Parution d'un concert inédit de 1988, qui paraît moins essentielle alors que depuis dix ans, les parutions de verisons « musicologiques » des symphonies de Schubert se sont multipliées, avec des propositions très stimulantes ou plus radicales qu'ici.
→ Pour autant, l'association produit de belles choses, le chant des cuivres, les sforzati secs mais non excessifs dans cette acoustique réverbérée, les beaux aplats de cordes. Loin de l'Harnoncourt débordant de couleurs de la dernière période, mais une belle lecture, à défaut d'être désormais prioritaire.

Berlioz – Sara au bain pour chœur, quelques mélodies irlandaises orchestrées – OSM, Dutoit (Decca)
→ Captation assez lointaine et floue, dommage. Les pièces, avec le chœur vraiment moyen de l'OSM ou les chanteurs peu idiomatiques, ne sont pas servies au mieux – alors qu'il y a des merveilles, et que Dutoit-OSM ont montré leur valeur dans ce répertoire.

Berlioz –  Roméo et Juliette – Dragojević, Staples, Miles ; Radio Suédoise, Ticciati (Linn 2016)
→ Limpide, du côté d'un Berlioz fin et épuré, pas du tout son versant coloré et sauvage. (Pour la force intérieure, privilégier Ozawa, et Dutoit pour la couleur.)

♥♥♥ Czerny – Symphonie n°1 – Frankfurt (Oder), Athinäos (Christophorus)

♥♥♥ Roth – Symphonie en mi – Rückwardt

♥♥♥ Bowen – Symphonies 1 & 2 – Andrew Davis (Chandos)

♥♥♥ H. Andriessen – Libertas venit – PBSO Enschede, Porcelijn (CPO)
→ Quelle sombre épopée, mi-grandiose, mi-intérieure… !

♥♥♥ Graener – Variations orchestrales sur « Prinz Eugen » – Philharmonique de la Radio de Hanovre, W.A. Albert (CPO 2013)
→ On ne fait pas plus roboratif… mon bonbon privilégié depuis deux ans que je l'ai découvert par hasard, en remontant le fil depuis le dernier volume de la grande série CPO autour du compositeur (concertos par ailleurs tout à fait personnels et réussis).

Vaughan Williams – Symphonie n°2 – Hallé O, Elder (Hallé)
→ Transparence debussyste très bienvenue dans cette symphonie contemplative à laquelle je trouve, ainsi, de très belles qualités.

Vaughan Williams – Symphonie n°3 – LSO, Hickox (Chandos)
→ Remarquablement articulé, comme toujours (avec fond un peu brouillé à cause de Chandos, mais tout est très audible, capté de près), superbes gradations.

Vaughan Williams – Symphonie n°3 (premier mvt)
¶ LPO, Norrington (Decca 2017) *
→ Captation un peu frontale et dure.
New Philharmonia, Boult (EMI) *** **
→ Détaillé, tranchant et debussyste, superbe pensée.
LPO, Haitink (EMI)  *** *
→ Calme, mais très bien équilibré.
LSO, Hickox (Chandos) *** *** *
→ Remarquablement articulé, comme toujours (avec fond un peu brouillé à cause de Chandos, mais tout est très audible, capté de près), superbes gradations.
¶ Hallé O, Elder (Hallé) *** ***
→ Superbe lisibilité et aération, assez statique alla Faune
LPO, Boult (Decca) **
→ Prise de son un peu ancienne, par blocs, mais toujours très beau détail.
LSO, Previn (Sony) ***
→ Beau, un peu étale et hédoniste, frémissements intéressants, fond un peu brouillé.

Vaughan Williams – Symphonie n°4 – Atlanta SO, Spano (ASO Media)
→ Superbe réalisation plastique qui rend moins suffocante l'atmosphère, sans renoncer à la tension. (On peut considérer que c'est passer à côté du propos, mais ça correspond bien à ce dont j'ai besoin, n'aimant pas trop le paroxysme permanent et terrifiant de cette symphonie.)

Vaughan Williams – Symphonie n°4
¶ Philharmonique de ?, Mitropoulos (Music & Arts)
→ Énergie débordante et sale, impressionnant. Sonne tellement Chostakovitch (en plus nourrissant).
¶ New Phia, Boult II (EMI)
→ Cuivres vraiment pouêt-pouêt anglais, mais cassant et impressionnant, véritable énergie.
¶ Atlanta SO, Spano (ASO Media)
→ Très rond, mais est-ce le but ?
¶ NYP, Bernstein (Sony)
→ Lent et écrasant.

Vaughan Williams – Symphonie n°5 – Royal PO, Menuhin (Virgin)
→ Cordes très phrasées, comme toujours. (Un peu trop pour cette symphonie suspendue, sans réelle prépondérance thématique ?)

Vaughan Williams – Symphonie n°5 – Brandebourg StO, Hilgers (Genuin)
→ Très lisse, un peu impavide, déçu malgré les colorations toujours exceptionnelles de la petite harmonie de Frankfurt sur l'Oder…
(puis Philharmonia & Collins chez BIS, pas beaucoup de relief non plus malgré la belle prise de son)

♥♥♥ Diamond – Symphonies 2 & 4 – Seattle SO, Schwarz (Naxos)
→ Toujours aussi motorique, roboratif et exaltant !



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MUSIQUE DE CHAMBRE

♥♥ Michl – Quatuors avec basson (Naxos)

♥♥ Beethoven – 6 Trios piano-cordes Op.1, Op.70, Op.97 – Trio Sōra (Naïve)
→ Très belle anthologie (manquent l'opus 11 qui existe aussi avec clarinette, l'opus 38 qui transcrit le Septuor, ainsi que la réduction de la Deuxième Symphonie, toutes des pièces de moindre importance que les 6 présents ici), interprétée avec l'ardeur admirable qu'on leur connaît. Profondeur de son, piano à la belle finesse de touche jusque dans les traits périlleux, et structurant le discours, violoncelle intense…
→ Deux petites réserves qui ne tiennent pas à l'interprétation en tant que telle : d'abord la lassitude qu'impose la suite de ces trios très similaires – et qui n'ont ni la variété ni la profondeur des Sonates pour piano ou Quatuors à cordes du Grand Sourd. J'aurais aimé avoir l'Op.1 n°1 et l'Archiduc couplés par exemple avec les Wieck-Schumann et Mendelssohn-Hensel qu'elles promeuvent formidablement en concert, ou leur Chausson, ou le contemporain (Kagel, des compositrices…) qu'elles servent magnifiquement.
→ Seconde réserve, un peu injuste, mais depuis le départ de leur violoniste Magdalena Geka (pour l'ONDIF), l'équilibre du trio s'est redistribué, plutôt autour de Pauline Chenais au piano, qui assure fabuleusement ce rôle, mais la personnalité généreuse des cordes se trouve bridée par ce nouvel agencement, ne leur permettant pas la même expansivité, et je ne peux m'empêcher de le regretter en les entendant.
→ Pour autant, si l'on n'écoute pas ce disque pour ce qu'il ne veut pas (un programme équilibré plutôt qu'une monographie) ou ne peut pas (l'ancienne équipe) être, c'est là une très, très belle et lecture des œuvres présentées, pleine de panache et d'une finistion remarquable.

Schubert – « In Stille Land », lieder pour quatuor à cordes (sans voix) + Quatuors 6 & 14 – Signum SQ (PentaTone)
→ Beaux lieder (pas les plus marquants, et la Jeune Fille & la Mort simplement dans sa première partie !), démarche originale. Tout est joué comme soufflé, susurré, de façon assez poétique et convaincante.
→ Le 6 (un de ses très beaux de jeunesse) est remarquablement joué, le 14 claque dans ses paroxysmes (mais la tension baisse brusquement dans les moments plus calmes). Une très très belle version de plus, qui aurait révolutionné la discographie il y a vingt ans, et qui aujourd'hui s'ajoute aux propositions superlatives des Jerusalem, Ehnes, Cremona, Leipziger, Debussy, Novus…

♥♥ Cherubini – Quatuors 3,4,5,6 – Venezia SQ (Decca)
→ Très beau, équilibré, détaillé dans une veine traditionnelle qui respire remarquablement entre les pupitres. (Un peu moins impressionné par les œuvres à la réécoute, en revanche.)

Fanny Mendelssohn-Hensel – Quatuor – Asasello SQ (CAvi)
Fanny Mendelssohn-Hensel – Quatuor – Ébène SQ (Virgin)

Schumann – Quatuor n°3 – Kuijken SQ
→ Très décevant : pas du tout tranchant, et assez mou, toujours doux et ne claque jamais, même dans les paroxysmes du scherzo – j'ai peut-être été trop bien habitué par les jeunes quatuors !

Schumann – Quatuor n°3 pour piano quatre mains – Duo Eckerle (Naxos)
→ Survol. Toute tension est perdue, pas intéressant (et interprétation assez molle).

♥♥♥ Arenski, Chostakovitch, Mendelssohn – Trios n°1 – Trio Zeliha (Mirare)
→ Trois chefs-d'œuvre ultimes, dont le rare Arenski, d'où émane une générosité thématique russe au carré, à la façon de ce que fait Kalinnikov dans la symphonie. La structure et l'harmonie ne sont pas aussi inventives que chez Tchaïkovski, mais l'expansivité mélodique y est réellement comparable. L'étonnant Chostakovitch de jeunesse demeure tout aussi grisant par ses poussées de sève à la fois conquérantes et désolées. Quant au sommet de sombre fièvre que constitue le trio de Mendelssohn, on l'aura peu souvent entendu aussi généreux et lisible.
→ Dans un son pur à la française, le Trio Zeliha se distingue, pour chaque pupitre, par une netteté, un charisme, un abandon absolument hors du commun, du diamant soyeux… Ce n'est ni très russe, ni très allemand, mais le discours de chaque pièce semble porté à son point d'ébullition, là où la musique nous renverse par delà les styles – avec une sobriété d'exécution qui leur fait honneur, a fortiori à leur âge, dans un répertoire qui appelle facilement l'emphase.
→ Je les ai entendus jouer ce programme en salle, une des grandes expériences de ma vie de mélomane. Je n'ai tout simplement jamais entendu un trio, en plus de son grand élan collectif, qui soit à ce point à un tel niveau individuel (Galy, Quennesson, Gonzales Buajasan) dans chaque partie. Rare d'avoir une violoniste aussi intouchable techniquement, un violoncelliste avec un tel grain, un pianiste à ce point souple dans les nuances et intégré au discours… Ma crainte est donc que les offres avantageuses d'une carrière soliste ne finissent bientôt par les séparer.
→ (Je ne sais pas ce qui s'est passé avec la pochette.)

♥♥ Debussy – Quatuor, les 3 Sonates – Orlando SQ (Accord)

Goldmark – Quintettes piano-cordes Op.30 & 54 – Quatuor Sine Nomine, Triendl (CPO)

♥♥♥ Weingartner – Sextuor pour quatuor, contrebasse & piano / Octuor pour clarinette, cor, basson, quatuor & piano – Triendl (CPO)
→ Complètement fasciné par le Sextuor pour piano et cordes (la pochette dit Septuor à tort). Un lyrisme extraordinaire.
→ bissé

Schoeck – Sonate pour clarinette basse & piano – Henri Bok, Rainer Maria Klaas (Clarinet and Saxophone Classics 1999)
→ Étrange influence rhapsodique et déhanchée du jazz sur du Schoeck !  Capté de trop près, timbres assez vilains des instruments. Se trouve aussi, en version orchestrée par Willy Honegger, dans le disque Venzago contenant notamment la version ultime de Besuch in Urach (avec Rachel Harnisch, en version orchestrale).

N. Boulanger, Stravinski-Piatigorski, Piazzolla, Carter – « Dear Mademoiselle », violoncelle & piano – Astrig Siranossian, Nathanaël Gouin, Daniel Barenboim (Alpha)
→ Bel album original d'hommage à Nadia Boulanger. Je n'ai pas totalement été saisi par les œuvres, mais le plaisir de la rencontre est grand, avec un violoncelle aux teintes très mélancoliques. Les Boulanger sont même accompagnés par Barenboim, que je suis stupéfait de retrouver dans un répertoire si peu couru, comme accompagnateur d'une jeune artiste et sur un label moins internationalement exposé – de plus humbles que lui auraient refusé !  Occasion aussi d'écouter Gouin, fabuleux pianiste (voir ses récents Bizet) et la rare Sonate de Carter, qui hésite entre romantisme, atonalité et jazz.

♥♥♥ Takemitsu – Bryce, Toward the Sea I… – Aitken (Naxos)



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PIANO SOLO

Beethoven – Sonate pour piano n°4, écoute comparée
→ Say, Nat, Goode, Buchbinder II, Grinberg, Pommier, Kovacevich, Bellucci, Barenboim DGG, Lortie, Barenboim 2020, Backhaus II, Bilson, Barenboim 66…
(Choisi seulement des grandes versions. Placées dans mon ordre d'appréciation personnel, les six premiers, et plus singulièrement les trois, m'éblouissant tout à fait.)

♥♥♥ Beethoven – Complete Piano Sonatas – Fazil Say (Warner)
(pour l'instant écouté les 1-2-4-5-6-7-27-28-29-30-31)
→ Poursuite de l'écoute amorcée il y a quelques mois lors de la parution.
→ Outre l'aisance de Say dans les plus redoutables défi techniques, on bénéficie aussi d'une riche palette harmonique, où la résonance remplit réellement les interstices de la musique, tout en restant d'une limpidité exemplaire (à laquelle la prise de son rend justice). À l'usage ces derniers mois, je n'ai pas trouvé version qui magnifie mieux l'ambition et l'ardeur de ces pages, et avec une telle qualité de réalisation. Beaucoup de pédale, mais toujours pour créer des rencontres harmoniques, jamais par réflexe ou paresse. Seul défaut (il y en a toujours un) : le micro étant proche, Say grogne beaucoup pendant les mouvements rapides avant de frapper les accords, c'est un peu impatientant dans les sonates de facture plus classique du début du corpus.

♥♥ Beethoven – Sonates pour piano n°28, 30, 32 – Lugansky (HM 2020)
→ Toujours ce toucher incroyablement présent et plein, avec ce sens du phrasé qui permet de donner du liant très bienvenu aux âpretés de Beethoven. On sent la grande maturation – il jouait peu Beethoven, dans sa jeunesse, à l'époque où je suivais ses concerts de plus près.
→ 28 sublime. 32 acérée, presque dure, très animée et découpée, d'une tension remarquable. 30 davantage dans la norme du très haut niveau.
→ Sonne avec une qualité d'attaque légèrement dure et cristalline, une palette harmonique compacte qui évoquent les pianos d'époque.

Schumann – Fantasiestücke Op.12
¶ Nat (3 premiers chez Documents)
¶ Frankl

♥♥ Schumann – Fantasiestücke Op.12 & Intermezzi Op.4 – Daniela Ruso (Amadis)
→ Captation sèche et proche, mais superbe son, jeu très découpé et charismatique !  Pour  des œuvres de  qui ne sont pas les plus jouées, mais pas les moins inspirées de son auteur !




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LIED & MÉLODIE

Schubert – Die schöne Müllerin – Ian Bostridge, Saskia Giorgini (PentaTone)
→ Très belle version, en particulier pour le piano de diamant de Giorgini, acéré comme peu dans ce cycle (on peut songer, dans un style plus détaché, à l'épique tranchant de Gothóni).
→ Bostridge y est comme toujours sophistiqué, frémissant et habité, mais la voix, un peu plus terne désormais, en fait sa Meunière la moins extraordinaire, que ce soit son étrange première avec Johnson ou le point d'équilibre assez ultime entre sinuosité et classicisme avec Uchida.

♥♥♥ Schumann, Frauenliebe und Leben // Brahms, lieder – Garanča (DGG)
→ Divine surprise… Garanča, impératrice des volapüks, livre une interprétation vibrante, tétanisante d'intensité de ces Brahms denses et sublimes, et même du très-enregistré Frauenliebe de Schumann !  Avec une voix qui a peut-être vieilli et où elle tire des couleurs très inhabituelles, davantage replacées vers le nez, un léger mixte obtenu en teintant de couleurs de poitrine, elle obtient une interprétation qui semble remonter le temps, et produit un effet charismatique immédiat, sans du tout négliger la diction. Splendide programme, exécution très prenante – un petit coup de foudre pour moi qui, d'ordinaire, n'aime pas sa diction brumeuse et son chant à la fois lisse et légèrement hululant. Le lied révèle une tout autre artiste !
→ bissé

Mahler – Lieder eines fahrenden Gesellen (arr. A. Schoenberg) – Bär, Linos Ensemble (Capriccio)
→ Bär manque un peu d'assise et de mordant ici, pour une fois !



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LISTE D'ÉCOUTES à faire – nouveautés

→ alcyone Marais
→ vladigerov symphs 1 & 2
→ schmitt salomé ( & raretés) falletta
→ arte scordatura
→ trios alayabiev glinka rubinstein, brahms Trio (naxos)
→ martynov : utopia
→ rasi art de la fugue consort de violes
→ vasks viatore, distant light, radio munich
→ boccherini les ombres
→ leningrad concertos
→ albums toccata classics : fürstenthal, carrillo, sivelöv, osca da silva
→ auvinen lintu
→ rudolf wagner genesis
→ passacaglie d'amore nisini
→ grondahl legacy

→ britten saint nicolas
→ nigl rihm beethoven lieder
→ proko 5 miasko 21 v.petrenko oslo
→ brahms trios le sage
→ schubt s2 & 3 zender basel kamO
→ huvé beeth pianoforte
→ gran partita ogrintchouk ccgbw BIS
→ dall'abacco il tempio armonico
→ barenboim beethoven intégrale n°5
→ monteverdi terzo libro alessandrini naïve

(plus tous les autres des listes précédentes…)



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LISTE D'ÉCOUTES à (re)faire – autres

À nos morts ignorés Antoine - Boulanger - Caplet - Debussy - Hahn - Gurney  Mauillon Le Bozec

bär cantates bach (olaf bär)

weingartner

triendl :
fibich dohnanyi sext,
kiel piaQ,
gernsheim quint
goetz quint
gilse tanzskizzen
magnard trio laurenceau

Rutland Boughton : Symphonie No. 3, concerto pour hautbois No. 1 (Vernon Handley) (hyperion)

Wolf Bostridge

fervaal hogué et bardes

koechlin thal & grothuysen

chaîne mathias vidal

RVW 4 : spano, bernstein, boult-phia, berglund
RVW 5 : Hilgers-FkftOder, collins-BIS, menuhin, boult-phia, elder, marriner, barbirolli,
RVW 6 : boult-LSO, elder, berglund, a.davis BBCSO, c.davis BayRSO,
RVW 8 : Jurowski-LPO

tout CPO
tout Hortus
(Timpani c'est à peu près fait)

(plus tous les autres des listes précédentes…)




… et à bientôt pour une prochaine livraison ! 

(Notez que je ne suis pas certain de poursuivre le format l'an prochain, trop de notules plus stimulantes en souffrance pour faire la chronique des disques, je le crains.)

mardi 3 novembre 2020

Le défi 2020 des nouveautés – épisode 14 : minorités – Israël, Satan, Philistins, piano japonais, lied arabe, Schubert en polonais, Dumas poète, Mahler pianiste, Goethe fendard


Le petit bilan des pépites récemment parues (et d'autres simplement récemment écoutées…).

winterreise_nawak.jpg

Du vert au violet, mes recommandations… en ce moment remplacées par des .
♦ Vert : réussi !
♦ Bleu : jalon considérable.
♦ Violet : écoute capitale.
♦ Gris : pas convaincu.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

En rouge, les nouveautés 2020 (et plus spécifiquement de l'automne).
Je laisse en noir les autres disques découverts.
En gris, les