Un mot
Toujours la brève présentation des nouveautés (et autres écoutes et
réécoutes) du mois écoulé. Je laisse une trace pour moi, autant vous
donner des idées d'écoutes…
J'attire ce mois-ci votre attention en particulier sur les symphonies
de Dobrzyński, Gade, Dopper, Zweers, Vermeulen, Miaskovski (dont
viennent de paraître coup sur coup deux très grandes interprétations)…
et sur les opéras danois de Kunzen, Kuhlau, Heise et Nielsen !
Tout cela se trouve aisément en flux (type Deezer, gratuit sur PC ; ou
sur YouTube) et en général en disque. Il faut simplement pousser la
porte.
(Pardon, mes présentations de titres ne sont pas toutes normalisées, il
faut déjà pas mal d'heures pour mettre au propre, classer et mettre un
minimum en forme toutes ces notes d'écoutes. Il s'agit vraiment de
données brutes. J'espère reprendre les notules de fond bientôt, pour
l'instant le travail, les concerts, les musées et l'exploration du
territoire me prennent un peu trop de temps.
Néanmoins, je thésaurise à propos des opéras du monde et des
programmations locales, pour vous emmener vers de nouvelles contrées
sonores !)
La légende
Rouge :
œuvres du cycle
danois
Orange :
œuvres du
cycle néerlandais
Bleu :
œuvres du cycle russe
* : Nouveauté (paru en 2021 ou depuis moins d'un an)
♥ : réussi !
♥♥ : jalon considérable.
♥♥♥ : écoute capitale.
¤ : pas convaincu du tout.
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons
disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la
profusion de l'offre.)
Le tout est classé par genre, puis par ordre chronologique très
approximatif (tantôt la génération des compositeurs, tantôt la
composition des œuvres, quelquefois les groupes nationaux…) au sein de
chaque catégorie, pour ménager une sorte de progression tout de même.
A. Opéra
♥ *Monteverdi – Orfeo – D. Henschel, Schiavo, Prina, Auvity, Sabata, De
Donato, Abete… Arts Florissants, Christie (Dynamic, Madrid 2008)
→ Extrêmement vif, avec une belle distribution (mais Prina a vraiment
vieilli, les tubages et la justesse sont devenus un peu trop audibles),
pas la version la plus vertigineusement poétique, mais une belle
réussite pour les Arts Flo qui n'ont pas toujours été à leur meilleur
dans les opéras de Monteverdi.
♥ “La Clémence de Titus” de Mozart par l'Opéra Royal de Wallonie (YT)
♥♥♥
Kunzen – Holger Danske –
(Dacapo)
→ Une œuvre très parente de l'Oberon de Pavel Vranický, une sorte de
Flûte enchantée réussie, qui annonce le ton des chefs-d'œuvre de
Kuhlau. Petite merveille.
¤ Gouvy – Iphigénie en Tauride – La Grande Société Philharmonique,
Joachim Fontaine (CPO)
→ Livret galant décevant, et distribution impossible (français et
style) qui ne permet pas de profiter de l'œuvre.
Rejcha – Lenora – Magdalena Hajossyova, Vladimír Doležal,
Věnceslava Hrubá-Freiberger, Pavel Kamas ; Ch Philharmonie Tchèque,
Prague ChbO, Lubomi Matl (Supraphon 2000)
→ Écriture assez épaisse, longue, et peu spectaculaire (hors le début
de la cavalcade) inspirée de la Lénore de Bürger.
*Bellini – Il Pirata – Irina Kostina, Dmitry Korchak, Pavel
Yankovsky ; Victoria Agarkova, Novaya Opera, Andrey Lebedev
(Operavision 2021)
→ Temporalité lente, pas de couleur locale. Beaux ensembles en guise de
final qui apportent un peu de relief. Belle distribution, plus robuste
qu'électrisante, mais belles voix bien faites.
♥
Kuhlau, Elverhøj – National
de la Radio Danoise, Frandsen.
→ Nettement moins bien que Lulu, mais cool quand même, et puis
considéré comme un point de départ historique de la musique nationale
danoise (assez arbitrairement, il y a pléthore d'excellente musique
danoise avant ça !
♥♥♥
Kuhlau – Lulu –
Danish NSO, Schønwandt (Radio danoise via YT)
→ Toujours une merveille que ce jeune romantisme passionné et
exceptionnellement inspiré. Un des très très grands opéras du début du
XXe siècle.
*Verdi – Attila – Plamen Kartaloff ; Radostina Nikolaeva, Daniel
Damvanov, Ventselav Anastasov, Orlin Anastasov ; Opéra de Sofia,
Alessandro Sangiorgi (Operavision 2021)
→ Représentation très tradi en plein air. Mixage façon pop, voix
captées de très près. Pourtant, on sent bien la projection limitée (les
aigus ne claquent pas), les voix ne claquent pas (malgré la beauté des
graves), même les Bulgares sont donc affectés par le changement de
placement (les aigus de la soprane et des clefs de fa sont assurés sans
difficulté mais poussés, voilés, sans impact).
♥♥
Gade – Baldurs drøm, Op.
117 – Rørholm, Elming, Hoyer ; Helsingborg SO, Frans Rasmussen
(ClassicO 2004)
→ Sorte d'oratorio au sujet païen. Romantisme dépouillé, assez réussi.
Rørholm vraiment déclinante (un peu aigre). Elming splendide.
Helsingborg alors un peu opaque.
♥♥♥ Bruch – Die Lorelei – Kaune, Mohr, Rootering ; Ch Ph de
Prague, Radio de Munich, (CPO)
→ Véritable sens dramatique (finals schumanniens épatants), et
splendide distribution, de ce qui se fait de mieux pour ce style dans
cette génération.
♥ *Moniuszko – Halka – Chmura (Naxos 2021)
→ Versant sérieux du legs de Moniuszko (son autre œuvre la plus
célèbre, Le Manoir hanté, étant un opéra comique dans le style
d'Auber).
→ Livret hautement tragique, d'une fille trompée et abandonnée qui
sombre au plus profond de l'outrage subi et du désespoir.
→ Meilleure distribution que celle (au sein de la même production)
proposée sur Operavision, mieux captée aussi. Belle version au bout du
compte, même l'orchestre paraît sensiblement plus avenant.
♥♥
Heise – Drot og marsk – DR
TV 1988 (YT)
→ Splendide opéra romantique, plein de sublimes épanchements (sobres),
dont j'ai déjà parlé lors de la récente parution de la version
Schønwandt :
→ Superbe drame romantique, dans la veine de Kuhlau, remarquablement
chanté et joué. Tout est fluide, vivant, inspiré, œuvre à découvrir
absolument ! (il en existait déjà une version pas trop
ancienne chez Chandos)
→ Ici, version de la (radio-)télévision danoise.
♥♥
Peter HEISE – Tornerose +
Bergliot – Helle Charlotte Pedersen, Michael Kristensen, Milling
+ Rørholm ; Helsingborg SO, Frans Rasmussen (Dacapo 2000)
→ Cantates dramatiques très réussies et nourrissantes, et très bien
chantées (Milling majestueux, Rørholm très expressive).
→ Bissé.
♥ *Verdi – Otello – Stoyanova, Kunde, C. Álvarez ; Liceu, Dudamel
(UER via France Musique, 2021)
→ Très belle version parfaitement chantée (la voix de Kunde a blanchi,
mais le panache et l'assurance restent là !) et dirigée avec beaucoup
de fluidité et d'insolence.
♥♥♥ *Wagner / Hugo Bouma – Parsifal, acte III – Marc Pantus (Amfortas,
Gurnemanz), Marcel Reijans (Parsifal), Merlijn Runia (Kundry +
synthétiseur + guitare électrique), Daan Boertien (piano), Dirk Luijmes
(harmonium), direction Andrea Friggi (NPO Radio 4, 2021)
→ L'acte III de Parsifal, joué le Vendredi Saint, avec harmonium,
piano, synthétiseur et guitare électrique. Parmi les chanteurs, le
merveilleux et charismatique Marc Pantus.
♥♥♥ Wagner – Parsifal, acte III – Meier, Hofmann, Estes, Sotin ;
Bauyreuth 1985, Levine (Philips)
♥♥♥ *
Rimski-Korsakov – Les
opéras – diverses versions historiques (réédition Hänssler 2021)
→ Des versions merveilleuses de l'Âge d'or, très bien restaurées, pour
un panorama complet des opéras disponibles au disque…
♥♥ *
Rimski – Pskovityanka –
Pirogov, Shumilova, Nelepp, Pirogov ; Bolshoi, Sakharov (Profil)
♥ Saint-Saëns – Samson & Dalila – Ludiwg, King, Weikl ; Radio
de Munich, Patanè (RCA)
→ Étonnament bien chanté et sobre, et ampleur des prises RCA avec le
feu et les couleurs de Patanè !
→ King parvient à ouvrir ses voyelles à la française de façon très
convaincante ; Ludwig, quoique trop couverte, conserve une
ductilité et une distinction assez rares dans ce rôle.
→ Ce n'est pas très français, mais ce n'est pas du tout difforme, c'est
vraiment très bien.
*Puccini – Tosca – Stockholm (vidéo Operavision 2021)
→ Sacristain allemand excellent, joli ténor suédois assez clair, doux
et élégant, baryton polonais totalement cravaté, impossible.
♥♥♥ Debussy – Pelléas & Mélisande – Devieilhe, Andrieux,
Alvaro ; Pelléas O, Benjamin Lévy (TCE 2018, captation pirate)
♥♥♥ *Debussy – Pelléas & Mélisande – Santoni, Todorovitch, Behr,
Duhamel, Teitgen ; Les Siècles, Roth (Operavision 2021)
→ Lecture orchestrale assez inédite, même par rapport aux autres
versions sur instruments anciens : que de grain, de couleurs, ces
cordes très peu vibrées mais très intenses, qui offrent une tout autre
vision du spectre orchestral ! Dirigé avec esprit de
surcroît, Roh n'a pas son pareil pour se servir des parties
intermédiaires d'ordinaire peu audibles, les faire évoluer et bâtir de
véritables progressions.
→ Vocalement, superbe. Santoni s'adapte très bien à un répertoire moins
héroïque qu'à son habitude, Behr (dont l'émission paraît souvent
embarrassée) n'a jamais chanté avec autant de naturel, Duhamel trouve
dans Golaud un terrain qui favorise davantage ses atouts d'artiste que
ses limites de projection.
→ Une grande version, donc, qui paraîtra en CD et qui viendra la saison
prochaine à Paris (Théâtre des Champs-Élysées) !
♥♥♥
NIELSEN: Saul and David –
Gjevang, Lindroos, Augland, Danish NSO, N. Järvi (Chandos 1990)
→ Très belle veine épique, remarquablement chantée, voilà un opéra qui
frémit, palpite, s'épanche, et dans une langue musicale riche mais
calibrée pour le drame – on ne reconnaît les bizarreries de Nielsen
qu'à quelques doublures de bois et tournures harmoniques, sans quoi le
compositeur s'efface vraiment au profit du drame !
→ Splendidement chanté.
♥ *
Nielsen – Maskarade –
Schønwandt (Dacapo 2015, réédition 2021)
→ Belles voix graves, direction un peu lisse pour une œuvre qui n'est
pas du tout du Nielsen d'avant-garde.
♥♥♥ *Schreker – Der ferne Klang – Holloway, Koziara ; Frankfurter
Museumorchester, Weigle (Oehms 2021)
→ Couleurs orchestrales et virtuoses impressionnantes, les deux héros
admirablement chantés ; Schreker a rarement été servi avec un tel
éclat, pour son opéra le plus réussi après Die Gezeichneten !
♥ Bartók – Le Château de Barbe-Bleue (en français) – Gilly, Lovano,
Ansermet (bande de 1950, Malibran)
→ Très étrange élocution, malgré le charisme de Lovano. La musique
aussi, mal captée, perd beaucoup de ses couleurs, de son étrangeté,
seuls les tutti sont véritablement impressionnants. (Et pour les
glottophiles, le contre-ut est remplacé par un petit cri.)
♥ WILLIAM GRANT STILL: "Highway One, USA" (1963) (Albany 2005)
→ Histoire familiale afro-américaine, aux récitatifs très simples et
aux jolis chœurs, pas de l'immense musique, mais un petit drame très
opérant ! (J'en parlerai plus en détail.)
♥♥
Rybnikov – Juno &
Avos (1979) – (vidéo Rostov 2009)
→ Très varié (chœurs contemporains, cordes lyriques, mélodrames,
guitares électriques et batteries…), très réussi pour cette histoire
d'amour simple et tragique entre un explorateur russe et une
quasi-infante californienne, inspirée d'un grand poème de Voznesensky
(puisant librement au journal de bord du personnage, réel).
→ Donné cette saison à Ioshkar-Ola.
♥♥ *
Dashkevich – Revizor –
Opéra d'Astrakhan (vidéo du théâtre de 2020)
→ Très conservateur et consonant, d'après l'histoire de Gogol où la
population d'une petite ville de Russie croit reconnaître le contrôleur
de l'Empereur dans un jeune homme exigeant arrivé à l'auberge, et le
couvre de faveurs. Joli opéra très accessible, production reprise
encore ces jours-ci à Astrakhan. (J'en parlerai bientôt plus en détail.)
♥♥♥ *Connesson – Les Bains macabres – Buendia, Hyon, Dayez,
Buffière ; Frivolités Parisiennes, van Beek – Compiègne 2020
(diffusion France Musique 2021)
→ Toujours une merveille de naturel, sur un livret passionnant
d'Olivier Bleys, et réussissant le rendu choral de l'armée de spectres…
À la fois amusant, riche musicalement, très fluide, et plein de
surprises. Chef-d'œuvre d'aujourd'hui, que j'espère voir tourner
longtemps sur les scènes.
B. Récital
♥♥♥ *Certon, Janequin, Cambefort, Lully, Destouches, Vivaldi, Rameau,
Gluck, Grétry, Cherubini, Rossini, Ginestet, Comte de Chambord,
Madoulé, Debussy – extraits : « 500 ans de musiques à
Chambord » – Karthäuser, Gens, Richardot, Gonzalez-Toro, Bou,
Boutillier ; Vanessa Wagner, Parnasse Français, Doulce Mémoire,
Les Talens Lyriques, Rousset (France 3)
→ Vaste répertoire (entrecoupé d'éléments historiques sur la présence
de la musique à Chambord !), dont des raretés (Destouches) voire
des inédits (Ginestet), avec une ardeur folle et des chanteurs de
première classe…
♥♥♥ *Sainte-Hélène, La légende napoléonienne – Sabine Devieilhe ;
Ghilardi, Bouin, Buffière, Marzorati ; Les Lunaisiens, Les
Cuivres Romantiques, Laurent Madeuf, Patrick Wibart, Daniel
Isoir (piano d'époque) (Muso 2021)
→ Chansons inspirées par la fièvre et la légende napoléoniennes,
instrumentées avec variété et saveur.
→ Beaucoup de mélodies marquantes, de pastiches, d'héroï-comique (Le
roi d'Yvetot bien sûr), et même d'hagiographie à la pomme de
terre… Le meilleur album des Lunaisiens jusqu'ici, aussi bien pour
l'intérêt des œuvres que pour la qualité des réalisations vocales.
YT Gwyn Hughes Jones Nessun Dorma 2008, Che Gelida Manina 1996
→ Tôt dans sa carrière, timbre très blanc et voix manifestement peu
puissante : ne promet pas trop pour son Calaf la saison prochaine
à Bastille…
C. Sacré
♥♥♥ *Castellanos, Durón, García de Zéspedes, Quiros, Torres –
« Archivo de Guatemalá » tiré des archives de la cathédrale
de la ville de Guatemalá – Pièces vocales sacrées ou instrumentales
profanes – El Mundo, Ricahrd Savino (Naxos 2021)
→ Hymnes, chansons et chaconnes très prégnants. On y entend passer
beaucoup de genres et d'influences, des airs populaires plaisants du
milieu du XVIIe jusqu'aux premiers échos du style de l'opéra seria (ici
utilisé dans des cantiques espagnols).
→ Quadrissé.
*Jacek Różycki: Hymns – Wrocław Baroque Ensemble (Accord 2021)
→ Zut, je croyais qu'il s'agissait de l'excellent postromantique
décadent Ludomir, et j'avais hâte de découvrir ces motets a cappella… À
la place, du joli baroque un peu standard, façon grands motets
(alternance solistes vocaux et chœur), dans des harmonies
post-monteverdiennes… petit choc déceptif évidemment.
♥♥♥ Charpentier – Méditations pour le Carême – García, Candela,
Bazola ; Guignard, Galletier, Camboulas (Ambronay)
→ Avec Médée, le fameux Te Deum et le Magnificat H.76, on tient là la
plus belle œuvre de Charpentier, inestimable ensemble de dix épisodes
de la passion racontés en latin (et s'achevant au miroir du sacrifice
d'Isaac, sans sa résolution heureuse !) par des chœurs tantôt
homorythmiques tantôt contrapuntiques, et ponctués de récitatifs de
personnages (diversement sympathiques) des Écritures. Merveille absolue
de l'harmonie, de la prosodie et de la poésie sonore.
→ Ce que font Les Surprises est ici merveilleux, sens du texte et des
textures hors du commun, d'une noirceur et d'une animation dramatique
inhabituelles dans les autres versions de cette œuvre, et servi au plus
suprême niveau de naturel chanté. Un des disques majeurs du patrimoine
sacré français.
Charpentier – Méditations pour le Carême
version MIDI de CaRpentras →
Christie → splendeur (vrai travail verbal)
Jeune Chœur de l'Abbaye → choix intéressants (tempo ajustable !),
beaux solos
Niquet →
♥♥ Purcell – Come Ye Sons of Arts Away + Funérailles + Hail Bright
Cecilia – Gardiner (Erato)
→ Œuvres brillantes et poignantes (ces Funérailles, à la hauteur de
leur réputation !), interprétées d'une façon qui a vieilli (beaucoup de
cordes et de fondu tout de même, peu de nerf et et de couleur), mais
qui conserve un pouvoir de conviction considérable !
♥ *Pavel Vranický – Symphonie en ut Couronnement, Symphonie en si
bémol, Ouvertures « Orchestral Works, Vol. 1 » –
CzChbPO Pardubice, Marek Štilec (Naxos 2021)
→ Belles œuvres, mais pas les plus fulgurantes de P. Vranický (il y a
vraiment des merveilles du niveau de Mozart…), dans une interprétation
tradi réussie mais qui n'offre pas nécessairement le plein potentiel de
vitalité de ces pages. Curieux de la suite de l'exploration, vu comme
on a peu de ce corpus. En espérant des résurrections plus nombreuses et
par des ensembles plus spécialistes.
♥♥
Kunzen – Alleluia de la
Création, Symphonie en sol mineur, Ouverture sur un thème de Mozart
– Radio Danoise, Peter Marschik (Dacapo)
→ Très belle célébration que cet Alleluia, aux contours assez
personnels.
→ Symphonie un peu plus banale, du Mozart en mineur (mais plutôt ses
moments les moins électrisants), peut-être en raison de
l'interprétation tradi qui manque un peu de relief.
Paisiello – Musiche per la settimana santa – Mi-Jung Won (Bongiovanni
2016)
→ Pas particulièrement poignantes pour leurs sujets, mais bien écrites
et variées.
Paisiello – Requiem (Missa defunctorum) – Zedda (VM Italy 2001)
→ Chœur moyen (amateur assez bon ou pro pas bon ?), mais œuvre
intéressante, assez distanciée, comme une véritable Messe, hors de sa
clausule recueillie et pathétique.
♥ Paisiello – Messe en pastorale pour le premier consul – Prague SO,
Chœur de la Radio Tchèque (Multimedia San Paolo 2008)
→ Superbes dialogues hautbois / clarinette et voix (Tectum Principium
!). Et les ensembles de solistes magnifiques aussi. Tout cela navigue
entre classicisme et jeune romantisme d'une pièce à l'autre, entre
Mozart et le style Empire…
♥♥ Berlioz – Messe Solennelle – Donna Brown, Viala, Cachemaille,
Monteverdi Choir, ORR, Gardiner (Philips 1994)
→ La folie pure de ce Resurrexit.
HALLÉN, A.: Missa solemnis (Forsström, Helsing, Olsson, Thimander, Erik
Westberg Vocal Ensemble, Westberg)
→ Longue (65 minutes) et sobre (accompagnement d'orgue seul) messe,
très consonante mais dotée d'une réelle personnalité, épousant
réellement les caractères de la messe sans sacrifier la tendreté
mélodique. Recommandé !
♥♥ Puccini – Messa di Gloria – Carreras, Ambrosian Singers, New
Philharmonia, Scimone
→ Version chouchoute !
Puccini – Messa di Gloria – Alagna, LSO Ch, LSO, Pappano
→ Chœur vraiment lointain et flou, malgré la belle lancée (et trompette
très très en avant du spectre).
Puccini – Messa di Gloria – Gulbenkian O, Corboz
→ Chœur un peu épais et césuré.
♥♥
Diepenbrock – Missa in Die
Festo, « Anniversary Edition, Vol. 8 » – Men of the
Netherlands Radio Choir / Deniz Yilmaz / Leo van Doeselaar (Etcetera
2012)
→ Pour ténor, chœur masculin et orgue.
→ Splendide Agnus Dei final, avec intervention poignante et jubilatoire
du ténor.
♥ *
(Rudolf) Mengelberg –
Magnificat – Annie Woud, Concertgebouworkest, Jochum (Philips,
réédition Decca 2021)
→ Très bel alto ; composition un peu sérieuse par rapport au délicieux
Salve Regina enregistré par (Willem) Mengelberg.
→ (couplé avec une réédition de la Création de Haydn par Jochum)
♥ Poulenc – Gloria, Litanies Stabat – Petibon, OP, P. Järvi (DGG)
♥ Poulenc – Gloria, Stabat – Battle, Tanglewood, Boston SO, Ozawa (DGG)
♥♥
Hendrik Andriessen
(1892-1981) – De Veertien Stonden : voor strijkorkest, koor en
declamatie (1941-1942) – Gerard Beemster
→ Un chemin de croix dépouillé et prégnant.
D. A cappella
♥♥♥ *Mendelssohn – Te Deum à 8, Hora Est, Ave Maria Op.23 n°2 –
Kammerchor Stuttgart, Bernius (Hänssler)
→ Bernius réenregistre quelques Mendelssohn a cappella ou avec discret
accompagnement d'orgue, très marqués par Bach… mais à un chanteur par
partie ! Très impressionnante clarté polyphonique, et
toujours les voix extraordinaires (droites, pures, nettes, mais
pleinement timbrées et verbalement expressives) du Kammerchor
Stuttgart.
→ Bissé
♥
(Daniël) De Lange – Requiem
– PB ChbCh, Uwe Gronostay
→ Requiem for mixed double choir, and double quartet of soloists,
written in 1868, quand à Paris se passionne pour Palestrina et
Sweelinck.
→ Dépouillement impressionnant, mais aussi chromatisme intense.
♥ *
Escher – Concerto pour
orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel,
Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le
vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden –
Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des rééditions, je suppose), avec
quelques belles inspirations d'un postromantisme assez simple.
♥♥ *De Wert, Rihm – chœurs a cappella, dont 7 Passion-Texte :
« In umbra mortis » – Cappella Amsterdam, Reuss (PentaTone
2021)
→ Quelle délicieuse idée que de tisser la polyphonie franco-flamande du
XVIe siècle avec l'œuvre la plus rétro- du Rihm choral :
entrelacement de techniques et d'esprits similaires, deux très grands
corpus chantés avec la clarté immaculée qu'imprime volontier Reuss à
ses chœurs.
♥ Caplet, Botor, Gouzes, Szernovicz, Dionis du Séjour, JM Vincent,
Kedrov, du Jonchay Perruchot, anonymes…– Chœurs liturgiques a
cappella « Misericordias in Aeternum » – Chœur du Séminaire
Français de Rome, Hervé Lamy (Warner 2016)
→ Ce n'est vraiment pas mal chanté (dans son genre de voix
semi-naturelles). Essentiellement psalmodié, donc sans doute plutôt à
destination d'un public catholique fervent, mais très beau, un peu la
version francophone de la liturgie de saint Jean Chrysostome…
→ Peu de compositions ambitieuses en réalité, malgré le nom de Caplet
glissé au milieu.
♥♥ *Zaļupe, Dzenitis, Vasks, Ešenvalds, Milhailovska, Pūce,
Marhilēvičs, Šmīdbergs, Einfelde, Ķirse, Aišpurs, Sauka Tiguls,
Jančevskis – Chœurs a cappella « Aeternum : Latvian Composers for
the Centenary of Latvia » – State Choir Latvija, Māris Sirmais
(SKANI 2021)
→ Superbe parcours parmi le fin du fin des compositeurs choraux lettons
du second XXe siècle, en général des atmosphères plutôt planantes avec
de jolies tensions harmoniques.
→ L'ensemble du disque est magnifique, en particulier Mihailovska et
Aišpurs – juste un brin trop d'homogénéité sur la durée, peut-être.
E. Ballet
♥♥♥ *Adam – La Filleule des Fées (ballet complet) – Queensland SO,
Andrew Mogrelia (Marco Polo 2001, réédition Naxos 2021)
→ Œuvre très généreuse et jouée avec beaucoup de style, beaucoup de
matière musicale et de veine mélodique, sans la facilité de numéros
uniquement conçus pour la cinétique, un des ballets les plus homogènes
musicalement et les plus propres à être enregistrés – vraiment une
œuvre à découvrir !
♥♥ FRANCK, C.: Psyché (version for choir and orchestra) / Le Chasseur
maudit / Les Éolides (RCS Voices, Royal Scottish National Orchestra,
Tingaud)
♥♥ *
N. Tcherepnin: Le
pavillon d'Armide, Op. 29 – Moscow Symphony Orchestra; Henry Shek
(Naxos 2021)
→ D'une générosité très tchaïkovskienne.
♥♥♥
TCHEREPNIN, N.: Narcisse
et Echo [Ballet] / La princesse lointaine (Ein Vokalensemble, Bamberg
Symphony, Borowicz) (CPO 2020)
→ Bissé.
F. Symphonique
♥♥♥ *Kurpiński, Dobrzyński & Moniuszko – Élégie, Symphonie n°2,
Bajka – Wrocław Baroque O, Jarosław Thiel (NFM)
→ Jeune romantisme fougueux de haute qualité, interprété sur
instruments d'époque, avec un feu exemplaire… Jubilatoire de bout en
bout !
→ (Quadrissé.)
♥♥ *Beethoven – Symphonie n°3 – Les Siècles, Roth (HM 2021) ♥ Méhul
ouverture Les Amazones
→ Comme pour la Cinquième, spectre sonore très vertical, on y entend
véritablement un orchestre français postgluckiste, avec ses grands
accords dramatiques – et des timbres particulièrement saillants et
savoureux, quoique la prise de son soit un peu froide.
→ Cette approche se réalise inévitablement un peu au détriment de
l'architecture, à mon sens, mais d'une part Roth souligne
remarquablement la thématique, d'autre part son soin des parties
intermédiaires (dont les nuances dynamiques évoluent sans cesse !) est
tel que tout palpite et passionne en permanence.
→ De surcroît, la gradation d'intensité est très pensée et construite,
si bien que la récapitulation et la coda du premier mouvement
atteignent un degré de tension inédit par rapport à l'ensemble des
développements antérieurs.
→ Travail très important sur les détachés, qui conservent l'esprit de
danse de la contredanse variée finale, quitte à casser le flux
enveloppant de cordes et à fragmenter le spectre.
→ Les Amazones sont marquantes, jouées avec une crudité et une
stridence qui impressionnent (acoustique très différente de la
symphonie, on entend que ça n'a pas été enregistré au même
endroit !).
♥♥ *Beethoven – Symphonie n°7 – MusicAeterna, Currentzis (Sony 2021)
→ Lecture très linéaire et vive : elle exalte, comme leur
Cinquième, davantage la poussée cinétique que la structure générale.
→ Le résultat est très convaincant, plein de vivacité, mais ressemble
tout à fait à la norme actuelle des interprétations vives et sèches des
ensembles sur instruments anciens, sans personnalité supplémentaire
particulièrement visible.
→ On retrouve en outre les manques de couleur du côté des bois, très
effacés la plupart du temps – alors que d'autres versions
« post-baroqueux », sans disposer de moins d'énergie,
parviennent aussi à exalter structure et couleurs.
→ Petite réserve aussi dans la construction de l'Allegretto: le climax
est réussi mais se trouve parasité par l'exagération des figures
d'accompagnement (assez mécaniques de surcroît) qui, au lieu d'agiter
le thème, semblent prendre sa place : soudain l'on entend les
« coutures » au lieu du propos, c'est un peu étrange à ce
degré.
→ À l'inverse, les effets de crescendo-zoom sur les sforzando du final
sont plutôt réussis, de même que les volutes d'alto forcenées avant la
reprise finale du thème sur secondes mineures de contrebasses.
→ Au demeurant, version énergique, élancée, réjouissante, je ne me suis
pas ennuyé un seul instant ! (La réserve provient surtout de
la discordance entre le niveau de la prétention du chef / de l'objet
d'une part, celui du résultat d'autre part : car on n'y trouvera
rien de subversif / neuf / définitif, juste une remarquable version
dans l'immensité d'autres.)
→ Du coup vous pouvez plutôt choisir une version plus contrastée, avec
des couleurs en sus, ou simplement avec couplage d'une seconde
symphonie…
♥♥ Beethoven – Symphonie n°7 – SwChbO, Dausgaard (Simax)
& Egmond ouv & msq de sc très réussi !
♥♥ Beethoven – Symphonie n°7 – ORR, Gardiner (Archiv)
♥♥♥ Romberg, B.H.: Symphonie n°3 (Kolner Akademie, Willens) (Ars
Produktion 2007) → Symphonies contemporaines de Beethoven (1811, 1813,
1830), qui en partagent les qualités motoriques et quelques principes
d'orchestration (ballet des violoncelles, traitement thématique et en
bloc de la petite harmonie, sonneries de cor qui excèdent Gluck et
renvoient plutôt à la 7e…). → Je n'avais encore jamais entendu de
symphonies de l'époque de Beethoven qui puissent lui être comparées,
dans le style (et bien sûr dans l'aboutissement). En voici – en
particulier la Troisième, suffocante de beethovenisme du meilleur
aloi !
→ Bissé.
→ (Voir la notule correspondante dans la série « Une décennie, un
disque ».)
♥♥ GOUVY, L.T.: Symphonies Nos. 1 and 2 – German Radio
Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic Orchestra, Mercier (CPO)
→ Même genre, très réussi, toujours animé (on entend bien le
contemporain de Schubert et Verdi).
→ Bissé.
♥♥ Gouvy – Symphonie n°2, Paraphrases Symphoniques, Fantaisie
Symphonique – Württembergische Philharmonie Reutlingen, Thomas Kalb
(Sterling 2014)
→ Bissé.
♥♥ GOUVY, L.T.: Symphonies Nos. 3 & 5 – German Radio
Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic Orchestra, Mercier (CPO)
→ Bissé.
♥♥ GOUVY, L.T.: Symphony No. 4 / Symphonie brève / Fantaisie
Symphonique (German Radio Saarbrücken-Kaiserslautern Philharmonic,
Mercier) (CPO 2013)
→ Romantisme remarquablement domestiqué, Onslow en mieux.
→ Bissé.
♥♥♥
Gade – Symphonies 1 &
5 (vol.4) – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme
élancé !
♥♥
Gade – Symphonies 7 & 4
(vol.2) + Ouv. Op.3 – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme
élancé !
♥♥♥
Gade – Symphonies 2 &
8 (vol.1) + Allegretto + In the Highlands – Danish NSO, Hogwood
(Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme
élancé !
♥♥♥
Gade – Symphonies 3 &
6 (vol.3) + Echos d'Ossian – Danish NSO, Hogwood (Chandos 2002)
→ Très belle lecture nerveuse de ces bijoux de sobre romantisme
élancé !
→ Bissé.
♥
Gade – Symphonie n°1,8 –
Stockholm Sinfonietta, Neeme Järvi (BIS)
♥♥♥ Bruch – Symphonie 1 (vo) – Bamberger Symphoniker, Trevino (CPO 2020)
♥♥
Richard Hol
(1825-1904) ; Symphony No. 1 in C minor (1863)
Den Haag Residentie Orkest ; Matthias Bamert
→ Contrasté et farouche, du très beau second romantisme !
♥
Richard Hol
(1825-1904) ; Symphony No. 4 in A minor (1889)
Den Haag Residentie Orkest ; Matthias Bamert
→ Plaisant, sombre sans être très tendu, pas excessivement marquant en
première écoute.
♥ *Brahms – Symphonie n°2, Ouverture Académique – Gewandausorchester
Leipzig, Blomstedt (PentaTone 2021)
→ Comme pour la Première, interprétation très apaisée, lente et
creusée, de ces symphonies. Ceci fonctionne moins bien, à mon sens,
pour cette Deuxième, dont les difficultés intrinsèques ne sont pas
vaincues en secondant ses aspects les plus tranquilles – et l'on perd
en éclat jubilatoire du côté du final.
BRUCKNER, A.: Symphony No. 4 in E-Flat Major, WAB 104, "Romantic" (1888
version, ed. B. Korstvedt) (Minnesota Orchestra,
Vanska) (BIS)
♥ Bruckner 6 BayRSO Eichhorn
Bruckner 7 BayRSO Eichhorn
♥♥
Tchaïkovski – Suites
n°1, n°4 – Tchaikovsky NO, Fedoseyev (Blue Pie 2014)
https://www.deezer.com/fr/album/557141
♥
Tchaikovsky: Suite No.
2 in C Major – Białystok Symphony Orchestra, Marcin Nałęcz-Niesiołowski
(DUX 1999)
→ Audiblement slave, mais sans la souplesse et le moelleux des
ensembles russes.
♥♥♥ *
Tchaïkovski –
Symphonies n°2,4 – Tonhalle Zürich, Paavo Järvi (Alpha 2021)
→ La Cinquième par les mêmes ne m'avait pas du tout autant ébloui qu'en
salle (avec l'Orchestre de Paris) – un peu tranquillement germanique,
en résumé. Hé bien, ici, c'est étourdissant. D'une précision de trait,
d'une énergie démentielles !
→ On entend un petit côté « baroqueux » issu de ses
Beethoven, avec la netteté des cordes et l'éclat des explosions, mais
on retrouve toute la qualité de construction, en particulier dans les
transitions (la grande marche harmonique du final du 2, suffocante, qui
semble soulever tout l'orchestre en apesanteur !), et au surplus une
énergie, une urgence absolument phénoménales.
→ Gigantesque disque. Ce qu'on peut faire de mieux, à mon sens, dans
une optique germanique – mais qui ne néglige pas la puissance de la
thématique folklorique, au demeurant.
→ (bissé la n°2)
Dvořák: Holoubek (The Wild Dove), Op. 110
Netherlands Philharmonic Orchestra; Kreizberg, Yakov
(PentaTone)
→ Pas particulièrement passionné, malgré l'article qu'on m'en fit.
Belle œuvre rhapsodique un peu discrète. (Tapiola version Dvořák ?)
*Saint-Saëns: Symphony No. 1 in E-Flat Major + Symphonie en la
Liège Royal Philharmonic; Kantorow, Jean-Jacques (BIS)
→ Petite déception : malgré la qualité habituelle de ces artistes,
pas extraordinairement distinctif – le potentiel de ces symphonies,
réel mais difficile à mettre en valeur, n'est pas véritablement révélé.
https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/stravinsky-concerto-pour-piano-et-vents-bertrand-chamayou-et-l-orchestre-national-de-france-95316
♥ *Saint-Saëns – Symphonies – Malmö SO, Soustrot (Naxos, réédition 2021)
→ Parmi le choix discographique, le meilleur possible, mais les œuvres
demeurent un peu lisses dans cette lecture… ces symphonies attendent
encore d'être pleinement révélées, elles sont, malgré les doublures
schumanniennes qui les rendent peu avenantes au disque, un potentiel
considérable.
→ Autre avantage de Soustrot : inclut la symphonie non numérotée
en la, et celle sous-titrée « Urbs Roma » !
♥♥♥
Kalinnikov – Symphonie n°1
– Ukraine NSO, Kuchar (Naxos)
→ Quel emploi extraordinaire du folklore ukrainien, dans une forme
évolutive et tendue de bout en bout malgré ses tendances rhapsodiques !
→ Bissé.
Rimsky-Korsakov: Fantasia
on Serbian Themes, Op. 6 (second version, 1887)
Rimsky-Korsakov: Symphony
No. 3 in C Major, Op. 32 (second version, 1886) – Malaysian PO, Bakels
(BIS)
→ Pas ébouriffant côté œuvres, et interprétation aussi peu slave que
possible, bien tranquille et posée.
♥
Rimski-Korsakov – Suite
tirée de Kitège – Russian NO, Pletnev (PentaTone)
♥ Paine – Symphonie n°2
♥♥♥
Liadov, poèmes
symphoniques / N. Tchérépnine, La Princesse lointaine + Prélude du
Palais enchanté / Rimski, Suite du Coq d'or – Russian NO, Pletnev (DGG
1996)
→ Liadov déjà bien riche, mais Tchérépnine, rencontre entre Rimski,
Ravel et Stravinski ! (Et Rimski a aussi des aspects de
l'Oiseau de feu ici…)
→ Très belle interprétation très engagée, plus typée que ce qu'est
devenu cet orchestre !
♥ N. Tcherepnin – Le Royaume enchanté – Saint Petersburg Academic
Symphony Orchestra, Victor Fedotov
Tcherepnin, N.: Tati-Tati /
Janssen, W.: Symphonic Paraphrases On Chopsticks (Columbia Symphony,
Janssen) par Werner Janssen (1951, publié par Naxos)
→ Gentilles pièces décoratives, jouées un peu en déchiffrage de façon
pas très idiomatiques.
♥
Tcherepnin: Le Pavillon
d'Armide, Op. 29 - Enchanted Kingdom, Op.39 - Rimsky-Korsakov: The
Golden Cockerel – Saint Petersburg Academic Symphony Orchestra, Victor
Fedotov
→ Belle version idiomatique, qui n'exalte pas nécessairement les
raffinements de l'œuvre (mais plutôt ses mélodies).
♥♥
N. Tcherepnine Palais
Enchanté – Russian NO, Pletnev
♥ Pierné – Suites de Ramuntcho – Philharmonique de Lorraine, Houtman
(BIS 1988)
→ Très plaisant.
& Concerto pour piano (avec son joli thème de final « la
chenille qui redémarre »)
*Mahler – Symphonie n°9 – Berliner Philharmoniker, Haitink (Berliner
Philharmoniker 2021)
→ Lecture un peu séquentielle, son très vibré, de l'adagio final, où
j'aime davantage de poussée organique et moins d'apprêt de son. (Mais
je ne suis pas un grand amateur de Haitink pour cette raison…) Les
basses manquent vraiment de poids dans la progression chromatique pour
me saisir tout à fait (prise comme ouatée, de quand est la
prise ? je n'ai pas accès à la notice), et elles ne
parviennent pas à imprimer de couleur nouvelle face à ce mur de cordes
très vibrées…
→ Joli élan (éphémère) du climax.
Mahler 9 – Düsseldorf, Ádám Fischer
→ Très beau et fluide mais peu de mystère.
& Boston SO, Ozawa
→ Cordes un peu épaisses…
& Solti Chicago
→ Aucun mystère, très rentre-dedans d'emblée.
& Masur NYP
→ Son d'orch un peu brillant, brise de son en zoom
peu agréable
& Barshai / Moscou SO
→ Fin et souple, beaucoup d'atmosphère, superbe
prise de son.
Suk – Fantastické scherzo, Op. 25 (arr. G. Sebesky for wind ensemble)
(excerpt) Douglas Anderson School of the Arts Wind Symphony; Shistle,
Ted (Mark Records)
♥ SUK, J.: Fantastické scherzo (Prague Philharmonia, Hrůša) (Supraphon)
♥♥♥ Suk – Zrani – Komische Oper, K. Petrenko (CPO 2008)
→ Quels déferlements de vagues décadentes, tellement ardent et
tourmenté, une merveille absolue très inattendue décidément (et cette
version en exalte la tension et la modernité). Le V
(« Résolution ») est une merveille d'une densité à peine
soutenable.
♥♥
Johan Wagenaar -
Sinfonietta : for orchestra in C Major, Op. 32 (1917) Radio Symphony
Orchestra ; Conductor: Eri Klas
→ Commence comme du postromantisme assez naïf, et soudain cet adagio,
c'est plus le Ruhevoll ou l'Adagietto de Mahler que du Brahms !
♥♥♥
Zweers, (Daniël) De Lange
– Symphonies n°1 – (Sterling)
→ Beaucoup plus naïf et romantique-lumineux que les deux symphonies
suivantes de Zweers.
→ De Lange est vraiment étonnant, avec des couleurs qui évoquent le
début d'Antikrist de Langgaard, tout en restant parfaitement tenu dans
du romantisme qui évoque plutôt les héritiers de Schubert que le XXe
siècle ! Très belle symphonie, au demeurant !
♥♥
Zweers – Symphony No. 2,
Suite from the Incidental Music for Vondel's "Gijsbrecht van
Aamstel" ; Ouv Saskia – Radio Filharmonisch Orkest Holland /
Netherlands Radio Symphony Orchestra, Hans Vonk (Sterling)
→ Beau postromantisme simple mais frémissant.
→ Marche harmonique du duo d'amour de Vertigo présente dans le premier
mouvement de la Suite de Vondel !
→ Bissé.
♥♥ Sibelius: Symphony No. 2 – BBC Philharmonic Orchestra; Storgårds
(Chandos)
♥ Sibelius: Symphony No. 3, Yevgeny Mravinsky/Leningrad P.O. 1965
→ Assez rude, comme une symphonie soviétique de guerre…
Sibelius – Symphonie n°5 – Islande SO, Sakari (Naxos)
→ Prise de son hélas un peu lointaine blanchissante pour cette belle
version, pas très urgente mais fort bien construite. (C'est surtout la
Septième qu'il faut absolument découvrir dans cette intégrale !)
Sibelius – Symphonie n°5 – SWR Fribourg & Baden-Baden, Rosbaud (SWR
Klassik)
→ Lecture très germanique, un peu carrée, qui manque à mon sens un peu
de flou et de plans – le final manque même l'effet de l'appel de cors,
rejeté au loin… Méritoire de jouer du Sibelius en ce temps et en ces
contrées, mais pas du grand Rosbaud, je le crains.
♥ *Sibelius – Symphonies & œuvres orchestrales – Hallé O,
Barbirolli (Warner, réédition 2021)
D'après mes souvenirs :
→ Orchestre clairement peu familier de ce type d'écriture, à une époque
où le niveau instrumental n'était pas du tout comparable à ce qu'est
l'essentiel de la discographie… mais Barbirolli y fait des propositions
qui, musicalement, peuvent être passionnantes et très fines (n°3 par
exemple). À découvrir pour ouvrir des horizons, à défaut du produit
fini.
*Sibelius – Hallé Orchestra; Barbirolli, John (Warner réédition 2021)
En réécoutant :
→ Lent, son assez sale, pas convaincu non plus par la construction.
♥♥ Sibelius: Symphony No. 7 - Royal PO, Beecham (Angel / EMI / Warner)
→ Beaucoup de finesse et de saveur dans la gestion des épisodes.
♥♥ Sibelius: Symphony No.7, Yevgeny Mravinsky Leningrad P.O. 1977
à Tokyo
→ D'une netteté d'articulation, d'une puissance de construction
absolument admirables. Beaucoup plus stable et lisible que le Sibelius
vaporeux habituel – c'est écrit ainsi, il faut dire !
♥♥♥ Sibelius: Symphony No.7, Yevgeny Mravinsky Leningrad P.O.
concert de 1965 à Leningrad
→ Même conception, mais capté de façon bien plus proche et détaillée,
encore meilleur !
*Richard Strauss: Eine Alpensinfonie, Op. 64 / Tod und Verklärung, Op.
24 // par Vasily Petrenko, Oslo Philharmonic Orchestra (Lawo 2020)
→ Pas ébloui : très bien, mais il existe beaucoup mieux capté,
beaucoup plus urgent ou coloré, etc.
♥♥♥ R. Strauss – Eine Alpensinfonie – São Paulo SO, Shipway (BIS)
→ Hallucinante image sonore d'une ampleur et d'un détail qui étreignent
immédiatement. On entend énormément de contrechants, et quelle tension
permanente ! Gigantesque, et tellement approprié ici, quel
livre d'images !
→ bissé le début
♥ Fantaisie Symphonique sur Die Frau ohne Schatten
♥♥ R. Strauss – Eine Alpensinfonie – SWR BB & F, Roth (PentaTone)
→ On entend remarquablement les détails, en particulier les lignes de
bois dans les tutti et de harpe, rarement audibles. Image assez
frontale au demeurant, mais l'énergie et le détail l'emportent !
→ Bien plus impressionné qu'en première écoute il y a quelques années.
Scriabine Symphonie
n°1 Oslo PO, V. Petrenko
→ Encore ces splendides couleurs acidulées, mais l'œuvre paraît hésiter
entre beaucoup de chemins sans jamais se décider.
♥♥♥ Hausegger – Natursymphonie – WDR, Rasilainen (CPO)
♥♥ Hausegger – Barbarossa & Hymnen an die Nacht – Begemann,
Norrköping SO, Hermus (CPO)
→ Barbarossa toujours pas fabuleux, hymnes très beaux, Begemann
splendide.
♥♥♥ Hausegger – Ausklänge, Dionysische Fantasie, Wieland der Schmidt –
Bamberg SO, Hermus (CPO)
♥♥
Diepenbrock – Die Vögel,
Suite Marsyas, Hymne violon-orchestre, Electra, Die Nacht (Linda
Finnie), Wenige wissen (Homberger), Im grossen Schweigen (Holl) – Den
Haag RO, Vonk (Chandos 2002)
→ Les lieder orchestraux sont tellement plus intéressants que ses
poèmes symphoniques (un peu lisses) !
*Braunfels – Don Gil (Prélude), Divertimento, Ariels Gesang, Sérénade
en mib – ÖRF, Bühl (Capriccio 2021)
→ Postromantisme plutôt standard, pas très marquant. Pas du tout le
grand Braunfels de la Messe ou le plaisantin subversif des Oiseaux…
→ Plaisante Sérénade toutefois.
♥♥♥
Dopper – Symphonie n°2 – La
Haye RO, Bamert (Chandos)
→ Enthousiasmante suite d'airs populaires très exaltants. Répétitions
un peu simple des thèmes, mais des fugatos réguliers pour pimenter et
le tout est très entraînant… ce serait parfait pour une première écoute
en salle !
→ Interprétation vive et généreuse, une surprise venant de Bamert qu'on
a connu plus mesuré !
Dopper – Symphonie n°3
« Rembrandt », Symphonie n°6 « Amsterdam » – La
Haye RO, Bamert (Chandos)
→ Sympa, mais ni grande forme ni grands thèmes.
♥♥
Dopper: Ciaconna
gotica
R. Mengelberg: Salve
Regina
H. Andriessen: Magna res
est amor
Röntgen:
Altniederlandische Tanze, Op. 46
& Franck: Psyche, M. 47, Part III: Psyche
et Eros
Jo Vincent, Concertgebouworkest, Mengelberg (réédition Jube Classic
2014)
♥♥♥
Matthijs Vermeulen
(1888-1967) ; Symphony No. 1 'Symphonia carminum'
(1914) ; Rotterdam, Roelof van Driesten
→ Grand postromantisme très coloré et boisé, lumineux et intense.
Grande profusion de plans, de grains, langage foisonnant dans être
oppressant, une très grande réussite.
→ Trissée.
♥♥ *Walton – Symphonie n°1 – LSO, Previn (RCA, réédition 2021)
→ Grande version de cette symphonie grisante, où se retrouvent les
qualités habituelles de Previn à son meilleur : fluidité, beauté
mélodique, naturel, élan.
→ (Mes références personnelles restent cependant plutôt Ed. Gardner,
Bychkov et C. Davis.)
♥♥♥ Walton – Symphonie n°1 – LSO, C. Davis (2006)
→ Plutôt que la pure motricité (impressionnante !) de cette pièce,
Davis y exalte la couleur, et le climat. On y gagne formidablement sur
tous les plans ! (quels solos de hautbois, de cor
anglais…) On suit ainsi bien mieux la logique interne de l'œuvre.
♥♥ Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands,
Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant,
qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi
dans les pièces vocales. Bijoux.
→ Bissé.
♥♥♥ Graener – vol. 1 : Comedietta, Variations sur thème populaire
russe, Musik am Abend, Sinfonia breve – Hanovre RPO, W.A. Albert
♥♥♥ Graener – vol. 2 : Symphonie, Aus dem Reiche des Pan,
Variations sur Prinz Eugen – Hanovre RPO, W.A. Albert
→ Trissé.
♥♥ Pejačević –: Symphony in F-Sharp Minor, Op. 41 / Phantasie
concertante (Banfield, Rheinland-Pfalz State Philharmonic, Rasilainen)
→ Symphonie expansive et persuasive, riche ! Pas du tout une
musique galante.
♥
(Jan) Koetsier – Symphonie
n°2 (avec voix) – Concertgebouworkest
→ Sorte de louange entre Mahler 8, Martinů 4, les concertos de Poulenc
et le Te Deum de Bruckner.
Voormolen – Arethuza –
Concertgebouworkest (série anniversaire de l'orchestre)
♥
Voormolen – Sinfonia –
Concertgebouworkest, Mengelberg
Voormolen – Eline – La Haye,
Bamert (Chandos)
♥
Hendrik Andriessen
(1892-1981) – Ballet-suite : voor orkest (1947) – Netherlands SO
(Enschede), Porcelijn
♥
(Hendrik) Andriessen – vol. 2
– PBSO (Enschede), Porcelijn (CPO)
♥♥
*Escher – Concerto pour
orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel,
Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le
vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden –
Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des
rééditions, je suppose), avec quelques belles inspirations d'un
postromantisme assez simple.
♥♥♥
Myaskovsky: Symphony No. 6
in E-Flat Major – Göteborg SO, Neeme Järvi (DGG)
→ Très belle symphonie, jouée avec la générosité de N. Järvi, toujours
à son meilleur avec Göteborg et dans le répertoire russe et soviétique…
Il y réussit le ton épique avec une réelle élégance dans la grandeur.
Le final qui développe de façon conjointe les thèmes de la Carmagnole
et Ça ira est particulièrement jubilatoire !
→ Final dans sa version avec chœur (trissé).
Myaskovsky: Symphony No. 6 in
E-Flat Major – Orchestre Académique d'État de l'URSS, Svetlanov
(Melodiya)
→ Hélas, ici les cuivres masquent terriblement le spectre sonore, on y
perd toute la beauté des trames secondaires, et le final se change en
chanson paillarde assez univoque.
Myaskovsky: Symphony No. 6 in
E-Flat Major – Slovaquie RSO, Stankovsky (Marco Polo)
→ Orchestre souvent employé en cacheton, dont on sent le déchiffrage
(le tempo prudent, la fébrilité de ces aigus qui sortent trop fort à la
flûte), mais le tout est réalisé avec honnêteté et entrain. À choisir,
j'y entends mieux les détails que chez Svetlanov.
Myaskovsky: Symphonies 1 &
13 – Orchestre des Jeunes de l'Oural (Naxos)
→ Bien écrites, décemment exécutées, mais rien ne m'a saisi ici. Du
postromantisme modernisé qui apparaît, a moins dans cette
interprétation, beacoup plus interchangeable.
♥♥♥ *
Miaskovski (Myakovsky),
Symphonie n°21 // Prokofiev, Symphone n°5 – Oslo PO, Vasily
Petrenko (LAWO novembre 2020)
→ Symphonie de Miaskovski à mouvement unique, flux continu très naturel
d'influences très diverses, moments étales mais aussi ultralyrisme
post-tchaÏkovskien (presque du R. Strauss russisé), cors pelléassiens,
ineffable clarinette façon Quintette de Brahms, qui plane soudaine
seule…
→ Je n'avais jamais remarqué ainsi les parentés de la Cinquième de
Prokofiev avec la Symphonie de Franck (et un peu le Poème de l'Extase,
ce qui est mieux documenté), frappant au milieu du premier
mouvement ! La thématique cyclique est marquante également.
→ Impressionnant son de corde au vibrato irrégulier, terriblement
soviétique ! De même pour les vents qui sifflent et les
cuivres d'une acidité qui outrepasse la tradition nordique… on croirait
entendre une bande moscovite des années soixante. Quel pouvoir sur le
son !
→ Bissé Miaskovski.
♥♥
MYASKOVSKY, N.:
Symphony-Ballad No. 23 / Symphony No. 23 (1941-1945: Wartime Music,
Vol. 1) (St. Petersburg State Academic Symphony, Titov) (Northern
Flowers 2009)
→ Très accessible Symphonie-Ballade, et beau folklore convoqué dans la
Symphonie n°23, d'un style assez rétro-, plutôt Glazounov (en bien plus
saillant) que soviétisant !
♥
Miaskovski (Myaskovsky),
Symphonies n°24 & 25 – Moscou PO, Yablonsky (Naxos)
→ La 24 légèrement sombre, la 25 au contraire marquée par des chorals
de folklore !
→ Lecture assez vivante, mais la prise de son relègue le détail un peu
loin (Naxos d'il y a un certain temps), cordes et bois pas toujours
justes (!), on peut magnifier mieux ces partitions.
♥
MYASKOVSKY, N.Y.: Symphonies
Nos. 15 and 26 / Overture in G Major (Kondrashin, Nikolayev, Svetlanov)
→ Final de la 26 d'une simplicité sautillante et sans arrière-plan
désespéré, absolument ravissant !
♥♥♥ *
Miaskovski (Myaskovsky),
Symphonie n°27 // Prokofiev, Symphonie n°6 – Oslo PO, V. Petrenko (LAWO
2021)
→ Saveur très postromantique (et des gammes typiquement russes, presque
un folklore romantisé), au sein d'un langage qui trouve aussi ses
couleurs propres, une rare symphonie soviétique au ton aussi
« positif », et qui se pare des couleurs transparentes,
acidulées et très chaleureuses du Philharmonique d'Oslo (de sa
virtuosité aussi)… je n'en avais pas du tout conservé cette image avec
l'enregistrement de Svetlanov, beaucoup plus flou dans la mise en place
et les intentions…
→ Frappé par la sobriété d'écriture, qui parle si directement en mêlant
les recettes du passé et une forme d'expression très naturelle qui
semble d'aujourd'hui. L'adagio central est une merveille de
construction, comme une gigantesque progression mahlérienne, mais avec
les thématiques et couleurs russes, culminant dans un ineffable lyrisme
complexe.
→ Bissé Miaskovski.
♥
Miaskovski (Myaskovsky),
Symphonie n°27 – Moscou StSO, Polyansky (Chandos)
→ Belle lecture, mais les détails sont bien moins audibles, les cordes
gagnent, pas du tout la finesse de diamant et l'intensité de
V.Petrenko-Oslo ! L'adagio paraît même ici un brin
sirupeux / filmique / complaisant, alors que les harmonies et les
figures complexes de bois sont audiblement riches.
♥ *
(Marcel) Poot – Symphonies
1,2,3,4,5,6,7 – Anvers PO, Léonce Gras + Belgian RT NPO, Hans Rotman +
Moscou PO, Frédérice Devreese + Belgian NRSO, Franz André (Naxos,
réédition en coffret en 2021)
→ (Mis en couleur, mais il est en réalité flamand, précisons.)
→ Joli corpus, la 1 d'un postromantisme aux brusques simplicités
néoclassiques, la 4 très marquée par l'orchestration et l'esprit de
Chostakovitch, la 7 d'une bigarrure tourmentée assez persuasive…
→ Bissé la 7.
♥ *Skalkottas – 36 Dances grecques, The Sea Suite, Suite Symphonique
n°1 – Athènes StO, Stefanos Tsialis (Naxos 2021)
→ Danses polytonales étonnantes, Suite néoclassique, Mer figurative et
généreuse, mais tout en pudeur, sans chercher l'emphase, très réussie.
→ (Privilégiez cependant le précédent volume Skalkottas, plus
essentiel.)
♥ *Takemitsu – Requiem pour cordes, Far Calls, How Slow the Wind, A Way
a Lone II, Nostalghia in Mémory of Andrei Takovskij… – Suwanai, NHK, P.
Järvi (RCA 2020)
→ Une bonne version (pas très colorée : pas le point fort de
Järvi, ni surtout de cet orchestre, ni de ces œuvres précises de
Takemitsu) d'œuvres pas parmi les plus chatoyantes ni passionnantes de
Takemitsu (œuvres pour cordes essentiellement), à part How Slow the
Wind (qui n'est pas son meilleur, mais contient les jolies échelles
modèles de Tree Line ou Rain Coming).
♥ *Gerald BARRY – The Eternal Recurrence – Britten Sinfonia, Thomas
Adès (Simax 2021)
→ Couplé avec les 7,8,9 de Beethoven que je n'ai pas essayées (les
autres volumes étaient très bien, mais la concurrence est telle que…).
En revanche le couplage avec des œuvres de Barry tout au long du cycle
est vivifiant !
→ On retrouve le goût de Barry pour ces accords tonals utilisés sans
réelle fonction, en forme de gros blocs un peu errants tandis que la
ligne vocale de la soprano semble traditionnelle, presque sucrée. Très
plaisant. (Je n'avais pas le texte pour suivre, je ne peux pas dire
pour l'instant si c'était simplement joli ou vraiment saisissant.)
Dalbavie – Concertate il suono – OPRF (Densité-21 RF 2007)
♥ Dalbavie – Ciaccona – OP, Eschenbach (Naïve)
♥ *Dalbavie – La source d'un regard – Seattle SO, Morlot (Seattle
SO Media 2019)
→ Très belle évolution progressive d'étagements sonores.
G. Lied orchestral
♥♥ Hausegger – Barbarossa & Hymnen an die Nacht – Begemann,
Norrköping SO, Hermus (CPO)
→ Barbarossa toujours pas fabuleux, hymnes très beaux, Begemann
splendide.
♥♥♥
Diepenbrock –
« Anniversary Edition, Vol. 2 » (Etcetera 2012)
Die Nacht – Janet Baker / Royal Concertgebouw Orchestra
Hymne an die Nacht 'Gehoben ist der Stein' – Arleen Augér / Royal
Concertgebouw Orchestra
Hymne an die Nacht 'Muss immer der Morgen' – Linda Finnie / The Hague
Philharmonic
Im grossen Schweigen – Robert Holl / The Hague Philharmonic
→ Splendides pièces généreuses, variées, lyriques, tourmentées,
persuasives. Du décadentisme encore très romantique, petites
merveilles.
→ Trissé.
♥♥♥
Diepenbrock – Reyzangen
uit Gysbrecht van Aemstel (extraits) + Hymne aan Rembrandt + Te Deum +
Missa in die festo – Westbroek (Etcetera 2013)
♥♥
Diepenbrock – Reyzangen uit
Gysbrecht van Aemstel (intégral) + Hymne aan Rembrandt – Westbroek
(Composers Voice 2005)
→ Première écoute du Aemstel intégral.
→ Bissé.
♥
Diepenbrock – Die Vögel,
Suite Marsyas, Hymne violon-orchestre, Electra, Die Nacht (Linda
Finnie), Wenige wissen (Homberger), Im grossen Schweigen (Holl) – Den
Haag RO, Vonk (Chandos 2002)
→ Les lieder orchestraux sont tellement plus intéressants que ses
poèmes symphoniques (un peu lisses) !
♥
DIEPENBROCK, A.: Orchestral
Songs (Begemann, St. Gallen Symphony, Tausk) (CPO 2014)
→ Moins séduit, à la réécoute (et malgré le charisme de Begemann), par
rapport aux autres lieder enregistrés par Chandos avec Finnie,
Homberger et Holl.
♥♥ Cecil Coles – Fra Giacomo, 4 Verlaine, From the Scottish Highlands,
Behind the lines – Sarah Fox, Paul Whelan, BBC Scottish O (Hyperion)
→ Belle générosité (Highlands à l'élan lyrico-rythmique réjouissant,
qui doit pas mal à Mendelssohn), remarquable éloquence verbale aussi
dans les pièces vocales. Bijoux.
→ Bissé.
H. Concertos
♥ *Vivaldi – Concertos pour basson – Azzolini (Naïve 2021)
→ Basson savoureux, très bel ensemble spécialiste, superbe veine
mélodique aussi, de l'excellent Vivaldi !
♥ Antonín Vranický Concerto pour deux altos, Rejcha « Solo de Cor
Alto », Vorišek Grand Rondeau Concertant pour piano violon
violoncelle, Beethoven concerto pour violon en ut (fragment), dans la
série « Beethoven's World » – Radio de Munich, Goebel (Sony)
→ Suite de l'incroyable parcours de Goebel qui documente des
compositions concertantes et orchestrales de contemporains de
Beethoven, avec des pépites (Clément, Romberg, Salieri…). Ici, très
beau double concerto de Vranický, grandes pièce de Rejcha aux belles
mélodies…
♥♥ Reicha Symphonie concertante pour 2 violoncelles, Romberg Concerto
pour deux violoncelles, Eybler Divertisment – ( série
« Beethoven's World ») – Deutsche Radio PO, Goebel (Sony)
→ Très beau, programme hautement original (dans la collection où
j'avais déjà loué les Concertos pour violon de Clément et qui vient de
publier Salieri-Hummel-Vořišek), mettant en valeur des jalons
considérables du patrimoine.
→ Un Reicha virtuose : un violoncelle faisant des volutes graves,
l'autre énonçant de superbes mélodies – celle du premier mouvement
évoque beaucoup Credeasi misera.
→ Un Romberg au mouvement lent plus sombre, inhabituellement tourmenté
(sans agitation pourtant), se terminant dans un rondeau aux rythmes de
cabalette et dont la mélodie invite à la danse.
→ Un Eybler trompettant, musique de fête.
→ Interprété avec une finesse de timbre et un élan absolument
délectables.
Romberg (Bernhard) – Concertos pour violoncelle 1 & 5 – Melkonyan
(CPO)
→ Le 5 a un côté symphonies de Mozart en mineur. Mais tout ça n'est pas
particulièrement passionnant en soi.
♥♥ Bruch – Doubles concertos (2 pianos + alto & clarinette), Adagio
apassionato, ouv Lorelei – ÖRF, Howard Griffiths (Sony 2019)
♥ PIERNÉ, G.: Orchestral Works, Vol. 2 - Fantaisie-ballet /
Scherzo-caprice / Poème symphonique (Bavouzet, BBC Philharmonic, Mena)
→ Belle version de ces œuvres plaisantes.
♥ Pierné – Suites de Ramuntcho – Philharmonique de Lorraine, Houtman
(BIS 1988)
→ Très plaisant.
& Concerto pour piano (avec son joli thème de final « la
chenille qui redémarre »)
♥♥♥
van Gilse – Tanzskizzen –
Triendl, PBSO Eschede, Porcelijn (CPO)
→ Bissé.
♥♥ Graener – vol. 3 : Concerto pour piano. – Triendl, Radio
de Munich, Alun Francis (CPO 2015)
Chostakovitch – Concerto pour
violoncelle n°2 – Arto Noras, Radio Norvégienne, Rasilainen (Finlandia
/ Apex)
→ Tellement mieux que le Premier Concerto, dans version élancée et très
bien jouée, mais demeure assez peu exaltant pour ma sensibilité…
♥
Voormolen – Concerto pour
deux hautbois – La Haye, Bamert (Chandos)
→ Néoclassique sympa.
♥ Klami : The Cobblers on the Heath (Ouverture) / Thème, 7 Variations
& Coda Op.44 avec violoncelle solo – J.-E. Gustafsson, Lahti SO,
Vänskä (BIS)
Et aussi : Kalevala Suite (sombre mais pas la plus fluide et
colorée)
♥♥♥ Klami : Cheremissian Fantasy, Sea Pictures, Kalevala Suite ;
Noras, Helsinki PO, FinRSO (Finlandia 1992)
→ Atmosphères entre Sibelius et Ravel assez mereilleuses. Très belles
interprétations typées et savoureuses. (Découverte pour la Fantaisie.)
♥ Nyman, Piano Concerto – Lenehan, Ulster Orchestra, Yuasa (Naxos)
→ Vraiment beau dans ses consonances, ses ondoiements et ses jolies
évolutions harmoniques. Mais tout le temps pareil – et identique à ses
autres œuvres également.
♥
Khodosh – Concerto pour
piano & orchestre
→ D'un néoclassicisme aux éclats un peu circassien, assez amusant. Son
opéra comique d'après L'Ours de Tchekhov, représenté en ce moment même
à Donetsk, fait envie – n'étaient les obus.
I. Quatuors
*Józef Elsner – « Trois quatuors du meilleur goût
polonois » Op. 1 – Mikołaj Zgółka & friends (NFM, Accord
2021)
→ Première parution de ces beaux quatuors de style encore classique,
dans une exécution avec cordes en boyaux – ce qui rend souvent, à mon
sens, l'audition moins confortable, et distraite par les inégalités de
timbre.
→ Même si la veine mélodique n'est pas la plus immédiate par rapport à
nos références Haydn-Mozart, de soudaines bifurcations harmoniques font
assurément lever l'oreille en de nombreuses occurrences.
→ Je serais très curieux de réentendre ce corpus interprété selon
différentes autres options (plus de structure, plus de chair ou plus
d'élan), je suis convaincu de son potentiel.
♥ *Hérold, d'Ollone, Rabaud – Quatuors – Hermès SQ (Chaîne YT de Bru
Zane 2021)
→ Trois rarissimes quatuors, d'où se détachent en particulier les
affects généreux du Rabaud, assez éloigné de son style orchestral plus
hardi – alors qu'Hérold est y au contraire sur son version le plus
sérieux et ambitieux.
→ Son très peu typé français de ce jeune ensemble, un peu trop de fondu
et de vibrato pour moi, peut-être.
→ Super entreprise en tout cas que de jouer ces raretés, et de surcroît
de les diffuser – le Palazetto n'étant pas l'endroit le plus
commode d'accès au monde.
♥ Anton Reicha: Trois quatuors – Quatuor Ardeo (2014 | L'empreinte
Digitale)
→ bissé
♥♥
GADE, N.W.: Chamber Works,
Vol. 5 - String Quartet in D Major / String Quintet in E Minor /
Fantasiestücke clarinette piano (Ensemble MidtVest) (CPO)
♥ *La Tombelle – Quatuor en mi – Mandelring SQ (Audite 2021)
→ Gloire aux Mandelring qui ont pris l'habitude d'enregistrer des
quatuors rares en complément des œuvres (ou cycles d'œuvres) célèbres
qui enregistrent ! Œuvre de salut public, d'autant que ce
sont des quatuors entiers qu'ils gravent, très bien choisis, et
exécutés au plus haut niveau !
→ De surcroît, ici, Bru Zane n'avait pas gravé, dans on anthologie de 3
CDs, ce quatuor (juste celui avec piano).
→ Pas bouleversé par la pudeur de cet opus : ni très mélodique, ni
très sophistiqué, une sorte de Ravel en sourdine. Peut-être joué avec
moins de transparence et une plus franche véhémence ? Car il
existe des moments franchement passionnés qui pourraient peut-être se
trouver davantage mis en valeur avec un jeu plus « à
l'allemande ».
→ (couplé avec le Ravel, pas écouté)
♥
Bosmans Strijkkwartet (1927)
, Utrecht SQ
→ Très français… et très court.
♥♥ KUNC, B.: String Quartet, Op. 14 / LHOTKA, F.: Elegie and Scherzo /
SLAVENSKI, J.: String Quartet No. 4 (Sebastian String Quartet) (CPO)
→ Bissé.
J. Chambre
♥♥ *Sommer (1570–1627) Der 8. Psalm // Fontana (1571–1630) Sonata
16 // Buonamente (1595–1642) Sonata seconda // Pachelbel (1653–1706)
Canon & Gigue // Torelli (1658–1709) Sonata a 3 violini // Fux
(c1660–1741) Sonata a 3 violini // Louis-Antoine Dornel
(1685–1765) Sonate en quatuor // Giovanni Gabrieli (c1555–1612) Sonata
XXI con 3 violini // Purcell Three parts upon a ground & Pavane //
Schmelzer (1620–1680) Sonata a 3 violini // Baltzar (c1631–1663) Pavane
// Hacquart (c1640–a1686) Sonata decima –
« Sonatas for three violins »,
Ensemble Diderot, Johannes Pramsohler (Audax 2021)
→ Je n'avais pas été enthousiasmé ni par les œuvres, ni par le son des
principaux albums (très originaux) de l'ensemble, mais ici, ces sonates
à violons multiples se révèlent remarquablement fascinantes !
→ bissé.
♥♥♥ *Jacchini, Gabrielli, Lulier, A. Scarlatti, Bononcini – Sonates
pour violoncelle « The Italian Origins of the Violoncello » –
Lucia Swarts + Zomer , Richte van der Meer (cello), Siebe Henstra
(harpsichord) (Mountain Records 2015-2021)
♥♥♥ *Roncalli – Intégrale de la musique pour guitare (baroque) : les 9
Sonates – Bernhard Hofstötter (Brilliant 2021)
→ Superbe massif très vivant, des suites de danse en réalité, dont la
mobilité séduit grandement, en particulier la Passacaille en la mineur
de la Cinquième Sonate, reprenant des basses connues des LULLYstes.
→ Interprétation très allante, prise de son confortable.
♥ Ritter – Quatuors avec basson – Paolo Cartini, Virtuosi Italiani
(Naxos 2007) → Très joliment mélodique. Moins riche et virtuose que
Michl.
♥ *ROMBERG, B.: Sonatas for Harp and Cello, Op. 5, Nos, 1, 2, 3
(Aba-Nagy, Szolnoki) (Gramola 2020)
→ Existe aussi en violoncelle-piano et en violon-piano, avec
approbation du compositeur. Beaux thèmes séduisants, presque
opératiques, du violoncelle, souple élégance de la harpe, très belles
pièces de salon.
→ Captation avec un petit déséquilibre en faveur du violoncelle (la
harpe est un peu retranchée vers l'arrière), probablement monté en
boyaux considérant le timbre un peu plaintif.
♥ *Rejcha – Octet, Op. 96 and Variations for Bassoon & String
Quartet – Consortium Classicum (CPO 2000)
♥ *Onslow – Quintettes à cordes n°23 & 31 (vol.4) – Elan Quintet
(Naxos)
→ Beaux quintettes sobres et touchants, du bon Onslow bien joué.
♥ Bruch: String Octet in B-Flat Major, String Quintet in A Minor &
Piano Quintet in G Minor – par Ulf Hoelscher Ensemble (CPO)
♥ *Saint-Saëns – Sonates violoncelle-piano, violon-piano, Suite
violoncelle-piano, piécettes, arrangements… – Tanaka,
Fouchenneret, Bartissol, Wagschal (3 CDs Ad Vitam 2021)
→ Clairement pas le sommet du legs de Saint-Saëns (quelle distance par
rapport à l'ambition des quatuors à cordes ou avec piano !), mais de
plaisantes œuvres très peu jouées, servies par des interprètes rompus à
ce répertoire.
♥♥♥ *Stanford – Quintette piano-cordes, Fantasies – membres de la
Radio de Berlin, Nicolaus Resa (Capriccio 2021)
→ Une des grandes œuvres les plus inspirées du (très inégal) Stanford.
♥♥ *Labor – Sonates violon-piano, violoncelle piano, Thème &
variations (cor-piano) – Karmon, Mijnders, Vojta, Triendl (Capriccio
2021)
→ Nouveau volume Labor, qui confirme le chambriste considérable qu'il
est ! Plus lumineux et apaisé que son fascinant Quatuor
piano-cordes.
→ Trissé.
♥ *BEACH, A. / PRICE, F.B.: Piano Quintets / BARBER, S.: Dover Beach
(American Quintets) (Kaleidoscope Chamber Collective)
→ Très belles pièces tradis, avec des épanchements traditionnels des
mouvements lents pour ces formations, d'une très beau métier !
♥ Koechlin – Sonate à sept – Lencsés, Parisii SQ (CPO 1999)
→ Sorte de pièce concertante pour hautbois. Pastoralisme un peu lent et
bavard, sorte de Milhaud réussi.
♥♥ *
Escher – Concerto pour
orchestre à cordes, Musique pour l'esprit en deuil, Tombeau de Ravel,
Trio à cordes, Chants d'amour et d'éternité (pour chœur a cappella), Le
vrai visage de la Paix, Ciel air et vents, Trois poèmes d'Auden –
Concertgebouworkest, Chailly ; PBChbCh, Spanjaard (Brilliant 2020)
→ Vaste anthologie (essentiellement des rééditions, je suppose), avec
quelques belles inspirations d'un postromantisme assez simple.
♥♥ *Klami – Quatuor piano-cordes, Sonates violon-piano
& alto-piano – Essi Höglund, Ero Kesti, Sirja Nironen, Esa
Ylonen (Alba 2021)
→ Beau corpus, très pudique (que d'aération, de respirations, de
silences à tour de rôle dans ce Quatuor !), très beaux timbres et
phrasés (le violon d'Essi Höglund en particulier).
K. Flûte solo
♥ *Koechlin – Les Chants de Nectaire – Nicola Woodward (Hoxa 2021)
→ Ni aussi nette et virtuose que Balmer, ni aussi poétique et
souplement articulée que de Jonge, cette quatrième intégrale du
monumental chef-d'œuvre universel de la flûte solo (4h), inspiré d'un
jardinier musicien (un ange caché dans La Révolte des Anges d'Anatole
France…), ne change pas nécessairement la donne. Je recommande vivement
d'écouter Leendert de Jonge dans ces pages – la famille Koechlin le
recommande également pour son respect des nuances écrites et de
l'esprit général.
→ Mais, il est formidable de pouvoir comparer les lectures, et quitte à
écouter n'importe quelle version, plongez-vous, oui, dans ce
chef-d'œuvre incroyable !
L. Théorbe
♥♥♥ Visée : Chaconne en la mineur, Monteilhet
♥♥♥ Bach – Suites 1,2,3 pour violoncelle (version théorbe) – Monteilhet
1 (EMI 2000)
→ Tellement de mordant et de résonance ici (rien à voir avec les suites
4 à 6 chez ZZT, plus ouatées et lisses).
M. Harpe
♥♥ *Casella Sonate pour harpe // D Scarlatti Kk 135 // Bach
toccata ut mineur // Debussy Ballade pour piano // Zabel fantaisie sur
Faust – « Ballade » – Emily Hoile, harpe (Ars
Produktion 2021)
N. Violoncelle·s
♥♥♥ Bach – Suites pour violoncelle 3,1,4,6… – Lucia Swarts (Challenge
Classics 2019)
→ De (très) loin la version la plus enthousiasmante que j'aie entendue
sur instrument ancien ! Du grain en abondance, de la couleur
partout, et un mordant exceptionnel…
→ Possiblement la version qui soutient le plus mon intérêt sur la
durée, aussi, alors que je fatigue assez vite avec ces Suites, que je
trouve moins nourrissantes que son corpus pour violon…
Bach, Bourrée de la Suite n°3 pour violoncelle : Swarts, Maisky
DGG, Maisky live w. Argerich, Monteilhet
♥ B. Romberg – Sonata for 2 Cellos in C Major, Op. 43, No. 2 – Ginzel
& Ginzel (Solo Musica)
O. Piano·s
♥ *Brillon de Jouy – The Piano Sonatas Rediscovered – Nicolas
Horvàth (Grand Piano 2021)
→ Très plaisant classicisme finissant / premier romantisme, pas
particulièrement personnel, mais écrit sans aucune fadeur (et finement
joué).
→ (Je découvre a posteriori qu'il s'agit d'une compositrice.)
Gouvy – L'œuvre pour deux pianos – (Bru Zane)
→ Agréable. Rien de très saillant en première écoute.
♥♥ Kurtág – Játékok à quatre mains – M. & G. Kurtág (DVD)
→ Une autre vision (que le disque, le concert et mes propres doigts,
jusqu'ici) avec cette version vidéo de ces délectables miniatures !
♥♥ *Griffes, Crumb, Carter, Glass, Shimkus – « America 1 » –
Vestard Shimkus (Artalinna 2021)
→ Panorama à la vaste diversité de langages et de touchers.
L'impressionnante Sonate de Griffes conserve beaucoup de gestes (de
structure, de virtuosité, même de tonalité) issus du patrimoine, et
donne une très belle occasion à Shimkus de montrer l'étendue de sa
palette d'attaques et de textures.
→ Le sommet de l'interprétation se révèle sans doute dans l'incroyable
diversité d'inflexions et de phrasés dispensés dans (l'insupportable)
Glass, tout en trémolos lents de tierces mineurs, d'une pauvreté
emblématique – mais le pianiste y impressionne.
→ Récital très original et cohérent, un petit monde à parcourir.
P. Clavecin
♥♥ *J.-Ph. Rameau, Claude Rameau, Claude-François Rameau, Lazare
Rameau, J.-F. Tapray – Pièces pour clavecin « la famille
Rameau » – Justin Taylor (Alpha 2021)
→ Inclusion du frère, du fils et du neveu Rameau, ainsi que de
variations brillantes des années 1770 de Tapray sur Les Sauvages.
Parcours passionnant au cœur du temps et des proximités.
→ Frémissante interprétation, très discursive et vivante, pleine de
replis et d'inaglités sans la moindre affèterie, sur un clavecin
remarquablement choisi et réglé…
Q. Orgue
♥♥ *Casini, Casamorata, Maglioni – « Florentine Romantic Organ
Music » – orgues de Corsanico et Sestri Levante, Matteo Venturini
(Brilliant 2021)
→ Musique de pompe assez festive et extravertie (les clochettes
intégrées !), de la musique rare, où l'on retrouve des tournures
mélodiques typiquement italiennes, et jouée avec beaucoup de générosité
et de clarté. Pas le sommet du bon goût, mais un aspect rare de la
musique italienne à découvrir dans de très bonnes conditions !
*Edvard Grieg: Alfedans – arrangements des Danses norvégiennes &
Pièces lyriques – Marco Ambrosini (Nyckelharpa), Eva-Maria Rusche
(orgue) (DHM 2021)
→ Très amusante couleur locale et jolies danses, bien réadaptées aux
instruments !
R. Airs de cour,
lieder…
♥ *Rasi, Del Biado, Da Gagliano, Caccini, Peri, Falconieri, Gesualdo,
D'India, Monteverdi – Soleil Noir – Gonzalez Toro, I Gemelli (Pierrard,
Dunford, Papadopoulos), Gonzalez Toro (Naïve 2021)
→ Beau parcours intimiste dans le répertoire d'un ténor historique du
premier baroque.
♥♥ *Schubert – Die Winterreise – DiDonato, Nézet-Séguin (DGG)
→ Grande et belle surprise : DiDonato utilise ici la partie la
plus colorée de sa voix, trouvant de très belles textures qui échappent
à l'aspect « opéra ». Le vibrato rapide et la beauté du
phrasé entretiennent une véritable atmosphère expressive, digne des
grandes lectures d'un cycle pourtant conçu (et plus facile à chanter)
pour voix d'homme.
→ L'allemand n'est pas tout à fait naturel, la couverture vocale reste
importante sur certaines voyelles… cependant l'expression (davantage,
finalement, que la beauté bien connue de la voix) l'emporte sans
hésiter – et sans la mollesse qu'on pouvait redouter d'un instrument
conçu pour des répertoires réclamant davantage de largeur et de fondu
d'émission.
→ En fin de compte, une lecture vraiment différente, qui ne m'est pas
apparue comme une jolie version d'une chanteuse d'opéra, mais
véritablement comme une proposition singulière et aboutie du cycle.
♥ *Gisle Kverndokk – Så kort ein sommar menneska har (mélodies en
bokmål et anglais) – Marianne Beate Kielland, Nils Anders Mortensen
(Lawo 2021)
→ Belles mélodies simples et prégnantes, incluant un cycle Shakespeare
en VO. Toujours belle et douce voix de mezzo de Kielland.
♥ *Mozart-Spindler – Arrangements pour hautbois et orchestre :
Concerto pour flûte et harpe, airs de concert, Exsultate jubilate –
Albrecht Mayer, Kammerphilharmonie Bremen, Albrecht Mayer (DGG 2021)
→ Disque-démonstration pour Albrecht Mayer, l'emblématique hautboïste
solo du Philharmonique de Berlin
♥♥ *Wagner, Pfitzner, R. Strauss – lieder « Im Abendrot » –
Matthias Goerne, Seong-Jin Cho (DGG 2021)
→ Goerne a vieilli et la prise de son très rapprochée et réverbérée
cherche à créer un effet d'ampleur qui correspond assez mal à celle
(réelle) qu'il manifeste en salle. Elle souligne les défauts, les sons
légèrement blanchis, les petites gestions du détimbrage sur certaines
voyelles… Très étrange spectre sonore très brouillé, assez déplaisant.
→ En revanche, programme original et interprétation prenante, avec la
« longueur d'archet » impressionnante et le legato infini de
Goerne, son sens de l'atmosphère…
→ Cho est comme toujours assez froid, et ne déploie pas exactement des
moirures symphoniques (pour autant, ça s'écoute très bien).
→ Malgré l'amoindrissement de l'instrument, c'est donc un disque
marquant, une fois que l'on a surmonté l'étrangeté de la prise de son.
♥♥ *Wiéner, Chantefleurs // Milhaud, Catalogue des fleurs // Satie,
Honegger, Lili Boulanger – « Fleurs » – Loulédjian, Palloc
(Aparté 2020)
→ Délicieuse adaptation musicale des miniatures de Desnos par Wiéner,
servie avec une versatilité et une grâce rares.
S. Chanson
♥ *Horace Silver, Duke Elligton, Norah Jones… – « Midnight
Jones » – Norah Jones (UMG, réédition 2020)
♥♥♥ Norah Jones – Comme Away With Me – Norah Jones (Blue Note 2002)
♥♥♥ Norah Jones – Don't Know Why – Norah Jones (Blue Note 2002)
→ Bissé.
♥♥ Cocciante-Plamondon, Notre-Dame de Paris « Belle »
(versions française, grecque, russe, italienne, coréenne, espagnole,
néerlandaise, polonaise)
→ Seul moment de valeur dans cette pièce particulièrement peu exaltante
(intrigue, versification, musique, rien ne réussit), le trio des
soupirants réussit une forme poétique originale et une thématique
musicale très prégnante. Un des plaisirs de ce genre de production à
succès est de pouvoir en explorer les versions en diverses langues, de
découvrir les choix de re-versification (particulièrement difficile
ici, ça joue beaucoup de mots-outils français !), d'observer les
différences d'émission vocale selon les langues…
→ L'italienne trouve des alternatives vraiment stimulantes à la VF. (et
particulièrement bien chantée par les deux ténors graves)
Beaucoup de notules un peu plus ambitieuses avaient empêché la
publication, ces derniers mois, des disques écoutés récemment… C'est
chose faite.
Un peu épais sans doute, mais en naviguant entre les
astérisques des nouveautés, les parcours nationaux colorés et les
petits ventricules palpitants de mes recommandations, vous devriez
attraper quelques pépites que j'ai été très impressionné de pouvoir
découvrir, après tant d'heures d'écoutes au compteur !