Seizième édition, parce que la présentation de Robert Holl, avec recommandation de ses disques, peut faire office quinzième.
Une petite stupéfaction en essayant ce disque.
Je m'efforce de placer plutôt dans cette rubrique des oeuvres un peu rares ou des enregistrements qui me semblent incontestables, mais ici, véritablement, c'est une heureuse surprise plus qu'une référence que je propose.
Ce Winterreise paru chez Onyx est une petite merveille et une grande surprise.
Lassé à force de l'avoir entendu partout, et pas mal pratiqué aussi, je ne pouvais quasiment plus l'entendre. Le pire se rencontrant avec les barytons sombres, peu diseurs - Hans Hotter y joue particulièrement de son timbre bellement lassé plus que de son interprétation, par exemple.
On me sentait un peu mitigé, en novembre 2005, de m'être déplacé à nouveau entendre le cycle dans une interprétation qu'on présentait comme ravageusement nouvelle, et qui me paraissait plutôt pécher par systématisme. Je ne regrette pas d'en avoir parlé, pour d'autres raisons... Mais je trouvais plutôt un mimétisme du baryton lassé par une voix de femme qu'une lecture profondément nouvelle chez Nathalie Stutzmann.
Ce n'est pas une découverte, au demeurant. Les versions pour voix de femme de ce cycle convainquent peu, reléguées au rang d'insolites. Et assurément, Christine Schäfer appartient aussi à cette catégorie. Difficile, tant la consternation masculine de ce cycle est également servie par une ligne musicale totalement pensée pour une voix masculine - et la différence est absolument sensible au chanteur, cette ligne plus massive, moins élancée et ductile.
Encore moins de sopranes s'y sont risquées, alors même que la tonalité originale est assez haute. Il faut dire que l'exemple illustre de Margaret Price laisse songeur. Triste témoignage où la voix se déchire, où l'interprète lutte contre elle-même au lieu de s'attacher au cycle. Sans doute plus dû aux circonstances qu'à la nature de la voix, mais quelle leçon effrayante ! Pourtant, mes informations laissent entendre qu'on donne volontiers dans les conservatoires des lieder du Winterreise à des élèves soprano lyrique.
Dans cette circonstances, pourquoi avoir tenté cet enregistrement ?
Un goût pour l'incongru ? Sans doute, et aujourd'hui encore mes petits camarades ne manquent pas de se moquer de moi à ce sujet.
Une sympathie de longue date, aussi pour Christine Schäfer. Sans être éperdu de ses voyelles un peu grises, parfois indéterminées, tout de même une musicalité, une attention à l'intention, au sens, me font partager une fois de plus les copinages de l'agaçant Gérard Mortier (non, non, nous ne reprendrons pas la BD, il y a un temps pour tout).
Je l'avais beaucoup admirée dans le second enregistrement de ''Pli selon pli'' de et par Boulez, malgré le texte mis en bouillie par les sauts d'intervalles qu'imposait la série.
D'abord, je le crois, comme petite madeleine à tremper dans le thé vert de mes grands souvenirs winterreisiens. Inconsolable que la tournée européenne de Matthias Goerne / Eric Schneider en 2001/2002 n'ait pas abouti à un disque, mais qu'on ait réservé les chichis d'Alfred Brendel pour cet office.[1]
Des retrouvailles joyeuses avec Eric Schneider d'abord, puis la curiosité ; une soprane, et une soprane intelligente dans le Winterreise. Pas forcément avec une diction facile qui plus est.
C'est bien là où survient la stupéfaction. Ce cycle est méconnaissable !
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Suite de la notule.