Jean-Philippe RAMEAU – Platée par Les Arts Florissants et Robert Carsen
Par DavidLeMarrec, mercredi 26 mars 2014 à :: Saison 2013-2014 - Intendance :: #2442 :: rss
Tiré du fil de la saison :
Soirée 37 : Platée par Les Arts Florissants & Robert Carsen
(Salle Favart, lundi 24 mars.)
Musicalement fulgurant : Rameau interprété avec grand style et une très belle générosité – depuis que les Musiciens du Louvre se sont « dé-spécialisés », plus personne n'est capable d'obtenir un son de cette qualité dans ce répertoire. Je n'ai pas d'infos (pour l'instant... elles vont arriver) sur qui a préparé l'orchestre Les Arts Florissants ne sonnaient pas « Agnew », en tout cas, dont le style est généralement moins nerveux et plus plaintif.
Visuellement, la production de Carsen fait couler beaucoup d'encre, et on peut effectivement le voir sous plusieurs jours très différents : la transposition n'apporte rien de fondamental, mais reste dans l'esprit de satire bouffonne. La direction d'acteurs est très riche en quantité, sans doute moins en profondeur... et passé l'amusement des débuts, le défilé de l'acte Il et surtout la laborieuse orgie de l'acte III finissent par tourner à vide. Je ne peux pas vriament dire si j'ai aimé cette mise en scène pour sa vivacité, ou si elle m'a déplu pour son agitation un peu superficielle. [Sans parler de la moralité finale : les starlettes, ne couchez pas pour réussir ?]
Je ne suis pas sûr que cela soit la faute du metteur en scène, cela dit : l'œuvre est faite de longues séquences juxtaposées, difficile de faire vivre cela. Thespis occupe presque tout le Prologue, tirade d'entrée de Platée au I, extase de Platée et grande scène de la Folie au II, immense ballet au III (lorsque le public est déjà gavé de musique et d'action indolente). Difficile d'en tirer quelque chose dramatiquement, même si la musique est réjouissante.
Côté chanteurs, contrairement à tous les commentaires lus jusqu'ici, j'ai surtout adoré la Folie de Simone Kermes (dans un rôle qui est pourtant loin de susciter mon intérêt de prime abord) : la voix, tranchante, droite, au timbre fin mais à l'impact large, sert à merveille un portrait débridé. Le disque rend vraiment justice aux qualités réelles de sa voix, et sa mémorable Léonore du Trouvère était bel et bien faisable en scène (le disque Hofstetter, objectivement bizarre et pour mon goût formidable, mérite vraiment d'être essayé). Sinon, Auvity et Mauillon, bien sûr toujours un plaisir, même si ces rôles et cette salle ne sont pas ceux qui les flattent le mieux.
Beekman chanterait très bien s'il ne multipliait pas les outrances, manifestement un parti pris général « d'expressivité », parfaitement inutile à mon sens vu la vivacité mélodique de la partition.
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