feat. Schubert 8 & Beethoven 10…
(Non, pas du tout à mort comme
vous verrez, mais si j'avais mis comme
titre «
Andromeda de Marco
Scacchi, un opéra lituanien du XVIIe siècle qui était perdu »,
auriez-vous ouvert ma notule ?)
C'était pourtant bel et bien mon projet à l'origine, une rapide étape
de la série «
1 jour, 1 opéra
» qui vous emmène à travers le monde et le répertoire pour découvrir
des œuvres étonnantes sur des sujets inédits dans des lieux
insoupçonnés. Et puis tout est parti hors de contrôle. Je me suis
plongé dans l'histoire de la Lituanie pour retracer la généalogie
complexe des lieux utilisés par l'Opéra National, et, voulant
simplement rappeler quelques jalons dans la relation IA / composition,
je me suis laissé emporter.
Bien que l'objet de départ ait profondément été remanié, il reste des
bizarreries dans la structure, qui débouche non sur un magnifique acmé
argumentatif ou réflexif, mais sur la petite histoire de cette
recréation lituanienne. Navré pour ça.
Cette
playlist
contient, au
delà de l'album
Beethoven X,
les musiques évoquées dans cette notule, dans leur ordre de citation.
(Et j'ai plutôt choisi de très belles versions !)
Le
Schubert
de Lucas Cantor pour Huawei n'a pas été enregistré en disque, j'ai donc
seulement proposé la tentative de Mario Venzago de compléter l'
Inachevée avec des arguments un peu fantasques (mais son
interprétation emporte tout !).
Quant à
Andromeda
imitant
Scacchi, il est trop
tôt pour un disque évidemment – la création a eu lieu il y a un mois et
demi ! Je l'ai remplacé par une autre lecture du même XVIIe siècle (un
peu plus tard) du mythe d'Andromède par L
ULLY (en flux,
on ne trouve que le remaniement de 1770 par la génération Dauvergne !),
et y ai adjoint quelques œuvres de Scacchi qu'on trouve au disque, pour
se faire une idée du style à imiter. Pour couronner le tout, un disque de l'étonnant
Imants Kalniņš (compositeur culte en Lettonie, notamment connu pour ses chansons folk !), dirigé par Māris Kupčs, le musicologue du projet
Andromeda.
1. La fièvre de la
reconstitution
Les œuvres perdues nous font rêver. En bonne logique, les musiciens ne
sont pas en reste et ne se sont pas privé de reconstituer ou réinventer
certaines partitions perdues
On peut penser aux restitutions musicologiques.
¶ Par exemple pour
Les Contes
d'Hoffmann d'
Offenbach :
la remise en ordre de Bonynge, les emprunts aux
Reinnixen
d'Oeser et la restitution de l'apothéose finale, les airs alternatifs
de Kaye, les innombrables variantes (opéra comique, grand opéra…) de
Keck…
Une notule vous le résumait plus précisément.
¶ Ou la Dixième Symphonie de
Mahler
: Křenek & Jokl, Willem Mengelberg & Cornelis Dopper, Derick
Cooke I, Derick Cooke II, Derick Cooke III, Remo Mazzeti, Clinton
Carpenter, Joseph Wheeler, Rudolf Barshai, Nicolas Samale &
Giuseppe Mazzuca, Yoel Gamzou, Castelletti – je ne peux m'empêcher de
m'interroger sur tout le répertoire qu'on aurait pu restituer avec la
même énergie que pour cette seule symphonie…
D'autres, plutôt compositeurs que musicologues, sont allés du côté de
la rêverie, comme
Berio avec
Rendering, libre invention à
partir du matériau laissé en esquisse par
Schubert pour une
Dixième Symphonie.
Certains assument tellement leur fascination pour l'original mais aussi
leur incapacité à le recréer qu'ils s'emparent du livret d'une œuvre
disparue pour la réinventer en un hommage à leur manière, qui n'a plus
de lien au style d'origine que par allusions – témoin la
Dafne de Wolfgang
Mitterer, qui réutilisait le livret
d'un opéra perdu de
Schütz
(réputé le premier opéra de langue allemande, 1627) pour écrire sa
propre œuvre (
exemple de recension dans la presse).
Certaines réinventions peuvent être réellement abouties – j'avais dit
toute mon admiration pour la démarche et le résultat de Roland Wilson,
imaginant cette œuvre détruite à partir d'extraits de musique qui nous
sont parvenus – et ressemblent à ce qui aurait pu être écrit à
l'occasion.
Voici ce que j'en disais à la sortie du disque, l'an passé.
Dafne
Compositeurs : Schütz, Gagliano, Marini, Grandi
& Roland Wilson
Chanteurs :
Werneburg, Hunger, Poplutz…
Ensembles : La
Capella Ducale, Musica Fiata
Direction :
Roland
Wilson
CPO 2022 (nouveauté) (coup de cœur)
|
Si la reconstruction d’un opéra perdu peut paraître une pure
opération de communication – la preuve, je me suis jeté sur ce disque
alors même que je savais qu’il ne contenait pas une mesure de Dafne !
–, le projet de Roland Wilson est en réalité particulièrement
stimulant.
En effet, partant de l’hypothèse (débattue) qu’il s’agissait bel et
bien d’un opéra et pas d’une pièce de théâtre mêlée de numéros
musicaux, il récupère les récitatifs de la Dafne de Gagliano (qui a pu
servir de modèle), inclut des ritournelles de Biagio Marini, un lamento
d’Alessandro Grandi (ami de Schütz), et surtout adapte des cantates
sacrées de Schütz sur le livret allemand qui, lui, nous est parvenu.
(Wolfgang Mitterer a même fait un opéra tout récent dessus…)
Le résultat est enthousiasmant, sans doute beaucoup plus, pensé-je,
que l’original : énormément de danses très entraînantes, orchestrées
avec générosité, un rapport durée / saillances infiniment plus
favorable que d’ordinaire dans ce répertoire (même dans les grands
Monteverdi…). Ce n’est donc probablement pas tout à fait cohérent avec
le contenu de l’original, mais je suis sensible à l’argument de Wilson
: c’est l’occasion d’entendre de la grande musique du temps que, sans
cela, nous n’aurions probablement jamais entendue ! (Et dans un
cadre
dramatique cohérent, ajouté-je, ce qui ne gâche rien.)
Les deux ténors sont remarquables, l’accompagnement très vivant, et
surtout le choix des pièces enthousiasmant !
→ Bissé.
|
2. Pourquoi ce
besoin ?
J'imagine que cette tentation de la reconstitution a pu se répandre
sous les effets combinés de deux causes.
D'abord l'opéra se trouve progressivement remplacé au XXe siècle par
d'autres genres plus grand public – l'opéra était le principal grand
divertissement musical scénique ambitieux
au XIXe siècle, mais il est radicalement concurrencé par le cinéma
assez tôt dans le XXe siècle ; de même pour la musique pure,
concurrencée par les nouvelles possibilités de la musique amplifiée,
davantage propre à servir à la danse, aux fêtes de plein air… La «
musique classique » devient donc exclusivement une musique d'élite, ce
qu'elle était déjà, mais perd sa composante qui était davantage tournée
vers le grand public. De ce fait, il n'y a plus la même incitation à
produire de la musique neuve et accessible ; faute de public suffisant
pour financer la création, on se tourne vers le patrimoine, qui devient
une marque de culture pour l'honnête homme.
Simultanément, et sans doute non sans lien causal (dans les deux sens),
la complexité accrue du langage, chez les compositeurs les plus
largement diffusés – et pas seulement l'atonalité de la
Seconde École de Vienne, tous ceux qui suivent les traces de Wagner et
Debussy produisent des langages de plus en plus
touffus – rend vraiment difficile au dilettante ou à l'auditeur
occasionnel de
comprendre ce qui est en jeu.
Je suppose que tout cela, devant une création musicale en crise – ou du
moins restreinte à un public de niche –, donne envie de trouver des
œuvres plus accessibles parmi les chefs-d'œuvre du passé. Là-dessus se
greffe la démarche musicologique (qui était portée plutôt par des
anarco-communistes que par des conservateurs, à son origine) des
mouvements « baroqueux », et le désir de restituer un passé perdu
s'explique peut-être mieux.
Ce ne sont que des hypothèses extrapolées à partir de ce qu'on peut
observer dans la musique diffusée, je ne garantis en rien l'exactitude
de ma proposition – je fais un peu
du Venzago (ou de l'argumentation d'enfant de dix
ans), « imagine un peu, si ça se trouve ça s'est passé comme ça ».
Ce que je cherche à dire par là que cette obsession de la partition
inédite, du chef-d'œuvre oublié est devenue bien plus intense que
l'intérêt pour la dernière création à la mode – cela existe, mais pas
du tout au même degré d'engouement. Le dernier opéra de Saariaho,
Heggie ou Escaich est attendu avec intérêt, mais ne suscitera pas du
tout le même degré d'hystérie que si l'on retrouvait un Monteverdi, un
Mozart ou un Wagner qu'on croyait perdus !
Cette passion prioritaire pour le passé est un phénomène récent (qui
s'installe au fil du XXe siècle et cristallise après la seconde guerre
mondiale), et il faut sans doute le relier à des phénomènes de fond que
j'ai tenté d'approcher superficiellement. L'absence de musique
accessible du présent, et l'absence d'enjeu à en produire au sein d'un
marché de niche, font que les mélomanes se sont sans doute davantage
tournés vers les périodes précédentes. Mais ce n'est assurément pas le
seul moteur de cet engouement-là.
L'idée était surtout de brosser un tableau qui nous permette de mieux
appréhender pourquoi nous sommes prêts pour le dernier type de
reconstitution.
3. La valse des IA
– La Dixième Symphonie de Beethoven
Je laisse à vos lectures anthroposociologiques le soin de vous éclairer
sur la raison de notre fascination collective pour les « intelligences
artificielles », qu'elles soient bénévolentes ou malignes. La mode fait
en outre que là où l'on aurait parlé, il y a un lustre à peine, de «
programme informatique », il est tout de suite question d'intelligence
artificielle, avec plus ou moins de pertinence.
Toujours est-il qu'en musique, la capacité de modèles informatiques à
recueillir des données et à les réexploiter de façon ordonnée donne
bien sûr l'idée de tenter de recréer des styles musicaux. La démarche
paraît d'autant plus pertinente que le système musical est très normé,
fermé sur lui-même, avec une combinatoire moins large que les langues
humaines – en tout cas dans les périodes pré-XXe siècle, disons.
Cette caractéristique permet déjà d'expliquer pourquoi les styles
musicaux ont du retard sur les styles littéraires (Gaetano Pugnani
met en musique Werther sur une musique mozartienne), ne
peuvent pas évoluer instantanément (il n'existe
pas vraiment de « style révolutionnaire » en
musique française), et bien sûr pourquoi il a été impossible d'imposer
les nouveaux systèmes (du type
sérialisme) par la seule volonté des artistes et
du public.
Et le même
caractère lentement
acquis, profondément culturel-collectif
(parce que le but de la musique est initialement de pouvoir chanter et
danser ensemble ?), partiellement fermé de l'écriture musicale…
explique aussi pourquoi il peut y avoir de l'intérêt à faire mouliner
les règles d'harmonies et de contrepoint à un logiciel, et mieux,
désormais, avec l'apprentissage autonome des machines : lui proposer un
corpus de compositions
réelles
à ingurgiter. Si bien que le logiciel ne produira pas simplement le
résultat des règles que nous nous sommes fixés, mais bien une
composition qui intègrera aussi les écarts les plus courants à ces
règles, la façon dont elles s'incarnent dans la réalité de la pratique
musicale à une époque donnée.
Évidemment, il faut que le modèle d'apprentissage soit à la hauteur. Le
scherzo et le final de la
Dixième
Symphonie de Beethoven
ont ainsi été extrapolés par une alliance de professeurs en
informatique, de musicologues, d'historiens (pourquoi ?) et de
compositeurs, à partir d'une part des esquisses laissées par Beethoven
(de tout petits fragments épar s de 3-4 mesures),
d'autre part d'un corpus en millefeuille.
La première étape a été de faire
intégrer
à cette IA des modèles
d'œuvres qu'un compositeur né au XVIIIe siècle avait pu entendre
:
Bach, Haydn, Mozart… Sur cette première couche, les concepteurs ont
ajouté des œuvres de Beethoven (Sonates pour piano, Concertos,
Quatuors et Symphonies). Ce ne sont donc pas des règles théoriques de
composition, mais bel et bien un apprentissage machine, sur des corpus
réels, qui a prévalu.
Pour qu'il subsiste une cohérence entre mélodie, harmonie,
orchestration, chaque paramètre a été entré séparément : pour apprendre
à écrire une mélodie au goût de Beethoven, à harmoniser une mélodie à
la façon de Beethoven, à orchestrer à la mode de Beethoven. Un
véritable travail méthodique pour obtenir un résultat crédible.
Le résultat
|
Un disque a paru par l'Orchestre Beethoven de Bonn.
Si le procédé est techniquement impressionnant, car le résultat ressemble par son aspect général plus
ou moins à
une symphonie de Beethoven (en particulier le scherzo ; la forme du
rondo final est beaucoup plus élusive), artistiquement en revanche…
l'objet a laissé tout le monde assez perplexe.
Dans le scherzo, le plus
cohérent, passé le motif
de base qui pourrait être beethovenien (et qui provient
vraisemblablement des esquisses ?), tout le reste (harmonie prévisible,
orchestration épaisse, absence de surprises) fait davantage penser au
style des symphonies de Schubert
– mais un Schubert sans l'inventivité harmonique, sans la séduction
mélodique, sans la touche de mélancolie. Quelqu'un qui aurait entendu
les inventions de Beethoven, mais n'en aurait pas vraiment compris la
force et n'en aurait en tout cas pas du tout le talent. Pas très
marquant donc.
Quant au rondo-final, j'y
entends tantôt des morceaux de Haydn
(l'algorithme a manifestement mouliné le Concerto pour orgue
en ut Hob. XVIII n°1, plutôt un maillon de la succession vivaldienne
chez Haydn qu'une influence constitutive du style de Beethoven !),
tantôt un langage romantique un peu lisse, plus tardif et presque
postmoderne, évoquant un Brahms délavé,
voire de la musique de film
pas très inspirée. Quant à l'orgue solo : l'idée surprend et on a envie
de lui laisser sa chance – mais que Beethoven, à la fin de sa vie,
couronnant son œuvre démiurgique, ait écrit une symphonie concertante,
genre passé de mode depuis plus plus de 20 ans, et pour ne rien en
faire d'étonnant, de personnel, de saisissant, voilà un résultat
hautement improbable.
|
On conçoit qu'une IA n'ait pas pu
imaginer la subversion des modèles
comme le réalisait sans cesse Beethoven, puisqu'elle se fonde sur des
modèles préexistants. Mais le résultat lui-même ressemble assez peu à
du Beethoven du rang. C'était en 2021, beaucoup de progrès ont été
faits depuis, une IA pourrait peut-être créer assez bien une
simili-Septième Symphonie – toutefois pour
imaginer les points de rupture et de
continuité
qui puissent précisément plaire à un cerveau humain, la marche paraît
encore haute – et le résultat n'est pas très intéressant à écouter,
bien qu'enregistré par de réels musiciens de haut niveau, témoin la
belle Huitième qui complète le disque.
Limites
|
La faiblesse provient peut-être
aussi du corpus retenu par
l'équipe d'Ahmed Elgammal,
le computer scientist
à la tête du projet : en entrant des œuvres antérieures comme
sous-couche (plutôt que des contemporains et successeurs), on se
retrouve nécessairement avec ce biais archaïsant. Je n'ai pas été
surpris d'y trouver du Haydn
après avoir entendu le final (mais je devine qu'il n'a pas uniquement
inclus le dernier Haydn le plus sophistiqué), davantage d'y trouver Bach
– qui n'est vraiment pas spécialement la base technique ou stylistique
de Beethoven, et de surcroît dans la période où sa musique a le moins
été à la mode. Il y avait beaucoup d'autres sources possibles, qui
auraient peut-être orienté le résultat de façon moins rétro,
chez ses compositeurs contemporains de Beethoven, quitte à ce qu'ils
soient un peu plus jeunes (Dupuy, B. Romberg, Czerny…). Ce n'aurait pas
produit un résultat exact non plus (Beethoven n'utilise pas toutes les
tournures des générations suivantes, bien évidemment), mais ça aurait
au moins eu des allures davantage de son temps.
Un des aspects frustrants est que l'on sent aussi le poids d'œuvres existantes et précises
de Beethoven dans le résultat final – le
corpus est un peu petit
pour que le modèle ait assez de liberté, je pense : le Scherzo a
vraiment des allures de parodie un peu laborieuse des scherzos de la 5
et de la 9 (j'ai l'impression que le motif a juste été décalé dans ses
intervalles), on reconnaît très bien le « pom pom pom pom » par
exemple. Et c'est assez logique, la récurrence obstinée du motif de la
Cinquième Symphonie a dû submerger l'algorithme et lui faire
considérer
que c'est une fondement important de tout Beethoven, à cause de sa
surconcentration dans une seule symphonie. |
Il faut tout de même dire à la décharge des concepteurs du projet que
la restitution du premier mouvement de la
Dixième Symphonie par le
musicologue
Barry Cooper,
dans les années 80, plusieurs fois enregistrée, paraît tout aussi fade.
Plus cohérente que le final par IA, mais plutôt moins convaincante que
le scherzo… Avec des esquisses très lacunaires et sans l'esprit (parti
ailleurs) de Beethoven, on ne peut
pas faire de miracles.
Et j'ajoue que le résultat reste cohérent : c'est un bel aboutissement
pour un travail d'apprentissage machine, à défaut d'être musicalement
intéressant. Il faut rappeler que le principe (outre, je suppose,
d'attirer les financements avec un projet compréhensible par tous et
intégrant des chefs-d'œuvre bien connus) était non pas de recréer la
Dixième Symphonie (puisqu'on n'a presque rien de ces mouvements-là),
mais de
voir ce qu'une IA pouvait
proposer et extrapoler
à partir du corpus préexistant. En l'état des choses, ce n'est pas
totalement probant, et ça restera sans doute toujours insatisfaisant,
faute d'un nombre de données suffisant – le catalogue de Beethoven
entier ne règlerait pas le problème, énormément d'œuvres d'allure très
traditionnelle y figurent, et il est clair qu'il n'aurait pas mis dans
son ultime symphonie la substance des
songs
des îles britanniques ou de son Trio pour deux hautbois et cor anglais…
Pour autant, le résultat évoque Beethoven à défaut de lui ressembler,
on est donc sur
un chemin très
intéressant pour les développeurs : cela signifie qu'avec une
quantité énorme de données, on pourrait
recréer des œuvres dans le style de.
Il me semble évident qu'on pourrait écrire à la chaîne de la musique de
chambre baroque ou des motets (
minus
la question textuelle, plus délicate) en entrant l'intégralité des
œuvres des centaines de compositeurs d'une période et d'un lieu précis.
Par exemple en intégrant tous les motets français disponibles des
années 1670-1730, ou toutes les ouvertures d'opéra
seria de
1690 à 1760… Comme le langage en est très normé et proche d'un
compositeur à l'autre, même avec les IA d'aujourd'hui, le vrai travail
serait surtout de recopier et saisir des quantités astronomiques de
musique… mais techniquement, on obtiendrait sans doute des résultats
très crédibles.
Est-ce que cela revêtirait un
intérêt
artistique,
quand tant de
musique
réellement écrite par des artistes du temps sommeille dans les
cartons
? Pas sûr. L'IA paraîtrait plus intéressante pour des panachages,
des inventions de chemins inédits. Cependant la possibilité de le
réaliser techniquement demeure stimulante. Et pourrait aussi,
potentiellement, faciliter des re-créations d'œuvres existantes, s'il
n'y a plus besoin de récrire manuellement les parties intermédiaires
perdues, par exemple – ça sera toujours moins fiable qu'un musicologue,
et il faut bien les nourrir, mais je m'imagine un monde
totalement
imaginaire où le but
serait la mise à disposition permanente d'un maximum de patrimoine.
Comment cela a-t-il été accueilli ?
¶ Avec un certain enthousiasme sur le
concept, en pleine effervescence sur les possibilités ouvertes
par l'intelligence artificielle ; beaucoup de journaux et magazines ont
tenté de rendre compte de la démarche, en citant ou invitant les
explications d'Ahmed Elgammal, qui a donné beaucoup d'explications
enthousiastes sur son projet dans les médias. C'est, de toute évidence,
un nouveau domaine qui s'ouvre,
aussi bien sur la technique
elle-même (comment concevoir des modèles qui sont capables de
reconstituer de façon crédible les résultats de compositions humaines
et de satisfaire les attentes d'un auditeur non artificiel) que sur les applications possibles
(sera-ce plutôt pour créer des choses impensées par l'esprit humain,
pour reconstituer des partitions dans un style existant, ou simplement
pour faire gagner du temps aux compositeurs, voire, horresco referens, de l'argent aux
commanditaires ?).
¶ Avec beaucoup plus de tiédeur
et de prudence sur le résultat. Ce n'est pas
inattendu, puisque, comme je le formulais plus haut, l'œuvre produite soulèvera
difficilement d'enthousiasme le néophyte, et n'importe quel mélomane
sera en mesure d'y reconnaître les emprunts juxtaposés, et réagencés
d'une façon qui n'aurait pas pu être produite au début du XIXe siècle –
ce final en forme de concerto pour orgue sans aucune idée mélodique,
rien de tout ça n'aurait pu être proposé ; même le langage harmonique,
probablement le plus facile à singer pour une IA, n'est pas celui de
cette période ni même de Beethoven.
Par ailleurs, quelques autres arguments, plus
instinctifs et plus subjectifs, se mêlent souvent à ces commentaires :
est-il bien moral de confier ce que l'humain a de plus humain a des
machines ? Selon les auteurs, soit on peut lire qu'il « manque la sueur », les traces
de l'apprentissage humain et de l'expérience d'une corporéité,
d'émotions personnelles pour que ce soit réellement émouvant, soit on
rencontre des réflexions plus générales sur l'immoralité de mettre les
compositeurs au chômage et de dépouiller l'humain de ce qui le fait si
singulier. (Et, il faut bien le dire, un des rares traits
avenants de notre espèce invasive, violente et destructrice.)
Ce sont des positions de principe, davantage philosophiques ou éthiques
que réellement musicales, mais elle méritent d'êtres lues, même si
c'est moins mon objet ici.
4. Achever Schubert
sur un smartphone
Dans le même esprit,
Huawei
avait proposé en 2019 de démontrer les performances de la double unité
de traitement neural de son
Huawei
Mate 20 Pro en lui demandant d'extrapoler les deux mouvements
manquants de la
Symphonie inachevée
de Schubert, là aussi avec l'aide d'un musicologue (Lucas Cantor).
Vous pouvez
l'écouter en entier ici.
Le résultat est
plus persuasif
que pour
Beethoven X, mais
sans doute surtout parce qu'on n'attend pas la
même maîtrise formelle et la même subversion d'une symphonie de
Schubert – où il est acceptable d'entendre des tournures déjà connues.
Certains endroits
ressemblent
vraiment aux autres symphonies de Schubert, mais on retrouve
les mêmes limites que pour le projet
Beethoven X : on entend
clairement
le réemploi d'autres œuvres
– en particulier la réutilisation du thème A du premier mouvement dans
le nouveau scherzo, et en particulier sa récapitulation / extinction à
la fin, très explicite, usage cyclique qui ne correspond pas du tout à
la forme d'un scherzo habituel, encore moins chez Schubert.
Ces quasi-citations ne sont par ailleurs pas nécessairement de
Schubert. Par exemple, à 33'40, on croirait clairement
entendre le trio du Scherzo de la
Neuvième
de
Beethoven ; et plus
troublant, à 31'40, cette transition en gammes
descendantes répétées et ralenties et complètement pompée de… l'
Ouverture 1812
de
Tchaïkovski !
(11'45
de la version Oslo-Jansons) De même pour les pizzicatos au
début du dernier
mouvement, qui font assez ouvertement échos à ceux du scherzo de la
Quatrième Symphonie du compositeur
russe.
D'autres endroits évoquent aussi les moments méditatifs de
Star Wars, les rebonds de
Pirates of the Caribbean, les
éclats de l'hymne soviétique (43'10), l'explosion de la fin des
Variations Haydn de Brahms (43'20,
avec les fusées de flûte) ou les couleurs caressantes, mélancoliques et
absolument XXe des
Stagioni di
Venezia de
Reverberi pour Rondò Veneziano (40'40)… Et cette fin tonitruante
martelée aux timbales, façon Schumann 2 ou Mahler 3, pas très
schubertienne non plus… Je ne sais pas ce qu'on lui a donné à manger,
mais apparemment pas uniquement de la musique des premières années du
XIXe siècle !
Pour autant, contrairement à Beethoven, on entend certaines très belles
mélodies (le début du final !), qui pourraient très avantageusement
être réutilisées par des compositeurs. Le résultat, quoique
formellement étrange, pourrait être joué en public et serait très
séduisant. Sans doute parce que l'enjeu n'est pas du tout le même quand
on est dans une attitude Schubert – on peut laisser passer des
incohérences de forme et se laisser entraîner par la mélodie et les
jolies modulations.
Plus convaincant donc, mais les mêmes écueils.
5. Un opéra
lituanien du XVIIe siècle réinventé par IA
Nous arrivons (enfin) à l'initiative qui a suscité cette notule.
🔵 Ce 2 octobre 2023, l'Opéra de Vilnius donne la première série connue
d'un opéra co-composé avec une intelligence
artificielle, dans le but de restituer l'
Andromeda de Marco Scacchi, donnée lors d'une
grande fête pour Ladislas Vasa.
Le Grand-Duc avait rencontré
le
librettiste Virgilio Puccitelli
en Italie, qui lui fournit aussi pour cette fête deux autres livrets
(une
Hélène ravie et une
Circé). On dispose toujours de son
texte pour cette
Andromède,
mais la musique est perdue.
Aussi, pour restituer ce maillon du patrimoine national,
le compositeur Mantautas Krukauskas a
été mandaté pour recomposer une version possible de cette œuvre ; pas
la sienne, mais
celle de Scacchi,
en se fondant sur une IA – développée par le musicologue spécialiste de
musique ancienne (et compositeur)
Māris
Kupčs (letton comme vous voyez), à partir d'un modèle d'IA plus
général, dû à
Martin Malandro.
[Une
petite
vidéo permet d'entendre un peu le style monteverdien de la chose,
mais on n'entend que des fragments en fond, difficile de se faire une
opinion sur la qualité globale et de la cohérence du résultat. En
activant le sous-titrage anglais, vous pourrez suivre les explications
en lituanien.]
Autrement dit, si j'ai bien suivi les chiches informations disponibles,
on a nourri l'IA des œuvres connues de
Scacchi, on lui a fourni le
livret et demandé de respecter la prosodie, Krukauskas ajustant ensuite
le résultat. Spontanément, je me demande comment (
a
fortiori s'il
n'y a pas d'autres opéras dans le corpus), l'IA peut réellement imiter
le style du compositeur en tenant compte de la prosodie et de l'impact
des mots dans une intrigue dramatique ; l'intervention humaine doit
être encore très forte.
Mais dans l'absolu, pour imiter un langage fermé comme la musique
(particulièrement pour de cette époque, bien plus normée), ce doit être
assez efficace, et nous aurons peut-être prochainement affaire à
certains répertoires
où l'IA prendra la relève au moins partiellement, ou permettra d'écrire
plus vite.
Je vous fais grâce de l'argument / synopsis – Andromède promise à la
décoration
d'un monstre marin et sauvée par Persée sur Pégase, et ce n'est même
pas ce qu'on appelle un « opéra à sauvetage » !
(L'opéra
à sauvetage, c'est un sous-genre d'opéra comique français, comme Le Déserteur de Monsigny ou Léonore de Gaveaux, mieux connue
sous sa version germanisée mais très proche – Fidelio.)
En revanche je peux parler de la compagnie de l'Opéra National de
Lituanie, comme le veut la tradition dans cette série
1 jour, 1 opéra.
6. La compagnie
lituanienne nationale d'opéra
En Lituanie, on jouait de l'opéra en lituanien depuis 1906 – création
de
Birutė de Petrauskas –,
mais la fondation de la compagnie date de 1920.
Une histoire
d'abord politique |
Le pays, depuis 1795 et les
partages successifs de la Pologne à
laquelle il était intimement lié, n'existe plus et se trouve absorbé
par l'Empire russe. Mais entre 1918 et 1941 (début de l'occupation
nazie, à laquelle succède en 1945 l'occupation soviétique), la défaite
russe permet la courte existence d'une République lituanienne
indépendante – régime présidentiel à une chambre – immédiatement
envahie par l'Armée rouge. Le Traité de Versailles y met un terme en
1919 et les Russes se retirent. Mais les Polonais revendiquent une
partie du pays (il y avait 50% de Polonais à Vilnius) et annexent la
capitale –
qu'ils nomment pour leur part Wilno, créant une République fantoche de Lituanie Centrale qu'ils
incorporent bientôt à la Pologne.
En réalité, la Société des Nations avait demandé aux Polonais de se
retirer de Vilnius, mais les garants militaires ne sont pas intervenus
: la France parce qu'elle voulait conserver l'alliance polonaise contre
une revanche allemande, le Royaume-Uni parce qu'il ne voulait pas se
mouiller seul.
|
Cette concentration de guerres successives en deux paragraphes n'est
pas tout à fait gratuite : le détail n'est pas capital pour notre
histoire artistique, mais elle permet de conmprendre pourquoi, en 1920,
lorsque la Société des Artistes Lituaniens
crée la première maison d'Opéra de Lituanie, elle le fait à…
Kaunas, deuxième ville de Lituanie.
Le premier opéra donné est
La
Traviata de Verdi, et la radio a tout de suite une part
importante dans la diffusion des spectacles – une représentation sur
deux (vraiment ? pas plutôt un spectacle sur deux ?) était
radiodiffusée, à ce que j'ai lu en sources secondaires (je serais
curieux d'aller vérifier dans les archives de la Radio, mais cette
notule m'occupe déjà depuis un mois et demi).
En 1944, la Lituanie est libéroccupée par les Soviétiques. La nouvelle
République comprend
Vilnius
comme capitale, et l'année suivante, le
théâtre national y déménage, dans les bâtiments du
Théâtre dramatique
russe lituanien.
La
maison actuelle est
investie en 1974 par la compagnie. Il faut
attendre les années 2000 pour un rayonnement réellement international –
coproduction de Mme Butterfly en 2006 avec l'English National Opera et
le Met. Je trouve la salle très belle, tout est capitonné bois et
doit très bien sonner (mais pourquoi diable ces sièges matelassés
derrière la tête qui doivent arrêter le son ?). Et je reste fasciné par
l'énigmatique question de la construction d'opéras par les Soviétiques
; maisons où l'on ne jouait pas que du répertoire de commande, mais
tout de même beaucoup d'œuvres du grand répertoire issu de la
société bourgeoise occidentale du
XIXe siècle.
Le
Théâtre russe, lui (où
l'on joue toujours des pièces en russe
surtitrées en lituanien, et quelquefois des pièces en lituanien), a été
renommé en 2022, suite à l'invasion de l'Ukraine,
Vieux Théâtre.
7. Un opéra au
palais
Je vous ai raconté l'histoire de la compagnie qui la programme… mais…
ce n'est pas dans ses locaux qu'a lieu
Andromeda
! La (re)création se tient
dans
le palais des Grands-Ducs
(Jagellon puis Vasa) de Lituanie, un château médiéval refait au goût de
la Renaissance et du baroque, mais incendié au moment de la reprise de
la ville aux Russes par les Polonais, en 1661.
Au début des années 1990, lorsque advient l'indépendance, on réfléchit
à ce que l'on fait des murs restants (qui avaient, combiné à d'autres
fortifications, servi de caserne) et des fondations exhumées par les
fouilles archéologiques.
¶ La première option était de recouvrir
les
fouilles.
¶ La deuxième d'ériger un immeuble moderne qui laisse visible
les fondations anciennes – mais le problème était alors la cohérence
visuelle avec le reste du centre-ville de Vilnius, classé au patrimoine
mondial de l'UNESCO.
¶ C'est donc la troisième option qui a été retenue :
la reconstruction du palais à
l'identique – vu son allure, je suppose
que c'est l'état composite au moment de la destruction qui a été
retenu.
Le projet de reconstruction complète a été choisi largement
grâce à
l'intérêt des hommes politiques, et en 2000 une loi de
financement est
votée.
Les spécialistes du
patrimoine étaient, comme souvent
vis-à-vis de ces reconstructions, plus partagés. Leurs arguments sont
globalement bien connus : beaucoup d'autres bâtiments toujours
existants manquent de
fonds pour être entretenus ; le projet ne correspond pas aux standards
académiques en matière d'histoire de l'art – on utilise des matériaux
qui n'existaient pas à l'époque pour le reconstruire, et surtout on
recrée artificiellement un paysage qui n'a jamais existé, puisque le
centre de Vilnius a évolué sans le château pendant 350 ans.
D'autres
aspects plus pratiques ont été soulignés, notamment en matière de
perspective : la Tour de Gediminas (qui, elle, est toujours restée
debout) ne serait plus visible depuis la cathédrale, et la cathédrale
elle-même serait écrasée par la silhouette (et l'ombre ?) du château.
En somme, un aspect de la ville nouveau, peut-être pas optimal, et qui
n'a jamais historiquement existé.
Des réticences qui sont assez habituelles chez les professionnels du
patrimoine à propos de ce type de reconstruction ; je n'ai pour ma part
pas d'avis
complètement tranché sur la question – puisqu'il s'agit quand même de
questions d'urbanisme, d'utilité et de goût, donc pas seulement
de rigueur scientifique. Les règles pour la préservation du patrimoine
(notamment le principe de revenir au dernier état attesté) ont toute
leur logique et leur légitimité, mais s'agissant de monuments
totalement disparus et de lieux de vie, on a tout de même la
possibilité d'avoir d'autres priorités – qui ne détruisent au demeurant
rien du bâti existant. Je comprends bien les débats autour du
changement de paysage et de la création d'un centre-ville chimérique,
c'est assurément un véritable choix profond qu'il n'est pas facile de
trancher.
On s'est aussi demandé l'usage qui serait fait du bâtiment :
→ Palais
présidentiel ? Mais entre 1990 et l'achèvement en 2018, il a bien
fallu
l'installer ailleurs et cette hypothèse a été abandonnée.
→ Le Musée
National des Beaux-Arts ? Là aussi, il est bien installé dans
l'ancien Musée de la Révolution.
→ Et finalement simplement un palais
ouvert au public, comme c'était
assez évident dès le départ pour ce type de projet.
Les travaux ont commencé en 2000 et ont été achevés en 2013 pour la
première partie, en 2018 pour la seconde.
Et c'est dans ce lieu où eurent réellement lieu les représentations
d'opéra payées par les Grands-Ducs que s'est déroulée cette recréation
à l'image du château, une restitution du passé dont l'authenticité peut
être débattue, et avec des moyens résolument d'aujourd'hui.
8. L'avenir de l'IA
en musique
L'entreprise lituanienne m'est assurément très sympathique : mettre en
valeur un compositeur très peu documenté au disque, restituer une œuvre
importante dans l'histoire locale (et qui témoigne de la place de
l'opéra italien à la cour des Grands-Ducs), recréer une œuvre perdue,
proposer un dispositif nouveau, faire travailler des musicologues et
des compositeurs vivants… cela pique tellement la curiosité ! Bon
ou pas bon, rien que de l'énoncer et de le rêver tient du voyage.
Sur l'intelligence artificielle proprement dite, je dois à l'honnêteté
d'avouer que je connais et conçois trop peu comment fonctionnent
intimement ces modèles pour avoir un avis véritablement éclairé. Vu de
l'extérieur, il me paraît assez logique que pour un langage aussi normé
que la musique on puisse, encore mieux que pour le langage, créer des
illusions saisissantes, écrire dans un style donné, automatiser
certains processus, ou ouvrir des portes que l'esprit humain n'avait
pas encore poussées.
Pour autant, avant de pouvoir identifier ce qui émeut vraiment les
auditeurs, la trouvaille qui justifie l'envie de composer ou
d'immortaliser son improvisation, il va falloir entrer beaucoup,
beaucoup de données dans les modèles, et pas seulement quelques
œuvres-phares de compositeurs célèbres.
Se posera ensuite une question un peu similaire aux objets dans les
musées : pourquoi sommes-nous moins émus devant une reproduction à
l'identique ? Nous perdons sans doute l'idée merveilleuse que
l'objet nous est parvenu intact en traversant tant de catastrophes qui
auraient dû le détruire, lui qui était si vulnérable. Et de même,
savoir que l'on écoute une génération automatique de contenu sonore,
cela ne nous privera-t-il pas de l'impression de partager quelque chose
de fondamentalement humain entre humains ?
Il y a sans doute de belles choses à produire avec l'IA, mais je ne
sais pas du tout si, ne serait-ce que sur le principe, on peut en tirer
la même satisfaction. Un peu de la même façon que nous avons tous les
disques du monde, mais que nous continuons à prendre du plaisir à
apprendre le piano pour jouer Mozart et Chopin, et que cette
satisfaction n'a rien de commun…
Il n'est pas impossible que ce soit un sujet qui se développe dans les
années à venir et m'amène à mettre le nez d'un peu plus près (quand on
aura les données) dans les principes de ces modèles et leurs
implications potentielles sur l'avenir. Tant que ça ouvre une autre
perspective que l'écoute des Sonates de Schubert et des Valses de
Chopin en 2123, je suis intéressé !