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Saison 2011-2012 : Bilan et statistiques


Voici l'heure du traditionnel bilan saisonnier.

A. Liste des spectacles vus - B. Souhaits non exaucés - C. Statistiques : les lieux - D. Les genres - E. Epoque musicale - F. Réserves - G. Ressenti - H. Grands moments - I. La suite

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A. Liste des spectacles vus

Malgré le blasage progressif qui s'installe au contact d'une offre aussi abondante, diverse et de si haut niveau, une saison extrêmement agréable. J'ai été rassuré, ici ou là, de voir des soirées moins convaincantes (soit par la faute des interprètes, soit simplement parce que c'était 'seulement' de très haut niveau, sans plus-value particulière). Cela permet de redonner du relief aux soirées exceptionnelles, qui constituent le plus clair de ce que je sélectionne. A telle enseigne que je me prends (de façon éphémère) à regretter l'époque où je me déplaçais avec l'incertitude d'être satisfait, parce qu'il y avait une forme de pari très sympathique sur les possibilités du concert, de magie de l'instant qui s'accomplit ou non.

Les astérisques servent à l'évaluation (à la louche) de la satisfaction retirée des soirées, elle n'a pas toujours de corrélation avec la qualité de la soirée elle-même : si l'oeuvre correspondait à ce que j'avais envie de voir à ce moment, la satisfaction peut être très supérieure à une soirée parfaite. Je laisse donc ceci (à l'origine à usage strictement personnel, pour essayer d'y voir plus clair dans le plus ou moins fantastique) manière de donner un peu de relief à la liste, mais il ne faut y voir aucune hiérarchisation réelle.
Le signe = désigne les rares spectacles dont, a posteriori, je me serais éventuellement dispensé.

Par ordre chronologique (j'inclus l'été dans la saison). Tous ont été évoqués, d'un mot ou plus longuement, dans les commentaires du fil de la saison 2011-2012.

1. Solemnis Davis =
2. Salomé Denoke**
3. Gautier Masset****
4. Grétry Panurge**
5. Tormis Eustache***
6. Rott Järvi***
7. Lulu Schönwandt*
8. Bruckner Gardiner*
9. Müllerin Goerne*****
10. Rimini Metz***
11. Schumann Equilbey*
12. Onéguine Cranko**
13. Amadis Bach*
14. Creed Bach****
15. Karthäuser Verlaine***
16. Isokoski finnois***
17. Frankenstein Déjazet***
18. Winterreise Athénée***
19. Winterreise Goerne***
20. Usher Amphi**
21. Goldoni Palais-Royal*****
22. Florilège Darius*
23. Pagliardi Athénée**
24. Snow White**
25. Vourc'h Orsay***
26. Ibsen Dame*****
27. Mattila Pleyel***
28. Meistersinger Ernst*
29. Gens Favart*****
30. Beuron Amphi*****
31. Badine Palais-Royal**
32. Roméo-Berlioz Bastille**
33. Histoire CF***
34. Gynt Gd-Palais*
35. Vanessa Herblay*****
36. Amphitryon Vieux-Colombier****
37. Aricie Garnier*
38. Arabella Bastille*****
39. Lied CNSM***
40. Pêcheurs Favart***
41. YL Orsay***
42. Julie Odéon =
43. Pêcheurs Favart II***
44. Beuron Orsay**
45. Marteau Saint-Marcel***
46. Fille mal gardée Garnier*****
47. Arabella Bastille II*****
48. Oranges Bastille*
49. Camarinha Soubise**
50. Crébillon Pépinière (à venir)
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B. Souhaits non exaucés

Non, ce n'est pas pour parler de l'absence de forfait de Renée Fleming, qui était très écoutable.

Quelques spectacles qui manquent à l'appel parce que je n'ai pas pu, mais qui m'intéressaient vivement : Henk Neven au Musée d'Orsay (mardi midi), la Vénitienne de Dauvergne à Versailles, Hercule Mourant du même au même endroit (étions à Metz), quantité de motets à la Chapelle Royale (le jeudi en fin d'après-midi), le Mariage de Gogol au Vieux-Colombier (complet), Dialogue de l'ombre double et Notations de Boulez (Motets de Bach par Creed le même soir...), The Suit de Brook, le Pèlerinage de la Rose par Tabachnik, la Didone de Cavalli (merci la vidéo !), Peer Gynt par P. Järvi (sortions des représentations du Grand-Palais - merci encore à la vidéo !), choeurs a cappella de Daniel-Lesur et Hillborg à Sainte-Clotilde... toutes choses que j'aurais eu les meilleures raisons du monde d'aller voir.

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C. Statistiques : les lieux

L'astérisque note les lieux vus pour la première fois. Il est amusant de constater que le Théâtre des Champs-Elysées, qui avait été mon record de fréquentation, est cette saison totalement absent (pas par mépris de la programmation, mais il faut bien choisir). Une chose est certaine, vu la programmation de l'an prochain, il en ira autrement ! De même pour le Châtelet, très attirant l'année prochaine.

- Pleyel IIIII I
- Bastille IIIII I
- Amphi Bastille IIIII
- Opéra-Comique IIII
- Auditorium du musée d'Orsay III
- *Théâtre Ephémère du Palais-Royal III
- *Athénée II
- Garnier II
- *Versailles Opéra I
- *Saint-Eustache I
- *Metz Opéra I
- Cité de la Musique I
- Palais Garnier I
- *Oratoire du Louvre I
- Déjazet I
- *Théâtre Darius Milhaud I
- *Salle Jacques Brel de Gonesse I
- *Bouffes du Nord I
- *Salon d'honneur du Grand Palais I
- *Opéra-Théâtre Herblay I
- *Vieux-Colombier I
- Salle d'Art Lyrique du CNSM I
- *Nef du musée d'Orsay I
- *Odéon I
- *Saint-Marcel I
- *Cour de l'Hôtel de Soubise I
- *Théâtre de la Pépinière I

Cela fait donc 50 spectacles dans 27 salles, ce qui signifie, en moyenne sur la saison, moins de deux fois dans la même salle. Dont 17 "nouvelles", ce qui constitue une proportion respectable. C'est la preuve que ceux qui se plaignent de ne pas trouver le répertoire qu'ils veulent auraient intérêt à fouiner et se déplacer un tout petit peu, on peut dégoter beaucoup de choses fantastiques à ce prix.
Evidemment, si l'on souhaite être abonné ou voir de vastes orchestres jouer Alfvén ou Rouse, cela devient plus compliqué ; mais pour tous les autres répertoires (même les opéras en version scénique), le principe de l'élargissement du nombre de salles fréquentées fonctionne redoutablement.

La palme du confort, sonore et physique, et de l'esthétique visuelle revient sans peine à deux nouvelles fréquentations, le Théâtre Ephémère (quelle pitié de devoir retourner à Richelieu ensuite !) et l'Athénée.

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D. Les genres

A chaque fois qu'un concert contient une composante, il est comptabilisé sous les différents titres. Cela déséquilibre un peu les proportions, mais comment faire autrement, en particulier pour les concerts symphoniques avec une seule pièce chantée ?

Chambre I
Symphonique IIIII
Ballet III
Récital d'opéra I
Opéra IIIII IIIII IIIII I (dont archaïque I, TL IIII, GO IIII, romtiq alld I, décadent IIIII I, XXe I ; dont alld IIIII, fr IIIII IIII, it I, angl I)
Oratorio II (dont alld I, fr I)
Messe II
Choeur IIIII (dont religieux III)
Lied & mélodie IIIII IIIII IIII (dont alld IIIII II, fr IIIII III, finnois IIII, suédois II, bokmål I, nynorsk I, angl II, esp I)
Comédie musicale II
Théâtre IIIII IIII

La surprise vient des langues entendues dans la mélodie, pas moins de quatre récitals comprenant des mélodies finnoises (Isokoski, Mattila, Vourc'h et Camarinha) et même du nynorsk !

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E. Epoque musicale

Même principe que pour les genres, comptabilisation multiple.

XVIIe1 I
XVIIe2 I
XVIIIe1 II
XVIIIe2 III
XIXe1 IIIII IIIII
XIXe2 IIIII IIIII IIIII II
XXe1 IIIII IIIII IIIII III
XXe2 IIIII I
XXIe IIIII

La concentration au tournant du XXe correspond à un goût personnel, il est vrai, mais aussi à la nature de l'offre, particulièrement abondante de ce côté-là.

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F. Réserves

Quelques redites, due à cette perplexité qui revient par bouffées en entendant ou lisant ce que d'autres disent. Je précise à toutes fins utiles que ce sont mes impressions personnelles, qu'il ne s'agit en rien de traiter de snobs les spectateurs sévères - même si le sentiment peut être assez pénible lorsque la probité des malheureux artistes est mise en cause.

En dépit de ce que peuvent dire des mélomanes trop habitués, dont certains perdent, au fil de la fréquentation de l'exceptionnel, le sens de la juste mesure, je n'ai pas eu l'impression d'avoir assisté à aucun spectacle scandaleux ni même médiocre. Dans le pire des cas, on était dans du très haut niveau un peu mou (donc un peu mieux que moyen, tout de même).
Je suppose que cette sévérité (qu'on peut entendre partout dans les couloirs des salles parisiennes ou lire sur la Toile) tient à la nécessité, pour se repérer, d'établir des hiérarchies et des contrastes. Dans un certain nombre de cas, en prenant parti pour ou contre une production ou un concert, on peut avoir le sentiment de participer à la vie culturelle (ce qui n'est pas faux : à défaut d'être pertinent, cela fait de l'animation).

Néanmoins, je m'explique mal sa sincérité (qui me paraît évidente néanmoins) lorsqu'il s'agit de mélomanes très informés, et surtout pratiquant eux-mêmes. Un amateur mesure facilement la discipline énorme nécessaire pour obtenir ne serait-ce qu'un résultat vaguement médiocre en jouant ce qui est écrit, tous les instruments sont parsemés de chausses-trappes : demandez-vous quel instrument facile vous pourriez jouer - les claviers ont des notes partout, seules les pièces avec une mélodie à droite et un petit accompagnement à gauche sont faciles, les vents ont des partitions transposées, des exigences physiques parfois infernales, des impératifs d'entretien considérables, les cordes sont quasiment impossibles à jouer juste sans de substantiels entraînements quotidiens (exactitude du placement et durillons), et n'espérez pas chanter si vous n'êtes pas un pauvre gratte-papier (muet toute la journée et avec de longues nuits de repos) suffisamment déshinibé...
Alors, comment peut-on considérer que non seulement mettre en place (un Richard Strauss, quasiment impossible physiquement à jouer de façon exacte !) mais de surcroît interpréter en détail permette de dire, simplement parce qu'on n'a pas aimé (ou pas compris) les choix, que c'est "nul", "scandaleux", qu'ils ne "savent pas jouer", etc. Oui, parce qu'ils sont payés pour cela, mais personne ne reproche à un cycliste de ne pas dépasser les 100 km/h en côte à 50%... Le processus est d'autant plus bizarre que la plupart des mélomanes, même très cultivés, ne maîtrisent pas certains postes, en particulier celui de chef, qui est très dur à évaluer - qui connaît, avant d'aller à un concert, le nombre de répétitions, l'attitude de l'orchestre, la méthode du chef pendant les répétitions, et maîtrise suffisamment les logiques du métier pour déterminer s'il a raison ou tort ? Tout ce qu'on peut juger est le résultat... donc par essence une réception subjective.

Bref : en ce qui me concerne, encore (plus ou moins) fraîchement tiré de ma Province, je m'estime content. Et même si je ne l'étais pas de l'exécution, il est possible de voir des choses si invraisemblables dans la région (jamais données, voire jamais enregistrées...) que je serais ravi tout de même. Songe-t-on qu'il serait possible, en Ile-de-France, de faire une saison complète (quelques dizaines de spectacles, disons) rien qu'avec du lyrique baroque français (on pourrait même séparer profane et sacré !) ou de la musique de chambre française rare du début du premier XXe ! Et c'est valable pour beaucoup de répertoires. On peut voir une solide dizaines d'opéras contemporains dans une saison, par exemple. Il est en tout cas possible de voir à peu près n'importe quel genre plus d'une fois dans une saison - même les traditions musicales et vocales indiennes, chinoises ou japonaises circulent régulièrement.

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G. Ressenti

Tout cela étant précisé, voici un ressenti très approximatif de l'intérêt pris aux soirées.

En premier poste, de loin la soirée la moins aguerrie musicalement, et pourtant... Car c'est la première année que la soirée la plus impressionnante n'est pas due à du théâtre pur.

De même, si le potentiel d'Amadis m'a bel et bien paru "abîmé" par la lecture terne de Rhorer et Bozonnet, c'est injuste pour Lulu, qui était une excellente production scénique et musicale, mais entre l'oeuvre (qui a un mode d'expression à la fois très suffocant et comme mis à distance) et la période de l'année professionnelle pas très propice à ce genre de 'délassement', le résultat était moins enthousiasmant que ce que la production méritait intrinsèquement.

Ce qui reste le plus prégnant après cette saison.

Vanessa Herblay*****
Goldoni Palais-Royal*****
Müllerin Goerne*****
Fille mal gardée Garnier*****
Arabella Bastille II*****
Arabella Bastille*****
Gens Favart*****
Ibsen Dame*****
-
Creed Bach****
Rott Järvi***
Gautier Masset****
Rimini Metz***
Histoire CF***
Amphitryon Vieux-Colombier****
Beuron Amphi*****
Frankenstein Déjazet***
Pêcheurs Favart II***
Pêcheurs Favart***
-
Lied CNSM***
Winterreise Athénée***
Vourc'h Orsay***
Tormis Eustache***
Mattila Pleyel***
Winterreise Goerne***
-
Karthäuser Verlaine***
Isokoski finnois***
Marteau Saint-Marcel***
YL Orsay***
-
Onéguine Cranko**
Beuron Orsay**
Grétry Panurge**
Snow White**
Salomé Denoke**
Lulu Schönwandt**
Pagliardi Athénée**
Florilège Darius**
Oranges Bastille*
Badine Palais-Royal**
Camarinha Soubise**
Roméo-Berlioz Bastille**
Meistersinger Ernst*
-
Aricie Garnier*
Usher Amphi*
Gynt Gd-Palais*
Julie Odéon =
Amadis Bach*
Schumann Equilbey*
Bruckner Gardiner*
Solemnis Davis =

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H. Grands moments

J'ai évoqué la plupart d'entre eux, mais Barber et Goldoni étaient d'immenses moments de théâtre, musical ou non. La Meunière de Goerne un de ses moments d'absolu du lied, avec en prime une relecture funèbre très originale du cycle, considérablement mûrie depuis le coup de maître, déjà, avec le disque de 2003. La Fille mal Gardée un délice qui vaut par sa franchise, sa musique "saine", ses pantomimes primesautières. Arabella et Gens étaient deux rendez-vous souhaités de longue date, et réussis au delà de tout ce qu'on pouvait souhaiter. La Dame de la mer n'est ni le meilleur Ibsen ni la meilleure réalisation d'un Ibsen, mais le plaisir de le vivre en scène est tellement singulier...

Et puis des Motets de Bach d'un galbe fantastique, une Symphonie de Rott irrésistible, Françoise Masset disant sa mélodie française comme personne, la découverte passionnante de Francesca da Rimini de Thomas, les fantaisies du Frankestein de Mel Brooks, etc. Beaucoup de jubilation pour une seule saison, j'en finirais par comprendre ceux qui se contentent du concert et n'écoutent pas de disques.

Concernant les révélations lyriques, il y a moins à dire cette année que les deux précédentes, mais viendra tout de même une petite notule récapitulative là-dessus.

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I. La suite

Publication un peu plus tard du plan de campagne pour la saison à venir.


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David Le Marrec

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