Carnets sur sol

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lundi 20 février 2012

Les plus beaux récitatifs - VI - Réminiscences d'Alvaro - [Verdi / La Forza del Destino]


Dans la série des plus beaux récitatifs, celui-ci représente sans doute la plus belle réalisation de Verdi. Cette évocation du passé (d'abord celui de l'acte I, puis l'enfance du héros) s'inscrit à la fin d'une longue scène contemplative avec grand solo de clarinette, qui se prolonge dans la première partie du récit, et même, sous forme d'accompagnement cette fois, dans la seconde.

En plus de la force désespérée du texte et de cette couleur orchestrale à la fois nocturne, tragique et brillante, ce moment s'appuie sur deux qualités essentielles :

  • la beauté de l'harmonie, très mouvante et assez mystérieuse, vraiment inhabituelle pour le répertoire italien de l'époque ;
  • la nervosité de la prosodie : beaucoup de valeurs courtes avec quelques dédoublements (parfois sur la même voyelle), des phrases brèves entrecoupées de silences, des apparitions de triolets ascendants, des contrastes brutaux entre les registres.


Un réel bijou. Comme le veut le défi, malgré la pléthore de très grandes versions (Mario Del Monaco chez Molinari-Pradelli réussit particulièrement bien, comme d'habitude, à rendre l'agitation déclamatoire de ce récitatif), je confectionne tout moi-même, et pour pousser l'amusement jusqu'au bout, en écrivant une version française.

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=> Partition de la version française.

=> Son :


Enregistré avec les moyens précaires habituels (micro à 5€ à plusieurs mètres au delà du piano droit derrière lequel je suis caché), augmentés d'une voix non chauffée, mais une fois de plus, en attendant que Yann Beuron et le Philharmonique de Bergen reprennent ce hit, c'est toujours l'occasion de se représenter plus ou moins de quoi il s'agit.


Mise à jour du 17 avril 2012 : ajout d'une version avec prélude instrumental, à la suite de la version ci-dessus.


Suite de la notule.

dimanche 6 novembre 2011

Les plus beaux récitatifs - V - Donizetti, Lucie : la fin d'Edgar


1. Un choix

Très célèbre, un peu moins dans sa version française qui a tout de même été célébrée par une double sortie CD / DVD avec Natalie Dessay et Roberto Alagna (Patrizia Ciofi et Marcelo Álvarez ont également été captés par la télévision ou la radio dans la même production).

Ici, au contraire des récitatifs proposés jusqu'ici dans cette série, la prosodie n'est pas particulièrement exceptionnelle, même en italien. Au contraire, des expressions fortes sont parfois diluées dans des mélismes musicaux, des cadences, ou encore situées sur des hauteurs qui uniformisent le ton du chanteur.

D'où provient le charme particulier de ce récitatif, alors ?

Je vois essentiellement trois paramètres :

  • de très belles courbes mélodiques qui esthétisent remarquablement le texte ;
  • de belles couleurs harmoniques simples, qui touchent par leur consonance tout en ménageant de nombreux changements d'éclairage (modulations) ;
  • une situation dramatique et des mots graves ; même s'ils n'échappent pas à certaines ficelles de la littérature librettistique, une fois portés par la musique, ils s'envolent avec une grande force.


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2. Pourquoi en français ?

Le texte d'Alphonse Royer (1803-1875) et Gustave Vaëz (1812-1862) est de qualité sensiblement égal à l'original italien. Certains mots sonnent avec bonheur (la rupture pathétique du lexique héroïque avec "infortuné débris", par exemple), et d'autres vers semblent user de stéréotypes pour compléter la rime. Beautés et coutures, exactement comme en italien.

J'ai donc choisi le texte français, plus rare, et auquel je rends en bonne logique moins injustice.

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3. Une captation

Comme pour l'ensemble de cette série, je me suis astreint (pour mon grand amusement et pour votre profonde détresse) à réaliser moi-même les illustrations sonores.

Chaque section (récitatif initial, cantilène, cabalette) étant reliée par des récitatifs de même saveur, j'ai publié l'intégralité de la scène. Par principe, je ne m'interdis aucune tessiture, mais ici, elle est sensiblement plus aiguë que les basses claires, les barytons lyriques et les ténors courts que j'ai l'habitude de fréquenter, avec un vrai ténor lyrique. Cela s'entend, et n'arrange rien dans l'approximation des carrures et de l'accompagnement.
Une fois, de plus, c'est uniquement un document, et ici de surcroît, un pur amusement puisque le disque se trouve dans le commerce.

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Pour retrouver la série : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?Les-plus-beaux-recitatifs .

mardi 26 juillet 2011

Les plus beaux récitatifs - III & IV - Phaëton de LULLY : Epaphus et Libye (II,4 et IV,2-3)


Suite de notre petite balade dans les récitatifs marquants du répertoire.

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1. L'oeuvre :

Extrait de la dixième tragédie en musique (sur treize achevées) de Lully, on y trouve ses plus beaux récitatifs. La seule version de l'oeuvre, le disque Minkowski chez Erato (très recommandable) est actuellement épuisée. Au passage, Libye y est tenue par Véronique Gens (dont c'est l'un des meilleurs emplois, ce qui n'est pas peu dire), et Epaphus incarné par Gérard Théruel, un des plus grands barytons du vingtième siècle, dont on reparlera prochainement.

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2. La situation :

Libye va devoir épouser Phaëton pour des raisons politiques, alors que celui-ci, seulement épris de sa gloire, abandonne sa fiancée Théone et brise le tendre couple Libye / Epaphus.

Ces jeunes amoureux sont parmi les figures les plus touchantes de toute la tragédie : le rôle-titre et haute-contre, habituellement un personnage positif, détruit ici les espoirs de ces personnages secondaires fragiles, innocents et attachants. Plus épais psychologiquement que les amoureux habituels de ce répertoire, aussi.

On rencontre trois fois Epaphus dans l'oeuvre : deux fois pour un duo d'amour désespéré avec Libye (actes II et V, aussi bouleversants l'un que l'autre), et un duo d'affrontement avec Phaëton à l'acte III, qui motive la démesure supplémentaire et la chute de celui-ci.

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3. Ecriture

Le naturel extrême de la déclamation (fondé sur des mesures dont les mètres sont très changeants), sa grande inspiration mélodique, l'ampleur sans grandiloquence du geste musical, le pathétique très attachant des personnages, la beauté des couleurs harmoniques (parmi les plus raffinées de tout Lully), la variété des carrures rythmiques bondissantes, le sens inexorable de la progression dramatique, les sommets contenus dans les duos qui terminent chaque entretien... tout cela témoigne combien Lully a ici livré sa meilleure inspiration, et l'un des moments les plus élevés de toute son oeuvre.

Par la même occasion, ces deux scènes constituent également un sommet de l'histoire du récitatif français.

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La première rencontre :


La seconde :

Suite de la notule.

mardi 5 juillet 2011

Les plus beaux récitatifs - II - À la voûte azurée (Damnation de Faust, Berlioz)


Il y aurait long à dire sur les récitatifs de la Damnation de Faust, les plus subtils, les plus expressifs, les plus nus, les plus précis, les plus novateurs et accessoirement les plus beaux du XIXe siècle, de mon point de vue.

En voici un extrait particulièrement riche, soutenu seulement par les cors de la forêt prochaine, qui servent une réplique ironique de Méphisto et créent un climat étonnant - par la distorsion entre la liberté de la déclamation et l'archaïsme harmonique de l'accompagnement.

La tirade a cappella "Certaine liqueur brune" est tellement déroutante qu'elle a été coupée par le passé pour ne pas exposer les chanteurs à se perdre dans la mélodie - il faut retomber sur la bonne note qui est la fondamentale de l'accord, au redémarrage de l'orchestre.

Extrait sonore :

Suite de la notule.

jeudi 30 juin 2011

Les plus beaux récitatifs - I - Récit d'Aronte (Armide de Lully)


Liste indicative. Extrait sonore. Commentaire.

(Pour une introduction à l'histoire du récitatif, voir au préalable.)

Suite de la notule.

David Le Marrec

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