Carnets sur sol

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Les trois vertus cardinales de la mise en scène


Par l'exemple.

Non, ce n'est pas ce que vous croyez.


L'intérêt d'une mise en scène peut se résumer en trois pôles.

1) Le plaisir esthétique auquel les néophytes et les conservateurs la réduisent parfois, la « mise en décors », le fait que le plateau soit agréable à contempler.

2) L'animation du plateau, le fait que la direction d'acteurs ne laisse pas de place à l'ennui, rende la pièce vivante et fasse sentir la différence avec une lecture pour le théâtre parlé et une version de concert pour le théâtre chanté.

3) Le sens apporté par les choix du metteur en scène, qui éclairent d'une façon subtile ou inédite l'explicite écrit par le dramaturge ou le librettiste.

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Il est assez rare que les trois paramètres soient réunis. Il suffit d'une transposition laide pour des raisons idéologiques ou économiques (ou d'une littéralité kitschouillisante), d'une paresse de la direction d'acteurs ou d'une maladresse des acteurs, et surtout de la difficulté à rendre 'jouables' et 'lisibles', concrètement sur une scène, les commentaires les plus profonds sur une oeuvre.

Ce qui est peut-être la plus belle mise en scène connue des lutins évite tous ces écueils à un degré assez spectaculaire.

D'autant plus qu'il s'agit du Rosenkavalier de Richard Strauss, une oeuvre très datée dans ses rapports sociaux, donc difficile à transposer n'importe comment sans l'abîmer, et souvent par conséquent le théâtre du triomphe des mises en scène les plus confites dans le conservatisme complaisant et le décor-choucroute.

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Il s'agit de la mise en scène de Marco Arturo Marelli, jouée notamment à Graz, Copenhague et Hambourg. Commençons par le début de l'oeuvre :

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo


1) Aspect esthétique :
Le plateau est magnifique, très dépouillé, peu de mobilier, peu de choses datables, mais globalement plutôt Louis XV comme atmosphère, c'est-à-dire précisément la Vienne de Marie-Thérèse convoquée par le livret. Les costumes sont de la même eau, avec des formes caractéristiques, mais qui n'imitent pas les raffinements complexes des robes architecturées du temps. De la littéralité sobre, disons.
Le sol tout entier est constitué d'un tableau, refleté par un miroir pour les rangs qui ne peuvent le voir. Chaque acte dispose de sa fresque, en ton avec ce qui se déroule évidemment - ici, pour l'alcôve, des chairs roses comme du Boucher, un plafond rococo digne d'un Opéra. Les personnages se mêlent avec bonheur au tableau en s'allongeant, en se donnant la main, en prenant des poses - s'y fondant tandis qu'ils évoluent, indépendamment, au sein de leurs propres psychologies.
Les lumières évoluent logiquement de la nuit claire au jour franc, en passant par les teintes jaune d'or de l'éveil, avec un plaisir rétinien évident.

2) Animation scénique :
Le mouvement est constant. Les personnages se posent partout ; sur le lit de toutes les façons, allongés, accoudés, assis, rêveurs ou chahutant ; debout dans la pièce, marchant, se contemplant, se tournant, dansant ; et allongés sur le sol, s'étirant, se donnant la main, se recomposant différentes poses complémentaires... Aucun temps mort visuel.
Par ailleurs, chaque personnage est caractérisé par un type de mouvement. Les gestes d'Octavian sont brusques comme ses pensées, impulsif, trop direct pour être tout à fait sincère ; ceux de la Maréchale sont plus amples, plus las, plus tendres aussi, toujours empreints d'une certaine mesure qui tient à la noblesse aussi bien qu'à la rêverie.
De ce point de vue, Marelli est très bien certain par Lucy Schaufer en Comte très actif, et surtout par Melanie Diener, d'une hauteur de ton jusque dans la familiarité qui est très impressionnante.

3) Sens apporté :
Le rapport de la Maréchale à Octavian est d'emblée présenté comme maternel ; à plusieurs reprises, ses gestes trahissent qu'elle pardonne de minuscules affronts qui lui sont faits ; surtout, l'attitude qu'elle prend pour recueillir la tête de son enfant sur ses genoux révèle, sans abondance d'indices abscons, la disymétrie entre leurs deux amours. Leur différence de nature ayant aussi une incidence logique sur leur différence d'intensité... et de durée. Le congé qu'elle lui donne ainsi à la fin de l'acte n'est rien d'autre qu'un devoir pour éviter une position incestueuse qui prive Octavian du Monde, ce dont elle ne se sent pas le droit.
Les jeux, en particulier la danse centrifuge, seront repris au dernier acte avec Sophie, une fois la Maréchale oubliée. Le metteur en scène pose ici aussi des jalons pour comprendre la nature des rapports entre personnages.

Carton plein.

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Pour cela, il suffit de comparer avec n'importe quelle autre version. Nous ne parvenons pas à charger la version aixoise de 1987, mais les poses sont infiniment plus statiques et convenues (pendant la petite ritournelle mozartienne, il est dit qu'on mange, et on mange jusqu'à ce qu'elle se finisse, par exemple). Sans compter le rapport beaucoup plus froid et emprunté des acteurs entre eux. Le décor est aussi infiniment plus chargé lorsqu'on croit qu'il est l'élément le plus essentiel d'une mise en scène, si ce n'est le seul valable (!)...

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Tentons un second extrait, avec la centrale Présentation de la Rose.

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Point de pompe qui ne fasse sens ici. Superbe entrée soudaine des cosaques, dans une sorte de précipitation fastueuse, et soudain, en même temps que le motif aérien du coup de foudre, le temps se suspend, et la durée de la remise des sabres au fourreau prend tout le duo. 1) C'est très beau, 2) c'est très efficace scéniquement, ces deux seuls personnages qui s'animent, 3) et enfin, cela crédibilise totalement l'arrêt sur image et le dialogue très libre qui se produisent : Marelli nous dit que la musique ne mime non pas une réalité objective, mais bien plutôt un temps psychologique.

Quine à nouveau.

D'autant que Ha Young Lee joue Sophie avec un ton très exact. Loin du personnage épuré, candide et niais qu'on nous sert trop souvent, les prétentions et le mauvais caractère, pourtant explicites dans le texte de Hofmannsthal (un peu moins dans la musique) éclatent non seulement dans les consignes frondeuses de Marelli, mais aussi sur les mines boudeuses qui se succèdent sur sa frimousse.

Pour comparaison - et sans malice - voyez ce qu'en font les assistants d'Otto Schenck, lors d'une éternelle reprise de sa production viennoise :


Oui, certains trouvent ça joli, et il est exact que le côté théâtre de marionnette a son charme, mais pour l'animation et le sens, on repassera. Chez Marelli de préférence.

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Tout cela simplement pour poser quelques filtres afin de classifier les mises en scènes et de les commenter ; et pour crier les louanges de cette mise en scène exceptionnelle, diffusée sur Arte en 2008, et qu'un éditeur de DVD serait bien inspiré de proposer à la vente, même si aucun nom célébrissime n'y figure. Musicalement, même si la direction de Simone Young n'a rien de phénoménal, même si on pourra trouver les bizarreries vocales de Melanie Diener un peu frustrantes, le résultat est de très haut niveau, surtout vocalement (y compris pour les glottophiles, comme le chanteur italien époustouflant de Wookyung Kim). Et le charme scénique de l'ensemble doit beaucoup, en plus de Marelli, c'est l'évidence, à la présence très singulière de Melanie Diener précisément.

En attendant, CSS a une pensée émue pour tous ceux qui n'ont pas pu voir la retransmission de cette soirée hambourgeoise.

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Sur ces entrefaites, point d'épilogue, bonne soirée à nos lecteurs, on nous attend au concert.


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Commentaires

1. Le jeudi 11 juin 2009 à , par Sylvain

Superbe ! Et ce n'est même pas dispo sur Arte Vod... mais qui fait la sélection !

Il fait du Wagner et du Strauss à l'étrangers mais du Bellini à Paris, j'ai vu que c'est lui qui fera la mise en scène de la Somnanbule à Paris avec Dessay et Florez ej jan 2010.

Bon ben en attendant, il va faire quel temps ce week end à Hambourg ? ... ;-)
http://operabase.com/diary.cgi?lang=fr&code=wdhas&date=20090614

2. Le jeudi 11 juin 2009 à , par Sylvain

heu non, pas Florez, je me trompe.

3. Le vendredi 12 juin 2009 à , par DavidLeMarrec

Oui, Flórez, c'était au Met seulement.

J'ai remarqué aussi sa présence pour la Sonnambula, mais il s'agit d'un des livrets les plus faibles du répertoire, pas un cadeau.

(Sinon. J'avais déjà vu, vous pensez bien. C'est horrible de me tenter, d'autant qu'il reste deux des trois excellentes actrices, et en particulier Diener, dans cette reprise...)

4. Le vendredi 12 juin 2009 à , par Papageno :: site

Au vu de cette (magnifique) production on pourrait aussi ajouter 4) servir le texte et non s'en servir. Même lorsqu'elles réunissent beaucoup de qualités concernant les points 1 2 et 3 on voit trop souvent des mises en scène qui plaquent sur l'opéra des significations ou des intentions qui lui sont étrangères et peuvent aboutir au contre-sens complet. De même qu'un compositeur de musique de film doit s'adapter au film, un metteur en scène doit s'adapter à l'opéra et canaliser sa créativité.

5. Le vendredi 12 juin 2009 à , par Sylvain

Je suis 'accord avec vous Papageno, et c'est quelque chose qui m'agace en général, mais il y a des exceptions tout de même.

Lorsqu'un metteur en scène va vraiment au dela de l'oeuvre, de l'idée que le Consensus s'en fait, et que la mise en scène est mauvaise (ou du moins que ce n'est pas de notre goût) alors il est vrai que c'est particulièrement agaçant. Mais lorsque c'est bien fait, que l'oeuvre prend alors une dimension nouvelle, même si la mise en scène va au dela de l'oeuvre elle même, cela peut produire quelque chose d'assez génial et transfigurer l'oeuvre originale pour produire quelque chose de nouveau. Peter Brooke aborde assez longuement ces sujets dans un de ses bouquins (j'ai oublié lequel désolé) et les metteurs en scène marchent sur un fil.

L'exemple de la mise en scène de Die Gezeichneten par Nikolaus Lehnhoff dont nous parlait David il y a peu est un exemple particulièrement réussi, malgré (je cite David) "l'apparition de Carlotta affublée d'une badine assortie à son cuir noir déplace considérablement le centre de gravité du personnage vers la manipulation et la domination - ce qui n'est pas le cas dans le texte"... et quand je dis particulièrement réussi je pèse mes mots, c'est tout simplement génial: http://www.wat.tv/video/werkstatt-1acuy_1acu3_.html

Mais j'aurais pu aussi parler de la mise en scène géniale de l'affaire Markropoulos par Warlikowski, dont je n'ai pu voire que des extraits malheureusement, mais qui me semble plus que réussie... et pourtant peut être un peu au dela de l'oeuvre originale.

6. Le vendredi 12 juin 2009 à , par DavidLeMarrec

C'est vrai. Mais c'est quelque chose qui, pour moi, est moins essentiel : tant qu'on est esthétique, mobile et qu'on approfondit le texte, même si on fait un peu autre chose, c'est vraiment un moindre mal à mes yeux. Encore une fois, ça dépend de l'endroit où chacun met le curseur.

Mais, surtout, je crois qu'en réalité la condition 1) nous garantit grandement contre ce vilain défaut : ceux qui choisissent de plaquer des choses l'étalent généralement avec une complaisante transposition forcée (qui oblitère souvent aussi la qualité ou la pertinence du point 3).

Je n'ai pas d'exemple qui me vienne spontanément, en tout cas, de production à la fois esthétique, profonde et hors sujet. Certains nommeront peut-être l'Armide de Carsen, et en plus de n'être pas tout à fait d'accord, je répondrais que du hors sujet (ou plus exactement de la généralité) de cette veine-là, je suis tout prêt à me condamner à en manger tous les jours.

7. Le vendredi 12 juin 2009 à , par DavidLeMarrec

Le commentaire précédent répondait à Papageno, il y a eu chassé-croisé entre nous, Sylvain. :-)

Je dois dire que je suis infiniment plus frustré et agacé (peut-être pas en salle, c'est vrai) par les mises en scène sans mouvement et sans idées, même si joliment décoratives, que par les fantaisies les plus sottes et les plus outrées. Au moins, cela fait réfléchir sur les frontières de l'oeuvre et du genre, puisque ce qui était censé être représenté est mis à bas et que cela nous gêne.
Oui, on peut le faire autrement, mais un peu de réflexion est toujours mieux qu'une sieste intellectuelle et visuelle de quelques heures.

L'exemple de la mise en scène de Die Gezeichneten par Nikolaus Lehnhoff dont nous parlait David il y a peu est un exemple particulièrement réussi, malgré (je cite David) "l'apparition de Carlotta affublée d'une badine assortie à son cuir noir déplace considérablement le centre de gravité du personnage vers la manipulation et la domination - ce qui n'est pas le cas dans le texte"... et quand je dis particulièrement réussi je pèse mes mots, c'est tout simplement génial: http://www.wat.tv/video/werkstatt-1acuy_1acu3_.html

Merci de rappeler ça, Sylvain ; indépendamment de l'amour-propre des farfadets qui seront ravis d'être cités, c'est vrai que c'est un bon exemple. Pour le premier acte en tout cas ; différent, mais pleinement réussi. Le deuxième est limité (mais la transposition psychologique - et non temporelle, pour une fois - fonctionne), et le troisième, dont je n'ai pas encore eu le cran de parler, est un assassinat en bonne et due forme malheureusement. Qui ruine toutes les qualités de l'oeuvre à mon avis, qui nivelle les trouvailles scéniques, qui rend trivial ce qui était équivoque, etc.
L'ensemble des notules correspondantes sont sur cette page.


Mais j'aurais pu aussi parler de la mise en scène géniale de l'affaire Markropoulos par Warlikowski, dont je n'ai pu voire que des extraits malheureusement, mais qui me semble plus que réussie... et pourtant peut être un peu au dela de l'oeuvre originale.

Alors là, c'est encore plus fort. Mais ce peut arriver quelquefois.

8. Le lundi 15 juin 2009 à , par Era

D'accord pour 2) et 3) dans cette production, magnifique animation (la suspension du temps est superbe dans la scène de la présentation), et le sens donné au texte est très beau et bien compris aussi, sans pour autant le transformer comme le disait Papageno.
Sophie ne me satisfait pas encore totalement, je ne sais pas bien pourquoi, cependant je suis bien d'accord avec toi sur le fait qu'il faut dépasser cette Sophie un peu niaise, style Popp, qu'on trouve trop souvent. J'ai aussi dans la tête la magnifique maréchale de Jones de Kleiber I et je me demande ce que donne le trio final de ta version, car je me souviens, même si ça restait très "old school", d'une émotion assez intense donné par ce personnage dans la première version de Kleiber.

Le point qui me gène un peu concerne, je l'avoue, les costumes et le décor, c'est à dire ton point 1), je reste (un peu honteusement) très attaché aux magnifiques décors du Met. Mais en même temps, je me demande si la modernisation du plateau et des costumes n'est pas un passage obligé pour arriver à remplir les points 2) et 3)...? L'effet serait-il le même dans les somptueux décors du Met ?
Je ne sais pas exactement à quoi est liée ma gène, le manque d'homogénéité peut être, pour le moderne dans le vieux j'aime le genre de décors qu'a choisit Carsen pour Armide par exemple, sobre mais surtout homogène. La disjonction entre peinture rococo et plateau dénudé fait un certain effet qui est sûrement voulu mais qui ne me touche pas.

Sur ce, je retourne à mes crayons ;)

9. Le lundi 15 juin 2009 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Era ;) ,

Je n'ai pas nommé Popp, sans quoi je vais encore m'attirer des ennuis (tout le monde adore Popp, mais une fois oublié le timbre qui est un monde à lui seul, il y aurait beaucoup à dire, surtout en Sophie...). Mais c'était assez à ce genre-là que je pensais, qui est assez répandu.

Le trio est très beau, mais pas particulièrement plus que dans les autres versions : c'est figé et tout baigne dans la musique, de toute façon - le sous-titrage était très bien réparti, c'est le gros avantage.

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Sur le décor, la modernisation est tout de même très fugitive (quelques costumes évoquent un peu plus le début du vingtième, ici et là, mais jamais de façon précise comme chez Carsen), et cette fresque dans le miroir, bon sang !
Cela dit, le côté poupées confites a aussi son charme dans le Schenk, qui est d'ailleurs capable de très bien réussir ce genre : malgré le décor un peu petit-bourgeois pour de l'aristocratie (les Waldner son plus ou moins en voie de déclassement, mais le cachent...), la vivacité et la sincérité des poses était vraiment convaincante, à défaut de profondeur. Je suis plus gêné lorsqu'il s'agit d'oeuvres où la littéralité porte la niaiserie.

De là à considérer cette choucroute comme plus belle que l'épure luxueuse, ce n'est pas tout à fait mon goût, mais Orlofsky vous pardonne, mon enfant.

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Pour la profondeur, oui, je crois qu'on peut tout à fait dans du beau décor, et cette mise en scène en est la preuve. L'obstacle demeure que plus l'oeil est attaché à l'apparence immobile des plumes ou du cristal, moins il perçoit le contraste des gestes. Je veux dire par là qu'il est plus commode de faire communiquer des émotions différentes à un personnage sobrement mis que lorsqu'on lui a mis sur le dos un costume qui évoque une situation d'apparat trop précise, qui le tire vers le stéréotype (Octavian pourrait-il être mélancolique dans son costume de Présentation ?).

Disons que les metteurs en scène qui cherchent le sens ne s'arrêtent pas la reproduction exacte des gravures, ce qui explique peut-être aussi la coïncidence entre le dépouillement et la profondeur.

Je me souviens d'une mise en scène en costumes XVIIIe et décors en trompe-l'oeil d'Ezio Toffolutti pour Così fan tutte, où le metteur en scène avait mis dans les gestes d'une mise en scène traditionnelle beaucoup de détails qui donnaient des éclairages assez fins sur les causes des actes des personnages, en plus de ce qui était explicite dans le livret. Je ne dirais pas que c'était vertigineusement profond comme une mise en scène qui nous parle du monde et de l'Etre, mais c'était tout à fait nourrissant tout de même, et ce avec la mise en scène à l'aspect le plus littéral du monde. (Et très belle d'ailleurs, parce qu'épurée et distinguée, sans imitation.)

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Je précise que le plateau est relativement nu, mais tu le sais, très peuplé. C'est surtout dans la dernière scène qu'avec la pénombre et les costumes un peu quelconques, on perd un petit peu en tenue. Mais le troisième acte est de toute façon un peu boîteux dramatiquement (deux premiers tiers sans grand intérêt, dernier tiers sublime mais très statique).

Pour les deux autres actes, cette absence de meuble qui n'ait une fonction scénique (et Marelli s'en sert pleinement !) me plaît beaucoup : ce qu'on voit est essentiel, on n'est pas distrait par de la bibeloterie.

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Je vois bien ce que tu veux dire concernant l'homogénéité, et tant de metteurs en scène semblent n'en avoir cure que je ne cherche surtout plus à voir ce qui est cohérent pour les époques, les milieux, socieux, etc. Ils abusent de la rupture au point qu'on se demande parfois s'ils ont conscience de leurs mélanges. Concernant l'Armide de Carsen (et Dieu sait que j'ai aimé cette mise en scène !), oui, visuellement, c'était homogène grâce aux couleurs, mais tu avais quand même un baldaquin Louis XIV qui voisinait avec des costumes de cour stylisés de façon moderne, et des nuisettes...


Merci pour ta réaction, et bon courage. ;)

10. Le mardi 8 décembre 2009 à , par Emma

site tres interessant et passionnant. Je suis "tombee dessus" par hasard, en cherchant desesperement le synopsis de Der Rosenkavalier que je vais aller ecouter et voir Dimanche.
Ce site est un regal, many thanks !!

11. Le mardi 8 décembre 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

Merci beaucoup Emma pour ces impressions si agréables à lire !

Vous êtes évidemment la bienvenue pour toute lecture ou commentaire.

En attendant, pour le synopsis du Rosenkavalier, voici (italien, anglais, allemand).

Mais je conseillerais plutôt de lire le livret, c'est plus utile. On le trouve en bilingue allemand-espagnol ici.

Oui, la Toile est mal fournie en français à ce sujet, c'est un fait.

12. Le dimanche 19 juin 2011 à , par Evelyne

Merci pour cet exposé clair sur ce que 'devrait' être une mise en scène servant un opéra (et non le contraire, ce qui est malheureusement souvent le cas aujourd'hui).
J'ai vu 'Rosenkavalier' dans une version ressemblant beaucoup à celle d'Otto Schenck ... et cela m'avait paru long et ennuyant, classant Richard Strauss dans les compositeurs peu intéressants de mon point de vue. Depuis, heureusement, j'ai entendu et vu des choses beaucoup plus intéressantes qui m'ont fait changé d'avis mais, comme quoi, une mauvaise mise en scène peut vous entraîner dans des jugements erronés !

13. Le dimanche 19 juin 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Evelyne !

Oui, le Rosenkavalier est étonnamment l'un des Strauss les plus joués, alors que c'est peut-être celui qui comporte le plus de longueurs (je mets de côté Guntram, qui est long tout le temps...). Alors si on le confit dans le joli et le statique, ça en devient vraiment indigeste. Dans cette mise en scène de Marelli, on ne voit vraiment pas le temps passer.

L'épreuve de la scène est toujours très révélatrice, et parfois ce peut être en mal - surtout pour les opéras à numéros, qui peuvent être très agréables à écouter en faisant autre chose, mais qui sont un peu difficiles à supporter si le metteur en scène laisse le chanteur rabâcher ses huit vers sans bouger un sourcil...

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