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Arabelle et Didon

Le prénom singulier d'Arabella dériverait, dit-on, de l'Arabelle française. Il aurait été popularisé par tantôt le roman, tantôt le conte d'Alexandre Pope, dont elle était l'héroïne.

Il est temps d'y mettre un peu d'ordre.

Si vous suivez notre esprit tortueux, nous ferons un petit voyage assez loin du point de départ.


Gravure de la Quatrième édition (Bernard Lintott, Londres 1715) de ce que vous verrez.

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1. Quel texte ?

Le texte d'Alexander Pope est bel et bien un conte, en vers, écrit en 1712 et organisé en cinq chants [1]. Un conte typique de son temps, qui n'a rien d'une histoire pour enfants mais, bien dans l'esthétique du conte d'alors, multiplie les références, aussi bien à Galileo qu'à Proculus, les jeux d'allusions érudites ou malicieuses.

Témoin la fin du quatrième chant :

See the poor Remnants of these slighted Hairs !
My hands shall rend what ev'n thy Rapine spares :
These, in two sable Ringlets taught to break,
Once gave new Beauties to the snowie Neck.
The Sister-Lock now sits uncouth, alone,
And in its Fellow's Fate foresees its own ;
Uncurl'd it hangs, the fatal Sheers demands ;
And tempts once more thy sacrilegious Hands.
Oh hadst thou, Cruel ! been content to seize
Hairs less in sight, or any Hairs but these !

... que la traduction de 1763 transcrit, librement mais justement, comme ceci :

Voici ces restes malheureux de ma tête blonde. O malheureux restes ! Ne crains point, Belinde, d'arracher toi-même ce que le Ravisseur a épargné. O destin cruel ! triste souvenir de mes boucles si bien frisées, qui tombaient avec tant de grace [sic] sur mes épaules ! Hélas ! il ne m'en reste plus qu'une qui prévoit sa triste destinée dans celle de sa compagne : elle attend le ciseau fatal : viens donc, Traître : ravis-la encore d'une main sacrilége [sic]. Ah ! cruel, pourquoi m'as-tu dérobé cette Boucle si glorieusement exposée à la vue des humains ?

L'allusion finale est moins martelée, et le ton de délibération presque tragique, moins travaillé que dans l'original, c'est certain (de petites interjections ou apostrophes font office de vocabulaire éloquent).

Au fait, il est peut-être temps de signaler le titre du conte : « La boucle de cheveux enlevée », ou encore « La boucle dérobée ». Ce qui ne traduit qu'imparfaitement le jeu du titre anglais. The Rape of the Lock. Et vous comprenez de quelle façon, à la lecture de l'extrait proposé par les lutins, la métaphore peut être filée.

--

2. Quelle héroïne ?

Mais, vous l'aurez peut-être noté à la lecture de la version française, la femme à la boucle [2] se prénomme Belinde, soit Belinda dans le texte anglais.

Trahison ! Point d'Arabelle !

En revanche, l'épître dédicatoire qui précède le texte s'adresse à Madame Arabella Fermor (avec une magnifique coquille en 'Femor' dans la traduction de 1763...) - par politesse, car la dame est alors demoiselle [3]. Point d'Arabelle pour autant.

Mademoiselle Fermor était connue pour ses grâces, chantée par des poètes dont on s'étonne (à peine) de l'oubli. Thomas Parnell, par exemple :

From town fair Arabella flies ;
The beaux, unpowdered, grieve ;
The rivers play before her eyes,
The breezes softly breathing rise,
The spring begins to live [...]

Elle est, comme le rappelle l'épître, à l'origine de l'anecdote réelle de la boucle de cheveu volée. Un jeune noble de vingt ans, Lord Pretre, lui avait réellement dérobé cette boucle sans son accord, ce qui avait été vécu comme un affront par Arabella et causé un différend entre les deux familles, différend que des médiateurs avaient proposé de tourner en art pacificateur, à travers une historiette qui présenterait l'anecdote de façon légère et plaisante. Seulement, Pope, bien que s'étant chargé de la mission, ne connaissait pas la famille et, satisfait de son travail, publia le conte sans l'accord de la demoiselle, en prétendant en introduction avoir été chargé par elle d'écrire l'histoire. En fin de compte, c'est par cette nouvelle introduction, une dédicace plus respectueuse, que l'affaire finit par être apaisée.

On tire comme leçon de cette histoire, outre l'origine circonstancielle du poème, la préexistance d'Arabella à La Boucle sous forme écrite, et la fascination autonome qu'elle a pu exercer sur ses contemporains. Par ailleurs, la nature (ou infamante, ou dérisoire) de l'anecdote, et le destin proposé par la fin du Quatrième Chant pour Belinda n'incitent pas trop à doter sa fille d'un tel prénom encombrant. (Et comme par hasard, on ne rencontre plus guère de Belinda... On dit ça, on dit rien.)


Belinda vue par Peters & Dukarton en 1777...

Si, il est bien une Arabella qui apparaisse suite à cette histoire : la propre fille de Mademoiselle Fermor et de Monsieur Perkins. Mais il est douteux que la boucle y ait quelque part.

Certes, la fin du Cinquième Chant promet une consolation de la perte de la boucle dans la gloire littéraire donnée par le poème. Mais quelle gloire paradoxale, après tant de sous-entendus licencieux...

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3. Quel lien ?

Eh bien, point d'Arabelle du tout, point d'Arabella justifiable... pour le prénom, un point de départ peu convaincant. Et puis d'abord, dans Arabella, la seule chose licencieuse, c'est le verre d'eau.

La preuve :

Acte II :
MANDRYKA
So fliesst der helle stille Donau mir beim Haus vorbei,
und hat mir dich gebracht! du Allerschönste !
(Geheimnisvoll)
Und heute abend noch, vor Schlafenszeit -
wärst du ein Mädchen aus der Dörfer einem meinigen,
du müsstest mir zum Brunnen gehen hinter deines Vaters Haus
und klares Wasser schöpfen einen Becher voll
und mir ihn reichen vor der Schwelle, dass ich dein Verlobterbin vor Gott
und vor den Menschen, meine Allerschönste !

Acte III :
ARABELLA
(zu Mandryka hin, sehr leicht)
Kann Ihr Diener
im Hof zum Brunnen gehn und mir ein Glas
recht frisches Wasser bringen dort hinauf?
[...]
MANDRYKA
(traurig vor sich)
Sie hat gar nichts gemeint, als ein Glas Wasser haben
und Ruh vor meinem Anblick. Oder spotten hat sie wollen,
vielleicht - ? Wenn sie nur spottet wenigstens,
ists doch schon eine Gnade, eine unverdiente, das weiss Gott ! [...]
ARABELLA
Das Glas da habe ich austrinken wollen ganz allein
auf das Vergessen von dem Bösen, was gewesen ist
und still zu Bett gehn, und nicht denken mehr an Sie und mich,
und an das Ganze was da zwischen uns gewesen ist
bis wieder heller Tag gekommen wäre über uns,
vielleicht - vielleicht auch nicht. Das war in Gottes Hand.
Dann aber, wie ich Sie gespürt hab hier im Finstern stehn
hat eine grosse Macht mich angerührt
von oben bis ans Herz
dass ich mich nicht erfrischen muss an einem Trunk :
nein, mich erfrischt schon das Gefühl von meinem Glück,
dass ich gefunden hab den, der mich angebunden hat an sein Geschick
mich angebunden dass ich mich nicht mehr losmachen kann -
und diesen unberührten Trank credenz ich meinem Freund,
den Abend, wo die freie Mädchenzeit zu Ende ist für mich.
(Sie steigt von der Stufe und reicht ihm das Glas hin. Welko nimmt ihr geschickt das leere Tablett aus der Hand und verschwindet.)
MANDRYKA
(Indem er schnell in einem Zug austrinkt und das Glas hoch in seiner Rechten hält.)
So wahr aus diesem Glas da keiner trinken wird nach mir,
so bist du mein und ich bin dein für ewige Zeit !
(Er schmettert das Glas auf die Steinstufen.)

(Pour ne pas surcharger notre emploi du temps sensible, on renvoie chacun à sa traduction du livret, mais les extraits sont sélectionnés.)

Et, comme on le voit, de surcroît d'une licence bien honnête (de celles qu'on acquiert avec certain anneau).

--

4. Et le lien avec Didon ?

Ma foi, tant qu'à causer, ne pas causer totalement pour rien.

Nous songions que les coupures (très généreuses) dans Arabella, bien dommage tant elles privent d'une musique et d'un texte qui, quoique volubiles, ne connaissent pas les longueurs, faisaient miroiter différentes Arabella. Ainsi, chez Keilberth, à la réouverture de l'Opéra de Munich en 1963, la réplique où Arabella donne l'une des clefs de son pardon est supprimée : il s'agit de l'éloge de Zdenka, une sorte d'émulation, d'inspiration ou de prétexte qui à défaut d'expliquer complètement, procure certaines pistes. Ajoutée au jeu de Lisa Della Casa, cette suppression donne l'image d'une Arabella pour qui le désir du mariage n'a jamais été fêlé - contrairement à ce que peut laisser supposer le texte ou la mise en scène de Mussbach mêlée au jeu mélancolique de Mattila. Lisa Della Casa semble affligée, indignée peut-être, mais jamais profondément déçue, comme acceptant l'erreur d'un mari abusé. Le découpage, en tout cas, laisse paraître cela, protestant peu, le rappelant immédiatement, ne laissant guère de doute ou de distance à son retour.

C'est ce désir de perfection, présent dans le texte complet, qui rapproche peut-être Arabella de la Didon de Nahum Tate.

De même qu'Arabella rêve, en plus d'une vie idéale, une rencontre idéale, mise en scène par ses soins (témoin la série des adieux badins et cruels au bal), si bien que le monde se dérobe sous ses pieds à la première erreur (et de taille !) du promis, Didon porte une conception de l'amour extrême, aussi bien envers le défunt Sychée, qui ne peut connaître de successeur, qu'envers Enée.

En assistant en début de saison à l'opéra de Purcell / Tate, nous avons été frappé par deux moments du texte qui laissent entendre que Didon est fautive.

Jusqu'à présent, nous trouvions très logiquement Enée abject, obéissant à sa destinée enviable et aux menaces des dieux, au mépris de ses engagements et des soins empressés pour renverser les murailles de vertu qui entouraient Didon. Une fois brisés les repères de sa vie et sa fierté, il délibère au premier rappel d'abandonner la malheureuse. Qui, privée de sens - ayant détruit l'ancien, ne pouvant fonder le nouveau -, ne peut guère que mourir, la pauvrette.

--

5. La faute à Didon

Pourtant, Tate semble suggérer autre chose, sans amoindrir les torts d'Enée.

For 'tis enough,
What'er you now decree,
That you had once
A thought of leaving me.

(Traduction maison : Car il suffit / Quoi que tu décides à présent / Que tu aies une seule fois / Pensé pouvoir me quitter.)

Lorsque Enée vient prendre congé, Didon ne laisse absolument pas d'issue, tandis qu'il hésite encore : la moindre fêlure est inacceptable pour celle qui vit l'amour absolu. Une faiblesse est une trahison, l'amour est une entité complète qui ne peut pas être modulée et encore moins réduite, il est ou n'est pas.

Evidemment, Enée ne peut plus que suivre la décision première, le départ. Mais le choeur semble à la mort de Didon, comme nous, s'interroger sur la nature très absolue des reproches à Enée, si bien qu'il semble qu'un tel coeur ne pouvait être heureux.

Great minds
Against themselves conspire,
And shun the cure
They most desire.

(Les âmes fières / Conspirent contre elles-mêmes / Et fuient le but / Qu'elles désirent par-dessus tout.)

Ce choeur, qui précède directement la mort de Didon, donne assez clairement pour cause de sa disgrâce son désir d'absolu, comme si les sorcières étaient internes à Didon.

Quelle ressemblance avec la peur panique des fiançailles imparfaites chez Arabella, d'une certaine façon !

Et c'est ici que s'achève notre rêverie sinueuse.


Le Départ d'Enée par Francesco de Mura.

Notes

[1] La dénomination originale indique : Poème héroï-comique, ce qui n'est pas contradictoire.

[2] Non, elle ne doit pas suivre l'homme à la pomme.

[3] Elle ne se marie à Francis Perkins qu'en 1715.


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Commentaires

1. Le mercredi 7 janvier 2009 à , par Bajazet

Très intéressant, merci beaucoup.

"Les grandes âmes conspirent contre elles-mêmes" : eh oui.
Comme quoi, rien de mieux que du peine-à-jouir pour fabriquer du tragique. Cette Didon animée par le désir d'absolu est en tout cas assez différente de ce qu'on trouve dans Virgile, où le texte (si je me rappelle bien) souligne que la reine assimile de façon téméraire l'union dans la grotte et les liens du mariage. Elle s'est fait son cinéma, la Carthaginoise. Mais vous savez comment sont les femmes… (et les hommes, donc !).

Tout ça pour dire que je n'ai jamais trouvé Énée abject. La Didon de Berlioz résume bien la chose par son oxymore coup-de-poing : "Monstre de piété"… mais elle est de parti pris, hihihi. Bref : Énée est pieux, il obéit aux dieux, et l'engagement auprès de Didon n'est pas cautionné par des liens sacrés. Il est logique ;-) que les dieux aient la préséance. C'est la logique de l'épopée, das le fond. Mais Énée dirait-il : "je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret" ?

Au demeurant, le dialogue ultime entre Didon et Énée chez Tate/Purcell est peut-être ce que je trouve de plus fort dans cet opéra.

Sinon, je m'interroge sur le parallèle d'Arabella et de Dido. L'inclination idéaliste d'Arabella (avec son trip sur le "Richtiger") est pas mal balancée par un regard foncièrement désabusé, forgé par l'expérience du monde dans lequel elle évolue. Désabusé, mais non amer. La Didon anglaise me semble au contraire d'une amertume fondamentale, bourreau de soi-même en quelque sorte.

2. Le mercredi 7 janvier 2009 à , par DavidLeMarrec

Bonjour au sultan virtuose !

Très intéressant, merci beaucoup.

Je ne sais pas si ça mène quelque part, je crains même que ça ne mène nulle part, mais je suis content que le petit serpentin local t'agrée.

Merci pour ta riche réaction, surtout.


Sur les différentes Didon :

"Les grandes âmes conspirent contre elles-mêmes" : eh oui.
Comme quoi, rien de mieux que du peine-à-jouir pour fabriquer du tragique.

Je crois qu'on peut s'entendre sur le fait que les 'bonnes natures' sont moins fécondes de ce point de vue. (Ou alors comme agneau sacrifié, mais c'est plus Piave que Tate, ça.)

Cette Didon animée par le désir d'absolu est en tout cas assez différente de ce qu'on trouve dans Virgile, où le texte (si je me rappelle bien) souligne que la reine assimile de façon téméraire l'union dans la grotte et les liens du mariage. Elle s'est fait son cinéma, la Carthaginoise. Mais vous savez comment sont les femmes… (et les hommes, donc !).

Nul doute que tes souvenirs sont précis. En IV,315 : per conubia nostra, per inceptos hymenaeos, (donc quelque chose comme : 'au nom de notre union, au nom de notre hyménée commencé').
Pour elle, c'est un accompte, on connaît la candeur des femmes. Enfin, la candeur, façon de parler, parce qu'il nous est dit pendant la grotte qu'elle parle de mariage pour cacher sa faute, donc que le désir précédait largement le projet d'une union perpétuelle.

De ce point de vue Berlioz écrit quelque chose de beaucoup plus conforme à sa fureur de bacchante, une fois le départ annoncé.


Tout ça pour dire que je n'ai jamais trouvé Énée abject. La Didon de Berlioz résume bien la chose par son oxymore coup-de-poing : "Monstre de piété"… mais elle est de parti pris, hihihi. Bref : Énée est pieux, il obéit aux dieux, et l'engagement auprès de Didon n'est pas cautionné par des liens sacrés. Il est logique ;-) que les dieux aient la préséance. C'est la logique de l'épopée, das le fond. Mais Énée dirait-il : "je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret" ?

C'est évidemment le contraste entre la cour assidue faite par Enée, dans une certaine mesure marquée elle aussi par l'absolu, et sa connaissance de la nécessité plus ou moins prochaine d'un départ qui façonne son aspect haïssable.

Après, l'obéissance aux dieux, elle est une question de priorités qu'on peut peut-être difficilement inverser dans le théâtre de cette époque - encore que, les révoltés de l'amour qui transgressent les lois les plus saintes, ça se trouve...

Enée est quand même, ne serait-ce que par empathie avec Didon dans un opéra où il parle peu, assez répulsif chez Purcell, à ce qu'il me semble. Quand tu parles des nécessités de l'épopée, tout à fait, mais chez Virgile, les responsabilités sont nettement inversées : on ne nous parle guère du désir d'Enée, c'est Didon qui lui saute dessus après des nuits d'hystérie amoureuse solitaires.
Ca me paraît beaucoup moins vrai chez Tate, où Didon résiste au contraire tout ce qu'elle peut.


Sur Arabella :

Sinon, je m'interroge sur le parallèle d'Arabella et de Dido.

Tu peux, c'est largement artificiel, une balade que j'ai eu envie de retranscrire ici, mais qui n'a rien de très rigoureux.


L'inclination idéaliste d'Arabella (avec son trip sur le "Richtiger") est pas mal balancée par un regard foncièrement désabusé, forgé par l'expérience du monde dans lequel elle évolue.

J'avoue que j'aurais beaucoup de difficulté à fixer une psychologie définitive sur Arabella, et c'est précisément cet aspect mouvant qui me séduit. A ce titre, les variations entre mises en scène sont plus considérables que pour n'importe quel opéra, à plus forte raison en prenant en compte des coupures toujours différentes.
Certains (le film fait l'Opéra de Hambourg en 1966) ont fait le pari un peu pauvre, mais qui tient tout à fait à l'usage, contre toute attente, d'en faire une amoureuse absolue, qui passe tout à Mandryka parce qu'elle ne peut jamais lui en vouloir. C'est à mon avis souvent contredit par le texte, mais sur scène, ça survit assez bien, à défaut d'être passionnant. A l'opposé du spectre, il y a ta proposition, où l'ironie qu'elle utilise avec virtuosité ferait partie de sa propre vision du monde.
J'y vois beaucoup d'autres possibilités intermédiaires, peut-être ai-je été trop marqué par la vision Mussbach / Mattila pour pouvoir les évaluer chacune avec lucidité.

J'ai plutôt l'impression que l'ironie est un mode de communication et de pensée qu'elle a appris dans la société où elle vit et qui entre précisément en contradiction avec sa quête du Prince des contes. Pour moi, le personnage est perpétuellement en tension entre sa distance narquoise avec le monde et son désir absolument excessif et sans le moindre recul d'une rencontre parfaite.

Donc d'accord pour l'amertume fondamentale de Didon, qui tremble de se déconsidérer à ses propres yeux, mais sans pouvoir résister. Pour Arabella, je ne perçois rien d'amer non plus, mais même pas quelque chose de désabusé. Ca se tient tout à fait parmi ce qu'on peut faire de l'oeuvre et du personnage, mais ce n'est pas l'impression qui domine chez moi.

3. Le mercredi 7 janvier 2009 à , par Elemer qu'on voit danser


La question que je me pose toujours, c'est celle de la parenté possible entre Arabella et les protagonistes féminines de Marivaux. J'imagine que ça a dû être étudié. La culture francophile de Hofmannsthal était telle qu'il connaissait forcément des comédies de Marivaux, même si son idole est Molière apparemment. J'y pense au sujet de l'ironie, de cette manière de consentir au compromis sans abdiquer une exigence morale.

Merci pour la promenade en tout cas. 8-)

4. Le mercredi 7 janvier 2009 à , par DavidLeMarrec :: site

J'y pense au sujet de l'ironie, de cette manière de consentir au compromis sans abdiquer une exigence morale.

Effectivement, c'est bien vu. Il faudrait voir s'il existe de la documentation toute prête sur la question. Sinon...

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