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Vae pauperibus – Aida et Olivier Py


Assisté hier à la nouvelle production d'Aida, attendue depuis des décennies à Paris, et dont la présence ne me fâche pas non plus.

Pour un mot sur l'œuvre et sa discutable exégèse (« Aida est en fait un opéra intimiste »), on peut se reporter à cette récente entrée.

Cette notule se justifie essentiellement par quelques remarques (méchantes) sur la mise en scène, mais d'abord...

1. Prolégomènes musicaux

Ce qui frappe d'abord, c'est la qualité exceptionnelle de la distribution. Très bonnes clefs de fa, pas forcément délicates : Roberto Scandiuzzi (Ramfis) légèrement pâteux, Sergey Murzaev (Amonasro) mêle une proportion égale de [eu] à chaque voyelles, et sa prosodie italienne est largement négligée), mais parfaitement adéquates pour les grands espaces de Bastille, parvenant à porter sans difficulté la voix et l'expression ; Carlo Cigni bénéficie en outre d'un charisme supplémentaire, et d'un très beau timbre, conférant non seulement une belle autorité au Roi, mais de surcroît une forme de sympathie qui affleure déjà dans le livret et la partition – le Roi récompense mais laisse les prêtres punir, et musicalement ses lignes sont beaucoup plus mélodiques, pas du tout hiératiques comme Ramfis... toutes choses secondées par le choix de Cigni.

Luciana D'Intino (Amneris), qui s'exprime sans trop de réserves de modestie sur sa valeur dans le rôle (« j'ai été une très grande Azucena et une très grande Amneris », dit en tout cas la retranscription d'un entretien), n'a pourtant pas totalement le même impact qu'en Zia Principessa (où tout est poitriné, il faut dire) ni qu'en Laura : il faut dire que le rôle demande davantage de tranchant, et que le médium en est dépourvu. La césure entre les registres de tête et de poitrine est particulièrement spectaculaire, mais pas toujours bien négociée – certains moments dans le bas de la voix de tête sont assez peu audibles et manquent en tout cas d'assurance par rapport aux mots prononcés. La voix demeure cependant magnifique, très charismatique, aussi bien dans les liquidités presque diaphanes de l'aigu que dans les poitrinés sonores et capiteux.

J'espérais (et craignais donc) beaucoup de Marcelo Álvarez (Radamès) : lorsqu'il élargit sa voix, il perd en impact (et en squillo, cette acuité trompettante, cette « pointe » du timbre), et la voix devient tout à fait beaucoup plus commune ; lorsqu'il conserve son assise habituelle (un peu étroite, c'est un pur lyrique), il rayonne extraordinairement. Et on a eu les deux ce soir : un peu obligé d'élargir vu le bruit orchestral, et donc pas aussi frémissant qu'on aurait pu l'espérer... il profite de l'allègement du dernier tableau pour livrer une lecture totalement inédite du tombeau, tout en allègements, en demi-teintes et clairs-obscurs, une délicatesse murmurée dans un caveau désert. Extrêmement différent de tous les Radamès entendus à ce jour, même chez les Radamès de format identique ou plus léger que lui – la qualité des phrasés évoque à ce moment ses Riccardo du Bal Masqué, où il avait sensiblement suivi le même chemin.

Enfin (et contre toute attente), la triomphatrice de la soirée était Oksana Dyka (Aida), dans un rôle qui ne me passionne pourtant pas énormément, même musicalement. En miroir d'Álvarez, le seul moment moins réussi est le tombeau, où elle est un peu moins touchante, car la voix dramatique, bien que très disciplinée, ne peut pas offrir la même souplesse de coloris qu'un instrument lyrique, tout simplement. Les progrès constatés sont énormes, ce qui est très rare pour des chanteurs à ce niveau, qui n'ont pas vraiment le temps de refondre leur technique, et pour qui les engagements difficiles successifs et la fatigue érodent davantage les répères qu'ils ne les affirment. On n'entend plus cette voix d'un bloc, qui reste aussi épaisse dans l'aigu que dans le grave, aux confins du cri : non, malgré son ampleur, on entend une voix souple, aux graves très chaleureux (une belle étoffe mate dans le grave, on songe à Tebaldi çà et là), à l'aigu assez lumineux (une forme de grelot apparaît, très rare chez les voix dramatiques, souvent un peu « éteintes » ou « poussées » dans l'aigu), qui évoque plutôt Nilsson et Varnay sur les voyelles antérieures fermées, mais beaucoup plus ronde ailleurs. D'une manière générale, une belle substance sombre mais rayonnante, sur toute l'étendue.
Et malgré cette robustesse, de beaux phrasés, de belles nuances, et même une présence scénique assez touchante. Très impressionnant.

Seul problème général : dans Bastille, on ne peut absolument pas saisir ce qui est dit, sauf à maîtriser le texte par cœur. Pour les endroits où ce n'est pas le cas, le texte n'est pas intelligible, sauf pour partie avec Álvarez ; ce ne sont pas forcément tous de grands virtuoses de l'articulation, mais à ce degré, la vastitude de la salle n'y est tout de même pas étrangère, et retire ainsi un des plaisirs de l'opéra en général.

Orchestralement, je suis moins convaincu par Philippe Jordan : la partition n'est pas abîmée, et les moments bien orchestrés sont bien joués, mais partout où Verdi aurait besoin d'un coup de pouce (surtout dans les deux premiers actes, assez tapageurs), il manque la petite retenue qui empêcherait de transformer le bruit musical en bruit de foule, le petit élan qui pousserait la scène vers l'avant... D'un point de vue pratique, lorsque les cordes font de rudimentaires figures d'accompagnement égales (suites de noires ou de croches) sur tout l'archet, on pourrait attendre un petit accent sur les articulations fortes, pour donner du relief, ce qui n'est pas le cas.
Donc, en fin de compte, un résultat parfois un peu mou çà et là. Un spécialiste de ce répertoire n'aurait sans doute pas laissé ce type de détail de côté.
En revanche, du point de vue technique, le suivi du rubato des chanteurs (Álvarez en particulier) est parfait : quelles que soient les limites prises avec la mesure, l'orchestre demeure toujours exactement avec le soliste – et croyez bien qu'un chanteur de style italien ne se pose pas forcément la question de la concertation avec l'orchestre !

2. Problèmes de mise en scène

La mise en scène d'Olivier Py avait deux avantages :
- elle ne gênait pas visuellement... on pouvait ne pas y prêter trop d'attention et prendre du plaisir à l'œuvre ;
- le tableau avec la croix en feu (le Jugement) dispose de très beaux éclairages nocturnes – essentiellement les flammes se reflétant sur les bâtiments dorés.

Je ne tiens pas Py pour un mauvais metteur en scène, mais aussi talentueux qu'on soit, lorsqu'on fait six mises en scène en quatre mois (d'octobre à janvier : Alceste, Aida, Dialogues des Carmélites à Paris, Il Trovatore à Munich, Hamlet à Bruxelles, La Forza del Destino à Cologne – seuls Hamlet et le Trouvère étant des reprises), tout en écrivant des pièces et en prenant ses fonctions comme directeur de rien de moins que le Festival d'Avignon, il y a peut-être un moment où l'on arrête de penser et où l'on commence à se singer.

Or, les dernières mises en scènes vues de lui tracent la trajectoire d'une atrophie progressive. En 2007, son Pelléas moscovite, utilisant les mêmes matériaux, et pas dénué de facilités (les grands-bourgeois du château), bénéficiait néanmoins d'une atmosphère nocturne assez intéressant, et d'un intérêt réel sur la matière de l'œuvre ; malgré une assez grande monochromie, il se dégageait quelque chose de la scène – et quelque chose qui parlait de Pelléas. Il s'opérait une recherche spécifique sur l'œuvre, au lieu d'imposer des « trucs » accumulés par l'expérience. En 2009, son Idomeneo aixois était largement saboté par l'obsession scénographique du grand palais doré, séparant des personnages que le livret fait déjà bien peu interagir. En 2010, son Mathis parisien confirmait cette fascination contre-productive pour les coûteuses machineries spectaculaires ; quantité de changements à vue dans des palais dorés emprisonnaient souvent les chanteurs, et l'attention semblait ne pas avoir été portée principalement à leur direction, les laissant assez peu mobiles sur le grand plateau. Quoique plutôt lisible et agréable à regarder, le fond de l'ouvrage était plutôt négligé, ne cherchant jamais à combler les ellipses entre les tableaux, mêlant les époques, et s'autorisant quelques images paresseuses – comme le parallèle un peu misérable entre Inquisition et nazisme. En 2011, Les Huguenots reprenaient à nouveau les mêmes machineries énormes, quitte à reléguer les acteurs dans des coins de scène, à les charger de symboles simplets ; cependant malgré l'affirmation de son propre stéréotype, l'effort de faire vivre l'œuvre et de diriger ses comédiens demeurait patent.

En fin de saison dernière, la création du Claude d'Escaich échappait à tout cela ; mais étant du sur-mesure (et une entreprise prestigieuse et exaltante de création), je suppose qu'Olivier Py l'a davantage abordé comme du véritable théâtre... et en effet, des dispositifs scénographiques opérants à la direction d'acteur, tout était soigné... et sans gimmicks visuels.

Pourtant en ce début de saison, il y a de quoi s'effrayer : il ne s'agit plus seulement d'ostension de symboles un peu vains, ou de mise au premier plan du dispositif scénique au détriment de la direction d'acteurs. Il manque désormais l'essentiel, y compris quelques règles fondamentales du métier.
Dans Alceste, cela se concentrait surtout dans l'absolu manque de différenciation visuelle des personnages, dans les costumes comme dans la gestuelle – même en étant familier du livret et du physique des chanteurs embauchés, il n'était pas toujours évident de retrouver l'identité des uns et des autres. Dans Aida, nous atteignons d'autres proportions.

Facilités

Quantité de clichés circulent dans cette mise en scène, elle serait à étudier dans un siècle, dans un cours d'histoire des idées. La pompe du triomphe est remplacée par l'animation des agents d'entretien astiquant l'arc de triomphe (doré) – ambiance « envers du décor ». Le défilé de la victoire se déroule au-dessus d'une cave représentant un charnier – ambiance « la guerre c'est mal ».

… et tout cela avec des chanteurs en front de scène, quasiment bras en croix, à l'ancienne.

L'imagination au pouvoir.

Technique

Sur le simple plan du métier, la mise en scène regorgeait de faiblesses. Déjà, pour un metteur en scène, devoir utiliser des pancartes pour s'exprimer est plus ou moins un aveu d'échec – surtout que le contenu n'en était ni particulièrement spirituel, ni vertigineusement profond. En résumé, les méchants tenaient des pancartes de méchants : « à mort les étrangers » – on remarquera la subtile allusion nuancée aux débats qui agitent les sociétés européennes. À quand Parsifal brandissant à l'acte II sa pancarte « je suis puceau (pour l'instant) », ou Don Giovanni portant au cou l'écriteau « je suis beau et charismatique » ? Ça simplifierait grandement le métier des metteurs en scène, une belle et saine innovation.

Dans le genre spectaculaire, Amonasro, pour bien montrer qu'il est en colère, met le feu à une maquette (dorée) en pressant un bouton – ce qui lui donne immédiatement un air très appliqué, cherchant le bon endroit pour appuyer au bon moment. On s'attend à le voir rentrer dans sa cellule pour éteindre la lumière qu'il a oubliée en s'évadant, parce qu'Amonasro a beau être un peu sanguin, c'est un garçon respectueux de l'environnement.

Davantage à l'ancienne, nous assistons à des gestes hautement spectaculaires, comme le don du collier d'Amneris, pour bien montrer que dans le duo qui précède le triomphe, elle cherche à amadouer Aida pour lui faire avouer son amour. C'est à peu près tout ce qui se passe visuellement pendant le duo, mais c'est important ; ce n'est pas comme si le livret disait ça pendant un duo d'un quart d'heure. (Ou peut-être que si.)

Par ailleurs, dans les moments de manque d'inspiration, Olivier Py a trouvé une botte imparable : il fait tourner son décor (doré) quadrangulaire, comprenant notamment un palais et une réplique du monument consacré à Vittorio Emmanuelle II. Ainsi il se passe toujours quelque chose sur scène !

Propos

L'essentiel de la logique de la mise en scène repose sur un postulat simple : Verdi parle dans cet opéra de la colonisation (un peu du racisme aussi, ça ne fait pas de mal), et plutôt de l'administration (qui n'est d'ailleurs pas du tout une colonisation, mais peu importe!) du Nord de l'Italie par l'Autriche-Hongrie.

Or :

  • dans le livret, les deux puissances sont présentées à égalité ; oui, même si les Éthiopiens sont noirs, ce qui est passablement scandaleux, Ghislanzoni ne pourrait pas être ouvertement raciste, comme tous les hommes du XIXe siècle !
  • à cette époque, l'Italie est réunifiée, et les opéras de Verdi ne sont plus utilisés comme des manifestes ;
  • l'histoire est surtout une transposition de Pyrame et Thisbé (donc Roméo et Juliette) et de leurs familles ennemies dans l'Égypte antique...


Outre la maladresse empesée que cela induit lorsqu'on agite pendant de longues minutes des drapeaux ineptes, cela pose un problème concret en particulier pour les danses où Verdi, dans l'absence de sources fiables sur la musique égyptienne, a tout de même tâché de créer des couleurs spécifiques (uniques dans son corpus), plutôt orientalisantes, avec des modes inhabituels, voire de petites surprises chromatiques. Placer par-dessus des scènes d'entraînement militaire, voire de violence, n'est pas très respectueux des spécificités de l'œuvre.

Irrespect

Tout cela contribuerait à une mise en scène pas très intéressante parmi d'autres, s'il n'y avait quelques détails supplémentaires qui franchissent une limite sacrée : le respect du public.

Le dispositif scénique comporte ainsi une passerelle au niveau du cadre de scène... si haute que pour les spectaceurs les plus hauts placés, le buste des chanteurs qui s'y trouve est invisible. Inutile de préciser que dans l'acoustique déjà défavorable de Bastille, on n'entend plus grand'chose. Alors que la mise en scène de Py nous montre les pauvres migrants en guenilles maltraités, il est un peu cocasse de mépriser ouvertement ceux qui paient moins de 70€ pour leur place d'opéra.

L'intelligence du spectacteur est aussi mise à rude épreuve : lorsqu'Amonasro incendie la maquette , il parle à Aida des dévastations à venir en Éthiopie... en brûlant une maquette de monument ennemi. Je n'ai rien contre le fait qu'un metteur en scène se fasse plaisir et joue avec son briquet, mais si ce pouvait être un minimum cohérent, ce ne serait pas plus mal.

Et puis viennent les maladresses de débutants. Si l'on place les chanteurs sur trois niveaux (dorés) différents, ils ne peuvent pas communiquer (sans parler des difficultés musicales supplémentaires pour ne pas être décalés, mais en l'occurrence la distribution était capable de faire ça) ; donc il ne se passe rien ; donc le spectacteur s'ennuie. Le sommet étant que Py s'amuse à changer les décors ou à faire tourner son dispositif pendant les moments les plus denses musicalement – il n'y a pas beaucoup de polyphonie dans Verdi, mais à chaque fois, Py se charge de détourner notre attention. Il me semble que c'est tout de même un fondement de la mise en scène : le plus important n'est pas de surcharger ce qui est déjà écrit, mais d'habiter ce qui entoure (les personnages qui ne parlent pas, les moments où la tension se relâche...).

Bref, cela fait beaucoup. Entendons-nous bien, ce n'est pas forcément une mise en scène gênante, on peut suivre l'action et profiter de la musique sans problème. Mais pour un metteur en scène de ce renom, je trouve tout de même la tenue d'ensemble un peu... légère.

3. Et puis...

Après ça, si j'ai le temps de barbouiller un carnet, c'est que je ne suis pas metteur en scène universllement demandé, donc il est certain que je n'en mesure pas toutes les contraintes ni tous les enjeux. Mais tout simplement, quand on voit ce qu'un absolu profane de l'opéra comme Lacascade peut faire, très simplement, dans un décor très raisonnable, d'une œuvre à la temporalité aussi difficile que La Vestale, on se dit qu'il faut peut-être un peu laisser respirer Py et donner leur chance à d'autres qui ne se sont pas encore fait un nom.
Parmi ceux qui s'en sont déjà faits un, ce ne sont pas les possibilités qui manquent, de la gentille semi-littéralité (mais généralement animée scéniquement) de McVicar ou Hytner au Regietheater respectueux de Holten, en passant par toutes les nuances possibles du semi-onirique comme Frigeni. Tous ces gens m'auraient assez fait envie pour une Aida.

Cela dit, j'ai de doute façon passé une merveilleuse soirée, comme sans doute beaucoup de monde, grâce à l'œuvre et aux interprètes de premier choix.


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Commentaires

1. Le lundi 4 novembre 2013 à , par Olivier

Bonsoir,

et
"pauperibus auxilio venire me delectat".

Enfin un commentaire sans détour et plus justifié que ce que j'ai pu lire jusqu'ici.

2. Le lundi 4 novembre 2013 à , par DavidLeMarrec

Tam negavit quod volebant pauperibus.

Commentaire malheureusement pas beaucoup plus positif.

(Si, quand même, sur la musique : j'ai lu des choses mitigées sur les deux distributions, sans que je m'explique trop comment c'est possible, même en si l'on a le curseur plutôt sévère.)


... bonsoir Olivier !

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