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lundi 26 décembre 2016

[Sélection lutins] – Boucles !


En ce temps d'épiphanie, l'occasion de dévoiler un peu d'intimité musicale.

Après, avoir, une fois de plus, repris l'essentiel de l'acte II de l'Orfeo de Rossi dans une boucle infinie – Che può far Citerea, Al imperio d'amore, la mort (vidéo de ces extraits) –, voilà le prétexte de partager quelques-unes de ces pièces ou des ces instants que je peux me repasser à très court intervalle et à haute itération.

Le concept est un peu différent des instants ineffables, qui ne supposent pas forcément la répétition ; ces boucles peuvent être, du reste, des fragments, des mouvements ou des œuvres entières. Il s'agit de toutes ces pièces où l'on sent l'impulsion, en la finissant, de la remettre immédiatement.

Chose que je fais rarement, du reste (une grande partie du répertoire s'y prête peu, du fait de la pratique de la variation, du développement…), les œuvres très mélodiques tendant naturellement à s'émousser ; et c'est pourquoi ce petit partage, insolite, peut être amusant.



Muller, jardinière en biscuit. Ronde de putti. Muller, jardinière en biscuit. Ronde de putti.



Ordre (approximatif) par date de naissance.

♦ D. Le Blanc – « Les Mariniers adorent un beau jour – [notules 1,2]
♦ A. Le Roy – « Ô combien est heureuse » – [notules 1,2]
♦ Anonyme fin XVIe – « Allons vieille imperfaite » – [notules 1,2]
♦ Monteverdi – Combattimento, deux premières strophes – [notules 1,2,3]
♦ Anonyme premier XVIIe – Passacaglia della vita – [liste]
♦ E. Gaultier – La Cascade
♦ Kapsberger – « L'onda che limpida » [son]
♦ Kapsberger – « Fanciullo arciero » [son]
♦ Rossi – Orfeo : Che può far Citerea – [notule & son]
♦ Rossi – Orfeo : Al imperio d'amore – [notule & son]
♦ Guédron – Ballet d'Alcine « Noires fureurs » – [notules 1,2,3]
♦ Guédron – « Dessus la rive de la mer »
♦ Moulinié – « Que vous avez peu de raison »
♦ Moulinié – « Quelque merveilleuse chose »
♦ Moulinié – « Vous que le dieu Bacchus a mis »
♦ Lully – Cadmus : Chaconne des Africains « Suivons l'Amour » – [notice]
♦ Lully – Thésée : Combats et prières de l'acte I – [notule, hors-scène]
♦ Lully – Atys : « Atys est trop heureux » – [notice]
♦ Lully – Amadis : Invocation d'Arcabonne « Toi, qui dans ce tombeau » – [notule]
♦ Lully – Amadis : Déploration d'Oriane « Ciel ! ô ciel !  Amadis est mort » – [notule]
♦ Lully – Amadis : Chaconne finale « Célébrons en ce jour » – [notule]
♦ Lully – Roland : Duo & Chaconne – [notice]
♦ Sanz – Canarios – [extrait]
♦ Charpentier – Médée : les 3 duos d'amour (II,IV,V) – [notule]
♦ Murcia – Folías Gallegas – [notule]
♦ Visée – Passacaille de la Suite en la mineur
♦ Lalande – Jubilate Deo omnis Terra : « Populus ejus », « Introite portas »
♦ Lalande – Jubilate Deo omnis Terra : « Laudate nomen ejus »
♦ Campra – Exaudiat te Dominus : « Exaudiat te Dominus » [notice]
♦ Campra – Idoménée : « Venez, Gloire, Fierté » [notule]
♦ Campra – Idoménée : « Espoir des malheureux » [notule]
♦ Jacquet de La Guerre – première Passacaille en la mineur – [notule]
♦ F. Couperin – Offertoire de la Messe pour les Paroisses
♦ F. Couperin – Première Leçon de Ténèbres – [notice]
♦ F. Couperin – Troisième Leçon de Ténèbres – [notice] / [en attendant une discographie exhaustive préparée depuis longtemps]
♦ Jean Gilles – Requiem : « Requiem æternam »
♦ Jean Gilles – Requiem : « Domine Jesu Christe » (dans l'Offertoire)
♦ Destouches – Callirhoé, chaconne nocturne : « Ô Nuit, témoin de mes soupirs secrets » – [notule]
♦ Destouches – Callirhoé, duos du I : « Ma fille, aux Immortels quels vœux venez-vous faire ? » / « Mais, quel objet vient me frapper ? » – [notule sur les états de la partition]
♦ Destouches – Sémiramis : « Flambeaux sacrés » – [notule]
♦ Bach – Motet Singet dem Herrn : « Singet dem Herrn », « Lobet den Herrn in seinen Taten » [de même discographie exhaustive dès longtemps préparée, à publier un jour]
♦ Bach – Air Erfüllet, ihr himmlischen göttlichen Flammen de la cantate BWV 1
♦ Boismortier – Don Quichotte : « Expire sous mes coups, discourtois enchanteur »
♦ Boismortier – Don Quichotte, danses
♦ Mondonville – Cœli enarrant : « In sole posuit »
♦ Gluck – Iphigénie en Tauride : air d'Oreste « Dieux qui me poursuivez »
♦ Gluck – Iphigénie en Tauride : air d'Iphigénie « Non, cet affreux devoir »
♦ Grétry – L'Amant Jaloux : quatuor « Plus d'égards, plus de prudence »
♦ Grétry – Guillaume Tell : « Bonjour ma voisine » – [notule]
♦ Grétry – Guillaume Tell : « Qui jamais eût pensé que cet homme exécrable » – [notule]
♦ Salieri – Tarare : « De quel nouveau malheur » – [notule]
♦ Salieri – Tarare : « J'irai, oui j'oserai » – [notule]
♦ Mozart – Quatuor n°14, final
♦ Mozart – Così fan tutte : trio « La mia Dorabella » – [chroniques de représentations]
♦ Mozart – Così fan tutte : trio « Una bella serenata » – [chroniques de représentations]
♦ Mozart – La Clemenza di Tito : duo « Come ti piace, imponi » – [exploration]
♦ Mozart – La Clemenza di Tito : air « Parto, parto » – [exploration]
♦ Haydn – Quatuor Op.76 n°3, mouvements I & II
♦ Catel – Sémiramis : Duo de désespoir « Sort redoutable » et final – [brève évocation]
♦ Beethoven – Final choral de la Fantaisie chorale
♦ Beethoven – Quatuor n°8, mouvement lent
♦ Czerny – Symphonie n°1, mouvements I, III & IV [général, scherzo]
♦ Mendelssohn – Premier Trio avec piano : I, énoncé du thème
♦ Schubert – Die Schöne Müllerin : « Pause » – [projet lied français]
♦ Schumann – Liederkreis Op.24 : « Es treibt mich hin » [présentation & discographie]
♦ Schumann – Liederkreis Op.24 : « Warte, warte du wilder Schiffmann » [présentation & discographie]
♦ Schumann – Liederkreis Op.24 : « Schöne Wiege meiner Leiden » [présentation & discographie]
♦ Schumann – Liederkreis Op.39 : « Überm Garten » [projet lied français]
♦ Verdi – Il Trovatore : récit de Manrico « Mal reggendo »
♦ Verdi – Simone Boccanegra : avertissement d'Adorno « Ah taci, il vento ai tiranni »
♦ Verdi – Les Vêpres Siciliennes : duo « Quel est ton nom ? » – [Verdi en français]
♦ Verdi – Requiem : Kyrie
♦ Verdi – Requiem : Ingemisco
♦ Verdi – Requiem : début du Lacrimosa
♦ Verdi – Don Carlos : déploration sur le corps de Posa – [éditions]
♦ Wagner – Tristan : postlude du II
♦ Wagner – Rheingold : première tirade de Loge
♦ Wagner – Rheingold : tirade de Froh « Wie liebliche Luft » [notule à venir]
♦ Wagner – Siegfried : tirade « Wie des Blutes Ströme » [ordalie]
♦ Wagner – Die Meistersinger : appel des Maîtres [son]
♦ Wagner – Parsifal : interlude du I
♦ Wagner – Parsifal : annonce du couronnement « Du wuschest mir die Füße »
♦ Reyer – Sigurd : duo du désenvoûtement « Des présents de Gunther » [chapitre Sigurd]
♦ Smetana – Dalibor : Marche de Vladislav [détail du livret, œuvre & enregistrement libre, discographie exhaustive]
♦ Smetana – Dalibor : fin du I [détail du livret, œuvre & enregistrement libre, discographie exhaustive]
♦ Smetana – Dalibor : début du II [détail du livret, œuvre & enregistrement libre, discographie exhaustive]
♦ Brahms – Premier Trio avec piano : énoncé du thème
♦ Brahms – Premier Trio avec piano : trio du scherzo – [scherzo]
♦ Brahms – Variations sur un thème de Haydn : choral initial & variation finale
♦ Brahms – Première Symphonie : énoncé du thème des variations finales
♦ Brahms – Quintette avec piano : thème principal du scherzo – [scherzo]
♦ Saint-Saëns – Chanson à boire du vieux temps
♦ Delibes – Lakmé : Quintette « Miss Rose, Miss Helen, respectez les clôtures »
♦ Tchaïkovski – Eugène Onéguine : dialogues de cotillon et provocation en duel [sources]
♦ Tchaïkovski – Pikovaya Dama : serment à l'orage [brève discographie, mise en scène]
♦ Tchaïkovski – Pikovaya Dama : hymne à la nuit [brève discographie, mise en scène]
♦ Tchaïkovski – Symphonie n°3 : mouvements extrêmes
♦ Tchaïkovski – Symphonie n°6 : mouvement III – [notule, possibilités d'interprétation]
♦ Dvořák – Rusalka : ballet royal – [notules 1,2,3]
♦ Rott – Symphonie en mi : mouvements I et IV [liste de notules]
♦ Debussy – Quatuor, mouvement III, climax
♦ R. Strauss – Elektra : tirade de Chrysothemis « Ich kann nicht sitzen » [discographie]
♦ R. Strauss – Die Frau ohne Schatten : envoi de l'air de l'Empereur « Kann sein, drei Tage »
♦ R. Strauss – Die Frau ohne Schatten : Erdenflug
♦ R. Strauss – Arabella : « Ich weiß nicht wie du bist » (partie centrale du duo du Richtige) [notules & discographie exhaustive]
♦ R. Strauss – Friedenstag : marche des soldats Réformés [notule & son]
♦ Koechlin – Sonate pour violon et piano : final
♦ Koechlin – Quintette pour piano et cordes : final
♦ Mahler – Symphonie n°2 : à partir de l'entrée des chœurs [notule & lieder]
♦ Mahler – Symphonie n°7 : thème principal du dernier mouvement [autre notule]
♦ O. Fried – Die verklärte Nacht [notule & son]
♦ L. Aubert – « La mauvaise prière »
♦ Schreker – Die Gezeichneten : Entrée de Tamare [chapitre entier à remonter]
♦ Schreker – Die Gezeichneten : Prélude du II [chapitre entier à remonter]
♦ Ireland – Sea-Fever [1,2]
♦ Le Flem – Symphonie n°1 : final
♦ Schoeck – Quatuor n°2 : thème principal [notule]
♦ Auric – 4 Chansons de la France malheureuse : « La Rose et le Réséda » [notule]
♦ Walton – Symphonie n°1 [notule]
♦ Damase – l'Opéra dans Colombe [notule]
♦ Damase – Eugène le Mystérieux, marche des Trois Couleurs [notule]
♦ Stockhausen – Mantra [parce que]
♦ Kalniņš – Mostieties, stabules un kokles (psaume) [commentaire]



Muller, jardinière en biscuit. Ronde de putti. Muller, jardinière en biscuit. Ronde de putti.



Légende : Jardinière de Muller en biscuit (XIXe siècle). Ronde de putti.

Bien sûr, pour prolonger le plaisir, je ne puis trop vous inviter à découvrir, outre les autres instants ineffables, d'autres œuvres de vaste valeur, peut-être moins propices à si haute itération, mais à fréquenter résolument. C'est la raison d'être de la section des Putti d'incarnat et autres Sélections lutins, qui s'est progressivement enrichie de sélections de :
♫ symphonies,
♫ quatuors à cordes,
♫ musique sacrée,
♫ opéras contemporains,
♫ trios de toutes formes,
♫ quatuors avec piano,
♫ œuvres pour piano solo,
♫ sonates avec violon,
♫ lieder orchestraux,
♫ jubilation cosmique,
♫ concertos pour clarinette,
♫ chœurs profanes a cappella,
♫ mélodies maritimes,
♫ quintettes pour piano et cordes,
♫ concertos pour piano
♫ …et scherzos !

Listes enrichies au fil des ans et périodiquement mises à jour.

Vos propres propositions sont bien sûr toujours bienvenues, soit pour me faire compléter mes expéditions, soit pour attirer l'attention des autres lecteurs sur des œuvres que je n'ai pas appréciées à leur juste valeur.



Bonnes découvertes répétitives !  N'en abusez pas – pour ça, il y a Philip Glass.

Travers d'architecture et emplettes de face


    Après avoir testé un peu tous les emplacements de la Philharmonie de Jean Nouvel à Paris, je me faisais quelques remarques sur le peu de conscience des professionnels lorsqu'ils se mettent au service d'un autre domaine. En l'occurrence, je peux le mesurer (dans ma chair, pour ainsi dire). Une salle de concert n'est pas un pur objet architectural : elle ne se limite pas à son volume et à ses espaces.

    J'aime assez la Philharmonie, investissement coûteux probablement superflu mais qui a assez bien atteint son but : avec une jauge plus grande que Pleyel, on y entend mieux (des meilleures places, sinon on y entend nettement moins bien), c'est tout le temps très bien rempli, même pour les programmes ambitieux, et le public y est plus renouvelé qu'à Pleyel – en gros, plutôt le public des musiciens et mélomanes désargentés de l'Est parisien que le public des notables de l'Ouest (et comme ça rajeunit mécaniquement, les décideurs sont contents).
    Pour le renouvellement du répertoire et de la forme des concerts, comme on pouvait s'en douter (et comme je l'avais un brin prédit, si on remonte le fil les notules à ce sujet), les grandes expérimentations des deux premières saisons semblent s'éloigner : moins d'œuvres à effectifs spectaculaires ou à dispositifs singuliers, moins d'invitation d'ensembles amateurs, et d'une manière générale une structure des programmes qui reste assez complètement dans le schéma rigide ouverture/concerto/entracte/symphonie (ou cycle du même compositeur). Les programmes thématiques-exogènes de la Cité de la Musique, dont on aurait pu croire qu'ils constitueraient un modèle (mais sans doute plus difficiles à vendre, car hétéroclites) ont largement disparu. Mais enfin, vu la largeur de l'offre, même en se limitant à la Philharmonie, il n'y a vraiment pas lieu de se plaindre.



Toutefois, certains défauts de conception paraissent très évidents à l'usage.

■ Cette salle énorme dispose de la plus petite entrée des grandes salles parisiennes. Sans mobilier (on a fini par ajouter au fond deux bancs pour trois personnes…). C'est pourtant le lieu où l'on s'attend, où l'on peut se retrouver à l'entracte… pourquoi ?

■ À l'inverse, la quantité d'espace inutilisée est gigantesque : plus de la moitié de la surface du grand couloir hélicoïdal (qu'on ne peut même pas emprunter en entier, parfait pour se perdre) ne dessert rien et ne voit passer personne. Au prix du mètre carré… Là encore, aucun mobilier (même pas des poubelles), aucun endroit signalé comme lieu de convivialité. Et le foyer où, certes, je ne cherche jamais à aller, n'est paraît-il pas fini. Un camarade en a pris une photo et l'a montré à des amis : on lui a répondu qui une décharge à Sarcelles, qui les ruines d'Alep.
Comme un architecte peut-il ne pas prendre en compte les flux de personnes et les lieux de vie dans la conception d'un bâtiment ?

Certes, pour un amateur de solitudes urbaines dans mon genre, les couloirs déserts en plein entracte (quoique un peu stressants lorsqu'on arrive à peine avant l'heure…) ont une forme de poésie crépusculaire assez séduisante. Mais ça me paraît un corollaire particulièrement involontaire et ressenti comme positif par une quantité assez marginale de visiteurs.

♪ Dans la salle, ce devient plus gênant. Sur la note d'intention, le principe des nuages modulables (on n'a rien vu moduler du tout, hein) est très poétique, pour envelopper l'auditeur dans des nappes de son. Dans les faits, ça rend bien sûr (en plus des matériaux trop réverbérants) le son assez flou. Pour une salle dédiée au répertoire symphonique, ça pose évidemment des problèmes pour laisser le détail perceptible. Du fait de la (très belle) asymétrie de la salle, cela rend le confort sonore très aléatoire tant qu'on n'a pas essayé tous les angles. Et ce ne sont pas les places les plus chères qui sont les meilleures !  (je trouve le parterre vraiment flou, et le premier balcon de face manque d'impact)  Dans le même temps, certaines des places les moins chères (second balcon latéral) sont vraiment infâmes, je déconseille même de faire le déplacement si on n'a que ces places : on n'entend à peu près qu'un brouhaha assez difficilement discernable, comme si seul le volume sonore / le bruit nous parvenait en lieu et place de la musique, même dans des œuvres baroques sur instruments anciens…
    Que personne n'ait pensé que mettre de l'espace tout autour de la salle provoquerait un flottement vaporeux du son, et que ce ne conviendrait pas forcément à la musique jouée, voilà qui me laisse encore songeur.

♪ Encore plus simple : l'un des endroits les plus chers et les plus prestigieux est, déjà visuellement, inadéquat. Sur le côté jardin, en forme de proue de navire, se dresse une plate-forme blanche inclinée vers la scène, surélevée face au premier balcon des pauvres (qui est noir, pour bien mettre les choses au clair). On voit très nettement qu'il s'agit de l'endroit, central, où vous serez le plus facile à apercevoir (au parterre, on est vite caché par les balcons supérieurs, ou par le nombre qui vous entoure), et donc du lieu de tous les prestiges – entre amateurs, nous l'appelons le Balcon de la Reine : même s'il est en réalité historiquement situé dans le coin du roi, c'est plus joli.
    N'importe quel amateur qui a testé quelques emplacements dans les salles (autres que les seuls parterres et balcons de face…) a remarqué que, si l'on est placé totalement dans le dos des premiers violons, la ligne mélodique peut paraître étouffée, et le spectre général déséquilibré.
    À cela s'ajoute, encore plus élémentaire, qu'une bonne partie de ces places vendues au tarif le plus élevé sont situées à la latérale, voire derrière l'emplacement des chanteurs !  Et ce n'est évidemment pas du tout confortable (à la Philharmonie, vu l'ampleur du lieu et de la réverbération de l'orchestre, c'est simple, on n'entend plus qu'un vague écho).
    Qu'on les vende plus cher que les places du reste du balcon jardin (où le son est forcément meilleur, grâce au mur de renvoi tout contre), soit, elles sont plus jolies, mais qu'on les présente implicitement comme le meilleur point acoustique de la salle, voilà qui paraît bien exotique.




arrière-scène
Profondeur de salle depuis l'arrière-scène impaire (jardin), avec un bout du Balcon de la Reine du côté du Roi.




Au demeurant, cette salle a d'autres qualités.

♥ Des meilleurs endroits (pas les plus chers, loin s'en faut), on y entend vraiment très bien, un son à la fois ample, coloré et précis, un peu comme dans les belles prises de cathédrale au disque (façon Eterna / Berlin Classics).

♥ La visibilité est très bonne : tout au fond, ça reste un peu loin, mais globalement, pas de mauvais angles, pas trop de problèmes de voisins qui se penchent… même au parterre, le sol se soulève très vite, si bien qu'on y voit assez bien les membres de l'orchestre par rapport à une salle à fond plat.

♥ L'asymétrie et le côté rétro assez chaleureux (façon villa Arpel…) rend la salle très agréable à regarder, on a plaisir à lever le nez sans être limité à des murs blancs ou des peintures sophistiquées difficilement discernables. Particulièrement spectaculaire depuis les premiers balcons latéraux ou l'arrière-scène : les couleurs (blanc, noir, plusieurs jaunes & orangés) se juxtaposent et se pénètrent en blocs qui ne paraissent pas rationnels, et dont on peut s'égarer à admirer les contours. De plus, l'aspect suspendu des balcons procure une sorte de vertige horizontal, comme une aspiration vers cette étendue spacieuse et vide, assez grisant.



Mais tout de même, ne pas se poser à ce point la question de la quantité de spectateurs dans les parties communes, ni de la propagation du son en laissant une énorme caisse de résonance autour des sièges, et jusqu'à concevoir ses balcons de prestige à l'envers… Je reste dubitatif – on parle d'un des plus grands cabinets d'architecte du monde, en principe. On pourrait aussi concervoir des supermarchés avec un sol massant bosselé, ou un hôpital avec des lumières tamisées apaisantes dans les blocs.



Cela en attendant la parution de notules sur des œuvres et genres diversements interlopes, mais elles sont actuellement en gestation, c'est plus long à faire que dauber sur le métier d'archi, les postiers ivrognes et les plombiers imposteurs.

David Le Marrec

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