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Les états de la partition du Don Carlos de Verdi


A l'heure où la version originale redevient à la mode et où la version en quatre actes, parfois agrémentée de suppléments pourtant disparus des révisions italiennes, est toujours employée, il convient peut-être, comme pour Boris jadis (et autre notule), d'effectuer un petit récapitulatif sur les différentes versions : leur histoire, leurs états, leurs différences et enfin leurs caractères.
Avec le détail des variantes.

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1. Deux, ou trois versions françaises ?



Don Carlos est une commande de l'Opéra de Paris à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1867, la troisième pour le compositeur (voir la notule sur le Verdi français) - sans compter la version française du Trouvère, qui n'est qu'une adaptation rapide. . Jérusalem était une refonte d'I Lombardi alla Prima Crociata, mais Don Carlos est construit sur le même patron que les Vêpres Siciliennes : une oeuvre originale, pleinement composée pour l'occasion, sur un livret des spécialistes locaux du Grand Opéra à la française (Eugène Scribe la première fois, Camille du Locle et Joseph Méry la seconde).

Cette version composée en 1866 était plus longue que celle jouée lors de la création, mais sans ballet, ce qui dérogeait aux conventions les plus élémentaires du genre. Verdi a donc dû l'ajouter, et laisser opérer huit coupures pour que l'oeuvre dure moins de trois heures et demie (la version complète telle qu'enregistrée par Matheson dure quatre heures et demie...) : il avait autorisé la coupure de la scène de déploration et d'émeute à l'acte IV, mais pas le reste, réalisé après son départ. C'est ce qu'on peut appeller la version de 1867.

Les versions discographiques (Matheson et Abbado) utilisent la version de 1866 augmentée du ballet (soit le maximum de musique possible). C'est l'idéal, mais il est à noter que cela ne correspond, historiquement, à aucun état réel de la partition - on pourrait l'appeler version '1866+7' ou '1866+b').
Quant à la version Pappano, qui ne pouvait durer aussi longtemps, car réellement jouée sur scène, soit l'annonce de la version originale est très mensongère, soit il a lui-même opéré les coupures de la création de 1867 de façon à obtenir l'oeuvre exacte telle que jouée.

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2. Et combien d'italiennes ?

La première version italienne est celle de Milan (1884), celle qu'on connaît en quatre actes, longtemps la seule au répertoire. Plusieurs parties sont recomposées par Verdi (j'y reviens plus loin).

La seconde est celle de Modène (1886), qui reprend les modifications de Milan tout en restituant les cinq actes. On n'a pas d'éléments attestant que Verdi y ait participé, et c'est celle qu'on joue habituellement comme version en cinq actes.

Il est à noter une tendance, depuis au moins la version enregistrée chez Naxos par Gabriel Hold-Garrido, d'inclure l'extraordinaire déploration sur le corps de Posa dans les version italiennes. Hold-Garrido le faisait dans une version archicomplète (introduction des bûcherons comprise) en cinq actes (version de Modène, donc les versions révisées des duos écrits en double), Currentzis l'a aussi fait à Paris en 2008 pour une version en quatre actes (ce qui est encore plus insolite, le seul intérêt de la version en quatre actes étant d'être plus courte).
La déploration n'apparaît que dans la version française en principe ; sa version italienne cherche à satisfaire un public avide d'intégrales, d'extraits originaux et d'authenticité. Même lorsqu'elle est inauthentique, un peu comme les contre-ténors qui remplacent les castrats : c'est une façon de faire penser à l'authenticité, mais qui est moins authentique que toute autre solution... Par ailleurs, la beauté extraordinaire de cette page contient le thème futur du Lacrymosa de la Messa da Requiem, ce qui ne peut que charmer les verdiens de tout type.

Cela dit, j'ai simplifié l'affaire, mais il y a en réalité tout un échelonnement de versions entre la création parisienne et la révision milanaise : Achille de Lauzières traduit tout pour Londres en italien (où c'est joué en 1867 avec quelques aménagements et coupures, puis à Bologne sans coupures) ; et après l'échec napolitain de 1871, entre autres modifications, Verdi recompose le duo entre Posa et et le roi, directement sur le texte d'Antonio Ghislanzoni (librettiste d'Aida), écrit pour l'occasion. Il est donc tout à fait probable que la version retenue par Hold-Garrido (pas celle de Currentzis) se soit fondée sur la version bolonaise (voire londonienne).
Les versions révisées réutilisent en réalité la traduction d'Achille de Lauzières, réaménagée par Angelo Zanardini.

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3. Différences factuelles

Si l'on prend la version de Milan pour base, la plus enregistrée, longtemps la plus jouée, et supervisée par Verdi.

A. La version de Modène comprend simplement l'acte I en supplément, et sans l'introduction des bûcherons (on débute tout de suite par le choeur de chasse). L'air de Carlos qui se trouvait dans le premier acte de Milan passe dans le premier acte de Modène, c'est-à-dire à sa place originale, après le choeur de chasseurs. Le récitatif qui l'annonce n'est évidemment pas le même : le méditatif Fontainebleau ! Foresta immensa e solitaria au lieu de l'explosif Io l'ho perduta (qui était le seul gain de la version en quatre actes).

B. La version originale de 1866 contient plusieurs nuances considérables.

1) Un acte supplémentaire, le premier, à Fontainebleau. Avec une introduction des bûcherons (coupée en 1867).

2) Le duo entre Carlos et Rodrigue, à l'acte II, est plus méditatif, il enchaîne vite sur du majeur alors que sa révision italienne le présente plus sombre et tourmenté, plus éclatant et 'vocal' aussi.

3) Le duo entre Rodrigue et Philippe II, toujours à l'acte II, est sensiblement changé. C'est une conversation, certes pleine de feu, mais bien de celles qu'on peut avoir dans un palais. Avec beaucoup de fluidité et de naturel musicaux, aussi. La version italienne a rendu harmoniquement beaucoup plus audacieuse cette section, et surtout beaucoup plus explosive : Posa dresse un tableau apocalyptique, un Bosch musical de la Flandre, avec une ligne vocale plus insolente, un ton plus agressif, une musique plus chromatique.

4) A l'acte III, Eboli échange en début d'acte son costume avec la reine, ce qui explique mieux la confusion. C'est ici que se loge le ballet ajouté en 1867. La version de Milan prévoit un Prélude assez wagnérien à cet acte III, où se retrouvent des motifs mélancoliques liés à l'idylle du premier acte.

5) A la fin de l'acte IV, lorsque Posa meurt, la musique méditative reprend exactement le thème de la défiance et de la politique de sang de Philippe II ; Carlos lui révèle la supercherie voulue par Posa pour le protéger, Philippe II déplore très humainement la mort de ce seul appui franc de son trône, sur le thème qui deviendra sept ans plus tard celui du Lacrymosa du Requiem. Dans la version italienne, ce passage est supprimé : on passe d'emblée à une scène violente où la révolte du fils éclate en une seule réplique.
La musique de l'insurrection populaire qui se produit immédiatement ensuite, quoique sur une musique assez joyeuse, est assez explicite : Philippe s'offre aux coups de la foule, qui hésite, et Eboli s'explique à Carlos. Dans la version italienne, la musique est infiniment plus menaçante (et tapageuse), mais chaque personnage n'ayant plus qu'une réplique, le sens est assez flou.

6) La fin de l'oeuvre s'éteint doucement au milieu du choeur des moines, d'une façon saisissante. Les derniers cris des deux amants se perdent au milieu d'un quasi-silence orchestral, sans spectaculaire. La version italienne au contraire, se déroule en quelques secondes, de façon tonitruante - ce qui permet à Montserrat Caballé sur scène de tenir son si4 final pendant toute la conclusion orchestrale, geste vocal spectaculaire mais absolument dénué de justification et surtout d'intérêt (sans parler du goût).

7) Evidemment, on pourrait relever d'autres détails, mais ce sont les variantes les plus flagrantes et substantielles qu'on a signalé. La traduction change certaines choses aussi, on y revient tout de suite.

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4. Nuances dans les climats

J'ai récemment causé avec Guillaume de la scène du serment d'amitié entre Carlos et Rodrigue (acte II). Je vais donc partir de cet élément pour expliciter d'une façon moins générale mon propos sur la version française.

Il faut bien avoir conscience que le contexte n'est pas le même. Chez du Locle & Méry, la scène se déroule dans une grande unité : on est au cloître, Carlos entend la voix de Charles Quint. "On dit que dans le cloître il apparaît encore", ce qui n'est pas tout à fait la même chose que "E voce che nel chiostro appare encor", il y a quelque chose qui s'apparente moins à la rumeur - une sorte de sage adage.
Paraît ensuite Rodrigue, qui soutient Carlos malgré son aveu, au nom de la pitié chrétienne (plus que de l'amitié).
Et le duo (d'ailleurs remarquablement réalisé dans la version Matheson, très doux) est plus un duo de ferveur, un serment qu'il faut bien imaginer fait dans un édifice religieux.

Tout ce premier tableau de l'acte II se teinte, dans la version française, de couleurs qui sont beaucoup plus recueillies, dont le climat est plus religieux que mystérieux, épique ou épouvantable comme dans la version italienne.

Et ce n'est pas qu'une question de technique de chant ou de tradition. La première confession de Carlos ("O mon sauveur, mon ami, mon frère") est sur un thème majeur, doucement repris ensuite avec Rodrigue en contrechant, alors que "Mio salvator, mio fratel, mio fedel" dans la version italienne (pourtant strictement le même texte) apparaît tout de suite tourmenté, en mineur, avec une ligne bien plus dramatique et éclatante, avec des aigus supplémentaires pour les deux personnages.

Par ailleurs, il est de tradition dans le Grand Opéra de convoquer la religion dans l'apparat général, au même titre (glorieux) que la romance-programme ou que la chanson à boire. Il s'agit d'invariants que librettistes et compositeurs réagencent à leur guise.

En Italie, la référence à la liberté est évidente : c'est le fonds de commerce de Verdi depuis longtemps, même si la revendication patriotique a, à l'époque de la création de la version italienne totalement révisée (celle de Milan, en 1884), depuis un certain temps été satisfaite.

Les Français vivaient, eux, dans un pays libre depuis la guerre de Cent Ans... ils avaient tout loisir de songer à Dieu.

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5. Un choix ?

A l'usage, mais c'est tout personnel, les farfadets de CSS considèrent la version française comme dotée d'un charme plus puissant, celui d'une jolie versification, d'un ton plus proche de la conversation, et de quelques suppléments très heureux (l'échange des masques pour la compréhension, le ballet très réussi, la déploration...). La version italienne est plus tourmentée et brillante, parfois un peu bruyante dans les tutti.

Mais en l'état de la discographie, si la version Matheson (à nouveau disponible pour pas cher chez Ponto) est excellente, il n'est pas inutile de profiter non plus d'une version qui ait une atmosphère un peu extraordinaire comme Giulini (ou dans une moindre mesure Muti, pour renouveler ses habitudes d'écoute).

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Commentaires

1. Le dimanche 21 mars 2010 à , par Guillaume

Merci David pour ce point trés clair, qui complète habilement l'ASO ;)

Je vois que tu m'as fait l'honneur d'une citation, mais plutôt que de rediriger vers mon blog un peu beaucoup mort en ce moment (par manque de temps hélas), tu aurais pu rediriger vers notre discussion sur Classik :)

(la dernière fois que tu as fait un lien sur mon blog, j'ai dû le reprendre pour finalement l'abandonner de nouveau)

Je ne sais pas d'ailleurs quand j'aurai le loisir de le reprendre, parce que ça m'intéresse toujours vivement.

Guillaume ;)

2. Le jeudi 16 juin 2011 à , par Jeeves

Article fort intéressant! Je me demandais justement, ayant récemment acquis la version Matheson, si la version italienne était indispensable. Il semblerait que non.

Était-il fréquent pour les compositeurs d'écrire différentes versions d'une même œuvre pour s'adapter au public local (comme Don Carlos ou Tannhäuser)? Cela ne facilite pas le travail de l'auditeur en tout cas!

3. Le vendredi 17 juin 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Jeeves,

Ce sont en fait deux plaisirs bien distincts, puisque Matheson donne l'oeuvre dans son intégrité stylistique, d'une certaine façon : sans coupure, et avec la primauté à un drame simple, à la déclamation.

Les versions italiennes, pas tant à cause des différences de la partition (ponctuelles, même si réelles, notamment le duo Posa-Carlos au II, le duo Posa-Philippe, le grand quatuor de l'outrage) que de la tradition d'interprétation, offrent une ivresse plus lyrique, plus vocale, plus flamboyante.
Il y a quelque de chose de différent, de plus extrême chez les italiens, là où Matheson est avant tout tourné vers l'honnêté - ce qui n'est pas du tout un défaut, au contraire !

Personnellement, je ressens des plaisirs assez différents en écoutant Matheson et Giulini, par exemple - sans pouvoir vraiment hiérarchiser.

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Fréquent est peut-être exagéré, mais oui, c'est l'usage. Pour s'adapter à son public, le compositeur d'opéra peut ajuster d'assez nombreuses façons son travail :
- pendant les répétitions, constatant l'économie musicale et dramatique de l'oeuvre sur scène ;
- après les premières répétitions, selon les réactions du public ;
- lorsqu'il faut s'adapter aux contraintes d'une ville où l'on réclame un genre spécifique (langue, ballet, récitatifs au lieu de dialogues...).

Le cahier des charges parisien (si l'on parle de l'Opéra de Paris, héritier de l'Académie Royale de Musique) était particulièrement précis, et effectivement il fallait s'adapter grandement.

A telle enseigne que La Favorite de Donizetti ou Don Carlos de Verdi, malgré une veine mélodique particulièrement développée, sonnent plus français qu'italiens !


J'espère avoir, malgré la brièveté de ma réponse, un peu éclairé la question.

Bonne fin de soirée.

4. Le vendredi 17 juin 2011 à , par nicolas

Merci pour ces précisions! J'essairai donc les versions de Giulini ou de Muti lorsque lorsque l'opéra me sera devenu familier.

Bonne journée à vous.

5. Le mardi 30 avril 2013 à , par Gilles

Je viens de découvrir la version hyper-complète du DVD capté à Vienne en 2004 qui non seulement regorge de trouvailles scéniques (c'est le moins que l'on puisse dire : le rêve délirant d'Eboli, l'autodafé dans l'enceinte du théâtre, la présence tout à fait crédible d'Eboli lors du monologue de Philippe et du duo Philippe-Inquisiteur) mais rend également tellement plus intelligibles et plus évidentes l'histoire et les relations entre les personnages. En plus de ce que vous citez déjà (notamment le duo entre le Roi et Posa, échange des costumes entre la Reine et Eboli...), on peut citer le monologue d'Elisabeth à l'acte I qui permet de comprendre qu'elle choisit de se marier avec Philippe pour mettre fin à la guerre, la scène de la confession d'Eboli à Elisabeth qui gagne en intensité (climat presque d'amitié féminine avant la confession ultime qui sera sanctionnée non pas par Elisabeth mais par le comte de Lerma)...
Le son n'est pas très bien capté, la langue française est plutôt malmenée et les voix sont inégales, mais l'intégralité de cette version vaut le déplacement. Elle est toujours à l'affiche au Staatsoper de Vienne.

6. Le mercredi 1 mai 2013 à , par David Le Marrec

Je n'ai jamais tenté, précisément parce que j'ai très (très) peur du style - et je ne parle même pas de la diction, sur laquelle je ne fonde aucun espoir.

De toute façon, Vienne, c'est en général pour le moins désinvolte de ce point de vue. On fait venir de grands noms, on les fourgue dans les mêmes décors qui tournent à l'infini, et puis on laisse faire...


Pour la version archi-intégrale, Matheson me convient fort bien. Ce pourrait même être la seule version de l'oeuvre que ce serait plus que suffisant.

Vous me le conseillez cependant ? Je peux essayer.

7. Le mercredi 1 mai 2013 à , par Gilles

Je ne saurais dire dans le détail les différences entre la version captée à Vienne et celle de Matheson. L'avantage de celle de Vienne, c'est qu'on peut la *voir* et qu'elle bénéficie, comme je disais, de trouvailles scéniques "intéressantes" (et qu'elle pâtit aussi de moments plus que faibles). Comme souvent (en ce qui me concerne, du moins), les mises en scènes "all'allemande" ont le mérite d'avoir des directions d'acteur poussées. Ici, c'est très net, avec des chanteurs dont on a caractérisé les personnages et qui jouent le jeu (ah ! ce grand binoclard de Skovus-Posa qui cherche ses lunettes à quatre pattes dans les jardins de la Reine ! ou encore une Nadja Michael-Eboli qui tient à récupérer sa nuisette coincée sous le pied du Grand Inquisiteur !).
Je suis un peu circonspect qu'on ait choisi cette distribution pour la captation et me demande comment a évolué cette version depuis qu'elle est reprise (cette année encore, me semble-t-il)...
A découvrir assurément. Ne serait-ce que parce qu'elle est unique :)

8. Le mercredi 1 mai 2013 à , par David Le Marrec

J'en ai regardé un morceau en ligne : c'est moche visuellement et inintelligible au niveau du français, mais ça a l'air très beau musicalement, et effectivement habité (à défaut d'autre chose) théâtralement. J'essaierai en entier. :)

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David Le Marrec

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