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Atmosphères - II - Jubilation cosmique


Dans la série déjà amorcée autour des atmosphères musicales, voici une petite liste d'oeuvres qui peuvent transmettre la sensation d'une exultation très positive, brillante et sans frein. Bien sûr, j'ai dû en laisser beaucoup, et il y a bien des cas limites (nul doute que certains seront plus hystérisés par un final d'un opéra Rossini que par ceux des Sonates de Koechlin...). Néanmoins, quelques titres dans la liste pourraient être de belles découvertes si vous ne les avez pas testés !

Je signale prudemment que cette sélection est purement affiliée à ma subjectivité, et sera donc considéré à bon droit lacunaire ou abusif pour tel ou tel titre. [Je m'attends par exemple à des réclamations sur l'absence du final de Neuvième de Beethoven, qui n'entre pas pour moi dans le cadre d'une exultation sans frein, vu ses fréquents "paliers".]
Pour plus de clarté, j'ai mis en gras les flacons qui me paraissent particulièrement puissants (sans qu'il y ait hiérarchie de valeur, au demeurant).

Liste susceptible de s'agrandir, évidemment.

... et les listes personnelles des lecteurs de CSS sont bien sûr chaleureusement accueillies.


=> Anonyme italien début XVIIe : Passacaglia della vita
=> Merula et autres italiens sur la même basse : passacailles
=> Jean Baptiste LULLY, Cadmus (chaconne)
=> Jean Baptiste LULLY, Amadis (chaconne)
=> Jean Baptiste LULLY, Armide (passacaille)
=> Marc-Antoine CHARPENTIER, Médée (final de l'acte I)
=> Marc-Antoine CHARPENTIER, Médée (Magnificat H.73)
=> Henry DESMAREST, Didon (chaconne)
=> Johann Sebastian BACH, Singet dem Herrn ein neues Lied BWV 225
=> Johann Sebastian BACH, Messe en si (nombreux moments contrapuntiques débridés)
=> Francesco Bartolomeo CONTI, Don Chisciotte nella Sierra Morena (final de l'acte I, variations d'ensemble sur la Follia)
=> André Modeste GRÉTRY, Céphale et Procris ("Parais, mortel amoureux")
=> Ludwig van BEETHOVEN, Fantaisie chorale (à partie de l'entrée du choeur)
=> Ludwig van BEETHOVEN, Symphonies 2,3,5,7 (finals)
=> Ludwig van BEETHOVEN, Quatuor n°8, Op.59 n°2 (final)
=> Ludwig van BEETHOVEN, Leonore / Fidelio (quasiment tous les endroits vifs, et en particulier le final)
=> Ludwig van BEETHOVEN, Missa Solemnis, Messe en ut (à peu près tout)
=> Carl Maria von WEBER, Ouvertures (Freischütz, Euryanthe, Oberon)
=> Carl Maria von WEBER, Oberon (quatuor "On board then")
=> Heinrich August MARSCHNER, Der Vampyr (les airs de Ruthven)
=> Robert SCHUMANN, Symphonies 2,4 (codas)
=> Robert SCHUMANN, In der Nacht tiré du "Spanisches Liederspiel" (une plénitude jubilatoire un peu plus mélancolique)
=> Robert SCHUMANN, Szenen aus Goethes Faust (Mitternacht : "Die Nacht scheint tief")
=> Richard WAGNER, Tristan und Isolde (tout le duo d'amour de l'acte II)
=> Richard WAGNER, Siegfried (strette du dernier duo)
=> Richard WAGNER, Götterdämmerung (final orchestral)
=> Anton BRUCKNER, Motets (les plus tendus, type Ave Maria)
=> Anton BRUCKNER, Symphonie 5 (final)
=> Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKY, Symphonie 2 (final)
=> Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKY, Symphonie 3 (mouvements vifs)
=> Giacomo PUCCINI, Turandot (entrée de Calaf)
=> Charles KOECHLIN, Quintette avec piano / Sonate pour violon (finals)
=> Gustav MAHLER, Symphonies 1,2,3,8 / Um Mitternacht (finals)
=> Richard STRAUSS, Zwei Gesänge (pour choeur) Op.34
=> Richard STRAUSS, Deutsche Motette Op.62
=> Richard STRAUSS, Elektra (tout Chrysothemis)
=> Richard STRAUSS, Die Frau ohne Schatten ("Schweig und wache", Erdenflug)
=> Richard STRAUSS, Ariadne auf Naxos (duo final)
=> Richard STRAUSS, Friedenstag (vingt dernières minutes)
=> Joseph MARX, Herbstsymphonie
=> Carl NIELSEN, Symphonie 4 (dernier mouvement)
=> Franz SCHREKER, Die Gezeichneten (Entrée de Tamare au I ; Bacchanale, reprise dans le Prélude)
=> Oskar FRIED, Die Verklärte Nacht
=> Siegmund von HAUSEGGER, Natursymphonie
=> Jacques IBERT, L'Aiglon (acte I : marche des soldats de bois)
=> Arthur HONEGGER, L'Aiglon (acte IV : Wagram imaginaire)
=> Igor STRAVINSKY, L'Oiseau de Feu (final)
=> Sergueï PROKOFIEV, Guerre & Paix (air de Kutuzov et final)


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Commentaires

1. Le jeudi 26 mai 2011 à , par Ouf1er

Je rajouterais (dans ma liste à moi) ;
Le Psaume 47 de Schmitt
La fin du Poeme de l"Extase de Scriabine
Une bonne partie du 3me acte des Maitres Chanteurs
Le final du Lobgesang (Symphonie 2) de Mendelssohn

.... (à suivre, sûrement...)

2. Le jeudi 26 mai 2011 à , par Ouf1er

....

évidemment le dernier mouvement de la Turangalila-Symphonie de Messiaen

...

3. Le jeudi 26 mai 2011 à , par Jérémie

Wagner, Parsifal, Verwandlungsmusik (Acte 1) et peut-être la scène du Graal entière ?

4. Le vendredi 27 mai 2011 à , par Guillaume

Je rajouterais, pour rester dans l'esprit :

Giacomo MEYERBEER - acte III de Robert le Diable (une jubilation certes glottophilique)

Hector BERLIOZ - la Damnation de Faust, le Pandaemonium par exemple (mais il n'y a que chez Markevitch qu'on sent la jubilation infernale)

Richard STRAUSS - Frosch, toute la fin à partir du "Ich will nicht" libérateur

Camille SAINT-SAËNS - scène du synode dans Henry VIII, toute la fin, même si c'est une jubilation à la gloire du monarque (dans le genre de ce qu'on trouve à la scène du Couronnement dans Boris)

Il y a également des passages assez exaltants dans la musique symphonique romantique : je pense à Brahms (4è symphonie, Variations), Schumann (mais il est cité dans ta liste).

5. Le vendredi 27 mai 2011 à , par Olivier :: site

C'est vrai qu'on trouve un peu ce type d'atmosphère chez Messiaen. J'en trouve aussi chez Rachmaninov (3ème concerto pour piano) et chez Sibelius (7ème symphonie).
En ce qui concerne Wagner, en plus de la fin du Crépuscule des Dieux, j'aurais cité la fin de la Walkyrie. Par contre, il faut vraiment que je me remette dans Tristan car je n'ai pas ressenti cette impression dans l'acte II. Dans Parsifal aussi, on peut trouver cette atmosphère, non ?

6. Le samedi 28 mai 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonjour, et merci à tous !

Je n'ai pas vraiment remarqué d'omissions de mon côté, par rapport à vos listes : soit (dans quelques rares cas) que je n'aime pas vraiment les oeuvres (Turangalîla, sommet du kitsch), soit qu'elles me fassent peu d'effet (la fin du Poème de l'Extase, la Deuxième Symphonie de Mendelssoh, l'une de ses très rares oeuvres à m'ennuyer).

@ Olivier : Je n'entends pas vraiment cette "jubilation cosmique" dans la fin de Walküre. Ce sont des sentiments plus divers et profonds, je n'ai pas l'impression, comme à la fin de Friedenstag ou des symphonies de Mahler, d'exulter de façon univoque et triomphale pendant un quart d'heure.
Et puis il y a beaucoup de mélancolie là-dedans. En ce sens, je n'aurais même pas dû citer la fin du Crépuscule...

Je crois que pour Parsifal, même si c'est à moindre degré, on peut s'en remettre aux choix de Jérémie. J'y ajoute aussi le moment où le Graal apparaît et où l'on a un aplat d'ut majeur avec trompettes et carillon pendant assez longtemps.

@ Guillaume : Tes exemples, je les sens comme une jubilation bien plus terrestre. En particulier le final du Sinode, à la limite du plan-plan.
Pourquoi pas Des chevaliers de la patrie, effectivement, mais c'est une exaltation qui repose sur la voix, pas vraiment une poussée musicale, pour moi. Et Dieu m'est témoin de mon goût immodéré pour cet act III.
Pour le Pandaemonium, c'est plus le caractère négatif, avec une joie plus sauvage que "cosmique", qui me pose problème pour l'inclure. Je sens bien plus cette joie "pure" avec la première musique de transition après l'arrivée de Méphisto, au moment de l'entrée dans la taverne.

Pour Brahms, effectivement, la fin du premier mouvement de la Quatrième Symphonie, pourquoi pas, mais les finals de la Première et la Deuxième vont au moins aussi loin. Ca ne me semble toutefois pas une jubilation sans ombre, tu la ressens comme telle ?
Alors que la fin de Verklärte Nacht de Fried, de Friendestag ou de Fidelio, c'est du délire assez... inconditionnel.


Bonne journée à vous !

7. Le samedi 28 mai 2011 à , par Ouf1er

Pour ma part, je serais même assez tenté de croire que Strauss, pour le final de Friedenstag, s'est amusé à faire une sorte de parodie de Fidelio.... On y trouve exactement le même esprit jubilatoire en effet....

Mais du coup, comment peut-on dire que le final de Friedenstag est moins (ou plus ?) kitsch que le final de la Turangalila ? ;-))

8. Le samedi 28 mai 2011 à , par Arnaud Bellemontagne

Wagner :ouverture du vaisseau fantome
Wagner :Liebestod de Tristan
Wagner : :prologue du Crepuscule des Dieux (motif de brunnhilde surgonflé lorsque siegfried quitte la colline)
Wagner :L’Or du Rhin (premier tableau : jubilation de l’or par les filles du rhin « rheingold !!! »)
Wagner :Siegfried acte 3 (siegfried traverse le cercle de feu)
Wagner :Fin de Parsifal
Schoenberg:Fin des gurrelieder
Florentz :Les jardins d’amenta et l’enfant des iles
Stravinski :Le sacre du printemps (jeu des cites rivales)
Stravinski :Petrouchka (fete populaire de la semaine grasse)
Bartok :concerto pour piano n°2 (3ème mouvement)
Prokofiev concerto pour piano n°3 (2ème mouvement)
Ravel :concerto en sol (3 éme mouvement)
Beethoven :5ème symphonie (debut du 4ème mouvement)
Bruckner :9ème symphonie (debut de l’adagio)
Debussy :Les collines d’Anacapri
Schoenberg :Moise et Aron (la danse du veau d’or et l’orgie erotique)
Boulez :4eme plage de Repons
Ravel :Daphnis et Chloé (lever du jour)

Et j'en oublie...

9. Le samedi 28 mai 2011 à , par DavidLeMarrec

Ce n'est pas exclu en effet, en tout cas ça m'a frappé dès la première écoute. Mais ça ressemble aussi à un final mahlerien opératique... avec quelques décennies de retard également.

Le final de Friedenstag est très emphatique, mais ça manque de couleurs bariolées pour mériter tout à fait l'épithète 'kitsch'. Je n'emploie le mot qu'avec précaution, c'est un peu comme 'snob' : une disqualification qui décrit plus celui qui parle que l'objet concerné...
Dans le cas de la Turangalîla, ça décrit cependant assez bien mon sentiment, je suis gêné par le trop-plein de couleurs, l'éclat un peu trop démonstratif, le lyrisme "facile" au sein d'une musique pourtant d'une complexité extrême, etc. Je ne le vois pas comme un reproche en soi, simplement, ce ressenti explique ma relative tiéder pour l'oeuvre (que je ne déteste pas non plus, loin s'en faut).

10. Le samedi 28 mai 2011 à , par DavidLeMarrec

Croisement de messages sur un commentaire de notule, c'est peu courant. |:-o

Bonsoir Arnaud !

Je m'attendais à Moses, mais tout de même, pour la joie sans mélange, j'ai du mal à la trouver. Par ailleurs il y a quelque chose, dans ces musiques, de plus schématique et de moins troublant que l'orgie érotique, non ? Ce sont des musiques qui ne doutent pas, en tout cas.

Bien vu pour le thème rédempteur du Vaisseau, et surtout pour Florentz (on pourrait trouver des exemples chez Pécou aussi). Ca n'est pas tout à fait une musique "sans mélange", mais il y a bel et bien une forme d'extase radieuse.

A l'opposé, l'adagio de la Neuvième de Bruckner me paraît trop introspectif (je le classerais plutôt dans une catégorie "méditation profonde") et le mouvement final du Concerto en sol trop prosaïque.

C'est intéressant, parce que vu ton profil, je vois très bien que le curseur de ce qui est pour moi "sans mélange" se déplace chez, avec probablement des ressentis similaires, sur des oeuvres aux trames plus complexes qui susciteraiennt chez moi des émotions bien différentes, plus contrastées sans doute.

Merci pour ta contribution !

11. Le samedi 28 mai 2011 à , par antoine

Je ne sais pas très bien ce qu'est une jubilition cosmique mais par contre je sais très bien ce qui peut m'envoyer au huitième ciel voire au neuvième si toutes les conditions à ce moment sont réunies. Par contre, il y en a tellement que je ne peux faire que du vrac non exhaustif. Le scherzo de la symphonie de Rott, des adagios de Bruckner (2ème pour son complexité rythmique, 6ème, 8ème) ou les premières mesures des autres (7ème, 8ème, 9ème) et d'une façon générale les tricotages cor-cordes, des moments forts des symphonies et concertos de Brahms, de Tchaikowsky, les duos d'amour de Puccini, Verdi, Meyerbeer (les Huguenots), la scène de la folie de Lucia, la première et l'avant dernière scène de don juan, etc...(je pourrais tenir plusieurs jours)!

12. Le samedi 28 mai 2011 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Antoine !

(je pourrais tenir plusieurs jours)!

C'est précisément pour sérier les problèmes que je suggérais de les classifier... on se heurte bien sûr au fait que les mots ne recouvrent pas avec exactitude la musique, qui elle-même peut susciter des émotions ou des images divergentes selon les individus.

L'exercice est intéressant pour cela aussi !

13. Le samedi 28 mai 2011 à , par antoine

Bonsoir David,

Pour éviter d'ergoter sur la sémantique (votre expression jubilation cosmique pouvant faire penser à la pure spirtualité, encore que Bruckner balaie le tout) , vous auriez pu utiliser l'expression "prendre son pied" même si la reflexologie n'est plus en odeur de sainteté.

14. Le samedi 28 mai 2011 à , par DavidLeMarrec

Le titre n'est là que pour schématiser : j'ai essayé, dans le corps du billet et dans les premiers commentaires, de préciser la "couleur émotionnelle" que j'avais tâché d'explorer avec cette liste. Ca reste tout aussi subjectif, mais ça permet d'écarter les deux hypothèses que vous soulevez.

Bonne (fin de) soirée !

15. Le mercredi 5 décembre 2012 à , par Cololi

Jubilation cosmique sans Messiaen ? C'est quoi cette blague :O ?

Messiaen : Turangalila Symphonie => Final
Messiaen : La Nativité du Seigneur => Dieu parmis nous
Haendel : Le Messie => Why do the nation ...
Sibelius : Symphonie n°2 => Final
Sibelius : Symphonie n°5 => Final
Chostakovitch => Symphonie n°5 => Final
Prokofiev => Symphonie n°5 => Final
Bach : Passion selon Saint Mathieu => Choeur d'entrée, et choeur final
Bach : Passion selon Saint Jean => Choeur d'entrée, et choeur final
Bruckner : Quintette à cordes => Adagio
Berg : Wozzeck => Interlude en ré
de Grigny : Livre d'orgue - Messe => Offertoire
Bartok : Quatuor n°4 => Alegretto pizzicato
Messiaen : Livre du saint sacrement => Ressurection du Christ
Chostakovitch : Quatuor n°8 => 2° mouvement

16. Le mercredi 5 décembre 2012 à , par Cololi

Mon Dieu ... il n'y a pas non plus Mozart lol

Mozart : Don Giovanni => final
Couperin : Leçons de Ténèbres
Debussy : Quatuor à cordes => 3° mouvement
Debussy : Le Martyre de Saint Sebastien => Prologue
Debussy : Pelléas et Mélisande => Le duo de la fontaine, ou la mort de Mélisande
Janacek : Jenufa => Final
Haydn : Les 7 dernières paroles du Christ en croix => Final

17. Le mercredi 5 décembre 2012 à , par David Le Marrec

Si tu jubiles à la mort de Mélisande, tu es quand même un sacré pervers. (/ opine gravement du chef)

Amusant, vraiment je ne ressens rien qui concorde dans ta liste. Si, je t'accorde Messiaen, c'est simplement que je n'aime pas le Messiaen bruyant, en particulier dans la Turangalîla, qui ne m'amène pas sur des cîmes bien hautes - quitte à faire kitsch, je choisis Parade de Satie. Pourquoi pas Sibelius, mais ça me paraît un peu de deçà de l'univers - dans ce cas les symphonies de Schumann exploreraient carrément le multivers...

Tu cites de magnifiques musiques (Couperin, Haendel, Debussy, Bruckner...), qui procurent beaucoup de satisfactions... mais vraiment pas dans le domaine de l'exultation pure, de l'expression de la joie bruyante. Comment la déclamation ample des Lamentations de Jérémie pourraient être assimilées à de la jubilation ? Même de l'extase suspendue, ça n'irait pas, alors de l'entrain hurlant, je ne vois pas.

Pis, dans les Quatuors de Bartók, j'entends les échos d'une joie transformée par la musique en violence farouche, chez Chosta (tu me dirais les quatre premiers quatuors, malgré leur entrain difforme, passe encore...) seulement du désespoir... pour ne pas parler de Wozzeck, qui exprime le fond de la déréliction, je ne vois pas plus désespéré !

D'ailleurs, dans Jenůfa, outre que la musique n'a pas forcément l'envergure pour être d'ordre cosmique, je trouve la fin, eu égard au livret, d'une joie très "sociale", où se sent encore le désespoir intime (et probablement persistant) des personnages.

18. Le jeudi 6 décembre 2012 à , par Cololi

Evidemment je suis pas d'accord ^^.

Je trouve que Jenufa colle tout à fait aux exemples de jubilation chez Wagner qui tu as cité (soit c'est un peu terrestre, mais un peu comme les Wagner cités).
Dans Wozzeck ce final je le trovue jubilatoire et cosmique, pas seulement totalement désespéré. Chosta et Bartok, pareil : que tu me dises qu'il y a de la noirceur, c'est vrai, mais c'est aussi jubilatoire (moins cosmique c'est vrai).

Et non je trouve que les extraits lents (Couperin, Debussy, Bruckner) que je propose, sont vraiment jubilatoires et cosmiques. C'est vrai ça ne fait pas de bruit, mais ça n'empêche pas la jubilation. Quand au céleste ça me parait plus decelable encore :)

Le Messiaen que tu n'aimes pas ? Dommage, car même si ce final de la Turangalila est bruyant, ça n'en demeure pas moins jouissif et cosmique. Et "kitsch" ça se rapporte à la mode ... hors rien de plus temporaire que la mode (et donc rien de moins intéressant). Dieu parmis nous et la Ressurection du Christ c'est bruyant aussi ... mais c'est vraiment génial et venant des hautes sphères.

Pour Mélisande je me suis mal exprimé, je voulais parler de la musique à partir des dernières paroles d'Arkel. Mais dans ce cas là jubilation n'est de toute façon pas vraiment le terme qui convient c'est vrai.

19. Le samedi 8 décembre 2012 à , par David Le Marrec

Ne serait-ce qu'à cause du livret, la jubilation (à supposer que c'en soit une) de Jenůfa est limité, ce qui s'oppose irrévocablement à sa cosmicité. :) Je ne vois pas tellement de jubilation cosmique chez Wagner non plus, il y a toujours quelque chose d'un peu "sale" qui en écarte - le II de Tristan tient vraiment du hapax (et pourquoi pas le final de Parsifal, mais là encore on est plus dans l'extase immobile que dans l'exultation vociférante, donc pas exactement mon sujet). La mort de Mélisande (même si l'acte V est pour moi musicalement très en deçà de tout ce qui précède) ressortit plutôt à cette catégorie extatique, on est d'accord.

C'est une question de définition initiale, mais mon but était précisément de citer des oeuvres en tout point opposées à la noirceur ou à quelque contingence que ce soit - ce qui ne signifie pas qu'on ne puisse pas jubiler, en tant qu'auditeur, en écouter les quatuors de Chostakovitch, tu peux même me compter parmi ceux-là. :)

Tu as raison, "kitsch" a trop de sens différents pour être clair, et porte trop de colorations morales pour être valide. Disons alors ces bigarrures en fluo. Je ne porte pas de jugement négatif sur la Turangalîla, c'est remarquablement fait, mais ne me passionne pas énormément : quitte à écouter du Messiaen, je trouve ça trop consonant, trop naïf (par rapport à sa complexité, la simplicité du rendu me gêne, ce n'est pas du tout une position théorique, on reste purement de l'ordre du ressenti). Et pourtant je n'ai rien contre le Messiaen orchestral (L'Ascension, pourtant sans doute moins complexe sur la partition, me séduit bien plus) ni le Messiaen accessible (le Banquet Céleste, l'Apparition de l'Eglise Eternelle, le Quatuor pour la Fin du Temps...), mais Turangalîla, non, je n'adhère pas. Sans détester le moins du monde, cela dit.


Merci pour tous ces apports à la cause commune de la Musique des Sphères !

20. Le samedi 8 décembre 2012 à , par Olivier

Bonsoir,

Quelle liste! des écoutes en perspectives.
Juste 1 question.
Toutes ces musiques sont fort différentes (époques et compositeurs), mais elles possèdent donc le point commun:une atmosphère "jubilation cosmique". Mais, possèdent-elles un autre point commun qui fait qu'elles soient cosmiquement jubilatoires? dans l'écriture musicale? dans la tonalité?

Bonne fin de soirée

21. Le samedi 8 décembre 2012 à , par David Le Marrec

Bonsoir Olivier !

Comme la liste de Cololi et notre petit dialogue subséquent en témoignent, le terme est sujet à interprétation et à subjectivité.

Si je réponds en mon nom propre pour ma propre constitution de liste, oui, il y a des traits communs.

Dans les musiques baroques, la répétition variée et le sens de la danse jouent leur rôle : énormément de passacailles et chaconnes. Toutes celles citées en sont, en fait, sauf le final de l'acte I de Médée (mais il s'agit d'une marche répétée, donc avec sensiblement les mêmes caractéristiques) et les extraits de Bach où il s'agit plutôt d'une ivresse du contrepoint.

En règle générale, cette jubilation réclame de grandes masses et des parties sombreuses (qui donnent cette sensation de vertige, lorsque les mélodies s'enchevêtrent), et s'appuie sur des accords consonants (avec souvent beaucoup de retards harmoniques pour maintenir la tension). On retrouve d'ailleurs certains types d'enchaînements (la cadence plagale, par exemple, peut donner une impression d'ouverture).

Et pour finir, on est généralement à des volumes sonores importants (d'où ma discrépance avec Cololi).

Bien évidemment, lorsqu'on a dit cela, on (je) serait plus en peine de dire pourquoi telle ou telle oeuvre n'en est pas alors qu'elle respecte le cahier des charges - il y a bien sûr un grand nombre de paramètres fins qui tiennent quasiment de l'ineffable, sans même parler du goût personnel.

22. Le dimanche 9 décembre 2012 à , par Olivier

Rebonsoir,

C'est bien ça: danse et ivresse.
Peut-être chez Zarathoustra?

23. Le dimanche 9 décembre 2012 à , par Elemer

Bonjour David

ah chouette ! une liste... avec une bonne dose de noms infréquentés et d'oeuvres ignorées pour agrémenter les soirées d'hiver... Avant de plonger dans l'inconnu pour trouver du nouveau, cependant, une interrogation : peut-on réunir dans le même panier l'extase de Tristan et la jubilation de Fidelio ? C'est peut-être le "cosmos" qui fait la jointure ? Car, dans la pure jubilation jubilatoire, je mettrais bien le finale de l'acte 2 des Noces ou de la 8ème de Dvorak... Sinon rien de Haendel, pas même l'Amen du Messie ? ou le Praise the lord de Solomon ? ou le Dixit Dominus ? ou le Magnificat de Monteverdi ?

24. Le dimanche 9 décembre 2012 à , par David Le Marrec

Bonjour tous deux !

Bien sûr, comme il s'agit de ma liste personnelle, qui fait la liste de mes oeuvres, je n'ai pas cherché à être exhaustif dans ce registre. Zarathustra est trop terrien pour moi, par exemple.

Je suis d'ailleurs d'accord, Elemer, les expansions de Fidelio et Tristan obéissent à des logiques (pas seulement musicales, émotionnelles aussi) très différentes, avec d'un côté des accords parfaits trépidants, de l'autre une série de tuilages qui maintiennent la tension depuis le prélude de l'acte II jusqu'à l'arrivée de Marke. Dans les deux cas, il y a effectivement une impression d'infini, d'une musique qui s'ouvre sans cesse et ne rencontre jamais de borne, l'illusion que cela pourrait ne jamais s'arrêter.

Pour les autres exemples, oui, Worthy the lamb ou l'Amen, j'aurais pu (j'aurais dû ?) les mettre. Sans doute certains choeurs d'Israel in Egypt aussi. Moins pour le Dixit Dominus.

Quant à Monteverdi, pourquoi pas, mais l'effet dépaysement est trop fort pour que je le ressente ainsi.

Il n'y avait pas assez d'évidence des sentiments positifs de mon point de vue, mais on pourrait aussi suggérer l'Acte Préalable (surtout les parties de Nemtine) et la Musique des Sphères de Langgaard, voire certains Ligeti nuageux... Tout dépend comment on les ressent.

25. Le vendredi 14 décembre 2012 à , par Bastien

J'y aurais vu Callirhoé de Destouches pour ma part... Un grand moment aussi !

26. Le vendredi 14 décembre 2012 à , par David Le Marrec

Bonsoir Bastien,

Incontestablement de la jubilation. Ensuite, est-ce vraiment de l'ordre de l'expansion infinie ? Le baroque n'y touche pas souvent, il y a la plupart du temps une écriture qui me paraît plus contingente (sauf dans les cas de contrepoint débridé). Dans le baroque français, le final du Cantate Domino de Bernier ou le Te Deum de Blamont m'en semblent plus proches.

Mais Callirhoé mérite toujours d'être citée, assurément !

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