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Articles librement consultables - I - Victor Maurel vous parle

Victor Maurel est connu comme le créateur de Iago (Otello de Verdi, 1887), Tonio (I Pagliacci de Leoncavallo, 1892) et surtout Falstaff (Falstaff de Verdi, 1893). Il chantait également Wagner (baryton).

Mais il était également renommé pour ses talents de pédagogue. Dans cet article du premier numéro de Musica (1902), il proposait une unification des pratiques de chant selon une perspective scientifique. Un discours qu'on ne peut plus guère entendre aujourd'hui, où la diversité des techniques est indispensable à l'exécution des différents styles, des différentes langues.
Surtout alors qu'on désire interpréter chaque répertoire suivant des velléités d'authenticité.

Les discours unificateurs façon "technique italienne universelle", qui font de Roberto Alagna un hurleur, de Yann Beuron un sous-chanteur, de Charles Workman une anomalie parce que n'utilisant pas les résonances favorites de cette école, font désormais bien sourire.




Ce qui frappe et la générosité du format de l'article. Mais la décadence n'est pas certaine ! A bien y regarder :

  • la revue est farcie de pages entières de publicité, et pas seulement des encadrés qui diminuent la page utile ;
  • le propos tenu par Victor Maurel demeure adressé à un vaste public, très vague ;
  • et surtout, on ne se situe absolument pas dans la pédagogie ou dans la démonstration, mais uniquement dans une prise de position plutôt idéologique, qui au fond n'est pas plus instructive qu'un éditorial.

Bref, la revue d'hier ressemble beaucoup, n'était le format de la page, le ton de la réclame et le soin apporté au style écrit, à la revue d'aujourd'hui.

On peut lire l'article ici.

Merci à l'INHA (Institut National de l'Histoire de l'Art) pour la mise à disposition de ces trésors.


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Commentaires

1. Le lundi 29 janvier 2007 à , par Friedmund

Bonsoir David,

Je m'invite en passant (avec un peu de timidité) à tes carnets: le sujet est trop tentant!

Ne crois tu pas que le discours d'unification est d'autant plus proscrit aujourd'hui que justement cette unification semble déjà fort avancée? La mainmise de plus en plus serrée des chanteurs américains me semble donner lieu à l'apparition d'un style et d'une technique unique qu'un Hampson propage de Mozart à Verdi, une Fleming de Strauss à Bellini, un Shicoff de Tchaïkowski à Halévy, ou encore une Anderson de Donizetti à Strauss... Plus que dans le chant, c'est dans l'élocution que je trouve le phénomène frappant. Les vieilles cires françaises, allemandes, italiennes ou russes démontrent une élocution des chanteurs qui semble perdue, même pour ceux qui chantent dans leur langue natale. Les techniques d'époque, et d'école nationale, n'étaient-elles pas avant tout façonnées pour faire ressortir une langue autant qu'un type de musique?

Les spécialistes atteignant toujours de plus hauts sommets que les généralistes (mais en moins grand nombre), je crois que la manie actuelle de tout chanteur de chanter en trois ou quatre langues revient nécessairement à cette unification. Et la montée en puissance des écoles asiatiques ne va rien arranger à l'affaire...

2. Le mardi 30 janvier 2007 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Friedmund,

Pas mal, le timide, on y croirait presque ! Friedmund ou le nécrophage timide, dramma buffo en un acte. Mais l'entrée est réussie, c'est vrai.


Je ne vois pas de lien direct entre le discours d'unification et l'unification elle-même. Aujourd'hui, on ne peut plus tenir ce genre de discours, tout simplement parce qu'on sait que l'apprentissage du chant est multiple, et que la concurrence entre écoles à disparu.

L'unification n'est pas si évidente. C'est plutôt que les critères habituels sont mélangés. Aujourd'hui, il existe plutôt une différence d'apprentissage entre les répertoires qu'entre les nationalités ou même les langues.

Il faut aussi distinguer les chanteurs qui chantent tout de la même façon (ce qui n'est pas exactement le cas de Hampson) et les différents chanteurs spécialisés qui existent sur le marché. L'unification n'est pas certaine du tout. Elle se pratique d'une façon différente : au lieu de chanter tout le répertoire d'une même langue de la même façon, de Platée à Werther, on chante plutôt tous les répertoires d'une même époque de la même façon.
Ca a ses vertus et ses vices, mais la chance est qu'il demeure des niches servies par des spécialistes. Alain Vernhes, Stéphane Degout, François Le Roux, Yann Beuron peuvent incarner une certaine tradition française. La filiation Bastin-Vernhes est particulièrement évidente.

Il ne faut évidemment pas prendre les représentations du Met comme étalon de l'état actuel du chant, sinon ce serait désespérant côté mélange un peu informe.

Le problème est en effet essentiellement linguistique, d'autant plus que la théorie pousse les théâtres à ne pas surtitrer dans leur langue. Lorsqu'on pense que l'opéra est né pour augmenter l'impact d'un texte... Ce peut être une explication (et sans doute la première cause) de certaines techniques bancales, de certaines dictions pâteuses : au lieu de s'exprimer dans sa langue devant un public qui parle sa langue (on s'était moqué de l'accent écossais de Mary Garden, alors que, comme on peut en juger ici, son français était pour le moins parfait....), on doit s'exprimer dans plusieurs langues étrangères, souvent devant des publics qui ne la comprennent pas.
Par conséquent, entre la multiplicité de techniques d'émission à réapprendre à chaque nouvelle langue (les voyelles sont toujours différentes) et le relâchement devant un public non locuteur, beaucoup d'énergie est "perdue".

Cela dit, le fait de chanter en plusieurs langues permet aussi une variété extraordinaire de répertoires. Même si on devrait interdire A kékszakállú herceg vára par des non hungarophones, la bouillie abstraite qui en résulte est souvent regrettable.


C'est une question importante, mais en l'état de la distribution, il n'est guère possible que de réaliser des constats, et d'attendre de professeurs, d'interprètes le courage de se spécialiser.

Le cas de Jérôme Corréas est un exemple d'aboutissement linguistique et stylistique qui privilégie la langue natale - même s'il chante également en italien et en anglais. Avec un choix de technique qui ne lui permet pas de chanter à la fois Rigoletto, le Hollandais et Wotan, et délibérément.
C'est un peu le problème de vouloir créer des polyvalents, le son est forcément un peu "global".

Récemment entendu Sally Matthews en Fiordiligi : parfaitement solide, mais blanc et tubé, très standardisé. Une voix qui peut tenir Elsa, Sieglinde, Leonora de la Force du Destin, la Comtesse des Noces ou Marguerite de Gounod.
On peut le constater ici, avec la formidable Dorabella de Maite Beaumont : http://cultura.nps.nl/page/programmadetail/160473.

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David Le Marrec

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