Les anciens épisodes du podcast Ukraine ont été repris en en
retravaillant
le son – afin qu'il soit plus audible dans les transports et
mieux
égalisé. Vous pouvez regrouver les retranscriptions de la série sous
forme de notules dans la suite du chapitre
Musique ukrainienne (en haut de la colonne de
droite du site).
Vous pouvez retrouver tous les épisodes de la baladodiffusion par ici :
Le flux RSS (lien à copier dans votre application de podcast)
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ou sur :
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Musique ukrainienne – 23 – Anton Rubinstein et la Transnistrie
Après les fondateurs de la
Triade
d'Or,
j'ai d'abord parlé des deux têtes de pont de la musique nationale :
Hulak-Artemovsky et Lysenko. Mais entre les deux, j'ai laissé de côté
un
invité-surprise l'un des
plus célèbres compositeurs ukrainiens… Enfin, ukrainien… nous allons
pouvoir discuter à cette occasion de tout le merveilleux nuancier de l'
appropriation culturelle.
Car, parmi ces compositeurs ukrainiens insouponnés, nous avons…
Anton
Rubinstein, né en 1829 à
Vykhvatyntsi (actuelle Ofatinți). C'est une
véritable surprise : car Anton Rubinstein est considéré comme un
compositeur russe
de plein exercice. Plus encore, ayant étudié en Allemagne, reçu les
encouragements de Meyerbeer et Mendelssohn, triomphé comme pianiste en
Europe, dirigé Saint-Saëns qui était au piano pour la création de
l'écrasant Concerto n°2 (de Saint-Saëns), composé 20 opéras (créés à
Düsseldorf, Weimar, Brême, Hambourg, Berlin, Dresde, Vienne, Prague,
Riga et bien sûr Saint-Pétersbourg et Moscou), c'est lui qui crée, en
1862, la source du rayonnement national et international de la musique
russe, le Conservatoire de Saint-Pétersbourg, point de départ d'une
longue histoire d'admiration universelle pour « l'école russe ».
Né dans l'Empire russe, fondateur de l'école russe, il n'y a aucune
raison de considérer Rubinstein comme autre chose qu'un compositeur
russe… et pourtant.
C'est que notre garçon est né en 1829 à Vykhvatyntsi (actuelle
Ofatinți), en
Moldavie
actuelle, alors partie de l'Empire russe, mais
pas n'importe laquelle… Nous sommes entre Lviv et Odessa, dans
l'ancienne
Podilie orientale…
Cette région est intégrée à l'Empire
russe en 1796, au moment de l'annexion des franges de l'Empire par
Catherine II (et notamment, nous en avons parlé, les États-tampon
cosaques). En l'occurrence, c'est une cession de l'Empire ottoman,
d'une région peuplée de Tatars nomades, mais aussi de Roumains,
d'Ukrainiens, de Polonais et de Russes. Dont, d'ailleurs, des cosaques
moldaves. Au moment où Anton Rubinstein naît, c'est la
Province de
Podolsk (Подо́льская губе́рния), qui correspond à des parties de
l'actuel oblast de Podolie (au Sud-Ouest de l'Ukraine actuelle) et de
la Transnistrie.
Province de l'Empire
russe en tout cas, dans le
gouvernorat de Kiev.
Mais lorsque, en 1917 puis 1918, à l'exemple de la Russie, sont
proclamées la
République populaire
ukrainienne (capitale Kyiv) et la
République populaire
d'Ukraine occidentale (aussi appelée
République de Galicie,
capitale Lviv), cette zone est bien propriété de l'État ukrainien. Cela
ne dure pas très longtemps, il est vrai, puisque, en 1921, l'Ukraine
devient une
République socialiste
soviétique,
mais la région de Vykhvatyntsi
(je l'exprime ainsi pour
simplifier, ce n'est
pas le nom officiel de la région !), la ville natale de
Rubinstein, obtient dès 1924 son autonomie (en
tant que zone de langue roumaine) et, à partir de 1940, tandis que des
territoires roumains sont annexés à l'Ukraine, la
République
socialiste soviétique de Moldavie
prend son indépendance avec cette bande de terre. Depuis 1991, c'est
une part de la Moldavie, mais une part qui, dès avant son indépendance
(en 1990) avait fait sécession. Conflit régulièrement ravivé en
sous-main par la Russie, mais à l'origine, Gorbatchev avait déclaré
cette indépendance nulle et non avenue.
Beaucoup de détails pour donner des jalons, mais ce qu'il faut retenir
: Rubinstein était
de langue russe,
né dans l'Empire russe. Il a exercé
dans les
grandes villes d'Europe
(Allemagne surtout) et en Russie
(Saint-Pétersbourg en particulier). Son frère cadet, Nikolaï, est
d'ailleurs né à Moscou. Dans son esprit, dans celui de tous à l'époque,
c'était un compositeur russe.
La zone n'appartient pas non plus à l'Ukraine actuelle. Cependant, et
c'est là où la question intéresse, elle a appartenu depuis 1796 aux
régions administratives de l'Ukraine sous Empire russe, et même à
l'Ukraine en propre de 1917 à 1940.
Lorsqu'on étudie un patrimoine culturel, faut-il considérer
l'appartenance de la zone
au moment
où y ont vécu les acteurs ?
Ou les frontières actuelles ? Ou encore intégrer toutes les zones
qui ont fait partie du territoire ?
Dans le cadre de la série qui est la mienne, le but est de fournir un
paysage
aussi large que possible :
il faut bien sûr être conscient de
l'appartenance historique des acteurs – à aucun moment Rubinstein, juif
russe ayant exercé en Allemagne, ne s'est perçu ou n'a été perçu comme
ukrainien –, mais il n'y a pas lieu de s'interdire d'explorer
l'histoire longue des territoires, et de considérer que d'une certaine
manière, Rubinstein, sans rien avoir avec l'identité culturelle
ukrainienne, entre dans la sphère de la musique ukrainienne au sens
large. Je franchis donc sans honte ce pas
d'appropriation culturelle
– il y en a bien qui récupèrent les réfrigérateurs sur leur territoire
d'il y a un siècle, je peux bien leur faucher un compositeur mort il y
a encore plus longtemps.
En réalité, la conclusion à en tirer est qu'il n'existe
pas d'appartenance exclusive… si je
commets un
jour une série sur la musique russe – pourquoi pas l'année prochaine,
lorsque l'armée ukrainienne ramènera à Lviv les tondeuses à gazon
chipées dans les jardins des banlieues moscovites, et qu'il faudra bien
quelqu'un pour parler du patrimoine russe… –, j'inclurai bien
évidemment Rubinstein.
Et c'est l'occasion pour moi de mentionner ce compositeur de réel
intérêt, mais assez peu fêté. On joue quelquefois
Le Démon sur les scènes russes, et
puis ?
Lui-même sentait de toute façon qu'
il
n'était pas d'ici, qu'il n'était pas né là:
Les Russes me
qualifient d'Allemand, les Allemands de Russe, les juifs de chrétien et
les chrétiens de juif. Les pianistes me considèrent comme un
compositeur, les compositeurs comme un pianiste, les classiques comme
un moderne, les modernes comme un réactionnaire. Ma conclusion est que
je ne suis qu'un pitoyable individu.
(Je ne garantis pas l'authenticité de la citation, citée dans un programme de Radio-France par François-Gildas Tual,
mais non sourcée. Également retrouvée, dans la même traduction, sur ce
copié-collé de Wikipédia par une radio suisse).
Source non mentionnée dans Wikipédia non plus – ainsi, ce
pourrait tout aussi bien être une de ces jolies inventions racontées
par un tiers, à la
façon des Arnoldiana.)
Ces préalables posés, il est temps de parler de lui !
Musique ukrainienne – 24 – Anton Rubinstein, le pianiste et
l'homme
C'est peut-être le moment de dire un mot de sa musique ?
Formé en Allemagne, Rubinstein écrit une
musique formelle à
l'allemande, peu marquée par les courbures mélodiques du
folklore
russe, même s'il peut affleurer (dans les quatuors davantage que dans
les concertos ou les symphonies, à mon sens). C'est possiblement de lui
que procède cette sensibilité à la forme sonate qu'on peut observer
chez Tchaïkovski – qui fut son élève.
Rubinstein a d'abord été largement reconnu comme
pianiste concertiste.
Il avait la particularité d'avoir appris (en observant Liszt, dit-on) à
laisser de la liberté et de la détente à son bras, à savoir respirer de
façon avisée, ce qui lui procurait manifestement beaucoup de liberté
d'exécution. Ses récitals étaient souvent très longs et prodigues en
bis. Il avait même organisé une série de sept concerts traçant une
arche historique du répertoire pour piano, dans laquelle, pour donner
une idée de la
prodigalité de ses programmes, le deuxième de la série, consacré à
Beethoven, comprenait les sonates 14, 17, 21, 23, 27, 28, 30 et 32
! Sans compter les bis, donc.
Tout le monde semble impressionné par la
fougue de son jeu – on le
compare souvent à Beethoven, Liszt l'appelait même « van II » –, son
lyrisme, son originalité poétique, sa capacité à timbrer
extraordinairement, et l'ampleur de son son (Clara Wieck-Schumann se
plaint même de ce qu'il couvre les solos d'orchestre). Il n'est pas
avare de
fausses notes, pour
lui prime la conception – bien qu'il
exigeât les deux de ses étudiants ! –, et il le reconnaît volontiers. «
Si j'avais ramassé toutes les notes que j'ai mises à côté, j'aurais pu
donner un second concert. »
Une des explications données par ses élèves et les critiques tient dans
la
largeur considérable de ses doigts
(son auriculaire aurait eu la
largeur d'un pouce), si bien qu'il lui était difficile de ne pas
accrocher les notes adjacentes.
Moulage de la main droite d'Anton Rubinstein.
Comme
professeur, il est
décrit comme
disponible, mais
aussi
malicieux,
voire prompt au sarcasme. Il demandait à ses élèves pianistes de
respecter scrupuleusement le texte des partitions (ce qu'il ne faisait
pas lui-même en récital) et conseillait à ses élèves compositeurs
d'éviter de composer au piano – sans doute en était-il lui-même très
imprégné, mais je trouve que les versions piano-chant de ses opéras,
certes réalisées par des transcripteurs, laissent vraiment sentir la
pensée pianistique de la musique, davantage qu'orchestrale.
Il a aussi été
chef d'orchestre
(c'est lui qui dirige la première exécution du
Deuxième Concerto pour piano de Saint-Saëns, où officiait le
compositeur en personne), mais ce qui nous reste de lui aujourd'hui, ce
sont ses compositions. Et elles méritent l'intérêt.
Musique ukrainienne – 25 – Anton Rubinstein, un Prélude en interlude
Premier interlude dans ce parcours Rubinstein. Pour des raisons de
droits et afin de pouvoir exporter ce podcast sur un maximum de
plates-formes – il faut toujours être prudent là-dessus, la mienne été
rachetée, puis réformée en partenariat… les règles de l'hébergeur
peuvent très vite changer –, j'enregistre moi-même les extraits
d'illustration sonore.
Il faut dire qu'un certain nombre de ces extraits sont des inédits, ce
qui règle la question ; mais pour les autres, outre la question des
droits voisins (au droit d'auteur,
c'est-à-dire
les droits d'interprètes), j'aime assez le défi
que cela représente dans le cadre de ce podcast artisanal – tout
confectionner soi-même. Chercher les informations, rédiger,
enregistrer, puis trouver les partitions, sélectionner les pièces, les
capter, et finir par éditer et publier le fichier sonore… le tout
s'achevant par la publication de la notule afférente. C'est à chaque
fois une petite aventure.
Ici, je vous propose donc ce
Prélude
en sol, tiré des six Préludes & Fugues de l'opus 53. Comme c'est en
général la norme pour les préludes d'esthétique romantique, il se fonde
sur une
structure rythmique assez
régulière, où accords pour grandes mains répondent à des octaves
en intervalles de secondes mineures dans le grave du clavier. Le
principe en est très perceptible à l'écoute seule, et les suites
d'accords très complets (beaucoup de doigts sollicités), souvent des
renversements du même accord, sont typiquement de l'écriture de
Rubinstein… même lorsqu'il écrit pour orchestre ! (Ce qui, comme
je l'évoquais dans l'épisode précédent, entre en amusante
contradictions avec les conseils prodigués à ses élèves.)
La pièce a déjà été gravée par Martin Cousin (et il en existe aussi une
version MIDI sur les sites de flux…) pour Naxos, et publiée dans les
jours même où je l'enregistrais, à l'été 2023… si bien que malgré mon
suivi régulier des nouveautés, je n'avais pas encore vu que mon inédit
ne l'était plus guère. Je vous invite bien évidemment à découvrir le
cycle entier, avec ses fugues, dans une interprétation techniquement
incomparable à la mienne.
Le contraste est cependant intéressant entre les deux approches : à la
lecture, je perçois une ambiance assez furieuse – un peu dans l'esprit
du
Prélude Op.28 n°22 de
Chopin –, avec des graves martelés et en regard des accords altiers ou
vindicatifs, tandis que Martin Cousin joue la chose avec beaucoup plus
de souplesse et de modération, rien de tempêtueux chez lui, et des
accords qui répondent plus doucement aux basses (ce n'est pas marqué
sur la partition). Deux interprétations (au sens linguistique !)
possibles de ce texte, donc.
Ensuite, pour la mienne, vous connaissez la chanson : c'est une
première lecture (ou peut-être seconde, je l'avais peut-être déjà lue
une fois quelques semaines auparavant, je ne suis plus sûr), sans
travail préalable, donc réellement une découverte au même instant que
vous, avec tout ce que cela implique d'imperfections supplémentaires
dans la réalisation, ajouté à mon niveau digital déjà peu brillant.
Mais c'est une invitation à la découverte (et libre de droits), je
crois qu'on y entend tout à fait bien, par delà mes défauts, le
principe d'écriture dudit
Prélude.
Bonne écoute !
Musique ukrainienne – 26 – Anton Rubinstein, compositeur
d'opéra (1850-1871)
En plus de gagner sa vie comme pianiste concertiste de premier plan,
Rubinstein a énormément composé – cela se sent quelquefois, la matière
pourrait quelquefois être concentrée, des moments de fulgurance
remarquables peuvent être suivis de formules plates qui auraient pu
être rehaussées sans trop d'effort. On sent l'aisance avec laquelle
l'inspiration coule sur le papier – et, çà et là, le besoin de
relecture.
Pour autant, Rubinstein essaie beaucoup de choses assez originales, et
ses oratorios en langue allemande (dans la sphère où il passa
l'essentiel de sa carrière) présentent à la fois une belle inspiration
et une certaine audace imprévue. Dans les sujets d'abord :
Der
Thurm zu Babel, grosse machine qui s'achève dans le chœur
simultané des hommes, des anges et des démons – ce n'est pas de la
grande polyphonie, mais tout de même, le dispositif est assez
saisissant ! Sa
Sulamith (de
David, pas celle du Cantique des Cantiques) est écrite avec simplicité
et touche juste.
Mais le bijou, pour moi, c'est
Christus, qui
présente des scènes très rarement mises en musique – notamment une
Tentation sur la Montagne, avec un Jésus caressant (et au besoin
lyrique), quelque part entre celui de Beethoven au Mont des Oliviers et
une veine généreuse plus ouvertement russe, tandis que Satan s'appuie
sur de profonds accords graves, aux couleurs très contrastantes. Tout
est très bien caractérisé, la prosodie est belle, vraiment une œuvre
qui mériterait d'être reprise – j'ai vu qu'un chef descendant de
Rubinstein l'a fait en Russie, mais avec des traductions d'extraits en
russe et en hébreu, de grosses coupes (le très long Prélude dont il
manque les deux tiers), etc.
--
Une vingtaine d'opéras ou oratorios.
[La différence étant qu'un oratorio se joue plutôt dans une église, ou
du moins tend à exalter la foi, tandis que l'opéra à sujet sacré se
sert de la matière biblique pour nourrir des situations dramatiques et
susciter un plaisir théâtre et musical tout à fait profane. Rubinstein
se situe plutôt dans le second courant.]
En
allemand. En
russe. En
français.
Seuls
Le
Démon et
Moïse sont,
à ma connaissance, gravés au disque.
1850 :
Куликовская
битва (
Koulikovskaïa
bitva, « La Bataille du Champ-des-Bécasses / Bataille de
Koulikovo ») ou
Dimitri Donskoï
– opéra en trois actes, livret de Vladimir Sollogub et Vladimir
Zotov d'après Vladislav Ozerov, créé à
Saint-Pétersbourg en 1852.
Le sujet est inspiré d'un épisode
fondateur de l'historiographie russe, la bataille qui oppose le prince
de Moscou à la Horde d'or, dont il était le sujet. De ce que je
comprends, les historiens savent peu de choses avec certitude sur la
bataille – même pas le lieu –, et les explications sur les motivations
de l'affrontement varient : refuser le tribut versé aux Mongols, ou
simplement revendiquer le titre de « Grand Prince de Vladimir »,
c'est-à-dire la préséance sur les autres principautés russes.
Parmi les anecdotes (très possiblement inventées) sur la bataille
elle-même (1380), les chroniqueurs rapportent que le prince Dimitri
avait échangé ses habits contre ceux d'un boyard – qui est pris pour
cible et se fait tuer. Alors que les Mongols croyaient remporter la
victoire, la cavalerie de réserve du cousin de Dimitri paraît, et
renverse le cours de la bataille. Les ennemis sont massacrés. L'émir
Mamaï qui commande l'armée et l'Empire s'enfuit en Crimée, où il est
assassiné. Bilan terrible : on estime (les chroniqueurs contemporains
ou les historiens d'aujourd'hui ? j'ai omis de l'inscrire dans
mes notes…) à 20.000 hommes les morts du côté
moscovite (un tiers de l'armée), et à quasiment toute l'armée de
125.000 hommes du côté mongol.
Bien que les Moscovites aient encore appartenu à l'Empire mongol
pendant un siècle, les commentateurs y voient bien sûr une sorte d'acte
fondateur de la Russie chrétienne et orthodoxe, où Moscou incarne le
fer de lance de la Chrétienté opprimée.
Opéra qui s'inscrit donc dans la veine d'un sentiment national russe
(et même russe-moscovite), très clairement.
1852 :
Die sibirischen Jäger («
Les Chasseurs sibériens » ou « Le Quarantième ours »)
– « opéra romantique » en un acte, livret d'Andreï Jerebkov (donc sans
doute initialement écrit en russe et traduit pour la création), créé à
Weimar en
1854. Le texte russe a d'ailleurs été publié conjointement sur les
réductions piano commercialisées à l'époque pour le public mélomane.
1853 :
Hadji Abrek. (Sur
lequel je n'ai pas encore trouvé d'informations.)
1853 :
Фомка-дурачок
(
Fomka-douratchok,
« Fomka le fou ») – opéra comique en un acte (avec ou sans dialogues,
je n'ai pas trouvé la partition pour vérifier), livret de Mikhaïl
Mikhaïlov), créé en 1853 à Saint-Pétersbourg.
1853 :
Mest' (« La Vengeance ») – livret
d'Alekseï Jemtchoujnikov (Zhemchuzhnikov) d'après Lermontov), créé en
1858 à Saint-Pétersbourg.
1856 :
Das
verlorene Paradies («
Le Paradis perdu ») – oratorio, livret d'Arnold Schlönbach d'après John
Milton,
créé comme opéra à Weimar en 1858, plus tard comme oratorio à
Düsseldorf en 1875).
1861 :
Die
Kinder der Heide (« Les Enfants de la Lande ») – opéra en 4
actes, livret de Salomon Hermann Mosenthal (d'après Karl Beck), créé en
1861 au Theater am Kärntnertor de Vienne.
1862 :
Feramors
– opéra en trois actes, livret de Julius Rodenberg (d'après
Lalla Rookh de Thomas Moore), créé
en 1863 à la Hofoper de Dresde.
Sujet très à la mode, chez les Français
notamment – on trouve ainsi un opéra de Félicien David, parmi d'autres
adaptations.
1869 :
Der
Thurm zu Babel
(« La Tour de Babel »), oratorio, autre sujet librement inspiré des
Écritures – livret de Julius Rodenberg, créé à Königsberg en 1870.
L'épisode est rarement utilisé comme sujet d'opéra à ma connaissance,
voilà
qui rend curieux – en particulier le rendu des langues multiples, même
si j'imagine que le livret dit plutôt « on ne se comprend pas » en
allemand, ou qu'un narrateur le raconte.
Après lecture rapide de la partition,
pas du tout : une fois que Nemrod
(le petit-fils de Cham, le fils indigne de Noé) se félicite de la
construction de la Tour, la scène se divise en trois parties : Ciel,
Terre, Enfer, chacun représenté par un chœur entier ! L'Enfer se
réjouit du bazar, les Anges célèbrent le Dieu qui détruit et crée les
mondes, les Hommes se remettent entre les mains de Dieu. Tout cela
simultanément, avec du contrepoint mais tout de même accompagné en
grands accords bien verticaux – c'est une composition de pianiste de
concert, n'oubliez pas.
1871 :
Демон
(« Le Démon ») – opéra fantastique en trois actes sur un livret d'Anton
Rubinstein, Pavel Viskovatov et Apollon Maïkov (d'après Lermontov),
créé en 1875 au Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg.
Son seul opéra à être encore joué de
temps à autre. Un jalon assez emblématique de l'opéra russe, qui ne
puise pas aussi abondamment au folklore que Tchaïkovski ou le Groupe
des Cinq, mais qui, malgré ses influences occidentales, conserve un
lyrisme grisant assez spécifiquement russe. Et de très belles
inspirations purement musicales.
L'intrigue raconte le coup de foudre d'un démon venu tenter une
mortelle… pour ladite mortelle. L'intrigue de conte merveilleux devient
une sorte de version fantastique de Werther
ou Onéguine.
… Toute la suite est déjà rédigée (et les extraits enregistrés), mais
il me reste la présentation orale à préparer et cette notule est déjà
assez longue… suite des opéras de Rubinstein très bientôt !