Carnets sur sol

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Les pochettes de disque les plus belles (et les plus dingues) – 5 – Les abstractions


On commence à arriver dans les parties amusantes.

Et cette fois-ci, je mets les tripes sur la table : cette section contient quelques-unes de mes pochettes préférées, de celles qui m'émeuvent le plus vivement – c'est le moment de vous moquer, j'imagine.



5. Les abstractions

Contre toute attente, ce sont les pochettes qui me touchent le plus : elles ont une identité visuelle propre, puisqu'elles ne sont pas contraintes par le contenu du disque. Et elles ne font même pas référence à de la musique (pour cela, voir section n°1). Elles soutiennent la rêverie sans avoir de lien direct avec le sujet, si bien qu'elles ne peuvent pas abîmer la perception comme une référence ratée.

↑ Quel est la différence entre un pélican, une feuille de charme, un escargot sur une ligne de fuite et le concerto pour violon de Brahms ?
(J'ai pas encore trouvé la solution à ma blague.)

↑ L'orgue, c'est bien beau, mais la foi est-elle une impasse ?
J'aime assez l'image de la porte qui semble une fenêtre murée, mais qui est en réalité simplement vermoulue et semble donner dans le vide.
Et surtout, j'adore l'idée que de toutes les façades à frontons qu'on aurait pu mettre, le graphiste en a précisément choisie une sans connotation sacrée. Aucun lien avec le sujet, même en cherchant très fort.
Je n'ai pas retrouvé la trace de ce bâtiment, mais on est dans le goût des grandes bâtisses en bois des années 1890 au Nord des États-Unis.

↑ Bream ne figure pas sur le cliché, et ils ne sont même pas deux à jouer sur cet album ! Par ailleurs tous les témoignages confirment que Bach ne jouait pas au tennis et méprisait la pelote basque.

Beethoven, le roi du jeu de construction ?
Proche des abstractions prosaïques d'Arte Nova (que vous apercevrez à la fin de cette catégorie).
(Et on ne soulignera jamais assez la contribution de la dynastie Vanderling à la musique, jolie coquille.)

↓ Autre choix, d'un disque tout récent (version superlative qui ravive véritablement ces quintettes !), un visuel gratuit et étrange, mais qui peut-être fait écho au nonsense du nom d'ensemble – tiré de la correspondance de Mozart (au cousinage) alors à Paris, « À propos, as-tu toujours le spunicunifait ? ».
(pochette signalée par Laurent Amourette)

↓ On a a peine effleuré les fantaisies des éditions et rééditions de Westminster Gold dans les références décalées et abstractions sans rapport, mais ce n'est pas le seul label qui a ainsi créé une identité visuelle forte, indépendante de la musique. Naïve a, dans les années 2000 et 2010, pour sa grande collection Vivaldi, abondamment fourni le marché en pochettes où des mannequins en poses peu naturelles et tenues sophistiquées constituaient de purs produits de mode, sans aucune référence aux opéras et concertos contenus dans les disques.
À la fois apprécié par une partie du public jeune (en particulier chez les amateurs d'opera seria, j'ai l'impression) et vite tourné en ridicule pour son caractère emprunté ou caricaturalement mode.
(Pour ma part, je ne trouve pas ça très beau, mais c'est toujours mieux que la tête de l'artiste en gros plan.)

↑ Ossia Roland au bain.

↑ Sources probables de l'inspiration de Dame Melania.

↓ Et toute fraîche de cette semaine, plus de vingt ans de constance iconographique, c'est rare !

↓ Ici, l'influence de la statuaire italienne du XVIIIe siècle paraît patente – ci-après, la Pudeur de Corradini pour comparer.

↓ Chez Beauty Farm également, une fois écarté les références décalées à l'iconographie sacrée (cf. chapitre 2), on retrouve sur les pochettes des professionnels de la pose, souvent avec des physiques assez queer et des attitudes peu académiques.

↓ Ou, quelquefois, des références… mais sans lien avec le sujet. (Ici, une pose de tireur d'épine qui, faute de couronne – qui est-ce qui vous a donné une couronne ? –, peine à se relier à l'idée de la Messe.)

↓ D'autres labels aiment les poses étudiées, parfois nues, qui évoquent les Académiques fin XIXe.
(Toute la série Messiaen par Martin Zehn d'Arte Nova emploie des nus féminins.)

↓ Nous nous approchons doucement, dans les profondeurs de cette sélection d'illustrations qui n'ont rien à voir, du côté de celles qui recueillent mon assentiment. C'est parti pour une vaste série tirée des publications nouvelles & rééditions d'Arte Nova, dans les années 2000. Ce que l'on a fait de plus émouvant, à mon gré, en matière de pochette de disque.

↑ Un prêtre ? Une femme à cheveux courts ? … qui marche dans des marais salants, fameuse spécialité brandebourgeoise.

↑ Beau portrait d'artisan – manifestement pas affairé à façonner un violon.

↓ Quelques paysages magnifiés par le noir & blanc. Et surtout beaucoup d'arbres, sous tous leurs aspects ; la série Prokofiev est homogène de ce côté-là.

↓ Racines, branches, rameaux, pousses, bourgeons, fleurs, troncs… ces fragments végétaux sont généreusement représentés, sans que leur aspect semble se relier à la nature du compositeur ou au caractère de sa musique.

↑ Les ramifications de Janáček, pourquoi pas, mais j'y entends davantage chatoyances que frimas. Très belle pochette au demeurant, ça me va très bien !

↑ Bruckner très roots, ça fonctionne plutôt bien.

↓ Il m'a semblé remarquer, également, une dilection pour les motifs en étoile.

↑ (Ne discriminons pas pour autant les ammonites.)

↓ Une certaine dilection également pour les lignes droites, naturelles ou non.

Une partie de la collection magnifie l'architecture traditionnelle :

↑ (Pour ceux qui ne situent pas, ici, façade de Saint-Michel de Lucques, début XIIe, alors que Josquin est un français du XVe, pour ne rien dire de Cabezón, pas davantage italien et encore plus tardif…)

↑ (J'avoue ressentir Bach assez comme cela, particulièrement sombre, sévère et tourmenté.)

↑ De l'architecture néoclassique pour des compositions de l'époque Guerre Froide. Le lien paraît toujours aussi arbitraire – d'autant que la musique de Katzer, certes de ton assez sérieux, ne favorise pas le sentiment de plénitude immobile ni de symétrie.

↓ J'aime énormément la série autour des concertos de Mozart avec le Symphonique de Bamberg dirigé par Beermann (je ne connais pas le pianiste et n'ai pas particulièrement l'intention d'écouter ces disques), chaque volume étant illustré par une porte modeste mais de caractère.
Aucun lien assurément – mais c'est beau.
Je n'ai retenu que quelques-unes des plus touchantes.

↓ Une partie de la série exalte aussi l'architecture du XXe siècle, pas forcément en lien avec la période ou le caractère des œuvres.

↓ Quelques repose-séant.

↓ Toute la série Enescu met en scène des barques !

↓ Objets insolites en nombre.

↑ (Il y aurait pourtant eu des œuvres évoquant la politique, la guerre, la mort, les mathématiques ou simplement les canassons, pour justifier la symbolique de l'échiquier. Mais les concertos de Haydn… ?)

↑ (Petite pensée pour Vitelozzo Tamare qui roule allègrement l'illustration à l'acte III des Gezeichneten.) Mais ne vous emballez pas (ça c'est Carlotta), aucun lien ici, ce sont simplement des lieder.

↑ Subtile désapprobation de l'omniprésence de la Toccata finale de la Cinquième Symphonie.

↓ Quelques consommables çà et là :

↑ (je dis consommable au sens large ; si c'est du blanc de céruse, ne mettez pas ça dans votre corps !)

↓ Et leurs accessoires.

↓ Finissons d'effleurer la surface du fonds Arte Nova avec une belle collection tuyautière :

↓ Et tout particulièrement pour la série « classiques de la modernité » ou « futurisme russe », dont les illustrations sont particulièrement avisées et savoureuses.

↓ Prolongées par quelques autres convergences visuelles autour des cylindres creux.

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À bientôt pour la suite, à savoir l'identité visuelle (étrange) de certaines collections, les manques de respect (vous n'êtes pas prêts), les olé-olé (à un point que vous ne soupçonnez pas), les fantaisies d'artiste (diversement réussies), les compilations douteuses (il y a du choix, à un point difficilement anticipable), les maladresses expressives, les malaises, les rêves, les faussaires !


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