Carnets sur sol

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Saison 2016-2017 : bilan de l'année concertante & grande remise des Putti d'incarnat


Voici juillet, le moment d'un retour sur une saison musicale bien remplie.
139 spectacles dans 69 lieux (dont 31 nouveaux) – 134 si je ne compte pas, ainsi que c'était l'usage, l'été.

Ce sera aussi l'occasion de la grande remise annuelle de la récompense suprême pour tout artiste informé, le putto d'incarnat – qui est au diapason d'or ce qu'est la médaille olympique de lancer de poids à la compétition de pétanque de la félibrée.
Seule la rédaction de Carnets sur sol, réunie en collège extraordinaire, est habilitée à le décerner, ce qui garantit la clairvoyance de son attribution, et l'absence absolue de collusion maligne.

Hautement respecté, il se matérialise par un putto de van Dyck, remis directement à chaque lauréat sous forme d'un précieux carré de pixels.

Au delà du jeu des breloques, c'est aussi et surtout l'occasion de mettre en valeur des œuvres, concerts ou interprètes qui n'ont pas toujours été très exposés. Il est vrai que le travail de recherche de ces concerts est un poste de dépense, en temps, assez considérable à lui seul !



En fin de saison 2015-2016, nous promettions :

Nous songeons à louer une salle pour la cérémonie de l'an prochain, avec retransmission en mondiovision et partenariat avec Medici.tv. Kim Jong-eun a déjà proposé de prêter le Salon Kim Il-sung de l'aile Ouest du Mémorial du Juche, mais nous voudrions accueillir un public nombreux et cherchons une adresse un peu moins enclavée en transports (on travaille le lendemain). Toute proposition sérieuse acceptée.

Pour de dérisoires questions de visa et d'anéantissement imminent du monde, le lieu de tenue de remise des prix sera le même que celui de l'an passé, ici même, chez vous. En vous remerciant chaleureusement de votre accueil.




1. Liste des spectacles vus

Concerts, opéras, théâtre… En voici la liste, dans l'ordre de la saison. Beaucoup ont été commentés, et quelques-uns ont servi de présentation à une œuvre, un genre, une problématique transversale…

Hors décompte : août 2016. Ordinairement non inclus dans les précédents relevés.

a) Comédie Nation – Marivaux, Les Sincères (avec musique de scène a cappella) – collectif Les Sincères
b) La Huchette – La Poupée sanglante, comédie musicale d'après G. Leroux

Puis, de septembre à juin :

1. Philharmonie – Bruckner, Symphonie n°7 – Staatskapelle Berlin, Barenboim
2. Champs-Élysées – Tchaïkovski, Symphonie n°5 / R. Strauss, Vier letzte Lieder – Damrau, Bayerisches Staatsorchester, K. Petrenko
3. Maison de la Radio – Schmitt, Salomé / Ravel, Shéhérazade – d'Oustrac, National de France, Denève
4. Philharmonie – Schumann, Szenen aus Goethes Faust – H.-E. Müller, Staples, Gerhaher, Selig, Orchestre de Paris, Harding
5. Hôtel de Castries – Jazz vocal
6. Hôtel de Béhague – œuvres pour violon et piano d'Enescu, Bobescu
7. Maison de la Radio – Poulenc, Les Biches / Milhaud, La Création du Monde – National de France, Denève
8. Châtelet – Faust I & II de Goethe – Ferbers, R. Wilson, Berliner Ensemble, Grönemeyer [notule]
9. Garnier – Cavalli, Eliogabalo – García-Alarcón
10. La Commune – Kleist, Amphitryon – Sébastien Derrey
11. Louvre – programme Cœur du Poème Harmonique – Zaïcik, Le Levreur, Goubioud, Mauillon, Dumestre
12. Foyer de l'Âme – Motets de Charpentier, Pietkin… – Ensemble Athénaïs
13. Temple du Port-Royal – Haydn, Sept dernières Paroles pour clarinette d'époque, clarinette d'amour et cors de basset
14. Saint-Louis-en-l-Île – Programme Venise 1610 – Vox Luminis, Capriccio Stravagante, Skip Sempé
15. Opéra Royal – Saint-Saëns, Proserpine – Gens, M.-A. Henry, Antoun, Vidal, Foster-Williams, Teitgen, Müncher Rundfunkorchester, Schirmer
16. Champs-Élysées – Bellini, Norma – Caurier & Leiser, Rebeca Olvera, Bartoli, Norman Reinhardt, I Barrochisti, Gianluca Capuano
17. Opéra Royal – Salieri, Les Horaces – Wanroij, Bou, Talens Lyriques, Rousset
18. Champs-Élysées – Brahms, Deutsches Requiem – Collegium Vocale, Champs-Élysées, Herreweghe
19. Champs-Élysées – Verdi, Requiem – Santoni, Kolosova, Borras, D'Arcangelo, National de France, Rhorer
20. Philharmonie – Debussy, Faune / Debussy, Jeux / Stravinski, Sacre du Printemps – Nijinski restitué (ou réinventé), Les Siècles, Roth
21. Salle d'orgue du CNSM – Académie Européenne de Musique de Chambre (ECMA) – Trio Sōra dans Kagel, Quatuor Bergen dans Chostakovitch…
22. Salle d'orgue du CNSM – Académie Européenne de Musique de Chambre (ECMA) – Trio Zadig dans Schumann, Quatuor Akilone dans Chostakovitch…
23. Athénée (rénové) – Strindberg, Danse macabre (en italien) – Desplechin
24. Maison de la Radio – 20 ans de l'ADAMI – Barrabé, Duhamel, Scoffoni…
25. Sainte-Élisabeth-de-Hongrie – Messe d'Innocent Boutry – Le Vaisseau d'or, Robidoux
26. Gennevilliers – Hirata, Gens de Séoul 1909 (en japonais et coréen)
27. Maison de la Radio – Tchaïkovski, Symphonie n°6 / Sibelius, Symphonie n°2 – Phiharmonique de Radio-France, M. Franck
28. Gennevilliers – Hirata, Gens de Séoul 1919 (en japonais et coréen, avec chants coréens)
29. Amphi Cité de la Musique – Soutenance musicale de l'enseignement du violon en France au XIXe siècle – pièces pour violon et piano (d'époque) d'Hérold, Alkan et Godard
30. Bastille – Les Contes d'Hoffmann – Vargas, d'Oustrac, Jaho, Aldrich…
31. Salle d'orgue du CNSM – Hommage à Roland-Manuel : piano et mélodies – Cécile Madelin…
32. Théâtre 71 (Malakoff) – Lü Bu et Diao Chan (opéra chinois) – troupe agréée par le Ministère
33. Salle d'orgue du CNSM – Hommage à Puig-Roget : piano et mélodies – Edwin Fardini…
34. Hôtel de Soubise – Airs et canzoni de Kapsberger, Merula, Strozzi… – les Kapsber'girls
35. Abbesses – Goethe, Iphigénie en Tauride – Jean-Pierre Vincent
36. Maison de la Radio – Sibelius, Symphonie n°5 / Brahms, Concerto pour piano n°1 – Lugansky, National de France, Slobodeniuk
37. Maison de la Radio – Nielsen, Symphonie n°4 – Philharmonique de Radio-France, Vänskä
38. Philharmonie – Mendelssohn, Elias – Kleiter, A. Morel, Tritschler, Degout, Ensemble Pygmalion, Pichon
39. Salon Vinteuil du CNSM – Mahler, Kindertotenlieder (et présentation musicologique) – Edwin Fardini au chant
40. Salle Cortot – Beethoven, Quatuor n°7  – Quatuor Hanson
41. Athénée – Hahn, L'Île du Rêve – Dhénin, Tassou, Pancrazi, de Hys, Debois, Orchestre du festival Musiques au Pays de Pierre Loti, Masmondet
42. Philharmonie – Adams, El Niño – Joelle Harvey, Bubeck, N. Medley, Tines, LSO, Adams
43. Salle Turenne – Bertali, Lo Strage degl'Innocenti / Motets de Froberger – membres du CNSM (Madelin, Benos…)
44. Salle Dukas du CNSM – masterclass de Gabriel Le Magadure (violon II du Quatuor Ébène) – Trio de Chausson par le Trio Sōra
45. Champs-Élysées – Mozart, Don Giovanni – Braunschweig, Bou, Gleadow, Humes, le Cercle de l'Harmonie, Rhorer
46. Hôtel de Béhague – Mélodies orientalisantes (Louis Aubert, etc.) – Compagnie de L'Oiseleur
47. Bastille – Mascagni, Cavalleria Rusticana / Hindemith, Sancta Susanna – Martone, Garanča, Antonacci, Rizzi
48. Studio de la Philharmonie – Schumann, Märchenerählungen / Kurtág, Trio et Microludes – membres de l'EIC et de l'OP
49. Champs-Élysées – Haendel, The Messiah – Piau, Pichanik, Charlesworth, Gleadow, le Concert Spirituel, Niquet
50. Garnier – Gluck, Iphigénie en Tauride – Warlikowski, Gens, Barbeyrac, Dupuis, Billy
51. Temple du Luxembourg – André Bloch, Antigone / Brocéliande – Compagnie de L'Oiseleur
52. Philharmonie – Schumann, Das Paradies und die Peri – Karg, Goerne, OP, Harding
53. Châtelet – H. Warren, 42nd Street – G. Champion, troupe ad hoc
54. Auditorium Landowski du CRR de Paris – Audition de la classe de chant baroque
55. Salle d'art lyrique du CNSM – Schumann, Symphonie n°2 / Mozart, Concerto pour piano n°9 – Classe de direction
56. Salle d'orgue du CNSM – Vierne, cycle Les Angélus pour soprano et orgue – Harmonie Deschamps
57. Saint-Quentin-en-Yvelines – Sacchini, Chimène ou Le Cid – Le Concerto de la Loge Olympique, Chauvin
58. Auditorium Landowski du CRR de Paris – de Mendelssohn à Aboulker, chœurs oniriques d'enfants
59. L'Usine (Éragny) – Ibsen, Hedda Gabler – Paolo Taccardo
60. Studio 104 – Quatuors : n°4 Stenhammar, n°2 Szymanowski – Royal Quartet
61. Salle d'orgue du CNSM – Cours public sur le premier des Trois Chorals de Franck – M. Bouvard, Latry et leurs élèves
62. Philharmonie – Tchaïkovski, Symphonie n°5 – ONDIF, Mazzola
63. Auditorium Landowski du CRR de Paris – Sonates avec violon : Debussy, Ropartz n°2 – Stéphanie Moraly
64. Amphi de la Cité de la Musique – Schubert, Der Schwanengesang – Bauer, Immerseel
65. Cité de la Musique – Schumann, Liederkreis Op.24 – Gerhaher, Huber
66. Auditorium Landowski du CRR de Paris – Salomon, Médée et Jason, acte II
67. Athénée – Strindberg, Danse Macabre (en italien) – Desplechin
68. Champs-Élysées – Bizet, Carmen – Lemieux, Spyres, Bou, National de France, S. Young
69. Salle d'art lyrique du CNSM – Durey, Œuvres pour harmonie – Harmonie des Gardiens de la Paix
70. Champs-Élysées – Schubert, Die schöne Müllerin – Goerne, Andsnes
71. Bastille – Wagner, Lohengrin – Guth, M. Serafin, Schuster, Skelton, Konieczny, Ph. Jordan
72. Garnier – Mozart, Così fan tutte – Keersmaeker, Losier, Antoun, Sly, Szot
73. Temple du Luxembourg – Paladilhe, Le Passant – Compagnie de L'Oiseleur
74. Châtelet – Offenbach, Fantasio – Jolly, Philharmonique de Radio-France, Campellone
75. Temple de Pentemont – Motets de Campra et Bernier, Troisième Leçon de Couperin  – Le Vaisseau d'or, Robidoux
76. Trianon de Paris – Lecocq, Le Petit Duc – Les Frivolités Parisiennes
77. Le Passage vers les Étoiles – Méhul, Stratonice – Les Emportés, Margollé
78. Studio-Théâtre du Carrousel du Louvre – Maeterlinck, Intérieur – comédiens-français
79. Temple du Saint-Esprit – Motets de Charpentier, Morin et Campra pour petits braillards – Pages du CMBV, musiciens du CRR de Paris, Schneebeli
80. Amphi de la Cité de la Musique – Chambre de Usvolskaya, mélodies de Vainberg, Chostakovitch, Prokofiev – Prudenskaya, Bashkirova
81. Salle d'art lyrique du CNSM – Cimarosa, Il Matrimonio segreto – H. Deschamps, Perbost, McGown, Rantoanina, Lanièce, Worms, Orchestre du CNSM
82. Salle des Concerts du Conservatoire – Haydn, Les Saisons dans la version de sa création française – Palais-Royal, Sarcos
83. Conservatoire de Puteaux – Chansons à boire de Moulinié et LULLY, poèmes de Saint-Amant – Cigana, Šašková, Il Festino, de Grange
84. Salle Maurice Fleuret du CNSM – Schmitt, La Tragédie de Salomé version originale – Orchestre du CNSM, étudiants de la classe de direction d'A. Altinoglu
85. Philharmonie – Mozart, Symphonie n°38 (et spectacle afférent) – Orchestre de Paris
86. Oratoire du Louvre – Vêpres de Monteverdi, Suite de danses de LULLY, Concerto grosso de Noël de Corelli, Soupers du comte d'Artois de Francœur – Collegium de l'OJIF
87. Champs-Élysées – Beethoven, Symphonies 1-4-7 – Orchestre des CÉ, Herreweghe
88. Philharmonie – Tchaïkovski, La Pucelle d'Orléans – Chœurs et Orchestre du Bolchoï, Sokhiev
89. Maison de la Radio – Nielsen, Symphonie n°2 – National de France, Storgårds
90. Odéon – T. Williams, Suddenly Last Summer – Braunschweig
91. Champs-Élysées – Berlioz, Nuits d'Été, Schönberg, 5 pièces, Schumann, Symphonie n°2 – Gerhaher, Jeunes Gustav Mahler, Harding
92. Bastille – Mendelssohn, A Midsummer Night's Dream, Ouvertures, Symphonie pour cordes n°9 – Balanchine, Orchestre de l'Opéra, Hewett
93. Salle d'orgue du CNSM – Concert lauréats Fondation de France : La Maison dans les Dunes de Dupont, Ophelia-Lieder de R. Strauss
94. Champs-Élysées – Brahms, Vier ernste Gesänge et  Deutsches Requiem – Orchestre des CÉ, Herreweghe
95. Oratoire du Louvre – Leçons de Ténèbres pour basse de Charpentier – MacLeod, Les Ambassadeurs, Kossenko
96. Philharmonie – Mahler, Wunderhorn ; Bruckner, Symphonie n°4 – Gubanova, D. Henschel, OPRF, Inbal
97. Conservatoire de Boulogne-Billancourt – Mendelssohn, Octuor ; Schönberg, Kammersymphonie n°2 ; Poulenc, Sinfonietta – OJIF, Molard
98. Salle Saint-Thomas d'Aquin – airs à une ou plusieurs parties de Lambert, Le Camus… – Š€ašková, Kusa, Il Festino, de Grange
99. Athénée – Maxwell Davies, The Lighthouse – Le Balcon
100. Hôtel de Soubise – Trios de Tchaïkovski et Chostakovitch (n°2) – Trio Zadig
101. Richelieu – Marivaux, Le Petit-Maître corrigé – Hervieu-Léger, comédiens-français
102. Salle Maurice Fleuret du CNSM – Spectacle théâtral et chanté autour de la domesticité – élèves de la classe d'E. Cordoliani
103. Favart – Marais, Alcione – L. Moaty, Concert des Nations, Savall
104. Hôtel de Soubise – Cantates de Clérambault et Montéclair – Zaičik, Taylor Consort
105. Menus-Plaisirs – Écosse baroque, concert de soutenance – Clémence Carry & Consort
106. Salle d'orgue du CNSM – Programme de lieder et mélodrames d'Eisler – classe d'accompagnement d'Erika Guiomar
107. Athénée – Rítsos, Ismène (musiques de scène d'Aperghis) – Marianne Pousseur
108. Saint-Germain-l'Auxerrois – Motets baroques portugais – ensemble Calisto
109. Salle Maurice Fleuret du CNSM – Pelléas, L'Étoile, Cendrillon de Massenet – classe d'ensembles vocaux (Bré, Lanièce…)
110. Salle d'orgue du CNSM – lieder de Schubert, Nuits Persanes de Saint-Saëns, Caplet – (Gourdy, Ratianarinaivo…)
111. Champs-Élysées – Les Pêcheurs de Perles de Bizet – Fuchs, Dubois, Sempey, National de Lille, A. Bloch
112. Champs-Élysées – Pelléas de Debussy – Ruf, Petibon, Bou, Ketelsen, Teitgen, National de France, Langrée
113. Bibliothèque Marmottan – L.-A. Piccinni, musiques de scène (La Tour de Nesle, Lucrèce Borgia) – conclusion du colloque sur la musique de scène en France
114. Bastille – Eugène Onéguine – Decker, Netrebko, Černoch, Mattei, Orchestre de l'Opéra, Gardner
115. Philharmonie – Aladdin de Nielsen, Sept Voiles, Shéhérazade de Ravel, Suite de L'Oiseau de feu – Capitole, Sokhiev
116. Cathédrale des Invalides – Jensen, Rheinberger, J.-B. Faure… mélodies et lieder commémoratifs de la Grande Guerre – classe d'accompagnement d'Anne Le Bozec
117. Philharmonie – Symphonie n°2 de Mahler – Orchestre de Paris, Harding
118. Saint-Saturnin d'Antony – Motets de Buxtehude, Telemann et Bernier – Françoise Masset
119. Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière – du Mage, Clérambault et pièces pour saxophone & orgue
120. Athénée – Déserts de Varèse et Dracula de Pierre Henry réarrangé avec instruments acoustiques – Le Balcon, M. Pascal
121. Salle Fauré du CRR de Paris – Études Latines de Hahn, Liebhabers Ständchen de Schumann… – étudiants du CRR
122. Champs-Élysées – Halévy, La Reine de Chypre – Gens, Droy, É. Dupuis, Chambre de Paris, Niquet
123. Bouffes-du-Nord – Lemoyne, Phèdre – Wanroij, Axentii, de Hys, Dolié, Loge Olympique, Chauvin
124. Favart – récital français en duo : Gluck, Chabrier, Bizet… – Arquez, Bou, Pordoy
125. Studio 104 – Motets de Guédron, Boësset, Constantin, Moulinié – Correspondances, Daucé
126. Maison du Danemark – Contes d'Andersen et leurs mises en musique – Françoise Masset (accompagnée sur guitares début XIXe)
127. Saint-Eustache – Funérailles de Purcell, Reger, Totentanz de Distler – Chœur de l'Orchestre de Paris, Sow
128. Sainte-Jeanne-de-Chantal – Haendel, The Ways of Zion Do Mourn – Le Palais-Royal, Sarcos
129. Favart – Saint-Saëns, Le Timbre d'argent – Devos, Montvidas, Christoyannis, Les Siècles, Roth
130. Temple de Passy – Chœurs de Bonis, Sibelius, Aboulker, Wennäkoski… – échange franco-finlandais de chœurs amateurs
131. Cité de la Musique – Gade, grande cantate Comala – Opéra de Rouen, Équilbey
132. Petit-Palais – Couperin et Bach (suite française) pour clavecin
133. Petit-Palais – Airs et duos de LULLY et Desmarest – Pancrazi, Debieuvre
134. Hôtel de Soubise – Quatuors de Beethoven n°7 et Debussy – Quatuor Akilone
135. Notre-Dame-du-Liban – Chœurs d'inspiration populaire de Saint-Saëns, d'Indy, Schmitt et Poulenc – Chœur Calligrammes
136. Salle des Fêtes de la Mairie du IVe arrondissement – Quintettes à vent de Debussy, Arnold, Barber, Ligeti – Chambre de Paris
137. Cour de Guise – Trios avec piano de Schubert n°2 et Ravel – Trio Zadig
138. Saint-Croix-des-Arméniens – Canzoni de Kapsberger, Strozzi, et Lamento della Pazza de Giramo – Kapsber'girls
139. Collégiale de Mantes-la-Jolie – Pièces pour orgue de Buxtehude, Mendelssohn, Franck et Vierne – Michel Reynard




2. Liste des spectacles non vus

Ce pourrait paraître déraisonnablement rempli, et pourtant, il a fallu renoncer à quantité de spectacles qui paraissaient à peu près aussi appétissants (vie professionnelle ou personnelle, simultanéités de concerts, envie d'autre chose, tarifs, concerts complets, etc.) :

→ musique de chambre de Cartan & Lekeu,
→ les Cantates de Jacquet de La Guerre par La Rêveuse,
→ les chœurs de Franck et Daniel-Lesur,
→ le Philharmonia dirigé par Salonen (Beethoven 3, Sibelius 5),
→ les extraits des Éléments de Destouches,
Dichterliebe avec harpe,
→ Charpentier par les étudiants du Conservatoire de Palerme,
→ cours public de cor ou de direction,
→ trio de Gouvy par le Trio Sōra aux Bouffes-du-Nord,
→ le Second Trio de Mendelssohn par le Trio Sōra à Soubise,
→ le Trio de Tchaïkovski par le Trio Sōra à la cour de Guise,
→ le Trio de Chausson par le Trio Sōra au musée Henner puis à Villecerf (décidément !),
→ Leyla McCalla au violoncelle dans de la musique haïtienne,
→ Ariadne auf Naxos au CNSM,
→ la Neuvième de Mahler par Harding,
→ mélodies de L. Boulanger et Berkeley,
→ musique sacrée de Frémart-Bouzignac-Moulinié par Schneebeli,
→ Neuvième de Beethoven par le Philharmoniue de Bruxelles,
→ récital folk de Weyes,
→ Saint-Cécile de Chausson et le Septuor de Caplet à Notre-Dame,
→ Fidelio par la Chambre de Paris,
→ les monumentales variations de Rzewski sur El Pueblo unido salle Turenne,
→ les musiques de scène de Molière par Lombard, Dumora et Correas.
→ le Quinzième Quatuor de Beethoven par le Quatuor Arod,
→ Rameau par Kožená,
Hänsel und Gretel arrangé pour cuivres et récitant,
Musique pour cuivres et cordes de Hindemith par van Lauwe,
→ récital Desandre-Cochard,
→ trios de Chaminade et Bonis,
→ programme Guy Sacre et Boisgallais,
→ programme d'orgue Letton à la Maison de la Radio,
→ le Songe d'une Nuit d'Été de Thomas par la Compagnie de L'Oiseleur,
The Tempest Songbook de Saariaho par l'Orchestre Baroque de Finlande,
Les Aveugles de Maeterlinck à Vitry-sur-Seine,
Tafelmusik de Telemann au château d' Écouen,
Ce qui plaît aux hommes de Delibes par les Frivolités Parisiennes au Théâtre Trévise,
→ la BBC Wales dans Sibelius 5 à la Seine Musicale,
→ programme Lalo-Dukas-Ravel par Les SIècles,
Médée de Charpentier par Tafelmusik de Toronto et Pynkosky,
→ mélodies de Vierne, Podlowski et Koster par Lièvre-Picard,
Ascension de Messiaen et Widor 6 à Saint-Sulpice,
→ récital Louis Saladin et Salomone Rossi aux Menus-Plaisirs,
Musicalische Exequien de Schütz et motets de la familel Bach par Vox Luminis,
→ Lura dans de la musique du Cap-Vert à l'Espace Cardin,
→ grands motets de Lalande à Versailles,
→ demi-Winterreise de Bostridge & Drake au musée d'Orsay,
→ motets de Charpentier par La Chanterelle,
→ lieder de Weigl à la Maison de la Radio,
→ legs pédagogique du violoncelle français (Franchomme, etc.) au château d'Écouen,
Diva de Wainwright,
→ Cécile Madelin dans des extraits d'Atys au Petit-Palais,
Snegourotchka de Rimski-Korsakov à Bastille (la seule rareté de l'année à Bastille, hors le demi-Hindemith !),
→ récital d'opéra Meyerbeer-Février à la Philharmonie,
→ l'Yriade dans les Stances du Cid à Favart,
Il Signor Bruschino aux Champs-Élysées,
→ piano de Bizet, Saint-Saëns et Brahms par Oppitz,
→ « symphonie en si mineur » de Debussy à la Maison de la Radio,
→ récitals de mélodie Gens-Manoff,
Elisir d'amore avec Poulakis et Lanièce au Théâtre des Variétés,
→ spectacle Les Madelon (Fontenay-le-Fleuyr),
→ Dvořak 9 au piano solo par Mařatka,
La Double Inconstance de Marivaux à Richelieu,
→ madrigaux de Marenzio et Lejeune à la Bibliothèque de Versailles,
→ concert de la Fête de la Musique du Chœurs de l'Orchestre de Paris,
→ deux concerts de musique de chambre incluant Koechlin, au Conservatoire de Bourg-la-Reine,
→ pièces symphoniques de Nováček, Warlock et Delius par van Lauwe,
Rigoletto avec Grigolo et Lučić à Bastille,
Nozze di Figaro avec la Chambre de Paris
→ quatuors de Kodály, Bella et Tansman par le Quatuor Airis au Centre Culturel Tchèque,
→ Tableaux d'une exposition pour quintette à vent à Soubise,
Hippolyte de Garnier au Studio-Théâtre,
L'Écume des jours à la Huchette…
→ et bien d'autres.

Certains font mal à relire, mais je n'avais pas toujours le choix (ni l'envie de vivre aussi reclus qu'en conclave, contrairement aux apparences les spectacles ne sont pas du tout mon activité prioritaire).

Et je ne parle que de l'Île-de-France : on voit la difficulté pour donner, malgré tout, un avis global sur la saison. Il faudrait être beaucoup plus centré sur un répertoire précis, voire s'y mettre à plusieurs, or en cette matière comme en beaucoup d'autres, je ne suis que ma fantaisie…





3. Bilan général et comptes-rendus de concert

    La plupart de ces concerts ont été commentés, je n'ai pas la patience d'aller récupérer plus de cent liens, comme les autres années, mais ils se retrouvent facilement en entrant les mots-clefs dans la boîte de recherche à droite, ou, pour beaucoup, en regardant dans le chapitre « Saison 2016-2017 » (les notules les plus complètes ne sont pas classées là, mais il y a déjà une certaine masse à parcourir).

    En revanche, je commence la remise de prix par le plus important : les œuvres révélées, les plus beaux spectacles de la saison, les compagnies à suivre.



3a. Œuvres découvertes

Je vous renvoie d'abord vers la notule-éditorial de la prochaine saison, qui énumère les nombreux opéras rares remontés cette saison (§B). Saison faste, donc.

les putti d'incarnat L'arrêt des Putti d'incarnat les putti d'incarnat

Découvertes en tragédie en musique  :
Médée et Jason de Salomon (CRR Paris), Chimène ou le Cid de Sacchini (Saint-Quentin / Massy / Herblay), Les Horaces de Salieri (Versailles), Phèdre de Lemoyne (Bouffes du Nord). Toutes belles.
♥♥ Médée et Jason de Salomon (acte II). Dans la deuxième école entre LULLY et Rameau, un bijou de déclamation, de belles couleurs harmoniques, sur un très beau poème. Une période qu'on donne très peu, un compositeur qu'on n'avait jamais remonté, c'est donc un réel événement très grisant.
♥♥ Chimène ou le Cid de Sacchini. Dans le domaine de la tragédie classique, le seul opéra de Sacchini à m'avoir séduit ; je n'en connaissais que des extraits, et l'ensemble est vraiment prenant, drame ramassé très adroitement (même si la langue du livret est très loin de l'intérêt de l'original), une très belle veine mélodique qui a ses parentés mozartiennes. (Il existe une notule détaillée avec extraits sonores.)
♥♥ Les Horaces de Salieri. Le moins bon des trois Salieri français (Les Danaïdes pour la noirceur, Tarare pour la hardiesse), mais néanmoins un très, très bel opéra, très original aussi (des « entractes » qui poursuivent et nourrissent l'action…).

Découvertes en opéra romantique et postérieur :

La Reine de Chypre d'Halévy (Champs-Élysées), Le Timbre d'argent de Saint-Saëns (Favart), Le Passant de Paladilhe (L'Oiseleur), Proserpine de Saint-Saëns (Versailles), La Pucelle d'Orléans de Tchaïkovski (Philharmonie), L'Île du Rêve de Hahn (Athénée), Brocéliande d'André Bloch (L'Oiseleur). Toutes convaincantes.
♥♥ Brocéliande d'André Bloch, la découverte lyrique de l'année : un livret parodique des contes de fées très facétieux (le plus réussi que j'aie vu dans le genre, par rapport à La Forêt bleue d'Aubert ou aux esquisses de Louÿs pour la Cendrelune de Debussy…), dans un langage quelque part entre les archaïsmes de la Cendrillon de Massenet et les irisations des opéras de Chausson et Debussy. Une petite merveille.
♥♥ La Reine de Chypre d'Halévy. Des actes très individualisés, la grande veine mélodique d'Halévy… une révélation, à la lecture je n'avais vraiment pas perçu que c'était possiblement son meilleur opéra (plus régulier que La Juive, et achevé contrairement à Noé). Là aussi, récemment consacré une petite notule à son aspect mélodique.
♥♥ Le Timbre d'argent de Saint-Saëns. L'Opéra-Comique avait dépensé beaucoup d'énergie à convaincre le public qu'il s'agissait d'un des meilleurs livrets du temps et d'une œuvre incompréhensiblement négligée. À l'écoute, assez compréhensiblement en réalité : quasiment pas d'airs, hors de petits moments de caractères, ni de mélodies marquants. Mais c'est aussi un véritable régal, un moment de théâtre musical pur, où la musique s'épanouit plutôt dans la variété des accompagnements orchestraux, tandis que les chanteurs portent surtout récitatifs et ariosos en traversant cette histoire terrible.

Autres œuvres lyriques profanes :
Les Saisons de Haydn en traduction française d'origine (Palais-Royal), Comala de Gade (Cité de la Musique), Antigone cantate du Prix de Rome d'André Bloch (L'Oiseleur), The Lighthouse opéra de chambre de P. Maxwell Davies (Athénée), Faust I & II (Ferbers-Grönemeyer au Châtelet)
♥♥ The Lighthouse de P. Maxwell Davies. À la fois opéra sur le mode fantastique et roman policier, une atmosphère mystérieuse qui ne se relâche jamais. Tout y est captivant : les caractères esquissés, les situations, la musique qui, sans être intrinsèquement belle, campe des climats incroyables (jusqu'aux chansons parfaitement tonales et simplissimes qui interrompent soudain le flux).
♥♥ Faust I & II de Goethe par Ferbers-Grönemeyer-Wilson. Un dépaysement et des associations incompatibles très stimulants et plutôt jubilatoires, malgré les longueurs.
□ Celles de Gade et Bloch autres sont très belles aussi, l'une plus weberienne, l'autre plus masseneto-verdianisante.

De pas trop fréquent, on a eu par ailleurs Alcione de Marais et El Niño d'Adams (j'ai manqué Snégourotchka, hélas), de belles œuvres qui gagnent encore à être essayées en vrai. En revanche un peu frustré par Sancta Susanna de Hindemith, dont la matière (très belle au disque et sur partition) ne s'épanouit par particulièrement en salle – et le livret est à la fois un peu chiche et provocateur pour être réellement intéressant. Pas tout à fait convaincu par Eliogabalo de Cavalli non plus, mais il est vrai que la distribution vocale laissait beaucoup à désirer, hors Mariana Flores dans un rôle secondaire…

Musique sacrée rare :
Lo Strage degl'Innocenti de Bertali (CNSM), Messe d'Innocent Boutry (Vaisseau d'or), Motet de Pietkin (Athénaïs), Motet de Morin (Pages du CMBV), Motet de Bernier (Masset), Motet de Bernier (Vaisseau d'or), Motet de Telemann (Masset), Motets portugais (La Calisto).
♥♥ Messe d'Innocent Boutry. Non seulement la documentation d'un territoire assez vierge (les messes françaises en province au XVIIe siècle, sujet passionnant sur lequel une notule est en préparation), mais une œuvre d'une force rhétorique remarquable, mêlant beautés archaïques, contrepoint raffiné (mais assez peu italianisé) et influences des nouveaux styles lyriques issus de l'opéra. (Le motet de Bernier proposé par le Vaisseau d'or était très beau aussi, mais la découverte n'est pas de même calibre.)

Chœurs a cappella rares :
Saint-Saëns (par Calligrammes), D'Indy (chants populaires par Calligrammes), Mel Bonis (chants sacrés, échange franco-finnois), Sibelius (chants profanes, échange franco-finnois), Schmitt (À contre-voix par Calligrammes), Distler (Totentanz, Chœur de l'Orchestre de Paris)…
♥♥ Sans hésiter, les chœurs folkloriques de Vincent d'Indy, une façon de fondre une matière très populaire et familière (À la pêche aux moules, La Fille au roi Louis…) dans un moule contrapuntique à la fois subtil et roboratif. Mais les Sibelius sélectionnés étaient superbes, et les Schmitt très réussis aussi (qui se fût figuré un Florent Schmitt avec de l'humour ?).

Mélodies rares ou inédites :
Saint-Saëns (deux fois les Nuits / Mélodies persanes !), Rheinberger (CNSM), Études Latines de Hahn (CRR Paris), Peterson-Berger (Masset), Jensen (CNSM), Vierne (H. Deschamps), J.-B. Faure, Aubert (Mélodies arabes), Mossolov (Prudenskaya), Roland-Manuel (Fardini), Eisler (classe E. Guiomar), Chostakovitch (Prudenskaya), Prokofiev (Prudenskaya), Vainberg (Prudenskaya), Puig-Roget (Madelin)…
♥♥ Les Angélus de Vierne. Rare cycle pour soprano et orgue, d'une grâce délicieuse, une des œuvres pas si nombreuses de Vierne à diffuser une lumière tranquille.
♥♥ Mélodies persanes et Nuits persanes (transcrit au piano) de Saint-Saëns (le second par Sahy Ratianarinaivo, le premier par un autre étudiant du CNSM). Deux états différents de la même matière, d'une rare qualité d'évocation, le sommet de la production mélodique de Saint-Saëns. Vient de paraître chez Aparté par Christoyannis et Cohen (assez inapprochables), il existe deux notules sur le sujet.
♥♥ Jean-Baptiste Faure, baryton et auteur de la mélodie Les Rameaux (extrêmement populaire au début du XXe siècle, multi-publiée et disponible dans tous les foyers un peu musiciens), a aussi écrit une mélodie évocant la défaite de 1870, avec le même langage direct et séduisant, une petite ironie triste en sus. Très belle découverte proposée due à Anne Le Bozec.
♥♥ Petites annonces de Mossolov. Texte absurde et musique étrange, toujours inventive, un petit cycle fascinant.
♥♥ Cycle d'Henriette Puig-Roget. Accompagnatrice de l'ombre, organiste pour Cluytens, H. Puig-Roget a aussi laissé de très jolies mélodies, très françaises et bien faites.
♥♥ De même, tout à fait dans la filiation de ses maîtres, mais plus tranquillement traditionnel, Roland-Manuel a écrit quelques mélodies réunies qui s'avèrent délicieuses.

Musique symphonique rare :
Nielsen 2 (ONF, Storgårds), Nielsen 4 (OPRF, Vänskä), Tragédie de Salomé de Schmitt (Denève-ONF pour la Suite, étudiants du CNSM pour l'intégralité de la version originale), œuvres pour orchestre d'harmonie de Louis Durey (hors le Prélude, vraiment pas fameux).
♥♥ Évidemment, pour la découverte émerveillée, la version complète de Salomé de Schmitt en salle, presque par hasard (peu de communication…), alors que j'étais déjà enchanté de pouvoir entendre la simple Suite en début de saison (où manquent plusieurs des plus beaux transitions et enchaînements). Avec vents par 1, contrairement à la version très étoffée de la Suite pour grand orchestre qu'en a ensuite tiré Schmitt.
♥♥ Et toujours ce faible particulier pour la Deuxième Symphonie de Nielsen, une de mes symphonies de chevet, mais beaucoup moins donnée que la (merveilleuse) quatrième.

Musique de chambre rare :
Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix de Haydn pour clarinette d'amour et trois cors de basset (le disque vient de paraître il y a peu de jours), Sonate violon-piano d'Hérold, Sonate violon-piano d'Alkan, Sonate violon-piano de Godard, Trio de Chausson, Sonate violon-piano n°2 de Ropartz, Violon-piano d'Enescu, Violon-piano de Bobescu, Trio n°2 de Kagel.
♥♥ Révélation du Trio de Chausson en l'entendant en salle par le Trio Sōra tendu comme un arc… Les beautés m'en sont soudain révélées, et elles ne sont pas minces.
♥♥ Sonate violon-piano n°2 de Ropartz, complexe association pas toujours claire entre recherche formelle sinueuse et affleurements populaires. Même avec Stéphanie Moraly et partition en main, pas évident d'en saisir toute la portée (alors que ce n'était même pas une première écoute…), mais beaucoup de charme, tellement différent des pièces beaucoup plus symétriques, sévères ou sirupeuses du grand répertoire allemand qu'on entend habituellement. Très séduisant si l'on est sensible à la musique de chambre à la française, donc.
♥♥ Sonate violon-piano d'Alkan, et son voyage dans les profondeurs de l'Enfer… Totalement hors-sol pour l'époque, et passionnant, comme toute la musique de chambre d'Alkan (une poignée de pièces).

Découvertes théâtrales :
Les Sincères de Marivaux, Le Petit-Maître corrigé de Marivaux, Amphitryon de Kleist, La Tour de Nesle de Dumas, Intérieur de Maeterlinck, Danse macabre de Strindberg, Gens de Séoul 1909 d'Oriza Hirata, Gens de Séoul 1919 d'Oriza Hirata, Ismène de Rítsos, La Poupée sanglante de Chantelauze & Bailly.
♥♥ Gens de Séoul d'Oriza Hirata. Le second volet contient en plus des chants en coréen, mais dans les deux le sens du rythme, la façon de rendre la conversation quotidienne plus essentielle que les changements du monde, tout cela paraît tellement juste – ce n'est pas de la conversation triviale, vraiment du bon badinage, révélateur sans être cruel. Et des effets réellement drôles. Une des toutes plus belles pièces que j'aie vues, exactement sur le fil (subtil) de ma sensibilité (raffinée). Donné en japonais et coréen, avec toute la saveur propre des intonations de ces langues. Une notule existe sur le premier volet.
♥♥ La Poupée sanglante de Chantelauze & Bailly. Autre expérience jubilatoire, sur la minuscule scène de la Huchette, d'une inventivité débridée, des chansons piquantes, le tout débordant d'esprit.
♥♥ Le Petit-Maître corrigé de Marivaux, débordant de fraîcheur, du roman sentimental du début du XIXe mis dans un théâtre comique… Et une arche dramatique plus ambitieuse que la plupart des piècescélèbres de son auteur.
Autrement, beaucoup aimé le beaucoup plus simple Les Sincères de Marivaux (surtout grâce à la belle réalisation des artistes), Intérieur de Maeterlinck (beau texte, même si totalement dynamité par la direction de Boudjenah), et tellement amusé par le grand-guignol de La Tour de Nesle de Dumas – au moment de faire assassiner son ennemi mortel, elle découvre qu'elle a de lui un fils (son ancien amant, tout va bien) qui est déjà mort dans son palais, et un jumeau qu'elle a déjà séduit et qui va se faire tuer par ses propres sicaires pendant qu'elle parle à son ennemi-amant qui devait en être la victime…
♠♠ En revanche, aussi vu quelques sinistres platitudes : Amphitryon de Kleist et Ismène de Rítsos,  qui semblent avoir épousé la même illusé, à presque deux siècles de distance, que recopier les mythes grecs suffisait à produire du bon théâtre. Or : non.

Et puis quelques classiques : Faust I & II de Goethe (coupé et mis en musique), Lucrèce Borgia d'Hugo (moins drôle que Nesle, mais la qualité rhétorique force l'admiration, bien sûr), Hedda Gabler d'Ibsen (un Ibsen un peu unidimensionnel à mon goût, mais j'étais content de le voir sans Ostermeier…), Soudain l'été dernier de T. Williams.

Orgue rare :
♥♥ Réussi à voire une Suite complète du délicieux et très peu joué Pierre du Mage !  (il fallait pour cela guetter le programme de l'église de la Pitié-Salpêtrière…)



3b. Les plus beaux spectacles

Je rendrai hommage aux interprètes plus loin, mais je me propose ici de rendre grâce aux plus beaux spectacles vus cette saison… Je ne puis hélas nommer tous ceux qui m'ont enthousiasmé. Au somment, sans doute du théâtre : Gens de Séoul d'Oriza Hirata.

les putti d'incarnat L'arrêt des Putti d'incarnat les putti d'incarnat

Meilleurs spectacles d'opéra en version scénique :
♥♥♥♥ Don Giovanni (Braunschweig, Rhorer). La force scénique, les irisation incroyables de l'orchestre. la perfection de la distribution.
♥♥♥♥ Pelléas et Mélisande (Ruf, Langrée). Exactement pareil.
♥♥ Norma (Caurier & Leiser, Capuano). Cette musique enfin bien servie sur instruments anciens, quelle jubilation !  Tout ce qui paraissait empesé, épais, nu, se met à cricrinner, pouêt-pouêter, à rebondir !  On a remplacé la vielle par le tambourin.
♥♥ Eugène Onéguine (Decker, Gardner). Certainement pas grâce à la mise en scène, même pas grâce à la distribution (excellente au demeurant)… simplement l'œuvre, et jouée comme cela à l'orchestre, irrésistibel.
♥♥ Le Timbre d'argent de Saint-Saëns (G. Vincent, Roth). Du théâtre musical à l'état pur, malgré une mise en scène assez peu inventive. Et un orchestre très détaillé, de superbes solistes, pas d'air qui vienne ralentir l'action… de la vraie nouveauté palpitante.
♥♥ Chimène ou Le Cid de Sacchini (Anglade, Chauvin). Très belle surprise que cet opéra en français assez mozartien, enfin un Sacchini convaincant, et à tous les étages de la production.
♥♥ The Lighthouse de Peter Maxwell Davies (Patiès, Nahon). Trépidant de bout en bout, et très différent.

Meilleurs spectacles d'oratorio ou d'opéra en version de concert :
♥♥♥♥ Brocéliande (et Antigone !) d'André Bloch (L'Oiseleur). Comme dit ci-dessus, la découverte lyrique de l'année. Comme dit ci-après, plusieurs voix remarquables découvertes à cette occasion. Et accompagnement magnifique.
♥♥♥♥ Médée et Jason de Salomon, acte II (CRR Paris). Là aussi, beauté de la découverte déjà mentionnée, et très bien exécutée par les jeunes interprètes.
♥♥ La Reine de Chypre d'Halévy (OCP, Niquet).
♥♥ Les Horaces de Salieri (Rousset).
♥♥ Scènes de Faust de Schumann (Harding). Un des sommets de Schumann avec l'un des plus beaux chœurs du monde et le meilleur titulaire de tous les temps…
♥♥ La Pucelle d'Orléans de Tchaïkovski (Bolchoï, Sokhiev).
Le Passant de Paladilhe (L'Oiseleur). Très belle découverte inattendue et très bien servie, ici encore.
Les Pêcheurs de Perles (ON Lille, A. Bloch). Soirée ardente dans ce bijou qui enchaîne les moments ineffables sans interruption.
El Niño d'Adams.
Le Paradis et la Péri de Schumann (OP, Harding).

Meilleurs concerts de musique sacrée (baroque) :
♥♥♥♥ Messe d'Innocent Boutry (Le Vaisseau d'or)
♥♥♥♥ Motets de Couperin, Campra et Bernier  (Le Vaisseau d'or)
♥♥ Célébrations haendeliennes « The Ways of Zion Do Mourn » (Palais-Royal)
♥♥ Motets de Buxtehude, Bernier, Telemann (Masset)
♥♥ Venise 1610 (Capriccio Stravagante formation Renaissance)


Meilleurs concerts de musique sacrée (hors baroque) :
♥♥♥♥ Ein deutsches Requiem de Brahms (OP, Hengelbrock). Lecture extrêmement intense et emportée, très inhabituelle (et réussie !).

Meilleurs concerts a cappella :
♥♥♥♥ d'Indy et Schmitt (et Saint-Saëns et Poulenc) par Calligrammes. Programme démentiel, neuf, exaltant, et très bien réalité. Une des meilleures soirées de toute la saison.
♥♥ Chœurs de Bonis, Sibelius, Aboulker, Wennäkoski… (échange franco-finnois). Programme très bien choisi.
♥♥ Purcell, Reger, Distler (Chœur de l'Orchestre de Paris). Pour le Purcell particulièrement, mais la beauté et le potentiel de ce chœur sont miraculeux !

Meilleurs concerts symphoniques :
♥♥♥♥ Nielsen 2 (ONF-Storgårds)
♥♥♥♥ Schumann 2, Concerto n°9 de Mozart (lauréats du CNSM, classe de direction)
♥♥ Nielsen 4 (OPRF-Storgårds)
♥♥ Salomé de Schmitt, Concerto n°5 de Saint-Saëns (ONF, Denève)
♥♥ Mahler 2 (OP, Harding)
♥♥ Création du monde de Milhaud, Les Biches de Poulenc (ONF, Denève)
Sibelius 5 (ONF-Storgårds)

Meilleurs concerts chambristes:
♥♥♥♥ Chausson par le Trio Sōra.
♥♥♥♥ Tchaïkovski et Chostakovitch n°2 par le Trio Zadig.
♥♥♥♥ Ropartz et Debussy par Stéphanie Moraly.

Meilleurs concerts baroques chambristes profanes :
♥♥♥♥ Programme Cœur  du Poème Harmonique (avec Eva Zaïcik).
♥♥♥♥ Les Kapsber'girls (premier programme, avec L'onda che limpida et Fanciullo arciero)
♥♥♥♥ Nouveau programme d'airs de cour tous formats, par Il Festino (avec Dagmar Šašková)
♥♥♥♥ Programme In Taverna d'Il Festino (avec Dagmar Šašková)
♥♥ Cantates de Clérambault et Montéclair par le Taylor Consort et Eva Zaïcik

Meilleurs concerts de mélodie française :
♥♥♥♥ Puig-Roget par Cécile Madelin
♥♥♥♥ Roland-Manuel par Edwin Fardini
♥♥♥♥ Nuits Persanes de Saint-Saëns par Sahy Ratianarinaivo
♥♥♥♥ Concert 1870 de la classe d'Anne Le Bozec

Meilleurs concerts de lied :
♥♥♥♥ Schwanengesang par Bauer & Immerseel
♥♥ Extraits du Winterreise par Olivier Gourdy
♥♥ Concert 1870 de la classe d'Anne Le Bozec

Meilleurs concerts d'autres mélodies :
♥♥ Mélodies danoises, suédoises, finlandaises, allemandes et françaises autour d'Andersen (Masset)
♥♥ Programme futuristo-soviétique Mossolov-Chostakovitch-Prokofiev-Vainberg (Prudenskaya)

Ils sont nombreux parce que mon agenda était chargé, minutieusement choisi et l'offre francilienne quand même assez exceptionnelle. Il était difficile de ne pas nommer autant de réalisations remarquables et très différentes les unes des autres.



3c. Les meilleures compagnies

Je voudrais aussi mentionner les meilleurs producteurs de spectacles, qui ont pris des risques et ont réussi.

♥♥ Le Conservatoire Supérieur (Porte de Pantin), qui m'a fourni toute l'année en programmes rarissimes, en quasi-premières mondiales, en interprètes excellents… le tout gratuitement et dans une atmosphère beaucoup moins solennelle que dans les grandes salles.

♥♥ La Compagnie de L'Oiseleur. Avec des moyens très limités, nous avons eu dernièrement des œuvres intégrales de : Thomas, C. de Grandval, Paladilhe, Massé, Berger, Hahn, A. Bloch !  Des récitals de piano du répertoire roumain. Des mélodies inspirées par l'Orient (dont les beaux Poèmes arabes du très négligé Aubert, l'auteur de La Forêt bleue, bel opéra, mais surtout célèbre pour sa Mauvaise prière, illustrée par Damia). En général très bien distribué et invariablement excellemment accompagné.

♥♥ Le Vaisseau d'or. Le seul ensemble, je crois, à ce point spécialisé dans la musique française sacrée du XVIIe siècle, avec beaucoup de nouveautés, et un sens de la rhétorique et de la danse qui ont peu d'exemples.

♥♥ Calligrammes. Chœur amateur, mais le programme donné cette fin de saison documentait un grand vide et ouvrait des mondes, merci à eux !

Et puis deux maisons, certes bien subventionnées, mais qui ont vraiment réussi leur saison :

♥♥ L'Opéra-Comique, qui ne joue quasiment rien du répertoire et recrée, saison après saison, celui qui a disparu. Quasiment à chaque fois de très belles œuvres, dans des mises en scène accessibles, et dans des genres très divers. Vraiment l'endroit où il faut emmener le bizuth.

♥♥ Le Théâtre des Champs-Élysées, qui a moins osé cette année, hors La Reine de Chypre, mais qui m'a offert la plupart de mes meilleures soirées lyriques : Don Giovanni, Norma et Pelléas comme je ne les avais jamais entendus, et des Pêcheurs de perles superbes. Cette saison sera de toute évidence moins exaltante, recentrée sur son cœur de répertoire (opéra italien XVIIIe-XIXe, opéra français romantique célèbre).

J'ai aussi beaucoup apprécié, sur le plan de l'interprétation, les choix sans faute de Jeunes Talents.

Pour le reste, vécu des expériences diversement agréables, mais je vais tout de même profiter de cette longue notule où leur nom se perdra sans doute pour tirer les oreilles à deux très grandes institutions.

♠♠ Radio-France. Sérieusement, Radio-France… Par où commencer ?  L'accueil brutal au contrôle ?  Le replacement forcé dans de moins bonnes places que celles achetées ?  On ne demande même pas que la programmation soit lisible (deux orchestres qui jouent la même chose au même endroit à un jour d'écart, ça finira par coûter la vie à l'un des deux…) ou que la salle soit pleine (après tout ce sont d'abord les impôts de ceux qui n'écoutent pas de musique), simplement d'être toléré dans le lieu de façon un peu moins hostile, ça suffira pour commencer. (Par ailleurs, quelques friandises intéressantes la saison prochaine, j'espère que l'accueil s'améliorera en proportion.)

L'Opéra de Paris. Avec tous ces sous, être incapable d'oser jouer autre chose que des scies, et disposer d'un (double !) orchestre qui fait semblant de jouer lorsqu'il n'aime pas la musique (c'est-à-dire à peu près à chaque fois qu'il est à Garnier…), c'est tout de même assez sinistre. Pour le reste, tout de même passé quelques bons moments (Onéguine, surtout), quand l'orchestre s'investit.

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Les interprètes vont être récompensés individuellement ci-après.




4. Statistiques

4a. Statistiques : lieux fréquentés

Huitième saison francilienne, et cependant encore un assez respectable taux de renouvellement des salles : 139 soirées dans 69 lieux, dont 31 nouveaux (la saison passée, c'était 101-43-15). Ainsi, un soir sur deux dans un lieu différent, la moitié de ces lieux pour des expérimentations !

Les voici par ordre de fréquentation. En italique, les totaux. En gras, les salles visitées pour la première fois dans le cadre d'un concert.


Conservatoires total : 28
CNSM total : 20
Philharmonie complète : 19
Philharmonie, grande salle : 13
Champs-Élysées : 13
Radio total : 10
CNSM, salle d'orgue : 9
Jeunes Talents total : 8
Opéra de Paris total : 8

Radio auditorium : 7
CRR total : 6
Athénée rénové : 5

Opéra Bastille : 5
Soubise total : 5
Hôtel de Soubise : 4
Auditorium Lankowski du CRR : 4
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Favart rénové : 3
CNSM (salle d'art lyrique) : 3
CNSM (salle Fleuret) : 3
Amphi CiMu : 3
Palais Garnier : 3
Radio Studio 104 : 3
Châtelet : 3
Temple du Luxembourg : 2
CiMu : 2
Petit-Palais (avec Jeunes Talents) : 2
Opéra Royal de Versailles : 2
Salle Richelieu : 2
Oratoire du Louvre : 2
Hôtel de Béhague : 2
Théâtre de Gennevilliers : 2
--
Cour de Guise (Hôtel de Soubise) : 1
Cité Internationale des Arts : 1
Sainte-Élisabeth-du-Temple : 1
CNSM, salon Vinteuil : 1
Salle Cortot : 1
Salle de répétition de la Philharmonie (Studio) : 1
Bouffes-du-Nord : 1
Foyer de l'Âme : 1
Saint-Louis-en-l'Île : 1
Sainte-Élisabeth-du-Temple : 1
Saint-Eustache : 1
Théâtre des Abbesses : 1
CNSM (amphi de la Cité de la Musique) : 1
Saint-Louis-des-Invalides (avec CNSM) : 1
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines : 1
Théâtre de l'Odéon : 1
Salle des Concerts du Conservatoire : 1
Saint-Saturnin d'Antony : 1
Notre-Dame-du-Liban : 1
Collégiale de Mantes-la-Jolie : 1
Le Passage vers les étoiles : 1
Temple du Port-Royal : 1

Temple de Pentemont : 1
Temple du Saint-Esprit (avec CRR) : 1
Temple de Passy : 1
Trianon Paris : 1
Comédie Nation : 1
Théâtre 71, Malakoff : 1
Théâtre de l'Usine, Éragny : 1
Salle Turenne (avec CNSM) : 1
CNSM, salle Dukas : 1
Auditorium du Louvre : 1
Chapelle Royale de Versailles (si, si) : 1
Théâtre-Studio du Carrousel : 1
Saint-Louis de la Pitié-Salpêtrière : 1
Salle Saint-Thomas d'Aquin : 1
Salle des Fêtes de la Mairie du IVe arrondissement : 1
Saint-Germain-l'Auxerrois : 1
Bibliothèque Marmottan : 1
Conservatoire de Boulogne-Billancourt : 1
Salle Fauré du CRR : 1
Conservatoire de Puteaux : 1
Maison du Danemark : 1
Sainte-Jeanne de Chantal : 1
Sainte-Croix des Arméniens : 1
Théâtre de la Commune, Aubervilliers : 1
Théâtre de La Huchette : 1
Hôtel de Castries : 1

Je vois avec plaisir le triomphe écrasant du CNSM et des conservatoires en général : des lieux où de jeunes musiciens déjà accomplis se jettent avec fougue dans leurs premiers vrais concerts, sur des chefs-d'œuvre encore frais au bout de leurs doigts… Et tout cela gratuit, assez tôt en soirée, donc consommable vraiment sans aucune forme de modération, je l'avoue. C'est en outre là où les programmes ont été les plus originaux (cycles de mélodies et piano de Puig-Roget, de Roland-Manuel, Les Angélus de Vierne, La Maison dans les dunes de Dupont, une soirée de mélodies et mélodrames d'Eisler… !).

Il est amusant de constater que les Champs-Élysées varient totalement d'une année à l'autre (de presque rien à beaucoup comme cette année, et ce sera peu l'an prochain), et que les grandes salles perdent beaucoup en proportion malgré le grand nombre de soirs : je suis plus allé au CNSM que dans n'importe quel autre endroit, et plus dans la seule salle d'orgue que dans toutes les salles de l'Opéra de Paris ! De même, autant de déplacements à l'Athénée qu'à Bastille…

Pour le reste, vous pourrez juger des lieux parfois exotiques (une salle paroissiale, une ambassade, un ministère)…

Le 38 Riv' (programmation, mais aussi qualité variable des concerts) et musée d'Orsay ont totalement disparu (ça ne s'arrangera pas cette année, avec les prix exorbitants et les programmes intéressants tous le midi !).

J'ai enfin découvert la Chapelle Royale (à l'occasion une messe avec prêche de soutien implicite à F. Fillon, en réalité), le Studio de la Comédie-Française, le Conservatoire de Boulogne et l'Auditorium du Louvre, lieux importants de la culture francilienne qui manquaient à mon tableau de chasse, ainsi que plusieurs maisons communales importantes (Malakoff, Éragny, Aubervilliers).



4b.  Statistiques : genres écoutés

Après avoir été détrôné pour la première fois par le symphonique, l'opéra revient en première place, mais d'assez peu, les proportions sont finalement assez équilibrées. La musique de chambre, à égalité du symphonique, n'a jamais été plus représentée (et c'est un vrai plaisir…).

C'est même encore plus significatif pour lied & mélodie : si j'y intégrais les airs de cour comme les autres années, ce serait le second corpus de l'année après l'opéra… Malgré une saison plus instrumentale que d'ordinaire, la glottophilie demeure un poison puissant.

Le théâtre gagne significativement, de 4 à 15 dates !  (les soirées supplémentaires se sont en effet souvent portées sur du théâtre)

(Les sous-catégories ne sont pas forcément complètes.)

Opéra : 31 (dont 22 scéniques, 9 en concert ; 18 français, 6 italiens, 3 russes, 2 allemands 1 anglais, 1 chinois ; 1 XVIIe italien, 5 tragédies en musique, 1 autre baroque, 8 classiques, 14 romantiques, 2 décadents, 1 contemporain, 1 wuju)
Chambre : 26 (dont 8 trios avec piano, 6 quatuors, 4 violon-piano, 2 violoncelle-piano, 2 trios clarinette-piano, 2 sonates en trios, 2 clavecin solo, 1 quintette à cordes, 1 octuor 1 quatuor de clarinettes, 1 orgue et violon, 1 orgue et harpe, 1 harpe baroque, 1 4 mains, 1 quintette à vent)
Symphonique : 25 (dont baroque 4, classique 2, moderne 3, nordique 3… recensement très incomplet)
Lied & mélodie : 20 (dont allemand 13, français XIXe 6, français XXe 5, français XXIe I, russe vingtième III, espagnol 1, bokmål 1, danois 1, italien 1 ; orchestral 4)

Théâtre : 15
(dont 1 Ibsen, dont 2 en japonais & coréen)
Musique vocale sacrée : 12 (dont baroque allemand 2, baroque français 2, classique 2, XIXe français 2, XIXe italien 1, XIXe allemand II, XXe 1, XXIe 1)
Airs de cour : 8 (dont français 6, italien 4, anglais 1)
Oratorio 8 (dont allemand 6, anglais 3, français 1, espagnol 1, latin 1)
Spectacle musical : 7

Récital d'opéra : 6 (2 baroques, 1 en spectacle, 3 français, 1 d'ensembles)
Chœurs profanes : 5 (au moins, mal recensé celui-là… dont petits braillards 2, italien XVIIe 1, finlandais 1, français XXe 2)
Orgue : 5
Ballet : 4 (dont 2 scéniques, 2 complets en concert)

Cantates : 3
Comédie musicale : 3
Ciné-concert : 3
Poèmes, lectures : 3
Piano solo : 3 (dont 1 français XIXe, 1 français XXe, 1 russe XXe)
Musique amplifiée : 2
Clavecin solo : 2
Improvisations : 1
Musique d'harmonie : 1
Chanson : 1
Jazz : 1
Conférence-concert 1
Cours public : 1




4c.  Statistiques : époques musicales

Comme les autres années, cela dit plus de l'offre effectivement disponible que de mes tropismes réels : si je pouvais me gaver de tragédies en musique fin XVIIe-début XVIIIe ou de quatuors du début du XIXe, je le ferais avec tout autant de plaisir qu'avec les périodes les plus représentées dans ce total.

La répartition, peut-être un peu plus équilibrée cette année (du fait aussi du plus grand nombre de soirées dans l'échantillon ?), présente toujours ce même pic caractéristique XIXe2-XXe1.

traditionnel : 2
XVIe2 : 2
XVIIe1 : 12
XVIIe2 : 15
XVIIIe1 : 15
XVIIIe2 : 20
XIXe1 : 31
XIXe2 : 48
XXe1 : 40
XXe2 : 26
XXIe : 18



4d.  Statistiques : orchestres et ensembles

57 phalanges : 28 orchestres (8 découvertes), 29 ensembles spécialistes (13 découvertes).

ORCHESTRES

Orchestre National de France : 8
Orchestre de l'Opéra de Paris : 7
Orchestre de Paris : 4 (+ membres 1)
--
Orchestre Philharmonique de Radio-France : 2
Les Siècles : 2
Orchestre des Étudiants du CNSM : 2
Le Concert de la Loge Olympique : 2
Orchestre des Champs-Élysées : 2
Orchestre du Palais-Royal : 2
--
Cercle de l'Harmonie : 1
I Barocchisti en formation romantique : 1
Ensemble Pygmalion en formation romantique : 1
Orchestre des Lauréats du CNSM : 1
Orchestre des Frivolités Parisiennes : 1
Orchestre du Festival Musiques au Pays de Pierre Loti : 1
Orchestre des Jeunes d'Île-de-France : 1
Orchestre de Chambre de Paris : 1
Orchestre National d'Île-de-France : 1
Orchestre National de Lille : 1
Orchestre de l'Opéra de Rouen : 1
Orchestre du Capitole de Toulouse : 1
Orchestre de la Radio de Munich : 1
London Symphony Orchestra : 1
Staatskapelle Berlin : 1
Bayerisches Staatsorchester (Opéra de Munich) : 1
Orchestre du Bolchoï : 1
Mahler Jugendesorchester : 1

les putti d'incarnat Arrêt des Putti d'incarnat les putti d'incarnat

La décoration suprême sera décernée à quatre orchestres.

♥♥ Orchestre des Lauréats du CNSM dans la Deuxième Symphonie de Schumann (classe de direction).
       → Une ardeur incroyable, l'ivresse permanente, indépendamment même des lectures des jeunes chefs.
♥♥ Le Cercle de l'Harmonie dans Don Giovanni de Mozart (Rhorer).
       → Une explosion de couleurs, et sans les accents durs et systématiques qui ont pu être la marque de Rhorer par le passé.
♥♥ Orchestre National de France dans Pelléas et Mélisande de Debussy (Langrée).
       → Textures incroyables. L'un des tout plus beaux Pelléas que j'aie entendus.
       → Par ailleurs, une très belle saison : programmes français très ambitieux réussis (le Cinquième Concerto de Saint-Saëns ou Les Biches intégrales de Poulenc, notamment), des incursions nordiques remarquables (Sibelius 5 et surtout Nielsen 2). Moins convaincu par leur Requiem de Verdi, mais c'était plutôt une question de chef invité, pas encore aguerri au métier (Rhorer, excellent chef d'ensemble qui est en train d'apprendre le métier de chef itinérant).
♥♥ I Barocchisti en formation romantique, dans Norma de Bellini (Gianluca Capuano).
       →  Remplacement de Fasolis au dernier moment, et néanmoins une merveille de redécouvrir l'œuvre ainsi, tout en transparence et en couleurs, une véritable grâce sur cette matière pourtant rudimentaire. Un très grand moment de la saison.

J'ai aussi retrouvé avec beaucoup de plaisir d'autres orchestres :
Orchestre du Festival Musiques au Pays de Pierre Loti (Hahn, L'Île du Rêve), remarquable pour un ensemble ad hoc et très impermanent, très engagé.
Orchestre de Paris (oratorios de Schumann, Mahler 2), toujours sur les cîmes.
♥ et aussi : Les Siècles, l'Orchestre des Frivolités Parisinennes (quel luxe insigne pour des musiques si peu exigeantes !), le Philharmonique de Radio-France (grande flexibilité stylistique cette saison), les Étudiants du CNSM (dans les immenses soli de Schmitt, quelle sûreté !), l'ONDIF toujours ardent, le LSO toujours virtuose et brillant, Lille complètement emporté… de grands moments qui, n'étaient l'offre pléthorique, suffiraient à combler une vie de mélomane.

Comme un palmarès ne vaudrait rien si tout était égal, j'ai aussi eu quelques frustrations. Certaines très relatives :

■ Le Capitole de Toulouse, que j'ai tant aimé pour son engagement exceptionnel, est devenu d'un tel niveau que je sens moins la tension que la perfection – or, il est souvent plus grisant d'entendre un orchestre limité se confronter à la frange de ses possibilités (quand il y parvient plus ou moins, hein) qu'un orchestre aux possibilités illimités qui joue avec conviction. Le National de Lorraine à fond me touche plus que l'Opéra de Munich à fond, même si c'est sans doute injuste. La spécialité française semble aussi s'être progressivement perdue avec Sokhiev, on ne l'entend plus guère désormais.
■ L'Orchestre des Jeunes d'Île-de-France, nouvelle formation qui se veut un tremplin professionnel (chefs de pupitre titulaires de chaises dans les grands orchestres, Orchestre de Paris notamment). Très bon projet, programmes intéressants, mais pour l'heure, le résultat m'a paru un peu vert, manquer de cohésion – en musique de chambre, c'était même la justesse qui faisait défaut. (D'où ma question sur le niveau individuel de certains membres audiblement en deçà.)  Un beau projet, mais je ne suis pas encore complètement enthousiaste du résultat, quand des représentations d'autres jeunes orchestres (CNSM, Frivolités, Pierre Loti) m'ont tout à fait renversé. À voir dans les prochaines saison (on m'avait dit grand bien de leur Mahler 1, auquel je n'étais pas). Le Collegium, son versant baroque, m'a davantage convaincu (beau programme ici aussi, et les quelques faiblesses devraient se lisser dans le temps), mais difficile d'être dans de bonnes dispositions avec leur logistique à chaque fois cataclysmique (au sommet, les portes ouvertes de l'Oratoire du Louvre quand il fait 5°C dehors). Un point qui devrait aussi s'améliorer.
■ Petit espoir déçu : la Staatskapelle Berlin. Je dirai tout le mal que je pense de la direction de Barenboim ci-après, mais j'espérais un son plus physique ou plus typé. C'est un très bel orchestre, mais je n'ai pas repéré de plus-value particulière par rapport à ceux qui passent à la Philharmonie, indépendamment de ce qu'en faisait le chef. Alors qu'au disque (dans les époques pré-Barenboim, ou dans les bons soirs de Barenboim), j'entendais davantage le poids de l'Histoire (le plus vieil orchestre d'Europe !), la force de la tradition et des équilibres. Au-dessus de tout reproche au demeurant, c'est simplement que j'espérais une révélation.

Et il y a la franche déception. 1 orchestre sur 26.

♠♠ Je ne sors jamais fâché d'un concert, même décevant (pour moi), même imparfait techniquement. Je suis toujours content d'avoir entendu des œuvres que j'aime (ou à défaut, des œuvres que je n'avais jamais testées sur pièce), même si ça ne me plaît pas vraiment.
    Cependant, je saurais gré à l'Orchestre de l'Opéra de faire une partie du chemin en direction du public bienveillant. Ils peuvent être extraordinaires (l'Onéguine avec Gardner cette saison en témoigne, jamais entendu l'œuvre aussi tendue et élancée !  et même pour le ballet, leur très beau programme Mendelssohn), ils ont un niveau individuel formidable, une expérience hors du commun, un passé, tout ce qu'on voudra. Mais lorsque les œuvres ne les intéressent pas (Iphigénie en Tauride de Gluck, ici ; et Così fan tutte n'était pas fabuleux, peut-être plus lié aux circonstances défavorables), leur désinvolture ostensible est assez irritante. On l'entend, et on le voit aussi : ça pousse son archet avec indifférence, juste ce qu'il faut pour être en rythme.
    Je ne blâme jamais les musiciens de ne pas donner une soirée d'exception (les décalages avec un chef invité ou dans le répertoire italien, ça ne me scandalise pas, par exemple) ; en revanche considérant leur statut, leur salaire (très confortable dans l'absolu, astronomique pour le milieu), ce qu'ils représentent, et la beauté de leur métier, leur demander de mettre un minimum d'entrain, ou du moins de ne pas afficher leur mépris pour ce qu'ils jouent, ce serait assez sympa.



ENSEMBLES SPÉCIALISTES

Les Kapsber'girls : 2

Il Festino : 2
Le Vaisseau d'or : 2
Capriccio Stravagante formation Renaissance : 1
Cappella Mediterranea : 1
Le Poème Harmonique : 1
Correspondances : 1
Ensemble Athénaïs : 1
Le Concert des Nations : 1
The Taylor Consort : 1
Les Ambassadeurs : 1
Ensemble baroque issu du CNSM : 1
Membres des CRR de Paris et Versailles : 1
Membres (ad hoc pour programme écossais) notamment issus des CRR de Versailles et Cergy : 1
Orchestre des Jeunes d'Île-de-France « Collegium » : 1
La Calisto : 1
Le Concert Spirituel : 1
Orchestre d'Harmonie des Gardiens de la Paix : 1
Ensemble Intercontemporain (membres) : 1
Ars Nova : 1
Le Balcon : 1
Ensemble pour la perpétuation culturelle du Zhejiang : 1
Orchestre du Châtelet : 1
Berliner Ensemble : 1

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Quatre ensembles méritent un putto d'incarnat cette saison :

♥♥ Les Kapsber'girls (Kapsberger, Strozzi, Giramo…).
        → Deux chanteuses et deux continuistes (très jeunes !) qui ravivent les couleurs de l'air de cour italien début XVIIe, avec le naturel de la chanson.
♥♥ Il Festino.
       → Des programmes originaux mêlant poésie et airs à boire XVIIe, explorant les différentes formes (polyphoniques, monodiques, avec symphonie…) de l'air de cour. Avec Dagmar Šašková en vedette.
♥♥ Le Vaisseau d'or (messe de Boutry, motets de Couperin, Campra, Bernier).
       → Nouvel ensemble (dont les membres sont pour partie issus du Concert Spirituel) qui explore le répertoire sacré français du XVIIe siècle, en privilégiant l'exultation du verbe et de la danse. Expériences jubilatoires et répertoire rare.
♥♥ Le Poème Harmonique.
       → Dans le répertoire plus canaille et souple des airs de cour et des chants traditionnels, leur inventivité et leur sens des textures fait merveille.

Mais aussi :

The Taylor Consort (Clérambault, Montéclair).
       → Des réalisations fines très volubiles et intéressantes
Ars Nova (P. Maxwell Davies)
       → Bel entrain (et beau son !) dans des musiques difficiles.
La Calisto (baroque portugais)
       → Programmes inédits habilement arrangés pour la formation, et très bien exécutés.

Et les membres de l'EIC qui participaient à un concert de chambre de l'Orchestre de Paris étaient hallucinants, pas seulement techniquement, jusque dans leur adéquation stylistique au répertoire romantique.



4e.  Statistiques : chœurs

32 formations (j'ai dû en oublier), dont 15 nouvelles.

Chœur de l'Opéra de Paris : 6
Chœur de l'Orchestre de Paris : 6
Chœur de Radio-France : 4
Maîtrise de Radio-France : 2 (sans doute davantage…)
Chantres du CMBV : 2
Chœur du Palais-Royal : 2
Chœur du Concert de la Loge Olympique : 2
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Pré-maîtrise de Notre-Dame : 1
Pages du CMBV : 1
Accentus : 1
Chœur des étudiants en chant baroque du CRR de Paris : 1
Chœur des Frivolités Parisiennes : 1
Maîtrise de l'Orchestre de Paris : 1
Ensemble Athénaïs : 1
Chœur ad hoc du Vaisseau d'or : 1
Collegium Vocale de Gand : 1
Chœur de la Troupe pour la Perpétuation Culturelle du Zhejiang : 1
Chœur de l'Ensemble Pygmalion : 1
Chœur Dionysos : 1
Chœur du Concert Spirituel : 1
Chœur de l'OJIF Collegium : 1
Chœur ad hoc du Châtelet : 1
Vox Luminis : 1
Chœur de Chambre de Namur : 1
Les Cris de Paris : 1
Calligrammes : 1
Chœur de Chambre de l'Académie de Musique de Paris : 1
Chœur ad hoc du Concert des Nations : 1
Chœur de la Radio Flamande : 1
Chœurs du LSO : 1
Coro della radio della Svizzera Italiana : 1
Hämäläis-Osakunnan Laulajat (HOL) : 1

    Les chœurs sont vraiment des univers étonnants, très mouvants, leur composition évolue beaucoup même au fil d'une même saison, leur recrutement aussi, sans parler des diverses déclinaisons possibles pour certains d'entre eux (chœur en grande formation, chœur de chambre, etc.).
    Et leurs caractéristiques évoluent avec leurs membres et leurs chefs… Ainsi, Radio-France se bonifie vraiment sous Jeannin, qui révèle la souplesse de leur technique (et plus seulement leurs grosses voix d'opéra) ; on est loin de mériter le putto d'incarnat, mais ce devient vraiment agréable à écouter, ce qui était inconcevable il y a encore peu d'années. À l'inverse, certains ensembles que j'aimais beaucoup comme le Collegium Vocale ou Accentus m'ont paru perdre un peu de leur fraîcheur – dans Accentus, les visages changent à une vitesse hallucinante de toute façon –, et s'émousser un tout petit peu, tout en restant très beau. Est-ce l'effet d'autres belles formations entendues entre temps, qui les a rendues plus banales, ou bien ce changement organique que je décrivais ? À la radio en tout cas, le chœur Aedes qui ressemblait à Accentus en un peu moins bien m'a paru gagner encore en beauté…
    Chez Pygmalion, c'était encore plus spectaculaire en passant de Rameau à Mendelssohn (et dans la grande Philharmonie) : dictions assez relâchées, spectre sonore pas particulièrement marquant, rien à voir avec la présence surnaturelle de leur Castor à Favart.
 

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Grand chœur

♥♥ Chœur de l'Orchestre de Paris (Purcell, Schumann par deux fois, Brahms, Reger, Distler).
       → Il existe des préoccupations (légitimes) et des protestations de la part des musiciens professionnels devant l'emploi d'amateurs pour remplir des rôles de niveau professionnel… mais en l'occurrence, que les pros commencent à faire aussi bien et on en rediscute. Après avoir entendu pas mal des meilleurs chœurs du monde, je trouve qu'ils se maintiennent, concert après concert, au-dessus de la plupart des plus grands. La transparence de voix plus légères que les voix d'opéra, mais sans les fragilités des ensembles amateurs, ni les limites stylistiques que peuvent avoir les meilleurs chœurs de cathédrales… Un petit miracle à chaque fois.

♥ J'ai aussi beaucoup aimé le jeune Chœur du Palais-Royal dans Haendel, ainsi que le Coro della Radio della Svizzera Italiana préparé par Fasolis depuis des années, une grande maîtrise, une grande finition timbrales. Et bien sûr le Bolchoï, un ensemble exceptionnel dont il semble que le moindre choriste ferait une carrière solo de premier plan sur les scènes ouest-européennes, la puissance et le moelleux réunis…


Chœur baroque


♥♥ Chœur ad hoc du Vaisseau d'or (Boutry).
        → Réuni pour la messe de Boutry (et plus ou moins à un par partie), une collection d'individualités extraordinairements prégnantes (Sebastian Monti !), se fondant dans un ensemble réellement incantatoire.

♥ Aussi de très belles expériences avec l'Ensemble Athénaïs (six femmes), le chœur du Concert des Nations pour Alcione (en réalité composé pour l'occasion d'excellents jeunes chanteurs français à la diction et au style parfaits…), Vox Luminis qui mérite sa flatteuse réputation de précision et de luminosité, ou le Chœur de l'OJIF Collegium aux membres individuellement prometteurs.


Putto ventru : le prix spécial du jury

♥♥ Chœur Calligrammes (Saint-Saëns, d'Indy, Schmitt, Poulenc)
       → Un gros, gros coup de chœur pour ce chœur amateur qui a comblé mes souhaits les plus fous d'entendre les chœurs (jamais enregistrés, sauf erreur) de d'Indy et Schmitt, en parcourant l'influence folklorique sur les post-wagnériens français. Programme à la fois passionnant, très beau, et réalisé avec une tenue remarquable – chanter ces pièces aussi complexes (et sans modèle…) a cappella, avec d'assez jolis timbres et de bons équilibres, je leur tire mon chapeau ainsi qu'à leur cheffe Estelle Béreau. Un des meilleurs moments de la saison.



4f.  Statistiques : chefs


Il en manque sans doute beaucoup.

Chefs multi-fréquentés
Daniel Harding : 4 (OP, Mahler JO)
Philippe Jordan : 3 (ONP)
Stéphane Denève : 2 (ONF)
Jérémie Rhorer : 2 (ONF, Cercle de l'Harmonie)
Philippe Herreweghe : 2 (OCE)
François-Xavier Roth : 2 (Les Siècles)
Jean-Philippe Sarcos : 2 (Palais-Royal)
Tugan Sokhiev : 2 (Toulouse, Bolchoï)

Avec orchestres franciliens
Carlo Rizzi (Opéra)
Bertrand de Billy (Opéra)
Simon Hewett (Opéra)
Edward Gardner (Opéra)
Thomas Hengelbrock (OP)
Brian Schembri (ONF)
Dima Slobodeniuk (ONF)
Osmo Vänskä (ONF)
John Storgårds (ONF)
Simone Young (ONF)
Louis Langrée (ONF)
Mikko Franck (OPRF)
Laurent Campellone (OPRF)
Eliahu Inbal (OPRF)
Enrique Mazzola (ONDIF)
Hervé Niquet (Chambre de Paris)
Raphaël Pichon (Pygmalion)
Nicolas Simon (Frivolités Parisiennes)
David Molard (OJIF)
Patrick Davin (CNSM étudiants)

Avec orchestres invités
Philippe Nahon (Ars Nova)
Julien Masmondet
(Musiques au Pays de Pierre Loti)
Alexandre Bloch (Lille)
Gianluca Capuano (I Barocchisti)
John Adams
(LSO)
Kirill Petrenko (Opéra de Munich)
Daniel Barenboim (Staatskapelle Berlin)
Ulf Schirmer (Radio de Munich)

… et par deux fois (Mozart-Schumann, puis Schmitt) les six étudiants de la classe d'Alain Altinoglu au CNSM, certains (les deux tiers…) véritablement excellents, mais que je ne puis identifier visuellement. (Pour une prochaine fois, si l'anonymat n'est pas délibéré, indiquez un ordre de passage, ce permettra de leur rendre justement hommage.)

Il est toujours difficile de juger d'un chef : quelle est la part des habitudes prises par l'orchestre, du temps de répétition, de l'influence de ce qu'on a l'habitude ou envie d'entendre ?  Comment juger des consignes qui ont été données, et les attribuer au chef en particulier ?

Et pourtant, les effets sont là, et on peut réellement sentir (et de façon reproductible concert après concert) des qualités spécifiques tirées de tel ou tel orchestre par tel ou tel chef.

Donc, gros chocs de la saison.

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Tous ceux-ci ont proposé quelque chose de passionnant orchestralement dans de la musique dont l'intérêt est pourtant en théorie lyrique.

♥♥ Edward Gardner (Opéra) dans Onéguine (tension permanente, le galbe superbe).
♥♥ Louis Langrée (ONF) dans Pelléas (textures incroyables).
♥♥ Gianluca Capuano (I Barocchisti, préparés par Diego Fasolis) dans Norma (réinvention d'équilibres limpides, élégants, dramatique, à rebours de la tradition).
♥♥ Jérémie Rhorer (Cercle de l'Harmonie) dans Don Giovanni (couleurs renouvelées partout).
♥♥ François-Xavier Roth (Les Siècles) dans Le Timbre d'argent de Saint-Saëns (toujours cette multitude de détails dans la grande arche, cette finesse élégante et profonde).
♥♥ Thomas Hengelbrock (OP) dans Ein deutsches Requiem (furieux et emporté, une lecture rare)
♥♥ Alexandre Bloch (Lille) dans Les Pêcheurs de perles (enthousiasme et cohérence permanents, jusque dans chaque récitatif).
♥♥ Laurent Campellone (OPRF) dans Fantasio d'Offenbach (réussit à plier le Philharmonique au style français avec beaucoup de naturel, ce qui était tout sauf garantit).

♥ Mais il y avait aussi beaucoup à se satisfaire ailleurs : l'ONF a en particulier recruté de façon très avisée John Storgårds (Nielsen 2, évident comme au disque), Osmo Vänskä (Nielsen 4 très détaillé et exaltant), Dima Slobodeniuk (belle Sibelius 5), Stéphane Denève (dans Saint-Saëns, Ravel, Schmitt, Poulenc, Milhaud). Daniel Harding (OP), Enrique Mazzola (ONDIF), Eliahu Inbal (OPRF).

♥ Et, à nouveau dans le lyrique, quelques très belles rencontres avec Philippe Nahon (Ars Nova), Julien Masmondet (Musiques au Pays de Pierre Loti) ou retrouvailles avec Nicolas Simon (Frivolités Parisiennes), à chaque fois dans des œuvres peu marquées par la tradition.

Cette saison, sur le nombre j'ai quand même eu de quoi glaner quelques déceptions.

Jérémie Rhorer n'était pas à son aise avec l'ONF dans le Requiem de Verdi : son d'orchestre blanc (quand on a entendu leurs autres concerts et les siens de son côté, ça surprend), et incapacité à rattraper les décalages des chanteurs. C'est une question d'expérience, chef invité est un tout autre métier. Mais je le mentionne, il est amusant qu'il se situe à la fois dans les deux catégories.
Patrick Davin, dont j'apprécie beaucoup l'engagement comme promoteur de la musique vocale et symphonique françaises. C'est aussi lui qui a enregistré la seule version intégrale de la Salomé de Schmitt (et a manifestement soufflé l'idée à Alain Altinoglu de le faire diriger à sa classe). En retransmission, je n'ai eu qu'à me féliciter de l'entendre, et je mets de côté la Jacquerie de Lalo-Coquard, où les musiciens semblaient très peu motivés ; mais pourquoi lui avoir confié du Cimarosa (sans doute pour lui permettre de former les élèves du Conservatoire sur d'autres aspects, certes), c'est un mystère. Ce n'est pas du tout sa spécialité, et ça ressemblait à ce qu'on faisait dans les années cinquante (plutôt uniforme et épais), alors que les élèves sont rompus aux exigences musicologiques, désormais. Un peu frustrant au sein d'une production très vivante (ce n'était pas mauvais du tout, juste stylistiquement frustrant).

Et deux très grosses réserves.

♠♠ La première est une divergence d'ordre esthétique. Daniel Barenboim (Staatskapelle Berlin), que je goûte peu d'ordinaire mais qui a ses très bons moments avec cet orchestre (Fidelio, Parsifal, Elektra, certains Beethoven, leur remarquable récente gravure de Schumann, contre toute attente), sert un Bruckner complètement inopérant à mon sens. Ce qui peut passer globalement au disque (l'intégrale a paru il y a peu) me dépasse complètement en concert : à quoi bon venir dans une salle si c'est pour entendre moins bien qu'au disque, et que tous les plans intermédiaires soient occultés ?  Le son est délibérément opacifié, même les altos sont placés de façon à ce qu'on ne les entende pas. Par ailleurs, conception monumentale plus épaisse que cathédralisante, je n'ai vraiment pas vu l'intérêt. J'y ai consacré une notule plus détaillée, pour ceux qui en sont curieux (réjouis / scandalisés).

♠♠ La seconde est un vrai problème de recrutement et même de compétence. Pour l'anniversaire de l'ADAMI, Brian Schembri est invité à diriger l'ONF. Par quel mystère, pour un programme conçu comme une vitrine, l'a-t-on choisi ? Certes, il n'a pas commencé hier, il est le directeur du Philharmonique National de Malte, et a dirigé le Philharmonique de Radio-France, et il n'a même pas l'excuse d'être un petit français qui monte, ou un prof de conservatoire connu de tous. L'accompagnement des chanteurs (qui constitue l'essentiel du programme) ne parvient pas à les suivre précisément, et la façon raide et bruyante de diriger l'opéra italien, l'absence d'esprit dans le reste… donnaient l'impression que l'orchestre était plus entravé par ses directives que s'il avait joué seul le programme – ce qui est fâcheux dans son secteur d'activité.



4g.  Statistiques : metteurs en scène (et chorégraphes)

39 spectacles scéniques par 36 équipes de mise en scène.

Thomas Jolly (Eliogabalo de Cavalli)
Louis Moaty (Alcione de Marais)
Mise en espace de Médée & Jason de Salomon (acte II) au CRR de Paris
Clément Hervieu-Léger (Le Petit-Maître corrigé de Marivaux)
Dominique Pasquet (Les Sincères de Marivaux)
Krzysztof Warlikowski (Iphigénie en Tauride de Gluck)
Sandrine Anglade (Chimène ou le Cid de Sacchini)
Marc Paquien (Phèdre de Lemoyne)
Cécile Roussat & Julien Lubek (Il Matrimonio segreto de Cimarosa)
Stéphane Braunschweig (Don Giovanni de Mozart)
Anne Teresa De Keersmaeker (Così fan tutte de Mozart)
Benjamin Pintiaux (Stratonice de Méhul)
Jean-Pierre Vincent (Iphigénie en Tauride de Goethe)
Robert Wilson (Faust I & II de Goethe)
Sébastien Derrey (Amphitryon de Kleist)
Extraits de La Tour de Nesle de Dumas et Lucrèce Borgia d'Hugo avec les musiques de scène de L.-A. Piccinni.
Patrice Caurier & Moshe Leiser (Norma de Bellini)
George Balanchine (A Midsummer Night's Dream de Mendelssohn)
Claus Guth (Lohengrin de Wagner)
Thomas Jolly II (Fantasio d'Offenbach)
Robert Carsen (Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach)
Édouard Signolet (Le Petit-Duc de Lecocq)
Paolo Taccardo (Hedda Gabler d'Ibsen)
Guillaume Vincent (Le Timbre d'argent de Saint-Saëns)
Willy Decker (Eugène Onéguine de Tchaïkovski)
Mise en espace de la classe d'ensembles vocaux du CNSM (Pelléas, L'Étoile, Cendrillon)
Éric Ruf (Pelléas et Mélisande de Debussy)
Nâzim Boudjenah (Intérieur de Maeterlinck)
Arnaud Desplechin (Danza macabra de Strindberg)
Olivier Dhénin (L'Île du Rêve de Hahn)
Mario Martone (Sancta Susanna de Hindemith + Cavalleria rusticana de Mascagni)
Gower Champion (42 Street de H. Warren)
Stéphane Braunschweig II (Soudain l'été dernier de T. Williams)
Emmanuelle Cordoliani (Qui a tué la bonne à la tâche ?, spectacle composite au CNSM)
Alain Patiés (The Lighthouse de P. Maxwell Davies)
Oriza Hirata (Gens de Séoul 1909)
Oriza Hirata II (Gens de Séoul 1919)
Enrico Bagnoli (Ismène de Rítsos)
Éric Chantelauze (La Poupée sanglante de Bailly & Chantelauze)


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D'abord les expériences les plus intenses qui magnifient un texte déjà passionnant.

♥♥ Alain Patiés (The Lighthouse de P. Maxwell Davies).
        → Arriver à reproduire le mystère et le fantastique sur une scène, avec presque rien, c'est un véritable tour de force. Le livret est remarquable, mais il se passe quelque chose d'indéfinissable, visuellement, qui fait qu'on y croit. (Il existe une notule sur ce sujet.) Rarement vécu ça, à peu près jamais à vrai dire hors du saisissant Tintagiles par Podalydès.
♥♥ Oriza Hirata (Gens de Séoul 1909 & 1919)
       → Là aussi, le texte fait beaucoup, mais parvenir à rendre la conversation banale, avec des comédiens assis, aussi captivante, et où surgit sans cesse la drôlerie, il faut un sens de la construction et de la juste mesure très sûr. (notule sur le sujet)
♥♥ Éric Chantelauze (La Poupée sanglante de Bailly & Chantelauze)
       → Inventivité à peine croyable dans cette pièce à la très grande fantaisie. Sur une scène minuscule où les trois comédiens peuvent à peine tenir de front, des mondes s'ouvrent pourtant.

Puis, au contraire, ceux qui ont tiré quelque chose d'une matière-première difficile :

♥♥ Cécile Roussat & Julien Lubek (Il Matrimonio segreto de Cimarosa).
       → Encore une fois géniaux (leur Didon & Énée de Purcell à Rouen, qui se trouve au DVD, passe les mots) et tout à fait jubilatoires, le duo tire d'une intrigue très conventionnelle et prévisible beaucoup de sel… la scène est en permanence animée par des événements pas du tout prévus par la musique ni le livret, mais en les servant toujours (surtout pas des gags parasites gratuits). Ils rendent une pièce difficile à soutenir scéniquement captivante à suivre.
♥♥ Éric Ruf (Pelléas et Mélisande de Debussy).
       → Je ne suis que rarement convaincu par les mises en scène de Pelléas, mais ici, même (et surtout) à l'acte V, un climat très particulier se dégage, ni emprunté ni envahissant, qui permet au poème de s'exprimer très librement. (Chanteurs en permanence en front de scène, ce qui est salutaire dans le fer-à-cheval du Théâtre des Champs-Élysées.)
♥♥ Robert Wilson (Faust I & II de Goethe)
       → Dans la comédie musicale de Grönemeyer sur le texte de Goethe, Wilson laisse libre court à une fantaisie visuelle très riche, servi par des acteurs hors du commun.

Et, plus personnel :

♥♥ Stéphane Braunschweig (Don Giovanni de Mozart)
        → Certes, c'est plutôt rater Don Giovanni qui est un défi, mais le dépouillement de Braunschweig me touche très directement, et ici, les nouveaux angles proposés pour éclairer les personnages, les petits indices discrets (suggestion que Leporello et Elvira ont consommé leur soirée d'escapade, par exemple) procurent une profondeur très appréciable aux psychologies et aux divers détails du livret.
[Beaucoup moins impressionné par son Soudain l'été dernier, assez figé.]

Il y aurait beaucoup d'autres belles réalisations à signaler.

♥ Ceux qui, avec peu de moyens, font des miracles : Édouard Signolet (Le Petit-Duc de Lecocq) confie le personnage de la dame chaperonnesse à un baryton (ce qui donne immédiatement un relief loufoque à l'intrigue) et règle sans moyens une mise en scène très animée ; Dominique Pasquet (Les Sincères de Marivaux) règle sans décor des ensembles a cappella et des entretiens très réussis (difficile à deux mètres du public, et sans estrade !) ; Sandrine Anglade (Chimène ou le Cid de Sacchini), là aussi sans réel décor, dispose habilement son action pourtant contrainte par la forme musicale (mais le livret est bon, certes) ; Benjamin Pintiaux (Stratonice de Méhul) fait de cette production de poche une hymne à la belle déclamation française ; Emmanuelle Cordoliani (Qui a tué la bonne à la tâche ?) propose des saynètes éloquentes à nos petits du CNSM (articulation très adroite avec des textes lus).

♥ Et d'autres belles choses chez des maisons mieux pourvues : fraîcheur absolue chez Clément Hervieu-Léger (Le Petit-Maître corrigé de Marivaux) ; adresse qui maintient l'attention dans des livrets très moyens chez Thomas Jolly (Eliogabalo de Cavalli, Fantasio d'Offenbach) ; transposition opérante (dans la Résistance, ce n'était pas gagné) bien menée jusqu'au bout par Patrice Caurier & Moshe Leiser (Norma de Bellini) ; beaux tableaux visuels astucieux et évocateurs chez Robert Carsen (Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach) ; grandiose de l'Ouverture, malices réjouissantes de Puck chez George Balanchine (A Midsummer Night's Dream de Mendelssohn).

Et puis c'est aussi l'endroit où j'ai le plus à me plaindre – il faut dire que, contrairement aux musiciens, le metteur en scène n'est pas dans l'instant et peut se préparer. Il fait aussi souvent le choix de détourner la matière-première des créateurs, et de ce point de vue, porte une responsabilité d'autant plus lourde s'il échoue à atteindre le but fixé.

Que je n'ai pas aimé :

Mario Martone (Cavalleria rusticana de Mascagni).
       → Réussir à supprimer le pittoresque dans une telle œuvre tout en faisant chanter les interprètes en front de scène (dans une salle où tout le monde voit toute la scène…), une seule question demeure : pourquoi ?
[Sancta Susanna, quoique exagérément bloquée dans son petit cube, fonctionnait mieux, mais il est vrai que la musique y fait tout.]
Jean-Pierre Vincent (Iphigénie en Tauride de Goethe)
       → L'œuvre, lente récapitulation servile dans une langue terne (dans les traductions françaises que j'ai lues, je ne l'ai pas essayée en allemand) des événéments ultra-célèbres de la mythologie, n'aide guère. Mais en plus, lorsque les comédiens déclament faux ou avec une distanciation ratée, le temps s'allonge vite.
Krzysztof Warlikowski (Iphigénie en Tauride de Gluck)
       → Warlikowski a révisé sa mise en scène dès la première série (point de ballet de déambulateurs scythes, ni de cabrioles derrière le rideau). Une idée intéressante (la vision d'Iphigénie de son enfance, dans une famille déjà dysfonctionnelle), pour le reste tout est assez inintelligible, beaucoup de silhouettes qui font des choses mal définies, qui déambulent dans le hangar presque vide… La transposition m'est assez égale, a fortioti pour un sujet aussi lié à un imaginaire difficile à historiciser, mais je ne comprends tout simplement pas ce que je vois. Oreste est sur le point de se faire tuer pour être passé dire bonjour à sa vieille tante (ou à la dame dont il est le gigolo / dealer ?) de nuit dans une maison de retraite ?  Je veux bien qu'on refasse totalement l'intrigue, mais à ce compte-là, on pourrait espérer un peu de cohérence, sentir la nécessité du choix. Au demeurant, on a beaucoup exagéré le lavabo, Iphigénie fait une crise d'apoplexie pendant qu'elle se regarde dans la glace, plus ou moins – rien de très défrisant.
           En revanche, ce qui m'a vraiment déplu, c'est que ce metteur en scène qui se flatte à l'ongueru d'entretien de choquer le bourgeois a réalisé une mise en scène qui se passe en permanence dans des angles et des coins, si bien que seuls les riches qui ont des sièges centrés dans les bonnes loges peuvent tout voir. Quand on travaille dans une salle comme Garnier, tenir compte de ce paramètre me paraît être une donnée élémentaire de la conception artistique : il faut que ce qu'on fasse puisse être vu. Autant le peu d'intérêt du reste m'était assez égal (le livret et la musique se soutiennent très bien avec ou sans Warlikowski), autant ce manque de respect qui m'était adressé m'a un peu impatienté, je dois dire.
Enrico Bagnoli (Ismène de Rítsos).
       → Pas une mauvaise mise en scène, mais un moment d'inconfort insigne. Sur un texte faible qui ressasse sans grande nouveauté les lignes connues des Labdacides, un dispositif assez caricatural de la mise en scène qui questionne le texte et interroge le public : Marianne Pousseur chante totalement nue sous son gros collier, les pieds dans un grand plan d'eau, sous des trappes à savon liquide qui s'ouvrent au fil de son récit sous des lumières rouges d'atelier de photographe. Au demeurant, Marianne Pousseur joue et chante très bien, la scène est plutôt animée, mais l'inconfort et la caricature sont tels qu'en ce qui me concerne, j'avoue n'avoir pu adhérer – surtout considérant que l'œuvre elle-même, y compris les musiques qui n'ont pas dû trop épuiser Aperghis, n'est pas d'un intérêt vertigineux.

Plus embarrassant, aussi vu trois mises en scène qui, à mon sens, desservaient l'œuvre.

♠♠ Sébastien Derrey (Amphitryon de Kleist)
       → Certes, la pièce n'est, là aussi, que la reformulation assez servile de mythes connus, sans le charme des dispositifs archaïsants et des récits descriptifs qu'on trouve dans Penthésilée. Mais la réalisation en était particulièrement laborieuse, dite sans chaleur, et coincée par un décor très peu figuratif, mais qui reléguait tout le monde à l'avant-scène. Ces heures m'ont paru vraiment longues (et j'ai senti le désarroi aussi autour de moi). Les critiques, en revanche, m'ont paru favorables (de façon mesurée) ; dans des termes, je l'admets, qui m'ont fait soupçonner la peur de paraître philistin en dénigrant un classique – les raisons m'en paraissait fragiles (et difficiles à comprendre de la part de quelqu'un qui aurait vécu ces moments dans sa chair sur son siège). Les écarts de subjectivité sont évidemment très forts sur ces matières (le texte verbal étant encore moins « objectivable » techniquement que le texte musical), et mon goût (ici comme ailleurs) assez divergent de la plupart des amateurs de théâtre vivant.
♠♠ Anne Teresa De Keersmaeker (Così fan tutte de Mozart).
        → À l'Opéra, c'est différent, il faut détester le metteur en scène pour être perçu comme un garçon sérieux. Et De Keersmaeker a obtenu une belle unanimité en la matière, depuis les pédants jusqu'aux ingénus. Pourtant, j'avais un très bon a priori sur elle : quelqu'un qui a collaboré étroitement avec Hosokawa, et puis le principe de l'opéra chorégraphique (qui fait reposer l'essentiel sur les gestes et non les décor) est plutôt séduisant, Trisha Brown en avait tiré des merveilles pour Pygmalion de Rameau, par exemple.
            Je suis néanmoins forcé de rejoindre tout le monde. Premier problème, les chorégraphies étaient confiées à des danseurs qui doublaient les chanteurs, laissés en front de scène pour chanter leurs airs, même pas cachés depuis la coulisse. Second problème, les danseurs eux-mêmes dansaient très peu, couraient quelquefois, restaient souvent immobiles à regarder les chanteurs (déjà statufiés) chanter… Aucun accessoire (ni pendentif ni masques), aucun décor. Autant dire qu'il ne reste plus rien de l'intrigue : tout le comique de situation, tous les contrastes de caratères, le pathétique des émotions sont totalement démonétisés parce que, contrairement à une version de concert, on a manifestement demandé aux artistes de paraître n'en avoir rien à voir et de continuer à faire des pas à côté des personnages qui sont censés être absents, dos à ceux à qui ils sont censés s'adresser, etc. Je ne croyais pas qu'on puisse rendore Così ennuyeux, et je confesse ma naïveté. Faire ça avec un livret de cette qualité et une musique de ce génie, c'est un attentat particulièrement réussi.
♠♠ Nâzim Boudjenah (Intérieur de Maeterlinck).
       → Le pompon est remporté par cette production. Il s'agit d'un bon texte, pas difficile comme Pelléas à tenir sur la frange de la niaiserie et du bizarre, qu'on n'a pas l'habitude de donner, et que la mise en scène sabote grâce à un procédé simple. Il se déroule (j'ai compté) entre 5 et 20 secondes entre chaque réplique, sans doute pour étirer la pièce suffisamment pour ne pas en jouer une autre petite… Comme le matériau de Maeterlinck n'a rien d'une période de Jodelle, ce temps finit par laisser le loisir de regarder le plafond et de s'entendre penser, mais empêche totalement de s'immerger dans l'œuvre. C'est même simplement pénible, à la fin : le texte est entier sur l'attente de ce qu'on sait déjà, et il faut attendre, implorer chaque réplique d'arriver pour ne rien dire. Quoique involontaire, un beau sabotage. (Par ailleurs, la projection animée du décor qui tourne en boucle m'a paru assez pauvre et fatigante, par rapport à un bon décor minimal et fixe.)

[Ceci devrait prévenir les réserves sur ma propension à tout trouver beau et bon.]



4h.  Statistiques : instrumentistes

Pianistes célèbres / concertistes entendus :
Jean-Yves Thibaudet (Saint-Saëns n°5), Ismaël Margain (Mozart n°9), Alexander Gavrylyuk (Grieg), Leif Ove Andsnes (Die schöne Müllerin), Elena Bashkirova (Ustvolskaya). Tous très bons, déduction faite de la déception d'Andsnes (placide, comme indifférent, et peu de charisme en matière de son) que j'aime bien (plutôt ses premiers disques, certes).
les putti d'incarnat Arrêt des Putti d'incarnat : pianistes les putti d'incarnat
♥♥ Benjamin Laurent (Le Passant de Paladilhe), chef de chant à l'Opéra de Monte-Carlo. Une diversité de textures incroyables, une très belle façon d'exalter la musique.
♥♥ Célia Oneto-Bensaid (mélodies et lieder de la Grande guerre). Quelle éloquence incroyable et quelle facilité, tout fait sens sans effort sous ses doigts, et dans un répertoire où les modèles n'abondent pas. L'un de ces rares accompagnateurs qui en disent plus long que le chanteur et qui fascinent eux-mêmes. Une grande à suivre, j'espère qu'elle ne se cachera pas dans un poste de chef de chant et que je pourrai la réentendre souvent.
♥♥ Mary Olivon (Brocéliande d'André Bloch). On ne perdait pas beaucoup au change de l'orchestre. En peu d'années, elle a remarquablement gagné en profondeur, je trouve (même le son est devenu très intéressant), le résultat est désormais tout à fait exaltant (et favorable aux œuvres).
♥♥ Jean-Yves Thibaudet (Saint-Saëns n°5). Une qualité d'irisation très particulière, pas du tout audible dans ses disques, et qu'on ne croirait pas possible au piano, comme s'il maîtrisait à loisir les harmoniques qui s'échappent de la table…
♥♥ Pierre Thibout (dans Eisler). Déjà récompensé la saison passée, toujours cette élégance… et prouvant de surcroît ses dons théâtraux, de très belles déclamations de mélodrames tout en s'accompagnant !
♥♥ Li Qiaochu (dans Eisler ; Li étant en principe le patronyme). Une très grande musicalité dans les accompagnements, une belle maturité pour une si jeune artiste.
♥♥ Ismaël Margain (Mozart n°9). Je suis rarement convaincu par les Mozart que j'entends, mais ici, sobriété parfaite, rien de visqueux ni même de démonstratif, à la juste mesure de la grâce du plus beau concerto de Mozart. Apparemment sa carrière commence à être bien jolie, et ce n'est pas tous les jours que j'ai envie d'aller réentendre un soliste.
♥♥ et bien sûr Nicolas Chevereau que je continue à suivre avec enchantement.

Violonistes concertistes :
► Sayaka Shoji (Tchaïkovski), Fanny Clamagirand (Canat de Chizy). Je ne crois pas avoir écouté davantage de concertos cette saison. Pas du tout toujours par Sayaka Shoji, vraiment impavide. Enchanté d'entendre enfin Fanny Clamagirand en salle (petit son, mais une vraie grâce), à ceci près qu'il n'y avait pas grand'chose à écouter dans le concerto de Canat de Chizy, comme d'habitude une succession de difficultés académiques dans une langue plutôt moche (ou en tout cas assez indifférente). On a écouté le bis comme si notre vie en dépendait, donc.
les putti d'incarnat Arrêt des Putti d'incarnat : violonistes les putti d'incarnat
♥♥ Stéphanie Moraly (Sonates de Debussy et Ropartz n°2).
        → Toujours ce timbre magnifique, soyeux mais aux attaques franches, cette intelligence du phrasé… et ces programmes rarissimes (d'œuvres de surcroît très intéressantes). En plus, la sonate de Ropartz n'est pas très facile d'accès, le concert facilite les choses. Si qu'elle n'a pas son pareil pour s'expliquer avec clarté et que j'adore sa voix, vous allez croire que c'est ma tatie ou ma filleule. Le pire, c'est qu'elle a remporté le prix l'année dernière, et qu'elle va probablement le remporter à nouveau dans la saison qui vient : elle rejoue le 10 septembre la Sonate de Koechlin, en y adjoignant le fulgurant quintette !
♥♥ Boris Borgolotto (trios de Schumann n°1, Schubert n°2, Tchaïkovski, Ravel et Chostakovitch n°2).
       → Puissance incroyable du son pour un chambriste, tension permanente, toujours électrique. (Violon du Trio Zadig.)
♥♥ Magdalēna Geka (trios de Chausson et Kagel n°2).
       → Violon du Trio Sōra, elle prend tout son sens au sein de l'ensemble, mais la générosité du chant et la sensibilité musicale sont remarquables.


Violonistes concertistes :
► Sayaka Shoji (Tchaïkovski), Fanny Clamagirand (Canat de Chizy). Je ne crois pas avoir écouté davantage de concertos cette saison. Pas du tout toujours par Sayaka Shoji, vraiment impavide. Enchanté d'entendre enfin Fanny Clamagirand en salle (petit son, mais une vraie grâce), à ceci près qu'il n'y avait pas grand'chose à écouter dans le concerto de Canat de Chizy, comme d'habitude une succession de difficultés académiques dans une langue plutôt moche (ou en tout cas assez indifférente). On a écouté le bis comme si notre vie en dépendait, donc.
les putti d'incarnat Arrêt des Putti d'incarnat : violonistes les putti d'incarnat
♥♥ Stéphanie Moraly (Sonates de Debussy et Ropartz n°2).
        → Toujours ce timbre magnifique, soyeux mais aux attaques franches, cette intelligence du phrasé… et ces programmes rarissimes (d'œuvres de surcroît très intéressantes). En plus, la sonate de Ropartz n'est pas très facile d'accès, le concert facilite les choses. Si qu'elle n'a pas son pareil pour s'expliquer avec clarté et que j'adore sa voix, vous allez croire que c'est ma tatie ou ma filleule. Le pire, c'est qu'elle a remporté le prix l'année dernière, et qu'elle va probablement le remporter à nouveau dans la saison qui vient : elle rejoue le 10 septembre la Sonate de Koechlin, en y adjoignant le fulgurant quintette !
♥♥ Boris Borgolotto (trios de Schumann n°1, Schubert n°2, Tchaïkovski, Ravel et Chostakovitch n°2).
       → Puissance incroyable du son pour un chambriste, tension permanente, toujours électrique. (Violon du Trio Zadig.)
♥♥ Magdalēna Geka (trios de Chausson et Kagel n°2).
       → Violon du Trio Sōra, elle prend tout son sens au sein de l'ensemble, mais la générosité du chant et la sensibilité musicale sont remarquables.

Violoncellistes concertistes
:

Jérôme Pernoo (Connesson). Ce n'est pas forcément aussi audible en retransmission, mais virtuosité hallucinante, on s'explique facilement sa carrière. Ce doit être le seul entendu cette saison. Aussi beaucoup aimé, en plus petit comité, Cameron Crozman, issu du CNSM, et qui avec un son qui ne cherche pas la rondeur, semble maturer très favorablement (sonore, très flexible selon les styles).



4i.  Statistiques : chanteurs

Paris étant l'une des quelques villes au monde où se déversent le meilleur de l'interprétation et le meilleur de la formation mondiaux… ils sont vraiment nombreux à avoir fait grande impression, aussi je ne pourrai nommer que ceux qui, personnellement, m'ont le plus bouleversé. Tout en ayant conscience de l'injustice pour bien d'autres qui m'ont ravi.

Il y aura tout de même une cérémonie plus réduite de remise de putti d'incarnat ensuite.

Chanteurs célèbres entendus pour la première fois :
► Christiane Karg (die Peri, Deutsches Requiem), Kate Royal (Schumann), Marianne Pousseur (Aperghis), Diana Damrau (Vier letzte Lieder), Ekaterina Gubanova (Wunderhorn), Michael Schuster (Ortrud), Marina Prudenskaya (Mossolov), Anna Smirnova (Pucelle), Robert Expert (mélodies), Ramón Vargas (Hoffmann), Stuart Skelton (Lohengrin), Lionel Peintre (mélodies), Michael Nagy (Deutsches Requiem), Thomas Bauer (Schwanengesang), Peter Mattei (Onéguine), Tomasz Konieczny (Telramund), Stephan MacLeod (Charpentier), Ildebrando D'Arcangelo (Requiem de Verdi)…
Tous diversement appréciés. Des rencontres espérées depuis longtemps (Vargas, Peintre, D'Arcangelo), de belles révélations (Pousseur, Smirnova, Expert, Skelton, Konieczny – et Bauer encore plus génial qu'attendu), des confirmations (Karg, Damrau, Gubanova, Prudenskaya, Mattei, MacLeod), une frustration (Royal en deçà de ses bons jours) et deux terribles déceptions (Peintre à peine audible à cinq mètres, Schuster étrangement effondrée).
Par ailleurs, retrouvé des vedettes dont j'étais déjà familier, Jaho, Netrebko, Gens, Bartoli, Garanča, Bou, Gerhaher, Goerne…

Chanteurs qui ont émerveillé

Sopranos légers type colorature :
Jodie Devos (Timbre d'argent)

Sopranos légers et lyriques-légers :
Cécile Madelin (mélodies, lieder, oratorio de Bertali)
Agathe Boudet (Couperin, Campra, Bernier)
Harmonie Deschamps (Matrimonio segreto et surtout Les Angélus de Vierne)
Marion Tassou (airs de tragédie lyrique, Île du Rêve de Hahn)
Rebeca Olvera (Adalgisa)
Joelle Harvey (El Niño)
Marta Danyusevich (Ange de la Pucelle)
Hanna-Elisabeth Müller (Gretchen chez Schumann)

Sopranos grands lyriques :
Alice Lestang (Stratonice)
Vanina Santoni (Requiem de Verdi, sensiblement moins en Micaëla)
Véronique Gens (Proserpine chez Saint-Saëns et surtout Cornaro chez Halévy)

Sopranos dramatiques :
Marion Gomar (Brocéliande d'André Bloch)
Anna-Caterina Antonacci (Sancta Susanna)

Mezzo-sopranos légers :
Éléonore Pancrazi (airs de tragédie lyrique, Île du Rêve de Hahn)
Maria Mirante (Le Passant de Paladilhe)

Mezzo-sopranos amples :
Anaïk Morel (dans la Peri de Schumann)
Marianne Crebassa (Fantasio, les Shéhérazade de Ravel)

Mezzo-sopranos graves :
Eva Zaïcik (airs de cour avec Dumestre, cantates françaises avec Taylor)
Anthea Pichanik (alto du Messiah)

Contre-ténors :
Paul-Antoine Benos (lieder, Bertali)
Robert Expert (mélodies)

Ténors de caractère  :
Rodolphe Briand (Spalanzani, Remendado)

Ténors lyriques légers :
Rupert Charlesworth (ténor du Messiah)
Rémy Poulakis (dans Le Petit-Duc)
Robin Tritschler (dans la Peri de Schumann)
Andrew Staples (ange chez Schumann)
Valerio Contaldo (Venise 1610)

Ténors lyriques :
Fabien Hyon (dans Stratonice)
Yu Shao (Le Timbre d'argent)
Mathias Vidal (Proserpine de Saint-Saëns)
Oleg Dolgov (Charles VII dans la Pucelle)
Bogdan Volkov (Raymond dans la Pucelle)

Ténors grands lyriques :
Georges Wanis (Antigone d'André Bloch)

Ténors dramatiques :
Stuart Skelton (Lohengrin)

Barytons de caractère :
Francis Dudziak (le Dancaïre)
Cyrille Lovighi (Nathanaël chez Hoffmann)
Fabrice Alibert (le Médecin dans Stratonice)
Thomas Bauer (Schwanengesang)

Barytons lyriques :
Christian Gerhaher (Faust chez Schumann & récital Schumann)
Jean-Christophe Lanièce (Matrimonio segreto, extraits de Pelléas)
Frank Lunion (Liszt)
Philippe Sly (Guglielmo de Così)
Mathieu Dubroca (dans Le Petit-Duc)
Jean-Sébastien Bou (vieil-Horace, don Giovanni, Escamillo, Pelléas, et récital)
Tassis Christoyannis (Timbre d'argent)
Dietrich Henschel (Wunderhorn)
Étienne Dupuis (Oreste, Reine de Chypre)

Barytons dramatiques :
Mathieu Lécroart (don Diègue chez Sacchini)
Frédéric Goncalves (Moralès)
Marc Scoffoni (airs)
Tomasz Konieczny (Telramund)

Barytons-basses :
Olivier Gourdy (Bertali, Winterreise)
Ronan Debois (L'Île du Rêve)
Edwin Fardini (Kindertotenlieder, divers airs dans plusieurs productions)
Steven Humes (Il Commendatore)

Basses :
Robert Gleadow (basse du Messiah, Leporello)
Jean Teitgen (Zuñiga, Arkel)
Stanislav Trofimov (l'Archevêque de la Pucelle)

Je ne les ai pas inclus, mais j'ai aussi eu plaisir à
♯ réentendre d'autres voix que j'apprécie (voire certains chouchous) :
Alice Duport-Percier, Eugénie Lefebre, Dagmar Šašková, Mariana Flores, Patricia Petibon, Axelle Verner, Paco García, Safir Behloul, Frédéric Antoun, Stéphanie d'Oustrac, Alisa Kolosova, Cyrille Dubois, Jean-François Borras, Jean-Baptiste Dumora, Paulo Szot ;
♯ découvrir en salle :
Jacquelyn Wagner, Clémence Barrabé, Mari Eriksmoen, Anna Nechaeva, Marina Prudenskaya, Anna Smirnova, Norman Reinhardt, Kyle Ketelsen, Ildebrando D'Arcangelo ;
♯ faire d'autres belles découvertes :
Julia Beaumier, Costa-Jackson, Chloé Chaume, Brenda Poupard, Daniel Bubeck, Nathan Medley, Davóne Tines ;
♯ réévaluer certains artistes en très grande forme :
Ermonela Jaho (Antonia), François Lis (Crespel)…


les putti d'incarnat Arrêt des Putti d'incarnat : chanteurs les putti d'incarnat

Honnêtement, devant cette abondance de beautés très diverses (plusieurs pour lesquels j'aurais envie d'écrire qu'on n'a jamais aussi bien chanté), le choix ne peut être qu'arbitraire. La loi du genre.

Les techniciens de la voix et du verbe :
♥♥ Hanna-Elisabeth Müller (Gretchen chez Schumann), une voix dont la clarté fend l'espace avec une vigueur peu commune… le véritable frémissement du squillo (l'éclat trompettant), au service de la déclamation ;
♥♥ Marion Gomar (Brocéliande d'André Bloch), soprano dramatique de beau naturel, à l'abattage phénoménal (et diction superbe) ;
♥♥ Marianne Crebassa (Fantasio), d'impact remarquable (avec une clarté et une diction accrues au fil des ans) ;
♥♥ Paul-Antoine Benos (lieder, Bertali), toujours cette grande présence physique (et cette belle adaptation au répertoire de la mélodie et du lied), très rare dans cette tessiture ;
♥♥ Rémy Poulakis (dans Le Petit-Duc), une très jolie découverte, une voix de lyrique très bien projetée dans des rôles de caractère (très antérieure, un peu anachronique), du grand luxe (j'ai manqué son Nemorino en fin de saison pour aller voir du Gade…) ;
♥♥ Georges Wanis (Antigone d'André Bloch), un superbe ténor lyrique ample (quasiment un dramatique à l'aune des formats italiens), dont je ne me suis pas expliqué la confidentialité à l'international (ce n'est pas un débutant) ;
♥♥ Stuart Skelton (Lohengrin), très présent dans Bastille, et dispensant des nuances remarquables (au risque de la rupture, pour lui l'intention musicale semble primer sur la sécurité vocale) ;
♥♥ Jean-Christophe Lanièce (Matrimonio segreto, extraits de Pelléas), émission d'une santé et d'un équilibre parfaits, déjà célébré dans ces pages (Études latines de Hahn), un grain très franc et brillant, une facilité dans les agilités, une diction magnifiquement calibrée, déjà un grand ;
♥♥ Étienne Dupuis (Oreste, Reine de Chypre), très libre et radieux ; moelleux et franc à la fois, très loin de l'impression de cravatage qu'il donne en retransmission (il revient pour Pelléas cette saison, ce sera très beau). Par ailleurs, pour les amateurs de cantabile, une des plus belles lignes de chant qu'il m'ait été donné d'entendre.e

Des timbres magnétiques :
♥♥ Jodie Devos (Timbre d'argent), difficilement explicable, cette grâce fragile (dans un instrument qui ne l'est pas !), cette fraîcheur instantanée ; je me demandais pourquoi elle avait cette réputation en Belgique, les bons sopranos aigus étant si répandus, mais elle dispose d'un charisme très particulier (dans son rôle de victime, elle attirait la sympathie en quelques secondes) ;
♥♥ Marta Danyusevich (Ange de la Pucelle), apparition éphémère mais tellement en décalage avec son rôle, et tellement convaincante (un ange puissant, guerrier, à la fois très élégant et très vindicatif), un grain assez unique ;
♥♥ Maria Mirante (Le Passant de Paladilhe), très beau timbre grave et doux, façon Larmore ; pas forcément très sonore, mais très personnel et persuasif ;
♥♥ Eva Zaïcik (airs de cour avec Dumestre, cantates françaises avec Taylor), qui conjugue à la fois une belle ampleur, une rondeur, un sens du texte et des situations… une voix dans laquelle on peut se rouler ;
♥♥ Anthea Pichanik (alto du Messiah), vrai mezzo grave, aux résonances impressionnantes, et d'une réelle conviction dramatique ;
♥♥ Oleg Dolgov (Charles VII dans la Pucelle), superbe lyrique typiquement russe ;
♥♥ Bogdan Volkov (Raymond dans la Pucelle), de même, avec encore plus de séduction timbrale ;
♥♥ Yu Shao (Le Timbre d'argent), une très belle voix mixte très bien étagée sur toute l'étendue, très bien projetée, et diction impeccable ;
♥♥ Mathieu Lécroart (don Diègue chez Sacchini), un grain très ferme qui soutient par le grave toute l'émission, quel crève-cœur qu'il soit si peu employé dans sa pleine maturité vocale ;
♥♥ Ronan Debois (L'Île du Rêve), naturel et rayonnement simple ;
♥♥ Jean Teitgen (Zuñiga, Arkel), une vraie basse profonde qui impose immédiatement un son ; il domestique progressivement la tenue de son instrument, et son Arkel révélait un soin croissant des finitions (il a démarré très fort assez jeune) ;
♥♥ Stanislav Trofimov (l'Archevêque de la Pucelle), la voix de basse profonde russe, un cran supérieur à toutes les autres ; ça fait trembler les murs, ça enveloppe l'espace, ça semble provenir des entrailles de la terre, et la technique est inébranlable… ce qu'on appelle l'autorité.

Princes de la diction :
♥♥ Rebeca Olvera (Adalgisa), finesse du dessin des lignes et beauté absolue de l'italien ;
♥♥ Véronique Gens (Proserpine chez Saint-Saëns et surtout Cornaro chez Halévy), toujours souple, élégante, suprêmement galbée ;
♥♥ Anaïk Morel (dans la Peri de Schumann), qui fait sonner son texte dans l'espace de la Philharmonie, sur un timbre qui ne paraît pas ample, mais qui est très bien projeté ;
♥♥ Fabien Hyon (dans Stratonice), ténor assis sur des graves pas du tout gonflés mais solides, qui servent un vrai sens de la diction (par ailleurs, dans cette production, les vers parlés étaient très bien préparés) ;
♥♥ Mathias Vidal (Proserpine de Saint-Saëns), toujours sans égal même dans les plus petits rôles ;
♥♥ Cyrille Lovighi (Nathanaël chez Hoffmann), un abattage, un sens du texte, une focalisation du son vraiment surprenants (et un impact sonore à travers Bastille, malgré l'étroitesse apparente du timbre), dans une lecture ténorisante du rôle.
♥♥ Fabrice Alibert (le Médecin dans Stratonice), probablement ténor, mais chantant baryton avec clarté, dans une émission très nette et naturelle, quasiment pas lyrique. Cela lui interdit sans doute les grands rôles en matière d'étendue et de projection, mais c'est extrêmement séduisant dans ce répertoire, j'espère le réentendre souvent.
♥♥ Thomas Bauer (Schwanengesang) offre une lecture très directe des poèmes. La voix (très belle au demeurant) reflue derrière la vérité du texte, et les coins que le temps a émoussés exaltent au contraire le projet. Rare moment de grâce.
♥♥ Christian Gerhaher (Faust chez Schumann & récital Schumann). Encore une fois un rien frustré par ses récitals de lied : très peu d'impact physique, et une telle sophistication que j'en perds parfois de vue le sens musical et surtout poétique. Au disque, j'ai le temps d'admirer l'incroyable variété des effets, une diction qui me paraît plus franche, un texte moins apprêté… En revanche, son Faust murmuré mais insolent était un moment tétanisant d'intensité.
♥♥ Mathieu Dubroca (dans Le Petit-Duc), qui fait essentiellement carrière dans les chœurs et dont la voix semble pourtant ne pas connaître de limites, aigu infini, grave solide, émission très efficace, sens du théâtre remarquable, réelle présence sonore… Un mystère qu'on ne se l'arrache pas, d'autant qu'il a toujours chanté comme ça (je l'ai entendu pour la première fois alors qu'il était encore étudiant, je lui avais même consacré une notule à l'époque).
♥♥ Jean-Sébastien Bou (vieil-Horace, don Giovanni, Escamillo, Pelléas, et récital). Toujours aussi charismatique, moins bien servi dans les rôles de basses baroques, forcément (comme le vieil Horace, où la voix s'empâte un brin dans le grave), mais la singularité du timbre et la présence générale sont toujours sans égales. En don Giovanni, un pas sur la scène et il la possède tout entière, avec des couleurs vocales en plus très séduisantes. De même, en Pelléas, même si les aigus se dérobent, peu parviennent à incarner ces paroles évanescentes (contrairement aux autres personnages, Pelléas ne semble pas avoir d'ancrage psychologique dans ce texte…) avec autant de richesse.
♥♥ Frank Lunion (Liszt) ; je ne l'avais entendu qu'encore étudiant, dans la captation de Thésée où il faisait un très bel Arbas. L'équilibre de cette voix et sa disponibilité pour éclairer le lied m'ont enchantés – apparemment, il se consacre surtout à l'enseignement.
♥♥ Robert Gleadow (basse du Messiah, Leporello). On n'entend pas souvent de l'anglais bien dit, et encore moins exalté ; dans le Messie, il n'y avait pas de quoi bouder son plaisir !


L'occasion aussi de distinguer quelques acteurs excellents : Julie Boulianne et Stephen Humes dans le Don Giovanni par Braunschweig, Sandrine Buendia et Mathieu Dubroca dans le Petit-Duc par Signolet, Jean-Christophe Lanièce dans dans le Matrimonio segreto par Roussat & Lubeck, et par-dessus tous Jean-Sébastien Bou en don Giovanni…





5. Autres escapades


En termes d'explorations franciliennes (pas ma région d'origine, comme le savent les antiques lecteurs qui ont suivi mes aventures bordelaises aux origines), c'est aussi un grand cru :

40 musées ou expositions, avec au sommet les Feſtes verſaillaiſes (au Château, avec recréations de décors, de machines de Berain !), Baroque des Lumières (au Petit-Palais : tableaux des églises de France au XVIIe-XVIIIe) et une visite privée de la Bibliothèque de l'Opéra… Aussi l'excellente surprise du musée Bossuet de Meaux.

32 vastes parcs, bois ou forêts :
Notamment parc de Gassicourt, forêt de Saint-Germain, bois de Saint-Cloud, parc de Sceaux, Fausses Reposes, Meudon, Verrières, Versailles, Chevreuse, Boissy-l'Aillerie, Les Boers, Carnelle, L'Isle-Adam, Nerville, Montmorency, Écouen, Le Pâtis, Noisiel, Champs-sur-Marne, Vincennes, Grosbois, Bois-Chardon, Sénart, Fontainebleau, Saint-Chéron-Est, Parc de la Guinette, Bois des Roches, Colline de Surville, Compiègne…

Un assez grand nombre de communes (90, toutes traversées à pied ; par bourg, champs ou forêt, selon les cas), villages et lieux-dits.
    ¶¶ Hauts-de-Seine : Courbevoie, Puteaux, Saint-Cloud, Garches, Marnes-la-Coquette, Ville d'Avray, Chaville, Boulogne-Billancourt, Sceaux, Châtenay-Malabry, Antony ;
    ¶¶ Val-de-Marne : Vincennes, Saint-Mandé, Fontenay-sous-Bois ;
    ¶¶ Seine-Saint-Denis : Saint-Denis, Noisy-le-Grand ;
    ¶¶ Val-d'Oise : Deuil-la-Barre, Écouen, Ézanville, Bouffémont, Moisselles, Baillet-en-France, Montsoult, Maffliers, Nerville-la-Forêt, Presles, Saint-Martin-du-Tertre, Belloy-en-France, Méry-sur-Oise, Mériel, L'Isle-Adam, Valmondois, Beaumont-sur-Oise, Bessancourt, Les Boers, Pierrelaye, Pontoise, Cergy, Boissy-l'Aillerie, Courcelles-sur-Viosne, Montgeroult, Puiseux, Guiry-en-Vexin, Gadancourt, Théméricourt, Hazeville, Enfer, Wy-dit-Joli-Village ;
    ¶¶ Essonne : Igny, Verrières-le-Buisson, Savigny-sur-Orge Ris-Orangis, Soisy-sur-Seine, Draveil, Saint-Chéron, Souzy-la-Briche, Le Bois des Roches, Breuillet, Dourdan, Étampes ;
    ¶¶ Seine-et-Marne :  Noisiel, Champs-sur-Marne, Chelles, Villenoy, Meaux, Fontainebleau, Avon, Veneux-les-Sablons, Moret-sur-Loing, Montereau-fault-Yonne, Varennes-sur-Seine ;
    ¶¶ Yvelines : Gassicourt, Mantes-la-Jolie, Achères, Saint-Germain-en-Laye, Vaucresson, Viroflay, Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines, Montigny-le-Bretonneux, Magny-les-Hameaux, Saint-Lambert, Milon-la-Chapelle, Chevreuse, Saint-Rémy-lès-Chevreuse ;
    ¶¶ bonus Oise : Compiègne.

Évidemment, il faut y adjoindre les églises de beaucoup de ces localités (mais le jeu de piste, pour entrer, peut être un travail à plein temps !).

Et Paris.




6. Et après ?

Prochainement une sélection des opéras intéressés donnés en Province et en Europe. Sans doute aussi une poursuite des agendas du mois, sous une forme beaucoup plus concise.

Pour les commentaires de spectacles, je m'en remettrai sans doute beaucoup plus à Twitter, qui par son format lapidaire remplace avantageusement Diaire sur sol, de façon à laisser la place aux sujets plus subtantiels que la chronique météorologique des concerts parisiens.

En cours de préparation, notamment une vue synoptique des orchestres néerlandais (pas pour tout de suite), une petite histoire de la contrebasse, un rapide tour d'horizon de six ténors verdiens en activité (qui chantent mieux que les vedettes des magazines), une présentation du Prix de Rome musical, une exploration de la dimension patriotique inattendue de Schubert, ainsi que la suite de plusieurs séries (les modernités d'Alcione, les opéras de Debussy…).

Et bien sûr, tout sujet que ma fantaisie de dictera de traiter.

Bonnes explorations à vous !


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Commentaires

1. Le vendredi 1 septembre 2017 à , par Pic

Et pourquoi pas également des putti pour ces bleds d'Ile-de-France traversés?

2. Le vendredi 1 septembre 2017 à , par Adalbéron Palatnik

Cher David,
Ne serait-ce pas parce qu'étaient à la direction De Billy et Jordan que l'orchestre de l'ONP t'a paru désengagé dans Iphigénie en Tauride et dans Così ? À titre d'exemple, je suis allé voir Carmen deux fois cette saison, une fois avec De Billy à la baguette et une autre fois avec Mark Elder, et il n'y avait pas photo : on aurait presque pu se demander s'il ne s'agissait pas d'un autre orchestre (même si c'était sans doute d'autres instrumentistes), tant l'orchestre sonnait mou avec De Billy (c'était une direction litotique : ça fait "français", j'imagine qu'on peut aimer).
En tout cas, merci pour ce bilan qui permet a posteriori de découvrir des choses, mais d'en anticiper d'autres (je note le nom des chanteurs et des instrumentistes/chefs que tu as appréciés pour essayer de les entendre un jour) ;).
Ah, j'avais une petite question : où peut-on trouver ton avis sur Eugène Onegine à Bastille, ça m'intéresse ? :)

3. Le samedi 2 septembre 2017 à , par Diablotin :: site

Catégories chefs d'orchestre :
• je partage ton enthousiasme pour Gardner, vraiment très éclectique et très actif depuis quelques années, Hengelbrock, Storgårds et Vänskä.
• je suis assez d'accord aussi quant à ton appréciation de Barenboim, assez épais dans tout ce qu'il propose -je n'ai jamais beaucoup aimé comme chef, j'ai toujours apprécié le pianiste jeune-. De Klemperer, il n'a retenu que les tempi lents, mais pas la lisibilité des pupitres et leur équilibre...

Cette notule est d'une exhaustivité épuisante :-D !!! Belle saison à venir et bonnes découvertes !

4. Le dimanche 3 septembre 2017 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Pic !

Et pourquoi pas également des putti pour ces bleds d'Ile-de-France traversés?

Parce que ce n'est a priori pas le centre d'intérêt principal de mes lecteurs, et que cette notule me paraissait déjà assez bavarde…

Mais puisque cela semble vous intriguer, allons-y !



Forêts :

♥♥♥♥ Bois-Carreau, Chemin de Baillet, le Bout d'en bas, le Plan de Galeuriot et le Bois de la Justice à Maffliers et Nerville-la-Forêt : on contourne les champs où paissent les chevaux à travers le Bois-Carreau et ses érables et ses immenses coudriers, puis il faut traverser les ornières de tracteurs des champs de blé du Chemin de Baillet pour atteindre le plateau du Bout d'en bas, en réalité haut placé (mais simplement en contrebas de Nerville), d'où l'on embrasse un superbe panorama de champs, de forêts riches en gibier (les sangliers du Bois de la Justice), avec Saint-Martin-du-Tertre (qui paraît très beau de cette distance, alors que…) sur son coteau. Puis l'on redescend sur des chemins agricoles déserts, bordés d'arbres épars, en traversant des lieux-dits comme le Fond Gérot, les Trente Arpents, le Val Pendant ou les Grandes Mouilles… on ne boude pas son plaisir. [Quelques images .]
♥♥♥♥ Forêt de Sénart, particulièrement bien entretenue, à la fois facile d'accès pour tous publics et pas bétonnée pour autant, celle aussi où j'ai entendu le plus de chants d'oiseaux. Le chêne millénaire a fini foudroyé à la fin des années 2000, mais il reste un chêne sessile du XVIe siècle, et bien d'autres assez impressionnants. En outre, elle est très commode d'accès du côté de Ris-Orangis, où le RER dépose directement devant le Bois Chardon, qui longe l'Yonne de façon très agréable, avec de très jolies clairières.
♥♥♥♥ Le Bois des Roches et le Bois des Rochets à Saint-Chéron et Breuillet (avec, entre plein d'autres champs & bois : la Butte de Moret, la Petite Beauce, la Mare aux garçons, le Bois de la Saussaye, le Bois de Chantropin, le Bois des Herbages…), dont les sentiers ne sont pas très bien entrenus, mais dont l'alternance de champs, de bois désordonnés, de clairières enchanteresses, propices aux jeux de lumière, donnent une image quasiment archétypale du paysage à la française.
♥♥ Jolie surprise aussi, la Colline de Surville à Montereau-fault-Yonne, au-dessus d'une ville dotée de nombreux bâtiments classées mais à peu près absolument dépourvue de charme, un lieu de verdure totalement déconnecté du monde d'où Napoléon dirigea les canons pendant l'une des dernières victoires de la Campagne de France. À flanc de colline, de l'autre côté, on peut descendre en contrebas d'un ancien monastère, un sentier à peine recouvert d'herbe, face aux autres collines, à l'église Saint-Pierre, en surplomb au cimetière militaire… une atmosphère très peu francilienne, qui m'évoque davantage ces demeures pittoresques du Périgord, vestiges du temps passé qui semblent n'appartenir qu'à des gens simples. [Quelques images .]

♠♠ Côté déceptions, le Pâtis à Meaux (la partie ornithologique est intéressante, mais le parc largement vampirisé par la base de loisirs à son entrée) Grosbois à Boissy-Saint-Léger (carrément des tranchées qui séparent l'allée bétonnée des arbres !), et par-dessus-tout Les Boers entre Pierrelay et Bessancourt, dont les chemins pas du tout entretenus sont par ailleurs encombrés de gigantesques détritus plastiques et de nombreuses carcasses de voitures brûlées – vision de terre gaste…

Et puis quelques classiques qui ne se démodent pas : Montmorency, l'Isle-Adam, Fontainebleau, Meudon, Chevreuse…



Villes :

♥♥♥♥ Étampes. Toute la ville est belle, farcie de monuments aussi (quatre églises classées, toutes avec de larges parts XIIe-XIIIe !), plusieurs petits cours d'eau la traversent, vraiment un excellent moment. [Quelques-uns ici.]
♥♥♥♥ Chevreuse. Entre les maisons à ponton le long du canal et le centre du village avec son église, vraiment de quoi se régaler.
♥♥ Meaux. Même lorsqu'on n'est pas un inconditionnel du gothique rayonnant, la cathédrale se pose vraiment comme un modèle d'espace… et le musée Bossuet est remarquablement fourni en peintures françaises du pas-loin-de-premier choix (si on aime le XVIIe-XVIIIe). Le centre-ville est très dense, mais là aussi, beaucoup de belles surprises, très agréable, et le transport y est efficace (trains toutes les demi-heures depuis la gare de l'Est, trajet de même durée).
♥♥ Le vieux Maffliers est vraiment charmant, très pittoresque, et pas du tout touristique.
♥♥ Dourdan. Indépendamment de la citadelle, la ville mérite l'exploration, de belles atmosphères.
♥♥ Moret-sur-Loing, classique des tops « plus beaux villages ». L'endroit intéressant est tout petit, juste l'ancien bourg serti de murailles (l'effet Carcassonne…), mais l'entrée depuis la rivière, avec les moulins et les cascades, est marticulièrement spectaculaire et enchanteresse.
♥♥ Gadancourt, minuscule, mais l'association château / église pittoresque / granges anciennes / pédiluve asséché a beaucoup de charme, la vue des plaines du Vexin au sortir du village aussi.
♥♥ Wy-dit-joli-Villlage, charmantes pierres, et son immanquable hameau Enfer.
♥ Dans Mantes-la-Jolie, le secteur de la collégiale et des remparts mérite aussi le détour, et puis on a accès à des îles de Seine (que je n'ai pas encore pu tester.
♥ Je n'avais jamais pris la peine d'explorer la ville même de Saint-Germain-en-Laye (toujours attiré que j'étais par le lieu de la création d'Atys, le lieu du duel de Jarnac, la terrasse, le cercle des tilleuls, la forêt…), qui regorge d'hôtels particuliers remarquables, et conserve beaucoup de caractère malgré les rez-de-chaussée tous occupés par des boutiques assez tendance.

Dans les autres jolis villages, Milon-la-Chapelle, Méry-sur-Oise, Boissy-l'Aillerie (église romane cubique !), Courcelles-sur-Viosne (et son château) et quelques autres mériteraient mention.



Châteaux :

Bien, là, c'est difficile, parce qu'on peut difficilement comparer la citadelle médiévale de Dourdan avec le château d'agrément de Champs-sur-Marne, les murs nus de Saint-Germain avec la maison épiscopale couverte de tableaux à Meaux, sans compter tous ceux que l'on ne peut pas visiter, comme Guiry-en-Vexin ou Gadancourt…

Et j'ai beaucoup aimé découvrir (si, si… mais je ne suis pas francilien, j'ai une excuse) le donjon de Vincennes et sa célèbre chemise en exemple dans tous les manuels d'architecture.

On peut toutefois se mettre d'accord sur le fait que le Louvre, même en retirant les tableaux et les bouts de pierre, ça reste sacrément chanmé. Des fois, je me prends à regretter que ce soit un musée, tant ce pourrait être le plus beau palais du monde si on recentrait un peu son attention.



Églises :

En m'interdisant de nommer les parisiennes (où ne sont pas forcément les plus belles, mais elles sont assez bien connues). De même, je m'interdis de nommer Saint-Étienne de Meaux ou la Chapelle Royale de Versailles…

♥♥♥♥ Notre-Dame-du-Fort (Étampes), du tout premier gothique dans un plan étrange, des perspectives incroyable, une atmosphère très émouvante. Quelques images en fin de parcours . Une des plus belles choses que j'aie vues, tout simplement.
♥♥ Saint-Laurent (Beaumont-sur-Oise). Sur un petit promontoire, elle contient des traits archaïsants très touchants.
♥♥ Saint-Martin (Chevreuse). Ici aussi, charme assez archaïsant.
♥♥ Saint-André (Boissy l'Aillerie). Aussi longue que haute, une sorte de cube roman très déstabilisant sur ce qu'on croit être une église.
♥♥ Sainte-Anne (Gassicourt). Charpente romane restituée, grands vitraux du XIIIe, stalles XVIe, acoustique ronde et sèche… perdue à deux pas du Val-Fourré, une petite merveille complètement inattendue.
Saint-Rémy (Saint-Rémy-lès-Chevreuse).
Notre-Dame-et-Saint-Eugène (Deuil-la-Barre).
Saint-Jacques (Compiègne).
Saint-Jean-Baptiste (Nemours).
Saint-Germain-l'Auxerrois (Dourdan).

Je ne nomme que celles dans lesquelles j'ai pu entrer, évidemment… je suis inconsolable d'avoir manqué Saint-Martin et aussi Saint-Basile à Étampes, Saint-Martin à Gadancourt, Saint-Antoine à Compiègne, Saint-Gervais-et-Saint-Protais à Bessancourt…



Voilà, si jamais ça vous intriguait…

Je cherche un moyen de partager certains aspects de ces balades, mais je n'ai pas encore trouver le support adéquat, Carnets sur sol me paraît d'un format un peu trop rigide pour jeter quelques images assorties de plaisanteries diversement convaincantes. [Et la partie histoire / histoire de l'art de tout cela est déjà très documentée, ce n'est pas un territoire où les livres sont insatisfaisants comme la musique, à mon sens.]

5. Le dimanche 3 septembre 2017 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Adalbéron !

La distinction entre le chef et l'orchestre n'est jamais facile à faire, d'autant que cette alchimie se passe en répétition et dans les âmes, autant dire dans deux lieux tout à fait inaccessibles au commun des mortels – et à moi en tout cas.

J'aime assez Jordan et Billy d'ordinaire – l'un, sans être nerveux, a un solide sens du détail, et produit des Mozart certes pas musicologiques, mais d'ordinaire honnêtes ; l'autre me plaît assez d'ordinaire, et a montré sa valeur (là encore, pas à la pointe du progrès, certes) dans ce répertoire. Et même avec ce type d'orchestre – électriser l'Orchestre de Paris dans du Schumann au sortir de la période Eschenbach, ce paraissait tout sauf acquis !

Et puis, si un chef dirige mal, c'est mou… là je parle vraiment d'une désinvolture affichée (pour Iphigénie en tout cas – pour Così il y avait clairement une part du chef), d'une façon de ne pas jouer jusqu'au bout, qui se voit physiquement dans le geste des musiciens… On ne peut pas tricher avec les instruments à cordes, le jeu à l'économie se voit. La quantité d'archet, l'intensité d'accroche, la fermeté du geste… Donc non seulement ça s'entendait,mais ça se voyait, et jusque sur leurs faces.

on aurait presque pu se demander s'il ne s'agissait pas d'un autre orchestre (même si c'était sans doute d'autres instrumentistes),

En principe c'est la même équipe qui fait la même production, mais il est vrai que les dates était très distantes…

J'aimerais bien, d'ailleurs, mettre la main ou trouver des moyens d'identifier l'orchestre bleu et l'orchestre vert… manière de voir si ça coïncide avec les changements de qualité qu'on entend d'un spectacle à l'autre, s'il y a des dynamiques de groupe distinctes. Mais l'Opéra garde ça comme un secret industriel, les musiciens aussi, même leurs potes refusent de se prononcer là-dessus. [Il faut dire que vu leurs mauvaises manières, à chasser des chefs, à jouer à l'économie, ce ne serait pas forcément à leur bénéfice d'être clairement identifiés !]

(je note le nom des chanteurs et des instrumentistes/chefs que tu as appréciés pour essayer de les entendre un jour) ;).

Beaucoup sont amenés à se reproduire à Paris… Là, par exemple, le 10, il y aura Stéphanie Moraly dans un double concert (gratuit) Koechlin, avec la Sonate avec violon et le Quintette avec piano, sans doute le concert/spectacle qui me tente le plus de toute la saison !

Ah, j'avais une petite question : où peut-on trouver ton avis sur Eugène Onegine à Bastille, ça m'intéresse ? :)

Dans cette notule. Mais ce n'est que la copie de quelques bribes postés sur Twitter au fil de la journée du lendemain…

6. Le dimanche 3 septembre 2017 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Diablotin !

Oui, j'ai trouvé ça long à confectionner aussi… et la forme effectivement un peu indigeste, il aurait fallu faire ça de façon perlée (mais alors, ça aurait pris tout l'espace sur CSS pendant plusieurs semaines, pour une simple rétrospective de ma saison personnelle… pas fondamental…). Il faut dire qu'il y avait encore plus de titres que l'an dernier, ça n'aide pas.

Gardner est effectivement une merveille. Formidable aussi bien dans Tchaïkovski que Walton. Les autres aussi (Hengelbrock, je le suis depuis son époque baroqueuse, tout n'est pas aussi marquant, mais tout est bon), et bien sûr Storgårds qui réussit tout… Beaucoup de tendresse pour Vänskä aussi (son intégrale Nielsen est épatante de poésie, et il est le seul à avoir gravé la première version de la Cinquième de Sibelius, que j'aime au moins autant que la définitive…).

Barenboim a quand même des réussites à son actif : certains Wagner (dans Parsifal au studio et en scène, et dans le genre « grand tableau » un peu statique, sa Walkyrie de studio, par exemple), sa récente intégrale Schumann (contre toute attente, et pas du tout lourde), son Requiem de Verdi (massif, certes, mais qui claque remarquablement, un des meilleurs !), mais oui, la plupart du temps, c'est simplement opaque, lourd, traînant. (Sur la lisibilité de Klemperer en dehors de ses excellents Mahler, j'éviterai de m'étendre… je n'ai jamais compris la révérence envers ce chef qui pour moi abîme les œuvres à force de les jouer à contre-courant de ce qui est prévu – en cela, pire que Barenboim donc, que je n'aime pas beaucoup, mais qui n'est pas une calamité non plus, la plupart du temps.)

En tant que pianiste, j'aime beaucoup à peu près tout ce qu'il a fait (certes pas un répertoire d'une largeur vertigineuse : Mozart, Beethoven, Chopin), jeune ou vieux. Cette façon de surarticuler me séduit beaucoup – hélas, dans les concertos de Mozart, c'est aussi lui qui dirige, et pas l'ensemble le plus transparent du monde…

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