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La tragédie lyrique : l'intégrale - I - de Lully à J. F. Rebel

Répertoire des oeuvres jouées et éditées dans le domaine de la tragédie lyrique. Avec de brefs commentaires.

Modèle :

  1. COMPOSITEUR, Prénom OU INDISPONIBLE, Prénom
    1. Oeuvre (date de création) (en italique si l'oeuvre a seulement été donnée en concert ; certaines oeuvres indisponibles sont tout de même citées, mais ne figurent pas en gras)
      • Enregistrement
        • Commentaire de l'enregistrement. Commentaire de l'oeuvre.
      • Exécution en public sans enregistrement

Les compositeurs sont placés par ordre chronologique de carrière.
Les oeuvres et interprétations par ordre chronologique.


L'intérêt est de pouvoir disposer d'un bréviaire sur les oeuvres disponibles, d'un plan pour se repérer.


  1. LULLY, Jean-Baptiste (spécialité : le récitatif lyrique qui fonde le genre, l'établissement de l'alternance avec les divertissements, qui terminent chaque acte)
    1. Psyché I (1671) ; Philippe Quinault, Molière, Pierre Corneille (tragi-comédie-ballet)
      • => L'oeuvre :
        • Mise à jour (24/11/07) : Un premier lancer, dans un genre absolument hybride, mêlant librettistes prestigieux mais de diverses catégories (pour un résultat parfois limité poétiquement parlant), voix parlée et voix chantée, textes sérieux et comiques, le tout en trois actes, avec une intrigue fort bizarre, dans un fatras de tons hétéroclites. Une curiosité, vraiment !
      • => Les versions :
        • Christie 1999 (Lyon)
          • Mise à jour (20/11/07) : Splendide distribution comprenant Monique Zanetti, Stéphanie d'Oustrac et Howard Crook. Acteurs de grande valeur, sonores et éloquents, même si, dans leurs éclats, ils ne conservent pas en permanence la majesté qui serait la plus authentique. Diction et modes de jeu théatraux sont modernes (avec bonheur au demeurant).
    2. Cadmus et Hermione (1673) ; Philippe Quinault (baroque)
      • => L'oeuvre :
        • Une oeuvre qui mêle des scènes comiques à une intrigue sérieuse héroïque. Le héros est ici une basse-taille, versant baryton.
        • Mise à jour (20/11/07) : Oeuvre importante cependant, et déjà une réussite. Le moment de bascule au III, qui deviendra la règle, est aussi celui du divertissement le plus spectaculaire (qu'on songe à la pastorale d'Isis, sur un acte entier, ou aux invocations infernales d'Armide ou, pis encore, de Médée). L'imploration rejetée par le dieu devient une scène typique de la tragédie lyrique, qu'on retrouve notamment dans Phaëton (première école), Pyrame & Thisbé (deuxième école) ou Dardanus (troisième école).
        • Mise à jour (20/11/07) : L'oeuvre est réputée austère, car les récitatifs y sont nombreux, et les divertissement clairement circonscrits. On sent combien Lully a écouté Cavalli et Landi, avec ce qu'on pourrait appeler leur recitativo infinito. Naturellement, il dispose déjà d'un naturel plus grand, et bien sûr de grand talent pour le mouvement de danse qui s'empare de toute la musique, au delà même des divertissements qui constituent la grande nouveauté du genre - il faut rappeler que ceux de l' Ercole Amante de Cavalli, pièce à machines qui avait tant impressionné à Paris et persuadé le pouvoir de se doter de son opéra propre, en langue française, étaient déjà de Lully. C'est ce modèle qu'ont donc à l'esprit les créateurs de la tragédie lyrique : situations spectaculaires (qui explique cette position en miroir face à la tragédie « classique »), récitatifs pour renforcer le pouvoir de la déclamation (à l'instar des créateurs italiens de l'opéra), divertissements de choeurs, ariettes et danses en fin d'acte, fin heureuse. [Pour plus de précisions, on peut se reporter à notre introduction à la tragédie lyrique.]
      • => Les versions :
        • 1964 - Leppard
          • Une version à la façon "traditionnelle".
        • 2001 - Rousset ; Académie d'Ambronay à Beaune, concert
          • Boris Grappe, Ingrid Perruche, Les Talens Lyriques. Un concert malheureusement non édité. Rousset y est comme toujours d'un maintien un peu raide, pas très dansant, mais suffisamment engagé pour que le tout tienne, loin des versions un peu ternes de ces dernières années.
        • 2008 - Dumestre (DVD)
          • Dumestre tire l'oeuvre vers sa filiation italienne, en tant que première tragédie lyrique. Usage aussi de la prononciation restituée. Jeu frontal très statique et éclairage à la bougie voulus par Benjamin Lazar. Un commentaire plus précis se trouve sur CSS.
    3. Alceste ou le Triomphe d'Alcide (1674) ; Philippe Quinault (baroque)
      • => L'oeuvre :
        • Mise à jour (24/11/07) : La structure d'Alceste sera reprise de façon assez exacte dans le Castor & Pollux de Pierre Joseph Bernard (mis en musique par Rameau), particulièrement dans sa seconde version (1754). Le combat contre le rival à la suite d'un rapt, suivi de la blessure mortelle de l'amant légitime. Le pacte de renonciation à l'amour pour sauver le défunt. L'articulation dramatique funèbre au moment où se taisent les armes, la séparation déchirante. Le combat aux Enfers au III, les retrouvailles des amants mêlées de crainte devant les pactes, les efforts généreux de l'amitié dans une concurrence vertueuse débridée.
        • Mise à jour (24/11/07) : On remarque aussi des modifications sensibles de la légende la plus répandue, jusque dans certains motifs assez célèbres. Admète meurt au combat, sans être prévenu de son destin, ce qui change assez considérablement le profil psychologique de l'ensemble des personnages - héros valeureux typique de la tragédie lyrique, un Tancrède plus qu'un Admète - on est loin du geignard impuissant représenté dans le drame satyrique d'Euripide, étalant impudiquement ses popopoi [1] une fois sauvé. La déploration de la mort d'Alceste, de ce fait, demeure infiniment sérieuse et tragique. Enfin, Alcide n'est pas l'ami à qui l'hôte cache son malheur afin de ne pas l'importuner, mais un rival, bien que pacifique, déclaré. Une lecture assez intéressante, au demeurant, qui est assez évidente dans le lien zélé d'Héraklès à la défunte des textes originaux.
        • Mise à jour (24/11/07) : L'oeuvre mélange ici encore, et de façon plus développée que dans Cadmus, des intermèdes comiques, voire des scènes entières, notamment la très célèbre scène de Charon, qui est resté, jusqu'au début du vingtième siècle (et avant une éclipse totale) quasiment le seul vestige dans la mémoire collective de l'oeuvre de Lully, souvent en début de récital des basses. Parfois aussi, un petit air élégiaque d'Amadis par-ci par-là.
      • => Les versions :
        • 1974 - Malgoire I (LP)
        • 1992 - Malgoire II
          • L'oeuvre qui a suivi le parcours de Malgoire, à de très nombreuses reprises données en concert. Les cuivres y sont tonitruants, l'ardeur bancale, le propos épais, et les solistes par toujours très à propos (Jean-Philippe Laffont, par exemple). Ce n'est de toute évidence pas une bonne initiation à la tragédie lyrique, mais les amateurs apprécieront de pouvoir découvrir la veine baroque de Quinault et ses intermèdes comiques (on pense à Monteverdi), dans de meilleures conditions sonores que pour le Cadmus de Leppard. L'air de Charon était encore enregistré au début du vingtième siècle, tant il avait marqué les esprits. Malgré la cabale contre le livret, l'oeuvre avait reçu les faveurs du roi.
        • Mise à jour (24/11/07) : 2007 - Malgoire (Paris, TCE)
          • Une version bien plus en style, et tout à fait correcte sur le plan instrumental. Très bien chantée. On peut enfin percevoir les vertus de l'oeuvre. Malheureusement, tout laisse supposer qu'il n'y aura pas de disque.
    4. Thésée (1675) ; Philippe Quinault (tournant classique ; livret bien lâche dramatiquement)
      • => L'oeuvre :
        • Il existe une réduction piano et chant du début du vingtième siècle, dans la collection Les chefs-d'oeuvre de l'opéra français, Editions Théodore Michaelis, comme à peu près tous les Lully, et quelques Destouches et Campra. C'est assez rare, mais cela existe. L'oeuvre traite d'une partie méconnue de la légende de Médée, son séjour à Athènes. On est ici assez à rebours de la légende, puisque Médée ne cherche pas à séduire Egée, à asseoir leur fils Médos sur le trône et à tuer Thésée qui revient pour hériter ; elle est ici éprise de Thésée et redéroule la trame des tourments suscités par Jason face à ce nouvel objet. Invention du personnage d'Aeglé, amante de Thésée, et disparition de toute velléité comique. L'oeuvre a été donnée par William Christie à la fin des années 90 – un pirate circule, paraît-il.
        • Mise à jour (20/11/07) : L'oeuvre voit disparaître les saynètes comiques, mais de façon non définitive. On les retrouve de façon discrète dans Atys, clairement dans Isis et largement sous forme de divertissements dans Psyché I.
      • => Les versions :
        • Mise à jour (20/11/07) : CPO vient de publier un enregistrement avec Ellen Hargis (madrigaliste), Laura Pudwell (Didon de Purcell pour Niquet), Howard Crook et Harry van der Kamp, dirigés par le célèbre luthiste Paul O'Dette (et le monteverdien Stephen Stubbs).
          • L'enregistrement, quoique un rien lent et figé par le studio, dispose d'une belle distribution engagée, et surtout de choeurs absolument formidables (diction, rondeur, investissement, homogénéité...). On manque peut-être d'abandon dans les récitatifs, mais c'est là la réserve la plus violente qu'on puisse faire, d'autant que l'oeuvre est elle-même sans doute la moins aboutie de Lully.
        • 2008 - Haïm (Paris / Lille)
          • Une version seulement radiodiffusée, mais qui laisse voir une affinité sans égale avec cette musique chez le Concert d'Astrée (toujours vertement critiqué on ne sait pour quelles obscures raisons, CSS refusant de croire à l'explication univoque et facile de la misogynie, même si certains commentaires laissent rêveur). L'écriture presque naïve de ce Lully-là, les vers un peu faibles de Quinault sont absolument transfigurés lors du choeur de guerriers en coulisses à la fin du I ou lors de la scène de torture au IV, et tout s'impose comme une évidence. Sophie Karthäuser radieuse domine la distribution, mais Paul Agnew et Anne-Sofie von Otter (laquelle était attendue au tournant, oserons-nous le confesser, par les lutins eux-mêmes) se sont aussi montrés très convaincants. Epatante transformation d'une oeuvre pourtant moyenne sur partition.
    5. Atys (1676) ; Philippe Quinault (classique ; « l’opéra du roi »)
      • 1987 - Christie
        • Le studio contient beaucoup de noms, dans les solistes, les choeurs, la fosse, promis à de grandes carrières. Une légende vivante, en somme. Mais, de l'avis général, la pâte prend mal ; il a été réalisé avant les représentations, et sent encore la précaution, la découverte, manque d'assurance et d'urgence.
      • 1987 - Christie/Villégier (Vidéo)
        • Spectacle mythique jadis diffusé à la télévision. Il circule sous le manteau, en attendant une improbable réédition. Le théâtre y est ici à son comble, et le tout est totalement enthousiasmant, aussi bien visuellement que musicalement, conformément à sa réputation. On peut prévoir que ce sera prochainement publié à expiration des droits - en 2038.
    6. Isis (1677) ; Philippe Quinault (classique ; inspiration pastorale et disgrâce de Quinault)
      1. 2005 - Reyne
        • Suite aux représentations, un excellent studio qui fait reprendre vie à une tragédie lyrique dense, inspirée, interprétée avec une grande justesse stylistique par des interprètes remarquablement vivants - Guillemette Laurens, Bernard Deletré très soigné, Françoise Masset. Vivement recommandé.
    7. Psyché II (1678) ; Thomas Corneille (puis revendiqué par Fontenelle)
      • 1987 - Malgoire (Aix-en-Provence)
      • 1999 - Christie (Caen, Bordeaux, Paris)
      • Mise à jour (20/11/07) : 2007 - Paul O'Dette (Boston)
        • L'oeuvre n'est toujours pas enregistrée. Elle survient après la disgrâce de Quinault, dont l' Isis évoquait d'un peu trop près les galanteries royales. Lully avait déjà écrit une Psyché en 1671, une tragédie-ballet sur un texte de Philippe Quinault et Pierre Corneille. Le livret de Thomas Corneille est mal accueilli.
      • 2008 - O'Dette / Stubbs (Boston 2007) - Parution du disque chez CPO, la première version discographique de l'oeuvre.
    8. Bellérophon (1679) ; Thomas Corneille (revendiqué en 1741 par Fontenelle)
      1. Souvenir non confirmé d'une représentation vers 2002.
        • Quinault avait écrit une tragédie sur ce même thème en 1665, et pendant sa disgrâce, Thomas Corneille est sollicité par le roi pour écrire un livret sur le sujet. Le roi y chantait Bacchus.
    9. Proserpine (1680) ; Philippe Quinault (retour de disgrâce)
      • 2006 - Niquet
        • Le disque, suite aux concerts au Barbican Centre et à la Cité de la Musique, devrait paraître prochainement. Hors la diction un peu floue de Magali Léger, la distribution a été couverte d'éloges. On connaît les affinités de Niquet avec ce répertoire, son immense talent pour la rondeur des textures et la force du drame. Attention, il manque le prologue, et les divertissements sont assez largement coupés, comme à son habitude. Diffusion sur France Musiques ce soir même, à vingt heures.
        • Mise à jour (20/11/07) : Le disque paru avec le Monde 2 comprenait les coupures du concert, mais le disque officiel contient le Prologue.
        • Le disque en studio rend justice aux concerts. Un feu extraordinaire, une distribution éloquente, de premier ordre (Staskiewicz, Auvity, D'Oustrac), et un jeu très réussi avec tout le spectaculaire du livret et de la partition.
    10. Acis et Galatée (1682) ; Jean Galbert de Campistron (pastorale)
      • Mise à jour (24/11/07) : Il s'agit en réalité d'une pastorale, en trois actes. D'un intérêt musical et dramatique limité ; surtout le prétexte à un climat, et des danses - moyennement enthousiasmantes au demeurant, mais il faut prendre en compte le décalage culturel absolu qui nous rend les pastorales si indifférentes.
      • 1996 - Minkowski (Gens, Fouchécourt, Naouri)
        • Mise à jour (24/11/07) : Aussi convaincant que faire se peut - avec cette oeuvre. Peut-être un petit côté « carré » chez Minkowski, qui le dessert (parfois) chez Lully et Gluck.
    11. Persée (1682) ; Philippe Quinault
      • 2001 - Rousset
        • Un disque assez indigeste, sans nerf ni relief. La distribution, pourtant d'excellent niveau, sonne terne. Dommage, la partition est intégrale, mais on prend assez peu de plaisir à l'écoute, en somme. A moins de deviner les beautés de la partition à force d'habitude du répertoire.
      • 2004 - Niquet, Ensemble Tafelmusik de Boston (DVD)
        • On dispose de Niquet, ce qui n'est pas un mince avantage, mais l'oeuvre est coupée au tiers (un peu moins de deux heures contre un peu moins de trois chez Rousset) : pas de Prologue, et les divertissements en partie 'allégés'.
        • Le résultat n'en est pas moins enthousiasmant : mise en scène qui joue la carte de la restitution, mais avec beaucoup de mobilité et d'humour. La distribution, surtout masculine, est admirable, l'entrain de l'ensemble constant. Malgré les coupures, ce peut se poser en première référence.
    12. Phaëton (1683) ; Philippe Quinault
      • 1994 - Minkowski
        • Excellente version, très aboutie, qui rassemble une distribution assez idéale (Rachel Yakar, Véronique Gens, Howard Crook, Gérard Théruel). On retrouve les caractéristiques de Minkowski : couleurs magnifiques, violence des accentuations et des contrastes. Il s'agit de la seule version de l' "opéra du peuple", qui avait séduit par l'effet de la chute finale du héros dans la mer.
    13. Amadis, ou Amadis des Gaules (1684) ; Philippe Quinault
      • 2006 - Reyne
        • L'enregistrement doit avoir lieu dans la foulée des représentations de l'été, pour une parution à la rentrée.
        • Le résultat révèle l'une des plus belles tragédies lyriques de Lully, au ton noble et élevé, aux personnages multiples, aux péripéties nombreuses (le modèle, à n'en pas douter, du Tancrède de Campra dont l'intrigue est assez exactement similaire par endroits). Le son de la Simphonie du Marais est toujours aussi français, et la distribution excellente (beaucoup trouveront l'enchanteresse de Céline Ricci trop acide, mais le pendant avec l'héroïne sombre de Guillemette Laurens est parfait).
    14. Roland (1685) ; Philippe Quinault
      • 2004 - Rousset
        • Comme pour Cadmus, le héros est ici un baryton. Le disque est écoutable, mais pas très enhousiasmant non plus, pour les mêmes raisons que Persée. Néanmoins, l'oeuvre est véritablement intéressante et le sens de la danse, très pudique comme toujours chez Rousset, n'est pas absent.
    15. Armide (1686) ; Philippe Quinault
      • 1983 - Herreweghe I
        • Avec Rachel Yakar. Supprimé par Herreweghe, qui en a racheté tous les coffrets encore en vente.
      • 1992 - Herreweghe II
        • Avec Guillemette Laurens, Howard Crook, Véronique Gens au sommet (dans le rôle de la suivante Phénice). Très coupé, puisque l'oeuvre ne comporte presque aucun divertissement et qu'elle tient sur deux disques. Très belle version, attentive au récitatif, au son rond mais sans mollesse. Pour des raisons de rythme dramatique, on peut commencer par autre chose, mais ce n'est reste pas moins indispensable. Le texte de Quinault est d'une envergure tragique remarquable. Et sera repris par Gluck (moins le Prologue). Les monologues d'Armide et la Passacaille sont souvent joués au concert ou au disque (Rousset, Petibon, Gens notamment). Armide est considérée (avec quelque raison) comme le chef-d'oeuvre de Quinault, et souvent de Lully.
      • 2008 - Christie
        • Une version en tout point extraordinaire, qui passe même la version Herreweghe, par son élan, par son sens du détail, par son sens dramatique encore plus soutenu, et par la mise en scène fascinante et très cohérente de Robert Carsen. D'après nos sources internes, ce devrait paraître au DVD, ce qui ne laisse aucune chance de réédition, déjà très compromise, à la seconde Armide de Herreweghe. Même Stéphanie D'Oustrac et Paul Agnew parviennent à passer le couple idéal Laurens-Crook en subtilité. Seules les suivantes de Noémie Rime et surtout Véronique Gens ne peuvent être remplaçables. Version désormais prioritaire, donc.
    16. Achille et Polyxène (1687) ; Jean Galbert de Campistron
      • Prologue et Acte I de Lully, le reste de son disciple Pascal Collasse après la mort du maître.
  2. CHARPENTIER, Marc-Antoine
    1. Circé (1675) ; Thomas Corneille & Donneau de Visé
      • On est toujours en attente d'une recréation de cette tragédie. Etrange qu'on ne se soit pas précipité, vu la réputation (très méritée) dont jouit Médée. Beau sujet qui plus est. Mais il s'agit, il est vrai, d'une tragédie mêlée de musique et non d'une tragédie lyrique à proprement parler.
    2. David et Joanathas (1688)
      • => L'oeuvre :
        • Mise à jour (24/11/07) : Une des rares oeuvres françaises fu genre avec rôle travesti dans un rôle sérieux (et dans le sens du remplacement d'un homme par une femme). Il existe essentiellement, autrement, des hautes-contre qui contrefont de vieilles femmes (Cadmus & Hermione, Le Malade imaginaire).
      • => Les versions :
        • 1981 - Corboz
          • English Bach Festival, Paul Esswood, Colette Alliot-Lugaz, Philippe Huttenlocher. Cette oeuvre se situe dans la filiation des tragédies bibliques à la mode dès le seizième siècle et qu'on voit également dans Esther ou Athalie de Racine.
        • 1988 - Christie
          • Les Arts Florissants, Gérard Lesne, Monique Zanetti. Christie l'a beaucoup joué à la scène ou en concert. Interprétation qui pèche par un peu de sècheresse.
    3. Médée (1693) ; Thomas Corneille
      • 1984 - Christie I
      • 1994 - Christie II
      • 2005 - Niquet
        • Il y aurait une note entière (ou plusieurs !) à réaliser sur les différentes versions discographies de Médée, difficiles à départager. Niquet, malgré les coupures, l'emporte à l'ampleur, à l'enthousiasme. Christie I bénéficie de la diction claire de Jill Feldman, d'un plateau globalement plus engagé et inventif que la seconde mouture (il manque quelques divertissements cependant). En revanche, Christie II, avec la Médée plus sombre et magnétique de Lorraine Hunt-Lieberson (diction impeccable mais très en arrière, donc peu intelligible), est absolument intégral, et propose une direction beaucoup plus habitée : inégalité baroque plus dansante, scène des enfers plus saisissante. L'enregistrement fait suite aux représentations mises en scène par Villégier - dont la formidable notice révèle le degré d'intelligence de cette musique. Il existe aussi des extraits par Nadia Boulanger. Non seulement c'est introuvable, mais ce n'est de toute façon pas fréquentable - et c'est un amateur de Bach par Furtwängler et Jochum qui parle. Oeuvre phénoménale, inventive, dramatique. Un choc garanti, même pour les sceptiques de la tragédie lyrique.
  3. COLLASSE, Pascal
    1. Achille et Polyxène (1687) ; Jean Galbert de Campistron
      • Actes II à V, écrits après la mort de son maître Lully.
      • Mise à jour (20/11/07) : Des extraits en ont été joués par Hervé Niquet et Stéphanie D'Oustrac en plusieurs occasions. L'oeuvre semble très intéressante, encore tout à fait lullyste. En attendant une intégrale.
    2. Thétis et Pelée (1689)
    3. Enée et Lavinie (1690)
      • 2006 - Nantes
        • Extraits donnés par un jeune ensemble. Le livret de Fontenelle est un bijou de pudeur (merveillleuses litotes) et d'invention (le spectre de Didon qui apparaît à Lavinie).
    4. Astrée (1691) ; Jean de La Fontaine
      • Tragédie lyrique en trois actes sur un sujet pastoral ! - livret considéré comme mauvaise par son auteur lui-même.
    5. Canente (1700)
    6. Polyxène et Pyrrhus (1706)
  4. MOREAU, Jean-Baptiste
    1. Musique de scène d' Esther de Racine, tragédie ballet. (1689)
    2. Musique de scène d' Athalie, tragédie ballet. (1691)
      • Mise à jour (20/11/07) : Il ne s'agit pas de tragédie lyrique à proprement parler, mais de mise en musique de tragédies, avec une musique de scène - à la façon des Grecs si l'on veut, et ici pour des pièces à sujet religieux. Hugo Reyne et la Simphonie du Marais s'en sont chargés. Le résultat n'est guère passionnant. Cette musique de scène sonne fade, et la force des vers parlés, alliée à l'aspect trop aimable de ce langage musical, ne se prête pas aussi bien à l'exercice que chez les romantiques - avec pour sommet absolu l'exemple du Manfred de Schumann.
  5. Mise à jour (24/11/07) : REBEL, Jean Féry
    1. Ulysse ; Henry Guichard (nettes inspirations d'Armide)
      • 2007 - Reyne
        • Disque imprévu publié en novembre 2007 devant le succès des deux concerts de juin et juillet. Vous trouverez une introduction à l'oeuvre sur CSS. Le résultat est du niveau des représentations.


Suite du corpus à venir.

Notes

[1] Qui n'a jamais entendu une déploration à la grecque manque un véritable moment de bonheur.


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Commentaires

1. Le mardi 11 juillet 2006 à , par Inactuel :: site

Quelle mine !
merci
D.

2. Le mercredi 12 juillet 2006 à , par DavidLeMarrec

Merci Denis !

La suite est en préparation...

3. Le samedi 5 janvier 2008 à , par DavidLeMarrec :: site

Sur Opera Today, la meilleure version d'Alceste de Lully donnée à ce jour, et pas publiée au disque (avec Nicolas Rivenq et Véronique Gens).

4. Le mardi 23 septembre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site

Tancrède de Campra (dont il existe déjà un enregistrement par Jean-Claude Malgoire, totalement épuisé, qui n'a pas forcément parfaitement vieilli) et Bellérophon de Lully (la dernière tragédie du maître à n'avoir pas été portée au disque) seront très prochainement joués par Vincent Dumestre et son Poème Harmonique.

Psyché version tragédie lyrique a paru en juin chez CPO (O'Dette / Stubbs / Carolyn Sampson /Gauvin), avec les choeurs magnifiques de l'ensemble de Boston.

A nouveau des bonnes nouvelles.

5. Le jeudi 27 novembre 2008 à , par sk†ns

Cool. Thx.

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