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Hélène Bernardy - dramatique et claire


Parmi les grands dramatiques actuels, toutes ne sont pas des voix opaques et hululantes - même si j'apprécie par ailleurs Deborah Polaski et Luana DeVol. Il existe aussi des voix pleinement timbrées et fruitées, comme Gabriele Maria Ronge ou Evelyn Herlitzius, étrangement moins bien servies par le disque et les retransmission que nombre de consoeurs moins accomplies.

Mais il en est une autre, plus étonnante encore, qui bien qu'assumant les rôles lourds de Donna Anna, Senta, Elsa, Isolde, Sieglinde, Elisabetta (Don Carlo), Dritte Norne, Aida, Santuzza, Tosca, Ariadne, Adriana Lecouvreur, Erwartung, Marie (Wozzeck), Giorgetta (Il Tabarro) ou Fata Morgana, s'exprime avec un placement haut et clair. Et tintinnabuler sans rien retrancher à l'impact dramatique n'est pas donné à tout le monde !

Entendez plutôt :

On pourrait rapprocher son profil d'Anne Schwanewilms, mais la franchise de l'émission, la variété des couleurs et l'intensité de l'engagement sont sans commune mesure. (On lui souhaite donc au moins la même carrière.)


On peut peut-être trouver, à la découverte, une pincée d'acidité, surtout dans l'aigu, liée aux nécessités de la projection - une acidité qui peut évoquer celle de Crespin. Cependant le dynamisme du geste vocal, l'intelligibilité absolue du texte et le galbe remarquable des mots éclipsent totalement cela, et de mon point de vue sans la moindre ombre de regret.

Elle a beaucoup évolué en Allemagne, notamment dans les troupes de Chemnitz et Karlsruhe, formidable lieu de formation (lorsque les voix sont suffisamment bien formées en amont).

En Geniève du Roi Arthus avec Callegari comme dans cet extrait de Walküre, elle darde littéralement ses notes et ses mots, avec une limpidité hors du commun. Ce n'est pas faute d'en avoir entendu beaucoup, pourtant je n'aurais pas beaucoup de plus beaux « Der Männer Sippe » à suggérer.

Vous pouvez entendre d'autres extraits sur son site, d'où j'ai tiré le présent extrait. Tout n'est pas aussi parfait, mais tout reste nimbé de cette même étrangeté fanstastique - et elle conserve toujours, jusque dans les aigus difficiles, ce grelot serré qui ne manque pas de charme.

Le seul disque dont j'aie trouvé trace [1] est une Deuxième Symphonie de Mahler chez ARTS avec Oleg Caetani, les Choeurs de l'Opéra de Chemnitz et la Philharmonie Robert Schumann. Cette dernière est l'orchestre résident du Théâtre de Chemnitz, que j'avais recommandé dans Schumann, mais qui est plus sévèrement sollicité dans cette symphonie. De toute façon, la partie de soprano étant ce qu'elle est dans cette symphonie, on profite assez peu de Bernardy, pourtant immédiatement prégnante - mais dans ses mauvaises notes et nécessairement limitée expressivement par le contexte...
Dans le domaine du récital symphonique, j'aimerais vivement entendre ses Shéhérazade de Ravel !

On espère donc des disques pour documenter une voix qui prend tant de risques avec de si belles choses à dire.

Notes

[1] Anecdote : En écrivant la notule, pour vérifier qu'il n'existe rien d'autre, je vais vérifier dans sa biographie, sur son site, où je lis : « sa discographie inclut la Seconde Symphonie de Mahler sous la direction d'Oleg Caetani ». Bien, si elle en est à signaler le disque où elle chante les deux minutes (même pas solo) de soprano, je ne dois pas avoir manqué beaucoup d'autres choses !


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Commentaires

1. Le jeudi 30 août 2012 à , par Xavier

Merci pour cette jolie découverte!
Vers la fin je trouve ça quand même sage... mais c'est surement la faute du chef. (sais-tu de qui il s'agit?)
Sinon, si on a écouté Varnay ou même Stemme juste avant, on a effectivement l'impression de se déboucher les oreilles tout d'un coup.

2. Le jeudi 30 août 2012 à , par Sandrine

Merci pour le partage de cette vidéo , je ne connaissais pas cette chanteuse mais c´est vrai que sa couleur de voix est plus proche du lyrique que du dramatique.
Je ne suis pas spécialement fan de Wagner mais je préfere des voix plus sombres dans ce répertoire , ne serait-ce que pour faire harmonie avec la musique .
Que pensez vous de Gwyneth Jones dans les rôles wagnériens ?

3. Le jeudi 30 août 2012 à , par DavidLeMarrec

Bonjour à vous deux !

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@Xavier :

Tu ne l'avais pas entendue en Genièvre avec Callegari ?

Je t'accorde que c'est peut-être plus élégant que brûlant à la fin, mais j'adore.

Même sans avoir écouté les gros calibres avant, c'est tellement différent... Et on perçoit bien l'impact qu'elle doit avoir en salle, la presse était d'ailleurs passablement hystérique sur ce point. Elle est professeur depuis quatre ans à Liège, je serais curieux de découvrir avec qui elle a étudié. (Bastin peut-être, comme Gillet... il y a des parentés notables, notamment au niveau de la couleur et du vibrato.)

4. Le jeudi 30 août 2012 à , par DavidLeMarrec

@Sandrine :

Oui, la couleur est claire, mais les moyens sont clairement dramatiques, même si d'un dramatique plus léger. Lyrico-dramatique, peut-être, mais alors au sens germanique du terme - (jugendlich) dramatischer Sopran. Elle ne fera peut-être jamais Brünnhilde, mais je ne vois pas d'objection à ses Isolde qu'elle chante déjà.

Vous trouvez la musique de Wagner sombre ? Quand bien même, le contraste serait plaisant, mais je ne le vois pas comme cela, en tout cas pas plus que ses prédécesseurs allemands qui réclament des voix plus légères.

Vous voulez donc mooOOooOOn opinion sur GwyyYYyyYYneth JooOOooOOnes ? Vrai tempérament dramatique, et actrice charismatique. Après, la voix est grise, le vibrato et la justesse pas toujours confortables. J'ai beaucoup de tendresse pour elle, surtout dans les rôles les plus lourds, mais ce n'est pas foncièrement séduisant au point que je me tournerais vers elle en priorité.

5. Le jeudi 30 août 2012 à , par Sandrine

Je pensais á une chanteuse ce matin : Graziella Gonzales, j´ai entendu certains extraits et je trouve que son timbre est vraiment particulier . Il me fait penser á des sopranos d´antan .... vous savez , ce genre de voix que les gens pas tres nuancés qualifieraient de rétro . Elle est indiquée lyrico-dramatique sans doute parce qu´elle chante plus ce répertoire mais j´avoue que son timbre me fait plus penser á de l´opérette . Non pas que je n´aime pas l´opérette , au contraire
j´aime beaucoup et mon pere ne chante pratiquement que cela mais parfois, je trouve qu´il y a un certain décalage entre la voix d´un artiste et ce qu´il chante .
Je vous ai cité d´ailleurs un exemple parlant avec cette chanteuse pour touristes et son interprétation tres originale de Carmen .

Oui , Wagner justement n´est pas de la musique légere comme dans l´opéra comique ou l´opérette . J´avoue ne pas l´écouter beaucoup , je préfere nettement Puccini en matiere d´intensité , d´émotions . Puccini me fait presque pleurer .

Puisque l´on est sur Wagner , j´ai quand même un faible pour Erda et celle de Hanna Schwarz me séduit assez de par la rondeur du timbre .
J´avoue que je serais moins enthousiaste pour une Erda au timbre clair , il me semble que le rôle doit se situer plus ou moins dans la même tessiture que celle
d´Ulrica .

Je n´oublie pas les basses , j´ai commencé á en écouter que vous m´aviez cités . Finalement, la différence entre basse profonde et chantante tient plus
d´une question de nuance de timbre que d´ambitus . De ce côté lá , je verrais plus des chanteurs comme Dara et Ramey ( peut-être aussi Raimondi ) dans le
" créneau" basse chantante . Un exemple intéressant est l´air de la Calomnie qui , je crois, a été chanté par toutes les variétés de voix grave .

6. Le jeudi 30 août 2012 à , par Sandrine

Petit " plus" : je suis par contre beaucoup moins emballée par la Carmen de Hanna Schwarz , je la sens vraiment plus wagnérienne .

7. Le samedi 1 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Sandrine,

Je ne connais pas du tout Graziella Gonzales. Je suis allé entendre sur son site pour pouvoir vous répondre : je ne trouve pas vraiment de parenté avec les sopranos d'autrefois. Je suis embarrassé de porter les choses sur ce terrain, mais la voix sonne surtout... vieillie. Je n'entends pas du tout une voix de dramatique non plus (c'est tout le contraire), mais il ne faut pas prendre trop au sérieux ces prétentions lorsqu'il s'agit d'artistes faisant une carrière aussi confidentielle : malgré sa formation de très grande qualité (Michel Roux pourrait être une explication à ce que vous percevez comme un reste d'antan), elle chante seulement dans de toutes petites salles.

Je suppose que les chanteurs mettent ce type de qualification pour mettre en valeur leurs aptitudes au répertoire difficile ou leur versatilité ; elle a certes chanté Santuzza et Adriana Lecouvreur... mais quand on voit que c'est au Théâtre du Renard ! Je ne suis même pas certain que la salle puisse contenir l'orchestre...
Alors forcément, dans une jauge de moins de 100 personnes et avec piano, on peut tenir les emplois dramatiques sans difficulté notable, même en étant lyrique léger. Heureusement, d'une certaine façon, parce que le grain épais et la puissance d'un dramatique seraient pénibles dans un trop petit espace.

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Wagner

Il est certain que Wagner n'a pas les propriétés lacrymales de Puccini - Puccini qui lui doit beaucoup, à mon sens, et qui est l'un des premiers en Italie à prendre acte de la mutation considérable qu'induisent les "découvertes" dramatiques de Wagner.
Wagner n'est pas léger, et passé ses deux premiers opéras, ne fait pas montre de beaucoup d'humour (ou alors de l'humour pas drôle, comme dans les Maîtres Chanteurs), c'est accordé. En revanche en matière de musique, il est tellement vertigineux qu'il peut difficilement être contourné. J'ai beau ne pas être spontanément sensible à son registre - je me sens plus proche des allemands qui le précèdent et le suivent -, j'y reviens sans cesse.

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Hanna Schwarz

Quelle drôle d'initiative d'aller entendre sa Carmen. :) Elle l'a chanté en entier ? Je n'en ai jamais entendu parler et je n'en trouve pas trace. Sur scène et en allemand, oui, probablement, mais au disque ?

Je ne peux pas vous répondre pour son Erda, Sawallisch est l'un des assez rares Ring commerciaux que je n'aie pas écoutés ! C'est effectivement déjà un mezzo clair (même si plutôt court d'aigus), ce doit être étonnant en Erda.

Je ne suis pas sûr qu'Erda descende aussi bas qu'Ulrica, mais elle doit monter moins. De toute façon l'usage des deux voix est totalement différent, Erda est assez peu couverte par l'orchestre et toujours sur un mode extatique / cantabile, alors qu'Ulrica réclame de l'éclat (et on se moque assez de la tenue de ligne, finalement).

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Basses

Les deux différences sont réelles, aussi bien l'aisance dans l'aigu (mais pour les très grands chanteurs que j'ai cités, on remarque un aigu extraordinaire en effet) que la couleur.

Enzo Dara, du fait de sa spécialisation, et plus souvent classé en basse bouffe. C'est d'ailleurs de mon point de vue davantage un baryton, comme nombre de basses bouffes. Mais pourrait-on parler de baryton-basse vu l'habituelle connotation de noirceur ?

Ramey, avait la caractéristique d'avoir aussi un grave étonnant, et de pouvoir chanter aussi bien les barytons que les basses nobles voire profondes. Mais Ramey est un phénomène. S'il faut absolument le classer, oui, intrinsèquement on le mettrait en basse chantante.

L'air de la Calomnie n'a guère été chanté par des barytons, mais comme il n'offre pas de difficulté spécifique (hors sillabando) et qu'il se trouve dans l'un des opéras les plus joués du répertoire, forément, les noms abondent. On pourrait dire la même chose de Rosine, qui a été chantée par beaucoup de voix de femme différentes : mezzos légers ou sombres, sopranos coloratures...

8. Le samedi 1 septembre 2012 à , par Sandrine

Même si je ne suis pas spécialement fan de la voix de Gonzales , je me garderais bien de juger la valeur d´une personne á son degré de notoriété ou á la superficie des salles qu´elle remplit . La notoriété n´a jamais été un gage de talent ni d´intelligence d´ailleurs : il suffit de voir le nombre de crétins que l´on rencontre dans
l´univers des célébrités .
Par ailleurs, on peut fort bien avoir un superbe potentiel vocal sans s´appeler Caruso ou Callas . Je connais des gens qui auraient eu largement de quoi faire carriere avec leur voix mais qui n´ont pas été facilités pour concrétiser ce fait: manque d´argent, manque d´opportunités , manque d´obligations, etc ....
Personnellement, je n´imaginerai pas une personne parfaite et sans faille ( et ce , y compris sur le plan vocal ) uniquement parce qu´elle est mondialement connue.

L´exemple que vous donnez d´Enzo Dara prouve bel et bien que chaque voix est unique et que certaines personnes sont " hors concours" pour ce qui est de classer les voix . Ne serait-ce que la perception du timbre : certaines personnes entendront, par exemple, un alto lá oú d´autres entendront un mezzo grave.
Pour ma part, je suis justement tres sensible aux timbres des voix ayant l´oreille assez musicale . Je n´entends rien de vraiment barytonnant chez Dara mais plutôt une basse claire plutôt spécialisés , c´est vrai , dans les rôles légers oú je le trouve d´ailleurs excellent .

Oui, Rosine a été chantée par diverses voix mais c´est un rôle qui demande une voix de timbre léger , vu la jeunesse du personnage . L´idéal est soit un soprano grave léger , soit un mezzo léger mais le centre de gravité et les aigus excluent les altos . D´ailleurs, le timbre d´une voix d´alto fait beaucoup plus penser á la maturité qu´á la jeunesse .

Raimondi a chanté La Calunnia , on le dit baryton-basse mais pour moi, il est plus proche de la basse même si ( mais je ne suis pas sûre du tout ) je crois qu´il a chanté Figaro et peut-être aussi Don Juan .

9. Le samedi 1 septembre 2012 à , par Sabdrine

Tenez , un exemple de basse profonde , pour moi en tout cas, étant donné le côté sombre et volumineux :

http://www.youtube.com/watch?v=-BAjkyNK9VQ

10. Le samedi 1 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Sandrine,

je me garderais bien de juger la valeur d´une personne á son degré de notoriété ou á la superficie des salles qu´elle remplit . La notoriété n´a jamais été un gage de talent ni d´intelligence d´ailleurs

Vous m'avez lu partiellement et me faites dire ce que je n'ai jamais dit. :) Je ne suis pas vraiment suspect, vu les compositeurs et les interprètes dont je fais l'éloge ici, d'avoir des préjugés liés à la notoriété. :)

Ce que je dis en revanche est qu'un vrai soprano dramatique pourrait difficilement exercer dans des salles de petites taille, et que dans ce contexte "usurper" le titre parce qu'on chanterait Turandot devant quarante personnes avec une voix de lyrique-léger n'est pas si scandaleux.


L´exemple que vous donnez d´Enzo Dara prouve bel et bien que chaque voix est unique et que certaines personnes sont " hors concours" pour ce qui est de classer les voix .

Tout à fait, même Enzo Dara entre assez bien dans la catégorie d'un certain nombre de basses intermédiaires qui ont tenu ces rôles, comme Fernando Corena (ambiguïté qu'on retrouve sous une autre forme en France, avec les basses "à la française" très barytonnantes qu'ont été Adrien Legros, Paul Cabanel ou Roger Rico).

Raimondi a chanté La Calunnia , on le dit baryton-basse mais pour moi, il est plus proche de la basse même si ( mais je ne suis pas sûre du tout ) je crois qu´il a chanté Figaro et peut-être aussi Don Juan .

Oui, il a chanté Figaro (mais celui des Noces !) et Don Giovanni, mais il a aussi fait d'authentiques barytons, comme Scarpia et même Iago ! C'est de mon point de vue une vraie basse, vu la constitution de la voix (avec un beau médium et un aigu qui ne "claque" pas), mais ses détracteurs le décrivent comme une sorte de baryton avorté. Et ça fait qu'il ne correspond même pas à la couleur attendue d'un baryton-basse (on ne le voit vraiment pas en Hollandais, par exemple !).

Tenez , un exemple de basse profonde , pour moi en tout cas, étant donné le côté sombre et volumineux :


Le plus amusant est qu'Alfredo Mariotti a passé sa vie à chanter des rôles bouffes. Mais clairement, sa voix était celle d'une basse noble, voire profonde. Dans ''Don Giovanni'', n'a enregistré que Masetto (le studio Böhm 67), mais il aurait fait un sacré Commandeur !

11. Le dimanche 2 septembre 2012 à , par Sandrine

Effectivement, la voix d´une vraie soprano dramatique ( qu´elle soit célebre ou non ne change rien á la donne ) passerait mal dans une petite salle , de même que la voix d´une soprano légere ou lyrique-légere passerait mal dans une salle immense . Sans aller jusqu´á ces deux extrêmes de couleur vocale, j´ai eu
l´occasion d´entendre deux sopranos lyriques , l´une était Nicole Raymond que vous connaissez sans doute au moins de nom : c´était dans une petite cathédrale , certes pas aussi grande que Notre Dame de Paris mais bon, pas une petite chapelle non plus . On l´entendait évidemment chanter mais , par exemple, on entendait largement mieux le chanteur qui se produisait en même temps qu´elle ( c´était une messe de .... désolée , je ne sais plus quel compositeur) . C´était un chanteur de registre basse et sa voix résonnait vraiment alors que celle de la soprano ne passait pas toujours bien question acoustique.
Je n´ose donc pas imaginer ce que cela aurait donné si elle avait été soprano légere !
Tenez , puisque l´on a cité Dessay , j´ai eu l´occasion de l´écouter á l´opéra théâtre d´Avignon et sa voix n´a évidemment pas le volume d´une wagnérienne mais il faut dire que je l´ai entendu á l´époque oú elle chantait encore dans le répertoire de soprano aigu . Maintenant, est-ce que ses Live ont évolué question volume de voix ? Je ne sais pas . De toute facon, je ne crois pas qu´elle soit assez insensée pour se lancer dans Norma ou Tosca , par exemple mais comme elle est quand même assez atypique dans son genre, sait-on jamais ?

Pour Raimondi , je parlais bien de Figaro de Mozart, pas celui de Rossini qui, á mon avis, aurait été trop haut pour lui .
Un autre exemple : Corbelli qui est baryton ( en tout cas , on le classe ainsi ) et qui a chanté Don Magnifico alors que j´avais un disque oú il chantait Dandini .
Donc, bon nombre d´artistes se permettent des incursions dans un répertoire qui ne leur est pas tres difficile vocalement car assez proche de leur registre .

Un exemple de ce que j´appelle baryténor : Vladimir Galouzine . Question timbre , je n´ai vraiment pas du tout d´entendre un ténor en l´écoutant mais un baryton mais en même temps, il a des aigus solides . Une tres belle voix , je pense que c´est le type de voix idéal pour des rôles comme Otello de Verdi .

12. Le dimanche 2 septembre 2012 à , par DavidLeMarrec

Les légers passant au-dessus de l'orchestre et certains lyriques légers étant très bien projetés, le problème ne se pose pas de la même façon en miroir des sopranos dramatiques.

Les églises favorisent clairement les voix de basse, il faut dire, alors qu'un soprano au timbre pas à assez droit et tranchant se "perd" facilement dans les travées : les très légers peuvent mieux passer que des formats plus lourds. Tout dépend de l'architecture, en fait ; mais elle peut vraiment changer l'aspect des choses.

Oui, Dessay est une voix bien projetée en vrai, même s'il y a maintenant des "trous". Elle ne se lancera jamais dans Norma, il est déjà assez difficile pour elle de travailler contre nature des rôles de lyriques assez légers comme Violetta ou Giulietta - et qui lui valent déjà des critiques acerbes, étant bien en-dessous des "formats" réclamés en principe par ces rôles.
De toute façon, sa carirère arrive à son terme, en bonne partie pour des raisons injustes (je ne crois pas que ses problèmes vocaux soient dus à ses choix de répertoire, même si elle s'en est servi pour faire croire que sa voix avait changé et son répertoire avec).

Figaro de Mozart était un rôle de basse (avec des fa 1, les ensembles sont vraiment écrits bas !), ce n'était pas un exemple très étonnant, d'où ma question.

Corbelli est typiquement un chanteur qui, bien que baryton (sans aucun doute possible, en effet !), évolue dans le répertoire de basse bouffe : cela va du très barytonnant et lyrique Dandini à (avec l'évolution de la voix au fil des ans) des rôles de baryton-basse comme Falstaff ou de basse bouffe comme Don Magnifico. Ici, c'est plus le tempérament des rôles que la vocalité qui a prévalu dans le choix du répertoire, à cause de son extraordinaire vis comica - c'est très fréquent chez les spécialistes bouffe, on y trouve toutes sortes de voix graves.

Galouzine sonne très baryton aujourd'hui (et depuis une bonne douzaine d'années !), c'est vrai, et pourtant il tient ses rôles de vrai ténor sans faiblir. En réalité, la voix était claire et éclatante à ses débuts (où je l'aimais beaucoup), il faut l'entendre en Gricha Otrepiev où l'on sent bien davantage la filiation avec Kozlovsky ou Smirnov (aujourd'hui, la parenté semble davantage avec Vinay !) . C'est un baryténor dans le sens "courant" du mot, mais ça ne correspond pas aux origines. J'ai parlé du baryténor français, mais le rossinien (l'italien est apparu avant, mais nous n'avons pas de rôles documentés au disque qui précèdent, il me semble), sur le modèle de l'Otello écrit pour Andrea Nozzari, avait autant de suraigu que les autres, mais beaucoup de graves.

Après, pour ce qui est de l'idéal, c'est une affaire de goût, mais je suis beaucoup plus intéressé par les voix qui ne perdent pas de netteté à force de s'épaissir : le créateur Arturo Tamagno sonnerait comme un lyrique assez léger, niveau timbre, mais la diction est suprême. Sinon, parmi ceux qui l'ont fait en entier, je me sens plus proche des résonances hautes de Torsten Ralf ou des belles suspensions de José Cura que des voix lourdes et opaques des Martinelli, Giacomini, Martinucci, Galouzine, Antonenko...

Mais il y a aussi un moyen terme qui peut mettre tout le monde d'accord, avec les voix sombres ou lourdes qui ont une direction nette : Windgassen, Domingo, McCracken, tous d'excellents Otello.

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