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Contemplation

Hier vendredi, alors que nous étions retenu - mais libre - tout l'après-midi dans la sympathique bourgade de Libourne, après avoir fait quelques choses utiles à la société et lu quelques brassées d'auteurs sympathiques (depuis Aulnoy jusqu'au jeune Hugo), il nous prit la fantaisie d'aller contempler le confluent, qui s'est alors révélé se situer à deux pas - la ville y est adossée.

Le théâtre représente une campagne où une rivière forme une île agréable.


A l'acte II d'Armide de Lully - manière d'éviter Smetana et Johann Strauss II -, l'assoupissement de Renaud (Paul Agnew) près d'une rivière. On remarquera le figuralisme ondulant des cordes. Les flûtes sont l'attribut traditionnel, dans la tragédie lyrique, du tableau bucolique et du sommeil. Représentation radiodiffusée du Théâtre des Champs-Elysées (novembre 2008), dirigée par William Christie.


Spectacle étonnant pour celui qui a renoncé depuis longtemps à l'admiration prolongée de la nature pour des édifices plus délibérées et plus sophistiqués.

La puissance esthétique d'une telle vue reste très forte, on y voit une composition, peut-être un sens, qu'on attendrait d'une oeuvre d'art conçue par un esprit raisonnable.

En remontant l'Isle, la singulière impression d'un fleuve qui recule. Le flot semble progresser, et pourtant les éléments solides le remontent, les branchages se déplacent lentement vers l'amont. Soudain on débouche sur un coude magistral, qui révèle dans la profondeur de l'horizon, à l'ombre d'un tertre, un vaste fleuve qui se déverse lentement, en majesté.
La cause du reflux est immédiatement éclairée : la Dordogne enfonce littéralement le courant de l'Isle, et la moitié de la rivière (les deux quarts près des bords) se trouve rejetée en arrière.

A quelques brassées de cette fusion, les aplats caractéristiques de la Dordogne se poursuivent, l'absorption du caractère de l'affluent a été total. La situation de ce point d'observation est particulièrement spectaculaire : la Dordogne apparaît soudain, face à l'observateur, naissant pour l'oeil sous un pont entre deux rives hautes et boisées, alors que l'on est en pleine ville, devant la Porte médiévale du Vieux Port, à deux pas des joueurs de pétanque. Une fois le chemin fait de face, le fleuve oblique à notre gauche, et semble s'éloigner plein de noblesse et d'assurance, sans trahir la présence des forces naturelles remarquables qui se sont affrontées à quelques coups de rame de là.
Sous le promontoire de Fronsac, en face à droite, aussi frappant qu'un rocher de Lorelei, les moirures des reflets aquatiques se répandent jusqu'au spectateur, pour n'obliquer qu'à ses pieds vers l'autre pont voisin.

Une composition impressionnante, propice aux songeries d'après-midi fatigué - pour qui veut bien demeurer debout plutôt que céder à la mollesse du lieu délicieux et de l'heure lasse.

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On peut trouver diverses images, plus ou moins réussies, plus ou moins originales, du confluent sur les moteurs de recherche.

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C'est anecdotique à raconter, sans doute, mais outre le placement légitime en section H.S., on fera remarquer que, (rattrapage de) journée de solidarité de Pentecôte oblige [1], dans la noble institution pour laquelle nous officions, nous n'avons guère eu le loisir de préparer mieux de retour près de nos Lares farfadisants.

Et si on ne peut plus être vain dans un bac à sable...


Notes

[1] Disclaimer : Ne pleurez pas trop tout de même.


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Commentaires

1. Le mardi 23 juin 2009 à , par Morloch :: site

[mode prozaic on]


Ah lalala, les ravages de la consommation excessive de Pomerol...


[/mode prozaic off]

2. Le mardi 23 juin 2009 à , par DavidLeMarrec

Attends, j'ai même vu hier, en marchant de Libourne à Fronsac et retour tout en chantant à pleine voix les standards de Schubert sur les routes discontinûment peuplées le Mascaret sur la Dordogne. Ca transporterait d'aise même un fossoyeur à jeun.

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