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Transferts culturels et traduction

L'émission d'Emmanuel Laurentin, La Fabrique de l'Histoire, proposait il y a quelques semaines une émission consacrée au sujet de l'internationalisation et de la médiation culturelles aux dix-neuvième et vingtième siècles.

Le sujet a déjà été abordé sur Carnets sur sol :

  1. un peu précisément avec l'étude de la relecture de Rigoletto dans sa version française ;
  2. de façon plus générale avec les évocations de Verdi en français et surtout Wagner en français ;
  3. la série sur Sigurd (qui débutait ici) peut intéresser ce sujet ;
  4. sur le versant théorique, les réflexions sur les langues à chanter et sur la justification de la langue originale.


Bref, l'émission, abordant l'opéra (traduit ou non), la traduction au dix-neuvième siècle, l'importation du jazz, de la musique brésilienne (de Villa-Lobos à la bossa-nova), entrera en résonance avec des propos qui ont déjà pu être tenus ici.

On peut encore l'écouter en ligne.


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Commentaires

1. Le vendredi 9 mars 2007 à , par jdm

Bonjour David,
Fidèle à tes conseils presque toujours éclairés - je ne sens pas la ligne mélodique de


- j'ai écouté l'émission d'Emmanuel Laurentin.
Le texte d'Eça de Queiroz, lu en ouverture, paraît bien enfermé dans une nostalgie d'époque. Pas sûr.
Je retiens le parallèle entre mondialisation économique (néologisme soft pour impérialisme, a rappelé Christophe Charle) et importation de biens culturels (de marchandises, soulignait Blaise Wilfert).
Après un intermède savoureux, la Séguedille en chinois, viennent les questions relatives aux transferts de produits culturels :
- traduction, interprétation, censure, ou bien réappropriation comme l'exemple en est donné pour Boris Vian traducteur ;
- engouement pour l'Espagne ou le Brésil contre l'Allemagne, après 1918 [ce qui évoque la position de Jankélévitch, renonçant, après 1945, à lire les philosophes allemands et leur préférant Baltasar Gracián] ;
- importation de la musique brésilienne via les Etats-Unis, en liaison avec leur position de créancier [un plan Marshall culturel avant l'heure] ;
- le mouvement "universalisation / nationalisation" [correspondant au vieux conflit "différence / mimesis] ;
--- par exemple, l'adaptation à la France de la samba [dont le fleuron, plus tardif, est probablement 'La Samba brésilienne', créée en 1948 par Andrex *].
Nouvelle pause lol (Christophe Charle évoque Claude Allègre).

Simple compte-rendu, dont je ferai brièvement la synthèse pour ma mémoire.
L'universalisable beau est sous le contrôle du pragmatisme économique et politique.
Tout cela est dit sans désespoir. Et, me semble-t-il, justement. En effet, les ondes négatives du commerce sont neutralisées par la richesse des échanges culturels. S'il y a réappropriation des biens culturels importés, c'est un élément de création.

Dans ton article sur


tu prends le parti (non exclusif) de traductions en français pour l'opéra en représentation. Eh bien, moi, tout également, je ne suis plus un puriste ! J'ai longtemps fui les V. F. au cinéma. Cependant, peu de films justifient absolument une V. O. s/t. L'alternance, comme tu le suggères, est une bonne option (les versions multilingues sont pénibles, car les sous-titres encombrent l'image, du fait d'une mauvaise police de caractères, et les traductions sont fantaisistes ou tronquées : j'en ai quelques spécimens pour les récréations).

A bientôt.

[mon courrier a dû te parvenir ? pour récupérer ton adresse, il me fallait changer de machine, de branchements… en somme, ni le facteur ni le posteur ne sont en cause dans un retard de quelques minutes : c'est le centre de tri]

___
* Refrain

C'est la samba brésilienne
Qui permet aux Parisiennes
Sans avoir l'air d'y toucher
Chaque nuit, de goûter
Les petits à-côtés
Du péché...

C'est la samba Brésilienne
Née d'une chanson païenne
Qui, sans le moindre faux pas
Dans les bras
D'un beau gars
Vous invite aux ébats
De là-bas

Dansez, dansez, dansez tous la samba
Dansez, dansez, mais n'exagérez pas

C'est la samba brésilienne
Qui permet aux Parisiennes
Sans avoir l'air d'y toucher
Chaque nuit, de goûter
Les petits à-côtés
Du péché...

[Paroles : Raymond Vincy]

2. Le samedi 10 mars 2007 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Jdm !

Voilà qui tombe à merveille, j'étais occupé et n'avais rien pu noter. Tu viens de le faire à ma place, tout y est. :-)


Je retiens le parallèle entre mondialisation économique (néologisme soft pour impérialisme, a rappelé Christophe Charle)

On peut d'ailleurs discuter sur ce point, parce qu'il ne s'agit que de l'une des manifestations de la mondalisation économique.


Après un intermède savoureux, la Séguedille en chinois,

Le plus étonnant en est sans doute l'exactitude stylistique !

J'ai des doutes sur la fidélité du texte, en revanche, lorsqu'on voit la traduction des Fleurs du mal, par exemple. Et surtout, gérer une langue à tons dans un contexte chanté... Br !
Un des problèmes principaux du Kunqu, qui entraîne un certain manque de variété.


- traduction, interprétation, censure, ou bien réappropriation comme l'exemple en est donné pour Boris Vian traducteur ;

Et en écho, au tout début, à Cavalleria Rusticana de Mascagni, faisant le tour du monde et adapté ou non selon les pays.


L'universalisable beau est sous le contrôle du pragmatisme économique et politique.
Tout cela est dit sans désespoir. Et, me semble-t-il, justement. En effet, les ondes négatives du commerce sont neutralisées par la richesse des échanges culturels. S'il y a réappropriation des biens culturels importés, c'est un élément de création.

Exact. Encore qu'universalisable, c'est à voir. Les choses sont déformées par la réception ou adaptées pour être recevables, bien souvent.

De toute façon, le commerce a toujours été - crois-je dire sans opérer de généralisation abusive - le premier facteur d'échange entre civilisations, et aussi un facteur de pacification (et parfois de guerre, certes). Sans le commerce, même si on peut déplorer qu'il soit nécessaire, pas d'Europe, et possiblement des guerres dans nos contrées (impossible aujourd'hui à cause du poids commercial et financier à préserver à tout prix).

Pas pour faire l'éloge du commerce en tant que tel, mais je suis toujours circonspect devant les théories façon tabula rasa et homme authentique - ou Sixième République Panacée chez pas mal d'autres. Ca n'empêche pas de voter pour eux, d'ailleurs, pour les raisons exposées ci-dessus. <|:-s>


Dans ton article sur La langue originale tu prends le parti (non exclusif) de traductions en français pour l'opéra en représentation. Eh bien, moi, tout également, je ne suis plus un puriste ! J'ai longtemps fui les V. F. au cinéma. Cependant, peu de films justifient absolument une V. O. s/t. L'alternance, comme tu le suggères, est une bonne option (les versions multilingues sont pénibles, car les sous-titres encombrent l'image, du fait d'une mauvaise police de caractères, et les traductions sont fantaisistes ou tronquées : j'en ai quelques spécimens pour les récréations).

Plusieurs choses !

=> Pour les sous-titres (surtitres), il existe des choses cocasses également à l'opéra. Pour le Ring du Châtelet, une tirade entière de Wotan (dizaine de vers), dans le style du ressassement si cher à Wagner, était traduite par "je suis triste". :-) Et aussi quelques contresens, à croire parfois que la traduction est en temps réel.

=> Le problème des VF est assez différent, dans la mesure où les textes traduits et surtout la diction des acteurs sont généralement très inférieurs à l'original. Pour l'opéra, il s'agit de donner une lisibilité à une oeuvre déjà complexe (les surtitrages peuvent le pallier).

=> Pour ma part, je n'aime guère les VF, y compris d'oeuvres françaises. Comme les films qui me satisfont sont très rares, avoir une langue à observer est beaucoup plus excitant.
J'ai souvent dit que s'il existait une programmation régulière de pièces de théâtre en langue étrangère, je n'irais probablement plus à l'Opéra. Un acteur de la Shakespeare Company vaut tous les compositeurs du monde. J'ai ainsi un très grand souvenir de Guerre et Paix adapté et mis en scène par Fomenko, nettement plus excitant que l'opéra de Prokofiev.
Pour les films, où il y a souvent moins à se mettre sous la dent qu'à l'opéra, où la diction est souvent relâchée (elle se veut "réaliste"), la version étrangère, originale ou pas, m'est souvent indispensable. Cela suppose, j'en conviens, un minimum de dialogues. Peut-être est-ce l'une des raisons, en plus de cette image en deux dimensions, de mon rapport hostile à Fellini.

(J'aborde abondamment le sujet du réalisme dans une note qu'il me faut achever depuis de nombreuses semaines, peut-être viendra-t-elle un jour.)


Merci pour ton commentaire très stimulant. (Et très utile, tu fais tes notes de lecture ici quand tu veux. :-)


[mon courrier a dû te parvenir ? pour récupérer ton adresse, il me fallait changer de machine, de branchements… en somme, ni le facteur ni le posteur ne sont en cause dans un retard de quelques minutes : c'est le centre de tri]

Pas de problème, c'est juste que je n'ai pas relevé depuis. :)

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David Le Marrec

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