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Benjamin BRITTEN – Discographie exhaustive du War Requiem


À l'occasion du cinquantenaire (et de l'âge d'or de la production discographique que nous vivons), l'éclosion de publications est impressionnante (six nouvelles versions en un peu plus de deux ans). Sans compter les premières éditions récentes de témoignages historiques (Britten 62, Leinsdorf 69 ; et un peu plus tôt Ansermet 67 et Giulini 69…). J'avais un peu écumé ce qui se trouvait il y a une dizaine d'années (sans en toucher un mot sur CSS), c'est peut-être l'occasion de faire ce détour aujourd'hui.

Et vous bénéficierez aussi de quelques commentaires additionnels pour vous guider dans une discographie qui fait peu la une des magazines, mais qui se révèle très fournie.

Notez bien que la prétention d'exhaustivité est un horizon (j'ai vraiment essayé de recouper les sources pour ne rien laisser passer, même les bandes distribuées seulement avec les magazines), mais qu'il serait étonnant qu'il n'en manque pas quelques-unes (outre un défaut de vigilance, si on va chez les labels autoproduits, les publications dématérialisées, les semi-pirates, les vinyles jamais reportés, je suis sûr qu'on peut compléter)… n'hésitez pas à les signaler si c'est le cas.



Légende

CC : prise en concert
CCs : prise en concert sur plusieurs soirées ou avec raccords
ST : enregistré en studio


Liste des enregistrements officiellement commercialisés

Britten 62 / Harper, Pears, Fischer-Dieskau / Melos Ens, Birmingham SO, Testament (cc)
Britten 63 / Vichnevskaïa, Pears, Fischer-Dieskau / Melos Ens, LSO & Ch, Decca (st)
Leinsdorf 63 / Ph. Curtin, Di Virgilio, Krause / Ch Pro Musica, Boston SO, DVD VAI (cc)
Ančerl 66 / Kniplová, English, J. Cameron / Prague PhCh, CzPO, Supraphon (cc)
Ansermet 67 / Harper, Pears, Th. Hemsley / Ch Pro Arte, Suisse Romande O & Ch, Cascavelle (cc)
Giulini 69 / Woytowicz, Pears, Wilbrink / Melos Ens, New Phia & Ch, BBC Legends (cc)
-
Rattle 83
/ Söderström, Tear, Allen / Birmingham SO, EMI (st)
Shaw 88 / Haywood, Rolfe-Johnson, Luxon / Atlanta SO & Ch, Telarc (?)
Kegel 89 / Lövaas, Roden, Adam / RCh Leipzig, Dresdner Phie, Berlin Classics (st)
-
Hickox 91
/ Harper, Langridge, Shirley-Quirk / LSO & Ch, Chandos (st)
Gardiner 92 / Orgonašová, Rolfe-Johnson, Skovhus / Monteverdi Ch, NDR, DG (cc)
W. Hall 94 / Altmeyer, M. Sells, D. Lawrence / William Hall O & Chorale / Klavier (?)
Brabbins 95 / L. Russell, Randle, Volle / Scottish FestCh, BBC ScottSO, Naxos (cc)
Shafer 95 / Goerke, R. Clement, Stilwell / Washington O & Ch, Gothic (cc)
Masur 96 / Wiens, Robson, Hagegård / Prague PhCh, Israel Ph, Helicon (cc)
Masur 97 / Vaness, Hadley, Hampson / Westminster Ch, NYP, Teldec (st)
-
I. Volkov, G. Walker 04
/ Guryakova, Padmore, Gerhaher / Edinburgh FestCh, Paragon Ens, BBC ScottSO, BBC Music Magazine (cc)
Masur 05 / Brewer, A.D. Griffey, Finley / LPO & Ch, LPO Live (cc)
Rilling 07 / Dash, J. Taylor, Gerhaher / Stuttgart FestEns, Hänssler (cc)
Ozawa 09 / Goerke, A.D. Griffey, J. Westman / SKF Mastumoto Ch, Tokyo OpSg, Ritsuyukai Ch, Saito Kinen O, Decca (ccs)
-
Noseda 11
/ Cvílak, Bostridge, Keenlyside / LSO & Ch, LSO Live (cc)
Zweden 11 / Dobracheva, A.D. Griffey, Stone / PBCh, PBPO, Challenge Classics (cc)
Nelsons 12 / Wall, Padmore, Müller-Brachmann / Birmingham SO & Ch, DVD Arthaus (cc)
Jansons 12 / Magee, Padmore, Gerhaher / BayRSO & Ch, BR (cc)
Pappano 12 / Netrebko, Bostridge, Hampson / Santa Cecilia & Ch, Warner (st)
McCreesh 13 / Gritton, Ainsley, Maltman / Wrocław PhCh, Gabrieli C&P, Signum (st)



Tendances

On constate la suprématie numérique évidente des ensembles britanniques : Birmingham (3x), LSO (3x), BBC écossaise (2x), Philharmonia, LPO, l'ensemble de McCreesh, le chœur de Gardiner… et pour le reste, on dispose tout de même de New York, Washington, Atlanta et d'un autre ensemble américain.

On remarque aussi, au passage, qu'on conserve volontiers un ténor anglophone même dans les versions hors-sol (Ančerl, Kegel, Rilling…), une soprane slave (Vichnevskaïa, Kniplová, Woytowicz, Orgonašová, Cvílak, Dobracheva, Netrebko…), et quelquefois même le baryton germanique (Fischer-Dieskau, Krause, Müller-Brachmann, Wilbrink, Adam, Volle, Hagegård, Gerhaher, Müller-Brachmann… plutôt dans les versions hors pays anglophones), avec des chefs qui n'auraient aucun mal à recruter un ténor britannique ou américain dans leur carnet d'adresse.
Autant la soprane slave ne me dérange pas (ce n'est que du latin), autant Owen mal mâchonné par de grands liedersänger, j'avoue que ça ne m'exalte pas trop, et je ne m'offusque donc pas si


Quelques choix


Là-dedans, beaucoup de bijoux. J'aime énormément la ferveur de Giulini 69, plus un ensemble bouleversant qu'une collection de morceaux de bravoure, qui se goûte dans le silence, d'une traite. Côté versions récentes, Pappano 2012 est l'un de ceux qui distille la poésie avec le plus de sûreté – à la fois plastique et recueilli, même si le studio n'atteint pas l'intensité des concerts de 2005 (et j'aimais davantage Brewer, ma référence personnelle dans la partie, que Netrebko). Bien sûr, le studio de Britten en 63 reste incontournable, et pas seulement à cause du parfum d'histoire (Testament a depuis publié la bande de la création à Coventry en 62) : Britten dirige son œuvre avec une sorte d'objectivité très droite, peu de legato, avec une lisibilité maximale du contrepoint choral, en particulier – et puis ces personnalités, toutes imparfaites mais très fortes, qui émergent comme autant de symboles.

Sans doute plus discutable (les solistes, le ténor Gerald English excepté, ne sont pas très gracieux), Ančerl 66 joue cela avec la même pâte que pour ses Requiem de Dvořák, très typé centre-européen et dramatique, assez méchant et sombre… à l'exception du dernier accord, il y a peu de lumière là-dedans, même dans les sonneries baroques du Sanctus. On pourrait presque parler de version poisseuse, du point de vue psychologique – rien d'épais musicalement.

Sinon, les distributions anglophones de versions plus lyriques comme Hickox 91, Masur NYP 97, Rattle 83, Shaw 88, sont dignes des plus grands éloges, de pair avec des directions très adéquates (à la réécoute, je suis frappé par le grand legato et la sorte de poussée lyrique un peu insolite imposée par Masur) ; de même pour la grande fresque chorale liturgique et fusionnelle de Shafer 95.

Je m'aperçois que j'aime moins les versions purement plastiques, très léchées, comme Jansons 2012 (excellent, mais plus beau qu'émouvant), Rilling 2007 (où, comme chez Jansons, je suis un peu gêné par le placement et l'anglais de Gerhaher) ou, pis, McCreesh 2013 (que je trouve peu incarné).

Seule version que je déconseillerais vraiment, Gardiner 92, blanc, impavide… toutes les notes semblent avoir le même poids, et toutes sont écrasées, aucun relief du début à la fin, dans une œuvre où les climats sont pourtant spectaculaires. Peut-être est-ce la tentative d'insister sur la limitation du vibrato avec un orchestre (NDR) avec lequel Gardiner avait peu collaboré ?  En tout cas, vraiment décevant, et j'ai reçu plusieurs témoignages en ce sens, bloqués par cette approche.
Brabbins 95, version très estimable (même si Tom Randle a beaucoup progressé depuis), peut aussi rebuter en raison de sa prise de son (un peu étroite, blanche et métallique, du type de ce que faisait Naxos à l'époque, avant la perfection actuelle) ; ce n'est pas la faute des artistes, mais ce peut être un obstacle pour les plus audiophiles.

Sinon, parmi les bandes et expériences en salle, grande impression faite par Metzmacher en 2010 avec l'Orchestre de Paris (quel chœur !), Indra Thomas, Paul Groves (rondeur, mots, projection, c'était confondant) et Matthias Goerne (un peu épais, bien sûr, mais vraiment intense).

J'aurais bien aimé entendre une version Inghelbrecht empesée (avec Sarroca ou Brumaire, Peyron ou Giraudeau, H. Etcheverry, Roux ou Lovano) et surtout une version Kondrachine bien acide, méchante et lumineuse, mais je suppose que c'est un vœu pieux. 


Glottophilie


Si vous désirez sélectionner les meilleurs chanteurs, je n'ai pas vraiment opéré de comparatif précis (l'œuvre ne s'y prête guère, s'écoutant d'une traite), mais je décerne la palme à Brewer et Vishnevskaya pour leur autorité liturgique menaçante. Chez les ténors et les barytons, ce sont évidemment les anglais et quelques américains qui s'en tirent le mieux : Langridge, Hadley, Gerald English, Bostridge, Ainsley, Padmore, Rolfe-Johnson, Pears, Fischer-Dieskau (malgré l'accent), Shirley-Quirk (très sombre et direct), Luxon, Allen, Hampson… Considérant qu'on leur confie de (beaux) poèmes anglais, il ne peut vraiment en aller autrement.



Prolonger

==> Une traduction et présentation du poème Parable of the Old Man and the Young de Wilfred Owen, utilisé dans l'Offertoire du War Requiem.

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Commentaires

1. Le lundi 21 décembre 2015 à , par Polyeucte :: site

Bonjour!

Tu parles des concerts de 2010 dirigés par Metzmacher... ça a été capté à la radio? J'en étais ressorti avec les jambes en coton tellement j'avais été impressionné. J'ai rarement ressenti aussi fortement un concert que ce soir là...

Merci pour cette discographie. Il va falloir que je comble certaines lacunes!

2. Le lundi 21 décembre 2015 à , par David Le Marrec

Il me semble que ça a été le cas, mais je n'ai pas la bande. À mon avis, de toute façon, à l'exception de l'intérêt de réentendre les solistes et le chœurs, ça ne peut pas avoir le même impact atmosphérique qu'en salle (et surtout pas, pardon, avec une prise de son France Musique traditionnelle).

Tu raconteras tes explorations ?

3. Le mardi 22 décembre 2015 à , par Polyeucte :: site

Je ne me souviens pas d'avoir vu des micros... mais il y avait eu deux soirées!

Oui, j'en parlerai sûrement. Va juste falloir que je décroche de la version Britten qui reste un presque absolu pour moi...

4. Le lundi 4 janvier 2016 à , par Benedictus

Merci pour ce travail. J'avais arrêté de collectionner les versions après la parution de Masur / New York, qui était depuis lors ma référence personnelle. Bizarrement (alors que je suis beaucoup plus britténien que toi*), il m'a fallu du temps avant de devenir un fervent du War Requiem: j'avais les versions de studio de Britten et Rattle (toutes deux un peu handicapées par la prise de son, de mon point de vue), mais il m'a fallu le studio de Hickox pour entrer dedans. (Et je suis bien d'accord avec toi au sujet de la version Gardiner.)

Sinon, pour les références récentes, si on veut entendre Bostridge là-dedans, tu recommanderais donc Pappano plutôt que Noseda? (Je dois dire que l'affiche de Pappano m'avait un peu inquiété...)

* Au fait, tu as écouté le Prince of the Pagodas par Knussen et la Spring Symphony par Previn? Toujours pas convaincu?

5. Le mercredi 6 janvier 2016 à , par David Le Marrec

Je n'ai pas du tout ressenti ce problème avec Rattle, et surtout pas Britten, dont la prise de son un peu sèche peut décontenancer, mais permet finalement une absence de pathos seyant bien à l'œuvre, qui reste une forme d'allégorie plus qu'une campagne de création de besoins pour Kleenex Cool Touch™. Ce serait quelqu'un d'autre, je le moquerais sur son attente de grosses choucroutes réverbérées. :)
Et je n'ai pas perçu de différence si notable de perspective sonore entre Rattle, Hickox et Masur, en fait.

Dans la liste, j'ai essayé Britten, Ančerl, Giulini, Rattle, Shaw, Hickox, Gardiner, Brabbins, Shafer, Masur 97, Rilling, Zweden, Jansons, Pappano et McCreesh : il m'en manque beaucoup. J'aime bien l'écouter juste une fois, sans comparaison, pour l'effet intense que ça produit, donc je n'ai pas trop eu l'occasion de multiplier les versions de façon exhaustive. J'ai prévu d'essayer Noseda un jour, mais j'ai déjà Bostridge plusieurs fois et je n'ai pas été très curieux de Keenlyside (je redoute un brin de dureté et de placidité, sans doute à tort, puisque c'est un mélodiste de tout premier plan). Bref, je ne peux pas t'aider là-dessus.

Mais Pappano est formidable, oui, beaucoup d'atmosphère et une très belle distribution (Hampson bien meilleur que chez Masur, où il est plus américain-international). Je ne vois pas pourquoi ça ne te plairait pas… tu redoutais, quoi, Netrebko ? Pour une grosse glotte en latin-volapük, elle fait plus que largement l'affaire, même si on peut aimer des voix plus anguleuses. De toute façon, si elle peut avoir une apparence à la Norman, elle dispense une énergie sauvage qui la rapproche pas mal de Vichnevskaïa.

(Non, je n'ai pas encore essayé ça, preuve sans doute que je n'ai pas Britten autant que toi, en effet : c'était dans ma liste, et plein de choses se sont amoncelées dessus… je les remets sur le dessus et on en reparle.)

6. Le mercredi 6 janvier 2016 à , par DavidLeMarrec

Alors, écouté le premier acte du Prince des Pagodes par Knussen. C'est très bien fait, mais un peu trop de couleur locale, ça ne me touche pas vraiment – et on y retrouve le spectaculaire talent de non-mélodiste de Britten (je me demande vraiment comment il fait pour écrire une musique aussi accessible et aussi athématique à la fois !).

Cela dit, c'est vraiment un Britten différent, tirant sur les climats du Mandarin merveilleux, avec des duretés qu'on trouve dans les sections liturgiques du War Requiem et guère dans ses opéras.

7. Le mercredi 6 janvier 2016 à , par Benedictus

Oui, bizarrement, il m'a fallu le gros son réverbéré de Chandos et ces chanteurs moins typés (enfin, Langridge est excellent) pour entrer dans le fonctionnement de l'œuvre. Mais par la suite, je suis plus souvent revenu à Britten (pour la direction) et à Rattle (pour les chanteurs). Quant à Masur, comme tu le dis, la direction atypique est très prenante.

Ce qui me fait un peu peur dans la version Pappano (que je vais aller écouter, cela dit), c'est en effet d'abord Netrebko (mais justement c'est plus son versant Vichnievskaïa, son dramatisme opératique intense, qui me fait peur que le côté grosse voix ronde, du moins ici), et puis le côté carpes-et-lapins de cette distribution (réunir Netrebko et Bostridge...) Et puis, malgré toute mon admiration pour Pappano, je me demandais un peu ce que ça pouvait donner: mettre en valeur la belle poésie nocturne de grosses machines lyriques XIXe (qu'il s'agisse du Trouvère ou de Tristan), c'est une chose, réussir le climat de déploration tendue, les clairs-obscurs du dispositif du War Requiem, c'en est une autre.

Je pensais que ta pyrornithophilie t'aurait fait apprécier davantage ce Britten différent, en effet. Trop de couleur locale, je ne suis pas vraiment d'accord (trop de chatoyances, je veux bien): je trouve que l'appropriation du gamelan balinais va tout de même un peu plus loin que ça. Mais pour le coup rejoint assez ta réflexion sur l'athématisme britténien: c'est peut-être grâce à lui qu'il parvient à s'approprier des modes d'écriture extra-occidentaux, qui de ce fait ne sont jamais cantonnés à ornementer une écriture essentiellement mélodique par ailleurs - voir aussi la musique nô dans Curlew River, œuvre non dépourvue de duretés, elle aussi (mais qui à l'inverse risque de te paraître manquer de couleurs). Tente aussi The Burning Fiery Furnace qui possède aussi des couleurs, des climats (et des duretés) différents, eux aussi.

8. Le mercredi 6 janvier 2016 à , par David Le Marrec

Moins typés mais très stylés, chez Hickox !

Netrebko n'est pas particulièrement opératique ici, mais oui, elle est intense – on est un peu obligé, avec les gros sauts d'intervalle, non ? Elle partage pas mal de choses avec Bostridge, en termes de son, mais oui, je la sens un peu comme extérieure au reste (mais Vichnevskaïa, Orgonašová et bien d'autres aussi…), la prise de son accentuant sans doute sa captation à part (ils étaient vraiment tous ensemble dans la pièce ?).
Pour la direction, c'est celle qui m'a le plus touché dans le War Requiem, et de loin. Mais elle est plus poétique que tendue. Ça resseble assez à la sobriété de Rattle (en tout cas plus qu'au drame froid de Britten, qu'au lyrisme de Masur, qu'à la tension d'Ančerl), mais avec la souplesse propre à Pappano.

Quand je dis couleur locale, ce n'est pas une question d'imitation à proprement parler, mais plutôt la recherche d'une couleur spécifique et différente de son habitude, plus de métal et de stridence. Ce n'est pas inintéressant, et il y a de très beaux moments (j'ai poursuivi, et il y a des choses qui me font vraiment dresser l'oreille), mais pour l'instant, ça ne m'interpelle pas de façon très personnelle.

Il me semble que j'avais essayé The Burning Fiery Furnace sur tes conseils, et que ça m'avait intéressé, effectivement. Il faudra le remettre sur le métier.
Curlew River, ça m'avait magnétisé (à une époque où Tosca était pour moi la frontière avancée de l'atonalité), mais à la réécoute, j'ai toujours trouvé ça un peu terne, effectivement… ça bavarde beaucoup et malgré ses qualités c'est un peu s'affliger pour le plaisir, comme d'une autre façon Wozzeck.

9. Le jeudi 7 janvier 2016 à , par David Le Marrec

Bien, bien… mise à jour. J'ai écouté la version de la création de 1962 aujourd'hui. Pas la captation Testament (trop cher), donc dans un son qui n'est pas fameux (ça crachote, il n'y a pas beaucoup de dynamique). Les forces de Birmingham ne sont pas du niveau du LSO et ça s'entend : orchestre plus rêche, chœur assez fruste ; dans la fugue de l'Offertoire, Quam olim Abrahæ, c'est un peu le bazar, et ça ne danse pas beaucoup pour autant. Néanmoins, il y a de la ferveur dans tout cela, ce n'est vraiment pas intéressant. Mais dans cette esthétique sèche et dépourvue de pathos (que j'aime beaucoup ici, personnellement !), le studio est clairement plus abouti.

Fischer-Dieskau est plus timide qu'en studio, Pears beaucoup plus rond (les voix fusionnent magnifiquement, comme si elles n'étaient qu'une seule, je n'avais jamais entendu ça !).

--

Par ailleurs, suite à notre dernier échange, j'ai jeté à nouveau une oreille sur Hickox et Rattle (par portions seulement, par curiosité). Et c'est vrai, même s'ils se rangent dans la même vision assez traditionnelle (un peu interchangeable, quelque part), effectivement Hickox a plus d'ampleur par la prise de son (j'ai trouvé cette fois Shirley-Quirk plus neutre, plus conforme à ses standards – peut-être était-ce Luxon qui m'avait impressionné, en fait, chez Shaw) ; quant à Rattle, ça ne m'avait pas du tout frappé la dernière fois (mais c'était il y a plusieurs années maintenant), on a bel et bien une prise de son EMI des pires années… tout est étouffé, à telle enseigne que j'ai dû tendre l'oreille pour entendre la flûte solo (et quand je dis solo, il n'y a à peu près rien en même temps !). C'est bien dommage, j'aime beaucoup la simplicité de sa lecture, très sincère et directe, mais très pudique. Je l'admets, c'est un peu amoindri par la prise de son.

Pour finir, j'ai très rapidement essayé Noseda pour pouvoir te répondre : ça m'a paru une interprétation dans la tradition, réussie mais qui n'apporte pas forcément beaucoup de neuf par rapport à toutes les autres (je ne suis pas forcément fanatique des prises de son du label LSO, de toute façon). Keenlyside n'est pas dans un très grand jour pour le timbre (le bas de la tessiture, pourtant pas abyssale, paraît un peu terne), mais c'est remarquablement dit.
À tester sur la durée, ça a l'air bon en tout cas. Pour un usage régulier avec un bon son, ça doit très bien faire l'affaire ; pour découvrir, je te recommanderais peut-être plutôt d'essayer des choses vraiment différentes comme le mysticisme de Giulini, la délicatesse de Pappano, le Dvořák d'Ančerl…

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