Carnets sur sol

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dimanche 22 février 2015

Galathée de Victor Massé par la Compagnie de L'Oiseleur


Toujours prodigue en créations et résurrections, L'Oiseleur des Longchamps organisait mercredi 18 février le retour de Galathée, Opéra-Comique de Victor Massé — encore un Prix de Rome qui se spécialisa dans la veine comique (Les Noces de Jeannette eurent une belle fortune…). Nous sommes au début de la Deuxième République, mais le langage extrêmement épuré évoque déjà l'opérette. D'ailleurs les lignes vocales ne sont pas forcément prodigues en mélodies mais servent plutôt à exprimer des caractères, tandis que l'orchestre sert quelques petits thèmes plus évocateurs.

L'intrigue a la particularité de développer les déconvenues de l'après-animation de la statue, avec un registre comique et une misogynie très caractéristiques du temps, sans trop d'imprévu.

Pas de surprise après avoir joué la partition, il y a quelques années : musique pas forcément très consistante, mais tout ça est bien plaisant, en particulier le Trio de la laideur, où le pauvre Midas se voit dire son fait par une statuette pas encore instruite des convenances.

Suite de la notule.

Cantates de Stradella, Brevi, Torelli et Marcello par Delphine Galou et Ottavio Dantone


Vendredi 13 février, accompagnement au seul orgue des Billettes.

Ce répertoire de cantates sacrées italiennes du XVIIe siècle, mal connu et peu programmé, méritait déplacement. On se situe vraiment à la frontière d'un récitatif marqué par le recitar cantando des débuts de l'opéra, affirmant sa forme monodique sans se dispenser de modulations plus surprenantes, d'effets vocaux, d'ornementations beaucoup plus nombreuses et audacieuses… et d'une tendance à la vocalité pure, lyrique, qui va s'affirmant au fil du temps, jusqu'à devenir exclusive dans l'alternance recitativo secco / aria da capo durant tout le XVIIIe siècle (en tout cas dans la musique profane, les choses étant assez différentes en musique sacrée) — ce qu'on appelle couramment l' « opéra seria ».
Beaucoup de très belles choses, faisant alterner le latin (Lamentation de Jérémie d'Alessandro Stradella, un motet pour le Saint-Sacrement de Giovanni Battista Brevi) et l'italien, pour des textes de cantates écrits à l'époque de la composition (Cantate pour le Vendredi Saint de Giuseppe Torelli) ou des traductions de textes sacrés (« O di che lode » de Marcello, d'après le Psaume VIII).

De la belle musique, tantôt dramatique, tantôt ornementale.

La voix de Delphine Galou est étonnante, réputée pour son caractère androgyne — obtenu au moment de la couverture, qui se passe très en bouche. Comme les résonateurs les plus sonores (dans la face) ne sont utilisés que pour les aigus, le volume sonore reste confidentiel, mais le fait de chanter surtout dans la bouche et le pharynx, sans exagérer vers l'engorgement, lui permet de façonner un timbre très humain (plus « parlé », d'une certaine façon), et de pouvoir ouvrir avec naturel certaines voyelles dans le milieu de sa tessiture.
Ce n'est pas une voix « physique » vu ces limitations, et elle pourrait sans doute travailler du côté de résonances plus dynamiques, mais en l'état, cette petite voix atypique est absolument charmante — le timbre évoque assez fort Carolyn Watkinson (avec des touches de Mijanović et Stutzmann, selon les moments).

Suite de la notule.

Carnet d'écoutes — semaine du 16 février


Au programme :

¶ récital d'opéra romantique allemand de Gerhaher, dernier album de Beczala « The French Collection » ;

¶ nouvelle parution de Feuernsot de R. Strauss ;

¶ œuvres de chambre de Gernsheim, Bax, Bliss, Huré, Alfano…

¶ œuvres contemporaines de Beamish…

¶ arrangements de Tabea Zimmermann…

Au passage, je remarque à quel point les envies d'écoute sont conditionnées par les supports… selon que l'on utilise un disque, des bandes mp3, telle plate-forme de flux plutôt qu'un autre (et bien sûr les gens avec qui l'on parle !), l'enchaînement des envies d'écoutes n'est pas du tout le même.
Dans mon cas, ce n'est pas grave, me direz-vous, puisque je n'écoute que des chefs-d'œuvre, n'est-ce pas ?

Voici donc le contenu des écoutes de la semaine, avec leurs commentaires :

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Lundi 16 février

Schumann – Adagio & Allegro (arrangement pour alto) – Tabea Zimmermann, Hartmut Höll
Schumann – Fantasiestücke (arrangement pour alto) – Tabea Zimmermann, Hartmut Höll
Schumann – Sonate pour violon n°1 (arrangement pour alto) – Tabea Zimmermann, Hartmut Höll
Aussi beau qu'une excellente version pour violon… ne sonne pas très différemment d'ailleurs, seulement plus de chair, puisque déjà écrit pour le grave d'un violon, donc une fois transposé d'autant plus généreux.
Schumann – Märchenbilder – Tabea Zimmermann, Hartmut Höll
(Gravure Capriccio des Märchenbilder.)

Huré – Sonate pour violon – Ph. Koch, Jude
Extrêmement virtuose, même pour le piano… dans le goût d'une décadence à la française, vraiment superbe.
Huré – Quintette avec piano – Louvigny SQ, Jude
Moins spectaculaire, mais d'aussi belles harmonies, quelque chose de plus fouillé… moins marquant à la première écoute, mais à l'usage, j'aime encore davantage que la sonate avec piano. Pas grand'chose d'autre n'est disponible au disque, de toute façon.

Massenet – Scènes alsaciennes – Conservatoire de Paris
G. Charpentier – Impressions d'Italie – Conservatoire de Paris

Beamish – Concerto pour alto n°2 – Tabea Zimmermann, Suède ChbO, Ola Rudner
Beamish – Whitescape – Suède ChbO, Ola Rudner
Beamish – Sangsters – Suède ChbO, Ola Rudner
Pas du contemporain audacieux ni néo, simplement des œuvres qui fonctionnent bien (le concerto pour alto est d'ailleurs quelquefois donné, en particulier par Zimmermann qui en est la dédicataire). Cela vaut en particulier pour les très belles atmosphères babillardes de Sangsters, très réussies.

Casella – Notte di Maggio – La Vecchia.

Haendel – Israel in Egypt (partie I : « The Ways of Zion Do Mourn ») – Chœurs Radio Bavaroise, Concerto Köln, Dijsktra
Haendel – Israel in Egypt (partie I : « The Ways of Zion Do Mourn ») – Speck
Deux très bonnes versions (voir états de la partition et sélection discographique ).

Mardi 17 février 2015

¶ Album de Piotr Beczala (et son splendide jeu de mots), « The French Collection ». Orchestre de l'Opéra de Lyon, Alain Altinoglu.
Beaucoup de beaux airs, la plupart célèbres, à part celui de Dom Sébastien de Donizetti, et pour la plupart tirés d'ouvrage couramment au répertoire (sauf La Dame Blanche, mais qui est désormais devenu un standard dans les récitals de ténors légers ou lyriques).
Tout est très bien chanté, bien équilibré pour un étranger (parfaitement robuste, mais pas trop lourd ou assombri), même s'il tend à mêler, selon une certaine école slave (plutôt orientale), du [eu] à toutes ses voyelles. Mais alors, sérieux comme un pape, à côté Flórez paraît la fantaisie incarnée : ce n'est même pas tant la mobilité théâtrale (on n'attend pas forcément ça dans un récital) que le simple enjouement lorsqu'il chante « Ah, quel plaisir d'être soldat ! ». Tout est parfaitement de chanté, irréprochable même stylistiquement… mais paraît assez indifférent en fin de compte, les airs ne sont pas caractérisés, ni même vraiment différenciés. Je n'ai pas été passionné, même si je respecte hautement cette maîtrise.
(Au passage, Diana Damrau semble irrémédiablement ternie, même en revenant à son répertoire d'origine… ça hulule méchamment désormais… merci le belcanto fourvoyé !

Gernsheim – Quatuor avec piano n°3 – Diogenes SQ, Andreas Kirpal
Gernsheim – Quatuor avec piano n°1 – Diogenes SQ, Andreas Kirpal

Alfano – Sonate pour violon – Elmira Darvarova, Scott Dunn
Alfano – Quintette avec piano – Elmira Darvarova, Scott Dunn
Alfano – Nenia & Scherzino – Elmira Darvarova, Scott Dunn
Très marqué par le style français d'alors. Déjà présenté sur CSS : le Quintette de 1945 est une merveille absolue, non seulement d'une grande richesse harmonique, mais même jubilatoire dans son final

Bliss – Discourse for orchestra – Christopher Lyndon-Gee, Queensland O
Très sympa !

Bliss – Quatuor avec piano – Peter Donohue
Bliss – Sonate pour alto – Martin Outram, Julian Rolton
Bliss – Quintette avec hautbois – Nicholas Daniel, Maggini SQ
Bliss – Quatuor n°1 – Fanny Mendelssohn SQ
Bliss – Quatuor n°2 – Fanny Mendelssohn SQ
Les Anglais sont mal connus pour leur corpus chambriste, mais Ireland, Bax, Bliss, Alwyn et quelques autres y laissent pourtant le meilleur de leur production…

Brahms – Quatuor avec piano n°2 – Capuçon, Caussé, Capuçon, Angelich
Référence personnelle : pour la profondeur des cordes, mais en particulier, contre toute attente, pour la qualité d'articulation générale et les beaux détachés du piano d'Angelich, très net et sans sècheresse.
Brahms – Quatuor avec piano n°3 – Fauré PiaQ

Mercredi 18 février

Suite de la notule.

David Le Marrec

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