Carnets sur sol

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Acoustique et identité sonore — [en l'occurrence, Radio-France… & César Franck]


1. Apprécier une interprétation… en contexte

En tant que mélomane, on a rarement l'occasion de mesurer à quel point l'environnement acoustique (ou les équilibres induits, voire créés par une prise de son) changent un nombre colossal de paramètres.
Si, on peut remarquer, lorsqu'on écoute des disques, qu'on trouve finalement beaucoup de parenté dans les équilibres de telle collection, d'une façon suspecte — chez la RCA des grandes années (vaut aussi pour Mercury, par exemple), la volupté sonore hallucinante des Leinsdorf (Tote Stadt avec la Radio Bavaroise ou Salome avec le LSO, par exemple), leurs détails profusifs et leurs timbres très colorés et chaleureux se retrouvent suspectement dans les Cleva (Luisa Miller) et surtout Prêtre (Lucia di Lammermoor) avec l'orchestre de musiciens italiens de la RCA, qui n'appartiennent pourtant pas, radicalement, aux mêmes écoles de son (ni tout simplement au même niveau instrumental).
Il y a de quoi s'interroger, alors, sur la part du chef et la part de l'ingénieur dans les couleurs et équilibres.

Or, il est très rare de pouvoir mesurer très précisément cet écart, faute d'entendre exactement les mêmes personnes dans les deux situations. Sauf lorsqu'on fréquente les grandes capitales culturelles du monde, où les concerts de célébrités, leurs radiodiffusions et leurs enregistrements sur le vif ou en studio peuvent être comparés. Et même dans cette configuration, l'occasion n'est pas si fréquente — sauf à s'appliquer à la créer indépendamment de ses goûts et des programmes.

Dans ce registre, je me souviens avoir entendu la radiodiffusion de la Walkyrie dirigée par Philippe Jordan, captée le soir où j'y étais. Et quel contraste : direction un peu molle dans le vaisseau de Bastille… mais à la radio (et il y a en principe peu de bidouille des équilibres par les techniciens de la Radio), un luxe de détails littéralement inouï, qui débordait de finesses et de sens… Clairement, dans la salle ou à la radio (ou peut-être très près de la fosse), on n'entendait pas le même spectacle — et cela peut expliquer bien des discrépances et bien des disputes, suivant le mode d'écoute : avec ou sans attention, avec ou sans livret, avec ou sans partition, et suivant le placement dans la salle, cela peut tout changer, vraiment.
Je ne peux pas en préjuger pour les autres, mais en ce qui me concerne, j'ai remarqué que je ne ferais pas du tout la même hiérarchie entre enregistrements selon que je l'écoute avec ou sans partition (et ce n'est pas du tout une question d'exactitude !) : si on ne fait qu'écouter, on est sensible à une forme de clarté du propos, qui peut paraître plate par exemple avec la partition sur les genoux. En ce sens, l'écoute avec partition n'est pas forcément plus objective que l'autres (et même, par certains aspects, l'est moins).

C'est pour cela que rencontrer le Philharmonique de Radio-France dans le nouvel auditorium, souvent entendu à Pleyel, dont plusieurs fois avec Mikko Franck (Wagner, R. Strauss, Sibelius, Schönberg), consituait un étalon assez puissant : il était facile de comparer la façon dont la même association chef-musiciens (et dans un langage postwagnérisant) allait sonner.
Car, vendredi, nous sommes allé entendre (en majesté) la Symphonie de Franck qui inaugurait le concept des concerts « Expresso ».


L'interlude de Rédemption au début du concert : on perçoit assez bien, sur la captation, la netteté du son de la salle.
Je n'ai pas trouvé la date de radiodiffusion


2. Accueil

Puisque pas grand monde n'y est encore allé, et qu'il s'agit d'un lieu excentré dans Paris où, cette saison, on ne jouera peu ou prou que du Brahms, autant en dire un mot pour les curieux qui n'auront pas l'occasion de s'y rendre tout de suite. CSS sauve une fois de plus vos dîners en ville, assurément.

¶ On lit souvent que la Philharmonie de Paris (indéniablement excentrée) sera difficilement accessible alors qu'elle est sur une station de la ligne de métro desservant le plus de gares, mais la seule station devant la Maison de la Radio est dévolue au RER, et à une « branche » particulière d'icelui, ce qui signifie un délai — ou une distance à pied — assez supérieurs à la norme parisienne habituelle.
Pour ma part, ayant vécu la vie culturelle bordelaise pendant des années (et adorant marcher), je suis très loin de vouloir me plaindre, mais il est possible que cela décourage les amateurs de l'Est s'ils doivent courir pour attraper leur concert… Les choses sont quand même plutôt mal faites : le public fortuné de l'Ouest dont la Philharmonie a besoin pour se financer risque de se décourager à traverser tout Paris aux mauvaises heures (surtout s'il ne prend pas les transports en commun), tandis que le public plus mélomane-fauché ou familial de la Maison de la Radio (où les noms sont moins célèbres, la programmation plus accessible et les tarifs beaucoup plus doux), qui vit pour partie dans les arrondissements du Nord-Est, va devoir lui aussi faire le chemin inverse…

¶ En termes d'accueil, il faudra sans doute un petit moment d'adaptation chez les publics.
Certes, à présent on peut entrer directement dans le hall au lieu de la cellule de fouille, difficile à trouver et pas très avenante (où seul des vigiles un peu crispés vous attendent), qui servait d'entrée depuis la fermeture du studio 104.
Pour autant, la paranoïa est toujours assez présente : l'un des rares lieux où l'on est obligé de déposer ses sacs à dos (mais pas ses mallettes…) au vestiaire, et tout le monde semble en permanence un peu affolé qu'un enragé sorte un fusil pour agir activement contre les mauvaises critiques du Masque & la Plume.
Comme je ne suis pas persuadé que la culture de la maison change, si la programmation est intéressante, le public s'habituera sans peine. [Mais j'ai toujours trouvé l'accueil un peu brutal dans la maison.]

¶ De même du point de vue de l'organisation : des notices ont été comme d'habitude imprimées pour le concert, mais impossible de les trouver, très peu de spectateurs semblent en avoir reçu (pas de quoi épuiser un stock, même sous-estimé). Par ailleurs, on interdit d'aller à jardin (supposément plein) alors que cour est plus rempli, ou de monter aux balcons (où l'acoustique doit assurément être bien meilleure), alors qu'un certain nombre de gens s'y trouvent (et y entrent même en retard) — apparemment, ils ne s'ouvrent qu'une fois le parterre rempli (l'heure d'arrivée n'étant plus la garantie d'une bonne place). Il faudra prendre le soin d'accorder ces violons-là, mais cela, en revanche, devrait vite se réguler. [Mais quel intérêt, enfin, d'interdire aux gens de se placer aux meilleures places, a fortiori quand tout le monde voudrait démabuler et tester la nouvelle salle ?]

¶ Par ailleurs, la Maison de la Radio se distingue comme la seule grande salle de concert classique à ne pas proposer de vente en ligne (sauf sélection de tarifs hauts et de surcroît majorés, via la Fnac !)… Pour récupérer, échanger ou revendre un billet, c'est un peu la croix et la bannière en comparaison de ce qu'on fait ailleurs. Sans mentionner la saturation de la billetterie, où il faut passer par le standard de Radio-France, et qui n'a pas de répondeur, il faut rappeler dix fois pour joindre quelqu'un aux heures de pointe !
C'est quand même extraordinaire qu'on ait les financements pour créer un superbe auditorium dont personne n'a fondamentalement besoin, mais pas de vendre simplement des places à distance comme le moindre petit théâtre !

¶ Le concept des concerts « Expresso » est sympathique : une heure de musique présentation incluse, ce qui permet de finir tôt la soirée, même en dînant ensuite en bonne compagnie. Néanmoins, vu que le concert est bref, le début à 19h est probablement un peu exagéré (nous sommes sortis à l'heure où les gens commençaient à faire la queue devant les Billettes) : il est difficile d'être à l'heure si on n'est pas directement à proximité ou en heures de bureau… Je suppose bien que le concept (tarif unique 15€) est un produit d'appel, mais en l'état, il se limite un peu aux voisins, aux étudiants et aux retraités. 19h30 serait probablement plus raisonnable pour la saison prochaine.


La salle conçue par Yasuhiha Toyota.


3. Décor

¶ Visuellement, tout en bois (cerisier, bouleau et hêtre), avec des balcons en quinconce, mais réguliers : à la fois très chaleureux, sans monotonie visuelle, mais aussi facile pour se repérer et se placer. Une fois assis, on se sent, même au fond des niches, extrêmement proche de musiciens. Pour une salle de 1500 places, le résultat est assez impressionnant de familiarité (et très beau).

¶ Je ne suis pas un fanatique de ces fauteuils en pince (dossier à angle droit, assise rehaussée sous les cuisses) : certes, ils tiennent très bien le dos, mais je me demande comment feront les spectateurs à la circulation sanguine délicate. Enfin, là aussi, cela ne concerne qu'une portion du public (et pas forcément moi qui me moque assez des sièges… c'est un luxe, certes, mais qui n'influe pas sur le choix des salles).

¶ Le bois foncé (mais pas sombre) de la salle fait contraste avec le parterre très clair où se posent les musiciens. C'est astucieux et retient l'attention, mais je trouve les lumières un peu crues : avec ce contraste très favorable, on pourrait vraiment proposer une ambiance visuelle très douce. De même, dans les loges, on laisse de la lumière un peu fort, je trouve, d'autant qu'il n'y a rien à lire pour un concert symphonique…
Mais toucher le potentiomètre ou, au pire, « changer une ampoule », cela peut s'ajuster vraiment sans difficulté ; je suppose qu'il y aura des réactions de spectateurs en ce sens.

4. Acoustique

Parce que c'est un peu le premier sujet, tout de même, quel vilain teaseur nous sommes.

¶ Tous les moyens ont été mis en œuvre par le concepteur Yasuhiha Toyota : l'armature de béton est posée sur des boîtes à ressorts, les parois sont bosselées en demi-cylindres pour renvoyer le son (avec égalité), et le plafond est un immense réflecteur en bois.

¶ Le résultat est assez spectaculaire : un son très feutré et précis, doux, d'une proximité incroyable, même des points les plus éloignés. Vraiment l'atmosphère d'un salon, très mate, pas du tout réverbérée.
De ce fait, ce doit être idéal pour la musique de chambre, et la structure en rotonde, qui devait théoriquement être un inconvénient pour la musique vocale, risque de ne pas être si gênante (certes, on ne verra que le dos, mais on devrait très bien entendre). Et surtout, les mots ne peuvent pas perdre en précision (ce qui est souvent le problème dans les grands espaces), le grain ne peut pas se diluer (ce qui n'est pas un atout pour les grandes voix, mais permet de faire chanter du lied, par exemple, dans une vaste salle sans forcément embaucher des stentors). Très curieux de la tester dans ces contextes.

¶ Cette acoustique est assez emblématique d'un son de radio ou de studio : direct, à retoucher éventuellement par les ingénieurs, mais le plus précis possible à la source.
La sècheresse absolue absorbe aussi les bruits du public (même lors des applaudissements, on a l'impression qu'il n'y a personne dans la salle) ; on n'aura pas les problèmes de Favart ou de Pleyel, où si quelqu'un froisse son programme, le balcon entier n'entend plus rien.

¶ Ce son si typé a forcément le revers de sa médaille : le son est parfaitement audible et précis de partout, mais tellement sec et « pur » qu'il manque d'ampleur pour les épanchements symphoniques romantiques comme dans la symphonie de Franck. Dans du contemporain, de la musique du chambre, du lied, ce serait probablement idéal, mais en l'occurrence, on a l'impression que l'acoustique parvient même à siphonner l'émotion : on voit les musiciens qui s'agitent, le son qui enfle… mais l'impression physique ne change pas. Pourtant, avec Mikko Franck et le Philhar, on aurait dû décoller, mais non, quelque chose d'un peu neutre s'empare des musiciens, enserre leur interprétation, comme si on exerçait une compression dynamique en temps réel sur leur exécution.
À Pleyel, la réverbération (certes acide et peu précise) aurait procuré une autre ampleur à l'œuvre, c'est certain !

¶ Par ailleurs, le son de la salle est un peu ouaté dans les forti.
Tout cela mis bout à bout entraîne une certaine frustration, l'impression que cette acoustique hors du commun nous dépouille d'une part conséquente de l'exaltation musicale à laquelle on pouvait s'attendre.
À tester dans d'autres répertoires où l'impact physique et les écarts dynamiques ne sont pas un moyen majeur d'expression.

5. César Franck : Rédemption et Symphonie

Le programme, très court (trois quarts d'heure, sans bis, plus une petite introduction), faisait entendre, outre la Symphonie en ré mineur, l'interlude orchestral de l'oratorio Rédemption — je ne crois pas qu'il en existe d'enregistrement officiel en dehors de Plasson (peut-être aussi une édition plus confidentielle tirée des archives de la radio ?), mais l'interlude a été quelquefois gravé en complément de poèmes symphoniques (ou, pour Fournet & la Philharmonie Tchèque, du ballet intégral de Psyché).
La pièce est sensiblement dans le même style que la symphonie, très simili-wagnérienne — l'orchestration, assez opaque par ailleurs, réutilise des techniques très typiques de tous les imitateurs wagnérophiles : guirlandes de cordes qui accompagnent le thème principal bramé aux cuivres. On remarque l'âge inhabituel du matériel d'orchestre (peut-être pas contemporain de la création, mais au minimum début-de-siècle !), il est vrai que ce ne doit pas être commandé tous les jours par les formations symphoniques.

Des traités musicologiques, des essais philosophiques, des romans, peut-être même des psautiers ont été écrits à partir de cette Symphonie, je n'ai donc pas grand'chose à en dire qui puisse apporter à la postérité. Si ce n'est qu'au delà des emprunts évidents — l'essai d'importer le leitmotiv dans la forme symphonique, les effets d'orchestration, les thèmes parents (le premier est un décalque du « thème du destin » dans le Ring, le second, avec ses simples volutes conjointes, pas si éloigné de la « Rédemption par l'Amour »), le goût des chromatismes —, l'esprit m'en paraît éminemment peu wagnérien.
Wagner ne relâche jamais la dynamique ainsi (les effets de Franck sont souvent plus brucknériens, avec ses ruptures soudaines, quasiment une écriture par épisodes), et lorsqu'il le fait, c'est pour aborder un thème complètement nouveau qui doit enfler à son tour encore plus haut… De même, les variations (un peu pénibles ?) du deuxième mouvement sont très loin de l'univers de Wagner, qui lorsqu'il se répète dans la même page, fait plutôt une marche harmonique.

De toute façon, l'esprit éminemment atmosphérique et théâtral de Wagner est tout ce qu'il y a de plus opposé au pur formalisme musical : c'est là tout son paradoxe majeur. Poète médiocre, il écrit pourtant une musique qui est complètement soumise à la dramaturgie… tout en convainquant essentiellement par la seule musique, et en la révolutionnant de surcroît. Aussi, toutes les tentatives de suivre ses traces dans le domaine de la musique pure est nécessairement incomplète. Ses succédanés les plus convaincants sont opératiques : Fervaal et L'Étranger de d'Indy, Le Roi Arthus de Chausson, Salome et Die Frau ohne Schatten de Richard Strauss…
On remarquera au passage que Franck n'a pas été particulièrement ébouriffant musicalement dans ses œuvres lyriques, aussi bien les oratorios (Les Béatitudes sont très belles, mais d'une immobilité anti-wagnérienne au possible) que les opéras (l'étonnant Stradella de jeunesse, le décevant Hulda, assez timoré) : il ne semble pas avoir été à l'aise avec la liberté formelle du théâtre lyrique.

Adéquatement exécutée néanmoins, cette symphonie, si elle ne dispose pas de la charge poétique de celle — au moins aussi difficile à réussir — de Chausson, peut se réaliser dans une constante poussée qui, alors se parera de certains charmes réellement wagnériens de transitions infinies en volutes, à défaut de culminer avec autant d'intensité.

6. Mikko Franck et le Philharmonique de Radio-France

Le Philharmonique de Radio-France est une formation éminemment versatile selon les chefs et les répertoires, capable des épanchements les plus intenses comme d'une certaine froide opacité. Contrairement à ce que l'on pourrait supposer (et que l'on entend parfois), cet orchestre n'excelle pas du tout dans le répertoire français, où son fondu et l'épaisseur de ses cordes (magnifiques) favorisent plutôt une certaine verticalité (de l'écriture, mais aussi des couleurs, qui ne cohabitent pas en général). Dans le répertoire russe, ou le postromantisme lyrique germanique et nordique, c'est souvent très impressionnant de générosité et de maîtrise — dans le contemporain aussi, mais il semble que Radio-France lui accorde une place de plus en plus ténue.

Dans cette Symphonie de Franck, c'est donc tout l'inverse de ce qui peut fonctionner, en principe : même Monteux paraît épais et opaque dans cette œuvre… Pour ma part, je fréquente plutôt Cantelli, Otterloo, Neuhold (voire Langrée et Münch) dans cette œuvre, justement parce que le trait est net (même si la réalisation n'est pas parfaite), un peu sec, le son sans apprêt, et permet d'entendre les couleurs internes de l'orchestration, avec une tension bien tenue. En écoutant le Philharmonique de Radio-France, je me suis pris à rêver d'entendre à la place le modeste Orchestre d'Auvergne, de celui Poitou-Charentes… l'ONBA (Bordeaux-Aquitaine) devrait aussi bien fonctionner là-dedans, avec ses timbres dépareillés au sein même des pupitres — mais ardents lorsque bien motivés et préparés.
D'ailleurs, il existe une version avec le Symphonique du Mans, dirigée par José-André Gendille… instrumentalement très valable, et globalement l'une des plus réussies à mon sens : sans pathos, avec un effectif limité, une bonne transparence, et une tension qui ne se dilue pas dans les jolis timbres ronds. Et pourtant, version plutôt lente, aux attaques peu incisives, mais passionnante de bout en bout.

C'est pourquoi je comptais sur l'association avec Mikko Franck, toujours féconde, pour emporter par l'enthousiasme ce qui n'était pas convaincant par le style. Et, de fait, on voit les musiciens s'activer avec chaleur… Problème : non seulement le son très rond ne convient même pas, fondamentalement — et la progression imprimée par le chef, jouée par épisode, ne fonctionne pas bien à mon sens —, mais surtout l'acoustique de la salle gomme totalement les épanchements, rabote les élans… on voit l'enthousiasme, mais il ne parvient pas jusqu'aux oreilles. Très frustrant.

On peut quand même profiter de belles cordes (notamment un très beau « creusé » du son lorsque violoncelles et contrebasses entrent)… en entendre, chose que je n'avais jamais pu constater en personne, une trompette solo qui fait du vibrato, chose devenue rarissime dans les formations actuelles (même chez les Russes, le procédé a largement disparu !).

7. Bilan

À la fois émerveillé et assez frustré en fin de compte par la salle… Mais il faudra y retourner pour de la musique de chambre ou du lied, où l'impression pourrait être tout autre !


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Commentaires

1. Le lundi 8 décembre 2014 à , par Faust

J'ai ressenti des impressions analogues aux vôtres en allant écouter les deux concerts du National dirigés par Gatti et Denève. L'acoustique de cette nouvelle salle me laisse perplexe ! Je présume que le son est renvoyé par l'énorme panneau en bois sous le plafond de la salle ? On entend très bien, mais j'ai eu l'impression qu'il n'y a jamais cette fusion entre tous les pupitres qui procure les grands élans et fait accéder - normalement - à l'émotion musicale. L'interprétation d'Une vie de héros de Strauss plutôt bien dirigée par Gatti m'aura laissé de marbre. Par contre, Sarah Nemtanu nous aura gratifiés de superbes solos que l'on entendait merveilleusement bien. On est un peu mieux au balcon (1er niveau) qu'à l'orchestre. Mais, l'impression d'ensemble reste similaire. Peut-être est-ce mieux plus haut ?

Il me semble que c'est le même acousticien qui s'est occupé de la salle de la Philharmonie ? C'est un peu ennuyeux de construire de grandes salles, si c'est pour le lied ou la musique de chambre.

Vos commentaires sur la bureaucratie d'un autre âge propre à Radio France me font sourire ... Au moins, sur ce plan, il y a une grande continuité. Je ne suis pas allé au concert Franck parce que je n'avais pas très envie et aussi parce qu'en regardant leur site la veille, il y était indiqué qu'il n'y avait plus de places ... Il est vrai qu'ils ne sont pas parvenus à coordonner nouvelle salle et nouveau site internet pour les réservations (lors de la présentation de la saison, ils avaient indiqué que cela viendrait plus tard ...). Ils n'ont pas encore remis les barrières que l'on met sur la voie publique dans le grand hall - toujours aussi désert -, mais cela ne va sûrement pas tarder à revenir. La salle est beaucoup trop éclairée (c'est particulièrement sensible à l'orchestre). Parmi les petits désagréments que l'on découvre : il faut éviter le 1er rang des balcons, car on a pas de place où mettre ses jambes (je ne suis pas spécialement grand ...). A peu près comme au TCE pour certaines places des deux balcons ... Mais, le TCE a été construit en 1913 ... Aux deux concerts du National, ils avaient laissé les enveloppes en plastique sur les orgues qui n'entreront en service que dans un an ... De ci de là on voit que tout n'est pas encore complètement achevé (enfin, j'espère !). S'ils ne vous ont pas ouvert tous les niveaux, c'est sûrement pour faire des économies sur le personnel qui s'occupe de la salle ! La photo que vous mettez est un peu trompeuse. La salle est plutôt petite. Je suis sans doute un horrible conservateur. Mais, je préfère l'acoustique de Pleyel au 1er ou au 2ème balcon (sauf la bergerie !).

2. Le mardi 9 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Faust !

On entend très bien, mais j'ai eu l'impression qu'il n'y a jamais cette fusion entre tous les pupitres qui procure les grands élans et fait accéder - normalement - à l'émotion musicale.

C'est ça, c'est parfait mais c'est comme si on n'accédait pas à la conséquence logique qui serait l'émotion. Peut-être est-ce que je me blase, au bout de ces centaines de concerts parisiens. Mais je crois quand même que l'acoustique a ici une importance capitale : à Bastille, par exemple, on est certes obligé d'embaucher de gros tromblons, mais les intentions passent, il y a du fondu, un minimum de réverbération, quelque chose qui se passe, et on entend bien les contrastes sonores.

Là, c'est vraiment étrange. D'ailleurs j'ai lu que Dider van Moere reprochait à Mikko Franck d'être presque froidement analytique (ce qui n'était pas le cas, en fait, au contraire une lecture très fondue et romantisante), alors que la salle produit cet effet.
D'autant plus rageant que les musiciens semblaient vraiment engagés et généreux.


Peut-être est-ce mieux plus haut ?[quote]Très probablement : en haut au fond, c'est en général le meilleur endroit (du moins s'il est dégagé, comme c'est ici le cas). Peut-être que le son était ouaté par les encorbellements très prononcés — ça peut renforcer le son comme dans une baignoire, mais ici ce n'était pas le cas.

On verra bien… Peut-être que j'y retournerai pour la Maîtrise dimanche (mais c'est peut-être dans le studio 104)… sinon, ce sera la saison prochaine, je ne suis pas très tenté par les Brahms en série — même s'y j'adore Brahms, il y a d'autres choses à découvrir à Paris.


[quote]Il me semble que c'est le même acousticien qui s'est occupé de la salle de la Philharmonie ? C'est un peu ennuyeux de construire de grandes salles, si c'est pour le lied ou la musique de chambre.

En effet, c'est fâcheux. :) Mais vu les volumes, la Philharmonie pourra difficilement avoir cette précision et éviter un minimum de renvoi, sauf à mettre de la moquette aux murs ! C'est donc probablement plutôt une bonne nouvelle. (J'avoue avoir assez peur, parce que Pleyel n'était déjà pas optimal, alors si c'est pire, il faudra sans doute acheter une meilleure chaîne et plus de disques. :) )


Je ne suis pas allé au concert Franck parce que je n'avais pas très envie et aussi parce qu'en regardant leur site la veille, il y était indiqué qu'il n'y avait plus de places ...

Ah, je n'avais pas vu la mention. Évidemment, ce n'était qu'au tiers plein.


S'ils ne vous ont pas ouvert tous les niveaux, c'est sûrement pour faire des économies sur le personnel qui s'occupe de la salle !

Sauf qu'ils les ont ouverts, finalement. Et qu'ils ne pouvaient pas supposer le nombre de spectateurs. Qu'ils n'ouvrent pas l'arrière de la salle, évidemment, ça s'explique, ils n'allaient pas tout remplir pour un concert court de 19h, et éviter l'éparpillement des spectateurs économise du personnel. Mais vu que le remplissage, pourquoi ne pas laisser le début du premier balcon, mystère.


La photo que vous mettez est un peu trompeuse. La salle est plutôt petite.

Pas si petite que ça, elle est surtout très optimisée, avec sa rondeur, montant relativement haut (trois balcons, si on compte comme parterre le petit rectangle de plain pied, de face), mais pas jusqu'à l'éloignement. Mais la photo est prise avec un grand angle, ça se voit assez bien (la forme est vraiment ronde en vraie, pas oblongue comme sur la photo).


Je suis sans doute un horrible conservateur. Mais, je préfère l'acoustique de Pleyel au 1er ou au 2ème balcon (sauf la bergerie !).

Je crois que pour du symphonique, même au parterre (qui n'est vraiment pas fameux), j'aime davantage Pleyel (qui est même très valable au second balcon).
J'attends de tester la Maison de la Radio pour d'autres répertoires.


Merci pour ces témoignages ! [/quote][/quote]

3. Le mardi 9 décembre 2014 à , par Jean-Marc Bartand

Effectivement le second balcon de Pleyel est très bien. Pour le parterre, si on est centré au niveau du 10ème rang, c'est bien.

Les places au fond sous le 1er balcon sont par contre horribles, on n'y entend rien. Dans le nouvel auditorium, je pense qu'il n'existe pas ce type d'angle mort.

4. Le mardi 9 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Jean-Marc,

Effectivement, j'ai l'impression que la diffusion du son doit être très égale dans cet auditorium.

Concernant Pleyel, il reste quand même, jusqu'au second balcon, le problème de la saturation du son, les orchestres ne peuvent pas jouer comme ils veulent, ce qui est un peu le comble pour une salle symphonique censée accueillir la fine fleur philharmonique internationale.
Mais oui, c'est quand même très correct, on peut profiter de ce qu'on entend, il y a une plus-value à aller au concert. Alors que pour la Maison de la Radio, je me pose sérieusement la question.

Nous verrons pour la nouvelle salle Porte de Pantin.

5. Le mardi 9 décembre 2014 à , par Jean-Marc Bartand

Concernant la régulation des dynamiques, certains chefs le font très bien, en fonction des salles. Pour les Gurrelieder à Pleyel ça avait complètement explosé, ce qui était en grande partie lié à l'oeuvre. Mais par exemple, Temirkanov a su doser parfaitement les dynamiques au TCE dans une Pathétique extrêmement intense mais toujours limpide et avec aucune saturation. Et dans une salle pas facile pour les orchestres et très différente de la Philharmonie de St-Pétersbourg (peu de points communs entre cette boite à chaussures avec colonnes et un théâtre à l'italienne).

6. Le mardi 9 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Oui, bien sûr, tout dépend des chefs et des orchestres, mais certains sons très valables passent mal à Pleyel.

Aux Champs-Élysées, c'est une autre histoire : une des meilleures acoustiques de Paris, en particulier pour l'opéra. Mais si le second balcon est peu rempli, on peut y entendre des résonances désagréables (c'était le cas pour le concert Schreker des Pasdeloup).

7. Le mardi 9 décembre 2014 à , par Faust

Il y a deux acousticiens pour la Philharmonie : Harold Marshall, acousticien de la salle, et Yasuhisa Toyota, acousticien conseil. C'est bien ce dernier qui est intervenu pour l'auditorium de Radio France.

Je ne sais s'ils peuvent un peu modifier le résultat pour que l'on retrouve l'émotion propre au grand concert symphonique ! Je crains, passé la présente saison, être plus sélectif dans mes choix pour les concerts de la Maison Ronde. Oserais-je ajouter que si je vais aussi souvent au concert ou à l'opéra, c'est pour entendre le "vrai" son des instruments ou de la voix humaine avec ses aléas et ses imperfections et non pas un son de studio pour un enregistrement ? Franchement, je ne vois pas ce qu'il y a de dérangeant à ce que les Gurrelieder aient un peu saturé sous la baguette déterminée de Salonen. Je préfère ces petits inconvénients à un son aseptisé.

Pour la taille de la salle, vous avez raison. Il y a tout de même trois niveaux. Mais, en y entrant pour la première fois, je l'imaginais plus grande !

Ce que je trouve amusant dans les photos grand angle que l'on nous présente, c'est que l'on faisait pareil au XIXème siècle avec les gravures représentant les salles ! Je sors d'un concert donné dans la salle de l'ancien conservatoire, petite salle dans laquelle on arrivait à entasser près de 950 spectateurs (au XIXème siècle on admettait des spectateurs debout dans les accès et les couloirs, pourtant bien étroits ...). Je me suis toujours demandé ce que pouvait donner la 9ème de Beethoven dans cette salle dont on vantait l'acoustique (" une espère de Stradivarius " disaient les contemporains). L'orchestre était dans le fond sur des gradins et le choeur devant (on fait le contraire, aujourd'hui). On n'y donne plus guère de concerts puisqu'elle sert au Conservatoire national d'art dramatique et ce soir c'était un récital de piano donné par Guillaume Coppola qui avait aussi invité Marc Mauillon, Emmannuelle de Negri et Hervé Billard dans un vaste programme Schubert. Mais, j'aurais bien aimé entendre, par exemple, dans cette salle l'orchestre du XVIIIème siècle de Brüggen ! Il n'y avait pas beaucoup de place pour réaliser cette salle qui est un peu en longueur et il n'y avait pas, non plus, je présume, d'acousticiens ...

8. Le mercredi 10 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Faust !

Je ne sais s'ils peuvent un peu modifier le résultat pour que l'on retrouve l'émotion propre au grand concert symphonique !

Difficile à mon avis.


Je crains, passé la présente saison, être plus sélectif dans mes choix pour les concerts de la Maison Ronde. Oserais-je ajouter que si je vais aussi souvent au concert ou à l'opéra, c'est pour entendre le "vrai" son des instruments ou de la voix humaine avec ses aléas et ses imperfections et non pas un son de studio pour un enregistrement ?

Je suis d'accord, et c'est pourquoi passé l'émerveillement des premières minutes, je crains un peu pour l'avenir. Après, il est vrai que je n'aime pas les interprétations épaisses de la Symphonie de Franck (dans ces cas, elle m'ennuie, voire m'agace – au lieu de m'enthousiasmer), donc il est possible que dans d'autres circonstances, ce ne soit pas aussi gênant.

Ce que je trouve amusant dans les photos grand angle que l'on nous présente, c'est que l'on faisait pareil au XIXème siècle avec les gravures représentant les salles !

C'est vrai…

ce soir c'était un récital de piano donné par Guillaume Coppola qui avait aussi invité Marc Mauillon, Emmannuelle de Negri et Hervé Billard dans un vaste programme Schubert.

Flûte, j'ai manqué ça, même pas vu l'annonce. Ils jouaient quoi exactement ? Ces gens-là ne font pas des récitals Schubert tous les matins…


et il n'y avait pas, non plus, je présume, d'acousticiens ...

De toute façon, même si le métier d'acousticien est complexe et nécessite une formation très sérieuse, la réalité des salle reste toujours qu'on reproduit empiriquement les formes qui marchent, et que la surprise est toujours au rendez-vous ! Vraiment difficile d'anticiper : des salles aux propriétés comparables peuvent sonner très différemment si l'on change seulement un paramètre (et ce paramètre peut être le remplissage, en plus !). Alors quand on cherche à faire du neuf, comme à Radio-France ou à la Philharmonie…

Franchement, une rotonde tout en bois, je croyais que ce serait idéal.


Merci pour ces riches compléments !

9. Le mercredi 10 décembre 2014 à , par Faust

Juste quelques mots sur le concert de Guillaume Coppola découvert (le concert !) par hasard en regardant rapidement la veille la rubrique idoine de Cadences ... C'est organisé par Les pianissimes.

C'est la seconde fois que je vais l'écouter en concert, toujours au même endroit ! A chaque fois, il présente ce qu'il fait et les oeuvres qu'il interprète. Donc, hier soir, il nous a présenté son concert comme une schubertiade. On n'est pas dans un salon. Mais, dans le cadre intimiste et chargé d'histoire de la salle de l'ancien Conservatoire. On y croirait presque ! Il n'est donc pas seul sur scène avec son piano. Il est entouré des autres artistes qui le rejoindront au cours du programme, de la demoiselle qui tournera les pages du divertissement pour piano à 4 mains et encore de quelques autres personnes. Pour l'ambiance, on a ajouté quelques chandeliers, des verres, un carafe d'eau dont il fera un large usage entre chaque morceau ...

Guillaume Coppola interprétera la Mélodie hongroise pour piano D. 817, plusieurs Valses nobles D 969 et valses sentimentales D 779 (il en redonnera deux en bis à la fin du concert) et la sonate pour piano en la mineur D. 537.

La seconde partie du concert permettra d'entendre avec Marc Mauillon Du bis die Ruh D. 776 et avec Emmanuelle de Negri et Marc Mauillon les chants de Wilhelm Meister D 877.

Le concert se terminera par le divertissement à la hongroise pour piano à 4 mains D 818 par Guillaume Coppola et Hervé Billaut.

10. Le mercredi 10 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Ah, j'ai manqué ça… pourtant je regarde la rubrique de Cadences, l'une des meilleures sources de concerts interlopes. Maintenant que tout est numérisé et annualisé, je vais probablement me reposer dessus pour faire mes programmes des saisons à venir, plutôt que d'éplucher manuellement toutes les salles !

Ça avait l'air sympa, et puis ce sont des choses qu'on n'entend pas souvent (j'aime beaucoup la Mélodie et le Divertissement qui en est tiré – j'ai eu beaucoup de plaisir à jouer souvent ça, quand j'étais dans ma période piano-de-Schubert).

À quoi ressemblaient Negri et Mauillon dans le lied ?

11. Le dimanche 14 décembre 2014 à , par Diablotin :: site

Une salle "toscaninienne" en matière acoustique, donc ? Je pense que ça me plairait assez :-)

12. Le lundi 15 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Toscaninien au niveau de la clarté des plans, mais le son est un peu ouaté (et limité en dynamiques), ce qui n'était pas précisément la caractéristique de ce chef-là. Ce serait plutôt une salle Haitink.

Pardon, je suis méchant.

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David Le Marrec

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