Carnets sur sol

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Carnet d'écoutes : une Missa Solemnis de Mozart et une poignée de concerts (Hahn, Brahms, Schönberg, R. Strauss)


Tiré de Diaire sur sol :

Mozart - Missa Solemnis en ut mineur K.139

Bien que n'ayant jamais jamais été particulièrement ébloui par la grande Messe en ut mineur ou les Vêpres solennelles pour un confesseur, je découvre (ou du moins je n'avais jamais remarqué) avec enchantement la Missa Solemnis, également en ut mineur, K.139. C'est donc une œuvre de jeunesse, à une époque de la vie de Mozart où les pièces de haute volée ne sont pas encore très fréquentes.

Et pourtant, quelle animation remarquable ! On retrouve les mêmes qualités d'orchestration que dans les symphonies, avec les entrées des vents par touches, toujours au bon endroit pour renforcer un effet, et puis une certaine liberté rythmique pour l'époque. Pour un résultat qui peut se comparer à l'ardeur de la 25e Symphonie (en beaucoup plus optimiste) – car bien que présentée comme ut mineur, l'essentiel de la messe est en franc majeur.

Version recommandée :
Nikolaus Harnoncourt, Concentus Musicus Wien, Arnold Schönberg Chor (Teldec).
Solistes : Barbara Bonney, Jadwiga Rappé, Josef Protschka, Håkan Hagegård.
Malgré des zones de flou dans le spectre, version qui échappe à la mollesse vaguement monumentale de beaucoup d'autres versions (même avec des gens informés comme Creed).

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Reynaldo HAHN – La Colombe de Bouddha

(Temple du Luxembourg, mercredi 15 janvier.)

Très belle partition aux harmonies raffinées (on y entend généreusement des orientalismes debussysants), un plateau très investi (avec en particulier Loiseleur des Longchamps excellent dans le registre rêveur, et Jérôme Varnier toujours aussi magnétique). Par-dessus tout, l'accompagnement au piano de Paul Montag ne donne même pas envie d'entendre la version orchestrée !

Enregistrement en cours et démarchage amorcé pour faire monter la pièce en version scénique. Si certains se sentent une âme de mécène...

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Brahms – Chœurs symphoniques et Symphonie n°2 – Blomstedt

(Salle Pleyel, jeudi 23 janvier.)

Les Chœurs de l'Orchestre de Paris superbes comme d'habitude, même si l'écriture très homogène noie un peu le détail du texte (ce n'est pas vraiment leur faute !).

Quant à Brahms, on a beau dire, mais les symphonies de Schumann, c'est autrement mieux orchestré que la mélasse des trois premières de Brahms... quelle mélasse, tout de même. Et les alternances vents / cordes, dans le genre systématique. Autant j'adore au disque, autant en salle, il n'y a guère que la Quatrième, de tout le Brahms symphonique, qui m'ait convaincu.

Sinon, j'ai enfin entendu l'Orchestre de Paris pas très discipliné, tel qu'on me l'avait décrit ! Peut-être parce que je ne l'avais entendu qu'avec de très grands chefs (Metzmacher, Billy, P. Järvi, K. Järvi), mais d'ordinaire, engagement et plasticité sont de mise. Cette fois, j'ai davantage entendu la disparité des attaques, ou la paresse métronomique (Blomstedt n'étant pas à dédouaner) de traits bien réguliers, même pas phrasés. Enfin, davantage que d'habitude, parce que c'était bien quand même.

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Pierrot Lunaire (Sukowa), Salome & Don Juan de R. Strauss (M. Franck, OPRF)

(Salle Pleyel, vendredi 24 janvier.)

Dans une salle spectaculairement vide (quinze personnes au second balcon, et le reste n'était pas plein du tout non plus), énormément de satisfactions :

Pierrot Lunaire dans une esthétique déclamatoire : Barbara Sukowa est spécialiste du mélodrame et du sprechgesang (actrice de métier, même si elle dispose manifestement de solides références en chant), et sa voix légèrement rauque (ouvertement sonorisée dans la salle, mais sans excès) fait merveille dans les mouvements expressifs insolites de Pierrot. Elle réussit à redonner à cette partition étrange le naturel de la parole, tout en assurant une véritable variété de timbres, de couleurs et d'inflexions – d'autant plus difficile qu'un ambitus parlé est généralement plus restreint, ce qui n'est de toute évidence pas son cas !
Disque DeGaetani excepté, je n'ai jamais retiré de telles satisfactions de l'œuvre (au demeurant une petite merveille d'étrangeté).

¶ Du Richard Strauss par un orchestre qui se surpasse toujours dans les pages d'un lyrisme intense (chez les Russes notamment).

Superbe de bout en bout.


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Commentaires

1. Le dimanche 2 février 2014 à , par Mélomaniac

La Messe K. 139 (dite « de l'Orphelinat ») fascine d'autant plus quand l'on sait que Mozart l'écrivit à douze ans. Outre la maîtrise technique, la palette des sentiments qui s'y expriment témoigne d'une incroyable maturité pour un gamin de cet âge.

Des tas d'enregistrements du Requiem ou de l'autre messe en ut mineur (la Grande, K. 427), et si peu de cette "Waisenhausmesse"... Etonnant et déplorable pour une partition de cette envergure et de cette qualité...

Tirant l'oeuvre vers le préromantisme, l'interprétation d'Abbado chez DG (avec le Wiener Philharmoniker, quand même) succombe peut-être à la « mollesse vaguement monumentale ».
Hogwood, Pinnock, Gardiner, Koopman : hélas, aucun disque à ma connaissance.

Harnoncourt s'impose donc comme un choix d'évidence.

Mentionnons aussi deux exécutions avec choeurs d'enfants, très réussies :

Knabenchor de Hannovre / Collegium Aureum dir. Heinz Hennig (DHM). NB : les voix solistes supérieures sont tenues par des enfants.

King's College de Cambridge / English Chamber orchestra dir. Stephen Cleobury (Argo)

2. Le dimanche 2 février 2014 à , par DavidLeMarrec

Même sans prendre en compte l'âge, ça reste l'une des meilleures messes du second XVIIIe, en fait ! Je ne suis vraiment pas sensible à l'hagiographie mozartienne, mais il faut bien admettre que la maîtrise de l'écriture (et, comme tu le dis, de l'expression) est proprement hallucinante.
À part chez Mendelssohn, qui a commis de grande choses à un âge comparable, je ne vois pas beaucoup d'autres exemples aussi spectaculairement précoces.

Les autres « petites » messes, même postérieures, ne manifestent pas le même aboutissement à mon avis.

Je n'ai pas essayé Abbado – l'association avec Vienne exalte en général les défauts des deux, et je crains, encore plus que l'opacité, une forme de neutralité paisible, pour ne pas dire indifférente.

Quant à Cleobury + ECO, non merci, j'en frémis rien que de le dire. Il y a des choses qu'on n'a pas le droit de faire à Mozart.

3. Le dimanche 2 février 2014 à , par Mélomaniac

Blague à part, si on aime cette Messe, Cleobury et ses choristers valent d'être écoutés, et pas seulement à cause de l'indigence de la discographie.

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David Le Marrec

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