Massenet - Thaïs (extraits) à l'Opéra-Comique - Manfrino / Werba / Campellone 2012
Par DavidLeMarrec, vendredi 14 décembre 2012 à :: Saison 2012-2013 - Opéra romantique français et Grand Opéra - Opéras français d'après le romantisme :: #2156 :: rss
Tiré du fil de la saison :
Soirée 18 : extraits de Thaïs à l'Opéra-Comique
(Vendredi 7 décembre 2012.)
Oeuvre remarquable en soi, et finalement peu donnée en France malgré sa grande célébrité. Astucieux principe (économique !) de ne jouer que les airs et duos, qui constituent à la fois le coeur dramatique et les moments de bravoure musicale de l'ouvrage.
Avec des moyens techniques honorables mais qui ne sont pas ceux des orchestres habituellement sur les grandes scènes parisiennes (justesse des cordes satisfaisante sans être aussi immaculée que d'autres, couleurs des vents pas aussi raffinées que dans les grandes phalanges...), Laurent Campellone et l'Orchestre Symphonique de Saint-Étienne font preuve d'un engagement assez électrisant, rare chez les très grands orchestres (en tout cas pas quotidiennement !).
Au passage, "Méditation" d'anthologie, avec un violon très articulé et fortement pulsé, refusant tout pathos dégoulinant, une lecture d'une pureté superbe.
Le remplacement de Thomas Hampson, jadis interprète majeur d'Athanaël, n'était pas idéalement assuré par Markus Werba, voix très phonogénique, mais comme toujours totalement bloquée en volume : même de très près, la voix, belle, ne semble pas "sortir". Fait amusant, au fond de la salle, on l'entend tout aussi mal, mais pas plus mal, car la voix n'est pas mal placée, juste limitée à l'extrême. A se demander, à en juger par la couleur de la voix, s'il n'aurait pas gagné à s'aventurer en ténor, au moins le temps de libérer un peu tout cela.
Nathalie Manfrino, en revanche, brille comme d'habitude (1,2), dans un rôle où elle a déjà fait ses preuves : diction française affolante (les [R] uvulaires en particulier), et vibrato et couleur de l'aigu sont maîtrisés (comme dans ses autres versions), et bien joliment ce soir-là !
Avec en prime un poème symphonique inédit (Visions...) qui confirme le talent instrumental de Massenet, comme dans tout ce qu'il a laissé pour l'orchestre, avec ou sans chant.
Excellente soirée. En revanche les résumés d'Arièle Butaux auraient pu être plus inventifs qu'un synopsis, et surtout s'épargner le sarcasme inutile (on est censé faire aimer l'oeuvre, pas la ridiculiser en plaquant des poncifs contemporains...). Le sarcasme vis-à-vis d'Athanaël existe bel et bien dans l'ouvrage-source d'Anatole France (son nom est Paphnuce), mais il est conduit par l'auteur lui-même et exprimé concomitamment avec de l'empathie pour le personnage (un exalté qui veut convertir le monde et rencontre sans cesse plus fanatique que lui). Le résultat est donc assez différent des procès d'intention sur le manque d'authenticité d'Athanaël, qui reste de l'ordre de la supposition gratuite, que rien ne corrobore dans le livret ou dans la musique (au contraire).
Retrouver le fil de la saison.
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