[Vidéos] Concerts tragiques, lyriques ou pas... à Versailles
Par DavidLeMarrec, samedi 15 novembre 2008 à :: Baroque français et tragédie lyrique :: #1081 :: rss
La chaîne Arte propose sur son site trois vidéos intégrales de concerts en libre accès à partir de son site interne Versailles, plus une à venir.
1. Hervé Niquet, Anna-Maria Panzarella et la tragédie lyrique
Dans le Manège de la Grande Ecurie, des extraits de tragédies lyriques des plus grands compositeurs du genre sur chacune des trois écoles définies par CSS, entrecoupées des Symphonies pour le Festin royal du comte d'Artois de François Francoeur.
Hervé Niquet dirige le Concert Spirituel. Etrangement, si la beauté du son est toujours au rendez-vous, la danse aussi, l'impact de l'ensemble (peut-être dû au lieu absorbant pour les sons ?) et surtout l'engagement sont bien moindres qu'à l'accoutumée, comme souvent il est vrai au concert chez eux - par opposition au théâtre. La justesse de cet ensemble si virtuose n'est pas parfaite non plus, notamment chez les flûtes où cela « frotte » parfois un peu entre traversi et becs. [1]
Quant à Anna-Maria Panzarella, la voix paraît ici minuscule, et dépourvue du feu qu'elle sait mettre dans ses meilleurs rôles. Elle semble ce soir-là plus préoccupée de chant, sans trop croire aux drames qu'elle narre. La voix reste bien sûr toujours aussi belle dans ces rôles qu'elle n'a pas interprétés intégralement à ce jour, et son vibrato-trille fait toujours merveille.
Si les symphonies de Francoeur fils ne sont guère fondamentales (de la jolie musique très décorative sur des motifs assez standardisés, qui ne raconte pas grand'chose y compris avec ses deux cors naturels un peu figuratifs), comme l'ensemble des symphonies européennes de l'époque au demeurant, le reste du programme ne présente que du premier choix.
L'Ouverture et les danses du Prologue d'Atys de Lully, suivies de l'air de Cybèle à la fin du III, Espoirs si chers et si doux. Un peu grave pour un soprano, et pas très investies de la force de l'amertume et de la menace qui baignent en théorie ce moment. Les parties instrumentales, quoique tout à fait convaincantes, demeurent un peu retenues. Puis vient Persée, qui culmine avec l'air de Mérope O mort, venez finir mon destin déplorable. Ici aussi, on note un petit manque d'ampleur d'ensemble eu égard à l'amplitude du texte. Néanmoins de très bons choix (à l'exception de la juxtaposition des deux ouvertures, si notre mémoire ne nous trahit pas, un redoublement qui ne se justifie guère).
Chez Destouches, l'orchestre se montre plus à son affaire, et ménage une magnifique entrée pour O nuit, témoin de mes soupirs secrets, qui souffre de l'intensité de la concurrence vocale (Blandine Staskiewicz au premier chef, Stéphanie D'Oustrac ensuite). Mais quel bonheur d'observer que chaque interprète souhaite s'approprier ce rôle majeur, et qu'Hervé Niquet soutient sur la durée la diffusion du chef-d'oeuvre qu'il a exhumé.
Le tout se conclut sur Hippolyte et Aricie de Rameau, qui n'est certes pas l'oeuvre la plus essentielle du compositeur (en particulier grâce à un livret assez misérable), assez figée. Etrangement, Niquet ne bat pas ici l'agilité de Minkowski (qui avait elle-même été bravée par Christie un an plus tard, avec un peu moins de succès dans les récitatifs, mais à coup sûr plus de célérité dans l'Ouverture), et on se prend à méditer sur le manque de motivation théâtrale dans la forme concert pour celui qui a disposé entre autres d'une formation de chanteur...
[Et une bonne nouvelle pour WoO : Hervé Niquet semble comme Hugo Reyne revenu plutôt prudent de son expérience avec la prononciation restituée du français classique.]
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2. Skip Sempé et le divertissement de cour
Le claveciniste Skip Sempé, accompagné de son ensemble Capriccio Stravagante, propose une série d'oeuvres peu connues de Lully, plus légères, mêlant instrumental, parole parlée et parole chantée, parfois simultanément. Son petit ensemble, aux sonorités toujours délicatement pincées, accompagne des chanteurs excellents, pour des découvertes d'airs et ensembles de circonstance plus que plaisants. Dans le goût des Festes de l'Amour et de Bacchus ou des cantates de Rameau comme Les amants trahis.
A écouter absolument pour qui s'intéresse au genre.
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3. Les Folies Françoises et la résurrection des Violons du Roi
Le concert issu des recherches de Patrick Cohën-Akénine, également accompagné d'un documentaire en six épisodes sur la reconstruction des instruments, est disponible dans son intégralité sur le site (un petit problème technique pour l'instant). On avait déjà introduit sur CSS cette tentative de restituer le son spécifique de l'ensemble de la famille des violons.
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4. A venir : l'invention de l'opéra
Sous ce titre intelligent, Vincent Dumestre proposera un concert assez traditionnel (diffusion le 29 novembre) à partir des musiques de scène de Lully pour Molière, écrites avant _Cadmus_.
Notes
[1] A noter, les flûtes à becs sont tenus par les hautboïstes de l'ensemble.
Commentaires
1. Le lundi 17 novembre 2008 à , par WoO
2. Le lundi 17 novembre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
3. Le mardi 18 novembre 2008 à , par WoO
4. Le mardi 18 novembre 2008 à , par DavidLeMarrec :: site
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