La musique classique, territoire millénaire des élites
Par DavidLeMarrec, dimanche 27 juillet 2008 à :: Discourir :: #997 :: rss
Une petite réaction aux premiers commentaires postés sous cet article facétieux, sur le site très complet de G.T. . (Le site est actuellement en dérangement, ce sera, on l'espère, bientôt rétabli.)
Ce peut vraisemblablement intéresser (d'un point de vue tout autre, d'ailleurs) des lecteurs de CSS.

De la musique aristocratique populaire ?
Concernant le début de la discussion, en effet, le 'classique' est largement conçu pour une élite sociale (un divertissement de hautes classes sociales, qui dispose par son éducation des codes pour la comprendre) ou culturelle (ceux qui connaissent la musique d'un point de vue un minimum technique).
Ca n'empêche nullement tout le monde de l'apprécier, mais il est vrai que son origine est son expression est souvent restrictive de ce point de vue. Ca n'en reste pas moins une fausse question qui a relativement peu d'intérêt à mon avis, parce que l'essentiel est plutôt de savoir si on a envie/besoin de la découvrir (ce n'est nullement une obligation...), si on en a les moyens et si on a envie d'en faire l'effort. Avec les moyens actuellement existants (médiathèques, ouvrages de vulgarisation, sites, carnets ou forums divers, enregistrements libres de droits, tarifs préférentiels, spectacles de qualité gratuits ou à bas prix, radio...), c'est tout à fait possible. Avec un peu d'insistance aussi. Alors, c'est à chacun d'en ressentir ou non le besoin, et même si de toute évidence la culture de départ et le milieu social influent, ce n'est pas non plus une perte incommensurable s'il n'y a jamais d'accès à ce genre-là , ce ne doit pas être l'étalon pour juger de l'état de toute une société.
Mais il ne faut pas occulter qu'il existe des musiques 'classiques' conçues pour un usage populaire. C'est le cas pour une très large part de l'opéra italien, en particulier au XIXe et début du XXe, ce qui explique en partie sa simplicité par rapport aux autres expressions musicales de la même époque. La mélodie est première, le rythme simple, les histoires saisissantes. Et ça n'en produit pas moins des chefs-d'oeuvre (tout simplement des réalisations admirables, fondées sur cette norme).
On peut ajouter à cela certaines musiques de pompe destinées à être entendues par tous (et pas seulement chez les Soviétiques). (Evidemment, cela exclut toujours les provinciaux les plus éloignés des villes, mais c'est une autre problématique qu'il faudrait soulever ici.)
La musique religieuse (chrétienne) également, est pour (large) partie destinée à être entendue par tous, ce qui fait tout de même une large partie du répertoire destinée bien au delà d'une élite. Aujourd'hui encore, beaucoup de concerts d'orgue sont gratuits ou très peu chers.
Par ailleurs, on pourrait trouver beaucoup de nuances à apporter dans le détail : même l'art intrinsèquement aristocratique qu'était la tragédie lyrique au XVIIe siècle, calibrée tout entière sur le modèle du Roy, effectuant implicitement la chronique et l'éloge de sa vie, et débutant par un Prologue explicitement louangeur à l'adresse du souverain, était une fois créée représentée devant le peuple de Paris, qui avait ses goûts propres (Phaëton en particulier). Plus encore, la tragédie lyrique est née précisément parce que l'italien des opéras n'était pas compris du peuple qui les écoutait, et qu'on a donc créé un genre français à la mesure de Louis XIV.
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A cela, on pourrait ajouter l'origine populaire de danses d'abord transcrites, puis stylisées pour la danse de cour, enfin utilisée de façon 'abstraite' dans des suites instrumentales destinées à être seulement écoutées (jusqu'à la création de nouveaux folklores imaginaires). Ou bien l'usage de thèmes populaires, dans les sujets comme dans l'écriture musicale. Les pièces prévues pour accoutumer les enfants. Ou encore le succès en sifflotage de mélodies impérissables (ou presque) ressassées notamment par la publicité.
On aurait donc trop vite fait de réduire la 'musique classique' à un facteur de distinction sociale. Ce n'en est qu'un aspect très marginal, et il faudrait songer à ne plus réfléchir en postulant toujours comme axiome qu'elle est d'abord un outil discriminant. C'est d'abord de l'art, d'abord du plaisir ; c'est plus difficile d'accès, du moins pour partie (car Vivaldi, Mozart ou Elgar sont bien plus avenants pour le néophyte que bien des pièces de rock un tant soit peu travaillées).
Mais la difficulté doit-elle, sous prétexte qu'elle n'est pas pas égalitaire, être considérée comme un vice suspect ? Cette difficulté, on peut l'apprécier ou la rejeter, selon l'envie de chacun, nul besoin de la moraliser.
Là où je peux abonder, c'est qu'on voit des différences dans l'usage qui en est fait, et là , en effet, ceux qui ont bénéficié d'une éducation musicale (pas forcément les classes privilégiées socialement, d'ailleurs) sont évidemment structurellement favorisés pour l'écoute attentive et analytique. Néanmoins, d'autres y parviennent, donc pas de classement hâtif ici non plus...
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Juste manière de recommander nuance et prudence pour cette généralisation trompeuse - comme pour une autre...
Commentaires
1. Le dimanche 27 juillet 2008 à , par Papageno :: site
2. Le lundi 28 juillet 2008 à , par vartan
3. Le lundi 28 juillet 2008 à , par kfigaro
4. Le lundi 28 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
5. Le lundi 28 juillet 2008 à , par Morloch
6. Le lundi 28 juillet 2008 à , par kfigaro
7. Le lundi 28 juillet 2008 à , par Morloch
8. Le lundi 28 juillet 2008 à , par kfigaro
9. Le lundi 28 juillet 2008 à , par G.T. :: site
10. Le lundi 28 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
11. Le lundi 28 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
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14. Le lundi 28 juillet 2008 à , par Morloch
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16. Le lundi 28 juillet 2008 à , par G.T. :: site
17. Le lundi 28 juillet 2008 à , par Laurent :: site
18. Le lundi 28 juillet 2008 à , par G.T. :: site
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20. Le mardi 29 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
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25. Le mardi 29 juillet 2008 à , par kfigaro
26. Le mardi 29 juillet 2008 à , par Morloch
27. Le mardi 29 juillet 2008 à , par G.T. :: site
28. Le mardi 29 juillet 2008 à , par kfigaro
29. Le mardi 29 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
30. Le mardi 29 juillet 2008 à , par DavidLeMarrec
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36. Le mercredi 30 juillet 2008 à , par lou :: site
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40. Le mardi 5 août 2008 à , par kfigaro
41. Le mardi 5 août 2008 à , par DavidLeMarrec
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