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mercredi 16 juillet 2008

Anton BRUCKNER - Motets, Aequales, Messe pour vents (Saintes 2008) - Herreweghe, Collegium Vocale

Contexte

La place réservée aux concerts dans l'Abbaye-aux-Dames se révèle relativement réduite, puisque la scène se trouve avant même le transept. Seul le reste de la nef (et la tribune d'orgue désaffectée, pour les invités) permet de recevoir les spectateurs, qui emplissaient intégralement, ce soir-là, l'espace disponible.

L'acoustique s'en révèle très satisfaisante, puisque les coupoles sur pendentif étêtées (coupées à leur base par un plafond plat en bois) évitent une réverbération trop complète par la pierre. Bien sûr, les cuivres créent, dans le forte, une légère saturation, mais le son dans l'ensemble demeure extrêmement clair, pas du tout abîmé ou mêlé. Et bien sûr mis en valeur par la légère résonance.

Un programme bref, aussi rare que remarquable, était proposé par Philippe Herreweghe : un ensemble Bruckner, trois motets (Ave Maria, Os justi, Locus iste) en alternance avec les deux Aequales pour trois trombones, et la messe pour vents (en mi mineur).


L'environnement spatial et acoustique de la soirée.
A gauche, la profondeur de la nef depuis l'arrière-scène (avec la tribune d'orgue désaffectée, sous la fenêtre ouest - nécessairement en contre-jour à cette heure).
A droite, les coupoles coupées à la base par le plafond plat en bois.
Oeuvres

Les Aequales sont deux chorals, assez mahleriens (voyez celui qui ouvre Urlicht), judicieusement couplés avec les motets a capella qui utilisent les mêmes recettes musicales, à savoir un « tuilage », avec des tensions harmoniques qui se succèdent à partir d'accords enrichis consécutifs, sans relâcher la tension - comme chez Clara Wieck-Schumann (cf. Sie liebten sich beide, par exemple), comme chez Gustav Mahler (final de la Deuxième, de la Troisième, de la Huitième symphonies). Cette progression constante est extrêmement enthousiasmante à entendre - ces Motets constituent, en tout état de cause, l'un des corpus fondamentaux du répertoire a capella romantique, avec les Schubert, Mendelssohn et Brahms notamment.
La confrontation des deux types d'oeuvre permettait de mettre en valeur le timbre propre à chaque formation, en le ravivant, par contraste, à chaque alternance.

La Messe pour vents synthétise en réalité ces qualités avec, par moment, la majesté et les unissons propre au langage des symphonies. Deux hautbois, deux clarinettes (avec une alternance de modèles si bémol et la), quatre cors, deux trompettes et trois trombones forment désormais l'orchestre, qui entre, après un Kyrie a capella, pour le Gloria. La fusion entre le style des motets et celui des symphonies se réalise pleinement dans l'Agnus Dei (bissé), avec de nombreuses tensions délicieuses et continues qui témoignent d'une parfaite compréhension de la force de l'écriture chorale, un héritier de Mendelssohn qui lui aurait adjoint un savoir-faire de premier plan de l'élan.
Le plus beau moment de la partition réside vraisemblablement dans le Sanctus (quoique, la fin ineffable du Credo...), bâti sur des vagues vocales splendides, et dont l'harmonie rappelle, sinon les contemporains nordiques, du moins le vingtième siècle scandinave et finnois (de Lidholm à Rautavaara...).

Interprétation

Suite de la notule.

Fâcheries et vexations

Petite réflexion incidente du soir, en forme d'hypothèse.

Pourquoi converser de politique avec des gens d'excellente compagnie mais d'opinions politiques divergentes conduit-il, presque inévitablement, à la catastrophe ?

Pour l'avoir observé en de multiples occasions (heureusement, les lutins n'y ont pas vraiment été personnellement confrontés, prudente discrétion oblige), chacun y réfléchit sans doute à un moment donné.

La part d'irrationnel est très grande sur ce sujet (y compris chez les analystes) : il échappe à l'analyse (personne, à moins d'être lui-même candidat à un mandat, ne maîtrise de près ou de loin tous les paramètres de la politique dans son ensemble), il est hérité avec les valeurs morales de l'environnement familial (quitte à le rejeter).

Il y a sans doute, en plus de cela, une part d'égoïsme latent qui produit que la plupart des interlocuteurs ne peuvent contenir leur indignation en entendant penser différemment d'eux sur un tel sujet. Car l'opinion politique en démocratie, contrairement à l'ensemble des autres sujets, produit un effet direct sur tous, par le truchement du vote, et concerne donc intimement votre interlocuteur. Voter différemment de lui, c'est lui imposer de payer plus d'impôts, plus d'amendes, d'affaiblir son emploi, de vivre dans une rue moins sûre, etc.

Sans doute y a-t-il là une part d'explication dans les réactions étonnamment violentes sur ces sujets y compris, dans certaines occurrences, de la part des êtres les plus tolérants et les plus doux. Votre pensée divergente se concrétise en une agression contre votre interlocuteur, conduite par le pouvoir politique.

David Le Marrec

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