Carnets sur sol

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Autour de Faust - une balade sonore - Chanson de la Puce

Nous débutons donc notre déambulation dans l'univers sonore de Faust.

Vu l'étendue du sujet, on se dispense de commencer par le début, quitte à synthétiser l'ensemble dans une note à cet effet.

Nous débutons par une variation relativement légère, sur un élément pittoresque plus que dramatique - nous rencontrerons abondamment les deux. Il nous permettra de fréquenter, outre Berlioz et Gounod, des compositeurs peu connus pour leur dimension faustéenne [1] comme Beethoven et Wagner, voire peu connus tout court, comme Anton Radziwiłł.

Soyez les bienvenus.

Notes

[1] On emploie en principe et assez logiquement faustien, mais c'est tellement vilain, vous en conviendrez - et nous avions tant besoin d'un petit adjectif utile... sans doute l'attraction avec l'adjectif prométhéen, légitime, lui, nous le dicte-t-elle...


Ici, Beethoven propose dans un tout petit bouquet consacré au Faust de Goethe des pièces plutôt mineures, dont cette ritournelle badine et bondissante (de façon assez clairement autoréférentielle...). Musicalement, on se situe aux balbutiements du lied, encore très proche de la chanson populaire dont il se revendique. De ce fait, l'absence de variation de strophe à strophe et l'harmonie rudimentaire participent de l'affichage volontaire d'un genre précis, même si, en tant que lied, il risque fort de nous décevoir à présent.









La mise en musique de Wagner, sur le même principe (des scènes isolées avec piano seulement) mais sur un plus grand nombre de numéros, se présente elle aussi de façon totalement strophique, avec ponctuation d'un choeur cependant.
Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse, et comme on le sait, Wagner n'a acquis qu'assez tardivement sa stature de compositeur visionnaire. La lourdeur que l'on ressent ici, bien que liée à l'interprétation peu engageante (la prise de son n'y est pas pour rien, mais il s'agit de toute façon de la seule version commercialisée de ces Faust-Lieder), montre un rapport au texte un peu global, qui nous présente avant tout une variation sur le lieu commun de la « chanson à boire ». Ce n'est pas incompatible avec son traitement ultérieur des textes (plus commentés par l'orchestre qu'éloquents dans leur écriture proprement vocale), mais cela sera bien sûr largement affiné par la suite.

Avec ici aussi une harmonie très limitée, comme souvent chez le jeune Wagner, et des rythmes nettement moins retors que chez Beethoven, Wagner fait le choix de traiter la situation de façon littérale, non pas selon une visée symbolique, mais plutôt descriptive : une scène-type, un numéro consacré à la chanson à boire. Vu comme il écrivait bien pour le français (cf. Les Deux Grenadiers), on peut imaginer, tout à notre délire, qu'il se préparait à écrire un Grand Opéra à la Française, avec ses figures imposées.

[N.B. : Nous avions déjà évoqué ces Faust-Lieder dans l'épisode de notre série sur le Lied consacré à Richard Wagner.]




A suivre.


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Commentaires

1. Le lundi 15 octobre 2007 à , par Le Lémure Postbrucknerien

Vous trouvez vraiment que "faustéen" sonne mieux ?
Vous seriez pas de Bordeaux, par hasard ?

2. Le lundi 15 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Pour les gens cultivés, ça sonne forcément mal, puisque ça n'a aucune justification linguistique. C'est toute la différence entre nous, je le crains. :'-|

3. Le lundi 15 octobre 2007 à , par Vartan

Vite la suite !

Un conseil pour une bonne traduction de Goethe en Bordelais ?

4. Le lundi 15 octobre 2007 à , par jdm

Chez moi, on dit false teen.
This proves that clever and humorous lyrics beat the false teen angst of this generation any day.
[et je ne suis pas dévolu ! réservé, peut-être]

5. Le lundi 15 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

@ Vartan :

Tu auras une version française avec la version de Berlioz dans le prochain épisode. :-) Ca va te rappeler des souvenirs récents : Une puce gentille. (Dans le texte original, c'est une grosse puce...)

Comme Berlioz a réalisé son livret, outre quelques scènes préparées par Almire Gandonnière, à partir de la traduction de Nerval, ça donne un résultat tout à fait correct.

6. Le mardi 16 octobre 2007 à , par Vartan

Merci David, mais je pensais à l'intégrale du texte du Faust de Goethe.

7. Le mardi 16 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Ah, ok, je vais m'en occuper. Je crois que sur la Toile on ne rencontre guère, outre l'original, que le texte de Nerval (et par conséquent que le Faust I). Je vais regarder ce que je trouve de mon côté.

8. Le mardi 16 octobre 2007 à , par Le Lémure Postbrucknerien

Nerval a aussi traduit la suite du Faust, mais sous forme abrégée. L'ensemble a été réédité en 2002 chez Fayard.

En édition commode, celle de Lortholary a très bonne réputation; c'est en collection GF, je crois.

9. Le mardi 16 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Le problème demeure que sur la Toile, Nerval nenni…

Quant à Lortholary, c’est une abomination ; il veut traduire en vers ; conclusion, c’est abscons, opaque et laid. Je préfère de loin les vieilles traductions.
S’il y a bien une traduction que je ne recommande pas parmi un important lot de bonnes, c’est celle-là : du mauvais français, ce qui est fâcheux.

10. Le mercredi 17 octobre 2007 à , par Le Lémure Postbrucknerien

Je ne savais pas que Lortholary avait traduit Faust en vers.

Vous savez qu'on peut lire aussi de vrais livres ? Je suis prêt à pleurer avec vous sur l'absence du Faust-Nerval sur le net, mais ça doit exister dans des bibliothèques, peut-être.

11. Le mercredi 17 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Je raisonnais dans le cadre de CSS (gratuité - utile à tous - suivre en même temps que les notes), mais tu as parfaitement raison, Vartan voulait sans doute parler de vrais livres. [Trop tard, la note est publiée.....]

Du coup, je suis démuni ; les meilleures traductions que j'aie lues étaient en extraits, et assez anciennes. De surcroît, je ne sais plus où j'ai mis les noms des comparatifs que j'avais faits... A la prochaine occasion, il faut que je retourne fouiller en bibliothèque, j'aurai tôt fait de me rafraîchir les idées.
J'ai assez peu lu de traductions du Faust qui cassent des briques, en fait. Le côté compact de l'original se mue rapidement en indigestion, une fois moyennement traduit.


Quant à Lortholary, oui, il a fait le pari de la fidélité la plus exacte (au vers près, à ce qu'il disait, mais ma lecture date trop pour pouvoir assurer que ce soit réussi) dans des vers français imités de l'allemand. Un vrai pari, mais le résultat de cet exercice de style est franchement abscons. Peu compréhensible, peu esthétique.

C'est fortement louable, mais de là à recommander de le lire pour se faire une idée de Faust, non ; à réserver à ceux qui s'intéressent aux enjeux de la traduction.

Et toi, tu recommanderais quoi en particulier ?

12. Le jeudi 18 octobre 2007 à , par Le Lémure Postbrucknerien

Je ne connais que la traduction de Nerval.

Ce parti pris de calque donne des traductions rarement convaincantes ; dans le genre, voir ce que Michel Orcel a fait pour la Jérusalem délivrée, coll. Folio. Mieux vaut connaître déjà le texte car la lecture n'en est pas spécialement facilitée ^^

13. Le jeudi 18 octobre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

En réalité, Lortholary l'avait débutée comme un hobby, et l'exercice est passionnant en effet. Ensuite, dire que l'achat de la chose soit une voie d'accès aisée et agréable vers l'oeuvre, non, je ne crois pas.

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