A la découverte du LIED, un mode d'emploi - I - Définition, caractéristiques, débuts
Par DavidLeMarrec, jeudi 14 décembre 2006 à :: Découverte du lied - Pédagogique :: #457 :: rss
Ce peut toujours être utile à des visiteurs de passage. Et aussi fournir matière à discussion pour les habitués, sur les caractéristiques des compositeurs, par exemple.
Un premier jet un peu touffu pour une initiation, mais le propos (écrit dans l'urgence de la demande impérieuse) s'adressait à des mélomanes avertis qui souhaitaient une vue d'ensemble du lied.
Bref, je vous propose cette série.
Je commence par des définitions, qui peuvent être utiles - voire être débattues.
Je poursuis par l'étude des styles propres aux grandes figures du lied. Il y a des choses qui peuvent être profitables ou non, selon votre degré de familiarité avec ce répertoire. Dans le cas de paragraphes avec trop de références précises pour le débutant, je l'ai signalé, vous pourrez y revenir plus tard si vous le souhaitez.
J'ai prévu d'aborder plus loin :
- le mode d'emploi d'écoute
- les oeuvres majeures
- des pistes discographiques
=> pour la découverte
=> les pépites.
Naturellement, si des choses sont obscures ou pas encore expliquées, je répondrai bien volontiers.
Préalable :
[J'ai placé les références discographiques entre crochets.]
Je précise aussi que je vais beaucoup parler de lieder de type :
- strophique : un seule musique est utilisée pour les différents couplets ;
- varié thématiquement : des thèmes peuvent revenir, mais pas à l'identique ;
- récitatif : on épouse la déclamation parlée, dans l'esprit du récitatif d'opéra ou en épousant la littéralité poétique.
Je vais citer beaucoup de titres pour guider ceux qui connaissent déjà quelques oeuvres, ou pour donner des idées d'illustration musicale des indications que je peux donner. Il n'est pas indispensable de les connaître pour suivre le propos.
La note.
1. Qu'est-ce ?
Le lied (pluriel lieder) désigne les oeuvres vocales non dramatiques (généralement poétiques) dans la musique savante occidentale. Le terme signifie "chant", "chanson". C'est un terme tout à fait courant en allemand. L'équivalent de l'anglais song, en réalité.
On emploie toujours ce terme spécifique, du fait du rayonnement du genre et de son style propre, alors qu'on parlera de mélodies pour beaucoup d'autres domaines comme le domaine français, le domaine russe, voire le domaine espagnol et le domaine italien. Dans les deux derniers cas, on peut aussi parler respectivement de canciones (et romanzas) ou canzoni (et romanze).
Pour le domaine scandinave, on parlera de mélodies ou de lieder.
2. Caractéristiques
Le lied se distingue, comme l'indique son nom, par sa volonté de puiser aux sources populaires. Il revendique volontiers une forme strophique (celle que recommandait Goethe, et qui lui faisait préférer Zelter à Schubert), une harmonie simple, une mélodie aisée à retenir et à chanter. Le lied de ne définit pas, contrairement à ce que devient très rapidement l'opéra, comme un genre technique, brillant, difficile à exécuter. Il est plutôt destiné à l'intimité, au plaisir de mettre en musique, pour un compositeur, des textes aimés, de se les approprier plus encore.
L'apparition du genre peut se dater vers la première moitié du dix-huitième siècle, lorsque les arias de cour et les galanteries cèdent la place à une mise en musique plus sérieuse et plus discrète à la fois. Et surtout où la langue vernaculaire (locale), l'allemand, affirme ses droits au coeur d'une Europe où, France à part, triomphe l'italien. Les lieder de Carl Philip Emmanuel Bach figurent parmi les premiers connus. [Il existe un disque CPO avec Klaus Mertens accompagné au pianoforte.]
La part la plus célèbre de l'histoire du lied (Schubert-Schumann- Brahms-Wolf) se fonde sur des textes du romantisme allemand, et associe de ce fait l'imaginaire de la forme lied à des climats sombres où tout le désespoir d'une âme peut s'épancher auprès de poètes choisis.
3. Styles
3.1. Les débuts.
J'ai déjà cité les lieder, reprenant des textes religieux, de Carl Philip Emmanuel Bach.
Ceux de Mozart sont plus légers, de petites pièces de circonstance, gentiment mélodiques, présentant souvent une situation pittoresque. Pas d'inquiétude ici, des pièces charmantes, sans prétention, qui, au fond, fabriquent une sorte d'air non plus de concert mais de salon - (comme au commencement de la mélodie française dans la première moitié du XIXe siècle. On n'est pas très éloigné des airs galants de cour, assez faciles pour être chantés par tous.
En un certain sens, Mozart n'appartient pas à l'imaginaire du lied. [On peut recommander néanmoins les disques par Elly Ameling de l'intégrale Mozart chez Philips. C'est vraiment délicieux, une gâterie.]
Ceux de Beethoven entament plus sérieusement le genre. Des mises en musique de poètes romantiques, des cycles (Faust-Lieder, An die Ferne Geliebte), mais aussi des pièces plus folkloriques, dont un d'harmonisations d'airs célèbres pour voix, violon, violoncelle et piano, qui ne sont pas tous en anglais (voir en particulier les mélanges linguistiques WoO 158a). [Il faut entendre l'excellente version tirée de l'intégrale Beethoven chez DGG, avec Malcom Martineau au piano.]
Au prochain épisode : Franz Schubert.
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