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Deux anecdotes lues aujourd'hui sur Alma Schindler(-Mahler).

Lorsque Walter Gropius envoie la lettre où il propose à Alma de l'épouser (on est en 1910, les liens avec son mari de Mahler sont distendus), il l'adresse non pas à Madame,

mais à Monsieur Gustav Mahler. Karen Monson (Alma Mahler. Die unbezähmbare Muse, également trouvable sous le titre Alma Mahler, muse de tous les génies) avance même l'hypothèse d'un acte manqué intéressant où Gropius (lui aussi plus âgé qu'elle) écrit à Mahler comme s'il avait été demandé la main d'Alma à son père. Sacrée bévue, tout de même.

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Almschi gratifiait aussi Gustav, paraît-il, du sobriquet modérément rassurant pour un mari d'« Abstraktum ». Le mot est rapporté par Alma elle-même (Erinnerung an Gustav Mahler) :

Jemand sagte einmal zu mir: « Alma, Du hast ein Abstraktum zum Mann, keinen Menschen! »

soit :

Quelqu'un me dit un jour : « Alma, tu n'as pas un homme mais une abstraction pour époux ! »

Oui, c'est méchant. Mais il faut dire qu'après avoir consommé assez en avance le mariage, les époux ne vivaient pas pleinement cet aspect-là de leur vie commune, à ce que rapportent les sources innombrables sur la couleur de leurs chaussettes et l'assaisonnement de leur(s) salade(s).

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Incroyable l'énergie que les auteurs passent sur ces aspects-là laisse toujours admiratif. Dites, si une fois dans l'année, au lieu de sortir un livre sur la vie sexuelle d'Almita ou de jouer en concert une symphonie de Gugusse, on extirpait de la poussière des cartons une poignée des innombrables lieder et des pièces de musique de chambre, vraisemblablement d'assez grand intérêt, qui ne furent jamais exhumées ? A ce jour, on doit se contenter de dix-sept ou dix-huit mélodies (essentiellement les quatorze publiées de son vivant, donc)...


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Commentaires

1. Le samedi 18 février 2012 à , par Simon

Salut!

Parce qu'il est avéré qu'il existe des oeuvres qui se trouvent rangées dans une sombre bibliothèque et qui n'ont jamais été publiées? En envoyant quelques courriers, il ne serait pas possible de se renseigner - pour en savoir plus sans s'embarquer dans un voyage d'exégèse?
C'est surprenant étant donné la célébrité dont son nom bénéficie à ce jour, d'autant plus conséquent qu'il ne se limite pas au public de musique classique, loin de là, c'est même une sorte de figure, un peu "à la Lou Andréas-Salomé".
En tout cas c'est effectivement assez croustillant de se représenter la simultanéité des chefs d'oeuvres qui dorment et les passions si vivaces pour ce genre d'anecdotes!

2. Le dimanche 19 février 2012 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Simon !

Les cinq lieder qu'elle publie en 1910 (du vivant de Mahler) sont bel et bien une sélection de compositions antérieures, parmi un corpus assez grand semble-t-il. C'est de toute façon l'évidence : elle ne peut pas avoir pris des leçons de composition et n'avoir écrit que cinq lieder en quinze ans.

Il est très probable (et il me semble l'avoir lu quelque part) qu'il existe aussi de la musique de chambre.

Donc oui, c'est scandaleux.

Pour obtenir les partitions, en revanche, ce risque être beaucoup plus complexe : contrairement à la plupart des compositeurs sombrés quand l'oubli qu'on redécouvre aujourd'hui, Alma n'a jamais rien publié en dehors des quatorze fameux lieder. Il faut donc localiser les originaux qui n'ont pas été détruits (sans doute éparpillés chez divers collectionneurs plus ou moins discrets), obtenir l'autorisation de les consulter, et ensuite reconstituer l'écriture (excessivement illisible !) d'Almita.

Effectivement, bien marqueté, ça se vendrait, et il est probable que ce soit certes un peu échevelé, mais de grande qualité... J'ai renoncé à m'en désespérer : Dieu merci, un nombre invraisemblable de raretés (dont des lieder de la même époque d'auteurs bien plus obscurs) paraît chaque jour au disque, et il y a de quoi se rassasier même sans elle. Dommage tout de même, parce qu'elle fait partie des compositeurs les plus intéressants du genre lied...

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