Carnets sur sol

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Faut-il acquérir les intégrales à prix minuscule ?

Je reproduis ici la réponse publiée chez Bra à propos des intégrales Brilliant, faute de temps pour boucler quelques autres sujets.

Vous pouvez désormais lire une analyse plus complète sur CSS : Mozart, Bach, Chopin, Beethoven et Brilliant Classics. Leur modèle économique, la nécessité (ou non) de l'achat, le commentaire des contenus.

N.B. : Le commentaire de la dernière intégrale (Brahms) figure ici.




Tout dépend de l'état de sa discothèque et de ses attentes.

L'intégrale Mozart était paraît-il fort inégale, mais recelait, je peux en témoigner pour les parties séparées que j'ai acquises, suffisamment de beautés pour justifier un achat très amplement amorti[1]. A condition de ne pas avoir déjà beaucoup de Mozart en magasin, auquel cas on peut affiner plus conformément à ses goûts.
Aussi, j'aurais eu tendance à conseiller l'achat de cette intégrale Mozart (pour peu qu'on ait beaucoup de curiosité et peu de répertoire brassé).

Pour Bach, le cas est plus épineux. Bach ne fonctionne pas aussi facilement que Mozart, et les interprétations ici présentes sont, pour celles que j'en connais et si j'en crois des échos concordants, assez moyennes, voire franchement pas exaltantes. Dans cette perspective, avoir une intégrale tiède ne me paraît pas nécessairement la meilleure idée.

Autant pour du Brahms, on trouve aisément de très bonnes versions, autant pour du Bach, l'exercice est plus déclicat.

Pour que le raisonnement financier soit valable, il faut étudier le nombre de disques écoutés, le nombre de disques valables et leur qualité. Pour le coffret Bach, pas certain du tout qu'il soit amorti.

99€ est infime pour le contenu, mais représente une somme en elle-même.

Mode parallèle simpliste on. Une voiture pour 3000€, c'est une grosse affaire, à condition qu'elle ne roule pas un jour sur deux - sinon on aura perdu beaucoup d'argent : ce n'est pas cher pour une voiture, mais c'est cher pour une voiture qui ne roule pas. Off




Ce n'est qu'un avis : tout dépend de ce que l'on désire en faire, de ses besoins, de ses inclinations, etc.

Le sujet a été très amplement débattu, notamment sur la Toile, et c'est à chacun en évaluant ses attentes de faire son choix. Pour ma part, je me suis abstenu sur les intégrales, préférant piocher les coffrets isolés qui correspondaient à un besoin précis. Rien d'universel là-dedans.

Notes

[1] Les sérénades étaient remarquables, et plusieurs opéras de très bon niveau.


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Commentaires

1. Le mercredi 20 septembre 2006 à , par aymeric :: site

Mais, avez-vous une idée de la raison pour laquelle il est plus délicat de trouver de bonnes versions de Bach ?
L'impressionnante quantité de celles existantes peut-être ?

2. Le mercredi 20 septembre 2006 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Aymeric !

C'est un des mystères de la vie.

Certaines musiques 'résistent' mieux que d'autres à des interprétations médiocres. Beethoven, tout particulièrement, 'fonctionne' parfaitement, même avec des pains partout, au quart de la vitesse par un orchestre amateur. Parce que la force incantatoire de Beethoven réside pour beaucoup dans la structure et dans l'invention rythmique.

Mozart est plus fragile, mais sa simplicité permet aussi de passer fort bien les épreuves, pourvu que l'interprétation soit d'une qualité correcte.

Pour Bach, c'est une autre histoire. Cette musique est complexe, et pas vraiment identifiable stylistiquement. La grandiloquence romantique comme l'âpreté baroque ne convainquent pas totalement si elles sont poussées à l'extrême. La clarté des voix doit être fidèlement assurée. Cette musique ne 'respire' pas (presque pas de silences dans les pièces pour clavier !), il faut créer des phrasés.
Sinon, le résultat est immédiatement mécanique, austère, décharné ou à l'inverse totalement privé de nerf et de vie. (Aux deux extrémités, Karajan et Leonhardt.)


C'est tout simplement lié à la nature de l'intérêt d'une musique.

Par exemple, Donizetti est impitoyable : pas d'harmonie, de rythme ni de développements qui pourraient susciter l'intérêt. Tout réside dans la fragile mélodie et dans les prouesses du chanteur.
Pour Wagner, c'est différent : sa musique résiste très bien, mais la difficulté de l'écriture vocale est telle qu'elle réclame, pour que le résultat soit un minimum ressemblant, des interprètes d'un niveau minimum assez élevé.

Vous conviendrez avec moi que Tristan avec des apprentis chanteurs, ce n'est pas très envisageable - surtout pour leur survie.


Voilà pour cette esquisse d'explication, qui mériterait un traitement plus complet, j'en conviens tout à fait.

3. Le mercredi 20 septembre 2006 à , par Bra :: site

Merci pour ton message.

4. Le jeudi 21 septembre 2006 à , par Laurent :: site

Certaines musiques 'résistent' mieux que d'autres à des interprétations médiocres. Beethoven, tout particulièrement, 'fonctionne' parfaitement, même avec des pains partout, au quart de la vitesse par un orchestre amateur. Parce que la force incantatoire de Beethoven réside pour beaucoup dans la structure et dans l'invention rythmique.


C’est intéressant, parce que j’ai l’impression diamétralement opposée. J’ai beaucoup de mal avec Beethoven, et il faut vraiment des interprétations sublimes commes celle du LSO à Pleyel il y a quelques jours pour que sa musique me touche…

5. Le jeudi 21 septembre 2006 à , par DavidLeMarrec

O perfiiiiiiiidiiaaa !

On n'est jamais trahi que par les siens.

Si c'est du mal avec Beethoven, c'est une autre histoire, mais je pensais à arriver à abîmer sa musique.

Maintenant, tout cela mériterait débat, il y a sans doute une part de subjectivité. J'ai explicité ma pensée, mais elle peut tout à fait être débattue - et nous sommes un peu là pour ça, accessoirement ! :-)

6. Le jeudi 21 septembre 2006 à , par Philippe[s]

Alors là je tombe de mon siège ! Il me semble au contraire que c'est Bach, et lui seul (et en tout cas pas Mozart ou Beethoven), qui résiste à tout.
Et d'autre part, je suis très surpris par ton affirmation que sa musique n'est "pas vraiment identifiable stylistiquement". Qu'est que cela veut dire ?

7. Le jeudi 21 septembre 2006 à , par DavidLeMarrec

Il me semble au contraire que c'est Bach, et lui seul (et en tout cas pas Mozart ou Beethoven), qui résiste à tout.

Bien, ça mérite vraiment un large débat, dans ce cas.

Quand je dis à tout, je dis à la médiocrité de l'exécution. Du Bach qui ne respire pas est une expérience d'apnée assez difficile.

Bach en V.O., en revanche, c'est très probant.

Tout cela indépendamment d'ailleurs que l'affection que j'ai pour tel ou tel compositeur.


Et d'autre part, je suis très surpris par ton affirmation que sa musique n'est "pas vraiment identifiable stylistiquement". Qu'est que cela veut dire ?

Je veux dire par là (hâtivement, il est vrai) qu'on aurait de la peine à le classer dans un mouvement. Il n'y a guère de compositeurs semblables. Certes, c'est baroque. Mais ça n'a pas vraiment (en tout cas pas totalement) les caractéristiques du baroque.

Quand je dis identifiable, j'entends "aisé à classer", et pas "reconnaissable". :-)

Mais c'est mieux en le disant.

8. Le jeudi 21 septembre 2006 à , par Laurent :: site

Si c'est du mal avec Beethoven, c'est une autre histoire, mais je pensais à arriver à abîmer sa musique.

Je crois que je comprends ce que tu dis… mais je ne suis pas sûr de voir comment recoller cela avec mon idée que Beethoven n’est vraiment lui-même que quand il est sublimement bien joué (donc “pas abîmé” ne suffit pas…) Compliqué, tout ça, mais débat intéressant…

9. Le vendredi 22 septembre 2006 à , par DavidLeMarrec

Passe une petite annonce.

A éch. Beethoven, t+ résistant. Un peu ébréché sur les côtés. Chch David intéressé pour bonne affaire.

10. Le jeudi 8 novembre 2007 à , par jdm

Faut-il acquérir la collec de 10 cd à 9,99€ (20cd pour le n° 3) ?
Pour Mozart et Vivaldi (1,99€ et 4,99€), nous avons hésité, sommes-nous chiches !
Pour Bach et Beethoven, les deux à 9,99€, nous avons craqué.
C'est ancien, mais il y a du beau monde, par exemple Carl Schuricht, ou, peut-être moins connu, mais impressionnant dans sa cinquième de Beethoven, en, à peu près 25 minutes, avant l'ère baroque, Walter Goehr (ce n'est pas son interprétation qui a été retenue dans le coffret) et bien d'autres…
David, je ne veux pas t'infliger un pensum, seulement, si tu as quelque lumière sur la chose, tu nous éclaireras.

11. Le vendredi 9 novembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

En deux mots... il y aurait beaucoup à dire. D'ailleurs j'ai fait commentaire détaillé, ailleurs, du coffret "les plus grands opéras", 50 CDs chez Universal (d'un intérêt assez moyen, en réalité, à moins d'une discothèque vierge et d'oreilles néophytes).

Ce que j'avais vu dans la collection que tu cites (Mozart) n'était pas extraordinaire, avec le risque, comme souvent dans les coffets, de rencontrer pas mal d'interprétations un peu molles, qui sentent le déchiffrage - des studios pas très réussis. Alors que sur la Toile (avec les conseils avisés de CSS le cas échéant), on peut obtenir les meilleures versions pour des prix très bas. Je peux aussi fournir pas mal de choses libres de droits pour équilibrer le budget, au besoin - je ne garantis pas la perfection du son, mais la hauteur de vue des interprétations, assurément.


Ensuite, tout dépend de l'usage que l'on en fait. Si l'on écoute beaucoup de musique, ou si l'on n'a rien dans sa discothèque, ces coffrets sont une aubaine. (Et, dans le cas des intégrales, la possibilité de connaître des pièces très rares, parfois intéressantes d'ailleurs.)
Si l'on dispose déjà de pas mal d'oeuvres du coffret, c'est très souvent un peu décevant à l'arrivée, même pour le prix. Cela dit, tu ne cours pas grand risque.

Pour Vivaldi, je crois que c'étaient de vieilles choses, les Scimone. Tout à fait écoutable, mais on a fait tellement plus trépidant depuis - il est vrai, pour le coup, à prix fort.

Goehr est surtout célèbre pour avoir remis Monteverdi au programme au vingtième siècle. Il jouait ça comme du Mascagni (amusant, mais long malgré les coupures, vu les tempi à peu près trois fois plus lent que les standards des années quatre-vingts...), on s'amusait bien.


Si tu as le contenu précis des coffrets, je tâcherai de faire plus détaillé. :)

12. Le vendredi 9 novembre 2007 à , par jdm

Sur le contenu détaillé, je verrai - tu ne rappelles pas que ces méga-coffrets demandent des heures d'écoute.
Pour le moment, merci de ta réponse qui conforte mon hésitation pour Mozart et Vivaldi.
Walter Goehr et Monteverdi ? je ne connais pas. Et il aurait ralenti les tempi ? pour la cinquième, j'ai encore le microsillon et je peux t'assurer que ça déménage, à cette époque, fin '50 ou debut '60, personne n'enregistrait pom pom pom pooom sur une face de disque.
Je reviendrai, c'est un plaisir d'apprendre auprès de toi, seulement j'ai à nouveau quelque souci familial, et, comme toujours, les chats !

13. Le vendredi 9 novembre 2007 à , par DavidLeMarrec :: site

Jdm :
Sur le contenu détaillé, je verrai - tu ne rappelles pas que ces méga-coffrets demandent des heures d'écoute.

Si, si :

dlm :
Si l'on écoute beaucoup de musique, ou si l'on n'a rien dans sa discothèque, ces coffrets sont une aubaine.



Pour le moment, merci de ta réponse qui conforte mon hésitation pour Mozart et Vivaldi.

C'est précisément la seule réponse que je puis offrir : l'hésitation est de mise.

Pour Mozart, ce n'est pas très prestigieux en tout cas.

CD 1 : Extraits de Zauberflöte par Josefowitz flute enchantée par Josefowitz ...
CD 2 : Symphonies 35 et 38 par Schuricht, mais avec l'Orchestre de l'Opéra de Paris (pas une collaboration régulière donc pas extrêmement profond, ni un son invraisemble avec cet orchestre, à ce que je prévois).
CD 3 : Les quatre concertos pour cor. Le Symphonique de Vienne (orchestre aux sonorités assez rèches, avec une relative propension prosaïque), direction Mersson, Robert Freud au cor.
CD 4 : Messe en ut (Auberson / Opéra de Vienne).
CD 5 : Concertos pour piano n°20 et concerto pour trois pianos n°7 (premier mouvement seulement) (Dunand / Collegium Academicum de Genève)
direction Dunand , collegium academicum de Geneve
CD 6 : Symphonie n°31 (deux mouvements seulement). Symphonies 40 et 41 par Ferencsik et l'Orchestre d'Etat de Hongrie.
CD 7 : Requiem (Colombo / Opéra de Paris).
CD 8 : Sérénade n°9 (Janos Rollas)
CD 9 : Extraits de Così (Colombo / Monte-Carlo)
CD 10 : Quatuors.

Personnellement, ça ne me fait pas rêver du tout. Mais c'est pas cher, c'est incontestable.


Walter Goehr et Monteverdi ? je ne connais pas. Et il aurait ralenti les tempi ?

Non, il le jouait comme on jouait le baroque à cette époque. Mais si avec le lyrisme de Haendel c'est éventuellement supportable, le principe du recitar cantando, lui, n'y survit pas. [Cela dit, j'aime énormément les versions arrangées/massacrées de Monteverdi.]


Je reviendrai, c'est un plaisir d'apprendre auprès de toi, seulement j'ai à nouveau quelque souci familial, et, comme toujours, les chats !

Je te souhaite donc, à toi le courage nécessaire, à eux la sagesse indispensable pour ne pas te casser les pieds.

Au plaisir de te lire bientôt.

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