Atelier-concert du CNSM : Joseph Kosma
Par DavidLeMarrec, vendredi 22 avril 2016 à :: Saison 2015-2016 :: #2789 :: rss
Astucieuse idée de rendre la formation plus polyvalente… Dans une mise en scène de Vincent Vittoz qui essaie de raconter une petite histoire pour chaque chanson, au besoin assortie de quelques dialogues, les élèves-chanteurs se produisaient à tour de rôle dans une ou deux chansons, seuls ou en petits groupes.
Avec des bonheurs divers, évidemment, les niveaux de ces grands élèves (qui doivent approcher, pour la plupart de la fin de leur cursus) étant très divers, et les caractéristiques de leurs techniques propres se fondant plus ou moins aisément dans ces contraintes nouvelles. Mais alors que je m'attendais à des techniques lyriques un peu pâteuses, j'ai au contraire été frappé par l'effort de chacun de domestiquer ses moyens (ce qui n'est sans doute pas aisé lorsqu'on est tout entier tendu vers la carrière lyrique !) pour servir au plus juste cette musique et ces textes.
Particulièrement impressionné par Harmonie Deschamps, qui troque son habituelle émission moelleuse au profit du vrai belting, avec une netteté et une aisance confondantes. Elle a assurément le niveau d'une double carrière, future candidate pour les productions du Châtelet.
Les deux seuls que je n'avais pas encore entendus ont particulièrement retenu mon attention.
– Anaïs Bertrand (déjà régulièrement embauchée pour des concerts indépendants du CNSM, dans de grandes salles) est un mezzo déjà très aguerri : plein de douceur mais pas écrasé ni pâteux ; si elle continue à choisir judicieusement son répertoire, elle (contrinuera d') aller loin.
– Guilhem Worms est une véritable basse noble, aux appuis profonds : contrairement à beaucoup de ses collègues aux graves bien dotés, sa voix ne repose pas sur son beau naturel, et reste émise bien dans le masque, ce qui lui autorise toutes sortes d'audaces (chant en mode métallique / non métallique, par exemple, selon la nuance voulue). Voix exceptionnelle, maîtrisée en profondeur, et artiste sensible, capable d'adapter (ce qui est particulièrement rare et difficile !) son timbre au style et à l'expression. Même sans considérer la grande pénurie de son type vocal, il ira loin.
Pour finir, une réelle surprise avec Axelle Fanyo, voix ample et généreuse, dont les contours un peu flous annonçaient plutôt un futur dramatique qu'une interprète probe de la chanson. Détrompons-nous : elle parvient à camper, avec une approche technique tout à fait atypique, son personnage de façon très persuasive. Ça ne ressemble à rien de connu, mais c'est beau et ça fonctionne – et Dieu m'est témoin que j'exècre tout ce qui ressemble à la chanson visqueuse façon Te Kanawa.
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