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La fin des artistes professionnels


Pas de panique, contrairement à EMI, ce n'est pas une annonce, ni même une lointaine prédiction.

Le collectif Colère Lyrique a fait circuler dans ses réseaux une pétition, disponible en ligne, contre l'emploi du Chœur de l'Orchestre de Paris (chœur amateur sélectionné et préparé par des professionnels) dans le cadre de la nouvelle Philharmonie. Ou plus exactement à l'occasion de l'attention médiatique autour de la nouvelle Philharmonie, car il en était déjà de même à Pleyel.

Elle peut se lire ici, parmi d'autres relais. En voici l'extrait central :

Ce qui nous semble inacceptable, c’est l’introduction d’un ensemble amateur dans un cadre professionnel tel que celui-ci. Ce mélange des genres - hélas déjà existant en maints endroits, notamment en province - occasionne une concurrence déloyale, absolument insupportable à l’heure où les chiffres du chômage ne cessent de grimper, et une attaque sans précédent de notre profession d’artistes lyriques. Car chacun des chanteurs non rémunéré de la Philharmonie de Paris occupera une place normalement réservée à un chanteur professionnel salarié.

Cette évolution scandaleuse est-elle un avant-goût du sort réservé aux grands chœurs professionnels, tels ceux de l’Opéra Bastille ou de Radio-France ? On peut le craindre. Car enfin, en suivant cette logique, pourquoi continuer de payer ce que l’on peut obtenir gratuitement, fût-ce au mépris de la qualité du spectacle et du droit social ?

Sur la question de fond, c'est une véritable question effectivement : si les orchestres (et c'est une tendance générale, même si pour Colonne et Lamoureux, l'expérience a brutalement cessé) se mettent à employer des amateurs, alors les chœurs ou choristes professionnels ne pourront plus trouver de débouchés. Il n'est pas illégitime qu'ils s'en émeuvent.

Le problème, c'est que l'exemple est mal choisi.

¶ D'abord, le « mépris de la qualité du spectacle » peut être un choix défendable : en général, il s'agit de chœurs d'appoint, utilisés occasionnellement pour élargir le répertoire de l'orchestre, dans des œuvres où son intervention est parfois très épisodique. Ça aurait peut-être compromis la programmation de Pénélope, par exemple.
Cela n'affecte donc pas tellement le déroulement de la soirée, même si la prestation chorale est médiocre, et peut permettre de jouer ce qu'on n'aurait pas les moyens de faire autrement.

¶ Or, précisément, le Chœur de l'Orchestre de Paris est le meilleur grand chœur permanent de la capitale — et, osons le dire, de France. Le fondu et la beauté des timbres (un des plus beaux pupitres de ténors au monde, et je dis ça en ayant entendu il y a peu le Rundfunchor Berlin) sont absolument admirables. J'ai eu l'occasion de m'en faire l'écho de façon répétée dans ces pages (War Requiem de Britten d'une définition remarquable, Quatrième Symphonie d'Ives, les plus beaux Motets de Bruckner qu'on puisse entendre…).
On ne peut pas en dire autant, justement, des grands chœurs professionnels permanents, recrutés selon des principes absurdes : le Chœur de l'Opéra et le Chœur de Radio-France sont saturés d'harmoniques et sonnent mal, parce qu'on embauche des voix de solistes sombres, lourdes, capables de passer un orchestre wagnérien individuellement… Cela n'a pas de sens dans un chœur où, précisément, l'effet de masse permet de choisir des voix plus souples, dont les couleurs peuvent s'accorder. Ici les harmoniques denses et contradictoires créent même des illusions de notes fausses (en plus, à Radio-France, les voix sont vraiment très lourdes, même individuellement), et deviennent physiquement insoutenable dans les dynamiques fortes — expérience très désagréable à la fin de la Deuxième de Mahler à l'Opéra, où les spectateurs ont pu croire imploser sous la pression de l'air…
En ce qui me concerne, malgré des programmes très alléchants (dernièrement, du Clara Schumann ou les Vêpres de Rachmaninov), j'évite minutieusement les concerts avec le Chœur de Radio-France : le résultat est trop frustrant, je ressors plus bougon qu'enchanté du concert…

¶ Exactement comme pour la pétition contre l'embauche des chanteurs étrangers en France, certains aspects de la revendication peuvent être entendues : « on a faim », « il est absurde de distribuer du répertoire français à des gens qui le parlent mal », « les chœurs amateurs cassent les prix du marché »… ce n'est pas en invectivant des gens plus valeureux que soi qu'on va convaincre. Cela m'évoque Françoise Pollet s'indignant qu'on ait appelé Gwyneth Jones pour chanter la Maréchale, quand on l'avait elle sous la main… J'aime assez Françoise Pollet, mais ce n'est pas lui faire injure que de répondre que non, en effet, sa supériorité sur Jones n'avait rien d'une évidence.

¶ En l'occurrence, le Chœur de l'Orchestre de Paris est l'une des plus belles choses de la vie musicale parisienne, un petit miracle qui a par-dessus le marché le mérite « idéologique » de tracer un pont entre deux univers… et qui ravit les spectateurs qui les écoutent. Plutôt un modèle qu'un objet de mépris. De même, on ne peut pas disqualifier par principe les étrangers, alors qu'un certain nombre chantent un français plus limpide que des natifs pourvus de techniques plus lourdes ou d'articulations plus lâches.

¶ Il existe effectivement d'excellents chœurs mobiles en France ; hors Accentus cependant, ils disposent d'un effectif réduit, qui peut suffire pour de l'opéra, mais qui peut être maigre pour les équilibres d'un concert symphonique : Aedes (déjà collaborateur régulier des Siècles, des Musiciens du Louvre), Britten (mais basé à Lyon), voire Namur pas loin…
Si on nous propose un grand chœur de cette qualité (effectivement, c'était un beau projet qui valait bien celui de la Philharmonie, mais maintenant que les sous sont partis…), très bien, très bien. Mais dans l'attente, l'argument du modèle de l'Opéra et de Radio-France porte peu.

En d'autres termes : il n'est pas interdit de s'interroger, et même de protester ; toutefois, Messieurs les pétitionnaires : pas touche au Chœur de l'Orchestre de Paris. Merci.

Très honnêtement, comme le ton égoïste et particulièrement peu lucide et respectueux de cette pétition m'a assez agacé, je suis assez tenté de lancer la mienne, manière de brouiller un peu plus le message. Si j'ai le temps de m'ennuyer d'ici la fin de semaine, on verra — parce qu'il n'y a aucune probabilité que cette pétition, qui a surtout pour objectif de marquer son territoire et de prévenir l'extension du phénomène (ce qu'on peut comprendre !), aboutisse à supprimer des ensembles existants. De toute façon, à part cet exemple précis, il n'y a plus à Paris de chœur amateur attaché à une institution permanente, il me semble.

(Le plus ironique étant que je suis moi-même assez fâché contre l'Orchestre de Paris, pour d'autres raisons. Ce qui rend sans doute ma bougonnerie d'autant plus désintéressée.)


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Commentaires

1. Le mardi 30 décembre 2014 à , par Rémi

Le même principe de chœur amateur associé à un orchestre national se retrouve à Nantes et Angers (il s'agit du Chœur et Orchestre National des Pays-de-la-Loire). La programmation est choisie par les deux entités ensemble, il y a donc des concerts symphoniques purs, des concerts pour chœur uniquement et des concerts avec chœur et orchestre dans des œuvres que l'Orchestre ne pourrait aborder sinon (par exemple, le Messie, dirigé l'an dernier par Hervé Niquet).
En parallèle, l'institution lyrique Angers Nantes Opéra possède son propre chœur, professionnel et voué entièrement à la scène.
En somme, les deux chœurs se partagent le répertoire sans empiéter l'un sur l'autre : le premier dans le répertoire symphonique et sacré, le second dans le répertoire d'Opéra. D'ailleurs, je n'ai pas entendu parlé d'une quelconque rivalité entre les deux chœurs. Cela dit, ils peuvent s'allier le temps d'un concert, lorsque la partition exige un chœur plus fourni (par exemple la Messa di Gioia donnée l'an dernier).

2. Le mardi 30 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

C'est-à-dire que la tendance a de quoi effrayer les chanteurs professionnels — et il est tout à fait vrai que malgré leur grande fiabilité, Vittoria ou Cori Spezzati ne peuvent pas rivaliser avec la qualité (ne serait-ce que de timbre) des ensembles professionnels.

Mais attaquer de façon indiscriminée (et non sans mépris) des amateurs qui offrent parfois un travail de qualité professionnelle, c'est vraiment se tromper de cible. D'autant que, comme vous le soulignez, ils rendent possibles des configurations qu'on ne pourrait pas financer autrement : lorsqu'on a simplement besoin d'un chœur d'appoint pour jouer une pièce, c'est un coût supplémentaire qui peut être dissuasif.

Autrement dit, je ne suis pas sûr que l'hypothétique suppression des partenariats avec des chœurs amateurs entraînerait la création de chœurs professionnels pour compenser : l'inflexion de répertoire est une autre possibilité très crédible.

3. Le mercredi 31 décembre 2014 à , par Diablotin :: site

Les meilleurs choeurs, en France, ce sont ceux de l'Opéra national du Rhin ;-) J'ai plein d'amis allemands qui viennent à l'opéra essentiellement pour les entendre, et eux-mêmes s'exportent régulièrement à l'étranger. Pour ma part, je peux dire que dans le Vaisseau fantôme, cette année, sous la préparation demeure nouvelle chef -cheffe ?-, ils furent excellents, en effet !

4. Le mercredi 31 décembre 2014 à , par DavidLeMarrec

Ils sont très valables, mais ce n'est pas mon avis.

Si on parle des chœurs en général, je crois qu'Accentus, aussi bien en technique qu'en accomplissement (et en plasticité stylistique, des Pêcheurs de Perles à la musique contemporaine en passant par du Strauss a cappella !), tient clairement le haut du pavé. On n'a pas grand monde qui puisse se mesurer à ça en France, vraiment l'équivalent des grands chœurs de chambre ou de radio d'Europe centrale et nordique.
Personnellement, j'aime beaucoup le Chœur de la Simphonie du Marais, qui a des couleurs magnifiques, mais c'est un cas assez particulier (il doit y avoir très peu de permanents à mon avis, et d'ailleurs la qualité fluctue largement d'une production à l'autre).

Si on parle de chœurs d'opéra, généralement moins beaux (car travaillant des choses moins raffinées, et souvent recrutés comme solistes, donc avec des timbres plus « durs », moins susceptibles de se fondre), c'est clairement Marseille qui me paraît le plus séduisant — ou, si on m'autorise cette annexion, Genève !

Ou bien cheftaine.

5. Le jeudi 1 janvier 2015 à , par Ugolino le profond

Je pense qu'il faudrait se poser la question de savoir pourquoi c'est le choeur qui a la statut amateur alors que l'OP mérite bien plus ce statut que lui.

6. Le jeudi 1 janvier 2015 à , par DavidLeMarrec

La rémunération prévue pour jouer les méchants d'opéra ne peut hélas s'appliquer aux concerts symphoniques. Nous sommes au regret de ne pouvoir récompenser dignement votre juste mérite.

(Je te souhaite une bonne année ce qui n'interdit pas la mauvaise humeur !)

7. Le lundi 5 janvier 2015 à , par Alice

Bonsoir,

Je réagis à votre article car je le trouve très intéressant.
Je suis bénévole au sein d'une association qui monte des projets d'opérettes. Nous sommes tous bénévoles dans le choeur et l'orchestre et vivotons grâce à quelques subventions, des mécénats et les cotisations des membres. Bref nous avons un budget très serré ! Nous réservons toujours les deux rôles principaux à des pro ou des semi-pro. Cette année nous avons envoyé une annonce et des pro nous ont contacté, nous faisant savoir que leur cachet était de 500€ brut alors que nous ne pouvons pas payer plus de 120€ brut par représentation ! Du coup nous prenons des semi pro ou des pro moins gourmands ! Parce que, pourquoi pas prendre un pro à 500€ mais dans ce cas là nos places ne seraient plus à 10€ ! Il est hors de question d'augmenter les places empêchant ainsi toute une partie de la population l'accès à ce répertoire.
Par ailleurs, la différence de qualité n'est vraiment pas criante entre un très bon amateur et un pro, même si il est vrai que nous ne faisons pas de l'opéra.
Enfin, dernière remarque, il ne faut pas s'étonner de payer des gens au black quand on constate le labyrinthe administratif pour déclarer une personne !! Même si, je parle pour mon asso nous avons toujours été réglo.

8. Le lundi 5 janvier 2015 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir Alice !

Effectivement, il y a sur la frange des pros modestes (qui font carrière avec des instruments limités techniques) et des amateurs excellents (certains ayant d'ailleurs suivi une formation comparable)… Les excellents amateurs restent quand même rares (ou déjà pris !), donc l'accès à des professionnels doit être souvent nécessaire pour le genre de projet que vous proposez…

Et comme eux doivent vivre d'expédients, 500€ pour travailler un rôle complet sur plusieurs semaines et vivre de ça pendant un mois, forcément… Difficile de concilier tous ces intérêts divergents, effectivement !

Sans croire à la martingale de la main invisible, lorsque des ensembles amateurs de qualité se sont installés dans le paysage musical, je ne vois pas l'intérêt de les détruire. C'est pour la création de nouvelles entités qu'on peut discuter — et je suppose que le but de cette pétition était justement de dissuader les décideurs de poursuivre dans cette voie à l'avenir.

Merci pour ce témoignage circonstancié !

9. Le mardi 6 janvier 2015 à , par Alice

Bonsoir,

Merci pour votre réponse.
Je ne suis pas tout à fait sûr que des amateurs très éclairés (études classiques de conservatoires) soient plus difficiles â trouver. Personnellement nous avons parfois eu à choisir entre une pro et une chanteuse amatrice et bien la qualité était la même.
Je vais peut être choquer mais se lancer dans cette carrière est un choix tout à fait personnel et ce n'est pas parce qu'une personne a le statut "pro" que tout lui ait du, non, il faut que cette personne prouve qu'elle mérite sa place et son salaire face â d'autres pro mais aussi, cette pétition le montre bien, face aux amateurs, sidénigrés soient ils. Comme tout autre travail ! Si quelqu'un d'autre que moi faisait mieux mon travail, amateur ou pas, il me semblerait logique qu'il prenne ma place. Pour moi, et vous l'avez bien montré dans votre article, c'est le public qui décide et qui est souverain.

Lors d'une création si la personne qui effectue le recrutement décide de ne prendre que des amateurs et que ce choeur plait au public. Pourquoi ne pas le garder ?

10. Le mercredi 7 janvier 2015 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Alice !

Je ne suis pas tout à fait sûr que des amateurs très éclairés (études classiques de conservatoires) soient plus difficiles â trouver.

Je vous fais toute confiance là-dessus, je n'ai pas la même epérience que vous de ces quêtes.


Je vais peut être choquer mais se lancer dans cette carrière est un choix tout à fait personnel et ce n'est pas parce qu'une personne a le statut "pro" que tout lui ait du, non, il faut que cette personne prouve qu'elle mérite sa place et son salaire face â d'autres pro mais aussi, cette pétition le montre bien, face aux amateurs, sidénigrés soient ils.

Oui, c'est vrai. C'est justement là où j'ai trouvé pernicieux l'argumentaire de la pétition, qui cherchait à faire croire que c'était un renoncement à la qualité (avec un très mauvais exemple : le seul chœur amateur français de niveau professionnel que j'aie entendu à ce jour…).

Ensuite, faut-il financer des pros ou pas, la réponse varie beaucoup selon le point de vue : budget des institutions, concurrence déloyale aux professionnels, prolongement de la diffusion par la pratique amateur, satisfaction du public (dans cette dernière perspective, c'est vraiment du cas par cas !)…

11. Le vendredi 30 janvier 2015 à , par Katiouchka

A lire tous vos commentaires, on comprend en substance qu'il n'y a aucune différence entre de bons amateurs et des professionnels !!! Alors soit ceux qui osent sortir de telles âneries n'ont aucune oreille, soit ils trouvent un intérêt implicite majeur à dénigrer l'utilité et le professionnalisme des artistes lyriques, pour justifier de recourir à des chœurs amateurs qui font réaliser au passage de substantielles économies, tout en sauvegardant les rémunérations des autres musiciens également menacés par la baisse endémique de toutes les subventions aux arts et à la culture !

Cependant la politique qui consiste à "déshabiller Pierre pour habiller Paul" ne pourra durer qu'un temps, et cela d'autant plus si les musiciens divisés et non solidaires, jouent la carte de l'individualisme aveugle, et ne défendent pas bec et ongles la nécessité non négociable du professionnalisme de tous les métiers de la musique !

Car un jour viendra en effet, où nos politiques et nos décideurs incultes, obnubilés par les économies imposées par Bruxelles, n'auront aucun scrupules à déshabiller Paul à son tour, pour ne plus habiller personne d'ailleurs, et cela, au nom de la Sacro-sainte crise, de la dette et autre récession qui est hélas, encore bien loin d'avoir fini de sévir dans notre pays!

Ainsi donc, s'il est très commode en ces temps de disette économique, de trouver de très bonnes raisons de se passer des services des artistes lyriques professionnels, dans un temple grandiose dédié à la très grande musique et financé par nos impôts, pourquoi ne pas pousser la même logique d'économie plus loin encore, et l'appliquer également à tous les musiciens de l'orchestre ?

Car s'il semble honteusement concevable à certains que des chœurs amateurs puissent remplacer avantageusement des chœurs professionnels sans dommage pour la qualité du spectacle, alors poussons les économies plus loin encore, et envoyons pointer également au chômage tous les musiciens professionnels pour les remplacer eux aussi par des instrumentistes amateurs ! Nombre d'orchestres amateurs et bénévoles seraient sans doute ravis de jouer aussi à la Philharmonie de Paris et d'y accompagner leurs choristes et collègues non moins amateurs !

Oser affirmer qu'il y a peu de différence entre des musiciens amateurs et des professionnels, c'est implicitement dire qu'il n'est plus nécessaire d'en rémunérer aucun, puisque des bénévoles peuvent faire l'affaire et que le recours à ces derniers allègera considérablement les subventions jusqu'à présent accordées à la musique, aux arts et à la culture, ce qui ne manquera pas de réjouir le gouvernement qui traque la moindre économie à réaliser !

Mais les musiciens qui prennent la responsabilité de tenir des propos aussi démagogiques que suicidaires, sont-ils conscients du mal qu'ils font à toute la profession ? N'est-ce pas se tirer une balle dans tous les membres que de créer un tel précédent en affirmant que des professionnels de la musique ( et les artistes lyriques, comme leurs confrères instrumentistes le sont),ne sont pas indispensables à un spectacle subventionné dans un des temples de la musique professionnelle ?

Devons nous considérer qu'il peut y avoir en France, deux poids deux mesures, entre les différentes catégories de musiciens, sous peine de pratiquer une discrimination interdite par la loi ( reposant d'ailleurs sur des concepts douteux et très subjectifs )! En quoi serait-il juste d'envoyer pointer au chômage, des artistes lyriques professionnels qui pourraient assurer qualitativement tous les chœurs des spectacles programmés à la philharmonie de Paris, pour y faire chanter à leur place, des choristes amateurs et bénévoles qui n'auront jamais ni les voix ni la technique des premiers ?

Pourquoi s'attaquer à un métier en particulier, celui d'artiste lyrique en l’occurrence, en laissant entendre que ce métier peut être très avantageusement remplacé par des bénévoles, ce qui est totalement faux, et ne pas faire la même chose en direction de tous les instrumentistes de l'orchestre philharmonique, qui eux-aussi pourraient être remplacés par un orchestre amateur bénévole ?

Cette scandaleuse et nauséabonde discrimination qui repose sur des intérêts financiers sous-jacents, et sur une recherche d'économie budgétaire sacrifiant et visant scandaleusement les artistes lyriques, se fait exclusivement sur le dos d' une catégorie très ciblée de musiciens professionnels, et n'a pas l'honnêteté de dire les véritables raisons qui justifient le recours à des choristes amateurs !!!

Il ne manque pourtant pas d'églises, de temples et de cathédrales à Paris pour que ces chœurs bénévoles puissent donner deux ou trois concerts par an sans mettre en péril le gagne pain de toute une profession, en leur faisant de la concurrence déloyale et en pratiquant avec une inconscience coupable, une forme à peine déguisée de dumping social, qui arrange opportunément nos dirigeants taclés par Bruxelles !!!

Quant aux chefs de chœurs incendiaires et menteurs, qui dirigent et font travailler ces amateurs, et qui ont l’outrecuidance de prétendre que ces derniers peuvent prendre le travail d'artistes lyriques professionnels sans impacter à la baisse la qualité du spectacle, ils ne voudront jamais admettre que ces choristes ne pourront pas égaler ni surpasser en qualité le travail d'artistes lyriques professionnels, tout simplement parce qu'ils sont juges et partie, et qu'ils ont surtout pour préoccupation essentielle de faire reconnaitre à travers la participation de ces mélomanes amateurs, le résultat de leur travail de direction !

12. Le samedi 31 janvier 2015 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Katiouchka,

C'est dommage, votre propos est justement en décalage avec cette notule, qui se situe au delà de l'opposition frontale entre le tout-professionnel et le tout-amateur — ce qui n'a jamais été, et ne sera pas de sitôt la question.

Qu'il y ait une différence individuelle entre le bon amateur et le professionnel, c'est certain, mais lorsqu'un groupe de bons amateurs bien entraînés par des professionnels produit des résultats plus satisfaisants que les chœurs professionnels directement concurrents, il y a lieu de se poser des questions (non pas sur le niveau, mais sur les méthodes de travail et les présupposés esthétiques du recrutement et de la formation interne), avant de jeter l'anathème sur ceux qui font mieux avec moins…

C'est bien le problème de la rhétorique de la pétition : elle n'est convaincante que si l'on est directement concerné par ce manque à employer… Il y aurait d'autres questions, et d'autres articulations plus nuancées qui seraient tout à fait convaincantes.

(Après, plus personnellement, que l'emploi culturel, saturé de prétendants, ne puisse pas absorber tous les bons professionnels, ça ne me choque pas non plus… tous savent que c'est un milieu où il y a plus d'appelés que d'élus, et il n'est pas illégitime que les économies se fassent, je ne dis même pas d'abord, mais aussi sur le superflu.)

Le jour où le Chœur de l'OP ressemblera à un chœur amateur (c'était beaucoup plus le cas dans les années 70-80) et où le Chœur de Radio-France aura la versatilité et la souplesse du Chœur de la Radio Bavaroise, je serai tout prêt à entendre les arguments sur la qualité artistique à préserver pour l'offre parisienne.

En attendant, les préoccupations des musiciens professionnels sont très légitimes, et je les partage (il y a tellement d'œuvres où l'on pourrait se satisfaire d'un mauvais chœur, la tentation peut être grande), mais l'argumentation reste encore à parfaire pour convaincre de leur irréfutabilité.

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