Pourquoi les cornistes sont-ils tous aussi nuls ?
Par DavidLeMarrec, mercredi 27 juin 2012 à :: Discourir - En passant - brèves et jeux - Pédagogique :: #1999 :: rss
Titre alternatif : Pouêt.
Comment se fait-il que même les plus grands instrumentistes (à quelques très rares exceptions près) puissent produire autant de pains avec l'objet qui leur permet de gagner le leur ?
La question a de quoi fasciner. Elle avait déjà été abordée, de façon parfaitement pacifique dans cette ancienne notule, au milieu des autres instruments.
Il existe un assez grand nombre de raisons qui explique que le cor soit l'un des instruments les plus difficiles de l'orchestre, et en tout cas celui dont la pratique, même à haut niveau, est la plus fragile.
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Sans les épuiser, on peut en noter plusieurs :
Comme l'ensemble des cuivres, sa couleur et sa justesse dépendent de la fréquence de vibration des lèvres sur l'embouchure conique, et aussi de la pression du souffle dans le corps de l'instrument. La hauteur et la couleur des sons peuvent être éventuellement corrigés par la place de la main dans le pavillon.
Autant de paramètres bien plus difficiles à mesurer et à répéter que la lourdeur et la vélocité de la pression sur une touche de piano, ou même que l'emplacement millimétré du doigt sur une touche de violon.
Cela n'explique pas les pains, mais donne déjà une petite idée des problèmes de justesse ou d'attaque. La coulisse du trombone s'apparente beauoup plus à la touche du violon, toutes les notes sont disponibles (pas besoin de bricoler avec des pistons incomplets ou dans le pavillon) ; et le conduit plus court et droit de la trompette n'a pas le même caractère aléatoire.
Mais le plus spectaculaire de difficulté réside, pour le profane, dans le caractère hautement sensible à l'environnement. L'instrument est très sensible aux températures et à l'hygrométrie : en effet, vu la longueur des tuyaux, l'air soufflé reste à part de l'air ambiant sur un assez long trajet, et la différence de chaleur avec l'extérieur crée de la condensation à l'intérieur. Non seulement l'instrument a les caractéristiques de jeu complexes qu'on a dites, mais de surcroît il se remplit d'eau tout en jouant, et plus ou moins vite selon les "conditions météo".
Cela signifie que l'interprète doit anticiper ce paramètre tout en jouant, puisque le remplissage des boyaux affecte la justesse et surtout la fiabilité de la "réponse" de l'instrument. On a beau ajuster les coulisses d'accord entre les phrases, quand on joue, on doit essayer de transiger avec le déglingage progressif des fonctions de contrôle...
Quiconque a observé de près la vidange diluvienne d'un cor après quelques minutes de jeu ne peut plus s'étonner d'entendre les attaques manquées et les tendances à détonner.
Evidemment, pour le cor naturel sans pistons (ces pistons sont à barillets sur les cors d'harmonie standard, qui se visualisent comme des palettes), la difficulté est encore accrue, puisqu'il faut produire les notes sans pouvoir ajuster la longueur du tube en temps réel, c'est-à-dire seulement avec le souffle, les lèvres, et éventuellement le poing dans le pavillon pour ajuster la hauteur finale des notes.
Nul doute que, ne pratiquant pas moi-même l'instrument, des lecteurs attentifs et informés viendront préciser ces gros traits.
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En réalité, quand on y regarde de près, on s'étonne tout simplement qu'en dehors de certaines sonneries de chasse (où l'on ne trouve quasiment que des sauts de quarte et de quinte), il soit humainement possible de jouer du cor ! On raconte d'ailleurs que les cornistes pros ont la réputation d'être des gens passablement nerveux dans la vie quotidienne... On compatit.
La preuve que le cor est l'instrument le plus difficile du monde : après l'avoir pratiqué pendant des années, il devient facile de jouer le grand répertoire avec un tuyau d'arrosage.
Ou bien de réaliser de grandes aventures trépidantes dans le répertoire ultracontemporain.
Commentaires
1. Le mercredi 27 juin 2012 à , par klari :: site
2. Le mercredi 27 juin 2012 à , par Ugolino Le profond
3. Le jeudi 28 juin 2012 à , par DavidLeMarrec
4. Le jeudi 28 juin 2012 à , par DavidLeMarrec
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9. Le lundi 2 juillet 2012 à , par Joël Riou :: site
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13. Le mercredi 4 juillet 2012 à , par antoine :: site
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