L'orchestre lullyste et ses possibles
Par DavidLeMarrec, dimanche 1 mai 2011 à :: Baroque français et tragédie lyrique :: #1712 :: rss
Juste la reproduction d'un mot en commentaires sur le contenu des portées des partitions de Lully, et ce que les interprètes choisissent, inventent ou restituent.
Voir les commentaires originaux ici.
Il faut d'abord préciser qu'il existe deux types de partitions originales, les complètes et les réductions. Les réductions que les imprimeurs destinent aux amateurs ne comportent pas les parties intermédiaires, qui n'étaient de toute façon pas écrites par Lully, mais par ses secrétaires. En particulier Pascal Collasse, qui a complété Achille & Polyxène à la mort de Lully et fait une belle carrière comme compositeur, avec beaucoup d'échecs, mais aussi l'un des plus beaux succès publics du répertoire, Les Noces de Thétis et de Pélée.
On y trouve donc les lignes vocales, la basse continue et la mélodie des dessus lorsque nécessaire. (Exemple : Armide publiée par Ballard en 1713.)
Dans ce qui suit, je parle des partitions intégrales. (Exemple : Armide publiée par Ballard en 1686.)
Sur les "arrangements" de Cohën-Akenine. Bien évidemment, il n'y a pas d'arrangement. :) A l'époque de Lully, l'orchestration n'était pas quelque chose de fixé sur partition, même lorsqu'on disposait d'une trouve fixe.
Sur la partition originale d'Armide, on trouve généralement cinq portées instrumentales :
- dessus de violon en clef de sol 1ère ;
- haute-contre de violon en clef d'ut 1ère ;
- taille de violon en clef d'ut 2 ;
- quinte de violon en clef d'ut 3 ;
- basse continue en clef de fa.
Il peut arriver (scènes infernales) que qu'une ligne de basse en clé de fa intervienne au-dessus de la ligne de basse continue, pour le basson (qui la double simplement).
Pour les flûtes, elles sont notées sur les trois premières portées, et simplement indiquées en toutes lettres à la place des violons.
Pour les doublures de hautbois ou les remplacements des premières lignes par des bois, c'est tout simplement à la discrétion du chef d'orchestre, qui fait des choix selon la vraisemblance (une scène pastorale appelle les flûtes ou les musettes).
[Dans quelle version entend-on le hautbois dans la Passacaille, je n'y ai jamais entendu que des flûtes ?]
Même chose pour les percussions qui ne sont pas notées, en dehors des timbales associées aux trompettes : il y a alors une ligne supplémentaire tout en haut, en clef de sol 1ère, pour les trompettes, et en bas une clef de fa pour les timbales. Mais dans bien des cas, dont le monologue final d'Armide, elles demeurent à discrétion des interprètes et ne figurent pas sur la partition : pour la fin de l'oeuvre, il n'y a que cinq portées (les quatre violons et la basse continue) d'écrites !
Ce n'est donc absolument pas une liberté prise avec la partition. Celle-ci est simplement notée de façon suffisamment ouverte pour que plusieurs instrumentations soient possibles.
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire