Leonidas Kavakos, Ingo Metzmacher et le Deutsche Sinfonie-Orchester Berlin dans Beethoven et Stravinsky - Pleyel 2010
Par DavidLeMarrec, mercredi 17 mars 2010 à :: Saison 2009-2010 - Les plus beaux décadents - Musiques du vingtième siècle :: #1499 :: rss
Je reproduis ici le petit compte-rendu (plus anecdotique qu'autre chose, mais n'ayant pas effectué d'entrée sur l'Oiseau de feu...) fait dans le fil de la saison sur le concert de lundi dernier.
Autant la notule sur le concert Vierne / Chausson pouvait fournir quelques indications sur les oeuvres, autant celle-ci en dit plus sur ma façon de passer les soirées et de faire le mur que sur la musique. C'est à titre de repère, manière d'avoir une entrée sur le ballet intégral de Stravinsky.
Concert 33 : Leonidas Kavakos, Ingo Metzmacher et le Deutsche-Sinfonie Orchester Berlin dans Beethoven et Stravinsky, à Pleyel
(Lundi 15 mars 2010.)
Grâce soient rendues à A. dont la vigilance m'a permis d'assister à un tel concert que je n'osais rêver - j'avais entendu Metzmacher dans l'Oiseau de feu intégral avec l'ONF, à la radio, et j'avais été comme frappé par la foudre, un grand choc esthétique. Alors, ici, avec de surcroît son orchestre, spécialiste mondial des décadents, que faire d'autre que de s'y rendre ?
J'en profite pour ne pas remercier Simon, le pendard, qui a laissé mariner A. et moi-même pendant plusieurs jours sur la nature du bis déjà donné par Metzmacher, une marche militaire de circonstance - très bizarrement donnée après l'Oiseau, avec une différence de substance musicale assez considérable... Le seul lien qu'on pouvait y voir était avec le côté fanfare de la fin. On percevait bien qu'il s'agit d'un compositeur du vingtième, vu l'orchestration, sans doute "sérieux" vu sa très grande maîtrise, mais dans une oeuvre de circonstance, avec un marche dont le déhanchement mélodique avait quelque chose de la valse straussienne. Trouver qui avait commis cette bluette pétaradante, c'est comme identifier Berlioz en écoutant pour la première fois la démente Marche marocaine ! A la lecture de son compte-rendu, le lecteur apprendra donc qu'il s'agissait d'un Korngold bien sautillant.
Le concert, à présent.
Retenu au travail par des portes savamment fermées, et n'ayant pas résolu à grimper les murailles comme un collégien (j'étais trop sage, je n'ai pas appris ça...), j'ai dû supplier les clefs et me hâter, mais un peu tard pour y être pour vingt heures. Ce qui me valut d'être logé dans la salle des Réprouvés, avec un joli matériel vidéo (et un son qui saute), mais avec une invitation du Service Clientèle (vu que je n'avais pas de place et qu'ils n'en vendaient plus). Hospitalité bénie ! Quoique aimant beaucoup le Concerto pour violon de Beethoven (que je joue d'ailleurs avec beaucoup de plaisir - non, pas au violon, pas pour l'instant), je venais pour l'Oiseau de feu version originale de 1910, qui avait lieu en seconde partie !
J'ai donc profité tout de même du concert avec le son fruité, un peu boisé, incisif, extrêmement projeté de Leonidas Kavakos (ce dont j'ai pu juger lors du bis hors du temps, une sarabande de Bach formidable de poésie). En voilà un qui projette sans vibrer !
Et après l'entracte, l'enchantement. Cette oeuvre est une débauche de paroles musicales, en particulier les récitatifs aux bois lors du badinage entre Ivan, l'Oiseau et les Princesses. Un abîme de beautés d'orchestrations. Pas un instant d'ennui. Et même le final (qui en cela entrait bien en résonance avec le Beethoven et le Bach), qui joue sur les fausses fins grandioses, est fantastique en dépit de son raffinement tout relatif. Ces motifs expressifs, qui se déforment, ces sections toujours inventives, mouvantes, vivantes. Une sorte de film musical, l'idéal de la musique de ballet, pour ne pas dire de la musique tout court. Ma vénération pour cette oeuvre se confirme ainsi.
Metzmacher lui-même dirigeait avec beaucoup de savoir-faire (on entendait de belles choses, dans un optique certes traditionnelle, pour Beethoven) un bel orchestre, cordes un peu grises peut-être (mais d'une précision extrême, on dirait voir évoluer un corps de ballet, quel contraste avec les orchestres français !), mais des bois d'une douceur, d'une rondeur, d'une présence extraordinaires.
C'était prévisible, et ça le fut. Fantastique.
Commentaires
1. Le samedi 20 mars 2010 à , par Inconnu
2. Le samedi 20 mars 2010 à , par DavidLeMarrec
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