La Veuve et le Grillon de Daniel Soulier, mêlé de chants et danses
Par DavidLeMarrec, mercredi 17 mars 2010 à :: Saison 2009-2010 - Intendance - Baroque français et tragédie lyrique :: #1498 :: rss
Je cite ici mon commentaire dans le fil de la saison sur ce spectacle mêlé de musiques de cour Grand Siècle :
Concert 32 : La Veuve et le Grillon à la Péniche Adélaïde (annexe de la Péniche Opéra)
(Samedi 13 mars 2010.)
Très joli spectacle dans la péniche surchauffée sur des sièges pliants inconfortables. Peu de place, mais totalement plein.
La pièce de Daniel Soulier, jolie imitation de la conversation de salon (dont le ton d'acteurs avant tout chanteurs et le découpage serré donnent une image de cliché, parfois - mais la pièce par des comédiens aguerris fonctionne bien) est ici mêlée de chants, de danses, d'intermèdes musicaux. Et de vapeurs de friture ensuite distribuée au public. (Oui, singulier parfum chez Madame de Sévigné.)
La rencontre imaginaire entre Madame de Sévigné et La Fontaine, dans ce découpage, tourne à l'avantage très net du second, d'autant que Bernard Deletré, passé quelques instants d'élocution un peu tonitruante, est acteur, sinon fin, très convaincant. La voix en revanche était très fatiguée ce soir-là - mais il y a encore deux ans, il était en pleine forme pour des rôles consistants, ce n'est donc pas l'usure de cette voix à l'émission si particulière. Comme Alain Buet, vu la texture de la voix et sa carrure impressionnante, on se prend à imaginer ce qu'une technique plus orthodoxe aurait pu produire comme décibels dans le grand répertoire...
Blandine Florio-Peres est en effet plus en difficulté, avec une voix plus opératique pour ces chansons de cour, et surtout une élocution parlée qui, à cause de l'usage d'une langue qui ne lui est pas native, sonne un peu déclamatoire et tristement sérieuse. Par ailleurs, beaucoup d'efforts (un peu systématisés) pour donner du relief à son texte, mais la gêne persiste quelque peu.
Les musiques (accompagnement de violon, viole de gambe et clavecin) étaient admirablement choisies par le directeur musical de la soirée, Patrick Cohën-Akenine. Du Lully bien sûr, jusqu'à l'air de Charon d'Alceste, le Lully le plus connu du début du vingtième siècle - avec l'air de l'acte II d'Amadis -, où Bernard Deletré, se souvenant de sa fréquentation du rôle, explose remarquablement. Mais aussi du Lambert pour les airs les plus gracieux, et les italianités raffinées de Charpentier ou expansives de Clérambault. Et bien sûr les grivoiseries très remarquées de La Barre.
Belles chorégraphies baroques et spitiruelles de Natalie van Parys.
Un très grand plaisir d'entendre cette musique de cour en contexte. Je n'avais jamais autant été ému par un violon. Ce son incisif, ces phrasés dansants et spirituels... pourquoi n'entend-on jamais cela dans les suites (Sonates & Partitas) de Bach ! En outre, sa figure me disait quelque chose.
En consultant le programme en sortant, je découvris que j'avais entendu Patrick Cohën-Akenine lui-même. Un maître, assurément.
Belle soirée, hors de toute norme et joliment réussie. Recommandé, cela se joue encore ces jours-ci.
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