Rémanence des suggeritori
Par DavidLeMarrec, jeudi 28 mai 2009 à :: Pédagogique - Discourir - Glottologie :: #1266 :: rss
En 1978 à La Scala, le souffleur de Tristan und Isolde sous la direction de Carlos Kleiber. (On entend également Piero de Palma et l'inégalable Siegmund Nimsgern. Puis, dans le second extrait, le grand Tristan Spas Wenkoff.)
Le souffleur n'a pas disparu.
A La Scala, il en demeure quatre.
On se demande souvent à quoi sert le souffleur, considérant qu'à l'opéra, la musique permet la mémorisation du texte, et que l'un ne va pas véritablement sans l'autre.
En réalité, sa formation est toute différente - le souffleur n'a pas de rôle primordial dans la mémorisation. A l'Opéra, il donne les départs, arrête aussi les phrases des chanteurs.
Dès les répétitions, il est le relais du chef d'orchestre, tourné exclusivement vers les chanteurs. Ce qui suppose, on le devine, une grande compétence solfégique - il faut même mémoriser très exactement les tempi ; et là où le chef, en les changeant, agit sur l'orchestre, le suggeritore ne ferait que créer des décalages proprement tragiques.
Enfin, troisième mission : sans connaître forcément le sens du texte, il doit être capable de prononcer avec justesse (on peut témoigner que les souffleurs de La Scala des grandes années ont un accent à couper au couteau cependant...).
Evidemment, ils sont un peu mal aimés, et n'étant pas investis de la légitimité du chef, ils sont parfois un peu ignorés des chanteurs. A tort cependant, car il s'agit d'un grand confort pour les musiques un peu touffues (où l'on ne peut qu'admirer la capacité de synchronisation entre plateau et fosse) : Richard Strauss, Janáček...
Le plus admirable de l'affaire est que le souffleur est une institution dans les théâtres spécialistes de musique italienne... Tandis qu'en d'autres contrées où le fonds de répertoire nécessite pourtant d'autres exigences solfégiques...
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