Carnets sur sol

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jeudi 7 mai 2009

Où l'on perçoit pourquoi l'allemand est fait pour la poésie

On connaît les capacités d'abstraction de la langue allemande, tout le monde souligne (à juste titre) ses capacités d'invention avec les mots composés. On peut en croiser d'autres manifestations, plus inattendues, dans la vie la plus courante.

Prenant le train comme à mon habitude pour aller exercer ma noble profession, mon oeil avise un objet dont la fonction est indiquée en plusieurs langues :


Le français indique marteau brise-vitre ; les autres langues (anglais et espagnol, il me semble) en sont la traduction littérale.

L'allemand, lui, utilise précisément la composition : Nothammer. C'est-à-dire « marteau de nécessité ». Not est un mot très puissant, qui contient une poussée, une espérance face au danger ; c'est celui qui parcourt toute la Walkyrie, celui qui est attaché au destin de Siegmund. [1] Il n'a pas le caractère technique, presque juridique du mot français, plus long, plus précis - l’ « état de nécessité » est un outil de droit bien défini.

Aussi, là où les autres langues se montrent très prosaïques, mais aussi très didactiques (un marteau brise-vitre à utiliser en cas d'urgence, on ne peut pas se tromper, il faut briser une vitre avec), l'allemand a créé un mot à part entière, plus abstrait, qui nous donne sa nature, et non pas son usage. Les Allemands sont-ils plus intelligents ?

En tout état de cause, je suis resté quelques minutes à rêver devant cette forme de poésie inattendue. Il est vrai qu'ayant appris mon allemand avec Wagner, Müller et Eichendorff, et non en conversation, les mots de la vie courante se chargent immédiatement d'un poids considérable, de connotations puissantes. Aussi parce que l'allemand n'a pas de façon aussi criante des registres de langue très segmentés, comme c'est le cas en français.

Mais, surtout, c'est que l'allemand possède, outre son pouvoir d'abstraction, une densité extraordinaire. Des monosyllabes, accentués et fortement pourvus en consonnes de surcroît, portent des concepts entiers ; et ses mots composés proposent sans cesse des images nouvelles, en associant plusieurs de ces racines aux connotations multiples, en combinant leurs forces créatrices.
En cela, l'allemand est une langue taillée pour la poésie : point besoin de s'appuyer sur le ronronnement d'une phrase sinueuse, comme chez les Français ; quelques syllabes suffisent à évoquer puissamment.

Notes

[1] Si Nothammer n'est pas un mot wagnérien par excellence, je ne sais pas ce que c'est.

Où CSS sauve les amis des décadents croulant sous les amers ennuis du deuil


Carnets sur sol a découvert pour eux, qui désespèrent, au point de songer à se jeter du haut du glorieux pont des schrekereries dans les épais flots vaughanwilliamsiens [1], qu'Arkiv Music rééditait les coffrets Decca de la collection Entartete Musik. Et à prix raisonnable, même à parité euro-dollar, alors imaginez par les temps qui courent...

Il suffit d'entrer 'Entartete' dans la boîte de recherche ici : http://www.arkivmusic.com/classical/Search?all_search=1 . Et on en trouve un bon nombre. Ces disques étant pour beaucoup totalement épuisés [2], et généralement plus chers en Europe, c'est une aubaine réelle pour ceux qui se lamentaient. En plus, ça doit générer des droits supplémentaires (je ne dis pas pour les artistes, qui cèdent généralement leurs droits contre un cachet un peu majoré - faute d'avoir le choix de toute façon).

Notes

[1] N'en faites surtout rien, ça colle, en plus.

[2] Notamment les excellents Gezeichneten, certains autres étant un peu plus trouvables comme Sarlatán, mais assez chers.

Tannhäuser à Bordeaux

Comme quelques bordelais lisent ce carnet, les lutins signalent qu'on peut entendre l'ONBA patauger (pour l'instant) sous la direction experte de Klaus Weise (qui fera vraisemblablement du très bon boulot) et suivre les propos (lucides) du metteur en scène Jean-Claude Berruti sur la dramaturgie bancale de Tannhäuser.

Un cadeau de France 3.

Pour plus ample commentaire, on peut se reporter à notre entrée de saison.

David Le Marrec

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