Où l'on découvre que Wagner doit tout à Reyer
Par DavidLeMarrec, mercredi 13 février 2008 à :: L'horrible Richard Wagner - Oeuvres :: #856 :: rss
Non, aucune provocation dans le titre, vous faites erreur.
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Une chose étonnante qui me frappe à l'écoute de la mort de Siegfried : les leitmotivs qui reviennent prennent la couleur du motif du réveil de Brunehild dans Sigurd.
Et ce ne peut être une influence, puisque Sigurd, bien que créé en 1884 (contre 1876 pour Götterdämmerung), a été écrit sensiblement auparavant, et se montre plus proche des sources du Nibelungenlied (sans chercher à le faire fusionner de façon bancale avec le récit de Ragnarok). Si Reyer y utilise des leitmotivs, c'est en réalité en référence à l'esthétique de Wagner au moment de Lohengrin...
Par ailleurs, on l'a déjà dit, il s'agit plutôt d'une survivance du Grand Opéra à la Française, adaptée à l'époque de Gounod et Thomas, que d'un pastiche wagnérien.
La parenté est d'autant plus étrange, car Wagner n'avait pas connaissance non plus de cette oeuvre, et on l'imagine difficilement influencé par la scène française depuis son reniement envers son bienfaiteur Meyerbeer - qui lui avait permis d'être joué à Paris, faveur insupportable d'un compositeur trop institutionnel pour ses ambitions, et que Wagner cache ensuite sous le dégoût antisémite (qui ne recouvre qu'imparfaitement une gêne très perceptible).
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Voici donc le réveil de Brunehild dans Sigurd :
(oui, cuivres français...)
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Et un extrait de la mort de Siegfried (qui fait suite, précisément, au leitmotiv du réveil qui ouvre la dernière tirade du héros) :
Pour moi, c'est assez étonnant comme des leitmotivs déjà connus prennent assez exactement le même aspect "circulaire", la même couleur que chez Reyer.
Mais peut-être est-ce que les lutins ont trop activement fréquenté la partition de Sigurd, et que toute parenté devient trop criante.
Pour faire bonne mesure, on peut aussi rapprocher l'extrait de Sigurd de la scène des Trèves de Mireille de Gounod - mais ce sera simplement une parenté d'écriture, et pas une similitude aussi nette.
La force de la coïncidence est admirable ici.
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Pour retrouver l'antique série de Carnets sur sol sur Sigurd, la visite se déroule par ici.
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