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Le défi 2020 des nouveautés – épisode 3


Nouveautés écoutées et commentées de ces dernières semaines (mises à jour au fur et à mesure dans ce tableau).

Du vert au violet, mes recommandations.



écouté œuvres
Moniuszko: Cantates Milda & Nijoła ; Poznan PO, (DUX)
→ Superbe déclamation polonaise très bien mise en valeur, chantée et accompagnée, la qualité mélodique de Moniuszko en sus. À découvrir, peut-être même supérieur aux opéras !
Ninna nanna: Lullabies from Baroque Italy ; Pino de Vittorio
→ Très beau programme original. Étrange captation très proche et très sèche, un peu déstabilisante (voulue par l'artiste pour faire plus 'folk'?)
Clairières: Songs by Lili & Nadia Boulanger ; Nicholas Phan, Myra Huang
→ La documentation du (court) legs de Nadia Boulanger arrive enfin ! Ses mélodies, particulièrement abouties dans leur rapport au texte, et nourrissantes musicalement, commencent à être enregistrées. Jolie voix de ténor ici, mais la diction reste légèrement inexacte et pas toujours assez claire pour ce répertoire, à mon gré.
Bonis, Chaminade, L. Boulanger ; Compositrices : À l'aube du XXe siècle ; Juliette Hurel (Alpha)
→ Œuvres assez légères, délicieuses (en particulier les Bonis, comme toujours), très bien exécutées.
Tishchenko: Complete Works for Harp ; Mikhail Lermontov (Naxos)
→ Le
concerto est très surprenant, vraiment des alliages minimaux (harpe solo, et puis un hautbois et une clarinette, ou bien un piano…) : chambriste à l'extrême, à côté le concerto pour violon de Berg (ou le second de Szymanowski), c'est Also sprach Zarathustra…
Surtout
, les deux mélodies vocales sont in-cro-yables. Très accessibles et gentiment mélodiques en apparence, mais remarquablement subtiles. Avenant pour tous, nourrissant pour les oreilles affûtées.
Arianna (Scarlatti, Haendel, Haydn) ; Kate Lindsey, Arcangelo, jonathan Cohen (Alpha)
→ Trois cantates autour d'Ariane, et sans Monteverdi ! Kate Lindsey, électrique dans Mozart, a une émission plutôt calibrée pour les répertoires plus tardifs (beaucoup de fondu), ce qui lui donne un côté inutilement épais (et affecte la clarté de l'élocution, même du phrasé) dans les pièces du premier XVIIIe siècle.
Decades: A Century of Song, Vol. 4 (1840-1850) : Liederkreis Op.24, Dargomizhsky, Franck ; Florian Boesch, Hovhannisyan, Nick Pritchard
→ Très beau concept : faire dialoguer l'écriture de mélodies en différentes langues, au sein de la même décennie. Belle sélection (toutes les mélodies de Franck ne sont pas immenses, parfois assez peu aventureuses ; celles-ci sont assez remarquables), et chanteurs remarquablement éloquents (les hommes en particulier). Très belle version de l'opus 24, des Franck très savoureux, et des Dargomijski amples.
Anton Rubinstein: Sonates pour piano 1 & 2 ; Han Chen (Naxos)
→ Des traces de la Sonate en si (accords du Grandioso) et de l'Arpeggione (mélodie initiale qu'on retrouve ici dans le II de la 2) !
Haydn, A. Stamitz & C. Stamitz: Concertos ; Ana de la Vega, Ortego Quero (Pentatone)
→ Délicieux doubles concertos pour flûte et hautbois, servis avec aisance et lumière, dans une prise de son très flatteuse. Absolument revigorant.
Greif : Les Chants de l'âme (Live in Deauville) ; Marie-Laure Garnier, Philippe Hattat (Naxos)
→ Greif tel qu'en lui-même : sobre, sombre, très accessible. Pas tout à fait bouleversé par la force poétique du cycle, ni par la voix et la diction vraiment pâteuses de M.-L. Garnier (pour du lied, sinon j'aime beaucoup ce qu'elle fait). En revanche l'épure, le son et l'audible hauteur de vue de Ph. Hattat au piano me ravissent.
Motets Napolitains (Leo, Scarlatti) ; Anthea Pichanick
→ Œuvres typiques du genre, du seria organisé en courtes pièces sacrées, servies par cette voix extraordinaire (un mixé de poitriné et une pointe de nasalité, pour un effet qui évoque parfois Marilyn Horne… Charisme, aplomb et même qualité de déclamation assez hors du commun. Une très grande qui magnifie ce répertoire.
Destouches, Royer, Rameau ; Brillez, astres nouveaux ! ; Chantal Santon Jeffery, Vashegyi (Aparté)
→ Quelle très belle surprise ! Santon a complètement redomestiqué ses moyens, et les pièces retenues disposent d'un réel caractère, récital passionnant et exaltant, servi avec beaucoup de chaleur et de style.
Kalkbrenner: 25 Grandes Etudes de Style et de Perfectionnement, Op. 143 Tyler Hay (Piano Classics)
→ La grande figure jouée par Chopin et Clara Wieck à leurs débuts… Les Études sont-elles le plus intéressant, probablement pas, mais un document !
Verdict : effectivement, des exercices de traits typiques du temps, impressionnants et virtuoses, joués de façon un peu raide (et avec de la pédale), enregistrés dans un placard. Amusant de voir d'où procèdent certaines tournures du jeune Chopin, mais pas essentiel.
Poul Ruders Edition, Vol. 15 (Concerto pour piano n°3 Variations Paganini), Anne-Marie McDermott
→ Je découvre l'existence de cette appétissante série ! Etrangement tonal et conservateur par rapport au langage habituel de Ruders : on croirait une suite de variations du début du XXe siècle. Mais très réussi.
Jean-Baptiste Loeillet of London: Trio Sonatas ; Epoca Barocca (CPO)
→ Musique de chambre baroque vivifiante, œuvre comme interprétation !
Draeseke: String Quartets, Vol. 1 ; Constanze Quartet (CPO)
→ La sobriété de Draeseke n'empêche pas une certaine densité de contenu et une grande qualité de finition musicale, par un quatuor aux contours très fins. Un disque qui peut se goûter en aplat de fond apaisant comme s'écouter avec grand intérêt pour toutes ses nuances successives, sans grands accès tempêtueux. (J'aime décidément beaucoup.)
R. Strauss: Symphony No. 2 Op. 12 & Concert Overture ; Saarbrücken (CPO)
→ Œuvres de jeunesse, assez peu typées comme sa musique de chambre (du bon romantisme du rang), bien faites et très bien servies ici.
Pēteris Vasks: Works for Piano Trio ; Trio Palladio (Ondine)
→ Beau romantisme passé à l'épure du minimalisme, très pudique – à l'exception des ressassements de l'arrangement de Plainscapes, le tube de Vasks, sorte de Fratres de Pärt qui, de même, ne résume pas l'intérêt du compositeur.
Très beaux équilibres du Trio Palladio.
Schubert, Winterreise, (Arr. A. Höricht) ; Voyager Quartet (Solo Musica)
→ Arrangement qui est partiellement composition, pour quatuor seul, sans voix. Les transitions sont écrites pour l'occasion, et même les reprises sont sous forme de variations typées XXe – tous les lieder ne sont pas inclus. Il fait ainsi goûter tous les petits contrechants de l'accompagnement de Schubert – ils font fondre l'âme. Contre toute attention, fonctionne merveilleusement. Jubilatoire, si l'on accepte qu'il s'agit de bidouille et pas du Winterreise de Schubert – 25% de corps étrangers d'esthétique assez différente.



écouté versions
Duparc, R. Strauss (Vier Letzte Lieder), mélodies russes : « Morgen » Elsa Dreisig, Jonathan Ware (Erato)
→ Dreisig dans son meilleur répertoire, où la couverture s'est cependant accentuée (en chantant des rôles plus lourds), et où l'abattage visuel manque pour compenser un petit flou de diction dans le haut de tessiture. Mais elle demeure une grande naturelle de l'exercice ! Piano pas particulièrement charismatique dans ces pages luxuriantes.
Granados, Goyescas ; J.Ph. Collard (La Dolce Volta)
→ Beaucoup de douceur, sans le relief habituel de Collard – sans doute l'effet d'avoir écouté juste avant l'excellent disque de Barbaux-Cohen.
(Je trouve aussi Goyescas moins intéressant que les autres cycles.)
A Schubertiade with Arpeggione ; L'Amoroso : Pelon, Moscardo, Balestracci (Ricercar)
→ Album schubertien de pièces et arrangements pour guitare & arpeggione (outre la Sonate, avec piano d'époque). Délicieux !
Brahms: Fantasien, Op. 116, Intermezzi, Op. 117 & Klavierstücke, Op. 118 ; Hortense Cartier-Bresson (Aparté)
→ Après avoir été ravi par HCB en concert pour le Premier Trio, ces Brahms solos me frustrent un peu – un brin ternes, notamment du fait de la prise de son étrangement en retrait des habitudes d'Aparté. À réécouter pour lever le mystère.
Haydn 2032, Vol. 8: La Roxolana ; Giovanni Antonini
→ Très beau et convaincant, mais impression que les propositions d'Antonini, comme celles de bien autres chefs échappés du baroques, perdent en radicalité au fil des ans !
Händel: 12 Concerti grossi, Op. 6 Nos. 7-12 ; Akademie für Alte Musik Berlin, Bernhard Forck (Pentatone)
→ Belle seconde partie de ces concertos très marqués par le modèle corellien (meilleurs que la première moitié d'opus, m'a-t-il semblé). Difficile en revanche, lorsqu'on est habitué au renouvellement intense des interprétations instrumentales baroques, d'être totalement étourdi par cette belle version engagée qui n'apporte pas vraiment de surpris en textures, coloris ou discours, je l'avoue. (Peut-être est-ce que je n'aime pas assez la musique instrumentale baroque hors des pièces solo…)
Vivaldi: Violin Sonatas & Concerto Isabella Bison, Francesco Corti (Passacaille)
→ Très bien !
Magnard: Symphonies Nos. 1 & 2 ; Philharmonisches Orchester Freiburg, Fabrice Bollon (Naxos)
→ Davantage de clarté et de mobilité, mais pas la révélation foudroyante des 3 & 4 du précédent volume. Peut-être même un peu moins réussi que Thomas Sanderling avec Malmö. À réécouter.
I vespri verdiani: Verdi Arias Olga Mykytenko (Chandos)
→ Beaux airs peu joués (plutôt du Verdi de jeunesse), par une grande voix émise à la slave (résonance dans le pharynx plutôt que dans la face), avec les petites stridences de gorge que cela suppose, mais globalement enthousiaste et de belle tenue ! Étonnamment, sa Violetta ample aux moirures diverses est prodigue en frémissements inattendus !
Gaubert, Fauré, Debussy, Franck ; The Lyrical Clarinet, Vol. 3 ; Michael Collins (Chandos)
→ Hors le Gaubert, point de nouveautés (transcriptions avec piano, on a même la millième version arrangée de la Sonate de Franck pour un autre instrument que le violon). Beau son de clarinette, interprétation élégante de ces pièces, mais rien de particulièrement neuf.
Death and the Maiden ; 12 Ensemble (Sancho Panza Records)
→ Je ne comprends toujours pas l'intérêt de jouer des quatuors en effectif orchestre à cordes. On peut toute la netteté d'articulation, l'émotion des voix individuelles qui forment un tout… Le trait devient plus gros, a fortiori lorsque le vibrato gomme les effets de textures voulus par le compositeur. Exécution de plus assez tradi, vraiment rien à signaler.
Escales (Ibert, Ravel, Duruflé, Chabrier, Saint-Saëns) ; Sinfonia Of London, John Wilson (Chandos)
→ Belle version ronde et colorée de ces fleurons du répertoire français (Escales, Rhapsodie, Danses, Rouet…), qui existent dans d'autres versions plus fouillées mais qui séduisent grandement ainsi réunies et luxueusement exécutées.
Beethoven: Piano Concertos Nos. 2 & 5 "Emperor" ; Kristian Bezuidenhout, Freiburger Barockorchester, Heras-Casado (HM)
→ Mis à part quelques tutti aux distorsions savoureuses, je n'ai pas trop perçu la plus-value : version très tradi, même le pianoforte paraît un piano moderne un peu clair (à croire qu'on entend au mieux un Erard de 1890). Et pour ce qui est de la fougue incoercible de Beethoven, on repassera, tout est bien gentiment à sa place. Belle version que je serais ravi d'entendre en concert, mais je ne comprends pas la nécessité de publier ça dans l'immensité des versions discographiques gigantesques.
R. Schumann, C. Schumann & Brahms: Sonatas & Songs Poltéra, Stott (BIS)
→ L'idée est d'arranger les sonates pour violon de Schumann et Brahms pour violoncelle. Les deux lieder à la fin sont de Brahms et Wieck-Schumann. Très bien joués (mais il manque le texte). Timbre toujours très beau de Poltéra.
Schumann: Symphonies Nos. 1 & 3 ; Gardiner (LSO Live)
→ Spectre aéré, mais pas follement ardent (très très bien, mais eu égard à la concurrence, il existe plus étourdissant dans les veines allégée ou cinglante).
Bruckner: Symphony No. 6 (1881) ; Bergen PO, Dausgaard (BIS)
→ Vif, net, tendu ; très belle lecture claire et intense de Dausgaard, avec les plus belles couleurs orchestrales qui soient (Bergen !).
Sibelius: Symphony No. 2, King Christian II ; Göterborg, Rouvali (Alpha)
→ Le grand point fort de Rouvali est de traiter les longues transitions de Sibelius comme des thèmes à part entière… Sa Première fut une grande claque, une redécouverte, une illumination. Sa Cinquième était étrangement inégale, en particulier sur les points forts habituels de la symphonie, ou même dans la réalisation technique.
En bonne logique, cette Deuxième, très thématique, moins totalement organique que les plus tardives, se prête moins bien à cette lecture, malgré les timbres splendides et les originalités essayées – c'est beau, il tente des choses, mais il y a plus subtil ailleurs.
(Les transitions restent incroyables, en particulier vers et dans le dernier mouvement.)
Sibelius Symphonies No 4 & 6 ; Hallé, Elder (Hallé)
→ Toujours cette prise de son incroyable, proximité et réalisme des timbres, ampleur très détaillée… La conduite en est belle aussi, mais c'est avant tout une aventure sonore, comme le reste de cette formidable intégrale, désormais achevée !



écouté rééditions
Beethoven: The Complete Piano Sonatas Played on Period Instruments ; Paul Badura-Skoda (Naïve)
→ Badura-Skoda avait la réputation de choisir les pires exemplaires de pianos au son moche et inégal… et de ne pas forcer les jouer avec beaucoup de profondeur. (C'est un peu mon avis aussi : ni de beaux instruments, ni une hauteur de vue particulière.) Écoutez Peter Serkin sur Graf pour les 5 dernières !
Bruckner: Symphony No. 1 (1877 Linz Version) ; Staatskapelle Dresden, Jochum (Warner)
→ Il faut ne pas être trop effrayé par les cuivres extrêmement acides, mais lecture extraordinairement organique ; dans le genre tradi, les 4 premières de l'intégrale dresdoise poussent au plus haut degré la clarté et l'éloquence de la construction.
Bruckner: Symphony No. 2 (1877 Version) ; Dresde, Jochum (Warner)


Bonne pêche !


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David Le Marrec

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