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Beckmesser jouvenceau – Die Meistersinger par Alden, Eröd & M. Albrecht


Outre qu'il s'agit de l'une des versions les mieux chantées de ces dernières années, les mieux jouées aussi (pas étonnant, avec le Philharmonique des Pays-Bas, l'un des meilleurs orchestres du monde, d'un niveau d'engagement sans comparaison avec le Concertgebouworkest d'aujourd'hui), avec un allant, un équilibre et une générosité remarquables… l'ensemble est visuellement très intéressant.

Des bandes vidéo de la télévision néerlandaise circulent (pour l'heure, très ouvertement), et la mise en scène se classe parmi ce que Christopher Alden a commis de mieux, jouant habilement de références temporelles croisées qui soulignent assez bien les différences de statut et de contraintes des personnages, généralement plus abstraites dans la Renaissance de fantaisie choisie par Wagner.
Les liens ne sont pas toujours clairs entre les éléments — et l'acte II n'est pas très différent des représentations traditionnelles, les échafaudages industriels se subtituant très simplement à la ruelle du livret —, mais globalement, l'ensemble est animé et apporte quelques suppléments.

La trouvaille majeure, plus que scénographique, tient dans le traitement du caractère de Beckmesser : Adrian Eröd, dans son ensemble violette, campe un jeune dandy très éloigné du barbon grotesque (et peu intéressant) que l'on (se) représente traditionnellement. Sa taille fine, ses talents d'acteur exorbitants, son verbe qui sonne et sa voix qui claque (même s'il est mille fois plus impressionnant en salle) permettent d'explorer l'option très à fond. Ses pédanteries le rendent peut-être encore plus odieux, mais en réalité, cela fonctionne bien mieux, et il campe un rival tellement plus adroit et inquiétant…

On pourrait faire le même genre de chose pour Mime, au lieu de le représenter en nabot perfide et prévisible — suis-je le seul à être désespéré lorsque Siegfried tue son père sur un coup de colère ?

Par ailleurs, même si cela tord un peu le contexte originel, les Maîtres qui jouent de vieux instruments passés de mode leur donne quelque chose de ce lustre à la fois admiratif et légèrement narquois que voulait, il me semble, Wagner.

Version très stimulante, à tout point de vue, la musique n'étant pas en reste. En plus de l'orchestre, le plateau est assez enthousiasmant (et erroné sous la vidéo sus-mentionnée) : James Johnson (inusable Wotan du fameux Ring de Copenhague) en Sachs, Alastair Miles en Pogner (dans une forme incroyable), le déjà prometteur Thomas Blondelle (avec depuis de belles mélodies de Poulenc au disque) en David, Thomas Oliemans en Kothner, et puis Agneta Eichenholz en Eva (son d'une rare densité). J'aime moins Roberto Saccà (Stolzing), comme d'habitude à la fois engorgé et nasal, et pas très gracieux scéniquement – mais c'est tout sauf rédhibitoire, même pris individuellement.

Eröd, depuis ses fulgurants Loge (!) à Vienne, semble vraiment hésiter avec une émission de ténor (il y a même un couac par remontée soudaine du larynx, à l'acte I), alors que l'assise sonore caractérise un excellent baryton. Est-ce simplement que la voix est très patiemment construite sur une substance plus « banale » que d'autres, ou bien qu'il travaille dans la perspective de faire prochainement la bascule, je m'interroge. Mais en tout cas, il excelle dans ces rôles de caractère, doté de surcroît de l'aisance scénique d'un très bon comédien professionnel – ce qui n'est que rarement le cas à l'Opéra, même pour ces rôles.

Paris-Broadway y était et a semble-t-il beaucoup aimé.


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