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David McVicar & Miah Persson (Noces de Figaro ROH 2006)


En deux mots ; juste un constat étonné et admiratif. Dans les Noces mises en scène au Royal Opera House londonien par David McVicar, traditionnelles visuellement, mais remarquables par leurs trouvailles dans la topographie scénique, dans quelques chevauchements de temporalité, et surtout dans le fourmillement de détails qui éclairent avec précision et esprit le texte, je remarque que Suzanne semble de très loin le personnage principal - alors qu'en principe, les choses sont plus équilibrées.

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Cela tient au texte, bien entendu, puisque le finaud Figaro se distingue plus par son sens exceptionnel de l'intuition et de l'improvisation que par la réussite de ses trames - qui ne sauraient être qu'affaire de femmes. Egalement aux choix de McVicar, qui rendent Susanna extrêmement active. [Le surjeu demandé aux acteurs, notamment pour le sextuor du début de l'acte III, est assez malin, parce qu'il permet de mettre en valeur des sentiments trop abstraits si on les dit simplement avec un petit geste, et donne de la profondeur humaine à la situation, alors même qu'il y a quantité de détails volontairement grotesques. Etrangement, ça ne met pas à distance, mais ça crédibilise le propos, de la très belle ouvrage.]

Et il semblerait aussi -

Et il semblerait aussi - et c'est là quelque chose dont je n'ai pas, sans doute à tort, le souvenir autre part - que Miah Persson en ait sa part. Ce n'est ni une chanteuse, ni une actrice spectaculaires, elle paraît parfois attentive, concentrée, plus qu'abandonnée dans ses rôles. Et pourtant, partout, c'est la même rondeur vocale avec de la substance jusque dans le grave, la même aisance, et malgré une couleur linguistique imparfaite en italien, un texte tout à fait habité. Sans correspondre le moins du monde à ce que l'on entend par brûleuse de planches, il y a dans la sûreté de ses expressions textuelles, faciales, gestuelles, dans son style limpide mais sans froideur une somme de petits riens qui, en plus d'attester d'un grand métier, créent un halo singulier autour de cette personnalité scénique.

Et si bien que, sans éclat de génie de sa part, il m'a semblé, comme en lisant un roman à la première personne, que toutes ces Noces étaient perçues par les yeux de Suzanne. Une impression que ne produit pas, en principe, l'admiration la plus débridée pour une prestation d'acteur ou de chanteur.

Singulier, vraiment.

Et cette présence dont on ne saurait trancher si elle est habile ou non (mais clairement l'objet d'un travail soutenu) répand sa grâce étrange dans l'ensemble de ses rôles, où sous l'apparence d'un jeu modéré, l'adhésion du spectateur - du moins en ce qui me concerne, je laisse chacun témoigner pour soi - se fait progressivement, quasiment sous forme d'identification. Impressionnant, en réalité.

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Version chaudement recommandée de l'oeuvre, parue chez Opus Arte.

Pour plus de sujets sur Le Nozze di Figaro, on peut se reporter à la catégorie consacrée à l'opéra classique. On y trouvera en particulier quelques pistes sur l'ordre des numéros à l'acte III (et l'avis des lutins), mais aussi un extrait (pas vraiment significatif, à part pour la beauté des décors et des éclairages) de cette production McVicar, pour illustrer le coup de glotte (mozartien).


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