Franz SCHREKER - Die Gezeichneten ("Les Stigmatisés") - II - quelques notes
Par DavidLeMarrec, samedi 22 mars 2008 à :: Les plus beaux décadents - Die Gezeichneten (les stigmatisés) :: #908 :: rss
Ecoute intégrale ce jour des Gezeichneten de Stuttgart 2002 (Westbroek, Sadé, Otelli, Probst, Schöne - Zagrosek), avec une doublure de la bacchanale au premier entracte, parce qu'on n'est pas des reîtres non plus.
Quelques remarques en vrac lors de cette nouvelle écoute, qui pourront servir pour une note sérieuse, un jour, sur ce trop vaste sujet. Ajoutées à toutes celles qui attendent d'être reportées ici.
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- Le thème de la bacchanale est celui de l'entrée de Tamare. Voilà qui donne une indication sur la nature de son amour.
- Vitelozzo et Alviano ne se rencontrent qu'après le meurtre de Carlotta. Peut-être une occasion manquée du livret (qui entrecroise déjà grandement les trames !), parce qu'on oublie aisément la familiarité étroite qui les liait.
- Tamare reproduit en fin de compte le schéma qui était le leur - il renvoie à Salvago son adage : la beauté soit la proie du fort. Le drame provient de ce que cela se produit sur la seule étincelle de joie qui s'était levée dans la vie du difforme Salvago. Nous sommes dans un schéma tout à fait identique, de ce point de vue, au Roi s'amuse de Victor Hugo.
- De multiples trames s'entrecroisent.
- Politique : la cession d'Elysée au peuple, avec l'approbation du Podestà et le veto du Duc Adorno, pour des raisons contenues dans une autre intrigue.
- 'Policière' : la disparition des jeunes filles, et particulièrement Ginevra Scotti, dont même les ravisseurs habituels ignorent la localisation.
- Amoureuse : la conquête de Carlotta par Salvago, gnome cynique mais candide.
- Amoureuse : la conquête de Carlotta par Tamare, qui intervient après la première. De nature plus animale, disons.
- Artistique : la question de la création artistique, des sentiments et leur épuisement. Ce qui conditionne le don de Carlotta à Tamare.
- Comique : Martuccia et Pietro, couple de valets qui font au I une petite scène de ménage. Mais c'est par Martuccia que vient la révélation des enlèvements, qu'elle ne pardonne pas à Pietro : au III, leur second entretient apporte le tragique.
- Anthropologique : la solitude incurable de Salvago - et aussi, d'une certaine façon, l'irréductible étrangeté au monde de Carlotta.
- Musicalement, de nombreux motifs récurrents (pas aussi plastiques que des leitmotivs, mais plus cependant que les straussiens).
- Toujours des trames multiples, tissant des atmosphères inquiètes derrière les motifs mélodiques, ou inversement, un brin d'espoir derrière les cataclysmes sombres. D'une rare vérité psychologique.
Chef-d'oeuvre à tout point de vue, texte et musique. S'il fallait absolument sauver dix opéras dans l'Arche, ou même cinq, Carnets sur sol saurait assurément lobbyer de ce côté-là.
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