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vendredi 17 juin 2005

[Feuilleton] Kurtág György, épisode 4 : 'Titres'

György Kurtág se fait naturaliser hongrois en 1948, rattrapant ainsi les hasards de la politique internationale prénatale. Six années après son entrée au Conservatoire, il reçoit ses premiers diplômes : piano et musique de chambre (1951). Il est également diplômé en composition en 1955. Depuis, les postes honorifiques et les récompenses se sont succédés sans relâche à travers l'Europe. Je me suis amusé à les lister.

Suite de la notule.

[Annonce de série] L'invraisemblable M. B***

Connaissez-vous Hjalmar Borgstrøm ?

Si non, vous aurez l'occasion de vous familiariser avec lui.

[Feuilleton] Kurtág György, épisode 3 : Années d'apprentissage.

Après avoir étudié la musique en famille et au collège de Lugos, le jeune Kurtág se rend dès 1940 à Temesvar (les Roumains disent Timisoara) où il étudie le piano avec Magda Kardos et la composition avec Max Eisikovits. Il dédiera les Játékok ("Jeux", pour piano), à la sortie des quatre premiers volumes (1973-1976), à la mémoire de son professeur de piano.
A la suite de son admission à l'Académie de musique de Budapest (1945), il approfondit le piano avec Pál Kadosa, la musique de chambre avec Leó Weiner, la composition avec Pál Jardányi, Sándor Veress et Ferenc Farkas. Il n'oubliera pas beaucoup d'entre eux dans ses dédicaces (cf. Fanfare de cloches pour Sándor Veress ou Dans les jours sombres - à Ferenc Farkas).

En 1957-1958, il effectue un séjour à Paris, où il devient l'élève de Messiaen et Milhaud. Ce n'est pourtant pas leur commerce qui fut le plus décisif. Il rencontre aussi à Paris Marianne Stein, psychologue qui, raconte-t-il, lui permit de comprendre sa vocation stylistique, son mode d'expression authentique - il allait désormais se dévouer tout entier à la forme courte, jusqu'à l'aphorisme parfois (Négy dal Pilinsky János verseire, sur des poèmes de János Pilinsky, composé en 1975-1976, en est un des exemples les plus saisissants), émancipé du développement central qu'impose l'argumentation musicale classique pour convaincre - de la qualité thématique, par exemple, le développement faisant constat de ses ressources.

A son retour à Budapest, il compose son Quatuor à cordes, symboliquement noté comme Op.1, c'est-à-dire comme point de départ revendiqué du catalogue futur de ses oeuvres. Il conservera en effet cette fascination pour la forme brève ; sans exceptions, puisque même ses oeuvres les plus longues, à l'instar des Kafka-Fragmente (Op.24), ne sont que des sommes de miniatures.

un David de poche

Le Lied en traduction

Lors de concerts de lieder, où le contact avec le poème est essentiel, il est souvent malaisé, pour le public non germanophone, de percevoir toute la portée de pièces musicales entièrement vouées au service du texte. On le sait, la solution du déchiffrage de textes dans la pénombre n'est pas satisfaisante - et ne permet de toute façon pas de saisir pleinement la saveur du texte littéraire, ni de la musique, puisque l'attention s'égare.
Parfois même l'ennui guette l'auditeur de bonne volonté qui n'entend qu'une suite de pièces aux tons globalement similaires - rien n'est plus identique que deux lieder dont on ne voit la partition ou ne connaît précisément le sens !

Alors, une suggestion, qui n'est pas une panacée, qui n'est pas réalisable systématiquement pour des raisons de dramaturgie du récital, de répétition, de perte d'effet, de durée, de fatigue de l'interprète, mais qui vaut à mon sens d'être régulièrement appliquée, au gré des publics : le chant du lied traduit avant le lied original. Pour être initié au mets à venir.

C'est, pour des raisons d'accentuation, assez facile à réaliser d'allemand en français - même si le texte se miévrifie très vite, il faut en prévenir l'assistance.

On ne peut évidemment pas demeurer totalement fidèle au texte initial pour une version adaptée au chant, mais il est tout de même préférable, pour ce type d'exercice, de conserver une grande proximité, y compris avec l'ordre des mots, afin que la découverte soit profitable à l'audition de la version originale - puisque c'est bien de là que nous sommes partis.




Voici un exemple de mon cru (copyright DLM, certes, mais librement réutilisable pour qui le souhaiterait). L'apostrophe précède une syllabe qui sera musicalement accentuée, afin de faciliter le placement du texte.

Ich unglücksel'ger Atlas, Heinrich Heine
(en allemand, seul F.Schubert l'a mis en musique, sous le titre Der Atlas, inséré comme le premier des Heine-Lieder dans le Schwanengesang, recueil posthume)

Ich unglücksel'ger Atlas! Eine Welt,
Die ganze Welt der Schmerzen muß ich tragen,
Ich trage Unerträgliches, und brechen
Will mir das Herz im Leibe.

Du stolzes Herz, du hast es ja gewollt !
Du wolltest glücklich sein, unendlich glücklich,
Oder unendlich elend, stolzes Herz,
Und jetzo bist du elend.

(Reprise voulue par Schubert : )
Ich unglücksel'ger Atlas !
Die ganze Welt der Schmerzen muß ich tragen !




Moi l' 'infor'tuné Atlas ! Moi l' 'in'fortuné Atlas !
Le monde,
Le monde entier des peines, je le dois porter.
Je 'porte l'in'supportable,
Et en moi mon coeur voudrait se briser.

Ô coeur trop fier, tu l'auras bien voulu !
Tu voulus être heureux - heureux 'sans 'partage ;
Ou pour 'jamais malheureux - coeur trop fier -
A présent tu es malheureux.

Moi l'infortuné Atlas ! Moi l'infortuné Atlas !
Le poids du monde, je le dois porter.

The DLM Institute

David Le Marrec

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