Elégance et micro-expression
Par DavidLeMarrec, samedi 25 mai 2013 à :: Vaste monde et gentils - En passant - brèves et jeux :: #2258 :: rss
Il a déjà beaucoup été question, en ligne et ailleurs, du tweet de Pascal Nègre, patron d'Universal :
Avec Georges Moustaki c'est une des dernières légendes , artiste et poète , qui disparaît ! Ses plus grands succès sont chez Universal ! RIP
On dit moins qu'il avait commencé à s'entraîner quelques heures auparavant, créant un véritable style tripartite (faute d'orthographe au nom concerné en sus).
L'occasion de ne pas participer tout de suite à son lynchage - on se réservera pour le jour où les majors du classique sombreront dans l'abîme ouvert par leur cupidité.
Henri Duttilleux a été un des plus grands compositeurs français du xx eme siècle ! Il était édité par Universal music ! RIP
Même incantation : hommage stéréotypé (pas forcément faux, mais tellement entendu qu'il n'a plus beaucoup de sens) + promo + formule de compassion.
Et les spectateurs ont soupçonné qu'ainsi que dans tout bon sandwich, la tranche centrale était le vrai sujet. En plus, appropriation un peu hâtive pour Dutilleux, beaucoup d'autres maisons l'ayant édité - Universal beaucoup plus à la marge que d'autres.
Néanmoins, en tout équité, peut-on blâmer quelqu'un de ne pas parvenir à exprimer une pensée complexe sur un message à peine plus long qu'un SMS (considérant qu'il est impoli sur Twitter, crois-je, d'utiliser plusieurs messages pour allonger sa parole) ? Car le patron d'Universal va en bonne logique privilégier les hommages aux gens de sa firme, et il n'y a pas d'indécence à le dire. Simplement, comme toute pensée, ramassée sous sa simple expression, voire schématisée et caricaturée par soi-même pour entrer dans la limite de mots - je suppose que les plus habitués n'essaient plus de compter le nombre de caractères exact, mais « s'autocensurent » en formulant des messages assez en deçà du maximum, de façon à ne jamais être en danger de manque de place -, elle peut paraître brutale ou inélégante, alors même que son fond ne l'est pas forcément tant que cela. Une phrase avec deux subordonnées pour exprimer son désaccord avec une idée jugée peu pertinente, ce n'entrera pas ; « crétin ! » en revanche laisse même la possibilité d'ajouter une photo et deux hashtags.
Pour avoir brièvement essayé Twitter (intrigué par l'objet), je vois deux façons d'utiliser cet outil :
- la recherche du mot juste, mais elle peut être longue vu la concision extrêmement exigée. Même avec un style sobre, il est à peu près impossible de construire le moindre balancement du raisonnement (ou alors sans résolution !) ;
- la phrase spontanée, irréfléchie, au besoin frappante, parfois fine, mais ni détaillée, ni subtile. L'usage répandu. Au risque de ne pas pleinement maîtriser le message perçu. Et il n'est pas à exclure, vu les nombreux bizarreries, maladresses, actes manqués et autres dévoilements involontaires des hommes publics, que les grands de ce monde l'utilisent aussi de façon plus désinvolte que les autres médias.
Dans ce cadre, j'ai du mal à être indigné : oui, c'est un peu goujat, mais le pauvre garçon a une entreprise à diriger, il n'est pas payé pour être un esthète. On ne peut même pas dire que ce soit une révélation : évidemment que le compte Twitter du PDG d'Universal sert à la promotion de la maison. Sur ce dernier critère, il mériterait effectivement d'être renvoyé à ses (chères, je m'en doute) études.
Commentaires
1. Le samedi 25 mai 2013 à , par Raphaël :: site
2. Le samedi 25 mai 2013 à , par Passée des arts :: site
3. Le dimanche 26 mai 2013 à , par David Le Marrec
4. Le lundi 27 mai 2013 à , par Jérémie
5. Le lundi 27 mai 2013 à , par David Le Marrec
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